Suite de Huit idées concrètes pour créer des emplois sans casser le Code du travail : Alors que les opposants à la loi Travail ont manifesté dans toute la France mardi, Reporterre a demandé à neuf chercheurs, syndicalistes et associatifs de proposer d’autres réformes que la flexibilisation pour lutter contre le chômage. Aujourd'hui les bonnes idées de Philippe Bihouix : « Basculer les charges sociales vers une fiscalité écologique. »
Aujourd’hui, partout, on supprime des emplois pour mettre des machines. On ne parle plus que de robots, de drones, de logiciels d’intelligence artificielle, d’interfaces numériques… Le faible coût de l’énergie ou des ressources, contre le coût du travail élevé, est à l’origine des nombreuses décisions dans les entreprises, les administrations, chez les consommateurs, certes totalement rationnelles, ou même pratiques, mais stupides d’un point de vue environnemental, et très certainement mauvaises pour l’emploi : remplacement de postes par des machines, achat de matériel neuf au lieu de réparer… Le « travail » des machines coûte moins cher à l’entreprise en créant de la productivité (c’est-à-dire en économisant du travail humain), mais consomme beaucoup de ressources et d’énergie qui deviennent rares, ou dont la production est de plus en plus destructrice pour l’environnement. À l’inverse, nous avons beaucoup de travail humain « disponible ». Pour creuser une tranchée, il faut quelques dizaines de personnes ou un seul conducteur de tractopelle. Bien sûr, il ne faut pas commencer par « démécaniser » les travaux les plus pénibles, mais un des combats du XXIe siècle sera le combat pour le travail humain.
En asseyant le coût de l’assurance maladie, du chômage, des retraites, sur la fiscalité écologique plutôt que sur les salaires, les consommateurs et les entreprises feraient des économies d’un côté (salaire net plus élevé), mais dépenseraient plus pour l’énergie, les produits neufs. Cela devrait alors favoriser les comportements « vertueux », ainsi que l’emploi. Il faudrait imaginer une mise en place progressive, par étape. Ce qu’Emmanuel Macron s’apprête à faire, en basculant une partie des charges salariales sur la Contribution sociale généralisée (CSG), montre qu’une telle mesure n’a rien d’utopique. Elle pourrait impulser un système économique et social post-croissance et de plein-emploi. # Make human work great again ! Mais évidemment, ça fait moins label « French Tech » ou « Start Up Nation »...
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