cette semaine, il y a d'abord eu, 5 ans après les révoltes urbaines qui ont démarrée en Seine Saint-Denis, l'Appel de Clichois (parmi lesquels de nombreux membres d'Europe Ecologie), paru le 26 octobre dans le journal Libération :
Appel de clichois à José Manuel Barroso
Le gouvernement de la République a la mémoire courte. Pas nous. Les promesses se sont envolées, pas la misère, pas l’isolement, pas la réclusion. L’état d’urgence militaire a été levé depuis longtemps mais l’état d’urgence sociale est toujours là. Cinq ans après les révoltes urbaines, à la suite de la mort de deux des nôtres, nous sommes dans l’obligation de dire à toutes et à tous que rien n’a changé. L'Etat s’était à l’époque engagé à mettre en place un vrai plan Marshall pour les banlieues, afin de réduire les inégalités sociales et territoriales en mobilisant tous les ministères pour que le droit commun s’applique chez nous comme partout.
Aujourd’hui, nous, associations culturelles, sportives, citoyennes clichoises, qui œuvrons pour le lien social dans nos quartiers, voyons se réduire les moyens que les responsables du pays nous avaient promis d’augmenter. C’est pourtant nous avec d’autres qui, par la gestion au quotidien de la misère sociale, empêchons une nouvelle explosion de plus grande ampleur dans ces territoires déshérités. Nous estimons que notre devoir est de dire non à la violence, mais si l'État continue à nous dire non alors notre devoir est vain. Si l’État continue à nous dire non, alors c’est encore et toujours la violence qui aura le dernier mot.
Il y a une autre voie, plus digne, plus démocratique, plus juste, celle de la reconnaissance et du respect. Reconnaissance des efforts des hommes et des femmes de nos quartiers qui sont des composantes à part entière de la société française. Reconnaissance de nos lieux d’existence où de nouveaux modes de vie et de nouvelles cultures s’inventent chaque jour dans la souffrance de la ghettoïsation et le délabrement des HLM. Respect de la parole donnée, des engagements pris après la tragédie et les affrontements. Respect de nos anciens, de nos enfants et des générations à venir qui sont et seront entièrement le peuple de la République.
La paix civile est un bien trop précieux pour le sacrifier sur l’autel des égoïsmes et de la crise financière. C’est notre devoir de dire que le gouvernement de notre pays nous oublie. C’est pourquoi nous nous adressons à l’Europe, qui a su récemment par la voix de son parlement et de sa commission prendre ses responsabilités et se montrer garante d’un certain esprit de justice et de respect de la personne humaine et des peuples. C’est à cet humanisme, à cette Europe courageuse et solidaire que nous en appelons.
Nous demandons au Président de la commission européenne, José-Manuel Barroso, de bien vouloir nous recevoir pour que nous puissions lui exposer nos doléances et nos projets. Nous demandons également aux euro-députés, particulièrement ceux de la commission du développement régional, d'accepter de nous recevoir.
Les révoltes urbaines de 2005 doivent trouver une issue positive pour qu’au moins Bouna et Zyed, qui auraient aujourd’hui respectivement 20 et 22 ans, ne soient pas enterrés une seconde fois sous la chape de plomb de l’indifférence et du manquement à la parole d'État.
Mariam Cissé, Présidente de l'association « un coup de pouce pour l'Afrique », conseillère municipale de Clichy-sous-Bois
Hashas Abdelhak, Président de l'association Moving City ,Trésorier de la fédération régionale de taekwondo
Belhul Beyaz, Président du fc Anatolie, club de foot de Clichy
Faycal Bouricha, Président de l'amicale de la résidence des bois du temple, conseiller municipal de Clichy-sous-Bois
Abdelali Meziane, maire-adjoint jeunesse et sports à Clichy sous Bois, conseiller régional Europe Ecologie
Samir Mihi, Président de l'association ADM "Aux delà des mots"
Syaka Traoré, trésorier association ADM
À la suite de la parution dans le journal Libération, édition du 26 octobre 2010, de l'appel de "Clichois à José Manuel Barroso", la délégation des Eurodéputés Europe Ecologie indique que c'est avec plaisir qu'elle invitera les auteurs de ce texte à venir à Bruxelles afin de débattre des capacités de l'Union européenne à apporter des réponses aux problèmes que connaissent les habitants des "quartiers" en Europe.
D'autre part les Députés européens Europe Ecologie, prendront, rapidement, l'attache du cabinet de José Manuel Barroso afin d'appuyer la demande de rendez-vous des responsables associatifs clichois auprès du Président de la Commission européenne.
lien internet : http://europeecologie.eu/A-la-suite-de-l-appel-de-clichois
Enfin, dans le même esprit, une initiative du groupe Europe Ecologie les Verts ïle-de-France
Appel pour un Parlement Régional de l’Ecologie
Les banlieues et quartiers populaires en devenir
Il y a cinq ans des révoltes éclataient dans les banlieues et les quartiers populaires sur tout le territoire et particulièrement en région Île-de-France suite à la mort de Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois. Ces révoltes ont agi comme un révélateur de la fracture territoriale et de la crise globale qui affecte des zones entières et y concentre les inégalités sociales, économiques, écologiques, éducatives… Depuis, rien n’a vraiment changé : la réalité d’une mise au ban d’une partie de la population – et notamment de la jeunesse – demeure et s’est même amplifiée. La précarisation, le chômage, l’exclusion se sont renforcés. La politique de la ville n’a pas tenu ses engagements, tandis que les approches stigmatisantes ont prospérés. Chasse au faciès, traque et expulsions, recherche de boucs émissaires: ces pratiques doivent cesser.
Pourtant, les possibles sont nombreux : amélioration des habitats et renouvellement urbain, accès aux réseaux de transports, lutte contre les discriminations à l’embauche, insertion sociale et professionnelle, changement des politiques de formation… Les hommes et les femmes de nos quartiers, citoyens à part entière, riches de leur diversité, de leur créativité, de leurs valeurs, ne peuvent plus accepter de rester les invisibles de l’espace public.
Nous estimons que la République se doit de garantir à tous l’accès aux droits fondamentaux économiques et sociaux, condition du plein accès à la citoyenneté. Il est temps maintenant de donner la parole à toute cette partie de la population et de pratiquer une politique publique fondée sur l’évaluation mais aussi la co-élaboration, la coproduction, l’application concrète des propositions… Les sessions locales, départementales et régionale auront comme objectifs d’interpeller les autorités nationales sur les politiques appliquées, d’être une bourse à projets qui développe les innovations sociales et expérimentations à l’initiative des habitants, de mettre en débat des solutions concrètes et réalisables, de mettre en place une Conférence régionale des Zones Urbaines Sensibles, afin d’élaborer un nouveau pacte urbain, social et écologique.
Le 17 février 2010 à Sevran, Daniel Cohn-Bendit et Cécile Duflot appelaient à mettre en œuvre des Etats généraux des Banlieues. Nous proposons aujourd’hui une nouvelle forme de démocratie délibérative, active et décisionnelle, qui permette à tous les citoyens des quartiers populaires de faire avec les élu-es des propositions concrètes, directement réalisables et applicables, au sein du Parlement Régional de l’Ecologie et des parlements locaux, pour changer la donne dans les quartiers. Fidèles à nos engagements, à la veille de la commémoration des révoltes de 2005, nous voulons transformer les doléances des quartiers populaires en propositions de loi, en délibérations de nos conseils régionaux et municipaux
Nous avons décidé de remettre la périphérie au centre, afin de faire ensemble des propositions applicables ici et maintenant. Tel est l’enjeu du Parlement Régional de l’Ecologie.
Le Parlement Régional de l’Ecologie est lancé à l’initiative du groupe Europe Ecologie les Verts Île-de-France. Il a pour but de mettre en débat des solutions concrètes et réalisables avec les acteurs associatifs de terrain, les syndicats, les mouvements d’éducation populaire, les structures d’insertion comme les régies de quartiers ou les entreprises d’économies solidaires, les acteurs économiques, les centres sociaux, les services publics, les élus municipaux, conseillers généraux, régionaux, parlementaires nationaux d’Europe Ecologie en lien avec la société civile et l’expertise citoyenne. De Novembre 2010 à Mars 2011, il est proposé que des sessions se tiennent à l’échelle des villes ou des départements, elles permettront de faire remonter des expérimentations et pratiques ancrées dans la réalité territoriale. A partir de ces remontées territoriales, les sessions régionales permettront de décider ensemble des priorités à mettre en œuvre, en lien avec le Parlement Européen, l’Assemblée Nationale et le Conseil Régional pour réaliser ces transformations.
Vous pouvez signer cet appel, il vous suffit d’envoyer un courriel à: contact@parlementdelecologie.fr avec vos coordonnées et la mention
« Signe l’appel du Parlement Régional de l’Écologie »