Mercredi 1er juin, un appel était lancé pour manifester devant le Sénat durant le vote de la « petite loi ».
Auparavant - nous y étions! - le matin, une action « Attention à la pollution de l'eau de Paris »
avec coloration des fontaines
et mise en scène clownesque d'un forage avec fracturation hydraulique,
rassemblait les militants anti-gaz de schiste,
bientôt rejoints devant la Fontaine St-Michel par José Bové
et quelques sénateurs de gauche.
La manifestation était appelée de 11h à 17h devant le Sénat pendant le vote, place Pierre Dux, tandis qu'à 14h, 5 représentants des collectifs Non au gaz de schiste étaient reçus par les sénateurs. Vers 15h, avec le député Europe Ecologie Les Verts José Bové,
plusieurs sénateurs socialistes dont ceux de la Drôme, Didier Guillaume,
du Lot, Gérard Miquel,
le sénateur écologiste Jean Desessart, sortent du Palais Brognard, pour venir affirmer la nécessité d'une lutte en parallèle dans la rue comme dans les institutions, rejoints bientôt par l'euro-députée écologiste Eva Joly.
photo du Sénat © Jacques Demarthon
La suite dans l'article que Public Sénat y a consacré :
Le Sénat s'est penché à son tour mercredi, après l'Assemblée nationale, sur le texte UMP interdisant la technique de la fracturation hydraulique sur les gaz de schiste mais qui ne satisfait ni les collectifs de citoyens et associations environnementales ni la gauche.
Il n'a finalement pas réussi à achever, en cette veille de jour férié, l'examen du texte qui se déroulait à un rythme d'escargot, et a décidé de suspendre les débats jusqu'à une prochaine date qui sera fixée le 8 juin par la Conférence des présidents du Sénat. La majorité étant minoritaire en nombre dans l'hémicycle, elle a dû recourir sur chaque amendement à une procédure de vote qui lui permet de voter pour les absents mais qui ralentit les débats tandis que l'opposition multipliait les prises de parole.
"Vous cherchez à éteindre la contestation. Vous n'y parviendrez pas", a lancé Nicole Bricq (PS). La proposition de loi du député UMP Christian Jacob, soutenue par le gouvernement, interdit la technique de fracturation hydraulique, accusée de polluer les nappes phréatiques. La version initiale prévoyait une abrogation pure et simple des permis, mais les députés ont finalement décidé que les titulaires des permis auront deux mois pour déclarer la technique utilisée. C'est seulement s'ils recourent à la fracturation hydraulique, ou s'ils ne répondent pas, que les permis seront abrogés.
"Pouvez-vous croire que les sociétés, après avoir obtenu les permis, vont déclarer désormais qu'elles utilisent la technique de fracturation hydraulique ?", s'est indignée Mme Bricq sous les yeux de l'eurodéputé écologiste José Bové présent dans les tribunes du public.
Le sénateur PS de l'Aveyron Alain Fauconnier a brandi la Une du quotidien britannique The Independant évoquant deux séismes dans le nord de l'Angleterre dus, selon lui, à l'utilisation de fracturation hydraulique.
Le président du groupe RDSE (à majorité PRG) Yvon Collin s'est indigné du "manque de concertation" avec les élus. Les élus PS des départements concernés, Didier Guillaume (Drôme), Michel Teston (Ardèche), Alain Fauconnier se sont succédé pour dénoncer "l'opacité", "l'incohérence", la "précipitation" du gouvernement. Ils demandent l'interdiction pure et simple de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste, l'abrogation des permis accordés et une consultation de la population.
La majorité sénatoriale a fermement défendu le texte qu'elle a complété en commission des Loi, sur proposition du sénateur centriste Claude Biwer, par l'autorisation de la fracturation hydraulique "pour des projets à des fins scientifiques" avec enquête publique préalable.
Ladislas Poniatowski (UMP) a évoqué l'importance des gaz de schiste pour l'approvisionnement énergétique de la France jugeant que "la plupart des critiques se fondent sur les excès constatés aux Etats-Unis". Il a estimé "une recherche indispensable" pour "maîtriser les conditions de mise en oeuvre" de la fracturation hydraulique.
"L'exploitation commerciale de ces gaz, en l'état des connaissances, n'est pas possible sans fracturation hydraulique", a renchéri le rapporteur UMP Michel Houel, laissant entendre que cela suspend de facto les activités d'exploration.
En fait, la majorité juge nocive une "utilisation massive de cette technique" mais ouvre la possibilité de projets d'expérimentation. "Sommes-nous certains que nous pourrons nous priver définitivement de cette opportunité, alors que des pays peu suspects de laxisme dans la protection de l'environnement s'y engagent ?" a questionné M. Houel citant l'Allemagne et les pays scandinaves.
Le texte est inscrit en urgence (une lecture par assemblée). La suite du débat aura lieu à une prochaine date qui sera fixée le 8 juin.