Attac, Oxfam, Greenpeace, la Confédération paysanne et la CGT présentent 34 mesures communes pour répondre à la crise née du Covid-19. Du NPA au PS, en passant par les Verts et La France insoumise, on s’intéresse de près à cette démarche « historique ». D’après Nabil Wakim et Sylvia Zappi le 26 mai 2020 pour Le Monde. Cf Plus jamais ça ! Construisons ensemble le jour d’après.
C’est une coalition inédite qui s’est dessinée derrière le plan de sortie de crise que présentent vingt organisations, ce mardi 26 mai, à lire ci-dessous. Mêlant des formations altermondialistes, des associations écologistes, des ONG travaillant dans la solidarité internationale, des collectifs luttant contre la pauvreté, des syndicats, l’alliance avance trente-quatre mesures programmatiques. Un pacte qui prétend proposer une reconversion de l’économie tout en préservant les emplois.
L’entente s’est opérée à bas bruit pour mieux dépasser les réticences internes. Le 5 décembre 2019, la France s’apprête à vivre sa première grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Au premier rang de la manifestation parisienne, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, se prépare à un conflit long. Mais le matin même, au siège de la centrale syndicale, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), il accueillait le patron de Greenpeace, Jean-François Julliard, et la coprésidente d’Attac, Aurélie Trouvé, pour discuter d’initiatives communes entre les syndicats et la mouvance écologiste.
Quelques semaines plus tard, mi-janvier, les dirigeants de quatre syndicats (la CGT, FSU, Confédération paysanne, et Solidaires) et quatre associations (Greenpeace, Oxfam, les Amis de la Terre et Attac) signent un appel commun dans Le Journal du dimanche « Pour la justice sociale et le climat ». « Ce rapprochement est né dans la foulée des “gilets jaunes” et du mouvement pour le climat, avec l’idée que chacun ne peut pas rester dans son couloir, explique Julien Rivoire, d’Attac. Puis, la crise sanitaire a accentué le besoin de dépasser les divergences. » A la fin du mois de mars, les organisations publient un texte commun titré « Plus jamais ça » qui appelle à apporter « une réponse démocratique, sociale et écologique à la crise ».
Le plan de sortie de crise Plus jamais ça - Un monde à reconstruire
« Un pas important »
Alors que l’épidémie bat son plein, les associations et les syndicats travaillent à une plate-forme commune. « Pendant le confinement, les partis de gauche étaient totalement inaudibles, il fallait prendre l’initiative », raconte un participant. Car s’ils veillent jalousement à leur indépendance, les organisations entendent bien que leurs propositions irriguent le débat du « monde d’après ».
Les initiateurs ont donc convié, mercredi 20 mai, toutes les organisations de gauche et écologiste à une réunion en visioconférence. Petit miracle en cette période d’éclatement de la gauche, elles ont toutes répondu présent, représentées par leur numéro un. Parti socialiste (PS), Europe Ecologie-Les Verts (EELV), La France insoumise (LFI), Parti communiste français (PCF), Génération.s, Place publique, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)… Au total onze mouvements, qui composent la diversité de ce côté de l’échiquier politique. « Nous appelions de nos vœux un lobby citoyen et c’est ce qui se met en place », se réjouit Claire Monod, coordinatrice nationale de Génération.s. « En 1936, c’est appuyé par le mouvement social du Front populaire que Léon Blum a pu bâtir le programme “Les Jours heureux”. Il est naturel que les ONG maintiennent une pression sur les forces politiques », appuie Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Les uns et les autres ont insisté sur les actions communes à mener « pour gagner des changements tout de suite », selon les mots de Fabien Roussel. Notamment sur la gratuité des masques ou sur un plan conséquent de « sauvetage de l’hôpital public ». « Parler la même langue, c’est un pas important de franchi », insiste le numéro un du PCF. « Il faut lever l’étanchéité qui existe entre le mouvement social et les partis politiques », veut croire Julien Bayou, secrétaire national d’EELV.
La quasi-totalité des partis s’est engagée à signer une déclaration commune s’engageant à poursuivre la démarche – pourtant plus marquée à gauche que le PS. Seuls le NPA et LFI n’ont pas signé. « Ce cadre associatif et syndical rentre dans ce que pourrait préfigurer la fédération populaire que nous voulons construire. Mais pas question de signer un communiqué qui irait du NPA au PS qui laisserait penser qu’une union de la gauche new-look est en gestation », prévient déjà le député « insoumis » Eric Coquerel.
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