Lannion (Côtes-d’Armor), hier. Entre 4 000 et 5 000 personnes ont manifesté hier pour dénoncer le début de l’extraction du sable coquillier dans la baie de Lannion. Une exploitation qui menacerait l’écosystème.AFP/FRED TANNEAU
En baie de Lannion (Côtes-d’Armor), l’extraction de sable coquillier a commencé la semaine dernière. Les opposants ne baissent pas les bras.
Le 12 septembre 2016 par Nora Moreau, correspondante du Parisien à Lannion
Ils veulent être le grain de sable qui va gripper la machine. Entre 4 000 et 5 000 personnes ont manifesté hier matin dans les rues de Lannion (Côtes-d'Armor) pour dire, une nouvelle fois, non à l'exploitation sous-marine de sable coquillier en baie de Lannion par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN), filiale du groupe Roullier. Avec des slogans sans équivoque : « Non au pillage ! », « Dunes à défendre », « Sauvons nos poissons ».
Ce dossier polémique, ouvert depuis plusieurs années, est vu par les habitants du Trégor, au nord-ouest des Côtes-d'Armor, comme une « véritable menace écologique ». Deux actions en justice ont été engagées pour s'y opposer, d'abord par les élus de treize communes littorales, puis par des associations environnementales locales réunies sous le nom Peuples des dunes de Batz à Bréhat. Plusieurs associations Peuples des dunes se sont constituées pour faire barrage à cette exploitation dévastatrice du littoral atlantique, à la suite de la première lutte victorieuse contre le projet Lafarge d'extraction de sable en mer, dit PER Sud Lorient – cf. http://le-peuple-des-dunes.org/
« Le recours des collectivités pour contrecarrer cette extraction a été rejeté lundi dernier par le tribunal administratif de Rennes et il aura fallu moins de 24 heures à la CAN pour venir extraire, en pleine nuit, des milliers de mètres cubes de sable », s'indigne Yves-Marie Le Lay, membre du jeune collectif.
Ces premières extractions nocturnes ont déclenché un véritable branle-bas de combat en Bretagne. « Nous allons, nous aussi, faire appel et saisir le Conseil d'Etat dans les dix prochains jours », prévient Alain Bidal, président de Peuples des dunes, qui sera reçu, cet après-midi à Paris par la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, elle-même opposée à l'extraction.
Une nouvelle qui soulage un peu les opposants, après un week-end passé à grincer des dents à la suite des propos tenus par Emmanuel Macron. L'ancien ministre de l'Economie a en effet déclaré samedi qu'il n'était « pas acceptable » que ces extractions « à la sauvette » aient été faites avant « toute décision définitive du tribunal ». « Il est gonflé ! C'est quand même lui qui a donné son feu vert à la CAN en avril 2015 », s'offusque le collectif.
Un décret paru en septembre 2015 autorisait officiellement l'entreprise à commencer des prélèvements. La zone d'extraction, d'une surface totale de 4 km², est située entre deux zones Natura 2000. Le volume d'extraction ne pourra pas excéder 250 000 m³ par an (pas plus de 50 000 m³ la première année). La vente de ce sable calcaire se ferait principalement aux agriculteurs.
« On est en train de piller un bien public, s'indigne Corinne, 53 ans, militante anti-extraction de la première heure. C'est inadmissible. » Et Yves-Marie Le Lay d'ajouter : « La faune et la flore sont menacées. On compte plus de 90 espèces vivantes dans les dunes. Des coquillages, des algues, des vers, des poissons... dont le lançon, qui est un maillon essentiel de cet écosystème. Si les extractions continuent, d'ici deux ans, les dommages seront irréversibles. »
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