Le système Nutri-Score, qui reste facultatif, doit aider le consommateur à manger sainement. Par Pascale Santi le 16 mars pour Le Monde.
Mieux vaut tard que jamais, diront certains. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé mercredi 15 mars, dans Le Parisien, la mise en place d'un logo nutritionnel sur les produits dans les supermarchés. Le but est d'améliorer la qualité nutritionnelle du panier d'achat des consommateurs, les informations actuelles étant peu lisibles. Ce choix sera fixé par arrêté en avril.
C'est le Nutri-Score qui a été choisi, au vu des résultats d'une étude qui a testé quatre systèmes durant dix semaines dans soixante magasins : celui de l'industrie agroalimentaire, celui de la grande distribution, les " feux tricolores " britanniques et le Nutri-Score, un système à cinq couleurs développé par l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) de l'Inserm.
" Le Nutri-Score apparaît comme le système le plus efficace ", -concluent ces études, notamment pour " ceux qui achètent les produits les moins chers ". " L'intérêt d'un logo nutritionnel et l'efficacité du Nutri-Score sont démontrés ", a déclaré Mme Touraine dans un communiqué. Le Nutri-Score, ou " 5 C ", propose une échelle de cinq couleurs allant du vert au rouge en fonction notamment de quatre paramètres : l'apport -calorique pour 100 grammes, la teneur en sucre, en graisses saturées et en sel.
Hostilité des industriels
La plupart des industriels n'ont jamais caché leur hostilité à l'égard du Nutri-Score, dont l'efficacité a pourtant été démontrée par des études scientifiques. Dans un communiqué, l'Association nationale des industries alimentaires dit attendre " la présentation officielle des résultats de l'expérimentation en conditions réelles prévue dans les prochains jours ". Seul Fleury Michon a annoncé qu'il " rendrait visible ce logo dès le prochain renouvellement d'emballage (…), souhaitant même aller plus loin ".
Ce feuilleton dure depuis des années. Le système devait d'abord être choisi par décret, après avoir été adopté par la loi de santé de janvier 2016, qui avait suscité de vifs débats. Dès janvier 2014, le professeur Serge Hercberg, qui dirige l'EREN, avait remis à la ministre un rapport sur la politique nutritionnelle, dont le logo était l'une des mesures préconisées. Mais les industriels s'étaient élevés contre ce dispositif pourtant prôné par le Haut Conseil de la santé publique. Le jugeant pénalisant, ils avaient réclamé une étude en conditions réelles d'achat. Une étude qui n'est pas exempte de critiques : conflits d'intérêts dans le comité scientifique, présence des industriels dans le comité de pilotage… Quant au coût, il s'élève à 2,2 millions d'euros, dont près de la moitié est financée par l'Assurance-maladie. Pour autant, " les études viennent de montrer que le plus pertinent des logos pour aider à manger sainement est le Nutri-Score ", répond la ministre.
Cet étiquetage sera facultatif, la réglementation européenne ne permettant pas qu'il soit obligatoire, ce que regrette Mme Touraine : " Je compte sur la pression des consommateurs pour que les industriels s'engagent dans cette voie. " " C'est une victoire de la santé publique car la bataille a été complexe ", se félicite M. Hercberg, qui espère que la France portera ce dossier devant les instances européennes pour rendre un tel logo obligatoire.
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