Suite de Huit idées concrètes pour créer des emplois sans casser le Code du travail : Alors que les opposants à la loi Travail ont manifesté dans toute la France mardi, Reporterre a demandé à neuf chercheurs, syndicalistes et associatifs de proposer d’autres réformes que la flexibilisation pour lutter contre le chômage. Aujourd'hui les bonnes idées d'Aurore Lalucq : « Relancer le débat public sur la réduction du temps de travail. »
La flexibilisation n’a jamais créé d’emplois. C’est efficace pour redistribuer de la misère et créer de la pauvreté. Aux États-Unis, si on intègre dans les chiffres du chômage celles et ceux qui ne sont pas inscrits à l’équivalent de Pôle emploi, on frôle les 20 % de chômeurs ! La seule politique efficiente que l’on connaisse, c’est la réduction du temps de travail. Le passage aux 35 h s’est fait dans un cadre démocratique, il a donné lieu à des discussions et à des négociations dans les entreprises. Aujourd’hui, les gains de productivité se poursuivent, avec pour principal effet la destruction d’emplois. Il faut donc ré-imposer la réduction du temps de travail dans le débat public.
En Allemagne ou aux États-Unis, les gens ne travaillent pas plus que nous, si on prend en compte le temps partiel subi. Ils arrivent aussi à 35 h hebdomadaires, mais de manière plus sauvage et plus injuste socialement. Aussi, plus on réduit le temps de travail, plus on réduit les impacts écologiques. Juliet Schor, chercheuse au Boston College, explique que les personnes en surtravail sont également en surconsommation. Comme elles n’ont pas le temps de faire ou de réparer les choses par elles-mêmes, elles consomment plats préparés, produits neufs, transports rapides et polluants.
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