L’étude que vient de faire paraître l’INERIS (Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques) sur l’effet des ondes électromagnétiques à faible puissance est extrêmement inquiétante et rejoint ce que les écologistes dénoncent depuis longtemps : les ondes électromagnétiques ont un effet physiopathologique et ce même à des puissances faibles, 1 volt par mètre - rappelons qu’actuellement, la limite d’exposition est à un seuil de 61 volts par mètre !
L’INERIS et l’UPJV identifient un effet biologique des champs électromagnétiques sur l’équilibre énergétique
L’équipe mixte Péritox « Périnatalité et Risques Toxiques » de l’INERIS et de l’UPJV mène des recherches sur les effets biologiques des radiofréquences sur les fonctions de l’équilibre énergétique (régulation thermique, sommeil, alimentation). Les premiers résultats obtenus, qui demandent à être approfondis, montrent que les champs électromagnétiques de type antenne-relais déclencheraient des mécanismes d’économie d’énergie ; ces résultats confirmeraient également un effet de fractionnement du sommeil paradoxal.
Réveils fréquents, difficultés pour se rendormir, insomnie... font partie des symptômes que décrivent les personnes dites « électro-sensibles », lorsqu’elles vivent à proximité d’une antenne-relais. L’étude des causes de l’HyperSensibilité ElectroMagnétique (HSEM) est un champ de recherche prioritaire identifié par le rapport de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques (OPECST) et par la table-ronde « Radiofréquences, santé, environnement » en 2009.
Le sommeil fait partie des fonctions de l’équilibre énergétique et l’étude des perturbations du sommeil nécessite une approche globale qui prennent aussi en compte les trois autres fonctions : alimentation, activité locomotrice, production d’énergie. A ce jour, aucune étude sur l’impact des ondes sur l’équilibre énergétique des organismes en développement n’a été réalisée, ce qui a conduit PériTox à y consacrer une part de ses recherches. La réalisation de cette étude atteste également de l’évolution de la gouvernance de l’INERIS, qui associe plus étroitement, depuis quelques années, l’ensemble des composantes de la société civile à l’élaboration de ses orientations de recherche.
L’étude porte sur les effets d’une exposition aux radiofréquences sur les fonctions de l’équilibre énergétique du jeune rat : le sommeil, la régulation thermique et la prise alimentaire. Le niveau d’exposition simulé correspond à celui rencontré à proximité des antennes-relais. Les auteurs de l’étude considèrent ces travaux comme une contribution à la surveillance et à l’analyse des « signaux faibles », destinés à orienter la recherche. Ce sont les premiers travaux INERIS-UPJV qui montrent un effet biologique athermique des radiofréquences, distinct de l’effet thermique, et qui observent cet effet biologique en continu, à des niveaux similaires à des conditions réelles.
Les premières conclusions montrent des effets biologiques à long terme des radiofréquences simultanés sur la régulation thermique, le comportement alimentaire et le sommeil. Ces effets, qui apparaissent notamment quand la température ambiante augmente, induisent chez les animaux exposés un maintien de la vasoconstriction périphérique. Ce phénomène a pour conséquence de déclencher chez l’animal des processus d’économie d’énergie, comme s’il avait des besoins énergétiques accrus. Des études complémentaires seraient nécessaires pour vérifier si ces mécanismes d’économie d’énergie ont un impact sur la santé.
En ce qui concerne la thermorégulation, le comportement des animaux exposés indique que leur thermosensibilité au froid est différente des animaux témoins. Si les champs électromagnétiques semblent induire « une sensation de froid » chez l’animal, il n’est pas encore possible de dire si cet effet est transposable à l’homme. On observe également une prise alimentaire plus importante de la part des animaux exposés : les mécanismes d’économies d’énergie pourraient conduire à une augmentation de la masse corporelle, mais cela nécessite d’être confirmé. En outre, l’étude ne permet pas déduire que cette prise alimentaire joue un rôle quelconque dans les phénomènes de surpoids et d’obésité.
L’étude permet de confirmer un autre effet des radiofréquences, le fractionnement du sommeil paradoxal. Au vu des résultats de l’étude, ce fractionnement n’occasionne pas de troubles du sommeil : les chercheurs n’ont noté aucune modification des paramètres de qualité du sommeil (réduction du temps de sommeil, réveils répétés, difficultés à se rendormir...) n’est engendrée par cette fragmentation du sommeil paradoxal. L’impact de cet effet sur la santé est encore mal connu mais on peut supposer, en l’état actuel des connaissances scientifiques, qu’il peut être à l’origine de difficultés de mémorisation et de troubles de l’humeur.
(Communiqué de presse Péritox « Périnatalité et Risques Toxiques » de l’INERIS et de l’UPJV - Paris, 3 avril 2013)
Les député-e-s écologistes ont présenté le 31 janvier dernier une proposition de loi demandant l’application du principe de précaution et donc une réduction de l’exposition aux ondes. La majorité socialiste a malheureusement repoussé sine die l’examen de ce texte.
Selon Laurence Abeille, députée écologiste du Val de Marne, auteure et rapporteure de ce texte, il est désormais « urgent d’agir avec force. Va-t-on laisser venir la catastrophe sanitaire, ou va-t-on enfin prendre les mesures qui s’imposent pour protéger nos concitoyens ? ». « C’est de la responsabilité des politiques, qui devront répondre de leur inaction devant les français ».
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