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19 décembre 2016 1 19 /12 /décembre /2016 14:59

OGM : la recherche entachée de conflits d'intérêts

Selon l'INRA, la proximité avec l'industrie semencière influence nettement le résultat des études scientifiques Par Stéphane Horel le 19 décembre pour Le Monde.

L’évaluation de la toxicité des OGM remise en cause

Pas moins de 40 % de conflits d'intérêts. Le chiffre, frappant, caractérise tout un corpus d'articles scientifiques portant sur les organismes génétiquement modifiés (OGM). Voilà la première conclusion d'une étude publiée par une équipe de chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) dans la revue scientifique PLOS ONE, le 15 décembre. Seconde conclusion : ces conflits d'intérêts ont une influence patente sur les résultats de ces publications. Quand conflit d'intérêts il y a, " les conclusions ont 49 % de chances d'être plus favorables aux intérêts des industries semencières ", écrivent les chercheurs.

Ce n'est pas l'intégralité de la littérature scientifique sur les OGM qui a été ici analysée, mais un ensemble de 672 articles publiés entre 1991 et 2015 sur une question bien précise. Ils concernaient l'efficacité et la durabilité de l'efficacité de certains OGM qui produisent les protéines d'une bactérie, Bacillus thuringiensis (Bt). Toxiques contre des insectes qui les infestent, les plantes OGM Bt sont principalement utilisées pour les cultures de maïs, de coton et de soja. Comme il est rare que ce type de revues systématiques inclue un aussi grand nombre d'articles, les conclusions en sont d'autant plus significatives.

Cause ou conséquence ?

Fait notable, c'est la première étude de cette importance portant sur les conflits d'intérêts dans le domaine des OGM. Directeur de recherche à l'institut Sophia Agrobiotech, Thomas Guillemaud travaille sur la chrysomèle des racines du maïs. Ancien membre du Haut Conseil des biotechnologies, Denis Bourguet est quant à lui un spécialiste de la pyrale du maïs au Centre de biologie pour la gestion des populations (CBGP) de Montpellier. Chacun d'eux se heurtait régulièrement à la question du biais dans les publications sur les OGM. " En dépit de l'ampleur extraordinaire des enjeux financiers, politiques et idéologiques liés aux cultures génétiquement modifiées ", seules deux études s'étaient penchées sur la question, ont-ils constaté. Mais l'une d'elles posait aussi un problème de conflit d'intérêts. " C'est pour cette raison que nous avons décidé de faire cette analyse ", a expliqué Thomas Guillemaud au Monde.

Comment les chercheurs de l'INRA ont-ils eu connaissance de ces conflits d'intérêts ? Tout simplement en relevant ceux déclarés dans les articles par les auteurs eux-mêmes. Ainsi, ils ont retenu deux types de relations avec les fabricants d'OGM : soit une affiliation directe (les auteurs étaient des employés des groupes), soit un financement total ou partiel des travaux d'au moins un des auteurs. Il est donc ici principalement question de liens avec Monsanto – en cours de fusion avec l'allemand Bayer –, le suisse Syngenta, et les firmes américaines Dow AgroSciences et DuPont Pioneer – également en train de fusionner. Des groupes qui représentent aujourd'hui 60 % du marché des semences.

Par conflit d'intérêts, les chercheurs entendent " un ensemble de circonstances qui créent un risque que le jugement professionnel ou les actions concernant un intérêt principal soient indûment influencés par un intérêt secondaire " – ainsi que les définit l'Académie nationale des sciences américaine. En raison de ces " intérêts secondaires ", donc, " les résultats étaient à 104 % plus susceptibles d'être favorables pour les articles consacrés à l'efficacité que pour ceux explorant la durabilité ". Cela s'explique par le fait que " les groupes ont plus intérêt à financer des études qui montrent que leurs produits tuent effectivement les insectes ", analyse Thomas Guillemaud, tandis que les études de durabilité nécessitent davantage de temps pour une issue plus incertaine.

Impossible, en revanche, d'établir si les conflits d'intérêts financiers sont la cause ou la conséquence de résultats favorables aux sponsors. En d'autres termes, de déterminer avec certitude si les résultats sont favorables à un industriel parce qu'il a financé l'étude, même seulement en partie. Pour mettre cela en évidence, développe M. Guillemaud, il faudrait disposer de trois éléments : " Le projet avant qu'il ne commence, l'étude avant qu'elle ne soit publiée et l'étude après publication. "

Quand les chercheurs de l'INRA soulignent les limitations de leur propre travail, ils montrent en fait que leur conclusion ne représente que le sommet de l'iceberg. Car seuls 7 % des articles contenaient une déclaration d'intérêts des auteurs. Quid des autres ? Par ailleurs, certains liens avec les industriels, susceptibles d'avoir un impact notable, sont rarement déclarés et n'ont pas pu être pris en compte. Par exemple le fait d'être membre du conseil scientifique d'une firme, consultant ou détenteur de brevets. Difficile d'enquêter sur chacun des 1 500 auteurs du corpus… Tout comme il était irréalisable d'explorer les conflits d'intérêts non financiers, dits intellectuels.

" Soutien indirect "

Cette étude sur les OGM Bt vient renforcer le domaine de recherche consacré à l'influence des sponsors sur les résultats des études scientifiques, un phénomène connu sous le nom de " biais de financement " (funding effect). Produits pharmaceutiques, tabac, sodas, sucre, certains pesticides, nucléaire et maintenant OGM : les études ont quatre à huit fois plus de chances d'atteindre des conclusions favorables au sponsor que celles financées par des fonds de source non industrielle.

Soucieux de préserver l'intégrité de la recherche, les scientifiques de l'INRA proposent une solution de plus en plus souvent évoquée pour la surveillance des médicaments, des produits chimiques ou des pesticides. Il s'agirait d'" un système de soutien financier indirect de la recherche par l'industrie : les groupes producteurs d'OGM et d'autres parties prenantes (gouvernements, organisations non gouvernementales) feraient une contribution financière à un pot commun géré par une agence indépendante ".

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L'évaluation de la toxicité des plantes transgéniques remise en cause

Une nouvelle étude conteste les mesures utilisées pour estimer l'innocuité des OGM avant leur mise sur le marché Par Stéphane Horel et Clémentine Thiberge le 19 décembre pour Le Monde.

Les analyses effectuées sur les OGM avant commercialisation seraient-elles insuffisantes ? C'est la question que pose l'étude publiée lundi 19 décembre dans la revue Scientific Reports. Celle-ci montre en effet des différences significatives entre un maïs OGM et son équivalent non modifié, qui ne sont pas prises en compte dans les évaluations du risque conduites par les autorités sanitaires.

De fait, l'autorisation des OGM est basée sur un présupposé : le " principe d'équivalence en substance ". Ce principe, controversé, implique que, si un produit est considéré comme substantiellement équivalent à l'organisme à partir duquel il a été fabriqué, aucune étude poussée n'est nécessaire avant sa mise sur le marché. " Il est généralement considéré que les maïs OGM et non OGM sont similaires, à l'exception du gène modifié ", explique Robin Mesnage, chercheur en toxicologie moléculaire et coauteur de l'étude. Les OGM ne sont alors pas testés de manière approfondie avant leur commercialisation, comme il est d'usage de le faire pour de nouveaux médicaments ou de nouveaux additifs alimentaires. " Les analyses réalisées sur les OGM afin de les déclarer équivalents en substance sont très restreintes et consistent généralement en des analyses nutritionnelles ", explique Robin Mesnage.

D'autres recherches nécessaires

L'étude, publiée par une équipe de chercheurs internationale, remet en cause l'utilisation de ce principe d'équivalence en substance en montrant qu'un OGM n'a pas, en descendant à l'échelle moléculaire, la même composition que son équivalent non modifié. Pour ce faire, les auteurs ont utilisé deux techniques de pointe : la protéomique et la métabolomique. La première permet de cartographier l'ensemble des protéines qui composent le maïs ; la seconde identifie les petites molécules issues du métabolisme de la plante (c'est-à-dire la manière dont elle dégrade les nutriments qu'elle utilise).

Les scientifiques ont conduit leur étude sur un maïs génétiquement modifié – dit NK603, commercialisé par la firme Monsanto –, associé ou non au Roundup, l'herbicide auquel il est rendu tolérant – et son équivalent conventionnel. " Dans cette étude, les chercheurs sont allés beaucoup plus loin que ce qui a été fait jusqu'à présent ", explique Bernard Salles, directeur de l'unité de toxicologie alimentaire de l'Institut national de recherche agronomique (INRA), qui n'a pas participé à l'étude. En effet, les méthodes d'analyse utilisées ne sont pas mises en œuvre par l'industrie agroalimentaire ou les agences publiques de régulation pour évaluer les cultures OGM. " Notre nouvelle étude décrit la composition du maïs OGM NK603 à un niveau jusqu'ici inconnu, confirme Robin Mesnage. Cette analyse nous a permis de mesurer 840 protéines et 314 petites molécules. "

Et grâce à cette analyse poussée, les chercheurs ont trouvé de grandes différences de composition entre le maïs OGM et sa contrepartie non modifiée. " Nous avons ici de nombreuses molécules – protéines, vitamines, antioxydants – présentes en quantités différentes entre la plante OGM et non OGM, explique Robin Mesnage. Et certaines de ces molécules sont connues pour avoir des effets toxiques ou bénéfiques sur la santé. " Les résultats montrent par exemple que certaines substances dites polyamines – qui, écrivent les chercheurs, sont " selon le contexte protectrices ou toxiques " – peuvent être entre deux et près de trente fois plus présentes dans l'OGM que dans son homologue conventionnel. Les analyses effectuées par les autorités sanitaires utilisant le principe d'équivalence en substance ne prennent donc pas en compte ces différences.

Mais pour Bernard Salles, avant de remettre en question l'utilisation du principe d'équivalence en substance, des recherches supplémentaires sont nécessaires car " une différence statistiquement significative n'est pas forcément biologiquement significative ", explique-t-il. En effet, il est possible de trouver des différences moléculaires entre des organismes, comme c'est le cas de l'étude publiée dans Scientific Reports, sans pour autant qu'il y ait de conséquence biologique ou toxicologique sur les consommateurs.

Quels effets sur les humains ?

" On observera probablement – ne serait-ce que pour des raisons épigénétiques – des différences entre variétés, voire entre plantes d'une même variété, car les semences auront par exemple été produites à des endroits différents, confirme Yves Bertheau, chercheur (INRA) au Muséum national d'histoire naturelle, qui n'a pas participé à l'étude. Reste à identifier si ces différences sont biologiquement importantes. " En effet, précise le toxicologue Jean-Pierre Cravedi, chercheur à l'INRA, " les techniques utilisées par les auteurs sont extrêmement sensibles et sont par exemple susceptibles de détecter des modifications subtiles des conditions dans lesquelles les plantes ont été cultivées ". La question est donc de savoir quels effets ces changements à l'échelle moléculaire peuvent avoir sur les consommateurs, humains comme animaux.

" Les conséquences potentielles sur la santé restent incertaines, admet Robin Mesnage. Cependant, ce qui est certain, c'est que la création des OGM est faite à l'aveugle. Aujourd'hui, il est nécessaire d'établir une meilleure évaluation des effets non désirés des modifications génétiques. " Pour le chercheur, ce nouveau type d'analyse en profondeur pourrait être considéré comme une première phase de l'évaluation des risques qui justifieraient ensuite une étude toxicologique plus poussée.

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19 décembre 2016 1 19 /12 /décembre /2016 14:12

Un très grand nombre d'erreurs et contre-vérités ont été émises par les promoteurs d'Europacity, temple de la consommation et des loisirs, pour arracher l'autorisation d'implanter ce projet pharaonique sur les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse, entre les deux aéroports de Roissy et du Bourget. Revue de détail du bêtisier de ce projet, prix Pinocchio "greenwashing" 2012. Par Jacqueline Lorthiois le 18 déc. 2016 pour son blog sur Mediapart.

LE BETISIER D’EUROPA CITY - Chapitre 1 : UN CATALOGUE D’IMAGES D’EPINAL

Pour valider la construction de son projet pharaonique de centre commercial et de loisirs Europacity sur les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse, Auchan ne recule devant aucun sacrifice pour vanter les mérites du projet qu’il prétend poursuivre à tout prix, quitte à bafouer la vraisemblance la plus élémentaire. Revue de détail sur la fabrication de « l’image » du projet par son entreprise porteuse, Alliages et Territoires, filiale d’Immochan, société immobilière d’Auchan.

Tour Eiffel sur pilotis

Sur la splendide maquette du projet Europacity réalisée par le cabinet d’architecte lauréat BIG, on aperçoit à l'horizon la tour Eiffel, qui se dresse dans toute sa grandeur. Un spectacle de rêve, immortalisé sur sa tablette par une touriste virtuelle.

 

Figure 1, site www.europacity.com

Figure 1, site www.europacity.com

Figure 2, site www.nonaeuropacity.com (@Yann Guillotin)

Figure 2, site www.nonaeuropacity.com (@Yann Guillotin)

Curieusement, l’appareil photo du Collectif pour le Triangle de Gonesse - qui s’oppose au projet Europacity -, emporté sur le site et même perché sur ses pieds, se révèle incapable d’embraser une vue panoramique aussi magnifique. Au réel, la tour Eiffel semble avoir rapetissé de moitié, cachée par une grande barre d’immeuble qui ne révèle que le dernier étage du célèbre monument (fig. 2). Mais rien n'est impossible au groupe Auchan (porté par la famille Mulliez, première fortune de France) grâce à son architecte magicien M. Bjarke Ingels, qui, dans son cahier des charges, a sans doute reçu pour mission de mettre la tour Eiffel sur pilotis, ce qui lui permettrait d’être visible depuis le site, dans toute son entière majesté.

Avions invisibles ou de la taille d’un colibri

Autre merveilleux miracle : le ciel de la maquette du cabinet BIG (fig. 1) est vierge de tout avion, comme si le Triangle de Gonesse s’était transformé en Triangle des Bermudes ! À Europacity semble régner un microclimat idéal : le ciel est perpétuellement d’un magnifique bleu layette, admirablement dégagé à toute heure même de pointe.

Dans ces circonstances, saluons le louable effort d’une once de vérité de l'Etablissement Public d'Aménagement Plaine de France, car un avion figure dans le paysage de l’affiche jointe (fig. 3) produite en 2013, dans le cadre d’une réunion dite de « concertation ». Toutefois l’effort reste mince : l’avion est seul et surtout minuscule, de taille inférieure au petit oiseau qui vole à ses côtés, sous un ravissant petit nuage de beau temps et les rayons d’un beau soleil !

Figure 3, EPA Plaine de France

Figure 3, EPA Plaine de France

Pourtant le site pressenti est bel et bien situé entre deux aéroports d’intense activité : Roissy, au 2e rang européen, 10e mondial avec 1700 avions/jour et Le Bourget 1er aéroport d'affaires d'Europe avec 160 avions/jour. Soit pour Roissy un avion toutes les 90 secondes en journée. À croire que les appareils arrivant à proximité de l’aéroport volent en sous-sol…

Ciel continuellement limpide

Toujours sur la maquette d’architecte de la figure 1, nous observons un ciel sans nuage, d'où l'on admire en permanence cette vue imprenable sur la tour Eiffel vantée plus haut. Pourtant, comme le soulignent nos collègues dans la vidéo « Auchan, c’est méchant »[1] le nombre de jours d’ensoleillement relevé dans la ville voisine de Garges-lès-Gonesse est de 75/an, soit « 290 jours de pluie, brouillard, neige et couverture nuageuse ». Car le Triangle de Gonesse est longé par l'autoroute A1, axe le plus fréquenté de France (220 000 véhicules/jour à Saint-Denis) et enclavé entre deux aéroports, faisant des abords de Roissy la zone la plus polluée de la région après le boulevard périphérique, selon AirParif. D’où l’intérêt de conserver en zone urbanisée des terres agricoles cultivées qui jouent le rôle de « piège à carbone » et de dilution de particules. Mais contrairement à l’ambiance « purée de pois » saisie par la photo prise dans la semaine du 5 au 10 Décembre dernier (fig. 4)… dans le monde merveilleux d’Europacity ne règne apparemment aucun désordre climatique. Le ciel est d’un bleu perpétuel et comme dans le Candide de Voltaire « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».

Figure 4, site RTL, 5-10 décembre 2016

Figure 4, site RTL, 5-10 décembre 2016

Bande-son coupée au montage

Et merveille des merveilles, non seulement on ne voit pas les avions, mais on ne les entend pas non plus, car sur la vidéo de propagande du site Europacity, les visiteurs se promènent dehors et flânent en toute tranquillité. Mieux encore sur l’affiche réalisée par l’EPA Plaine de France (fig. 3), une mère de famille pousse un landau avec un bébé qui semble profondément endormi. La réalité serait sans doute plus prosaïque : il hurlerait de toute la force de ses petits poumons, dérangé sans cesse dans son sommeil par le vrombissement des moteurs. Mais on a coupé la bande son. Pourtant le Triangle de Gonesse localisé sous les pistes de deux aéroports, est frappé par un PEB (Plan d’Exposition au Bruit) qui interdit la construction de logements sur son site. Ce qui n’empêche pas Immochan et les pouvoirs publics de parler abusivement de « quartier » et même de « ville » (fig. 3), alors qu’il ne peut exister de ville sans habitants ! Et qui envisagent sans rire d’y attirer 31 millions de visiteurs annuels, soit la totalité de tous les visiteurs des 300 parcs d’attraction français. Mais rien n’est impossible à la famille Mulliez qui a su obtenir le soutien du président de la République dans le cadre de l’élaboration du Grand Paris.
Soulignons pourtant que les résidents du territoire sont d’autant plus sensibles au bruit que Roissy est le seul grand aéroport qui ne possède pas de couvre-feu nocturne
[2] (à l’inverse d’Orly par ex) avec un avion toutes les 3 minutes entre 22 H et 6 H du matin. Ceci en raison d’un « chantage à l’emploi » de la société américaine FEDEX (soutenue par les élus du Val d’Oise) qui effectue du fret aérien en nocturne et menace de quitter le site, en cas d’interdiction de vols de nuit, supprimant ainsi 3000 emplois. Chiffre surestimé puisque nous apprenons au détour d’un communiqué récent de FEDEX son projet de doubler son trafic, créant ainsi 200 à 400 emplois qui viendraient s’ajouter à… 2500 emplois existants. On mesure au vu de ces chiffres les gains de productivité accomplis par cette société qui avec 100% d’augmentation d’activité, ne génère que 12% d’effectif supplémentaire. Mais apparemment, Fedex serait la seule entreprise qui verrait sa productivité augmenter d'ici 2024. Car les prévisions d’emplois d’Europacity présentées lors du débat public établies en 2009 ne tiennent absolument pas compte de ce critère.

Redorer l'image du territoire

D’après les élus du Val d’Oise, grâce au projet Europacity, le département pourrait se débarrasser de son image de banlieue pauvre qui lui colle aux baskets. Ils rêvent d’un « effet Europacity » comme il y aurait eu un « effet grand stade » à Saint-Denis. C'est oublier que l’équipement en question s'appelle « stade de France » et que c’est ce titre qui prévaut auprès des touristes. De même, Eurodisney a accolé le terme Paris à son nom, se faisant baptiser « Disneyland-Paris ». Personne n’a jamais entendu parler de la commune de Chessy sur laquelle le parc de loisirs est implanté. Croire que la ville de Gonesse bénéficierait d’une célébrité soudaine et deviendrait mondialement connue des touristes étrangers relève d’illusions qui ont toutes les chances d’être aussi perdues que celles de Balzac.

Quant à l’image misérabiliste de pauvreté de l’Est du Val d’Oise, les élus en sont les premiers porteurs, croyant que de jouer les « pleureuses » leur permettra de récupérer moult aides nationales et européennes. Alors que la réalité s’avère beaucoup plus complexe : Roissy petit village de 2700 habitants et de 86000 emplois engrange des taxes juteuses, tandis que la commune voisine de Goussainville est une « commune-dortoir » très défavorisée [3].

Mais les images d’Épinal ont la vie dure, comme le mythe de « Roissy, manne d’emplois » qui continue à susciter les appétits des élus et l’admiration des pouvoirs publics (« ça fait des milliards » se réjouit M. Carenco, préfet d’Ile-de-France, dans une vidéo qui n’est sans rappeler la prestation de Louis de Funès dans La Folie des Grandeurs[4]), tandis que la « courbe de l’emploi » du pôle pique du nez (comme feu le Concorde) venant démentir cette vision idyllique. Mais n’anticipons pas sur le chapitre 2 du bêtisier d’Europacity : l’Emploi.


[1] Voir reporterre.net/5-minutes-d-une-video-detonnante-sur-le-fantasme-d-europacity

[2] Voir le site de l’ADVOCNAR qui lutte contre les nuisances aériennes et réclame des mesures anti-pollution : http://www.advocnar.fr/2016/12/communique-advocnar-pic-de-pollution-trafic-aerien-toujours-mis-a-contribution/

[3] Voir le texte « l’Est du Val d’OISE est-il un territoire pauvre ? » www.nonaeuropacity.com/informer/territoires-banlieues/lest-val-doise-territoire-pauvre

[4] Voir sur le site www.nonaeuropacity.com/non-classe/grand-paris-quand-jean-francois-carenco-fait-un-deni-de-democratie

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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 11:19

Les émissions électromagnétiques des nouveaux appareils sont très faibles, selon l'Anses par Laetitia Van Eeckhout pour Le Monde le 15 décembre 2016.

Les compteurs électriques Linky ne comportent pas plus de risques pour la santé que les télévisions, les chargeurs d'ordinateurs portables, les cuisinières à induction… Ils n'émettent pas plus d'ondes électromagnétiques que tous ces équipements électriques qui équipent les foyers depuis longtemps. Et même beaucoup moins qu'un téléphone portable. Telle est la conclusion de l'étude menée et publiée jeudi 15 décembre par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), visant à évaluer l'exposition de la population à ces dispositifs.

" L'agence conclut à une faible probabilité que l'exposition aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants, dans la configuration de déploiement actuelle, engendre des effets sanitaires à court ou long terme ", précisent les experts, saisis par la Direction générale de la santé.

Expérimenté depuis 2010 à Lyon et en Indre-et-Loire, Linky, ce nouvel outil communicant, est depuis le 1er décembre 2015 en phase de déploiement dans tous les foyers français. La loi de transition énergétique du 18 août 2015 prévoit en effet le remplacement de 35 millions de compteurs classiques par des Linky d'ici à 2021.

Or, l'installation de ces compteurs suscite des inquiétudes sur les possibles risques sanitaires, mais aussi de surfacturation et d'atteinte à la vie privée. Sollicitées par des habitants, près de quatre-vingts petites communes ont adopté des délibérations ou des arrêtés, refusant la pose de ces appareils sur leur territoire.

L'objectif de ces nouveaux appareils " intelligents ", qui ont donné lieu à une controverse dès 2011 aux Etats-Unis, est de connaître la consommation d'électricité des usagers en temps réel, et de pouvoir en conséquence mieux la maîtriser pour faire des économies. Pour l'heure, l'apport de Linky réside essentiellement dans l'automatisation des relevés de consommation. C'en est fini des interventions à domicile : relevé, mise en service, adaptation du contrat se font à distance et donc sans rendez-vous.

Les factures ne sont plus établies sur la base d'une consommation estimée et régularisée tous les six mois, mais sur la consommation réelle. Une fois le nouveau compteur Linky installé dans leur logement, les ménages disposent d'un accès personnalisé et sécurisé à un site mis en place par ERDF, où ils peuvent consulter leur consommation journalière, voire horaire pour ceux qui en font la demande. Données qui sont mises à jour quotidiennement.

Les compteurs d'électricité Linky communiquent de façon filaire, par le réseau électrique, avec un système de courant porteur en ligne. Comme dans tout appareil électrique ou électronique, la circulation de courant et I'existence de tensions électriques génèrent des ondes électromagnétiques, au niveau du compteur comme à proximité des câbles.

" Valeurs très ténues "

Ce type d'émissions électromagnétiques est classé " cancérogène possible " par l'Organisation mondiale de la santé. Cependant, le rayonnement du Linky est très faible.Selon l'étude de l'Anses, il est, à proximité du compteur, de 0,03 microtesla (µT, unité de mesure de la densité de flux magnétique), soit 200 fois moins que la valeur limite d'exposition.

" Ces niveaux d'exposition ne sont présents que lorsque le compteur fonctionne et transmet des données. Or cette opération se fait la nuit entre minuit et 6 heures du matin, et ne dure qu'une minute, souligne Olivier Merckel, responsable de l'unité évaluation des risques physiques de l'agence, qui a coordonné l'étude. Même s'il peut y avoir parfois d'autres types de communication entre le compteur et le centre de collecte, pour détecter une panne par exemple, on reste sur des valeurs très ténues. "

Pour affiner le constat de cette faible exposition, l'Anses a demandé au Centre scientifique et technique du bâtiment de réaliser une campagne de mesures permettant une comparaison entre l'exposition aux anciens compteurs électromécaniques et celles dues à Linky, chez des ménages appelés à être équipés de ce nouveau compteur.

L'étude de l'Anses, qui porte sur tous les types de compteurs communicants dits de " nouvelle génération ", s'est aussi intéressée au compteur de gaz, Gazpar, que GRDF généralise progressivement depuis le début de l'année, et les compteurs d'eau développés par exemple par Veolia ou Suez. Fonctionnant différemment de Linky, ces équipements utilisent des émetteurs radio pour communiquer les données de consommation, deux à six fois par jour, en moins d'une seconde.

Là encore le risque d'exposition est très faible. " Il s'agit d'émetteurs de faible puissance, précise M. Merckel. Le rayonnement est très inférieur à celui d'un téléphone mobile : au maximum d'un volt par mètre, à un mètre du compteur et lorsqu'il y a une communication. "

Cette étude suffira-t-elle à lever les inquiétudes ? " Quel que soit le niveau d'exposition aux ondes électromagnétiques, c'est l'absence de libre arbitre et le risque d'intrusion qui posent problème. Ce qui nous inquiète, c'est l'intrusion dans la vie privée, l'inquisition qu'un compteur comme Linky entraîne. Grâce aux données de consommation quotidiennes, le profil comportemental des personnes sera défini pour déclencher un flux commercial et continu de conseils avisés et d'offres alléchantes ", relève Jacky Bonnemains. Le président de l'association Robin des Bois appelle les citoyens à refuser l'installation des compteurs : " Il y a une différence entre risque choisi et risque subi. Les gens décident d'acheter une télévision, mais non de se voir équipés de Linky. "

L'Anses, qui reconnaît que le déploiement des compteurs communicants participe à une multiplication des objets connectés, appelle les opérateurs à fournir une meilleure information au public quant aux modalités de fonctionnement de ces nouvelles technologies. En particulier sur Ia fréquence et la durée des expositions aux ondes électromagnétiques auxquelles elles peuvent conduire. Aussi l'agence recommande-t-elle que le développement des objets connectés s'accompagne de la définition de " normes techniques ", propres à caractériser l'exposition des personnes. L'Anses doit également rendre, avant l'été, un rapport sur l'électrosensibilité.

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14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 14:40
Vue aérienne de la colonie israélienne de Har Homa. Crédit : YUVAL NADEL / AFP

Vue aérienne de la colonie israélienne de Har Homa. Crédit : YUVAL NADEL / AFP

C’est une mobilisation sans précédent en soutien au mouvement Boycott, Désengagement, Sanctions (BDS) qui a pris naissance le 10 décembre, à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Quelque deux cents juristes de pays européens ont signé un texte s’élevant contre les tentatives de plus en plus fréquentes visant à faire taire le mouvement BDS et affirmant leur volonté de « défendre les droits des Palestiniens en menant la campagne BDS ».

Déclaration de juristes contre les mesures adoptées par certains gouvernements visant à proscrire le mouvement BDS.

Boycott, Désengagement et Sanctions (BDS) est un mouvement global et pacifique mené par la société civile palestinienne. Il vise à forcer Israël à exécuter ses obligations en matière de droit international humanitaire et de normes internationales relatives aux droits de l’homme, telles qu’exigées par de multiples résolutions de l’ONU. Plus particulièrement, les objectifs poursuivis sont la fin de l’occupation des territoires palestiniens et syriens, la cessation de la discrimination systématique contre les Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés et en Israël même ainsi que le retour des réfugiés palestiniens. 



Le mouvement BDS s’est établi sur le modèle du mouvement anti-apartheid, qui mobilisait la société civile contre l’apartheid en Afrique du Sud. Ce premier a évolué en un mouvement puissant et efficace dans la promotion des mesures visant à faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international, ainsi que dans la persuasion d’États tiers et d’entreprises commerciales pour que ces derniers s’abstiennent d’apporter leur soutien aux violations du droit international commises par Israël.




La mobilisation de la société civile pour le respect des droits de l’homme - telle qu’elle a eu lieu durant la campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud ou encore lors du mouvement afro-américain des droits civiques aux États-Unis - n’a jamais été entravée par l’action de gouvernements étrangers. Cependant, l’efficacité de BDS a entraîné non seulement Israël, mais aussi divers États tiers, à adopter des mesures aux fins de suppression de ce mouvement.





La France, la Grande-Bretagne, le Canada et certaines assemblées législatives aux États-Unis ont adopté des lois et pris des mesures exécutives pour supprimer, proscrire, et parfois pénaliser les actions du mouvement. Ce type de mesures vise à sanctionner les individus, les entreprises ainsi que les institutions privées et publiques, qui prennent des décisions commerciales, d’investissement ou d’approvisionnement respectueuses tant de la morale que du droit.





D’autres États (notamment la Suède, les Pays-Bas et l’Irlande), bien que désapprouvant un boycott d’Israël, ont considéré que la mobilisation du mouvement BDS constituait un exercice légitime de la liberté d’expression, droit fondamental consacré en droit interne et dans les conventions internationales des droits de l’homme. Des organisations réputées de défense des droits de l’homme, notamment la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et Human rights watch, ont également estimé que les individus, les associations, les institutions publiques et privées ainsi que les gouvernements et les entreprises régionales étaient fondés à promouvoir et à mettre en œuvre le mouvement BDS, exerçant ainsi leur droit fondamental à la liberté d’expression.





Les États et organisations qui considèrent que BDS exerce légitimement sa liberté d’expression ont raison. La question n’est pas de savoir si l’on approuve l’objectif ou les méthodes de BDS. Il s’agit de savoir si, afin de protéger Israël, une exception à la liberté d’expression, pierre angulaire des droits de l’homme, doit être permise. Les États prohibant le mouvement BDS compromettent ce droit fondamental. En exonérant un État en particulier de la promotion de mesures pacifiques, qui visent à obtenir sa conformité avec le droit international, ils menacent la crédibilité des droits de l’homme.

Pour voir la liste des signataires, cliquer ici.

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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 11:22

Dans une étude, publiée lundi, 80 scientifiques de 15 pays révèlent que 60 % de ses émissions sont liées aux activités humaines. Par Le Monde.fr avec AFP le 12 décembre 2016.

60 % des émissions de méthane sont liées aux activités humaines. PHILIPPE HUGUEN / AFP

60 % des émissions de méthane sont liées aux activités humaines. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les émissions de méthane – un gaz à effet de serre plus nocif que le CO2 – s’envolent depuis dix ans et risquent de compromettre la lutte contre le réchauffement, mettent en garde, lundi 12 décembre, des chercheurs qui ont coordonné un bilan mondial mené par plus de 80 scientifiques de 15 pays.

« Il faut de toute urgence s’attacher à quantifier et réduire [c] es émissions », ont-ils plaidé dans le journal Earth System Science Data dans lequel leur étude a été publiée.

Après un léger ralentissement entre 2000 et 2006, la concentration de méthane dans l’atmosphère a crû dix fois plus rapidement depuis 2007, relèvent les chercheurs. Or, le méthane est vingt-huit fois plus « réchauffant » que le CO2 tout en persistant moins longtemps dans l’air – environ dix ans.

« Contenir le réchauffement sous 2 °C est déjà un défi considérable », ont souligné ces mêmes chercheurs dans le bulletin Environmental Research Letters, à propos de l’objectif que la communauté internationale s’est fixée à la fin de 2015 dans l’accord de Paris. « Un tel objectif deviendra de plus en plus difficile à tenir si l’on ne réduit pas les émissions de méthane fortement et rapidement », ont-ils ajouté.

L’agriculture et le traitement des déchets

Deuxième grand gaz à effet de serre lié aux activités humaines, après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane contribue pour quelque 20 % au réchauffement en cours. Jusqu’ici les mesures contre le réchauffement se sont largement concentrées sur le CO2, issu pour une large part des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), et qui représente 70 % des gaz à effet de serre.

Le méthane est également plus difficile à pister que le CO2, car plus diffus et une bonne part provient de sources « naturelles » (zones humides, formations géologiques…). Cependant, selon l’étude, 60 % de ses émissions sont liées aux activités humaines dont plus de la moitié (36 %) de l’agriculture – éructations des ruminants et rizières – et du traitement des déchets.

Les chercheurs privilégient d’ailleurs cette hypothèse pour expliquer la hausse des émissions. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le nombre de têtes de bétail est en effet passé de 1,3 milliard en 1994 à 1,5 milliard vingt ans plus tard.

Mais les chercheurs n’excluent pas non plus le rôle des énergies fossiles dans ce boom. Quelque 21 % des émanations de méthane sont ainsi dues à l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz : de l’extraction jusqu’aux réseaux de distribution, les fuites de méthane sont très fréquentes.

« À partir des années 2000, il y a eu une grosse exploitation du charbon en Chine, et l’exploitation du gaz aux États-Unis a aussi augmenté », rappelle Marielle Saunois, chercheuse à l’université de Versailles - Saint-Quentin (UVSQ).

Capter le méthane

Concernant le permafrost, ces sols gelés des hautes latitudes, ils peuvent aussi dégager du méthane en dégelant, une grande crainte des climatologues. « On ne voit pas d’augmentation anormale des concentrations », a toutefois indiqué le chercheur et coauteur Philippe Bousquet, pour qui ces « émissions risquent d’augmenter dans le temps mais sur des décennies ».

Quant au boom particulièrement spectaculaire ces deux dernières années des émissions de méthane, les scientifiques ont encore plus de mal à l’expliquer. « Cela peut être d’origine naturelle », dit M. Bousquet. « Mais s’il se prolongeait au-delà de trois ou quatre ans, cela signifierait forcément un lien avec l’homme. »

Il est possible d’agir d’ores et déjà pour réduire ou capter le méthane, insistent les scientifiques : méthaniseurs dans les fermes, modification des protocoles d’irrigation des rizières et chasse aux fuites.

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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 10:52

Partout en Europe, des travailleurs reprennent leur usine en faillite. Ils se sont retrouvés à Thessalonique pour échanger sur leur rêve d’égalité et de solidarité. Par Erwan Manac’h le 7 décembre 2016 pour Politis à lire sur www.politis.fr.

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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 09:24

Composés d’ingrédients recombinés au point qu’on ne reconnaît plus l’aliment d’origine, les produits ultra-transformés sont pauvres en micronutriments et participent au développement de maladies chroniques. L’auteur de cette tribune s’alarme que ces produits soient aujourd’hui consommés massivement, notamment par les classes défavorisées. Par Anthony Fardet, chercheur en alimentation préventive et holistique, pour Reporterre le 29 novembre 2016.

Nous mangeons trop de produits ultra-transformés

Les produits ultra-transformés ont envahi nos rayons de supermarché, les fast-foods, les distributeurs et autres points chauds de restauration dans la rue. On estime même qu’ils pourraient constituer plus de 80 % des aliments emballés en supermarchés [1]. On peut par exemple citer les barres chocolatées, les desserts lactés, les céréales du petit-déjeuner pour enfants, les jus de fruits reconstitués, les pizzas préparées, etc. S’il faut reconnaître que ces produits jouent un rôle social et peuvent trouver une utilité dans certaines situations de la vie courante (repas sur le pouce, confiseries, repas festifs…), ils posent un sérieux problème de santé publique quand ils deviennent la base de notre alimentation.

Il est difficile de dire exactement quand les produits ultra-transformés sont apparus dans les rayons, probablement leur apparition massive date des années 1980. Ils n’ont été définis précisément que très récemment par la communauté scientifique. Les épidémiologistes de l’université de Sao Paulo ont notamment retenu plusieurs critères [2] :

  1. « Formulations industrielles réalisées à partir typiquement de cinq ingrédients ou plus d’ingrédients » ;

  2. « Le but des divers additifs et ingrédients est d’imiter les qualités sensorielles des aliments pas ou peu transformés et des préparations culinaires réalisées à partir de ces aliments, ou de masquer les qualités sensorielles indésirables des produits finaux » ;

  3. « L’objectif principal de l’ultra-transformation industrielle est donc de créer des produits qui sont prêts à l’emploi ou à être chauffés, remplaçant à la fois les aliments pas ou peu transformés qui sont naturellement prêts à être consommés, tels que les fruits et fruits à coque, le lait et l’eau, les boissons, plats, desserts et repas fraîchement préparés. Les attributs communs des produits ultra-transformés sont l’hyper-palatabilité [3], des emballages sophistiqués et attrayants, des allégations santé, une forte rentabilité, et ils appartiennent généralement à de grandes marques de compagnies transnationales ».

Bref, pour nous, consommateurs il suffit de connaître les règles suivantes pour reconnaître un produit ultra-transformé :

  • Ce sont les seuls à contenir une longue liste d’ingrédients (généralement plus de 5) — comme les huiles hydrogénées, le gluten, les protéines hydrolysées, les isolats de protéines de soja, les maltodextrines, le sucre inverti (mélange équimolaire de glucose et de fructose obtenu par hydrolyse du saccharose), lécithine de soja, amidon de riz et/ou du sirop de glucose pour n’en citer que quelques-uns ;

  • Ce sont des produits artificiels fabriqués par l’homme à partir d’une recombinaison d’ingrédients : ces aliments ne sont donc pas fournis en tant que tel par la nature et leur matrice n’est plus naturelle ;

  • Ce sont des aliments tellement raffinés qu’on ne reconnaît plus l’aliment d’origine.

Les barres chocolatées sont des produits hyper-transformés.

Les barres chocolatées sont des produits hyper-transformés.

Par exemple, les barres chocolatées des distributeurs automatiques sont des aliments ultra-transformés : il n’existe pas d’élevage ou de culture de Mars ! Pareils pour les sodas. Mais même un yaourt nature contenant des colorants ou du pain avec des émulsifiants peuvent être considérés comme des aliments ultra-transformés, selon ces chercheurs.

Plus pauvres en micronutriments protecteurs et riches en énergie 

Même s’ils sont décriés et en partie responsables de l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques lorsque consommés en trop grande quantité, ils ont une place utile dans l’offre alimentaire. On en revient toujours au sacro-saint adage : « Le poison est dans la dose. »

Ces aliments peuvent jouer un rôle dans des marchés de niche, comme les friandises, les pâtisseries, les aliments à destination clinique, les rations de survie ou pour l’effort (armée, sport…) ou, pourquoi pas, l’alimentation dans l’espace, autant de situations, sportives, festives, pathologiques…, où les aliments ultra-transformés peuvent vraiment être utiles. Le problème, c’est qu’aujourd’hui ils ne sont pas des produits de niche mais de consommation courante au point de constituer plus de 50 % de l’apport calorique dans de nombreux pays, surtout dans les grandes villes.

Or, ils sont souvent plus pauvres en micronutriments protecteurs et riches en énergie (calories) provenant des sucres, matières grasses (ajoutées) notamment. C’est pourquoi certains scientifiques parlent de calories « vides », donc vides de micronutriments !

Une étude brésilienne [4] a montré qu’au-delà de 13 % de calories quotidiennes provenant des produits ultra-transformés, le risque d’obésité commence à augmenter significativement. Il n’est donc pas exagéré de conseiller de ne pas dépasser 1 calorie sur 6 en provenance des produits ultra-transformés, et non 1 sur deux comme cela tend à devenir le cas dans les pays occidentalisés, notamment anglo-saxons, la France semblant mieux résister que d’autres pays européens — sans doute en raison de sa tradition culinaire.

Le symbole de la pensée réductionniste occidentale 

En outre, des études récentes [5] montrent très clairement que les produits ultra-transformés sont moins rassasiants et plus hyperglycémiants [6] que les produits pas, peu ou normalement transformés. Pourquoi ? Car leur texture est différente, souvent plus molle ou moins dure et qu’ils sont consommés en solitaire, deux conditions qui sont associées à moins de mastication ; et qui dit moins de mastication dit un temps trop court pour bien stimuler les hormones de satiété [7].

On l’aura compris, il ne s’agit bien évidemment pas de pointer du doigt la transformation mais plutôt l’ultra-transformation excessive des aliments complexes d’origine. Les aliments ultra-transformés ont le droit d’exister, ne serait-ce que parce qu’ils participent du besoin de créativité de l’homme ; mais le problème, c’est qu’aujourd’hui, comme ils sont vendus en masse, ils sont peu chers à produire, peu chers à la vente et sont donc davantage consommés par les classes défavorisées. Pas étonnant alors qu’elles soient davantage touchées par l’obésité !

Les produits ultra-transformés sont le symbole de la pensée réductionniste occidentale qui tend à fractionner la réalité en entités isolées pour mieux l’étudier. Si les aliments ne sont qu’une somme de nutriments alors pourquoi ne pas fractionner les aliments puis recombiner les ingrédients dans des combinaisons infinies ? C’est pourtant oublier que le tout est supérieur à la somme des parties (2 > 1+1, ou synergie). Revenir à une vision plus holistique, c’est donc moins fractionner l’aliment et lui appliquer des traitements technologiques moins drastiques. Pourrait-on alors parler de « respect de l’aliment » ou de « bien-être de l’aliment » ? À trop vouloir détruire l’harmonie naturelle des choses de la nature on finit par détruire notre propre fonctionnement harmonique, ce que l’on appelle la santé !

[1] Luiten, C. M., I. H. Steenhuis, et al. (2016). « Ultra-processed foods have the worst nutrient profile, yet they are the most available packaged products in a sample of New Zealand supermarkets », Public Health Nutr 19(3) : 530-538.

[2] Monteiro, C., G. Cannon, et al. (2016). « The star shines bright » World Nutrition 7(1-3) : 28-38.

[3] La palatabilité est la caractéristique de la texture des aliments agréables au palais ; elle intervient dans le plaisir alimentaire. L’hyper-palatibilité est donc le fait d’enrichir l’aliment en sucre, sel et gras pour accentuer encore plus le plaisir.

[4] Louzada, M.L., Baraldi, L.G., Steele, E.M. et al. « Consumption of ultra-processed foods and obesity in Brazilian adolescents and adults », 2015, Prev Med 81:9-15.

[5] Fardet, A. « Minimally processed foods are more satiating and less hyperglycemic than ultra-processed foods : a preliminary study with 98 ready-to-eat foods », 2016, Food & Function 7:2338–46.

[6] Qui augmente le niveau de glucose sanguin (ou glycémie).

[7] Voir aussi pour plus de détails : Chambers, L. « Food texture and the satiety cascade », 2016, Nutrition Bulletin 41:277-82.

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 18:11

Grâce au numérique, la « civic-tech » veut impulser une autre façon de prendre part au débat politique, plus horizontale et plus participative. Doux rêve ou réelle vision citoyenne ? Par Julia Gualtieri pour Politis le 7 décembre 2016 à lire sur www.politis.fr.

A Nuit debout, les outils numériques ont permis de relier rapidement différents acteurs.

A Nuit debout, les outils numériques ont permis de relier rapidement différents acteurs.

L’univers numérique a un nouveau dada : « les civic-tech ». Derrière ce néologisme se cacherait le moyen de renouveler notre démocratie en crise, de faire sa « mise à jour » et de la rendre plus interactive. Ces « technologies civiques », en bon français, ce sont par exemple les primaires citoyennes organisées par Primaire.org, qui entamera du 15 au 31 décembre le second tour de l’élection de son « candidat citoyen », avec presque autant de participants que la primaire écolo. (...)

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 09:46

La production agricole locale et bio augmente en Île-de-France. Pourtant, expliquent les auteurs de cette tribune, l’exécutif régional Les Républicains a réduit drastiquement les financements alloués à ces structures, au risque de briser cette dynamique.

  • Grande soupe musette jeudi 15 décembre 2016, dès 18 h, devant le conseil régional,

Pour Reporterre le 7 décembre 2016 par Maud Granger Remy, membre d’une Amap à Paris et Florent Sebban, paysan en Amap à Pussay. Ils coprésident le Réseau Amap Île-de-France. Amap désigne une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne, comme La courgette solidaire, La tomate solidaire... aux Lilas, Le PréVert et La marmite sauvage au Pré Saint-Gervais.

extrait de « Découverte des circuits agricoles courts en Île-de-France »

extrait de « Découverte des circuits agricoles courts en Île-de-France »

Malgré les réserves formulées par une grande partie des groupes politiques représentés au conseil régional de la région Île-de-France (PS, EELV, Front de gauche, Modem, UDI), la majorité (Les Républicains) a décidé mercredi 16 novembre de réduire drastiquement les financements attribués aux structures historiques d’accompagnement de l’agriculture biologique. Ainsi, les financements alloués par la région au Réseau Amap Île-de-France diminuent de 35 %, ceux alloués au Groupement des agriculteurs biologiques de 30 %, quand les subventions destinées à Terre de liens et à la couveuse d’activités agricoles les Champs des possibles sont tout simplement réduites à néant. D’un autre côté, les financements pour l’agriculture biologique destinés aux chambres d’agriculture, pourtant rarement identifiées comme les avocats de la bio, augmentent de 318 %.

Cette décision très soudaine est assez compliquée à comprendre. Le fait qu’un mouvement similaire de transfert du pilotage de l’agriculture biologique des structures citoyennes aux chambres d’agriculture soit en cours en région Auvergne – Rhônes-Alpes ne suffit pas à l’expliquer.

Essayons de comprendre les conséquences que cette décision va entraîner.

Aujourd’hui, l’Île-de-France est une région où la consommation de produits issus de l’agriculture biologique est supérieure à la moyenne nationale et où elle ne cesse d’augmenter (57 % des Franciliens déclarent acheter des produits bio au moins une fois par mois). Par ailleurs, l’agriculture biologique constitue un véritable vivier d’emplois et une vraie opportunité de développement économique local. Toutefois, malgré un réel décollage ces dernières années, les surfaces cultivées en bio (2 %) restent bien inférieures à la moyenne nationale (6 %). Avec près de 300 fermes engagées en mode de production biologique fin 2016, l’agriculture francilienne ne parvient que très partiellement à répondre à cette demande.

Le développement d’une agriculture citoyenne répondant réellement aux attentes sociétales 

Le développement de la production agricole locale et bio est donc essentiel. L’État et la région Île-de-France se sont d’ailleurs mis d’accord sur un Plan bio 2014-2020 qui vise à « doubler les surfaces bio d’ici 2017 et les tripler d’ici 2020, dynamiser les conversions, en maintenant un objectif de 10 à 15 installations en agriculture biologique par an, développer les outils de structuration collective de filières pour soutenir le développement des produits bio locaux, et encourager l’introduction de produits locaux, en particulier issus de l’agriculture biologique, dans la restauration collective ».

En Ile-de-France, Les Républicains asphyxient l’agriculture biologique - Grande soupe musette au Conseil régional jeudi 15 décembre 2016 dès 18 h

Dans le même temps, de très nombreux candidat(e)s à l’installation en agriculture biologique tapent aux portes de la Région. Ils ont des profils très diversifiés. Certains sont issus de familles agricoles, mais souhaitent faire évoluer leurs fermes, d’autres n’ont pas de parents agriculteurs et cherchent à reprendre ou à créer des fermes. Ces candidats ont chacun(e) leurs particularités. Si l’on souhaite les accompagner pour développer l’offre francilienne en produits bio, il faut s’adapter à leurs profils.

C’est précisément ce que les structures de l’agriculture citoyenne ont su faire au sein du pôle Abiosol [1], et ce que les chambres d’agriculture connaissent moins, car elles n’accompagnent que très peu de candidats « hors-cadre familial ». De plus l’union des consommateurs et des producteurs au sein de ces structures permet le développement d’une agriculture citoyenne répondant réellement aux attentes sociétales, aussi bien des futurs paysans que de ceux qui les soutiennent. Ce partenariat est essentiel : les futurs paysans se sentent intégrés dans un réseau solide, ouvert et accueillant qui les aide à sauter le pas, les citoyens qui financent les installations se sentent investis par leur responsabilité et sensibilisés par ce rapport de proximité avec les producteurs et les porteurs de projets.

Ainsi, les structures du pôle Abiosol, soutenues par la Région, ont permis, depuis leur création en 2009, d’accompagner l’installation de 89 nouveaux paysans bio, de former 250 paysans et candidats à l’installation aux techniques de production biologique, de permettre à 40.000 Franciliens(ne)s d’établir des partenariats avec 95 producteurs de la région, d’offrir à 40 entrepreneurs à l’essai l’opportunité de tester leurs projets sur des fermes franciliennes, ou encore d’acquérir sept fermes biologiques avec le concours de l’épargne citoyenne.

L’implication citoyenne est un atout pour l’agriculture 

Le doublement des surfaces en bio intervenu en Île-de-France entre 2009 et 2015 est une conséquence directe des actions menées par les membres du pôle Abiosol. Ceci démontre que l’implication citoyenne est un atout pour l’agriculture ! Il serait absurde d’y mettre un terme en décidant du jour au lendemain que les structures citoyennes ne doivent plus se mêler de l’agriculture biologique. Les chambres d’agriculture ont bien entendu un rôle à jouer, mais elles ne pourront répondre seules aux attentes des nouveaux paysans.

C’est pourquoi les citoyens franciliens sont appelés à se mobiliser pour affirmer la nécessité de faire émerger une agriculture biologique, paysanne et citoyenne en Île-de-France. Les structures du pôle Abiosol ont lancé un appel dans ce sens.

Les Franciliens pourront également manifester leur joie et leur envie de manger bio et solidaire en participant à une grande soupe musette ce jeudi 15 décembre, dès 18 h, devant le conseil régional. Ce sera l’occasion de danser, de chanter et de festoyer pour l’agriculture biologique, paysanne et citoyenne, et d’interpeller l’exécutif régional, alors que les conseillers régionaux seront en plein débat sur le budget 2017.

[1] Le pôle Abiosol est composé des organismes suivants : Réseau AMAP IDF, Les Champs Des Possibles, Terre de Liens IDF, le Groupement des Agriculteurs Biologiques IDF

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 18:36

Matignon évoque le contentieux européen en cours et l’indisponibilité des forces de l’ordre, mais assure qu’il ne s’agit pas d’un abandon du projet d’aéroport. Par Rémi Barroux le 10 décembre 2016 pour Le Monde.

Le gouvernement repousse l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

Contrairement à ce qu’avait annoncé à de nombreuses reprises Manuel Valls, alors premier ministre, la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ne sera pas évacuée à l’automne. Ni même probablement durant l’hiver. Et sans doute pas avant la fin du quinquennat. Vendredi 9 décembre, les services de Matignon ont confirmé le report de toute intervention des forces de l’ordre dans le bocage nantais.

Les centaines d’occupants de la ZAD, militants écologistes et anticapitalistes, agriculteurs, qui luttent contre le projet de transfert de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique vers le bourg de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, devraient passer les fêtes de fin d’année tranquilles.

Nommé premier ministre en remplacement de M. Valls, désormais candidat à la primaire de la gauche, Bernard Cazeneuve n’entend pas mettre à exécution la menace de son prédécesseur, reprenant ce qu’il expliquait déjà, alors ministre de l’intérieur : évacuer les zadistes pour démarrer le chantier n’est pas une priorité.

Le report provoque une grande colère chez les partisans du transfert de l’actuel aéroport. Ils espéraient que le gouvernement traduirait sur le terrain le résultat de la consultation locale du 26 juin, proposée par le chef de l’État, qui avait donné 55,17 % des voix en faveur de ce projet, ancien de plus de cinquante ans.

« Si ces informations se révèlent exactes, cela représente un véritable parjure de la part de l’État qui, il y a encore quelques semaines, nous promettait une évacuation rapide de la ZAD », a déclaré Alain Mustière, le président de l’association Des ailes pour l’Ouest, colonne vertébrale des pro-aéroport.

Contentieux européen

Mais le chef du gouvernement a changé et Manuel Valls, possible futur candidat à l’élection présidentielle, se voit désavoué. Pour autant, M. Cazeneuve ne va pas jusqu’à évoquer l’abandon. Et personne, au gouvernement, ne propose l’abrogation de la déclaration d’utilité publique de 2008, seul moyen selon les opposants de mettre un coup d’arrêt au projet.

« Le projet d’aéroport n’est pas abandonné, mais une telle opération, l’évacuation de la zone, se prépare dans des conditions qui doivent être sécurisées, à la fois sur le plan juridique et sur le plan opérationnel », a précisé au Monde un proche du premier ministre.

Et d’évoquer le contentieux avec la Commission européenne, qui a reproché à la France, en avril 2014, de n’avoir pas respecté la réglementation concernant les effets cumulés de plusieurs chantiers. Les autorités, par le biais du nouveau schéma de cohérence territoriale (SCOT) de Nantes-Saint-Nazaire, devaient répondre à l’Europe.

La commission d’enquête publique qui a rendu un avis favorable sur le SCOT a toutefois précisé qu’il fallait encore réaliser l’évaluation de l’impact d’ensemble de ce projet et des chantiers connexes, ainsi qu’améliorer l’analyse et la présentation des mesures d’évitement, de réduction et de compensation. Le schéma doit être voté par les élus de la métropole nantaise le 19 décembre. Mais ce document est susceptible de nouveaux recours devant la justice. Les opposants disposeront d’un délai de deux mois pour le contester.

La décision européenne sur les corrections françaises ne devrait donc pas intervenir tout de suite. « Soit on continue avec la procédure d’infraction, soit on considère que tout est réglé », précise Enrico Brivio, porte-parole du commissaire européen chargé de l’environnement.

Indisponibilité des forces de l’ordre

L’autre condition évoquée par Matignon, la faisabilité en toute sécurité de l’opération, est loin d’être remplie. « La disponibilité des forces de l’ordre, avec la reconduction de l’état d’urgence, la menace terroriste et le plan Vigipirate renforcé, la surveillance des frontières, le dossier de Calais [Pas-de-Calais], la période des fêtes avec les marchés de Noël, les grands magasins et les lieux touristiques, ne permet pas d’envisager cette opération à haut risque », avance-t-on à Matignon.

Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, ne devrait pas dire le contraire. Même si, en octobre, alors chef de file des députés du Parti socialiste (PS), il avait vivement critiqué Ségolène Royal qui avait suggéré d’« arrêter les frais » sur Notre-Dame-des-Landes.

La ministre de l’environnement peut, elle, se satisfaire de la nouvelle orientation gouvernementale. « Il est inutile d’exacerber les tensions et de faire prendre des risques aux gendarmes mobiles. Le contentieux n’est pas terminé. Et les élus locaux doivent prendre leurs responsabilités sans renvoyer à l’État les conséquences de leur choix », a confié au Monde Mme Royal, qui plaide pour l’étude d’une alternative au projet, avec le réaménagement de l’actuel aéroport Nantes-Atlantique.

Le report, voire l’annulation, de toute intervention pour évacuer la ZAD – cette opération à quelques semaines de l’élection présidentielle paraissant improbable –, est une « claque pour la démocratie », selon l’actuel président (Les Républicains) de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau. « Au nom d’un prétendu contentieux européen, l’évacuation de la ZAD serait impossible. Je suis scandalisé, pas seulement de ne pas avoir été prévenu, (…) je suis scandalisé par le mensonge. Une fois de plus, Bruxelles, l’Europe, n’est qu’un alibi. C’est faux et c’est archi-faux », s’est emporté l’élu.

Très proche du candidat de la droite à l’élection présidentielle, Bruno Retailleau assure que « François Fillon fera respecter l’autorité de la loi et de l’Etat » à Notre-Dame-des-Landes, s’il est élu.

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