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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 18:08

Voilà enfin le journal des Lilas Autrement de décembre 2014. Au sommaire : bilan de nos élus après six mois au Conseil Municipal, soutien aux salariés de RLD, et le début d'un suivi des engagements de la municipalité...

Le lien pour le télécharger : http://leslilas-autrement.fr/wp-content/uploads/2015/01/journal01-LLAA4rectoverso.pdf

Bonne lecture !

 

Voici le journal des Lilas Autrement de décembre 2014.

Au sommaire :

Bilan de nos élus après six mois au Conseil Municipal

Soutien aux salariés de RLD

Suivi des engagements de la marie

- See more at: http://leslilas-autrement.fr/journal-les-lilas-autrement-decembre-2014/#sthash.hnprfZPg.dpuf

Voici le journal des Lilas Autrement de décembre 2014.

Au sommaire :

Bilan de nos élus après six mois au Conseil Municipal

Soutien aux salariés de RLD

Suivi des engagements de la marie

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Journal Les Lilas Autrement – Décembre 2014

Voici le journal des Lilas Autrement de décembre 2014.

Au sommaire :

Bilan de nos élus après six mois au Conseil Municipal

Soutien aux salariés de RLD

Suivi des engagements de la marie

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 10:17

Une étude qui confirme la nécessité de changer notre mix énergétique, rapportée par Pierre Le Hir pour Le Monde du 08.01.2015 http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/01/08/des-reserves-fossiles-rationnees-pour-eviter-la-surchauffe_4551795_3244.html#41XkjW5TgEI0IWx1.99

Un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz et plus de 80 % de celles de charbon devront rester inexploitées, si l’on veut éviter la surchauffe de la planète. C’est la thérapie de choc que prescrivent deux chercheurs britanniques dans une étude publiée dans la revue Nature, jeudi 8 janvier. Un sevrage radical, pour une économie mondiale marquée par son addiction aux ressources fossiles. Toutefois, le traitement préconisé est différencié selon les grandes zones de production, ce qui fait l’intérêt de ce travail.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévenu : pour conserver au moins une chance sur deux de contenir la hausse des températures sous la barre de 2 °C par rapport à la période préindustrielle – seuil de danger retenu par la communauté internationale en 2009 –, les émissions mondiales de CO2 ne devront pas dépasser, de 2011 à 2050, une fourchette comprise entre 860 à 1 180 milliards de tonnes, ou gigatonnes (Gt).

Or les réserves fossiles du globe représentent un stock d’environ 2 900 Gt de CO2 – près de trois fois plus que les émissions tolérables donc –, selon les estimations des auteurs qui se fondent sur plusieurs évaluations convergentes. Encore ne s’agit-il que des réserves, c’est-à-dire des volumes récupérables aux conditions techniques et économiques actuelles, dans des gisements exploités ou en voie de l’être. Les ressources, c’est-à-dire l’ensemble des matières fossiles présentes dans le sous-sol, sont près de quatre fois plus importantes (environ 11 000 Gt).

Modèle technico-économique

La conclusion s’impose : il faut, jusqu’à 2050, s’abstenir d’extraire et de brûler la plus grande partie de ces gisements. L’originalité de l’étude de Christophe McGlade et Paul Ekins, de l’University College London, est de quantifier le « sacrifice » nécessaire, en fonction des pays ou groupes de pays, mais aussi du type d’énergie fossile.

Ils ont fait tourner un modèle technico-économique qui combine une série de paramètres – réserves existantes, usages, technologies, offre, demande… – pour « optimiser » le système énergétique mondial. Autrement dit, pour obtenir un coût de l’énergie minimal. A ce modèle, ils ont ajouté une contrainte supplémentaire : la limitation du réchauffement à 2 °C.

Résultats : 35 % des réserves de pétrole, 52 % de gaz et 88 % de charbon doivent rester sous terre. Mais l’effort est inégalement réparti. Les pays producteurs du Moyen-Orient, qui possèdent l’essentiel des réserves, doivent renoncer à 38 % de leur pétrole et 61 % de leur gaz, l’Afrique à respectivement 26 % et 34 %, la Chine et l’Inde réunies à 25 % et 53 %, l’Europe à 21 % et 6 %, les pays de l’ex-Union soviétique à 19 % et 59 %.

Le Canada, lui, doit se priver de 75 % de son pétrole et 24 % de son gaz. En revanche, les États-Unis échappent, ou presque, à ces restrictions, puisqu’ils ne doivent abandonner que 9 % de leurs gisements de pétrole et 6 % de ceux de gaz. Ce que les auteurs expliquent par la proximité des centres de production et de consommation, qui réduit les coûts. C’est pour le charbon que, partout, les restrictions sont les plus drastiques, le Moyen-Orient devant même en laisser dans le sol 99 %.

Pour ce qui est du cas particulier des hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux), les auteurs concluent qu’une hausse de leur production est incompatible avec la volonté de juguler le réchauffement. Ce qui pénaliserait donc la production américaine de gaz et huile de schiste et celle canadienne de sables bitumineux. De même, « toutes les ressources de l’Arctique en hydrocarbures devraient être classées comme non brûlables ».

« Un grand absent dans cet article : le consommateur »

Roland Vially, géologue à l’IFP Energies nouvelles, prend des distances avec cette étude. Il met en cause la pertinence, sur ce sujet, d’un modèle d’optimisation économique : « Il aurait été plus intéressant de faire une optimisation en termes d’émissions de CO2 plutôt qu’en termes de coût. » « Il y a un grand absent dans cet article : le consommateur, observe-t-il par ailleurs. Les pays producteurs sont implicitement rendus responsables de la consommation mondiale, alors qu’il faut [pour rester sous la limite de 2 °C] que les pays consommateurs consomment moins et donc que la demande diminue. »

Chercheur au Potsdam Institute for Climate Impact Research(Allemagne), Jérôme Hilaire, cosignataire d’un commentaire dans le même numéro de Nature, juge en revanche ce travail « très intéressant » dans la mesure où il est « le premier à identifier de façon aussi détaillée les réserves et les ressources fossiles à ne pas exploiter ». Ces résultats, ajoute-t-il, mettent en lumière la nécessité de politiques climatiques prévoyant « un système de compensation entre gagnants et perdants ».

On voit mal en effet comment – l’étude n’apporte pas la réponse – convaincre un pays producteur, riche ou pauvre, ou une compagnie pétrolière ou gazière de renoncer à la rente des hydrocarbures, sans la mise en place de mécanismes tels qu’un marché mondial du carbone ou que le Fonds vert pour le climat, destiné à aider les pays en développement à prendre leur part dans la lutte contre le réchauffement. Des questions au cœur de la Conférence mondiale sur le climat de Paris, en décembre 2015.

Pierre Le Hir 

 

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 09:55

Une tribune qui remet les pendules à l’heure, publiée dans Le Monde du 7 janvier 2015 par Annie Thébaud-Mony, sociologue, directrice de recherches honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, chercheuse associée au Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers professionnels (GISCOP 93) à l’université Paris XIII. Elle est l’auteure de Travailler peut nuire gravement à votre santé (La Découverte, « Poche », 2008) et de La science asservie. Santé publique : les collusions mortifères entre industriels et chercheurs, La Découverte, Paris, 2014.

En ces premiers jours de 2015, les médias ont diffusé le message selon lequel le cancer serait essentiellement le fruit du hasard. Une aubaine pour les industriels de l’amiante, de la chimie, des pesticides, du nucléaire, du pétrole et j’en passe… Pour eux, sans aucun doute, cette « découverte scientifique » devrait clore toute controverse sur le rôle des risques industriels dans la survenue du cancer !

L’origine de cette pseudo-découverte est un article paru dans la prestigieuse revue Science, le 2 janvier, présentant les résultats d’une corrélation statistique particulière (Christian Tomasetti et Bert Vogelstein, « Variation in cancer risk among tissues can be explained by the number of stem cell divisions », www.sciencemag.org, 2 janvier). Partant de l’observation d’une différence de fréquence du nombre de cancers selon les organes (poumon, colon, cerveau, etc.) – à l’exclusion de ceux qui sont actuellement en augmentation vertigineuse (sein et prostate) –, Christian Tomasetti et Bert Vogelstein font l’hypothèse que ces variations s’expliqueraient par des modalités différentes de division cellulaire au sein de ces organes. Ils prennent en considération ce que les biologistes appellent les cellules souches, qui ont la capacité de s’autorenouveler, de se différencier en d’autres types cellulaires et de proliférer en culture. Ils établissent ensuite une corrélation statistique entre le nombre total de divisions cellulaires de ce type de cellule sur la durée moyenne de la vie dans la population américaine et le risque moyen de survenue du cancer de tel ou tel organe aux Etats-Unis. Statistiquement significative, la corrélation est alors interprétée comme validant l’hypothèse selon laquelle le cancer serait issu – pour l’essentiel – d’un sinistre loto cellulaire. La faute à « pas de chance » !

Ce raisonnement simpliste fait penser à d’autres corrélations qui auraient pu fonder des hypothèses tout aussi fantaisistes. Pour alerter les étudiants de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) sur les risques d’interprétation hâtive en matière de statistiques, Joseph Klatzmann, ancien administrateur à l’Insee, ancien professeur d’économie rurale à l’Institut national agronomique Paris-Grignon, directeur d’études à l’EHESS, citait fréquemment l’exemple suivant (Joseph Klatzmann Attention Statistiques ! Comment en déjouer les pièges. La Découverte, 1985, dernière réédition, 1996) : entre les années 1950 et 1990, la courbe de croissance d’utilisation des réfrigérateurs a été exactement parallèle à celle de l’épidémie de cancer. Serait-ce l’utilisation du réfrigérateur qui cause le cancer ? A l’évidence, une telle interprétation prêterait à sourire si elle ne reflétait pas ce que les auteurs de l’article de Science se sont permis de faire, à savoir extrapoler d’une corrélation à l’affirmation d’une causalité.

Trois angles morts

Or, au moins trois angles morts de leur « démonstration » la discréditent totalement. Tout d’abord, ils omettent de faire référence dans leur modèle au fait que la cellule souche ne se transforme pas spontanément en cellule cancéreuse. Elle le fait sous l’effet de mutations qui elles-mêmes sont produites par des agents cancérogènes externes. On retrouve ici le rôle de l’amiante, des rayonnements ionisants, des fumées diesel, des pesticides et autres substances toxiques connues depuis longtemps pour leurs propriétés cancérogènes (sans parler de toutes celles dont la toxicité n’a pas été testée…).

Le deuxième angle mort est ce qu’occulte le recours à une incidence globale du cancer dans la population générale, à savoir les inégalités face au cancer. Pour ce qui est de la situation française (qui n’est pas fondamentalement différente de celle de la population américaine), un ouvrier a dix fois plus de risque de mourir de cancer (et de façon précoce avant 65 ans) qu’un cadre supérieur. Sauf à considérer que les ouvriers ont des cellules souches tout à fait particulières – ce qui ressemblerait à une forme d’eugénisme –, force est de considérer, pour comprendre cette inégalité, la différence très significative d’exposition à des cancérogènes professionnels, mise en évidence par une enquête du ministère du travail. Selon l’enquête Sumer 2010 réalisée par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques et la direction générale du travail-Inspection médicale du travail, les ouvriers sont dix fois plus exposés dans leur travail à des cancérogènes que les cadres supérieurs.

Le troisième angle mort est la non-prise en compte par Christian Tomasetti et Bert Vogelstein des connaissances acquises de longue date sur les caractéristiques fondamentales du cancer, suite aux travaux de nombreuses disciplines scientifiques autres que l’épidémiologie. Cette maladie commence, certes, au cœur des cellules mais s’inscrit, pour chaque individu touché, à la croisée de deux histoires. L’une est celle des atteintes, simultanées et/ou répétées, provoquées par les agents toxiques (poussières, substances chimiques, rayonnements) au cours de multiples événements de la vie professionnelle, résidentielle, environnementale et comportementale ; l’autre est, face à ces agressions, celle des réactions de défense de l’organisme, elles-mêmes extrêmement variables selon les individus. Plus se multiplie la présence de molécules toxiques dans la vie quotidienne, et plus se multiplient aussi, non seulement les processus mutagènes ou cancérogènes propres à chacun d’eux, mais ce qu’on appelle la synergie entre eux et aussi la manière dont ces différents processus interfèrent eux-mêmes avec les mécanismes de défense de l’organisme.

Ajoutons que l’étude ainsi publiée par la revue Science a été sponsorisée par des fondations privées dont la première est le fonds Virginia & D. K. Ludwig pour la recherche sur le cancer. Le fondateur en est Daniel Ludwig, un magnat américain du transport maritime qui fut le promoteur des supertankers, mais aussi de la déforestation en Amazonie brésilienne pour l’exploitation arboricole d’espèces de pins et eucalyptus à croissance rapide pour le marché mondial de la pâte à papier. Vendant cette exploitation à un consortium brésilien, Daniel Ludwig a investi le produit de cette vente dans le fonds qui porte son nom, soutenant ainsi la production de connaissances sur le cancer, utiles aux industriels mais fondamentalement nuisibles à la santé publique.

Répercussion médiatique

Que la statistique appliquée au cancer s’inscrive, une fois de plus, dans cette mise en doute systématique des effets mortifères des risques industriels, que j’ai longuement décrite récemment, ne m’étonne malheureusement pas. En revanche, mon inquiétude est la répercussion médiatique d’un tel article et ses effets sur l’opinion publique, alors que l’épidémie de cancer a pris des proportions catastrophiques en France et dans le monde. Entre 1984 et 2012, le nombre annuel de nouveaux cas est passé, en France, de 150 000 à 355 000. Selon l’Organisation mondiale de la santé, pas moins de 15 millions de décès sont dus au cancer dans le monde chaque année soit presque un décès toutes les deux secondes. Et encore, ces chiffres sous-estiment grandement ce qui se passe dans les pays où une part importante de la population est privée d’accès à un quelconque diagnostic de cancer.

Or le cancer est évitable, à condition d’éradiquer les cancérogènes en milieu de travail, dans l’environnement et la consommation. Pourtant, dans le champ de l’épidémiologie, des chercheurs s’obstinent à produire des modèles statistiques dénués de sens par rapport à la réalité dramatique du cancer. L’outil mathématique utilisé pour cette production de l’incertitude donne à la démarche l’apparence de la rigueur, de l’objectivité, pour tout dire de la science. Surtout, cela rend quasi impossible l’échange et la discussion entre, d’une part, les travailleurs et citoyens, victimes de cancers associés à l’exposition aux substances toxiques, et, d’autre part, les scientifiques qui jonglent avec les chiffres, abstraits et anonymes, de milliers de cas de cancers. Ainsi, des spécialistes servent la cause des industriels, en renforçant, par des travaux scientifiques publiés, l’incertitude concernant les liens entre toxiques et cancer.

Avec l’extension de la chimie, du nucléaire, la prolifération des cultures OGM, la dissémination des nanoparticules, les risques de la téléphonie mobile et autres nouvelles technologies, sous couvert de « progrès », industriels et responsables politiques s’affranchissent chaque jour davantage de l’obligation première fondamentale du respect de la vie, avec la complicité des plus prestigieuses institutions scientifiques. L’article paru dans Science, le 2 janvier, en témoigne une fois encore.
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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 09:31

Une initiative importante rapportée par Pascal Santi pour Le Monde du 6 janvier 2015. http://www.lemonde.fr/sante/article/2015/01/06/michele-rivasi-appelle-a-une-operation-mains-propres-dans-la-sante_4550086_1651302.html#vlPiABDXQkYtoZrs.99, suivi de l’Appel pour une opération MAINS PROPRES SUR LA SANTE http://www.michele-rivasi.eu/medias/appel-pour-une-operation-mains-propres-sur-la-sante/

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En finir avec les conflits d’intérêts dans le domaine de la santé, c’est l’objectif de la député européenne Europe écologie-Les Verts (EELV), Michèle Rivasi. Avec un groupe de parlementaires et de médecins, elle a appelé, lundi 5 janvier, a une opération « mains propres sur la santé », à l’instar de l’opération coup de poing menée en Italie de 1982 à 1992, dont les procédures se sont terminées en 2012. « Le système est complètement pourri, les laboratoires pharmaceutiques achètent tout le monde », a-t-elle soutenu aux côtés du député Noël Mamère et de la sénatrice Aline Archimbaud, tous deux EELV.

Une réforme de la politique du médicament permettrait, selon la centaine de signataires de cet appel, une économie de 10 milliards d’euros par an en France, où ce marché atteint 26,8 milliards. Les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. Michèle Rivasi appelle aussi à une refonte du système de fixation du prix, jugé « opaque ». En France, c’est la mission du Comité économique des produits de santé (CEPS). Et bien souvent, « l’aspect économique prime sur l’aspect sanitaire » dénonce-t-elle, en regrettant que les usagers n’y soient pas représentés.

Un exemple : le Sovaldi, traitement contre l’hépatite C, est facturé à plus de 200 fois son prix de revient. En incluant la recherche, « ce prix reste dix fois plus élevé que le coût total », pointe le pharmacien Serge Rader, signataire de l’appel. Il a aussi montré sue le coût des génériques est 30 % plus élevé en France qu’en Italie. Autre exemple : le Glivec, du laboratoire Novartis, utilisé pour soigner certaines formes de leucémies, coûte 501 euros la boite en Italie, contre 2 300 euros en France.

Publication des liens d’intérêt 

Les conflits d’intérêts entre politiques, médecins et laboratoires pharmaceutiques, et le poids de ces derniers dans la fixation des prix, sont soulignés par les signataires. Michèle Rivasi dresse une liste, établie par l’association Formindep (pour une formation et une information médicale indépendantes), qui montre les liens entre d’anciens ministres de la santé et les firmes pharmaceutiques, sans compter les relations de celles-ci avec les sociétés savantes, le financement des congrès…

La loi Bertrand, votée fin 2011 après le scandale du Mediator, oblige la publication des leins d’intérêt (cadeaux, congrès…) entre l’industrie de la santé et les professionnels, mais exclut les conventions. « Nous sommes déçus de cette loi et du site qui recense les liens d’intérêt » souligne Michèle Rivasi.

Pascale Santi

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 18:59

Trois nouvelles concernant la santé parues juste avant l'attentat contre Charlie nous interpellent. Nous les partageons avec vous en trois articles successifs. Commençons par cet article de Laetitia Van Eeckhout pour le Monde du 6 janvier 2015.  

Une étude de l’Institut de veille sanitaire révèle les effets à court terme des particules fines même à des niveaux d’exposition faibles.
http://www.lemonde.fr/pollution/article/2015/01/06/la-pollution-a-un-impact-immediat-sur-la-mortalite_4549657_1652666.html#rhbWTpexeOiPtvhA.99

La pollution atmosphérique tue à très court terme en aggravant brutalement des symptômes préexistants. Dans son premier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’année, publié mardi 6 janvier, l’Institut de veille sanitaire (InVS) quantifie l’impact des particules fines PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 microns). Même à des niveaux d’exposition relativement faibles, les particules fines accroissent le risque de mortalité immédiate et pas seulement sur le long terme.

Ces microparticules générées par les gaz d’échappement des véhicules, notamment les moteurs diesel, l’activité industrielle ou les systèmes de chauffage, affectent les voies respiratoires et le cœur, et peuvent provoquer par exemple accident vasculaire cérébral, crise cardiaque, rupture d’anévrisme, angine de poitrine, embolie pulmonaire… Autant de pathologies qui peuvent intervenir dans les cinq jours suivant une exposition.

17 agglomérations étudiées

A chaque fois que la concentration de PM10 augmente de 10 microgrammes par mètre cube (µg/m3), le risque de mort (hors accident) croît de 0,5 %, révèle l’étude de l’InVS. Les effets observés sont plus importants pour les personnes âgées de plus de 75 ans (risque accru de 1,04 %).

L’Institut avait réalisé en 2012 une première évaluation de l’impact global (à court et long termes) de la pollution sur la mortalité dans neuf villes (Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, Le Havre, Marseille, Rouen, Strasbourg et Toulouse). Cette fois son étude, qui met l’accent sur la mortalité à court terme, porte sur 17 agglomérations, offrant ainsi une meilleure représentativité du territoire. Aux neuf premières viennent notamment s’ajouter Dijon, Grenoble, Montpellier, Nancy, Nice ou Lens-Douai. L’ensemble des zones étudiées totalise 15,3 millions d’habitants, dont 43 % à Paris et ses alentours.

Risques plus élevés l’été

Aucune ville ne dépasse la valeur réglementaire européenne de 40 µg/m3 de PM10, mais seule Dijon respecte le seuil de pollution admis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir20 µg/m3. Marseille apparaît comme la ville dont l’air est le plus pollué aux particules fines, suivi de Lille, Lyon, Nice, Grenoble et Lens-Douai. Paris n’arrive qu’en septième position, devant Rouen et Strasbourg, les sept autres agglomérations présentant une concentration moyenne annuelle de PM10 entre 21 et 25 µg/m3.

La précédente étude de l’InVS portant sur neuf villes avait montré qu’une diminution des concentrations de PM10 à la valeur recommandée par l’OMS conduirait à éviterchaque année 250 morts à court terme et quelque 1 000 hospitalisations. Et que les niveaux trop élevés de PM2,5 (d’un diamètre égal ou inférieur à 2,5 µg) étaient quant à eux responsables à long terme de plus de 2 900 morts anticipées.

Bien que les pics de pollution se produisent davantage au cours de l’hiver, le risque de morts à court terme dues à la pollution est sensiblement plus élevé pendant l’été, en particulier pour des raisons cardiovasculaires (3 %). « L’été, les individus passent davantage de temps à l’extérieur, ouvrent plus fréquemment les fenêtres de leur domicile, explique Mathilde Pascal, épidémiologiste au département santé et environnement de l’InVS. Aussi, l’été, la température de l’air, plus élevée, exacerbe les mécanismes physiologiques qui permettent au corps deréguler sa propre température, et cela affaiblit l’organisme et le rend plus sensible à la pollution. »

Et la scientifique de souligner : « Cela confirme qu’il existe un risque même à des niveaux relativement faibles de concentration de PM10. Et il pourrait s’aggraver avec le réchauffement climatique. »

 

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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 21:26

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(Place de la République, 18h)

Horreur, amitié, détermination

C’est l’horreur qui nous a saisis, ce matin, quand l’incroyable nouvelle est survenue : un attentat sanglant contre Charlie Hebdo, des hommes armés, douze morts, près de vingt blessés. L’horreur, qui nous abasourdit. Et nous laisse sans mots.

L’amitié, ensuite, pour ceux et celles que nous connaissons et que nous aimons, et pour ceux et celles que nous ne connaissons pas. La douleur pour les morts, la désolation pour les blessés, l’amitié et le désir de réconfort pour leurs proches, leurs amis, leurs enfants. Comment vous dire qu’on est avec vous, avec notre tendresse et notre impuissance ? Mais nous sommes avec vous, de tout notre cœur.

Et puis la détermination. Ce sont des journalistes qu’on a voulu tuer, c’est la presse qu’on a voulu abattre, c’est la liberté qu’on a voulu détruire. Eh bien, nous le disons : nous ne céderons pas. Dans les temps difficiles d’aujourd’hui, et les jours sombres qui se profilent, il est vital que la liberté continue, s’exprime, s’affirme. Nous continuerons notre travail d’information et de témoignage, avec encore plus de détermination et d’énergie que jamais.

Ce texte est publié en commun par Actu Environnement, Arrêt sur images, Basta Mag, Global Magazine, Huffington Post, Libéweb, Mediapart, Politis, Reporterre, Rue 89, Terra Eco, We Demain.

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 22:41

Communiqué du groupe local Europe Ecologie Les Verts Les Lilas-Le Pré Saint Gervais

Les écologistes lilasiens se sont mobilisés pour RLD au sein de Les Lilas Autrement, et nos élus ont écrit fin novembre leur tribune dans Infos Lilas consacrée au soutien à RLD. Nous la reprenions dans le n°2 du journal de LLA distribué mi décembre. La voici :

La blanchisserie RLD des Lilas est sous le coup d’une annonce de plan social. Plus de 70 travailleurs sont concernés. La direction de l’entreprise annonce 11 licenciements secs. Mais l’objectif est de fermer le site. Les autres salariés seraient dispersés à plus de 3 heures de trajet. Ce sont des licenciements déguisés. Les Lilas Autrement assurent les salariés de leur soutien total dans leur démarche de résistance. Nous serons à leurs côtés chaque fois que ce sera nécessaire.

Cette situation, sur une activité historique aux Lilas et sur un site rentable pendant des années, est la conséquence de comportements de patrons voyous. Le fond de pension qui gère l’entreprise veut liquider le site, licencier ses salariés pour améliorer sa rentabilité avant de vendre l'activité. C’est une vision purement spéculative qui conduit à des licenciements. Un fond de pension qui a bénéficié des largesses du gouvernement socialiste en touchant 1,6 million d’euros de crédit d’impôt dans le cadre du pacte de responsabilité. Le groupe pourrait toucher autant cette année. Le gouvernement a beau jeu de demander des contreparties au pacte de responsabilité. Les voilà : l’argent sert à financer les licenciements et à rémunérer les actionnaires plutôt qu’à créer des emplois.

Nous vous invitons à rejoindre le comité de soutien : http://ulcgt-bagnolet.fr

En ce début d'année, nous voulons assurer à nouveau les salariés de notre soutien alors que se confirme une cessation d'activité, et que la mise en place du plan social est examinée par la justice à Bobigny.

Selon un schéma malheureusement trop répandu, le fonds-vautour qui a repris l'entreprise RLD n'est là que pour faire des économies et plus de profit, c'est à dire licencier pour augmenter les dividendes des actionnaires – 11 postes supprimés sur 72, c'est 15 % des emplois qui disparaissent. Ce n'est pas acceptable, ni pour les salariés, ni pour la société qui voit s'étioler une activité rentable et s'accroître le chômage. Mais ce qui s'impose aux 61 personnes restantes, c'est un éloignement de leur lieu de travail, aux Mureaux dans les Yvelines, ou au Plessis-Pâté en Essonne, donc un gouffre qui s'agrandit entre logement et emploi, alors que toutes les collectivités de la future métropole parisienne cherchent la mixité des fonctions dans chaque quartier, pour réduire l'empreinte écologique de nos déplacements pendulaires quotidiens de la maison au travail, et du travail à la maison. Une vie impossible que les salariés ont justement refusé en se mettant en grève le jour de Noël. 6 salariés ont alors été assignés en référé (procédure dite d’urgence) devant le tribunal de Bobigny, mais le jugement rendu hier a débouté RLD de ses demandes et l'a condamné aux dépens. Nous nous en félicitons, mais n'oublions pas que RLD a touché 1,6 M€ de CICE. Rappelons-nous ce que veut dire ce sigle : Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi. Dans le cas de RLD, la compétitivité n'est que financière, pour les actionnaires, pas commerciale ni économique. Quant à l'emploi, le CICE ne doit pas servir à le réduire ! Malheureusement, le linge à blanchir est déjà parti ailleurs....

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 16:06

        Les prochaines élections départementales auront lieu les 22 et 29 mars 2015 selon un nouveau mode de scrutin. Sous couvert de parité, ce scrutin dit binominal est de fait un scrutin de liste : on élit une conseillère, un conseiller, une suppléante et un suppléant, soit quatre personnes par canton, mais sans aucune proportionnelle. C'est « tout ou rien », les quatre sont élus, ou aucun. S'ajoute à cela l'élimination au second tour de toutes les listes n'ayant pas recueilli au premier tour 12,5 % des inscrits : avec un taux de participation de moins de 40 % aux précédentes élections pour le département, ne pourront se maintenir au deuxième tour que les listes ayant recueilli au moins environ 30 % des votants, mais les deux listes en tête peuvent se maintenir même avec un plus faible pourcentage de votants. Cela favorise donc la majorité absolue, le bipartisme, et ne permet pas l'expression des minorités.      

Sur notre canton, l'extrême droite était présente au second tour des élections législatives en 2012, elle s'est renforcée depuis au niveau national, mais pour autant les habitants de notre canton votent largement majoritairement à gauche. Les écologistes de Bagnolet, des Lilas et de Romainville ont donc, en assemblée générale, exprimé à plus de 80 % leur souhait de défendre les valeurs de l'écologie à cette élection prochaine de façon autonome.     

Il en va autrement au niveau départemental, où la droite a beaucoup progressé aux élections municipales cette année. C'est pourquoi Europe Écologie Les Verts Seine Saint-Denis a lancé il y a plus d'un mois un appel au rassemblement de la gauche et des écologistes, autour de la construction d'un programme social et écologiste comme plus petit dénominateur commun.    

Cet appel n'a pas été entendu à ce jour par plusieurs partis de gauche, sans que nous nous résignions pour autant à ne pas réunir d'ici quelques semaines les conditions d'un large dialogue à gauche. Seul le PS a répondu positivement et proposé un accord programmatique et électoral, accompagné du PRG et du MGC. Cet accord a été voté majoritairement par l'assemblée générale d'Europe Écologie Les Verts- Seine Saint-Denis, qui a aussi choisi ses candidats sur les 21 cantons du département.    

Cet accord s'applique donc à nos groupes locaux à Bagnolet, Les Lilas, Romainville, pour faire campagne commune avec le PS en fournissant le suppléant homme de la liste du canton n°3, Pierre Stoeber, préalablement choisi en assemblée générale.  

Olivier Thérondel, pour le groupe local de Bagnolet

Pierre Stoeber, pour le groupe local des Lilas

Laurence Guillon, pour le groupe local de Romainville

 

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 10:28

Agon

La censure par le populaire

Gestions populistes de l’art et de la culture

                     Barbara Métais-Chastanie

Un article passionnant sur Agôn [En ligne], mis à jour le : 18/11/2014, URL : http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=3127

Table des matières

Du Blanc-Mesnil à Montpellier : usages populistes du « populaire »  

« C’est très bien » : la vie en rose qu’on nous propose  

Ce que censure veut dire  

Ce que la société ne t’a pas donné  

« Il appartient aujourd'hui aux êtres dissonants de résister autant que faire se peut à cette fiction discriminante de béatitude, d'une part en traquant les dérives de ce langage afin que sa vacuité saute aux yeux du plus grand nombre, d'autre part en alimentant in situ sa dissonance. L'enjeu est à la fois de déstabiliser les tenants de ce langage dominant, et de se forger une ligne de conduite critique. » Eric Chauvier, Que du Bonheur.

Depuis quelques mois, un même mot d’ordre se fait entendre ici et là : celui selon lequel les lieux d’art et de culture devraient être des lieux « populaires » et « ouverts à tous ». Rien de nouveau sous le soleil si l’on veut bien se rappeler que c’était le même élan qui guidait déjà Jean Vilar et Antoine Vitez dans la défense d’un « théâtre élitaire pour tous » (Vitez) dès les années cinquante. Pourtant le « populaire » semble aujourd’hui n’être qu’un vulgaire cache-sexe pour des politiques culturelles populistes et réactionnaires qui n’hésitent pas à prendre les commandes de lieux artistiques quand leur programmation ne s’ajuste pas aux cahiers des charges municipaux. On le sait les élus sont sensibles aux polémiques et le consensus doit régner pour éviter les risques politiques : les propositions divertissantes ont le mérite d’arrondir les angles en répondant aux attentes de collectivités souvent plus soucieuses d’aménager le territoire que de le voir se soulever sous l’effet de tensions et de désaccords profonds.

Celui qui est toujours instrumentalisé, celui pour qui parlent ceux qui agitent la poupée du « populaire » moribond, c’est le public. Le « vrai » public entendons-nous bien. Celui qui comme la Vérité d’X-Files est toujours ailleurs. Pas celui qui applaudit des deux mains les dramaturgies d’avant-garde (toujours intello celui-là), pas celui qui va trop souvent au théâtre, au musée ou qui a l’audace de lire quand sa ministre de la Culture lui rappelle que ça prend trop de temps (toujours suspect celui-là), pas celui qui baigne dans la culture, dans l’art ou dans l’école (il ne sait pas ce que c’est que le réel, celui-là). Non, le Vrai public, le Brut, l’Ignorant, le Mal-à-l’aise, celui qui sue à l’idée d’une pièce de trois heures, celui qui tremble quand on lui annonce un classique. Celui qu’on dit « empêché » après l’avoir affublé pendant longtemps de l’étiquette de « non-public ». Et c’est au nom de ce Vrai Public, qui n’a pas plus d’existence que le « Bon Chasseur » des Inconnus1, au nom du « Peuple », que le « populaire » se voit réduit au rang d’objet de culture consensuel. Ce n’est pas pour mon public, mes habitants ne veulent plus de ça, entend-on souvent ad nauseam. Car le « populaire » sait pour le peuple, pour le public, pour les habitants ce qui est « bon » pour eux, ce qui est « fait » pour eux, ce qu’ils ont « envie de voir » et ce qu’ils sont « en mesure de comprendre ».

L’actualité, au Blanc-Mesnil et à Montpellier, comme les conditions politiques actuelles, ne font que confirmer la soumission des artistes et des lieux artistiques au bon-vouloir des élus locaux. Autant de signes qui font craindre pour l’indépendance de l’art et pour le devenir de sa fonction émancipatrice.

Du Blanc-Mesnil à Montpellier : usages populistes du « populaire »

Ce jeudi 13 novembre le conseil municipal de la ville de Blanc-Mesnil a, en effet, voté la sortie du conventionnement du Forum, mettant fin au partenariat qui liait la Ville, le Département, le Ministère de la Culture et la Région Ile-de-France. Cette décision, Thierry Meignen, le nouveau Maire UMP, cherchait à la porter depuis son élection en ménageant des zones de flou et en refusant de donner des indications claires sur ses intentions. Pendant plus de sept mois, les contradictions l’auront disputé à la rétention menant l’équipe du théâtre du Forum d’incertitude en incertitude. Pour que ton chien n’aboie pas, fais-le courir ici et là. Beau précepte suivi avec soin par la nouvelle municipalité qui critiquait, elle aussi, une programmation jugée trop exigeante (« Le conventionnement est présenté comme trop contraignant, et serait contraire aux intérêts de la ville en matière culturelle », précise Xavier Croci, Directeur du Forum).

la panacée

C’est cette même rhétorique populiste et paternaliste qui frappe aujourd’hui à Montpellier. La Panacée – Centre de culture contemporaine dirigé par Franck Bauchard – est sous la menace d’une mise à l’index et fait les frais d’une ingérence municipale proprement policière. Tous les projets de programmation pour l’année à venir sont suspendus au bon vouloir du nouveau Maire qui souhaite, lui aussi, autre chose pour ses habitants : le nouvel élu à la culture reprochera à La Panacée « d’avoir raté son rendez-vous avec le public ». Dimanche, La Panacée a fermé ses portes avec l’exposition « Une lettre arrive toujours à destinations ». Et l’équipe ne sait pas quand elle les réouvrira et encore moins sur quoi : un opérateur local a annoncé sur sa page Facebook une exposition à La Panacée au mois d’avril ; d’autres évènements semblent s’annoncer pour le mois de mars… Situation proprement ubuesque puisque ignorée des principaux intéressés car là aussi le directeur du lieu s’est vu confisquer la main sur sa programmation. Mis sous la tutelle d’une fonctionnaire de la Ville, La Panacée se trouve depuis septembre dans une situation proche de celle de l’âge de glace : le programme pour l’année 2015, présenté et affiné entre les mois de mai et septembre, est gelé. Il a fait l’objet d’un ensemble de critiques sur son accessibilité, son lien avec le territoire, les partenaires et artistes locaux...  sans être pour autant formellement invalidé. Sous l’ère Frêche, Montpellier avait déjà raté l’occasion d’accueillir des œuvres d’artistes d’envergure, poussant ainsi Yvon Lambert à poser les valises de sa fondation en Avignon. Quelque chose de l’art du XXIe siècle semblait trouver de justes conditions d’exposition à la Panacée qui est en train de sombrer.

Philippe Saurel, l’homme de l’anti-système, dissident du PS, sera-t-il aussi bassement populiste que ses homologues de droite et d’extrême droite ? Rien d’étonnant tant le discours anti-élitiste de dénonciation des avant-gardes semble être une tendance partagée à gauche comme à droite, surtout en des temps de crise où la culture est priée de payer son tribu au social pour justifier de son utilité.

Les critiques anti-élitistes et l’interférence des problématiques artistiques et des grilles politiques ne sont pas nouvelles. On se souvient que le Front national, associé à certains élus de la droite républicaine, avait fait du Centre Chorégraphique de Rillieux-La-Pape de Maguy Marin l’une de ses principales cibles lors de sa campagne pour les municipales. La danse contemporaine à Rillieux-La-Pape ? Vous n’y pensez pas. Le contribuable n’a pas à payer pour ça.

C’était en 2001.

Pour la police des esprits, la danse contemporaine faisait alors lit commun avec l’insécurité dans la liste des choses à combattre.

Avant, il y avait eu l’éviction de Gérard Paquet à la direction du Théâtre National de la Danse et de l'Image de Châteauvallon après l’arrivée au pouvoir de Jean-Marie Chevallier à Toulon en 1995, l’une des premières Mairie FN de France avec Marignane et Orange. Le fondateur du centre culturel, ouvertement anti-fasciste, ne pouvait pas faire bon ménage avec un Maire frontiste. Après avoir refusé toute subvention de la ville, invité le groupe de rap NTM à donner un concert, il se voit poursuivi en justice et menacé de licenciement. En 1997, il est prié de quitter le lieu qu’il avait fondé en 1964.

Dix ans plus tard, c’est désormais l’UMP qui s’occupe de sangler les museaux en brandissant le pavillon réactionnaire d’un « populaire » qui n’en a plus que le costume. Les coups de force se multiplient : en avril 2014, Abdel Seshaf directeur du théâtre municipal de Roanne est licencié pour d’obscures raisons d’irrégularité de contrat par Yves Nicolin, le nouveau Maire UMP. En avril également, le nouveau Maire UMP de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, licencie cinq membres de la direction de l’Opéra-Théâtre dont le chef d’orchestre Laurent Campellonne, pour raisons économiques cette fois.

Pasolini annonçait déjà dans ses Écrits corsaires la puissante progression de ce nouveau fascisme, celui du conformisme, du conservatisme, de l’anti-intellectualisme et de sa suite, la consommation culturelle. Il semble que depuis le virage à droite des années quatre-vingt, il trouve sa pleine mesure.

« C’est très bien » : la vie en rose qu’on nous propose

la vie en rose

En juin 2014, le Centre Théo Argence de Saint-Priest voit sa programmation amputée de plus de la moitié de ses spectacles. Les motifs de l’annulation ? La nouvelle mairie UMP souhaite, en effet, voir à l’affiche du théâtre des formes « plus populaires ». Le « populaire », comme nous l’explique avec forces répétitions l’édito de saison qui n’est d’ailleurs pas signé par la directrice du lieu, Anne Courel, littéralement menottée par les décisions municipales, mais par Gilles Gascon, Mai(t)re de Saint-Priest, et par Catherine Laval, 1ère adjointe à la Culture (avec majuscule), c’est donc enfoncer les portes, de préférence ouvertes : « L’accès à la culture ne se fait pas par une seule porte d’entrée. Chacun doit pouvoir venir avec sa sensibilité, sa liberté, ses goûts ; voir ou entendre ce qu’il aime et peut-être, s’il le désire, découvrir autre chose, à son rythme, en toute liberté. »

Manifestement les portes ouvertes sur la ville et ses habitants, sur des ateliers en direction des San-Priots, sur les écritures contemporaines et les problématiques qu’elles empoignent du Théâtre Théo Argence pendant les quatre années de la direction d’Anne Courel, n’étaient aux yeux du Maire et de ses acolytes que des couteaux sans manche auxquels manquait la lame.

En lieu et place de l’invention singulière d’une langue, comme pouvaient la porter Mariette Navaro, Alexandra Badea ou encore Sylvain Levey, pour ne citer que quelques auteurs associés au projet de La Fabrique, en lieu et place de la recherche collective d’un sens réunissant artistes et habitants, en lieu et place de l’invention d’une poétique et d’une politique qui répondaient à d’autres lois que celles qui règlent le parcours quotidien en tenant tête aux formes de l’exclusion, aux formes du mépris, aux formes du pessimisme, la nouvelle Mairie a donc choisi le vaudeville, l’opérette et la chanson française. Que le public se rassure pourtant, c’est « un beau programme ». C’est le Maire, lui-même, qui nous le dit et « C’est très bien » comme nous en persuadera un spectacle porté par trois interprètes qui voient « la vie en rose et c’est très chouette ! ».  « C’est très bien » est programmé en décembre. Preuve que de vrais choix dramaturgiques ont guidé ces perspectives de programmation : c’est bien connu, en hiver, les couleurs, c’est que du bonheur.

Ce que censure veut dire

Romeo Castellucci

Romeo Castellucci, Sur le concept du visage de Dieu, 2011.

Ces formes d’ingérence policière sont aussi scandaleuses que leurs récurrences sont inquiétantes. Qu’il s’agisse du FN, de l’UMP ou du PS, la mode semble être aujourd’hui à une resucée molle du terme « populaire », vague chewing-gum qui passe de bouche en bouche, pour faire oublier qu’il a perdu son goût. Le « populaire » alors, ce « populaire » au « sens noble du terme » comme nous rappelle le Maire de Saint-Priest, quel est-il sinon ce concept flou qui se résumerait à l’équation suivante : le plus petit dénominateur commun est la seule chose à laquelle doit pouvoir se ramener une œuvre pour échapper au constat d’élitisme. On serait tenté d’en rire (jaune) si cette réappropriation populiste du populaire ne s’exprimait pas désormais par une politique de censure, institutionnelle (comme dans les cas précédemment cités) et réactionnaire (comme dans le cas d’Exhibit B de Brett Bailey2, des pièces de Rodrigo Garcia3 ou de Romeo Castellucci4, du film de Céline Sciamma5, du court-métrage de Benjamin Parent6, menacés par des groupes d’extrême droite). Il est étonnant d’ailleurs de remarquer qu’on n’a jamais autant brandi le « populaire » et son « peuple » que depuis qu’on l’a vidé de sa substance en rangeant au placard la lutte des classes et les outils de l’analyse marxiste. Baudruche vide, gonflée ici et là par de méchantes bouches, le « populaire » ne renverrait donc plus qu’à lui-même, vague « pour tous », dont on ne sait pas vraiment ce qu’il désigne sinon la perte d’une lecture dialectique où les rapports sociaux étaient pensés de manière relationnelle et antagoniste, comme autant d’« espace où pourraient émerger des rapports sociaux absolument neufs » (F. Jameson).

« Populaire » désigne pourtant tout autre chose que la somme de ces compromis : il est le nom de ce grand rêve, caressé par Vilar, par Vitez et par ceux qui tiennent à son exigence, le nom qui veut que l’expérience esthétique soit le fruit d’un apprentissage et qu’elle demande le temps long de ce qui se dépose, ce qui dit que le public n’existe pas mais qu’il est construit, attendu, espéré ou corseté par des formes qui dessinent pour lui la carte de ses possibilités, que chacun-e – quel-le qu’il soit – est en mesure de décider de ce qui l’intéressera ou non – car La Princesse de Clèves circule en toute main –, que la culture ne saurait se réduire à une vague collection d’objets disposés sur des étagères municipales mais qu’elle est d’abord une série de relations individuelles et collectives construites avec ceux-ci, que l’émancipation intellectuelle se découvre au cœur d’expériences esthétiques qui vous arrachent aux évidences pessimistes partout ressassées, que non « ce n’est pas bien » car l’art ne saurait se réduire à un divertissement compensatoire visant à faire oublier la vie moribonde qui se débat derrière les murs, que non « ce n’est pas bien » car l’expérience esthétique est aussi une manière d’organiser le pessimisme et de distribuer dans le réel une force critique et l’élan du nouveau, que non « ce n’est pas bien » car il est temps de forcer l’exigence à quitter l’espace de la seule vie privée pour inventer ensemble d’autres conditions d’existence, que non « ce n’est pas bien » car l’ignorance et le jugement hâtif ne doivent pas être la mesure d’une politique artistique, que non « ce n’est pas bien » car le populaire dans votre bouche n’est que paresse à chercher du contentement pour atténuer le scandale de ce monde-ci, que non « ce n’est pas bien » car la culture doit être l’objet d’enjeux discutables, et que toute forme de mainmise est une censure qui ne dit pas son nom, que non « ce n’est pas bien » car un lieu de programmation et de résidence ne doit pas se transformer en prestataire de service d’une idéologie feutrée et revancharde, que non « ce n’est pas bien » car un lieu artistique doit viser autre chose que tenir « le spectateur dans la réplétion inerte de l’homme qui a payé pour qu’on le débarrasse sans douleur de ses quelques menus fantômes. » (R. Barthes)

Ce que la société ne t’a pas donné

Pasolini Salo

P.P. Pasolini, Salo ou les 120 jours de Sodome, 1976.

Sans recourir aux fausses évidences de ceux qui s’abritent parfois derrière la défense d’une culture majusculée, sans mobiliser les œuvres dites difficiles pour stigmatiser ceux qui regardent The Voice ou aiment Nabila et Lady Gaga, en refusant la simplification outrancière d’un partage hiérarchique entre ce qui est in et ce qui est off, entre ce qui est de l’ordre de la culture et ce qui est de l’ordre du spectacle, il importe de rappeler ces mots que Pier Paolo Pasolini avait écrits sur les murs du hangar où il joua pour la première fois Orgie : « Le théâtre facile est objectivement bourgeois ; le théâtre difficile est pour les élites  bourgeoises cultivées ; le théâtre très difficile est le seul théâtre démocratique.

Ouvrier, ta difficulté à comprendre ce théâtre consiste en un manque pur et simple de ces instruments que la société ne t’a pas donnés. »

Il importe alors d’interroger ce que visent ceux qui brandissent cette fracture, ce qu’ils cherchent à construire en s’appuyant sur cette répartition falsifiée qui voudrait distribuer d’un côté l’art élitiste, excluant car réservé aux élus et nobles éclairés, et de l’autre une culture divertissante, tout public, pour chacun plus que pour tous.

Que masque cette mobilisation d’une fracture purement idéologique sinon l’abandon du projet émancipatoire par l’art et la culture au profit d’une politique de réparation sociale si possible rapide, peu coûteuse et consensuelle ?

Car c’est bien à ces inégalités – économiques, sociales culturelles – qui distribuent les inégalités d’accès aux œuvres qu’il faut s’attaquer et non aux jugements de surface qui n’en sont que les symptômes.

C’est à ces fabriques de l’exclusion qu’il faut s’en prendre, en interrogeant cette logique de distribution poujadiste qui décide de ce qui fait écart et de ce que « peut/veut » voir le peuple.

C’est ce parcage dans le pré carré du paternalisme social qu’il faut interroger car si on n'apprend pas à faire l'expérience d'une étrangeté (dans la langue comme dans l'Histoire), si on ne place pas la poésie, l’art ou la philosophie là où ils ne sont pas attendus (parce qu'on suppose à la place de l'autre que ça ne l'intéressera pas, parce qu'on anticipe sur une répartition a priori des compétences, des désirs et des savoirs), ils resteront l'apanage de ceux qui possèdent la langue, de ceux qui possèdent le savoir, de ceux qui savent mettre l'une après l'autre idées et réflexions et peuvent lire Dan Brown en citant du Victor Hugo.

Le véritable modèle des nantis, c’est celui qui concède à l’exclu, au précariat et au prolétariat un folklore médiocre, pour justifier et confirmer ce qu’il se proposait de démontrer.

Ce qu’il faut interroger et mettre au jour, c’est l’usage populiste et réactionnaire de l’étendard du « populaire ». Sans cela, on continuera à obéir aux frontières des « bons à penser/regarder », quand ceux qui sont seulement « bon à manger/travailler/se divertir/etc. » seront priés de passer leur chemin.

Telle était d’ailleurs l’ambition de ces lieux transformés l’un après l’autre, par des méthodes de censure municipale, en de vagues supermarchés de compromis culturels.

Je repense à ce mot d’ordre que se donnait Barthes, en conclusion de son éditorial paru dans la revue Théâtre populaire en 1954 : « Les complaisances dont jouit actuellement le théâtre bourgeois sont telles que notre tâche ne peut être d’abord que destructrice. »

Détruire donc pour empêcher cette « complicité avec la manipulation artificielle des idées avec lesquelles le néocapitalisme est en train de former son nouveau pouvoir » (P.P. Pasolini)

Détruire donc parce qu’être « laïques, libéraux, ne signifie rien, quand il manque cette force morale qui réussisse à vaincre la tentation d’être partie prenante d’un monde qui apparemment fonctionne, avec ses lois attirantes et cruelles. Il n’y a pas besoin d’être fort pour affronter le fascisme dans ses formes délirantes et ridicules. Il faut être très fort pour affronter le fascisme comme normalité, comme codification, je dirais allègre, mondaine, socialement élue, du fond brutalement égoïste d’une société. » (P.P. Pasolini)

Notes

1  Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=4kJ4ojtHJ4M

2  Voir l’article d’Alice Carré et celui de Caroline Chatelet sur le site de la revue Agôn.

3  Les représentations de Golgota Picnic ont même été annulées en Pologne au mois de juin 2014 sous la pression des extrémistes catholiques qui menaçaient de mettre le feu au centre culturel de Zamek. En France, en 2011, des catholiques intégristes et de militants de diverses mouvances d’extrême droite avaient manifesté pour empêcher que le spectacle ait lieu.

4  En 2011, lors de sa programmation au Théâtre de la Ville, la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu avait fait l’objet de menaces et d’importantes manifestations des catholiques extremistes et de militants de l’extrême droite.

5  Programmé dans le cadre « d’Ecole et Cinéma » , le film Tomboy (2011) de Céline Sciamma est devenu la cible d’attaques des intégristes catholiques et autres pourfendeurs de la théorie du genre (tout aussi inexistante que le Vrai public, est-il besoin de le rappeler) qui ont même été jusqu’à tenter d’en empêcher la diffusion sur la chaîne Arte.

6  C’est au court-métrage « Ce n’est pas un film de cowboy » que s’en prennent d’autres militants d’un conservatisme politique et social en se mobilisant contre sa programmation dans le cadre d’un festival du film de l’éducation en pays de Loire en novembre 2014.

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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 15:14

 En décembre 2014 avait lieu à Lima, au Pérou, la Conférence mondiale sur le Climat, dite COP 20. Quel bilan ? Deux idées à retenir pour moi.

D’abord l’idée de justice climatique qui s’impose, est une manière de revisiter l’histoire de la colonisation. Les pays « développés » ont largement profité des ressources des pays et des continents qu’ils contrôlaient, et les discussions mondiales font ressortir le lien entre retard de développement et colonisation. Cela est sous-jacent par exemple dans la déclaration du dernier jour, samedi 13 décembre, du groupe des pays africains : « Nous avions posé une ligne rouge. Nous demandions que les contributions avancées par les pays s’attachent tout autant au niveau d’atténuation des gaz à effets de serre qu’à l’aide à l’adaptation et aux financements. Nous demandions de la transparence et des renforts technologiques. Nous demandions de l’équité ». C’est aussi une des raisons du relatif insuccès de la COP 20. Dépassera-t-on cet écueil dans l’année qui vient ?

Ensuite, à côté de l’agenda 21 – les mesures de développement durable proposées par la première conférence climatique de Rio en 1992, et péniblement appliquées dans de nombreuses collectivités, mais toujours au point mort aux Lilas -  la COP 21 en décembre 2015 à Paris et plus exactement en Seine Saint-Denis, se propose d’ajouter « l’agenda des solutions ». Celui-ci fera suite à la « journée de Lima pour l’action », lors de laquelle entreprises, villes et régions se sont engagées à faire davantage, concrètement et rapidement. Et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et désormais en charge du suivi des négociations, affirme : « C’est tout l’enjeu de l’agenda positif dont nous souhaitons faire un élément important de Paris Climat 2015 ».

Et là, ce ne sont plus seulement les États qui vont intervenir, mais à la fois les ONG, associations environnementales, pour la transition énergétique,… et les collectivités locales, beaucoup moins soumises aux lobbies que les États.                        

Pierre Stoeber

En complément, ci-dessous, une déclaration importante de ces ONG – et un bilan clair selon Denis Baupin, député EELV.

 

La justice, grande absente des résultats de Lima

http://blogs.mediapart.fr/edition/climatiques/article/141214/la-justice-grande-absente-des-resultats-de-lima 14 DÉCEMBRE 2014

Tard dans la nuit de samedi à dimanche, les 194 États de la planète sont parvenus à un accord dans le cadre de la convention cadre de l'ONU sur le dérèglement climatique. Loin d'être satisfaisant, cet accord hypothèque tout accord historique à Paris fin 2015. Les mouvements et ONG pour la justice climatique, notamment Attac France et les Amis de la Terre, ont rendu public cette première analyse.

Le monde est confronté à une urgence planétaire : le changement climatique est causé par un système qui place la recherche du profit au-dessus des besoins des personnes et des limites de la planète. Il dévaste la vie de millions de personnes à travers la planète. Selon les scientifiques du climat, des basculements critiques pourraient se produire prochainement et la température moyenne globale pourrait s'accroître de 4 à 5°C avec des conséquences catastrophiques pour nous tous.

La Conférence de Lima aurait dû poser les jalons de la façon dont les gouvernements allaient prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et pour soutenir les populations vulnérables de la planète à s'adapter aux inévitables conséquences.

Il s'agissait de réduire plus fortement les émissions d'ici à 2020 et de fixer des objectifs climatiques à long terme pour ne pas augmenter la température de plus de 1,5°C. Ne pas émettre plus que ne le permet le budget carbone et répartir ce dernier sur la base des principes de responsabilités communes mais différenciées, des capacités respectives des pays et de la nécessité d'honorer la dette climatique.

Ce qu'il s'est passé à Lima s'inscrit dans une longue série de décisions qui, chaque année, affaiblissent les règles internationales sur le climat, mettant en difficulté les populations et la planète.

Les engagements de réduction d'émissions pour l'avant 2020 sont injustes et beaucoup trop faibles. Ils conduiraient à dépasser les 2°C de réchauffement climatique d'ici le milieu du siècle. Ces objectifs n'auront pas été revus à la hausse en 2014, pas plus qu'il n'y a d'engagement à les réexaminer et les revoir prochainement.

Lima nous prépare à un accord à Paris qui ignorera les besoins et les droits des populations impactées dans le monde, excluant tout engagement contraignant en matière de contribution financière, d'adaptation, de perte et dommages et de transfert de technologie.

La Conférence de Lima n'a pas su établir un pont entre les actions que les pays doivent prendre et les technologies et financements nécessaires qui pourraient permettre aux populations du Sud de s'adapter, de construire leur résilience et de faire face à la perte et aux dommages occasionnés par les impacts du changement climatique. Pas plus qu'elle n'a permis de mettre sur les rails les nécessaires actions de réduction d'émissions sans lesquelles l'ampleur de la transformation et de la transition juste dont nous avons besoin pour limiter la hausse de température inférieure à 1,5 degrés C ne sera pas atteinte.

Ce qui a été décidé à Lima ouvrent la possibilité à ce que chaque pays détermine ses propres engagements en matière de climat, sans que ces derniers ne tiennent compte de ce que demandent la science, les populations et les exigences de justice, et sans cadre réglementaire clair. Nous avons vu des dirigeants politiques, en particulier ceux des États-Unis, de l'Union européenne et de leurs alliés, agissant dans l'intérêt des grandes entreprises polluantes, déterminés à déréglementer davantage le régime de gouvernance international du changement climatique. Ce faisant, ils sapent la convention sur le changement climatique des Nations Unies dans ses fondements, en affaiblissant les règles portant sur les pays développés et en ignorant leur obligation légale et morale de débloquer des financements suffisants et de transférer les technologies.

À Lima, l'expansion de l'utilisation des marchés carbone, qui ont pourtant échoué, a été largement encouragée. Y compris à travers l'utilisation de crédits carbone issus des forêts et des sols, source de dévastations supplémentaires pour les populations paysannes et forestières à travers le monde, empêchant les transformations dont nous avons besoin.

Le Sommet des peuples et la marche dans les rues de Lima ont exigé la défense des droits de la nature et la garantie des droits des populations. Ils ont clairement mis en lumière ce que sont les solutions à la crise climatique et les alternatives.

Partout sur la planète, les populations mettent en œuvre ces solutions et luttent pour transformer le système. Nous luttons pour survivre et pour garantir et sécuriser nos territoires, habitations et moyens de subsistance face aux dérèglements climatiques.

Nous nous battons pour une transformation du système énergétique visant à abandonner l'usage des énergies fossiles au profit de systèmes énergétiques accessibles à tous, contrôlés par les populations, décentralisés, sûrs et basés sur les énergies renouvelables. Nous défendons la souveraineté alimentaire et le développement des solutions agro-écologiques, tout en luttant pour s'adapter aux conséquences dévastatrices des dérèglements climatiques. Ainsi, les programmes de foresterie basés sur les populations fonctionnent dans leur intérêt, particulièrement ceux des populations indigènes, plutôt qu'en faveur des banquiers et des capitales financières dans le Nord.

Les populations accumulent de la force et du pouvoir, au niveau local, national et global. Nous allons continuer à mettre plus de monde dans les rues, à bloquer des projets d'extraction de ressources naturelles, des ports, des sièges d'entreprises, pour que notre force et notre pouvoir grandissent.

Nous allons reprendre le pouvoir que nous ont confisqué ceux qui n'agissent pas dans notre intérêt. Nous résisterons aux velléités d'imposer un « accord mondial sur le climat » qui ne fasse rien pour le climat et encore moins pour les populations.

Ici à Lima, ils ont essayé de nous enterrer. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que nous sommes des graines qui écloront des sillons de la résistance.

Signataires:

International and Regional Networks and Organisations - Campaña Mesoamericana para la Justicia Climatica

Construyendo Puentes  - Redes Latinoamericanas Frente al Cambio Climatico - Corporate Europe Observatory

Friends of the Earth International - Jubilee South Asia Pacific Movement on Debt and Development LDC-Watch - IBON International  - Indigenous Peoples of Africa Coordinating Committee - Pan African Climate Justice Alliance - Push Europe

National Organisations and Networks

Aksyon Klima Philipines – ATM - Attac – France - Association des Femmes Peules Autochtones du Tchad (AFPAT) - Bangladesh Krishok Federation - Bayay Sibuyanon Philippines - Beyond Copenhagen Bolivian Platform on Climate Change - Campaign for a Life of Dignity for All – Philippines - CECOEDECON (Centre for community Economics and Development Consultants Society) - CESTA - Amigos de  la Tierra El Salvador

Ecological Society of the Philippines - Ecologistas en Accion (Spain) - Ecowaste Coalition Philippines - El FORO DEL BUEN AYRE - EquityBd Bangladesh - Energy and Climate Policy Institute for Just Transition Korea - Fairwatch Italy - Hodagad Djibouti - Institute for Policy Studies - Justiça Ambiental Mozambique

La Mesa Nacional de Cambio Climático de Guatemala - Les Amis de la Terre - Our Rivers, Our Life (OROL)- Philippines and Gitib, Inc. - PAIRVI (Public Advocacy Initiatives for Rights & Values in India) - Peoples Movement on Climate Change - Philippines Movement for Climate Justice – PRRM - Sawit Watch Sociedad Civil Amigos del Viento Meteorología Ambiente Desarrollo - Solidaritas Perempuan (Women's Solidarity for Human Rights  - Unidad ecologoca

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Construire le dialogue environnemental planétaire :

un long chemin

L'issue de cette COP20 n'aura finalement échappé ni à la dramaturgie habituelle des conférences climatiques (négociations à rallonge, clash, nuit blanche, happy end un peu forcé) ni à l'éternel interrogation : verre à moitié vide, ou verre à moitié plein ?
Quitte à passer pour un indécrottable adepte de la "positive attitude", et ayant suivi années après années le long cheminement des COP, je continue de penser que cette bien trop lente progression, certes exaspérante pour tous ceux - et j'en suis - terriblement inquiet de l'accélération du dérèglement climatique, est incontournable : il n'y a pas de raccourci dans la constitution d'une conscience collective planétaire. Et cela d'autant plus qu'on part d'une situation tellement déséquilibrée entre pays très riches et pays très pauvres, pays largement responsables du dérèglement climatique et de l'épuisement des ressources et pays victimes, sans oublier des siècles de colonisation, d'oppression, de pillage dont la dette humaine, écologique, économique, culturelle - avec son cortège d'humiliations et de désirs de revanche - dont le bilan n'a jamais été tiré et qui trouve dans cette négociation multilatérale un rare lieu d'expression. Dans ces conditions, répondre collectivement, dans l'urgence qui plus est, à la plus grave menace qui ait jamais pesé sur l'humanité implique une capacité à s'élever au-dessus des process traditionnels de négociations qui ne se construit pas en un jour.

Que restera-t-il donc de cette COP20 ? Tout d'abord un accord, un document d'étape, qui vient compléter les précédents et fait franchir à ce cheminement une (petite) marche d'escalier supplémentaire. Deuxièmement, l'obligation pour les États, dans les mois qui viennent, de s'engager sur des objectifs volontaires de réduction de leurs émissions. Le secrétariat de la convention dira, d'ici juin, si le compte est bon pour respecter les 2 degrés de réchauffement... ou bien, plus probablement, constatera "l'émission gap" entre ces engagements et l'ambition indispensable pour préserver le climat. La question-clé, non résolue à Lima, sera bien sûr de définir les modalités et la gouvernance pour, d'ici Paris (COP 21) et après Paris, réduire et supprimer ce "Gap". Troisièmement, un document de base pour le futur texte d'accord de Paris longuement élaboré au court de ces 15 jours : certes, ce document de 37 pages laisse entre crochets de nombreuses options, mais il met sur la table l'ensemble des questions posées, avec les positions de chacune des parties, ce qui permet d'organiser constructivement les négociations d'ici Paris. 1 an avant Copenhague, on était très loin d'avoir un tel document de base. Quatrièmement, ces deux semaines auront permis de très nombreuses rencontres bilatérales et multilatérales entre les futurs acteurs de Paris. A entendre les comptes rendus que font de ces rendez-vous les négociateurs, les marges d'évolution d'ici Paris semblent significativement plus ouvertes que le jeu d'acteurs public institutionnel, et son jeu de postures, d'alliances, etc. pourrait le laisser penser de prime abord. A un an de l'échéance, les joueurs préfèrent tous garder en main leurs meilleures cartes, ce qui laisse augurer une longue année de poker menteur.

Réussir le passage de Lima à Paris
Cet état des lieux post-Lima en dit donc long sur l'ampleur du travail qui reste à accomplir pour réussir Paris. Et ce d'autant plus qu'au-delà des seules réductions d'émissions de gaz à effet de serre, d'autres questions cruciales ont certes un peu progressé à Lima (sur le financement, l'adaptation, la réparation des dommages et préjudices particulièrement pour les petites îles, les transferts de technologies, etc.) mais de façon trop minime pour rassurer les pays les plus menacés.

De mon point de vue au moins cinq pré-requis seront nécessaires pour que la COP parisienne se présente sous d'autres auspices que les précédentes, et ne se limite pas à une foire d'empoigne dont se détournent de plus en plus nos concitoyens faute de comprendre le charabia des textes juridiques internationaux.
1) que la France assure son rôle de leadership dans la recherche des compromis : de part ce qui reste de son statut international (membre du conseil de sécurité, réseau diplomatique, patrie des droits de l'homme, francophonie) elle a des atouts pour jouer le rôle de facilitateur et d'accoucheur d'un futur accord, pour peu - et elle a commencé à s'en donner les moyens - qu'elle soit a l'écoute de tous, et garde en tête systématiquement qu'un accord climatique n'est possible que s'il est juste au regard des insupportables écarts de richesse sur notre planète.

2) que la conférence de Paris ne se limite pas à la négociation, certes indispensable, de textes juridiques plus ou moins contraignants, mais soit aussi l'occasion de mettre en évidence les solutions concrètes qui permettront de résoudre l'équation. Qu'à Paris des dizaines de chefs d'État et d'industriels signent des accords de développement dans le domaine de l'éolien, des énergies marines, des véhicules sobres, des transports collectifs, etc. que des dizaines d'acteurs financiers (banques, fonds d'investissement, etc.) s'engagent à décarboner leur portefeuille, qu'une trajectoire d'élaboration d'un prix commun du carbone (via taxes, quotas, marchés) soit adoptée... En résumé qu'on ne se contente pas d'encadrer, qu'on mette en œuvre ! Et qu'on montre à quel point ces solutions au dérèglement climatique sont aussi des réponses à la crise de l'emploi.

3) que la France apparaisse à ses partenaires comme d'autant plus légitime qu'elle est déjà profondément engagée dans sa propre transition énergétique, qu'elle ait bien évidemment adopté sa loi, mais aussi sa propre stratégie bas-carbone et son premier budget carbone, qu'elle ait donné l'impulsion et les compétences suffisantes à ses collectivités locales pour qu'elles-mêmes déploient leurs énergies, qu'elle ait desserré l'étau qui freine trop souvent les projets de renouvelables et d'efficacité énergétique, sans oublier, ce qui est hélas une carence durable, de jouer son rôle d'État stratège auprès des acteurs industriels du pays dont elle est actionnaire (EDF, AREVALO, GDF-SUEZ, Renault, PSA, RATP, SNCF) qui doivent devenir les "bras armés" de la transition énergétique. 

4) que l'Union européenne accepte de hausser son niveau de jeu à la fois en terme d'ambition (sur les émissions de GES, sur l'efficacité énergétique et les renouvelables), sur l'encadrement domestique du prix du carbone, mais aussi sur sa capacité à tisser des alliances avec les pays les plus demandeurs d'un accord ambitieux, à savoir les pays africains et les petites îles.

5) enfin, last but not least, que les opinions publiques mettent une pression d'enfer sur leurs dirigeants. La COP parisienne ne doit pas être une conférence de plus, fermée, sur l'aéroport du Bourget. Elle doit être ouverte à tous, via internet, les réseaux sociaux, elle doit être précédée et accompagnée de mobilisation, manifestations monstres, partout en même temps sur la planète. En un mot que les chefs d'État sachent qu'il leur sera impossible de rentrer chez eux de Paris les mains vides !

Aucune de ces conditions n'est inaccessible. A nous aujourd'hui de nous retrousser les manches et d'ouvrir avec enthousiasme la voie vers Paris.

Denis Baupin, Vice-Président de l'Assemblée Nationale

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