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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

11 décembre 2020 5 11 /12 /décembre /2020 13:52

Le gouvernement continue le détricotage des mesures de la Convention citoyenne pour le climat. Le bilan global alarme légitimement les écologistes.  L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) estime dans une note qu’il faudrait que le gouvernement justifie pourquoi il ne prend pas telle ou telle mesure, et qu’il propose en contrepartie des propositions de substitution, dont les effets seraient chiffrés. Ce serait en effet la moindre des choses après l’année de travail des citoyens et citoyennes. Le Réseau Action Climat expose ici les 15 mesures les plus structurantes de la Convention Citoyenne pour le Climat, qui, si elles n’étaient pas reprises, décrédibiliseraient complètement l’objectif de cette loi spécifique. D’après le Réseau Action Climat et Reporterre le  9 décembre 2020. Lire aussi La justice enjoint l'État de respecter ses engagements climatiques, La convention citoyenne pour le climat interpelle Emmanuel MacronTrois mois après la convention citoyenne pour le climat, la désillusion et Cinquante propositions de la convention citoyenne pour « porter l’espoir d’un nouveau modèle de société ».

D'après https://www.imagineonlefait.fr/, le site des 150 participant·e·s de la Convention Citoyenne pour le Climat

D'après https://www.imagineonlefait.fr/, le site des 150 participant·e·s de la Convention Citoyenne pour le Climat

Alors que le 5ème anniversaire de l’Accord de Paris arrive à grands pas et que les émissions de gaz à effet de serre de la France ne sont pas alignées sur une trajectoire de limitation du réchauffement à 1,5°C, le projet de loi Climat permettrait de rectifier en partie le tir. Tout en rappelant que l’ensemble des propositions de la Convention doivent être reprises sans filtre, le Réseau Action Climat expose ici les 15 mesures les plus structurantes de la Convention Citoyenne pour le Climat, qui, si elles n’étaient pas reprises, décrédibiliseraient complètement l’objectif de cette loi spécifique. Le Réseau Action Climat attend un projet de loi Climat à la hauteur de l’urgence climatique, permettant de créer de nombreux emplois, mais aussi de réduire la précarité énergétique et alimentaire.

Le Projet de Loi Climat « sans filtre », par le Réseau Action Climat

Il s’agit de 15 mesures, réparties dans les 5 titres du projet de loi et qui correspondent aux groupes de travail de la Convention :

  1. “Consommer” : Pour agir sur la consommation des Français et avoir un impact sur l’empreinte carbone, il s’agit d’interdire la publicité des produits les plus émetteurs de gaz à effet de serre et de mettre en place un système de consigne pour réemploi des emballages.

  2. « Se déplacer » : Limiter les émissions des transports en France – et la pollution de l’air – nécessite d’actionner plusieurs leviers : interdire la commercialisation de véhicules neufs très émetteurs, mettre en place un prêt garanti par l’Etat pour l’achat de véhicules peu polluants, supprimer les avantages fiscaux sur le gazole pour les poids lourds, réduire durablement le trafic aérien et développer un plan d’investissement massif pour le transport ferroviaire.

  3. “Se loger” : Pour réduire l’impact climatique du secteur du bâtiment et réduire la précarité énergétique, il s’agit de mettre en place progressivement une obligation de rénovation énergétique globale des logements et de limiter l’artificialisation des sols, en particulier le suréquipement commercial.

  4. “Se nourrir” : Réduire les émissions de l’agriculture et de l’alimentation implique de passer à un choix végétarien quotidien dans la restauration collective publique, de concevoir une nouvelle solidarité nationale alimentaire, de taxer les engrais chimiques et d’orienter les financements vers les élevages durables.

  5. “Travailler et produire” : La transition écologique demande aussi d’accompagner les transformations des entreprises et les reconversions professionnelles. Il sera nécessaire d’accompagner la reconversion des entreprises, la transformation des métiers et d’obliger les grandes entreprises à renforcer la transparence concernant leur empreinte carbone et à réduire significativement leurs émissions chaque année.

Dans le cadre de la Convention Citoyenne pour le Climat, 150 citoyens ont travaillé 9 mois pour élaborer 149 propositions pour accélérer l’action climatique de la France. La promesse du Président de la République en janvier 2020 de soumettre ces propositions « sans filtre » soit à référendum, soit au vote du Parlement, soit à application règlementaire directe, n’est pas tenue. En juin, trois propositions ont été formellement écartées et bien qu’aucun nouveau joker n’ait été établi jusqu’ici, l'analyse du Réseau Action Climat montre que d’autres manières sont utilisées par le Gouvernement pour retarder ou affaiblir l’ambition des propositions.

Le Réseau Action Climat demande de mettre fin à ces stratégies d’affaiblissement et de retardement pour que le projet de loi Climat France puisse véritablement contribuer à aligner la France sur une trajectoire de limitation du réchauffement à 1,5°C. Après la transmission “filtrée” du Gouvernement, ça sera aux Parlement de hausser l’ambition du projet de loi Climat.

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10 décembre 2020 4 10 /12 /décembre /2020 18:29

La crise sanitaire a révélé notre dépendance économique aux services « non essentiels... ». Par Jérôme Gleizes, Enseignant à Paris-8, pour Politis. Lire aussi Premières leçons du Covid-19, Une épidémie n’est pas une GUERRE… mais le révélateur d’une crise écologiqueAgnès Sinaï, collapsologue : « Les maires sont en première ligne face à l’effondrement », et Effondrement et justice sociale.

Survivre - Gilbert Garcin (21 juin 1929-17 avril 2020)

Survivre - Gilbert Garcin (21 juin 1929-17 avril 2020)

La crise du Covid-19 révèle de nombreux dysfonctionnements dans nos sociétés. Elle est structurelle et pas du tout conjoncturelle, montrant une faible résilience. Parmi ces défauts structurels français, il y a la pression de l’État sur les collectivités territoriales. La crise sanitaire actuelle a provoqué un blocage de la production, aggravant la situation financière des collectivités territoriales déjà dégradée. Mais il faut distinguer ce qui relève de la tendance structurelle de ce que sont des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire.

Depuis plus de vingt ans, la libre administration des collectivités territoriales, pourtant principe consacré par la Constitution avec son article 72, alinéa 3, subit une remise en question sans précédent, encore aggravée par la décision de ce gouvernement de contractualiser ses relations budgétaires avec les collectivités à travers le pacte de Cahors, de 2017, qui encadre leurs marges de manœuvre concernant leurs dépenses de fonctionnement. Depuis très longtemps, elles s’étaient substituées à un État défaillant. Le clivage n’est pas uniquement entre la droite et la gauche, mais entre un État jacobin forcené et des collectivités territoriales dont la libre administration a produit des effets positifs.

Simultanément, l’État transfère de nombreuses compétences sans les financements. Pourtant, les collectivités territoriales ne peuvent s’endetter que pour financer leurs investissements, contrairement à l’État ; les recettes de fonctionnement sont donc toujours supérieures aux dépenses. Et heureusement qu’elles sont là car, selon l’Insee, si la part de l’investissement public dans le PIB a régulièrement diminué pour représenter 3,4 % de celui-ci en 2018, contre plus de 5 % à son apogée en 1967, la part des collectivités locales dans cet investissement est passée de 30 % en 1950 à presque 60 % en 2019.

Le désengagement de l’État ne s’arrête pas là. Il ne rembourse pas non plus la totalité des prestations sociales avancées par les départements, les allocations individuelles de solidarité – RSA, prestation de compensation du handicap (PCH), allocation personnalisée autonomie (APA).

La crise sanitaire a révélé notre dépendance économique aux services « non essentiels », au tourisme, et la désindustrialisation excessive de ces dernières décennies. La transition écologique n’est plus une option, mais une nécessité. Nous restons cependant dans une incertitude radicale. Le pacte de Cahors a été suspendu, mais l’État veut continuer à pressurer les collectivités. Aujourd’hui, trois quarts des taxes et des impôts échappent à leurs décisions sans que soit indiqué par quoi sera remplacée la taxe d’habitation. La compensation actuelle par une fraction de la TVA est impactée par la baisse de la consommation des ménages. Le productivisme et le consumérisme montrent leurs limites. Le devenir des collectivités territoriales ne peut pas dépendre de la hausse de la consommation et de la production d’autrui. Même si nous sommes dans une situation budgétaire difficile, les collectivités territoriales ont montré leur résilience face à un État défaillant.

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1 décembre 2020 2 01 /12 /décembre /2020 14:02

Depuis plusieurs semaines, les représentants et représentantes d’Europe Écologie Les Verts refusent les invitations de la chaîne d’information CNEWS.

EELV avait déjà alerté sur la dérive de la ligne éditoriale choisie par la chaîne, qui a notamment choisi Eric Zemmour comme chroniqueur régulier, alors même que celui-ci a été condamné pour injure et provocation à la haine. 

Les écologistes avaient en effet saisi le CSA l’an dernier et la réponse du comité d’éthique du groupe Canal+ avait été de cesser les émissions en direct et d’enregistrer les émissions dans lesquelles intervient Eric Zemmour afin de pouvoir couper les propos litigieux. Après sa prise de position xénophobe au sujet des mineurs isolés, ce même comité d’éthique s’est contenté de préconiser un autre format d’émission.

Nous défendons la liberté de la presse, la liberté pour les journalistes d’exercer leur métier, notamment quand celle-ci est menacée par le vote de l’article 24 de la loi sur la Sécurité globale. Nous témoignons toute notre solidarité aux journalistes de CNEWS qui se sont démarqué.e.s de la politique conduite par leur employeur.

Cette liberté de la presse est encadrée par la loi et nous déplorons une carence manifeste de la part du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel à qui la loi confie la mission de veiller “au respect de la dignité de la personne humaine, de la liberté et de la propriété d’autrui, au caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion”. Tel n’est pas le cas quand il laisse la chaîne se rendre complice d’apologie de crimes contre l’humanité et de xénophobie au quotidien.

Nous ne saurions continuer à cautionner, par la présence des écologistes sur cette chaîne d’information, des propos racistes, misogynes, homophobes ou climatosceptiques. 

Notre absence de ces débats nous permettra de porter les propositions des écologistes loin des caricatures et de la polarisation du débat public dans lequel cette ligne éditoriale voudrait nous conduire. Nous continuerons donc à refuser toutes les invitations et encourageons celles et ceux qui se reconnaissent dans les valeurs d’un débat républicain à en faire de même, ainsi que les annonceurs à retirer leur soutien financier à l’instar de l’enseigne Decathlon. 

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles

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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 09:09

Europe Écologie les Verts appelle à la mobilisation à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes mercredi 25 novembre.

 

Violences faites aux femmes : pour en finir avec la culture du viol

Alors qu’en France, en 2019, 152 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint et que 93 000 femmes ont été victimes de viol ou de tentative de viol, nous devons plus que jamais réaffirmer notre volonté d’éliminer définitivement toute violence sexiste ou sexuelle à l’égard des femmes.

Les chiffres parlent d’eux même : dans un cas sur trois, l’agresseur est un proche de la victime. Cette violation des droits humains est l’une des plus répandue, persistante et dévastatrice dans le monde. Elle demeure également l’une des moins signalées en raison de l’impunité, du silence, de la stigmatisation et du sentiment de honte qui l’entoure et ce malgré la libération de la parole des femmes constatée suite au mouvement #MeToo.

Désignée " Grande cause du quinquennat ", la lutte contre les violences sexistes et sexuelles n'est malheureusement qu'un effet de communication.

ELV a déjà de nombreuses fois dénoncé l’hypocrisie du gouvernement à ce sujet. Pour lutter efficacement contre les violences sexistes et sexuelles, il faut des moyens financiers et institutionnels. Trop souvent encore, la responsabilité du crime est reportée sur la victime, comme le montrent les quelques 500 témoignages de l’enquête PayeTaPlainte menée par #NousToutes. Ce mécanisme, souvent dénoncé par les femmes et associations féministes, relève de la culture du viol.

De véritables actions pour en finir avec l’intolérable

Pour en finir avec l’intolérable, des moyens conséquents doivent être débloqués pour :

organiser et accompagner un changement au niveau des institutions, à commencer par former les agent.e.s de police sur le sujet, afin que les femmes qui osent porter plainte ne se retrouvent pas face à des policier.e.s qui refusent de prendre leur plainte ou minimisent les faits ;

- créer bien plus de places d'accueil et d'hébergement pour les femmes victimes de violences et leurs enfants ;
– s’aligner sur la définition du viol de la convention d’Istanbul, dont la France est signataire, afin d’inclure la notion de consentement ;
– soutenir financièrement les associations car ces dernières effectuent, la plupart du temps de façon bénévole, un travail considérable. Elles pallient pour la plupart une absence de service de protection des femmes victimes de violences géré et financé par l’État que nous appelons de nos vœux.

Dans le contexte d’une aggravation de la situation avec les deux confinements liés à la crise sanitaire, l’action militante menée par les associations ne suffit pas et ne saurait pallier les manquements du gouvernement.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
La Commission Féminisme d’EELV

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24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 17:07

Marie Toussaint, députée européenne écologiste et cofondatrice de l'association "Notre affaire à tous", s'inquiète d'une reconnaissance au rabais des écocides et pointe plusieurs limites. Tribune du 22 novembre 2020. Lire aussi « Reconnaissons la nature comme sujet de droit »Un fleuve reconnu comme une entité vivante en Nouvelle-Zélande et Valérie Cabanes : « Reconnaître le crime d’écocide ».

Reconnaissance des écocides : pas de faux-semblants

Le Garde des Sceaux et la Ministre de l'environnement ont annoncé dimanche matin dans le JDD la création d'un 'délit d'écocide', associé à un délit de mise en danger de l'environnement et au renforcement des moyens dédiés à la justice environnementale.  Il faut d'abord sincèrement saluer le fait que les ministres se saisissent enfin de la question. C'est une forme de prise en compte de l'importance des enjeux portés depuis des décennies par les juristes et les organisations qui luttent contre les crimes environnementaux.

Cela intervient également dans un contexte où les citoyennes et les citoyens de la convention pour le climat ont réclamé à leur tour la reconnaissance des écocides. Leur inscription dans le débat public est salutaire et tout doit être fait pour que leurs propositions soient entendues. Les propositions formulées aujourd'hui ne semblent constituer qu'une mise à jour et une application (tardive) de la directive européenne de 2008, visant à la protection de l'environnement par le droit pénal, et dont la nécessaire révision est prévue pour le second semestre 2021.

Il était temps. Nous remercions les ministres mais les engageons à agir au-delà des mots. Nous ne saurons nous contenter d'annonces qui se limiteraient au respect d'une législation européenne déjà considérée comme obsolète. Si on veut que les armes des pollueurs cèdent devant la toge du législateur, il faut une ambition juridique importante afin de faire reculer les crimes environnementaux.

Pour l'heure, le flou demeure sur la portée de l'annonce, mais il est fort à craindre que nous ne puissions souscrire à la définition donnée par le gouvernement aux écocides. Elle ressemble à une définition au rabais. A ce stade ce qui est présenté dans l'article du JDD ne relève pas d'une réelle reconnaissance des écocides mais uniquement de la création d'un délit de pollution généralisée, que nous appelions certes de nos vœux. 

Or, les mots ont un sens, chacun sait qu'un délit n'est pas un crime. La distinction n'est pas uniquement sémantique mais également normative. On ne punit pas les mêmes choses et pas de la même manière selon qu'elles relèvent d'un crime ou d'un délit. En l'état, à nos yeux, la proposition formulée continuerait malheureusement d'appréhender comme des infractions mineures les atteintes les plus graves portées aux écosystèmes, les crimes qui mettent en danger la planète et qui doivent enfin être considérés comme tels par le droit pénal. Rappelons, si l'analogie devait être nécessaire, qu'un vol est un délit, mais un vol à main armé un crime. Considérons-nous alors que la mise en danger la planète est moins grave qu'un vol à main armé, même sans victime ?

Plus troublant encore la proposition formulée dans le JDD ne prévoit pas de condamner les atteintes autonomes à l'environnement, c'est-à-dire celles qui ne résultent d'aucune violation d'une règle législative ou administrative existante. Ce qui veut dire que si une atteinte grave aux écosystèmes n'enfreint aucune règle, elle ne sera pas sanctionnée. Comme on connait l'habileté des entreprises pollueuses à chercher les trous dans le filet juridique, nous disons qu'il ne faut pas seulement resserrer la maille ; mais changer le filet. Reconnaitre réellement les écocides demande préalablement de reconnaitre une valeur intrinsèque à la nature, et ce d'autant plus qu'on imagine bien que la législation ne peut par avance prévoir et embrasser tous les cas d'atteintes graves aux écosystèmes. Le droit ne doit pas courir après les catastrophes, mais les empêcher autant que faire se peut. Ce qui doit importer n'est pas uniquement les atteintes à la loi, mais bel et bien l'impact sur les écosystèmes. C'est, nous en convenons, un nouveau paradigme.

Nous voulons souligner un dernier manque. Si une entreprise française commet un écocide hors du territoire national, le gouvernement ne prévoit pas de possibilité d'agir contre elle. C'est une faute. Nous demandons à ce que les parquets puissent poursuivre indépendamment de la nationalité des accusés, des victimes ou du lieu où l'atteinte a été commise. Cette compétence universelle serait un outil précieux pour lutter contre l'impunité en matière de crimes environnementaux.

Nous savons la mobilisation de longue date des défenseurs des droits humains pour faire appliquer réellement la compétence universelle aux cas de violation graves des droits de l'humanité, et nous la soutenons. Ainsi, contrairement à ce que des esprits chagrins affirment parfois à tort, la lutte pour la reconnaissance de l'écocide ne s'oppose pas aux combats pour les droits humains, mais vient au contraire s'y adjoindre en revendiquant l'émergence d'un droit véritablement cosmopolitique.

Pour toutes ces raisons, nous appelons les ministres à approfondir leur travail, à renforcer leurs propositions, et à mettre en œuvre la révolution juridique dont la protection de l'environnement a besoin. Si des lobbies cherchent à les entraver, nous serons, comme toujours, du côté de la transparence et de l'avancée de l'intérêt général, dans la plus grande vigilance. 

Enfin, nous veillerons à ce que le Président de la République soutienne réellement, ainsi qu'il l'a annoncé à plusieurs reprises, la reconnaissance du crime d'écocide au niveau international, et notamment auprès de la Cour pénale internationale.

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23 novembre 2020 1 23 /11 /novembre /2020 11:41

Dans Les révoltes du ciel s’écrit une histoire plus longue des savoirs et des politiques du réchauffement climatique. L’enquête de Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher vient montrer que la transformation du climat a été, à plusieurs moments charnière des derniers siècles, un aspect central du débat des sociétés qui nous ont précédé. Mais quand aurions-nous pu prendre une autre direction que celle d’une Terre-étuve ? D’après « Les révoltes du ciel » de Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher, et Christophe Bonneuil, Charles Perragin, Vanina Delmas, Xavier Mauduit, pour PhiloMag, Politis, Reporterre et France Culture, octobre-novembre 2020. Lire aussi Anthropocènes Noirs. Décoloniser la géologie pour faire monde avec la TerrePropositions pour un retour sur Terre« Il n’y a que des migrants sur Terre... » et Homo domesticus, de James C. Scott.

Les hommes ont conscience de transformer le climat bien avant la révolution industrielle

Serions-nous depuis 1992 la première génération à enfin prendre conscience du réchauffement climatique et de ses dangers, grâce au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), aux progrès d’une climatologie équipée de satellites et de super-ordinateurs ? Aurions-nous avant cela altéré les fonctionnements planétaires sans nous en apercevoir, faute des savoirs scientifiques récemment acquis ?

Cette fable est politiquement incapacitante. En nous faisant croire que nous serions écologiquement plus éclairés que les sociétés du passé, elle attribue au savoir scientifique et à la « prise de conscience » le pouvoir magique de nous mettre sur la bonne voie. Or, depuis le premier rapport du GIEC en 1990 – déjà « certain » que les émissions humaines de gaz à effet de serre entraîneraient un « réchauffement additionnel » –, le CO2 dans l’atmosphère est passé de 354 à 415 ppm. Le progrès des recherches n’y a pas suffi : il est temps de parler stratégies.

Cette fable est aussi historiquement fausse : ce n’est pas les yeux fermés mais les yeux grands ouverts que notre modernité a altéré la Terre. L’idée que le devenir de la Terre puisse être affecté par l’action humaine est discutée par des humanistes de la Renaissance. Et comme le montrent Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher dans Les Révoltes du ciel (lire ci-dessous), la transformation du climat à l’échelle continentale, voire planétaire, par la déforestation préoccupe fortement les savants et les gouvernants des années 1780-1850. Ce n’est que vers 1890-1950 qu’un âge productiviste a fabriqué « les illusions rassurantes d’un climat à la fois inébranlable et inoffensif », concluent les auteurs.

D’autres travaux sont venus récemment mettre au jour cet autre moment oublié des savoirs climatiques : les années 1960-1980. L’effet de serre – connu depuis le XIXe siècle mais alors jugé bénin – commence à inquiéter les scientifiques à partir des années 1950. Un rapport du comité scientifique de la Maison Blanche affirme, dès 1965, que la hausse du CO2 atmosphérique pourrait « produire des changements mesurables et peut-être marqués du climat » et le président Lyndon Johnson en parle au Congrès. L’alerte se solidifie avec le rapport du Massachusetts Institute of Technology (MIT) sur l’impact humain sur le climat, de 1971, puis celui de l’Académie américaine des sciences, de 1979, estimant déjà qu’un doublement de la teneur en CO2 par rapport à l’ère préindustrielle correspondrait à un réchauffement de 1,5 à 4,5 °C. En France, la Datar écrit dès 1972 que « nous en savons assez aujourd’hui de la théorie du climat et de la construction de modèles climatiques pour voir que l’homme peut fort bien provoquer des changements de climat ».

Plus intéressant encore, on sait maintenant par l’exhumation de leurs notes et documents internes combien les multinationales – pétrolières et automobiles notamment – suivaient de près la question du réchauffement climatique. À la fin des années 1960, l’American Petroleum Institute commande des études universitaires, qui lui confirment la gravité du phénomène. Les dirigeants d’Exxon sont avertis dès juillet 1977 que « l’humanité influence le climat global ». En 1979, Exxon conduit d’importantes recherches climatiques et élabore des scénarios énergético-climatiques… qui lui permettent de mesurer combien la sortie des énergies fossiles affecterait son business. Une enquête parue le mois dernier montre que Ford, dès 1956, et General Motors, dès les années 1970, savaient aussi. Les General Motors Laboratories mettent plusieurs chercheurs sur le réchauffement climatique et sur la possibilité de le limiter par l’action des aérosols et la dynamique des nuages. Mais la recherche de Ruth Reck, l’une de ces scientifiques, douche ces espoirs : l’effet de serre n’est pas limité par l’albedo des nuages et General Motors, par communiqué de presse, affirme en 1979 que « l’impact de l’effet de serre lié au dioxyde de carbone sur le climat de la Terre pourrait être plus compliqué que prévu ».

Pourtant, dans la seconde moitié des années 1980, ces mêmes compagnies multinationales enterrent ces recherches et changent de discours. Face au danger de voir leur profitabilité réduite par des politiques internationales de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, elles fondent, en 1989, la Global Climate Coalition, vaste opération de déni climatique et de lobbying. Ruth Reck est remerciée par General Motors, tout comme bien des chercheurs des programmes climat d’Exxon.

Là encore, une histoire de perte de savoirs, de déni de réalité par des dirigeants mus par le profit, plutôt qu’une fable de progrès des savoirs et de prise de conscience.

Christophe Bonneuil Directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherches historiques (EHESS).

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“ Les Révoltes du ciel ” par Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher

Vouloir contrôler l’empreinte des actions humaines sur l’environnement n’est pas du tout propre à notre époque. Nous sortons en réalité d’un bref interlude historique, de la fin du XIXe siècle aux années 1950, où le climat s’est délogé de nos consciences. Le recul des famines, le développement industriel, le perfectionnement des réseaux et de l’exploitation agricole et minière, nous ont fait un temps oublier que le climat était la matrice du vivant. Dans cet impressionnant travail de documentation que représente Les Révoltes du cielUne histoire du changement climatique, XVe-XXe siècle (Seuil, 2020), Fressoz et Locher relatent une histoire du climat du XVe au XXe siècle, et nous montrent que l’anxiété climatique et la politisation des sujets environnementaux ne datent pas d’hier. L’Anthropocène, entendu comme pensée de l’enchevêtrement entre les temporalités de la Terre et des sociétés, est, du point de vue de l’historien, caractéristique de l’époque moderne européenne en général et française en particulier.

Dès le XVIe siècle, la volonté d’agir sur le climat pour le modeler révèle qu’une partie du monde est déjà profondément consciente qu’action humaine et processus naturels sont entrelacés. Puis, très tôt, s’installe la crainte d’un effondrement climatique. Quelles sont les grandes étapes de la pensée de cette interdépendance homme-nature ?

  • La colonisation comme normalisation du climat. À l’aube des empires coloniaux européens, une question anime les conquistadors : les « zones torrides » sont-elles vraiment inhabitables ? Non, pour Christophe Colomb. Les excès de la météo du Nouveau monde sont liés à l’absence de culture et de déforestation. Si les pluies tropicales se déversent sur les côtes jamaïcaines, c’est à cause de la surabondance des grands arbres qui attirent les tempêtes. À l’époque, il s’agit bien sûr de convaincre les banquiers d’investir dans les expéditions et les comptoirs coloniaux. Mais l’aventure est aussi théologique. Transformer les zones torrides par le déboisement et le travail de la terre, c’est purifier l’air. A contrario, « les pluies torrentielles prouvent la non-possession des Caraïbes ». La présence d’une nature non cultivée démontre que ce territoire n’appartient à personne. Le climat adouci par la pluie devient aussi le signe divin que le colon accomplit sa mission d’extension des terres chrétiennes. Cette thèse de la colonisation par la « transformation anthropique des climats » va se répandre en Europe, et en particulier dans la France et l’Angleterre du XVIIe siècle. 
  • L’agir climatique, signe de la civilisation. Dès le début du XVIIIe, le climat est vu plus généralement comme le miroir des mœurs sociales. En France, des auteurs comme l’historien Jean-Baptiste Dubos, admirateur du matérialisme empiriste de John Locke et grand inspirateur de Montesquieu, fait même de la dégradation du climat le signe de la décadence des civilisations. Avec la ruine des égouts et l’abandon des cultures, le beau soleil de Rome a décliné avec l’âme romaine, et le bon air a reflué avec le génie… Chez le très influent philosophe et naturaliste Buffon, les sociétés ne sont plus hiérarchisées selon des critères religieux ou moraux, mais par la capacité à façonner la nature. À la fin du XVIIIe siècle, les épidémies, les récoltes, les prix, les cours d’eau gelés qui mettent les usines au chômage – tout est lié au climat, qui devient un « fait social total »
  • Le catastrophisme révolutionnaire. Si dès le XVIIe, quelques intellectuels anglais craignent que la déforestation n’engendre une perturbation globale du cycle de l’eau (qui est alors un modèle théologique), « c’est bien la Révolution française qui opère le basculement fondamental de l’optimisme colonisateur à l’angoisse de l’effondrement. » Entre 1788 et 1794, la météorologie épouvantable, les pénuries de grains et l’augmentation du prix du bois vont pousser les révolutionnaires à dénoncer les effets environnementaux du despotisme et de la féodalité, un régime non seulement injuste mais « contre-nature ». « Le discours révolutionnaire oppose ainsi un régime féodal qui barre les cours d’eau, multiplie les marécages, laisse les plantes pourrir et la population dégénérer, à une république qui fluidifie, draine, met en culture, réchauffe et rend salubres les climats. » Dans les débats révolutionnaires, l’alerte climatique sort des cercles naturalistes et « devient un élément structurant du discours sur la propriété, sur la nature et sur le rôle de l’État dans leur gestion. » De façon générale, de 1789 à 1820, « chaque régime a prétendu réparer les désordres climatiques provoqués par l’incurie de ses prédécesseurs. »
  • Le temps de l’humanité fragile. Après l’une des plus grosses éruptions de l’histoire humaine, celle du volcan Tambora en 1815 dans l’actuelle Indonésie, le froid, les famines et les maladies gagnent l’Europe. L’idée d’un refroidissement climatique inéluctable s’installe, et la glace prend un sens eschatologique. On ressort une vieille théorie de Buffon sur le refroidissement progressif du globe terrestre. D’autres évoquent l’apparition de taches solaires, des perturbations de l’atmosphère liées à la position relative de la Terre, du soleil et de la Lune (astrométéorologie), ou encore la dérive des icebergs. En France, le « dérangement des saisons » s’impose dans l’opinion. Tandis que des pièces populaires mettent en scène la fin du monde, les études de l’atmosphère se perfectionnent, et émerge une forme de rationalité météorologique. La véritable histoire du climat et ses variations majeures se jouent désormais à l’échelle des temps géologiques, sur des millions d’années. Cette idée ne date donc pas du XXIe siècle.

Dans Les Révoltes du ciel. Une histoire du changement climatique. XVe-XXe siècle, Fabien Locher et Jean-Baptiste Fressoz racontent avec précision cinq siècles d’observations, d’intérêt, de questionnements sur les variations climatiques et le rôle de l’humain sur ces événements. Une enquête qui fourmille de sources de première main pour comprendre l’utilisation faite du changement climatique par les conquistadors du Nouveau Monde, les révolutionnaires français, les savants mais aussi la petite bourgeoisie et les paysans du XIXe siècle, dans les colonies… Paradoxalement, c’est le progrès technique à l’ère industrielle qui fera basculer progressivement le climat dans l’oubli et effacera en quelque sorte la menace pendant un temps. La thèse des deux historiens de l’environnement est limpide : il n’y a rien de nouveau ! Ni la prise de conscience d’un changement climatique, ni la recherche sur l’action humaine, ni l’anxiété climatique, ni les discours catastrophistes, ni la politisation des sujets environnementaux. Leur enquête s’inscrit aussi dans le temps long puisqu’elle a commencé à la fin des années 2000, avec la découverte d’archives non exploitées à Météo France, et s’est terminée lors du confinement au printemps 2020. « En montrant que cette histoire de savoirs climatiques est très longue, qu’il y a eu des débats, des résistances et pas de consensus immédiat, cela crée un argument en faveur de la solidité de ces savoirs », glissent-ils, alertant à la fois sur les tentations climatosceptiques ou au contraire de discours grandiloquents et naïfs sur la récente prise de conscience climatique.

« L’histoire du climat montre tout un univers colonial »

Entretien avec Jean-Baptiste Fressoz et Fabien Locher Historiens et chercheurs au CNRS par Vanina Delmas.

Vous commencez votre histoire du changement climatique à l’époque de la colonisation de l’Amérique : Christophe Colomb observant les conditions climatiques et préconisant de couper les grands arbres pour réduire les pluies. Pourquoi ?

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 09:10

Dans une décision inédite rendue jeudi 19 novembre, le Conseil d’État donne trois mois au gouvernement pour prouver qu’il respecte ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une décision historique, selon les associations et les communes qui avaient saisi le juge administratif. D'après Les Echos, Reporterre, l'Humanité et Mediapart le 19 novembre 2020. Lire aussi L’Affaire du Siècle répond aux arguments de l’État, Réchauffement climatique : l’État français plaide non coupableDes ONG attaquent la France en justice pour inaction climatique et Un maire attaque L’État pour inaction climatique pour la première fois en France.

Le député européen EELV et ancien maire de Grande-Synthe, Damien Carême, la députée européenne EELV Karima Delli, et derrière eux Pierre Stoeber, lors d’une manifestation le 21 septembre 2019 à Paris. Lucas Barioulet/AFP

Le député européen EELV et ancien maire de Grande-Synthe, Damien Carême, la députée européenne EELV Karima Delli, et derrière eux Pierre Stoeber, lors d’une manifestation le 21 septembre 2019 à Paris. Lucas Barioulet/AFP

L’État va devoir rendre compte de ses engagements climatiques. Dans une décision rendue jeudi 19 novembre, le Conseil d’État donne trois mois au gouvernement pour prouver qu’il respecte ses promesses prises en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Si la France s’est engagée à réduire ses émissions de 40 % d’ici à 2030, elle a, au cours des dernières années, régulièrement dépassé les plafonds d’émissions qu’elle s’était fixés […] et l’essentiel des efforts de réduction ont été reportés à après 2020 », relève la plus haute juridiction administrative française. Le Conseil d’État avait été saisi en 2018 pour inaction climatique par la ville de Grande-Synthe (Nord), rejointe par plusieurs ONG, ainsi que par les villes de Grenoble et de Paris.

La décision du Conseil d’État va permettre une avancée cruciale en droit français, selon les ONG de L’Affaire du siècle. « En affirmant le caractère contraignant des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre contenus dans la loi, la plus haute juridiction administrative met l’État face à ses responsabilités dans la crise climatique. C’est une véritable révolution en droit : les lois programmatiques sur le climat ont jusqu’ici été considérées par les gouvernements et parlements successifs comme de vagues promesses. Elles font désormais peser sur l’État une obligation de résultat, et l’engagent à mettre en œuvre des mesures concrètes et efficaces pour atteindre ces objectifs. » De son côté, l’ancien ministre de la transition écologique d’Emmanuel Macron, Nicolas Hulot, a qualifié sur son compte Twitter la décision de « pas de géant ».

La justice enjoint l'État de respecter ses engagements climatiques

Grâce à cette décision, les engagements pris par le gouvernement, à travers des lois, des décrets ou des traités, deviendront contraignants. Par exemple, ceux pris lors de l’Accord de Paris. Devant les caméras du monde entier, la France et 195 autres pays ont signé le 12 décembre 2015 un texte listant une série d’objectifs à atteindre, le plus ambitieux étant de maintenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau inférieur à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, à 1,5 °C si possible. « Cette décision pose un défi au gouvernement car il aura une obligation juridique, légale, d’agir pour le climat, observe l’eurodéputée Marie Toussaint auprès de Mediapart, à l’origine de la campagne « L’Affaire du siècle ». Il faudra donc qu’il agisse de manière effective. » 

Les accords signés lors de la COP21 « renvoient à chaque État signataire le soin de prendre des mesures nationales pour assurer leur mise en œuvre », explique le Conseil d’État dans son communiqué, avant de préciser : « Néanmoins les objectifs que s’est fixés la France à ce titre doivent être lus à la lumière de ces accords afin de leur donner une pleine portée en droit français. » Cela signifie que les lois ou les décrets adoptés par la France pour respecter les engagements de l’Accord de Paris ont été transposés dans le droit français. Dès lors, ils doivent être suivis et respectés.

Le Conseil d’État constate par ailleurs l’échec de la France dans le calendrier de la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. « Pour la période 2015-2018, le plafond d’émissions prévu a sensiblement été dépassé », note l’instance. La France a seulement réalisé une baisse moyenne de ses émissions de 1 % par an alors que le plafond fixé imposait une réduction de l’ordre de 2,2 % par an. » Il ajoute que le gouvernement a revu à la baisse son objectif concernant la période 2019-2023, ce qui a eu pour conséquence de décaler la trajectoire de la diminution des émissions à l’horizon 2030. C’est pourquoi, avant de statuer définitivement sur la requête, il lui enjoint dans les trois mois de « justifier que la trajectoire de réduction à horizon 2030 pourra être respectée ».

La justice enjoint l'État de respecter ses engagements climatiques

Toutes les études actuelles montrent que la France ne respecte pas ses engagements. Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé entre 2018 et 2019, mais cette diminution n’est pas suffisante pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. « Le réchauffement climatique induit par les activités humaines continue de s’aggraver, alors que les actions climatiques de la France ne sont pas à la hauteur des enjeux ni des objectifs qu’elle s’est donnés, indique le Haut Conseil pour le climat dans son rapport annuel, publié en juillet dernier. Le gouvernement doit reprendre le cap vers la neutralité carbone. » « Le premier budget carbone n’a pas été respecté, ni globalement ni sectoriellement pour les quatre principaux secteurs qui représentent plus de 85 % des émissions, ajoute Greenpeace France dans un communiqué. La relève des budgets carbone 2019-2023 dans les décrets Stratégie nationale bas carbone (SNBC) est directement contraire à une recommandation explicite du Haut Conseil pour le climat. » 

Ces constats motivent la décision inédite de la plus haute juridiction. Si, au terme des trois mois accordés, l’État n’a pas réussi à convaincre que les mesures prises jusqu’à présent sont suffisantes pour respecter ses ambitions, il pourrait être contraint de mettre en œuvre les politiques publiques nécessaires à la protection du climat. « Cela pourrait être l’interdiction de faire gérer les tarifs SNCF par des algorithmes qui font payer les billets toujours plus cher, illustre Me Guillaume Hannotin, avocat de L’Affaire du siècle. Il faut qu’une famille avec deux enfants qui va de Paris à Nice puisse faire l’aller-retour pour 20 euros par tête, pour qu’ils ne soient pas tentés de prendre l’avion ou la voiture, qui polluent davantage mais sont moins onéreux. »

Une « décision historique »

En prenant cette décision, le Conseil d’État a considéré la requête de Grande-Synthe (Nord) comme recevable. « La commune littorale est particulièrement exposée aux effets du changement climatique », a-t-il jugé. Notamment au risque de submersion marine. Il donne ainsi raison à l’ancien maire écologiste Damien Carême, qui a engagé ce recours contre l’État en janvier 2019 pour « non-respect de ses engagements climatiques ». « J’ai attaqué l’État en disant que les habitants et les élus locaux faisaient des efforts pour réduire leurs émissions et que celui qui manquait à l’appel, c’était l’État lui-même !, explique l’eurodéputé EELV auprès de Mediapart. En faisant cela, il met en péril l’avenir de la ville, parce que “submersion marine” veut dire qu’elle serait rayée de la carte. Il met aussi en péril le bien des habitants et leur sécurité. »

Le recours de Damien Carême a ensuite été rejoint par les villes de Grenoble et de Paris. Puis par quatre organisations : Oxfam, Notre affaire à tous, Greenpeace et la Fondation Nicolas Hulot. Ce quatuor d’associations est par ailleurs à l’initiative d’une pétition baptisée « L’Affaire du siècle ». Lancée fin 2018, elle dénonce aussi l’inaction du gouvernement sur les enjeux climatiques. Elle a recueilli à ce jour plus de deux millions de signatures. 

De son côté, le ministère de la transition écologique prend acte de la décision du Conseil d’État, « qui n’est pas un jugement sur le fond mais une demande de preuves d’action ». L’entourage de Barbara Pompili explique que le gouvernement « mène une politique offensive en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Un tiers du plan France Relance, soit 30 milliards d’euros, sont consacrés à la relance verte. Le projet de loi traduisant les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, qui sera prochainement présenté, ancrera durablement la culture écologique dans le modèle français. Ces différents éléments doivent permettre à la France d’atteindre les objectifs climatiques fixés. »

L’État français n’est pas le seul exécutif européen à avoir été attaqué en justice. Aux Pays-Bas, le 20 décembre 2019, la Cour suprême a approuvé les conclusions du tribunal qui, le 24 juin 2015, a condamné l’État néerlandais à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 25 % d’ici 2020, par rapport aux niveaux de 1990. Ne pas atteindre cet objectif serait une « violation des droits des citoyens néerlandais », protégés par la Convention européenne des droits de l’homme, a conclu la justice. « Le Conseil d’État s’inscrit dans ce mouvement de justice climatique planétaire, se félicite l’ancienne ministre de l’environnement Corinne Lepage de Jacques Chirac, aujourd’hui avocate de Grande-Synthe. C’est une décision historique car on sort des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. »

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20 novembre 2020 5 20 /11 /novembre /2020 14:54

Le confinement limite l’accès à la nature. Beaucoup d’habitants n’ont pas, dans le kilomètre autour de chez eux, d’espaces verts. Les partis Europe Écologie-Les Verts (EELV) et Génération écologie, ainsi que des personnes vivant dans un lieu ne leur permettant pas l’accès à la nature pendant le confinement ont déposé mercredi 18 novembre un référé-liberté devant le Conseil d’État. D'après Marie Astier pour Reporterre et Latifa Madani pour l'Humanité le 18 novembre 2020. Lire aussi L’homme et l’arbre font sociétéDes citoyens financent des réserves de vie sauvage depuis 30 ans et La nature est un champ de bataille.

En milieu naturel ouvert, le risque de contaminatin est quasi nul. Lilian Cazabet/Hans Lucas/AFP

En milieu naturel ouvert, le risque de contaminatin est quasi nul. Lilian Cazabet/Hans Lucas/AFP

L’accès à la nature est-il une liberté fondamentale ? Le Conseil d’État devra trancher cette question soulevée dans le référé liberté déposé le 16 novembre par Europe Écologie-Les Verts, Génération écologie et des citoyens privés d’accès à tout espace vert ou naturel de taille suffisante. Ils demandent l’abrogation du décret dit 1 km-1 h, du 29 octobre, limitant à 1 km et à 1 heure le déplacement pour les promenades et l’activité physique.

Ce que dit la charte de l'environnement

Outre la liberté d’aller et venir, garantie par la Constitution, « l’accès à la nature peut être considéré comme une liberté fondamentale si on se réfère à la charte de l’environnement », estime Sébastien Mabile, du cabinet Seattle, avocat des requérants. « C’est une composante du droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé, proclamé à l’article 1 er de la charte, qui a valeur constitutionnelle », explique-t-il.

Il s’appuie pour cela sur une jurisprudence du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. En 2005, les juges administratifs avaient considéré que « en adossant à la Constitution une charte de l’environnement, le législateur a nécessairement entendu ériger le droit à l’environnement en “liberté fondamentale” de valeur constitutionnelle ».

L'enjeu de l'égalité

Le droit au respect de la vie privée familiale, reconnu par la Convention européenne des droits de l’homme (article 8), est lui aussi invoqué dans la requête au Conseil d’État. La Cour européenne l’a souvent cité dans des dossiers de pollution et d’environnement dégradé. Maître Mabile n’a pas manqué, pour blinder le référé, d’évoquer la Convention des droits de l’enfant de 1989. « On considère que le fait pour les enfants d’être privés de l’accès à des espaces verts ou naturels constitue une violation de leurs droits », assure-t-il.

L’accès à la nature ne pose pas la seule question de la liberté et des droits. Il soulève celle de l’égalité. « Ce kilomètre constitue une rupture du principe d’égalité car, pour beaucoup de Français, il n’y a pas de parcs et jardins dans ce périmètre », affirme Julien Bayou, secrétaire national d’EELV.

Des risques d'accidents

Une vingtaine de citoyens se sont joints à la requête des partis politiques devant le Conseil d’État. Ils habitent en zone périurbaine et en milieu rural. « Nous avons des témoignages qui rapportent que, depuis le confinement, il y a de plus en plus de personnes habitant des bourgs entourés de terres agricoles qui se promènent sur les bas-côtés des routes, alors qu’il y a des voies sécurisées à 5 ou 10 kilomètres, ce qui multiplie les risques d’accident et l’exposition aux pollutions », déplore Sébastien Mabile.

En Île-de-France, près de 45 000 personnes dans les Hauts-de-Seine (3 % des habitants) et 33 000 en Seine-Saint-Denis (2 %) n’auraient pas accès « légalement » à un espace de nature, indique Léa Tardieu, chercheuse spécialisée en économie de l’environnement à l’institut de recherche Inrae (le Parisien du 15 novembre). En conséquence, alors que les gestes barrières nécessitent une distanciation physique, on observe plutôt, en milieu urbain, des concentrations plus importantes dans les petits squares.

Des adaptations possibles

Un accès égal à la nature est aussi – et surtout, peut-on dire – une question de santé publique. Le risque de contamination en milieu naturel ouvert est quasiment nul alors qu’à l’inverse, la sédentarité et la privation de contact avec la nature ont des incidences négatives sur la santé physique et mentale (voir encadré).

Comment dès lors comprendre la logique du gouvernement avec son décret 1 km-1h ? À l’argument du risque d’accidents, qui satureraient encore plus nos hôpitaux, beaucoup rétorquent que le jardinage ou d’autres travaux domestiques en comportent aussi.

« Notre objectif n’est pas de casser le confinement, tous les requérants sont conscients de la nécessité des mesures sanitaires », assure Sébastien Mabile. « Nous proposons des adaptations pour concilier les intérêts des uns et des autres, comme étendre la distance limitée et restreindre la pratique des sports à risques. » Face à autant d’arguments factuels et juridiques, le Conseil d’État sera-t-il convaincu ? Depuis le début de la pandémie, l’institution saisie en référé liberté n’a pas encore invalidé de mesure gouvernementale.

Les bénéfices du contact avec la nature

Au printemps, lors du premier confinement, plusieurs pétitions réclamaient le droit à la nature. L’une d’entre elles, « Pour un accès raisonné à la nature », initiée par l’un des requérants du référé liberté, Billy Fernandez, accompagnateur en montagne, et Solène Petitdemange, médecin généraliste, avait recueilli près de 200 000 signatures. Elle démontrait, citant des études scientifiques, l’effet bénéfique du contact avec la nature et de l’activité physique sur la santé, sur le système immunitaire, sur les conduites addictives et sur la guérison.

Vivre sans la nature ?

Cynthia Fleury, philosophe : « La première vague et son confinement avaient déjà fortement fait pencher la balance, le deuxième confinement assoit l’hypothèse : quitter la capitale, aller se réfugier à la campagne, vivre plus directement avec la nature.

Avant de sauter le pas, prenons le temps de lire Éric Lambin, avec Une écologie du bonheur (le Pommier, 2020), qui s’interroge sur l’articulation vertueuse entre bonheur et nature, en se demandant si celle-ci est nécessaire à notre épanouissement humain. Conclusion sans appel : « Préserver la nature est (…) à la fois dans l’intérêt égocentrique de chacun, mais aussi dans l’intérêt anthropocentrique de l’homme, au nom de la raison morale qui lie tous les membres de l’humanité. » C’est donc la piste de la valeur instrumentale, sans nier la valeur intrinsèque de la nature, que Lambin emprunte pour essayer de transformer nos motivations en vue d’une modification comportementale et politique plus globale. Déforestation, érosion des sols, expansion agricole démesurée, perturbation du cycle de l’eau, acidification des océans, surpêche, tout cela a aussi un coût humain, en matière de santé physique et psychique, sans parler des inégalités économiques plus ou moins renforcées par des dynamiques de grande extraction des ressources naturelles. En matière de changement des comportements, la répartition se joue ainsi, sachant qu’elle peut également coexister à l’intérieur d’une même personne. Moins de 20 % des personnes sont prêtes à modifier pour des raisons éthiques leur mode de consommation et de production. Entre 20 % et 30 % des personnes sont des « free riders », des resquilleurs qui profitent du système et protègent leurs intérêts particuliers. Le « marais » ou la « plaine », aurait dit la Révolution. Le reste sont des « suiveurs » ou « coopérateurs conditionnels ». Plus vous avez dans la ligne de mire des « free riders », moins les suiveurs sont prêts à faire évoluer leur comportement vers des normes morales et sociales plus hautes.

Steven Pacala, biologiste de l’université de Princeton, a par ailleurs calculé l’impact très néfaste : en 2007, la moitié des émissions mondiales de dioxyde de carbone a pour origine seulement 7 % de la population mondiale. Lambin rappelle les facteurs liés à une existence heureuse, au nombre de cinq : la situation personnelle (santé, vie affective, loisirs, travail, mobilité), le sentiment de sécurité (peur de la criminalité, des conflits, des guerres), l’environnement social (l’appartenance à un réseau de relations, la confiance, la disponibilité d’une aide en cas de besoin), l’environnement institutionnel (les libertés, la participation politique, le bon fonctionnement de la justice) et l’environnement naturel (l’exposition au bruit et à la pollution, l’accès aux espaces naturels préservés, le sentiment de connexion à la nature). Au terme d’une enquête fouillée, la dégradation de l’environnement entraîne l’appauvrissement de l’expérience humaine et du bonheur. »

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13 novembre 2020 5 13 /11 /novembre /2020 12:56

Deux ans après la promulgation de la loi EGAlim[1], un collectif de 28 syndicats et associations publie un bilan dont le constat d’échec est sans appel : la quasi-totalité des indicateurs est au rouge et des reculs sont à noter. Presque aucune des ambitions et bonnes intentions déclarées en grande pompe n’ont été suivies d’effet. Par le Réseau Action Climat le 3 novembre 2020. Lire aussi Sans répondre à la crise sanitaire, la loi Alimentation permet à l’industrie agroalimentaire d’augmenter ses prix et Les états généraux de l’alimentation déçoivent les paysans et les écologistes.

Bilan des États Généraux de l’Alimentation, 2 ans après, la loi EGAlim définitivement à l’abandon

Deux ans après la promulgation de la loi EGAlim[1], un collectif de 28 syndicats et associations publie un bilan dont le constat d’échec est sans appel : la quasi-totalité des indicateurs est au rouge et des reculs sont à noter. Presque aucune des ambitions et bonnes intentions déclarées en grande pompe n’ont été suivies d’effet.

Cette note d’analyse dresse le bilan des États Généraux de l’Alimentation et de la loi EGAlim et prend acte de leur enterrement. Avec lui, ce sont aussi les principales ambitions du quinquennat pour la transition sociale et écologique du système agroalimentaire qui sont à la dérive. Les 28 organisations dénoncent :

  • Le revenu paysan n’est pas revalorisé, les profits de l’industrie et de la distribution continuent d’augmenter, les prix au consommateur aussi.
  • Les négociations commerciales ne sont pas plus encadrées qu’avant et subissent même des tensions croissantes.
  • Les ambitions en matière de réduction de pesticides ont été revues à la baisse, avec un recul notable : le retour des néonicotinoïdes.
  • La protection des riverains contre les pesticides n’a pas avancé, l’Etat se défausse en livrant cette protection au rapport de forces sur les territoires.
  • Les objectifs d’au moins 20 % de bio dans la restauration collective et de 15 % de surface en agriculture biologique en 2022 ne pourront être atteints faute de moyens suffisants. Nous n’en sommes respectivement qu’à 4,5% et 8,5 %.
  • Aucune transition des modes d’élevage, intégrant notamment une meilleure prise en compte du bien-être animal, n’a été sérieusement amorcée au sein des filières.
  • Enfin, la loi a laissé de côté de nombreuses questions pour lesquelles tous les indicateurs sont au rouge : climat, solidarité internationale, biodiversité, nutrition et alimentation.

Il y a un an, les mêmes organisations [2] alertaient déjà sur le manque de volonté et de moyens pour assurer la mise en œuvre d’une loi EGAlim déjà peu ambitieuse [3]. Là où nous attendions des amorces de transition, nous constatons au mieux des statuts quo, au pire de nouveaux reculs comme sur les néonicotinoïdes. Là où les réformes engagées devaient permettre de revaloriser le revenu des paysans, celui-ci continue à se dégrader au profit de l’agro-industrie. Là où des objectifs intéressants étaient fixés pour la restauration collective, ils paraissent aujourd’hui hors d’atteinte tant les collectivités sont livrées à elles-mêmes.

Or la dégradation du contexte social et environnemental se poursuit : la consommation de pesticides ne recule pas, le nombre de paysan·ne·s diminue, la biodiversité continue de s’effondrer, l’insécurité alimentaire explose en France et partout dans le monde…

D’autres leviers auraient permis de corriger le tir : projet de loi de finances, projet de loi de financement de la sécurité sociale, plan de relance, mise en œuvre des 149 mesures de la Convention citoyenne pour le climat, etc. Mais tout indique, à ce stade, que le gouvernement confortera l’immobilisme qui prévaut depuis le discours de Rungis de 2018. La position de la France dans le cadre de la réforme de la PAC et notamment le Plan Stratégique National reste un des derniers leviers les plus structurants de ce quinquennat pour agir en faveur d’une transition agroécologique. Et le plan de relance français dans son volet agricole ne doit pas, lui, aller à son encontre.

·  [1] La loi pour l’Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine, durable et accessible à tous.

·  [2] Plateforme Citoyenne pour une transition agricole et alimentaire : Attac, CCFD-Terre Solidaire, CFSI, CIWF France, Commerce Équitable France, Confédération paysanne, Foodwatch France, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, France Nature Environnement, Eau et Rivières de Bretagne, Générations Futures, Greenpeace France, Miramap, Nature et Progrès, Réseau Action Climat, Secours Catholique, Caritas France, SOL (Alternatives Agroécologiques et Solidaires), Terre & Humanisme, UFC-Que Choisir, Union Nationale de l’Apiculture Française, Welfarm, WWF.

Bilan des états généraux de l’alimentation, 2 ans après, la loi EGAlim définitivement à l’abandon

Décryptage du 30 octobre 2019 de la loi EGAlim

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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 10:29

Alors que les violences policières ont atteint un niveau alarmant en France, le gouvernement continue de se réfugier systématiquement dans le déni. Il tente aujourd’hui, avec une proposition de loi dite de “sécurité globale”, de restreindre le droit de diffuser des image des forces de l’ordre. Une menace terrible pour la liberté d'informerD'après Amnesty international le 12 novembre 2020. Lire aussi Après "StopCovid”, outil de traçage liberticide, l’état d’urgence se banalise« Dans sa réponse au coronavirus, notre exécutif survalorise la surveillance et la punition », StopCovid : notre santé est primordiale, nos libertés ne le sont pas moins, « Nous nous sommes déjà habitués à vivre sans la liberté ». et Militant = délinquant - le gouvernement utilise la lutte anti-terroriste contre les activistes du climat.

Amnesty international

Amnesty international

Ce sont pourtant des photos et des vidéos prises lors de contrôles ou de manifestations, attestées par d’autres preuves incontestables et diffusées par des médias ou des citoyens, qui permettent de documenter et révéler les violences policières, en France comme partout dans le monde. On pense bien sûr à Cédric Chouviat mais également à toutes manifestations marquées par l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre. Restreindre la diffusion d’images ne fera pas disparaitre les violences policières et contribuera à détériorer  le lien de confiance entre la police et une partie  importante de population. Cela contribuera à créer une culture de l’impunité et encouragera la poursuite de ces pratiques illégales. Le gouvernement refuse de prendre la mesure de la situation. Cette volonté de dissimulation des autorités françaises relève du déni. C’est une violence supplémentaire pour les victimes qui contribue à aggraver les tensions et les violences.

 
Amnesty international

Amnesty international

Notre campagne tourne en dérision ce déni des autorités françaises face à des images choquantes de violences qui n’auraient jamais dû avoir lieu et qui ne pourront plus  être diffusées si la proposition de loi “sécurité globale” est adoptée. Elles ne sont que quelques exemples. Notre recherche a démontré que, ces dernières années, des manifestants pacifiques ont été blessés, certains grièvement. Entre 2018 et 2019, 25 personnes ont été éborgnées et cinq ont perdu une main en manifestation. Des vidéos, analysées et authentifiées par notre organisation, ont permis de révéler que durant le premier confinement, des personnes ont été frappées ou ont subi des propos racistes ou homophobes lors d’opérations de contrôle.

Plutôt que de cacher cette réalité, il faut réformer un maintien de l’ordre à la dérive. Des LBD40 et grenades, classés armes de guerre” sont utilisés contre des manifestants pacifiques. Nous refusons de nous y habituer. Nous continuerons d’enquêter et de dénoncer l’usage illégal de la force par les forces de l’ordre. Il est temps que le gouvernement français prenne ses responsabilités et engage une réforme structurelle du maintien de l’ordre. Passer sous silence les violences policières n’est pas une réponse acceptable.  Cacher et se taire, c’est cautionner et permettre la répétition de ces violations.

Stop aux violences policières et au déni de l’État !

Nos recommandations

Nous demandons aux autorités françaises de  :  

Ne pas cacher les violences commises par les forces de l’ordre :  

Le droit de filmer et de diffuser les images des forces de l’ordre doit être protégé en France. Ce droit relève de la liberté d’informer et de la liberté d’expression. 

Garantir un maintien de l’ordre respectueux des droits humains :  

L'usage de la force ne peut être que le dernier recours et doit dans tous les cas strictement respecter les principes de nécessité et proportionnalité.  

Les autorités doivent choisir de nouvelles approches basées sur le dialogue et la désescalade.  

Un organe indépendant chargé d’enquêter sur les allégations de violences policières doit être créé.  

Prendre des mesures immédiates à propos de certaines armes et techniques : 

Suspension du LBD-40 dans les opérations du maintien de l'ordre  

Interdiction des grenades de désencerclement  

Suspension de la technique dite du plaquage ventral  

Interdiction de l'utilisation du Taser en « mode contact ». 

Agir maintenant
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Les Lilas Ecologie en campagne

Le gouvernement abandonne Europacity, pas l’artificialisation des terres agricoles

Il faut stopper EuropaCity - marche citoyenne de Gonesse à Matignon 4 et 5 octobre

Aux Lilas, les citoyens s’unissent pour produire de l’électricité verte

Les promoteurs, les arbres et la cité - lettre ouverte à BNP Paribas

Toxic Tour de Pantin à Romainville dimanche 16 juin 2019

Une Biorégion Ile-de-France résiliente en 2050

Merci aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens qui ont voté " Pour le climat, tout doit changer ! "

Pollution de l’air dans les écoles et crèches franciliennes

Volonté politique de créer une régie publique de l’eau à Est Ensemble, mythe ou réalité ?

À la base … un revenu ?

Balade naturaliste Parcs de la Corniche des Forts et abords de la forêt de Romainville le 9 mars 2019 à 11h

La forêt de Romainville, un enjeu écologique et politique

La Forêt passe à l'attaque !

Plâtre et béton sur la Corniche

Agir ensemble pour les Coquelicots le 7 décembre

Marche pour le climat, Défendons la forêt de la Corniche des Forts

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre

Les amis des coquelicots étaient bienvenus...

Amis des coquelicots, agissons ensemble vendredi 5 octobre à 18H30

La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

Un coup de pouce Vert pour les Électrons solaires ! 

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence - du 10 au 18 mars aux Lilas

En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe...

Le Syctom a organisé une concertation réservée aux sachants – et après ?

Une enquête publique sur le PLU des Lilas… qui change la donne !

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

L’eau publique, c’est maintenant !

L’Ouest de la Seine Saint-Denis se mobilise pour la création d’un service public de l’eau

Romainville : le Syctom lance une concertation préalable pour la modernisation du centre de transfert et de tri des déchets

Que sont ces CSR - Combustibles Solides de Récupération - qu’on veut brûler à Romainville ?

Ces parents qui mijotent une cantine publique

De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À Romainville contre l’incinération

Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre

Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas