Un tract partagé au sein de notre collectif Les Lilas Autrement
Poussés par la guerre et les crises politiques, engendrées par les crises climatiques et les politiques économiques libérales, ce ne sont plus essentiellement des hommes seuls qui arrivent en Europe, mais des familles entières déracinées de force, fuyant des sociétés déstructurées auxquelles elles deviennent étrangères, Syrie, Irak, Afghanistan, Erythrée… C’est le début d’un processus irréversible à court et moyen terme.
Pourquoi en Europe ?
L’exil des réfugiés commence toujours dans les pays voisins, même quand ceux-ci sont déjà en crise. Aucun pays de la région n’a institué de droit d’asile, mais il y a déjà 1,1 million de Syriens au Liban (proportionnellement, c’est comme si la France devait en accueillir 16 millions), 2 millions en Turquie et 600 000 en Jordanie (HCR). Dans ces proportions, l’afflux de réfugiés crée souvent une crise majeure. Rappelons que 80% des réfugiés se trouvent dans les pays pauvres !
En Europe, la fermeture des frontières pour limiter les flux migratoires est irréaliste et criminelle, et méconnaît complètement la réalité des migrations : la construction du mur entre le Mexique et les États-Unis n’a nullement ralenti les flux migratoires entre les deux pays. Fuyant les guerres pour trouver un refuge, les exilés continueront à mourir sur les plages et les routes d’Europe.
Construire des ponts, pas des murs : la migration « illégale » n’existerait pas si le droit d’asile était respecté : les situations de précarité administrative disparaitraient, les conditions de travail s’amélioreraient et s’harmoniseraient et de nombreux migrants pourraient alors rentrer au pays et revoir leur famille.
Pourquoi en France ?
De janvier à juin 2015, 420 000 demandes d’asile en Europe, dont 170 000 en Allemagne (16 % de la population européenne), 30 000 en France (13 % de la population européenne) : il y a 6 fois moins de demandeurs d’asile en France, et pour cause : elle leur accorde deux fois moins l’asile que la moyenne européenne : 15 % seulement sont acceptés ! L’annonce de François Hollande d’accorder l’asile à 24 000 demandeurs sur deux ans, ne sera qu’un mensonge s’il doit se substituer au chiffre actuel des demandes accordées (14 500 en 2014) !
Pourtant, l’Allemagne attend 800 000 réfugiés en 2015. Le large dispositif humanitaire qu’elle déploie a permis d’admettre sur son sol en un week-end 17 000 nouveaux arrivants venus d'Autriche. L’accueil est décentralisé de l’État aux régions, puis aux villes afin que chacun prenne sa part.
Ils chassent les migrants en Seine-St-Denis
Partout les sans-papiers sont exploités au noir, chassés. Pendant l’été et dans le seul département de la Seine-Saint-Denis, les Roms ont été chassés de la Courneuve, des migrants ont été expulsés à Pantin ou encore à Saint-Ouen où les sans-papiers sont quotidiennement harcelés par les forces de police. Aux Lilas, le 31 août dernier au petit matin ce sont les travailleurs de l’ex-foyer des Baras (Montreuil) qui se sont fait déloger manu militari de l’ancienne usine située rue Chassagnole, qu’ils occupaient depuis plus d’une semaine. Il s’agit essentiellement de personnes d’origine malienne qui travaillaient en Lybie et qui ont fui la guerre. Ils n’ont pas le statut de réfugié, sans autorisation de travailler, donc sans possibilité de trouver un logement pérenne. C’est la question de la responsabilité de la municipalité qui est posée dans cette expulsion brutale, alors que par ailleurs la majorité municipale se fendait quelques jours plus tard d’un communiqué parlant de son « devoir d’humanité et de solidarité » concernant les migrants.
La COP21 sur le climat va se tenir en Ile-de-France et la question des réfugiés climatiques (actuels et à venir) sera également posée. Des milliers de collectivités territoriales sont mobilisées dans le monde et devront résoudre la question de la dette économique et écologique. Et qu’on le veuille ou non, les migrations de populations confrontées à une urgence vitale (guerres, misère ou climat) vont se multiplier. Il est temps de voir les choses en face, avec des ambitions concrètes pour passer des paroles aux actes.
Appel à faire des Lilas un territoire refuge
Nous demandons à la Mairie des Lilas de mettre en place les dispositifs d’accueil de réfugiés :
· Création d’un registre de citoyens volontaires
· Mise en place de moyens d’accueil digne, notamment d’hébergement, et soutien aux initiatives associatives et citoyennes.
· Création d’un dispositif d’accueil linguistique, social et culturel pour aider aux démarches administratives.
Alors que des centaines de milliers de personnes fuyant leur pays en guerre se trouvent aux portes de l’Europe, il est du devoir des pouvoirs locaux de s’inscrire dans une démarche humaniste de solidarité. Les Lilas Autrement déposeront un vœu dans ce sens au Conseil Municipal.