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3 septembre 2018 1 03 /09 /septembre /2018 11:05

Les dégâts environnementaux infligés par l’homme sont irréversibles, alertent Gerald Markowitz et David Rosner, deux historiens des sciences américains. Gerald Markowitz (John Jay College of Criminal Justice) et David Rosner (université Columbia à New York), historiens des sciences, ont consacré toute leur carrière à l’étude des pollutions industrielles, notamment le plomb et les polychlorobiphényles. En janvier, les deux Américains ont mis en ligne des milliers de documents internes de firmes (« Toxic Docs ») qui dévoilent les stratégies des industriels pour dissimuler ces crimes environnementaux. Ils lancent une mise en garde sur les conséquences tragiques de notre usage de la planète dans cette tribune publiée par Le Monde le 1er septembre 2018. Lire aussi « Vers une planète sans pollution » : les Nations Unies proposent 50 mesures urgentes, La pollution, responsable de 9 millions de morts dans le monde par an et Les océans pollués par des particules invisibles de plastique.

Le canal qui se jette dans la rivière Buriganga, à Dacca, au Bangladesh, un amoncellement de déchets qui empêchent l’eau de couler. Photo Gaël Turine

Le canal qui se jette dans la rivière Buriganga, à Dacca, au Bangladesh, un amoncellement de déchets qui empêchent l’eau de couler. Photo Gaël Turine

La planète est un endroit remarquablement résilient. Au fil des siècles, l’homme en a détruit les forêts naturelles, brûlé les sols et pollué les eaux pour finalement constater que, dans l’ensemble, la planète s’en remettait. Longtemps, les villes se débarrassaient de leurs déchets dans les rivières, tandis que les premières usines construites le long de leurs rives disposaient de ces cours d’eau comme de leurs propres égouts ; autrefois sans vie, ces rivières peuvent retrouver une vie foisonnante pour peu qu’on leur en laisse le temps.

Ceux d’entre nous qui ont atteint un certain âge et ont grandi à New York se souviennent sans doute des bancs de poissons morts qui venaient s’échouer sur les rives de notre fleuve Hudson, zone morte il y a peu encore, et aujourd’hui si belle. Les forêts, rasées pour laisser place à des champs, reviendront vite une fois l’homme parti. Il suffit de se promener dans les bois verdoyants de la Nouvelle-Angleterre et d’imaginer, comme le poète Robert Frost, être les premiers à s’émerveiller de leur beauté pour tomber aussitôt sur des ruines des murets de pierre qui clôturaient autrefois les pâturages.

C’est alors seulement que nous en prenons conscience : ces arbres sont encore jeunes, et, il n’y a pas si longtemps, l’homme dénudait ces terres pour y développer pâturages et cultures. Nous nous sommes consolés en pensant que l’on pouvait gommer les atteintes que nous infligeons à l’environnement et que la nature pouvait guérir, à condition de la laisser en paix et de mettre fin à nos comportements destructeurs.

Mais une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher. Et de plus en plus, cette réalité met au défi ce réconfort sur lequel nous nous étions reposés. Au cours du XXe siècle, nous avons non seulement modifié la surface de la Terre pour satisfaire notre dessein, mais nous l’avons fait de manière irréversible, au point qu’elle pourrait menacer notre existence même. Nous avons créé des environnements toxiques en faisant usage de technologies inédites et de matériaux de synthèse que la planète n’avait jamais connus.

Au début du XXe siècle, des usines gigantesques employant des dizaines de milliers d’ouvriers ont remplacé la fabrication à domicile et les artisans qualifiés pour devenir les lieux de production de nos vêtements, de nos chaussures et d’une myriade d’objets de consommation. La quasi-totalité des objets de notre quotidien provient de ces usines, depuis les plaques de plâtre jusqu’aux revêtements de toit et de sol en passant par nos ordinateurs ou nos environnements de travail. Dans notre cadre de vie, il n’y a rien, ou presque, qui ne sorte pas d’une usine.

Nous savons depuis longtemps que nombre de ces matériaux sont toxiques et peuvent détruire des vies. Si la nature peut se régénérer, certaines de ces substances toxiques tuent des travailleurs qui, eux, ne peuvent pas reprendre leurs vies : dans l’industrie, les ouvriers sont frappés depuis plus de deux siècles par ce fléau qu’est l’empoisonnement au plomb contenu dans les pigments des peintures ; on sait depuis le début du XXe siècle que le mercure tue les travailleurs ; et la poussière de charbon est identifiée comme cause de cancer du scrotum depuis l’époque de William Blake [artiste britannique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle].

Mais les matériaux que nous fabriquons en usine n’ont plus rien à voir avec les produits naturels dont ils sont dérivés. Ils sont à l’origine de maladies nouvelles et de dangers auparavant inconnus. Ce sont les ouvriers qui, pour l’essentiel, ont payé le prix de la découverte de ces maladies : angiosarcome du foie causé par l’exposition au chlorure de vinyle monomère, élément constitutif des plastiques PVC ; mésothéliome causé par l’inhalation de poussière d’amiante ; leucémies causées par l’exposition au benzène et à d’autres hydrocarbures aromatiques.

Nous avons toujours sacrifié les travailleurs, victimes d’accidents industriels et de produits chimiques toxiques, mais aujourd’hui nous sommes peut-être confrontés au sacrifice de l’ensemble de la population. Plastiques et produits chimiques : des produits de synthèse que ni l’être humain ni la planète n’avaient côtoyés avant le XXe siècle sont maintenant déversés en permanence sur nos sols, dans les océans et dans l’air. Ces polluants provoquent des maladies, anéantissent les espèces et mettent l’environnement en danger.

A Anniston (Alabama), en mai. Monsanto Road longe l’usine et la décharge à ciel ouvert dans laquelle la firme américaine a déversé des milliers de tonnes de produits toxiques. Photo Samuel Bollendorff.

A Anniston (Alabama), en mai. Monsanto Road longe l’usine et la décharge à ciel ouvert dans laquelle la firme américaine a déversé des milliers de tonnes de produits toxiques. Photo Samuel Bollendorff.

Dans les années 1980, les scientifiques ont identifié les impacts environnementaux majeurs de cette cupidité : pluies acides menaçant nos forêts, trous de la couche d’ozone laissant les rayonnements dangereux atteindre la surface de la Terre. Nous avons permis aux industriels de faire usage de notre monde comme de leur décharge privée et la source de leurs profits au point de menacer l’existence même de la vie telle que nous la connaissons. Des espèces disparaissent à un rythme inédit ; les températures moyennes augmentent sur toute la planète, entraînant guerres, famines et migrations de masse.

Nous avons accepté que les ouvriers et le reste de la population soient les principales victimes de cette cupidité, mais nous risquons désormais d’accepter que des régions entières deviennent inhabitables. Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon) sont sans doute les cas les plus connus. Mais le péril, en Europe et aux Etats-Unis, n’est plus un secret : Anniston (Alabama), Dzerjinsk (Russie), les océans et d’autres endroits à travers le monde sont pratiquement devenus des zones mortes où les produits industriels ont endommagé l’environnement de manière irrémédiable.

Alors que nous observons les effets du réchauffement climatique submerger les nations, de nouvelles questions, d’ordre plus existentiel, surgissent aujourd’hui. Nous produisons des matériaux « contre nature » pour l’être humain et la planète ; leurs conséquences sont irréversibles et rendent la vie impossible pour des millions de personnes. Nous sommes en train d’engendrer un monde dystopique où seuls les puissants et les riches seront en mesure de survivre, cloîtrés derrière les murs de leurs enclaves privilégiées. La planète est certes résiliente : elle continuera de tourner sur son axe et d’accueillir la vie. Mais que cette vie prenne la forme d’êtres humains, rien n’est moins sûr.

(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

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1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 09:08

Les enjeux sont immenses : il s’agit de doter d’un cadre juridique la conservation de la biodiversité marine. D’après l’Institut Paul Ricard, Libération et Le Monde le 31 août 2018. Lire aussi La pêche industrielle exploite plus de la moitié de la surface des océans, Les océans pollués par des particules invisibles de plastique, La pollution chimique gagne les abysses, Les mystérieux canyons sous-marins, trésors en péril et Les zones mortes se multiplient dans les océans.

Une sculpture de baleine, faite de cinq tonnes de déchets plastique pêchés dans le Pacifique, à Bruges, en Belgique, le 14 juillet. JOHN THYS / AFP

Une sculpture de baleine, faite de cinq tonnes de déchets plastique pêchés dans le Pacifique, à Bruges, en Belgique, le 14 juillet. JOHN THYS / AFP

Elle n’appartient – encore – à personne, mais suscite bien des convoitises. La haute mer recouvre près de la moitié de la planète, constitue près des deux tiers de l’océan mondial, qui lui-même produit une bonne partie de notre oxygène et l’essentiel des protéines de populations entières, et recèle des ressources biologiques ignorées. Et pourtant, la haute mer ne bénéficie jusqu’à présent d’aucune protection ou presque.

Voilà dix ans qu’est débattue l’idée de doter d’un cadre juridique les eaux internationales – c’est-à-dire l’immensité située au-delà des zones économiques exclusives (ZEE) régies par les pays côtiers. Ce dossier, très sensible, aurait pu se perdre dans les méandres de l’actualité diplomatique mondiale ; il a pourtant fini par aboutir à l’ouverture officielle de négociations sous l’égide des Nations unies.

Une première session de discussion est programmée du 4 au 17 septembre. L’objectif est de parvenir d’ici à 2020 à établir « un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales ». Au ministère des affaires étrangères, on fait remarquer que le seul grand accord international actuellement en gestation à l’ONU a donc trait à l’océan.

Brevets à foison

Une autre façon de présenter la haute mer consiste à rappeler qu’elle représente 95 % de l’espace habité par des formes de vie sur cette planète. Et il serait étonnant que l’homme n’y trouve pas quelques ressources à puiser en plus des richesses halieutiques qu’il y prélève déjà sans ménagement.

La protection ou l’exploitation de la haute mer se négocie à l’ONU

Des chercheurs du Centre universitaire de résilience et de l’Académie royale des sciences de Stockholm ainsi que de l’université de Colombie britannique, au Canada, ont créé une base de données avec 13 000 séquences génétiques provenant de 862 espèces marines (plancton, mollusques, poissons) associées à un brevet, parmi les 38 millions collectés depuis trente ans. Ils rapportent, dans la revue Science Advances du 6 juin, que 84 % de ces brevets ont été déposés par des entreprises. Pharmacie, chimie, agroalimentaire, cosmétique, biocarburants : malgré des coûts élevés, 221 groupes se sont lancés dans ces recherches. Ils sont pour la plupart américains, japonais et surtout allemands. Le groupe BASF aurait en effet déposé près de la moitié (47 %) de ces brevets.

« Pour un séquençage ADN, il n’est même plus indispensable de disposer du poisson lui-même, il suffit de recueillir l’eau dans laquelle il s’est trouvé », a précisé Françoise Gaill, coordinatrice du comité scientifique de la plate-forme Océan et climat, à l’occasion d’une conférence sur les enjeux de la haute mer organisée à la Maison des océans, à Paris, le 21 juin. Le marché des ressources marines pourrait évoluer vite. Or « 193 pays n’ont rien déposé du tout… », a fait remarquer la biologiste.

Les organismes vivant près des sources hydrothermales intéressent particulièrement la recherche pour leurs capacités à s’adapter à la pression, la chaleur extrême, l’acidité ou l’absence de lumière. Or ces formations se trouvent précisément en haute mer, où pour le moment, la seule règle est celle du premier arrivé, premier servi.

Le principe est à peu près le même pour la pêche à quelques exceptions près, comme la chasse à la baleine. La préservation de certains grands migrateurs, notamment les thons, est censée être assurée par des organisations régionales de gestion de la pêche, mais ils sont en réalité majoritairement surexploités. Actuellement, environ 6 % de la totalité de la pêche mondiale est réalisée au-delà des zones économiques exclusives, ce qui représente 8 % des revenus du secteur, selon une étude émanant de plusieurs universités américaines, canadienne et australienne, publiée elle aussi dans Science Advances du 6 juin.

Partage des connaissances

La Chine, avec cinq autres pays (Taïwan, Japon, Indonésie, Espagne et Corée du Sud), capte la majorité de cette manne. La pêche si loin des côtes coûte très cher. Le secteur ne tiendrait pas s’il n’était soutenu à plus de 50 % par des subventions, indique Rashid Sumaila de l’université de Colombie britannique, l’un des auteurs de cette étude. Peu de revenus, beaucoup de dégâts parmi des espèces peu nombreuses qui se reproduisent extrêmement lentement. « Pourquoi continuer ?, interroge-t-il. Fermer la haute mer à la pêche permettrait aux stocks de poissons de se renouveler et serait tout bénéfice, écologiquement et socialement, pour des populations du Bangladesh ou de Guinée Bissau. »

Prudemment, les négociateurs ont jusqu’à présent écarté ce dossier des discussions préalables. Le poisson y figure en tant que ressource génétique, mais pas halieutique. Paradoxalement, la question des aires marines protégées (AMP) est, elle, bien inscrite au programme de l’ONU. Mais si le futur accord décide qu’il est possible de préserver une zone de reproduction ou de migration de la faune marine au milieu du Pacifique ou de l’Atlantique, qui la surveillera ?

Outre la question des zones de conservation et celle des ressources génétiques, le partage des connaissances, qui ne devraient pas manquer de se développer à l’avenir, est inscrit au programme des négociations. Les pays en développement y tiennent beaucoup, certains encourageant la reconnaissance de la haute mer comme « patrimoine de l’humanité » – on se dirigerait plutôt vers la notion, plus floue, de « bien commun ».

Enfin, le quatrième chapitre porte sur l’instauration d’études d’impact pour tout chantier dans les eaux internationales, au-delà de certains seuils à définir. Car la haute mer n’est plus un espace à l’abri des activités humaines. Traversée de milliers de kilomètres de câbles sous-marins, sillonnée par les cargos géants – 80 % du transport maritime emprunte ses routes de navigation –, elle nourrit des projets de toutes sortes dans le secteur des énergies renouvelables, de l’aquaculture, de la géo-ingénierie, sans parler des industries d’extraction qui s’intéressent, elles, à ses grands fonds. Cette future activité dépend de l’Autorité internationale des fonds marins qui siège à Kingston, en Jamaïque.

Régulation du climat

Faute de consensus entre les Etats pour établir un traité international à part entière, le projet d’instrument juridiquement contraignant, s’il aboutit, devrait prendre la forme d’un complément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, dite « de Montego Bay », adoptée en 1982 après des décennies de discussion. A la sortie des années 1970, les menaces qui pesaient sur la santé de l’océan mondial n’étaient pas perçues avec la même acuité et n’avaient pas la même ampleur, en dehors des pollutions dues aux marées noires, et la Convention ne s’intéresse quasiment pas aux risques environnementaux.

Certains protagonistes dont l’Union européenne, la France en particulier, voudraient saisir l’occasion onusienne pour voir reconnu le rôle fondamental de l’océan dans la régulation du climat de la Terre. A l’été 2017, l’administration Trump a fait savoir qu’il n’était pas question pour elle de signer une telle déclaration. Les Etats-Unis n’ont d’ailleurs jamais ratifié la convention de Montego Bay.

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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 11:43

D’après l’ONU, les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre pris jusqu’à présent par les Etats signataires de l’accord de Paris conduiraient à un monde à + 3°C. Dans un rapport publié début août, des chercheurs internationaux préviennent que si la Terre connaît une hausse de deux degrés dans les prochaines décennies, elle pourrait arriver à un point de rupture aux conséquences nombreuses. Des mises en garde qui acte l’urgence de la situation que dénonce Nicolas Hulot, et devrait inciter les pays à agir radicalement. D’après Le Monde et Libération, août 2018. Lire aussi Des citoyens attaquent en justice l’Europe pour son échec à les protéger contre le réchauffement climatique, 15 jours de négociations climatiques à Bonn se concluent sans « mode d’emploi » commun pour appliquer l’accord de Paris, 2018 : les vrais chiffres des financements climat et « La nature face au choc climatique » : la moitié des espèces des régions les plus riches en biodiversité menacées d’extinctions.

Le dérèglement climatique risque de transformer la Terre en « étuve »

Jamais, au cours des quinze mois de vaine tentative de mutation écologique de l’appareil d’Etat français par Nicolas Hulot, autant de rapports alarmistes n’ont décrété avec une telle virulence l’état d’urgence climatique et environnementale de la planète. Une accumulation de signaux d’alarme appelant à un sursaut radical qui, sans aucun doute, a pesé lourd dans la décision de l’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire, frustré de s’« accommoder des petits pas alors que la situation mérite qu’on change d’échelle ».

Dernière en date, une étude publiée le 6 août par la revue Proceedings of the National Academy of Sciences met en garde sur « une réaction en chaîne incontrôlable », un « basculement irréversible ». Et prédit « des endroits inhabitables sur la Terre ». Elle prévient : « Les décisions des dix à vingt prochaines années vont déterminer la trajectoire du monde pour les 10 000 années suivantes… » Intitulée « Trajectoires du système Terre dans l’anthropocène », elle a inspiré Hulot mardi lorsqu’il a évoqué à deux reprises la Terre « étuve ».

Collapsologie délirante, quarante-six ans après le rapport Meadows sur les Limites à la croissance rédigé par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology pour le Club de Rome ? Non, simples projections de climatologues dont les modèles montrent que le climat change plus, et plus vite que prévu. Moins d’une semaine plus tôt, 500 scientifiques de 65 pays s’inquiétaient ainsi de la hausse rapide du niveau des océans - 7,7 centimètres entre 1993 et 2017 -, de l’acidification des eaux qui détruit à certains endroits jusqu’à 95 % des coraux au large de l’Australie et de la multiplication des cyclones tropicaux.

Auteur du discours prononcé par Jacques Chirac au Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002 dans lequel il prophétisait « notre maison brûle et nous regardons ailleurs », Hulot découvre de l’intérieur les gouvernements pyromanes et leur incapacité à changer d’ambitions, de système de pensée comme de production, alors que la planète danse au-dessus d’un précipice. Emmanuel Macron a d’ailleurs avoué son impuissance en décembre, lors du One Planet Summit : « On ne va pas assez vite et c’est ça le drame. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. »

Un rapport spécial du GIEC

On ne pourra pas dire que ce n’est pas la faute de l’humain-prédateur. Une enquête parue en juillet chiffre à seulement 0,001 % la probabilité que l’homme ne soit pas responsable, au moins en partie, du changement climatique. Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) l’évaluait jusqu’alors à 5 %.

En juin, il a d’ailleurs transmis aux Etats ses conclusions d’un rapport spécial qui doit être dévoilé en octobre, mais dont une version préliminaire a fuité. Alors que l’accord de Paris sur le climat de 2015 vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle d’ici à 2100, ce seuil pourrait être dépassé dès 2040. La raison : au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, la température augmente d’environ 0,17°C par décennie. Et l’inversion de la courbe du CO2 ne se profile toujours pas. Elle a atteint un record en 2017. Sa croissance a même été multipliée par quatre depuis le début des années 60. Pire : « Les engagements de réduction pris jusqu’à présent par les Etats signataires conduiraient à un monde à + 3°C, déplorait en mai la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa. Le laps de temps qui nous est imparti pour s’attaquer au changement climatique arrive bientôt à échéance. »

Hulot le sait bien, lui qui a pourtant dû se battre pour interdire le glyphosate dans trois ans au lieu de cinq ou avaler la fin des subventions pour les vélos électriques… Comme il sait bien qu’un dépassement de 1,5°C aurait des conséquences irréversibles sur la survie des espèces et des écosystèmes, sur l’accès à l’eau ou aux terres arables, comme sur les migrations climatiques déjà évaluées à 250 millions de personnes d’ici à 2050. Ajoutée à la démographie galopante (la planète a gonflé de 2 milliards d’habitants depuis 1992), la pression sur les ressources naturelles est en effet sans précédent.

Dépassements

Un rapide coup de loupe sur les six derniers mois. En mars, le CNRS s’inquiète du « déclin massif » des insectes en France et de la disparition des oiseaux à « une vitesse vertigineuse » en raison de l’intensification des pratiques agricoles. Neuf mois plus tôt, une enquête rappelait que la disparition d’espèces a été multipliée par 100 depuis 1900. Avril : le Pakistan enregistre un record mondial de température mensuelle de 50,2°C. Mai : la concentration moyenne de CO2 atteint 410 parties par million, 46 % de plus qu’en 1880. Juin : le Centre commun de recherche de l’UE assure que la désertification frappe 7 % du continent, que trois quarts des terres de la planète seraient dégradées et que 90 % pourraient le devenir d’ici à 2050. Juillet : la Suède, la Californie et même l’Arctique subissent des incendies records ; la canicule embrase l’Europe ; la Colombie a perdu un cinquième de ses glaciers en sept ans. Août : le jour du dépassement, qui marque le moment de l’année où la Terre a consommé plus de ressources naturelles que la planète ne lui permet, tombe le 1er du mois ; le Kerala en Inde connaît une mousson sans précédent, au moins 445 morts, 1 million de déplacés… En novembre, plus de 15 000 scientifiques prévenaient, vingt-cinq ans après un appel de 1 700 chercheurs: « Non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés. » Et d’ajouter : « Nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement, ou en tout cas se trouver au bord de l’extinction d’ici à la fin du siècle. »

James Ephraim Lovelock, théoricien de l’Hypothèse Gaïa selon laquelle l’ensemble des êtres vivants sur Terre formerait ainsi un vaste super organisme, écrivait en 2006 : « Notre avenir est semblable à celui des passagers d’un petit bateau qui naviguerait tranquillement vers les chutes du Niagara, sans savoir que les moteurs sont sur le point de tomber en panne. » A 99 ans, ce Britannique a depuis longtemps prédit qu’avant la fin du siècle 80 % de la population de la planète aura disparu. L’enquête du 6 août abonde dans son sens.

Hulot a, lui, décidé, de quitter le radeau gouvernemental. Pour tenter de regagner les rives des mobilisations citoyennes globales, seules capables de faire bouger les choses, bousculer la myopie politique des démocraties occidentales ? « On est à un point de rupture psychique et physique du monde », disait-il préparant la COP 21 il y a trois ans. Ajoutant, prémonitoire : « Si les politiques n’ouvrent pas le chemin à Paris, les peuples se fraieront une voie. »

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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 09:19

Dans quelle mesure les paradis fiscaux participent-ils à la destruction d’espaces naturels ? Plusieurs chercheurs du Centre sur la résilience de Stockholm, de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam, sous la direction de Victor Galaz, ont creusé le sujet pendant trois ans. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature Ecology and Evolution. D'après Le Monde et Libération, août 2018. Lire aussi Évasion fiscale : le casse permanent - Une semaine contre les paradis fiscaux.

La déforestation de l'Amazonie fait partie des secteurs étudiés par le Centre pour la résilience de Stockholm. Photo Carl de Souza. AFP

La déforestation de l'Amazonie fait partie des secteurs étudiés par le Centre pour la résilience de Stockholm. Photo Carl de Souza. AFP

Les « Panama Papers » et autres « Paradise Papers » – ces fuites de documents confidentiels qui, passés au crible par le Consortium international des journalistes d’investigation, ont, en 2016 et 2017, braqué les projecteurs sur le système tentaculaire des sociétés offshore et des paradis fiscaux – ont surtout été analysés sous l’angle économique, politique ou social. Mais leurs possibles implications environnementales sont restées dans l’ombre. C’est sur ce volet qu’une étude publiée lundi 13 août dans la revue Nature Ecology & Evolution, apporte un éclairage inédit.

Ce travail a été mené par des chercheurs de l’université de Stockholm (Suède), de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas), sous la direction de Victor Galaz, directeur adjoint du Stockholm Resilience Centre. Ils se sont intéressés à des activités économiques prédatrices de ressources naturelles. D’une part, la pêche industrielle qui, à l’échelle mondiale, épuise les stocks de poissons - dont ils ont ciblé le volet illégal -. D’autre part, les filières du soja et de la viande de bœuf qui, au Brésil, contribuent massivement à la déforestation de l’Amazonie.

En consultant les données les plus récentes, datant de septembre 2017, de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), ainsi que les registres d’organismes régionaux, ils ont établi que sur 209 navires impliqués dans des activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (« illegal, unreported and unregulated fishing »), 70 % étaient enregistrés, ou l’avaient été, dans un pays répertorié comme un paradis fiscal. En tête de liste arrivent le Belize et la République du Panama, suivis de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Costa Rica, des Seychelles et de la Dominique.

Le nombre de bateaux concernés – 146 – peut paraître faible. Mais il reste vraisemblable que le gros de la pêche illégale échappe à la surveillance d’Interpol et que le chiffre réel se révèle donc très supérieur. En outre, les chercheurs soulignent que, parmi les près de 258 000 navires de pêche en situation régulière recensés, sur tous les océans du globe par la base de données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un peu plus de 4 % seulement sont sous pavillon d’un paradis fiscal. C’est donc la forte propension des armateurs de bateaux aux pratiques illicites à se faire enregistrer dans un Etat à la fiscalité opaque qui, à leurs yeux, pose question.

S’agissant cette fois de la filière agro-industrielle brésilienne, les chercheurs ont épluché les données publiques de la Banque centrale du Brésil, sur la période d’octobre 2000 à août 2011, date à laquelle elles n’ont plus été accessibles. Ils se sont focalisés sur les neuf plus grandes multinationales intervenant dans le secteur du soja (cultivé dans ce pays sur 35 millions d’hectares) et de la viande bovine (dont le Brésil est le premier exportateur mondial, avec 23 millions de têtes abattues en 2017). Ces deux activités qui parfois gagnent des terrains au prix de brutalité et de destruction d’espaces forestiers, sont en partie liées, les tourteaux de soja servant à nourrir le cheptel.

Il apparaît que 68 % des capitaux étrangers investis dans ces sociétés entre 2000 et 2011, soit 18,4 milliards de dollars (16 milliards d’euros), ont été transférés par le biais d’un ou plusieurs paradis fiscaux, principalement les îles Caïman (Royaume-Uni), les Bahamas et les Antilles néerlandaises. L’article ne cite pas les entreprises concernées, les auteurs voulant pointer l’absence de transparence des réseaux de financement plutôt que montrer du doigt tel ou tel groupe agroalimentaire.

Quelles conclusions tirer de cette étude ? « Il est impossible d’établir une relation de causalité directe entre paradis fiscaux et dégradation environnementale, conduisant dans un cas à plus de surpêche, dans l’autre à davantage de déforestation, commente Jean-Baptiste Jouffray, doctorant au Stockholm Resilience Centre et cosignataire de la publication. Nous mettons simplement en évidence, pour la première fois dans un article scientifique, un lien entre des pays où les pratiques fiscales sont frappées du sceau du secret et des activités économiques préjudiciables aux écosystèmes. »

Ce travail, ajoute-t-il, est « un appel à une prise de conscience politique de la nécessité d’ajouter la dimension environnementale aux débats sur les paradis fiscaux ». Les capitaux transitant par ces pays favorisent-ils le prélèvement de ressources naturelles ? Aident-ils à contourner les législations environnementales ? Les pertes de recettes publiques dues à l’évasion fiscale amputent-elles la capacité des Etats à agir pour protéger la nature ? Ces mêmes pertes ne constituent-elles pas des subventions indirectes à des activités nocives pour l’environnement ?

Autant de questions qui, pour les auteurs de l’étude, doivent être traitées « si l’on veut atteindre les objectifs de développement durables des Nations unies ». Paradis fiscal, enfer écologique ?

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22 août 2018 3 22 /08 /août /2018 15:01

Etienne Balibar, philosophe, professeur émérite à l’Université de Paris-Ouest, s’insurge contre les violences faites aux migrants, « que l’histoire jugera sans doute criminelles ». Cette tribune publiée dans Le Monde du 16 août 2018, reprend et précise des idées que le philosophe a développées le 13 juillet à Saorge (Alpes-Maritimes), dans le cadre du festival des Passeurs d’humanité de la vallée de la Roya. Lire aussi Créons un groupe international d’experts sur les migrations et l’asile et Les Etats Généraux des Migrations parrainent la Marche Solidaire.

25 juin 2018, Porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, sur des murs désaffectés contre lesquels dorment des réfugiés, un dessin de Bansky interpelle, avant d'être dégradé quelques jours plus tard.

25 juin 2018, Porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, sur des murs désaffectés contre lesquels dorment des réfugiés, un dessin de Bansky interpelle, avant d'être dégradé quelques jours plus tard.

En Méditerranée, la situation ne cesse de se tendre. Une hécatombe quotidienne, en partie dissimulée. Des Etats instituant ou tolérant des pratiques d’élimination que l’histoire jugera sans doute criminelles. Entre les deux, des initiatives incarnant l’effort de solidarité de la « société civile » : villes refuges, « passeurs d’humanité », navires de sauvetage trop souvent contraints à la guérilla contre l’hostilité des pouvoirs publics.

Cette situation n’est pas sans analogues dans le monde. Mais pour nous, citoyens d’Europe, elle revêt une signification et une urgence particulières. Elle appelle une refonte du droit international, orientée vers la reconnaissance de l’hospitalité comme « droit fondamental » imposant ses obligations aux Etats, dont la portée soit au moins égale à celle des grandes proclamations de l’après-guerre (1945, 1948, 1951). Il faut donc en discuter.

Et d’abord, de qui parlons-nous : de « réfugiés », de « migrants », ou d’une autre catégorie qui les englobe ? Ces distinctions, on le sait, sont au cœur des pratiques administratives et de leur contestation. Mais surtout, de la façon dont nous nommons les humains qu’il s’agit de protéger ou de contraindre dépend aussi le type de droits que nous leur reconnaissons, et la façon dont nous qualifions le fait de les en priver.

Le terme auquel je pense est celui d’errants. Il me conduit à parler d’errance migratoire ou de migrance plutôt que de « migration ». Le droit international de l’hospitalité doit s’adresser aux errants de notre société mondialisée, refléter les caractères de l’errance migratoire comme telle, en particulier du fait des violences qui se concentrent sur son parcours.

Les Etats transforment des migrants en réfugiés sans refuge

Plusieurs arguments iraient dans ce sens. D’abord, l’obsession pour le refoulement de l’immigration dite clandestine et l’identification des « faux réfugiés » a fini par produire un « retournement du droit de l’asile » (Jérôme Valluy, politologue).

Les gouvernements utilisent la catégorie de « réfugié » non pour organiser l’accueil des individus fuyant la cruauté de leur existence, mais pour délégitimer quiconque ne correspond pas à certains critères formels ou ne sait pas bien répondre à un interrogatoire. Ceci ne serait pas possible, cependant, si les critères officiels n’étaient pas extraordinairement restrictifs, de façon à disjoindre l’obtention du statut de réfugié et le droit de circulation, tout en plaçant la souveraineté des Etats hors d’atteinte d’une véritable contestation.

Aussi ne font-ils aucune place aux conditions de guerre civile ou de guerre économique, dictature ou restriction de la démocratie, catastrophe environnementale qui sont aujourd’hui à la racine des errances. De plus, en déniant ces réalités en même temps qu’ils font violence à ceux qui les vivent, les Etats transforment à leur tour des masses de migrants en réfugiés sans refuge, pourchassés d’un campement à l’autre. Ce sont les usages (et mésusages) de la distinction qui nous obligent aujourd’hui à repenser le problème, pour lui apporter une solution qui passe aussi par le droit.

« Le principe des principes, c’est que les migrants en situation d’errance jouissent de droits opposables aux lois et règlements étatiques »

Les discussions montrent toutefois qu’elle peut chercher à se justifier diversement. Une conception humaniste posera que la liberté de circulation est un des droits de l’homme, aussi fondamental que la liberté d’expression ou l’habeas corpus. Elle exigera que les Etats lui fassent le moins d’obstacles possible. Une conception libérale exprimera la même exigence en termes de « laissez-passer », valant pour les hommes aussi bien que pour les marchandises, les capitaux ou les informations. Dans ses variantes égalitaires, elle insistera sur l’injustice qu’il y a à réserver le droit de changer de résidence aux individus puissants et fortunés, en excluant les pauvres et les exploités.

Ces raisonnements ne manquent ni de force ni de fondement, mais ne me semblent pas affronter la spécificité de la migrance contemporaine, parce qu’ils neutralisent le choc des situations de détresse et des interventions étatiques qui les visent.

Beaucoup plus pertinente me semble l’application rigoureuse des notions contenues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme à propos de la circulation, de la résidence et de l’asile : d’une part en raison de sa logique consistant à corréler des droits de signe contraire (comme le droit d’émigrer et le droit au retour), d’autre part en raison de son souci d’éviter la formation d’individus privés de droits ou de non-personnes.

Leur grande limitation, c’est qu’elles font de l’appartenance nationale et de la souveraineté territoriale l’horizon absolu des dispositifs de protection des personnes, alors que, dans la situation actuelle, la nécessité criante est de limiter l’arbitraire des Etats, en leur opposant des contre-pouvoirs légitimes internationalement reconnus.

C’est pourquoi je suggère de passer au-delà de ces textes en donnant corps à un droit de l’hospitalité, dont le principe est que les errants (et ceux qui leur portent secours) peuvent obliger l’Etat « souverain » lui-même, de façon que leur dignité et leur sécurité ne soient pas, comme aujourd’hui, systématiquement foulées aux pieds.

Des droits opposables aux lois et règlements étatiques

Il n’en est pas moins nécessaire de se rattacher ici à l’une des formules clés de 1948 : « Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique » (article 6 de la Déclaration universelle). En tous lieux veut dire même dans un office d’immigration, dans le cadre d’un contrôle frontalier, dans un camp de réfugiés, et si possible dans le fond d’un radeau pneumatique dérivant en haute mer…

Là où il faut demander à une autorité de remplir ses obligations, mais aussi là où il faut lui résister, en raison de sa tendance propre à sacrifier les droits humains à des exigences sécuritaires, voire identitaires.

Le principe des principes, c’est que les migrants en situation d’errance jouissent de droits opposables aux lois et règlements étatiques, ce qui implique aussi qu’ils puissent se défendre ou être représentés devant des juridictions ad hoc ou de droit commun.

De ce principe découleraient plusieurs ordres de conséquences. En tout premier lieu, l’interdiction de refoulement : non seulement les errants ne peuvent pas être violemment écartés d’une frontière ou d’une côte, mais ils doivent pouvoir exprimer leurs besoins dans des conditions qui respectent leur dignité, leur intégrité corporelle, leur autonomie individuelle, et tiennent compte des souffrances endurées. La « charge de la preuve » ne doit pas être du côté des errants, mais du côté des Etats hésitant à les accueillir.

« La « charge de la preuve » ne doit pas être du côté des errants, mais du côté des Etats hésitant à les accueillir »

Deuxièmement, les Etats et leur police opérant aux frontières ou à l’intérieur du territoire ne doivent pas brutaliser les errants : notion hélas très vaste qui s’étend des violences exercées contre des individus sans papiers jusqu’à la création de ce que la première ministre britannique Theresa May avait appelé un « hostile environment » pour les étrangers, en passant par l’enfermement dans des camps et la séparation des familles.

Les errants sont une partie mobile de l’humanité

Troisième point : les Etats ne doivent pas établir des listes de pays d’origine dont les ressortissants sont interdits d’entrée a priori en fonction de critères raciaux, culturels, religieux ou géopolitiques (nonobstant la nécessité pour eux de se prémunir contre les entreprises terroristes auxquelles l’errance peut servir de couverture).

Quatrièmement : les opérations militaires ne doivent pas chercher à détruire des organisations ou des réseaux de passeurs au risque de la vie des errants eux-mêmes, qui sont leurs victimes et non leurs commanditaires. A fortiori, les décisions qui interdisent les opérations de secours ou tentent de les faire échouer doivent être considérées comme des complicités de crimes (éventuellement de crimes contre l’humanité).

Enfin, en cinquième et dernier point : les Etats ne doivent pas, pour se défausser, externaliser la « gestion » des flux de migrants et de réfugiés. En particulier, ils ne doivent pas négocier avec des pays tiers – qualifiés de « sûrs » pour la circonstance – des accords de troc (rétention forcée contre subventions) qui, de façon inavouable, les rabaissent au même niveau que les « passeurs » mafieux dont ils dénoncent les activités.

Pour qu’humanité rime enfin avec égalité

Ces dispositions formulent des limites ou des interdits plutôt qu’elles ne prescrivent des comportements. Ceci est conforme à la nature du discours juridique lorsqu’il entreprend de rectifier une violence ou un abus.

Il ne s’agit pas de mettre fin par décret à l’errance des migrants et des demandeurs d’asile, non plus que de supprimer les causes qui ont déterminé leur exode. Mais il s’agit d’empêcher que, sous couvert de hiérarchiser ces causes, la politique des Etats transforme l’exode en un processus d’élimination. Les migrants en proie à l’errance et ceux qui leur viennent en aide doivent avoir le droit avec eux, dans leurs efforts pour y résister. C’est peu – à moins que ce ne soit beaucoup.

Il n’y a pas de droit à l’hospitalité, car l’hospitalité est une disposition collective relevant de la liberté, une « responsabilité partagée » (M. Delmas-Marty). Mais il faut développer le droit de l’hospitalité, activité civique en plein essor, à la mesure de l’urgence. Dépassant la proposition kantienne d’un « droit cosmopolitique » limité au droit de visite, il en généraliserait la norme fondamentale : les étrangers ne doivent pas être traités en ennemis. Or tel est précisément l’effet des politiques d’un nombre croissant d’Etats contre la migrance globale.

« Merci l’Espagne ». Le 9 août 2018, JUAN MEDINA / REUTERS.

« Merci l’Espagne ». Le 9 août 2018, JUAN MEDINA / REUTERS.

Les errants ne sont pas une classe. Ils ne sont pas une race. Ils ne sont pas « la multitude ». Je dirais qu’ils sont une partie mobile de l’humanité, suspendue entre la violence d’un déracinement et celle d’une répression.

Ce n’est qu’une partie de la population mondiale (et même une petite partie), mais hautement représentative, parce que sa condition concentre les effets de toutes les inégalités du monde actuel, et parce qu’elle porte ce que Jacques Rancière a appelé la « part des sans-part », c’est-à-dire le manque de droits qu’il faut combler pour qu’humanité rime enfin avec égalité. Il s’agit de savoir si l’humanité expulse de son sein cette partie d’elle-même, ou si elle en intègre les exigences à son ordre politique et à son système de valeurs. C’est un choix de civilisation. C’est notre choix.

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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 12:41

Le phénomène dû au changement climatique et aux activités humaines va amplifier les migrations. D’après Simon Roger le 3 juillet 2018 pour Le Monde. Lire aussi Première étude mondiale sur l’état des sols.

INFOGRAPHIE « LE MONDE »

INFOGRAPHIE « LE MONDE »

« Au cours des vingt dernières années, les pressions sur les terres et les sols ont considérablement augmenté. Pour préserver notre planète pour les générations futures, nous devons de toute urgence changer la façon dont nous traitons ces précieuses ressources. » Tibor Navracsics, responsable du Centre commun de recherche (JRC), le service scientifique de la Commission européenne, a tiré le signal d’alarme lors de la présentation, le 21 juin, du travail coordonné par les experts de l’Union européenne.

Le JRC rendait publique, ce jour-là, la troisième édition de l’Atlas mondial de la désertification – publié une première fois en 1992, au moment du Sommet de la Terre de Rio, puis dans une nouvelle mouture en 1997 –, un document de 248 pages, touffu mais riche d’informations sur l’état de dégradation des terres à l’échelle planétaire.

Chaque année, une surface équivalente à la moitié de la taille de l’Union européenne (UE) – soit plus de deux millions de kilomètres carrés – est dégradée, l’Afrique et l’Asie étant les deux continents les plus touchés. « On peut s’accorder à dire que plus de 50 % de la surface terrestre est aujourd’hui affectée par ce mécanisme lié aux variations climatiques et aux activités humaines, et que le phénomène va grandissant », estime le géographe et principal auteur de l’ouvrage, Michael Cherlet.

Stress hydrique

S’il est difficile de quantifier ce phénomène, c’est d’abord parce que la dégradation des terres n’est pas un concept statique, mais un processus évolutif par lequel les sols épuisent leur potentiel biologique et leur capacité à supporter ou à nourrir les populations. La qualité des sols est une notion variable selon ses utilisateurs. Les experts du JRC ont donc élaboré une grille de lecture identifiant quatorze paramètres : des critères biophysiques comme l’aridité, le stress hydrique, l’érosion ou la perte de végétation, et des critères socio-économiques tels que la densité de population, l’urbanisation, les pratiques agricoles, le mode d’élevage ou le niveau de vie.

Forts de cette approche pluridisciplinaire, ils ont dressé un inventaire cartographique en s’appuyant sur les progrès réalisés dans le domaine de l’image satellitaire. Vingt satellites d’observation scrutaient la planète en 1992, ils sont près de cent aujourd’hui. Cet état des lieux de la dégradation mondiale, qui a nécessité trois ans de travail, s’inscrit également dans une dynamique politique.

Moins connue que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et que celle sur la diversité biologique, la Convention sur la lutte contre la désertification fait pourtant partie du triptyque imaginé au sommet de Rio. « Nous avons besoin d’outils comme cet atlas pour suivre le rythme de dégradation des terres à l’échelle globale et pour repérer des solutions pour y faire face », réagit Monique Barbut, la secrétaire exécutive de la Convention désertification.

L’agence onusienne s’est elle-même livrée à l’exercice. Dans un rapport publié à l’automne 2017, elle alertait déjà sur l’empreinte excessive de l’homme sur les ressources naturelles. Parmi les chiffres significatifs, on retiendra que 1,7 milliard de personnes vivent aujourd’hui près de fleuves où la ressource en eau s’appauvrit. A l’horizon 2025, près des deux tiers de la population mondiale pourrait être confrontée à une situation de stress hydrique.

« C’est l’un des enseignements de l’Atlas, insiste Michael Cherlet. L’accès à l’eau sera dans l’avenir l’un des enjeux les plus importants qui aggravera, ou atténuera, la dégradation des terres. » L’extension massive de l’agriculture dans le nord-est de la Chine, par exemple, fait déjà pression sur la qualité des sols et les ressources hydriques.

Méfaits de la révolution verte

Les cartes élaborées sous l’égide du JRC démontrent aussi que l’appauvrissement des terres est à l’œuvre partout dans le monde, et pas uniquement dans les régions arides et semi-arides. « Pas besoin d’aller au bout du monde pour rencontrer des terres dégradées, confirme Robin Duponnois, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Il suffit de traverser le sud de l’Espagne, ou la région d’Agadir au Maroc. Le maraîchage, combiné aux pratiques d’irrigation, y est si intense que les terres ne sont aujourd’hui plus utilisables et très salinisées. » Pour ce spécialiste de la désertification, la révolution verte, basée sur des monocultures à haut rendement et l’utilisation massive d’intrants, est l’une des causes majeures de ce mal planétaire.

Plantation de fraises dans la province de Kenitra au Maroc, en mars 2017. FADEL SENNA / AFP

Plantation de fraises dans la province de Kenitra au Maroc, en mars 2017. FADEL SENNA / AFP

 

La région du Gran Chaco, en Argentine, Bolivie et Paraguay – l’un des cas d’étude examiné par les auteurs – illustre une autre facette de la dégradation. Deuxième plus vaste écosystème forestier d’Amérique du Sud derrière l’Amazonie, territoire unique par sa biodiversité, il a perdu en moins de trente ans 142 000 km2 de forêts (soit 20 % de sa superficie totale) au profit de l’agriculture et demeure l’une des régions du monde les plus menacées en raison de la demande croissante de denrées agricoles.

 « Ce n’est pas une révélation, mais l’Atlas le montre avec évidence, les grands pôles de la consommation mondiale ne sont pas ceux de la production mondiale », explique M. Cherlet. En Amérique du Sud, on déforeste notamment pour satisfaire les besoins des consommateurs d’Amérique du Nord ou d’Europe.

Selon Peter Potapov, de l’université américaine du Maryland, au rythme actuel de l’expansion agricole, industrielle et minière, les forêts primaires auront, d’ici 2030, disparu au Paraguay, mais aussi au Laos ou en Guinée équatoriale. Les forêts de Centrafrique, du Nicaragua ou du Cambodge pourraient subir le même sort d’ici 2040.

Pour Monique Barbut, il n’est plus possible raisonner en silo, abordant d’un côté la question de l’usage de terre, de l’autre celle du changement climatique ou du déclin de la biodiversité. « Qui peut imaginer un instant réussir à freiner les émissions de gaz à effet sans recourir à la séquestration du carbone, donc aux techniques de réhabilitation des terres ? », lance-t-elle.

De même, il serait temps d’assumer que « les migrants originaires d’Afrique subsaharienne viennent de zones rurales dégradées », même si l’instabilité économique ou politique peut expliquer aussi leur départ. Quelque 700 millions de personnes pourraient être contraintes à l’exil, d’ici 2050, compte tenu de la raréfaction des terres cultivables, anticipe l’Atlas. L’augmentation attendue de la population mondiale, 9 milliards d’humains au milieu du siècle, rendra la pression sur les ressources naturelles quasi insupportable.

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 09:08

Dans une tribune parue le 28 juin dans Le Monde, un collectif rassemblant plus de 300 chercheurs et universitaires français et internationaux demande la création d’un comité intergouvernemental sur la question des réfugiés, calqué sur celui qui existe déjà pour le climat. Lire aussi Les Etats Généraux des Migrations parrainent la Marche Solidaire et L’humanité de demain se construit par l’accueil des migrants aujourd’hui.

Une nouvelle unité de police de patrouille frontalière appelée Puma ainsi que des artistes « étrangers » participent à l’exercice « ProBorders » au poste frontière de Spielfeld en Autriche le 26 juin. Plusieurs centaines de policiers et de soldats autrichiens ont simulé une frontière,  un exercice de contrôle au point de passage avec la Slovénie par lequel des milliers de migrants avaient transité en 2015, une initiative de Vienne qui défend un durcissement de la politique migratoire européenne. RENE GOMOLJ / AFP

Une nouvelle unité de police de patrouille frontalière appelée Puma ainsi que des artistes « étrangers » participent à l’exercice « ProBorders » au poste frontière de Spielfeld en Autriche le 26 juin. Plusieurs centaines de policiers et de soldats autrichiens ont simulé une frontière,  un exercice de contrôle au point de passage avec la Slovénie par lequel des milliers de migrants avaient transité en 2015, une initiative de Vienne qui défend un durcissement de la politique migratoire européenne. RENE GOMOLJ / AFP

Tribune. Comme le changement climatique, la migration est un phénomène mondial qui doit être appréhendé et géré à la fois à l’échelle nationale et internationale. Comme les politiques environnementales, les politiques migratoires et les politiques d’asile requièrent une approche dépassionnée, scientifique et humaniste.

La régulation des mouvements de populations est un des points d’achoppement de la coopération internationale. La crise de l’asile survenue en Europe en 2015 a révélé que même dans des régions profondément intégrées et dans des contextes de forte coopération comme celui de l’Union européenne, l’impréparation, la confusion et le manque d’information généraient des réponses politiques non seulement inadéquates mais aussi extrêmement coûteuses humainement et politiquement. A l’échelle mondiale, depuis la Convention de l’ONU sur les droits des travailleurs migrants (1990) jusqu’aux discussions actuelles sur les « global compacts » (Pacte mondial), les tentatives pour coordonner les politiques publiques et favoriser une gouvernance globale des migrations ont échoué.

L’arrivée de centaines de milliers de demandeurs d’asile syriens aux portes de l’Europe en 2015 a forcé les responsables politiques et les citoyens européens à prendre conscience de la crise globale de l’asile qui se déroule principalement dans les pays du Sud. L’arrivée de ces réfugiés est entrée en résonance avec des débats plus larges sur l’immigration, l’intégration et la diversité dans des sociétés européennes ébranlées par la crise économique de 2008.

La crise européenne de 2015 est donc faite d’une confusion entre des phénomènes de long et court terme, entre la régulation de l’immigration et de l’asile, de débats autour des droits, des enjeux politiques et économiques de la migration, qui ne peuvent pas être tenus exclusivement à l’échelle nationale.

Conséquences pour les sociétés d’origine et d’accueil

Au-delà de l’Europe, l’émergence ou la consolidation de crises politiques cristallisées autour des migrations et de l’asile invitent à réagir collectivement de manière urgente.

Nous, scientifiques et experts, associés aux organisations de la société civile, des citoyens et des responsables politiques concernés, décidons de rassembler nos voix et nos forces pour permettre une meilleure compréhension des migrations qu’elles soient forcées ou non, de leurs déterminants, de leurs conséquences à la fois pour les sociétés d’origine et d’accueil.

Nous souhaitons ce faisant proposer des bases nouvelles et plus solides pour développer des politiques publiques fondées sur des faits scientifiques, des pratiques plus saines, loin des discours partisans qui prévalent dans les débats médiatiques et politiques aujourd’hui.

Cet appel pour un changement d’approche des politiques migratoires est urgent.
Depuis peu, les politiques migratoires et les politiques d’asile en Europe et en Amérique du Nord comme dans d’autres pays du monde (Kenya, Arabie saoudite etc.) ont généré des attaques sans précédent contre les droits humains des populations migrantes et une mise en danger du droit d’asile à l’échelle globale.

Inefficacité

Depuis les années 1990, les tentatives globales ou régionales de réguler les migrations et l’asile ne résistent pas à l’épreuve des afflux de réfugiés (d’Irak, de Syrie, du Soudan, de Birmanie) et des crises politiques liées à l’intégration des migrants ou la gestion de sociétés de plus en plus diverses.

Les choix politiques des pays de l’OCDE en la matière – construire des murs, externaliser les politiques migratoires et les politiques d’asile à des pays tiers – ont non seulement un coût politique et financier exorbitant mais ils ont en outre démontré leur inefficacité. Ces politiques n’empêchent pas les migrations, et n’ont pas d’impact sur les déterminants ou les effets de la migration comme en attestent à la fois les recherches menées par les sciences sociales mais aussi les expériences politiques récentes.

Le manque de compréhension des effets de la mobilité dans les pays d’origine et d’accueil des migrants produit des politiques désastreuses qui s’inscrivent malheureusement dans la durée. Au lieu d’analyses fondées sur les faits et des connaissances scientifiques, discours alarmistes et fausses vérités imprègnent les agendas politiques. Les scientifiques et les experts de la migration et de l’asile ne sont pas entendus.

Bien entendu, les controverses existent dans le champ scientifique en matière de migration. Certaines vérités ont néanmoins été fermement établies dans différents champs des sciences sociales. Elles demeurent pourtant inaudibles et ne sont pas utilisées dans l’action publique.

  • Les migrations prennent place majoritairement entre pays d’une même région et non entre continents. Les migrants sont majoritairement localisés dans les pays du Sud, en particulier les réfugiés.

  • Les 246 millions de migrants présents dans le monde ne représentent que 3,4 % de la population mondiale, beaucoup moins qu’au XIXe siècle, par exemple.

  • Les restrictions en matière de visa augmentent l’installation des migrants dans les pays d’accueil : au lieu de circuler entre leurs pays d’origine et d’accueil, les travailleurs migrants restent. L’impossibilité d’obtenir des visas pour les demandeurs d’asile depuis leur pays d’origine ou leurs premier pays d’exil augmente l’immigration clandestine et le recours aux passeurs.

  • La fermeture des frontières met à mal le rôle des migrants dans les échanges, les transferts financiers, la circulation des savoirs et des idées dans le monde

  • L’accès rapide au logement, à l’éducation, ainsi qu’au marché du travail légal améliore la qualité de l’intégration des migrants et des demandeurs d’asile, et réduit d’autant les inégalités et l’exclusion.

  • L’impact de l’immigration sur les dynamiques démographiques est limité, notamment parce que les comportements de fertilité des migrants convergent rapidement vers ceux des populations des pays d’accueil

  • Financer le développement des pays d’origine des migrants peut augmenter l’émigration : la relation entre migration et développement est de fait beaucoup plus complexe que ne le laissent penser les discours et politiques publiques contemporains.

  • L’effet de l’immigration sur le marché du travail et la croissance économique dans les sociétés d’accueil est globalement neutre ou positif ; il dépend largement des contextes et conjonctures économiques dans lesquels la migration prend place, de la mobilité de tous les travailleurs, et des politiques de régulation à l’œuvre.

Une rupture franche avec les options politiques inadaptées

Pour comprendre l’impact des migrations, il faut à la fois connaître les contextes spécifiques dans lesquels elles prennent place et les dynamiques globales qui les encadrent. Le manque de données fiables sur les migrations et l’asile est mis en avant à la fois par les chercheurs et les décideurs publics. Pourtant, au-delà de la faible qualité, voire de l’absence de données sur les migrations, c’est un manque d’objectivité et de solidité scientifique qui mine l’action publique aujourd’hui. Des politiques génériques, inadaptées à leurs contextes et imprégnées de croyances fantaisistes, ne peuvent pas être efficaces.

Nous appelons à la formation d’un groupe d’experts et de scientifiques sur les migrations et l’asile, pour travailler avec les responsables politiques et les représentants de la société civile. Nous demandons de manière urgente une rupture franche avec les options politiques court-termistes et inadaptées, qui sont aujourd’hui privilégiées et qui ont généré en Europe et au-delà une crise politique et humanitaire sans précédent. Nous réclamons un changement radical d’approche des questions migratoires, fondé sur la rationalité, le réalisme, les résultats de la recherche scientifique, et l’humanisme.

Les premiers signataires de cette tribune sont : Pieter Bevelander, Malmö University, Suède ; Christina Boswell, politiste, université d’Edimbourg, Royaume Uni ; Andrew Geddes, politiste, European University Institute, Italie ; François Héran, démographe, collège de France ; Jean Jouzel, climatologue, membre fondateur du GIEC ; Michèle Lamont, sociologue, université Harvard, Etats-Unis ; Ferruccio Pastore, Directeur du FIERI (Forum Internazionale ed Europeo di Ricerche sulle Migrazioni), Italie ; Peter Scholten, politiste, Erasmus university Rotterdam, Pays Bas ; Steven Vertovec, anthropologue, directeur du Max Planck Institute for the Study of Religious and Ethnic Diversity, Allemagne ; et Dina Vaiou, géographe,Technical University of Athens (NTUA), Grèce. Retrouvez la liste complète des signataires sur Lemonde.fr

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28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 09:23

Commissaire indépendante auprès de l’OMS sur les maladies non transmissibles, Katie Dain estime que l’objectif de réduire d’un tiers la mortalité d’ici 2030 ne sera pas atteint avec les moyens alloués actuellement. Propos recueillis par Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante du Monde le 21 juin 2018. Lire aussi Les états généraux de l’alimentation déçoivent les paysans et les écologistes et Nous mangeons trop de produits ultra-transformés.

L’urbanisation mondiale a favorisé un mauvais équilibre alimentaire, facteur d’augmentation des maladies non transmissibles. YUYA SHINO / REUTERS

L’urbanisation mondiale a favorisé un mauvais équilibre alimentaire, facteur d’augmentation des maladies non transmissibles. YUYA SHINO / REUTERS

Katie Dain est directrice générale de l’Alliance contre les maladies non transmissibles ou chroniques (cancer, diabète, maladies cardiovasculaires et respiratoires…) et membre de la Commission indépendante de haut niveau sur les maladies non transmissibles (MNT) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Alors que l’ONU doit tenir une conférence en septembre sur ce sujet, elle dénonce l’apathie des gouvernements.

Trois ans après l’adoption des objectifs de développement durable sur les maladies non transmissibles, quel premier bilan tirez-vous ?

Ce n’est pas très positif. L’objectif était de réduire d’un tiers la mortalité d’ici à 2030. Mais selon l’OMS, la tendance actuelle nous amène à une réduction d’uniquement 17 %. Si nous continuons ainsi, nous n’atteindrons pas notre objectif. Et il en va de même pour beaucoup d’objectifs spécifiques liés aux MNT, comme la prévalence des maladies causées par le tabagisme ou par l’alcool. Les progrès ont été beaucoup trop lents. Les engagements ambitieux qui ont été pris en 2015 ne se sont pas traduits en action au niveau national. C’est particulièrement vrai pour les pays en voie de développement.

Comment expliquez-vous ce manque de volonté politique ?

D’abord par le fait que les MNT ne sont pas seulement un problème de santé publique. Il touche tous les secteurs du gouvernement : l’agriculture, l’environnement, les transports… Il faut une vraie volonté de l’exécutif pour faire bouger les lignes. Par ailleurs, les pays en développement ne savent pas par où commencer car le champ des MNT est si vaste qu’un sentiment de paralysie domine. Donc l’OMS encourage les pays à prioriser leurs actions.

Enfin, les financements et ressources manquent. Au niveau international, moins de 3 % de l’aide au développement pour la santé [22 milliards de dollars, soit 19 milliards d’euros] vont aux maladies non transmissibles, alors qu’elles représentent la première cause de mortalité. L’industrie agroalimentaire représente le dernier obstacle : elle propose des produits au détriment de la santé mais finance aussi des études scientifiques [pour prouver le contraire]. Cette interférence pollue le débat sur la nocivité de ces aliments et bloque des actions efficaces, comme la taxation des boissons sucrées.

Quel est le coût humain et financier de ces MNT ?

A l’échelle mondiale, les maladies non transmissibles ont dépassé les maladies infectieuses. Elles provoquent 40 millions de morts par an, soit les deux tiers de la mortalité mondiale. C’est donc un changement radical en termes épidémiologiques.
En termes de coût économique, nous savons que sur une période de deux décennies, les MNT vont coûter 40 000 milliards de dollars. Pourtant, pour chaque dollar investi dans la lutte contre les MNT, le bénéfice retour est de 7 dollars. Mais les gouvernements considèrent cet investissement comme un fardeau pour leur système de santé publique. Ils ne voient pas encore les bénéfices sur le long terme.

L’Afrique et l’Asie connaissent une explosion du nombre de MNT. Pourquoi ?

Cela est dû à une véritable escalade de l’urbanisation. Depuis 2011, il y a plus d’urbains que de ruraux dans le monde. Le mode de vie a évolué en conséquence : les gens sont physiquement moins actifs. Ils restent longtemps assis à leur bureau et vont ensuite au McDonald’s parce que c’est beaucoup moins cher que d’acheter des aliments sains. C’est aussi un phénomène de la mondialisation avec de grands groupes alimentaires, des fabricants de tabac, ou des producteurs d’alcool, qui s’installent dans ces régions car le marché est en pleine croissance et la population vulnérable. Ce sont eux qui alimentent cette épidémie de MNT.

Pourquoi accorde-t-on encore la priorité aux maladies infectieuses dans ces régions ?

Dans de nombreux pays en développement, le système de santé repose encore sur la lutte contre les maladies infectieuses. Cela tient à la façon dont le financement de la santé mondiale a été organisé au cours des dernières décennies. Il y a eu des investissements fantastiques dans la lutte contre le VIH, le paludisme, mais cela a créé une sorte de système de santé en silo. L’accent est mis sur des infections aiguës telles que le sida, la tuberculose et le paludisme, mais pas sur les maladies chroniques comme le diabète ou le cancer.

Quel rôle le secteur privé peut-il jouer pour pallier le service public ?

Dans l’amélioration du bien-être au travail, dans la production d’aliments plus sains ou encore l’élimination des acides gras trans. Le secteur privé peut aussi interdire la publicité pour le tabac, l’alcool ou la malbouffe et jouer un rôle important dans l’accès aux soins de santé, aux médicaments essentiels, etc.

Mais le secteur privé ne peut pas supplanter le service public. Il ne devrait d’ailleurs jamais avoir l’oreille des politiques. C’est un gros problème en ce qui concerne les MNT. Par exemple, dans certaines régions d’Afrique, c’est l’industrie des liquoreux qui est à l’origine du développement des plans nationaux de prévention contre l’alcool. Ce n’est pas acceptable !

Les grandes marques financent pourtant des événements sportifs comme la Coupe du monde…

L’industrie de l’alcool adopte de plus en plus certaines tactiques des fabricants de tabac en se positionnant comme des partenaires légitimes dans le développement durable, la santé, et la promotion d’événements sportifs. Cela montre à quel point ces produits sont devenus des biens de consommation courante. C’est complètement normalisé et absurde du point de vue des maladies non transmissibles. Nous plaidons pour une interdiction de la publicité par des marques d’alcool lors des événements sportifs.

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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 09:08

815 millions de gens ont faim dans le monde, et 60 % d’entre eux vivent en zone de conflit. « A chaque fois que la faim augmente de 1 %, les migrations augmentent de 2 % », prévient David Beasley, directeur du Programme alimentaire mondial de l’ONU. D’après les propos recueillis par Rémy Ourdan le 11 juin 2018 pour Le Monde. Lire aussi Les Etats Généraux des Migrations parrainent la Marche Solidaire, Migrants : dix raisons de les accueillir dignement en Europe et d'ouvrir les frontières, 470 associations lancent les États généraux des migrations pour soutenir les lanceurs d'accueil, Le prochain génocide sera écologique et Dynamiques nouvelles des migrations internationales.

Lors d’une distribution de nourriture du Programme alimentaire mondial, à Thonyor (Soudan du Sud), en février 2017. Siegfried Modola/REUTERS

Lors d’une distribution de nourriture du Programme alimentaire mondial, à Thonyor (Soudan du Sud), en février 2017. Siegfried Modola/REUTERS

Ancien gouverneur de Caroline du Sud, membre du Parti républicain, David Beasley est directeur du Programme alimentaire mondial (PAM), l’agence humanitaire des Nations unies, depuis 2017. Il a visité, depuis, une cinquantaine de pays et arrive d’Afrique de l’Ouest. Il s’est rendu à Paris, vendredi 8 juin, pour rencontrer des membres du ministère des affaires étrangères, des représentants de l’Agence française de développement et des députés.

Quel est aujourd’hui votre regard sur la question de la faim dans le monde ?

Le nombre de personnes qui ont faim a diminué durant des décennies : il est passé de 1 milliard il y a vingt-cinq ans à 777 millions en 2016, alors que la population mondiale augmente. C’est la bonne nouvelle. De même, l’état de pauvreté et de faim aiguës est passé de 90 % il y a deux cents ans à environ 10 % aujourd’hui.

Mais pour la première fois depuis fort longtemps, la faim et la malnutrition augmentent de nouveau : on est passé de 777 à 815 millions de personnes en un an. Et les cas de famines aiguës, dues aux conflits et aux migrations forcées, croissent aussi : de 80 à 124 millions de personnes en un an. Pourquoi ? Le changement climatique mis à part, la réponse principale est que les famines sont la responsabilité de l’homme, elles sont dues aux guerres provoquées par les humains.

Parmi les 815 millions de gens qui ont faim, 60 % vivent en zone de conflit, et si plus personne n’avait faim en Chine et en Inde, ce serait 90 %. D’ailleurs, 80 % des budgets du Programme alimentaire mondial sont alloués aux zones de guerre. Plus de 50 % de l’aide humanitaire globale en 2017 a été consacrée à quatre pays : Syrie, Irak, Yémen, Soudan du Sud. Ces pays en guerre captent tout l’argent au détriment de régions du monde qui ont aussi cruellement besoin d’aide humanitaire, comme les pays du Sahel.

Donc, pour atteindre l’objectif fixé par la communauté internationale Faim Zéro 2030 [les Nations unies annoncent vouloir d’ici cette date éliminer la faim et assurer la sécurité alimentaire dans le monde], il faudrait mettre fin aux guerres. Or si je pense que l’on pourrait en finir avec les famines et la malnutrition dues à la pauvreté et au sous-développement d’ici à 2030, je ne crois pas que nous mettrons un terme aux guerres. Je dis donc aux dirigeants de la planète que je rencontre : soit vous arrêtez les guerres, soit il faut nous donner davantage d’argent pour combattre les famines, mais aussi pour changer d’approche, pour soutenir le développement.

Au-delà des quatre conflits évoqués, quelle est la situation en Afrique actuellement ?

Le Sahel et ses alentours sont la région la plus touchée par la faim en dehors de ces quatre conflits. Ce que je crains aujourd’hui [après la perte de ses territoires en Syrie et en Irak], c’est que l’organisation Etat islamique [EI] utilise le Sahel pour infiltrer des vagues de migration. L’EI part de Syrie vers le Sahel, via des réseaux liés à Boko Haram ou à Al-Qaida. Ces groupes terroristes ont une approche stratégique de cette région. Ils utilisent la faim comme outil de recrutement, particulièrement dans les zones de conflit et celles touchées par les changements climatiques, et dans les pays pauvres. Leur rêve est de déclencher encore davantage de vagues de migration vers l’Europe afin de les infiltrer.

Les gens privés de nourriture sont vulnérables. A chaque fois que la faim augmente de 1 %, les migrations augmentent de 2 %. La réponse de la communauté internationale doit bien sûr être sécuritaire, mais elle doit aussi être dans le développement durable. On ne peut pas se contenter d’apporter de la nourriture. Quand on le peut, au lieu d’en distribuer, on arrive avec de l’argent et on tente de relancer la production de vivres. On rencontre les meuniers, puis les paysans, qui embauchent des travailleurs, et ainsi de suite. Puis c’est cette nourriture que l’on donne aux plus pauvres, à ceux qui ont faim. La fierté et l’espoir reviennent quand les gens racontent, avec le sourire, que leurs enfants n’ont plus besoin de migrer.

Les Européens doivent comprendre qu’il faut investir dans le développement, que les Syriens ou les Africains ne veulent pas quitter leurs maisons ! Les Européens doivent comprendre que ces migrants préféreraient ne pas venir en Europe et rester chez eux, dans leurs pays.

Est-ce le message que vous êtes venu délivrer à Paris ?

Je suis venu parler du Sahel aux dirigeants français. Quand on assure une meilleure sécurité alimentaire, le recrutement par les extrémistes diminue et les migrations aussi. De la France, j’attends de la coopération en Afrique davantage que de l’argent. La France a une expérience historique au Sahel et on a besoin d’elle pour la nutrition, l’éducation, le développement du secteur privé. La France doit envoyer des instituteurs et des professeurs dans le Sahel. C’est une zone francophone.

Vous avez ardemment soutenu la campagne de Donald Trump et vous êtes proche de son administration, qui n’est pas une grande supportrice de l’ONU et du multilatéralisme. Votre proximité avec le président américain vous aide-t-elle à obtenir soutien et crédits ?

Donald Trump est un businessman. Quand il voit les faits, il prend les bonnes décisions. Le président a annoncé lui-même une augmentation de l’aide alimentaire l’an dernier. Donc oui, j’utilise mes relations pour éviter que les Etats-Unis ne réduisent les crédits accordés au PAM. Et on travaille dur pour rendre l’ONU plus efficace. Je crois qu’il y a un nouvel état d’esprit au sein des Nations unies, pour davantage d’efficacité.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté en mai une résolution mettant en évidence le lien entre la faim et les conflits. Est-ce une prise de conscience ?

Les dirigeants du monde commencent à comprendre que sans sécurité alimentaire, les conséquences seront très graves. Cette résolution met le problème sur la table de manière permanente. Aucun problème ne sera résolu sans sécurité alimentaire.

La faim est actuellement la pire crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale. L’humanité doit se réveiller ! Des millions d’êtres humains meurent ! Quand un enfant souffre, c’est toute l’humanité qui souffre.

Et si on ne réagit pas, la Syrie n’aura été qu’un problème presque « mineur » par rapport à la catastrophe qui s’annonce en Afrique. Un cataclysme, une « tempête parfaite » [perfect storm] arrive et ses conséquences vont être encore plus terribles que les conséquences du conflit syrien. Les dirigeants du monde doivent s’entendre pour mettre fin à des guerres telles qu’en Syrie ou au Yémen et investir dans le développement en Afrique. Sinon, les extrémistes auront la formule parfaite pour déclencher de nouveaux conflits et de nouvelles migrations.

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7 juin 2018 4 07 /06 /juin /2018 09:12

Interdits par le protocole de Montréal depuis 1987, le déclin des chlorofluorocarbures (CFC) qui attaquent la couche d’ozone a ralenti. Dans la revue Nature, une équipe de l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) révèle que la production de l’un d’entre eux, le CFC-11, aurait augmenté depuis 2012. Quelqu'un viole le traité, estiment les scientifiques. D’après l’AFP le 17 mai 2018. Lire aussi Climat : accord historique sur la fin des gaz HFC et Les émissions de gaz à effet de serre augmentent en France, en contradiction avec nos engagements climatiques.

Image fournie par la Nasa le 2 octobre 2011 d'ozone à environ 20 km d'altitude, près du sommet de la couche d'ozone dans la basse stratosphère NASA/JPL-Caltech/AFP/Archives

Image fournie par la Nasa le 2 octobre 2011 d'ozone à environ 20 km d'altitude, près du sommet de la couche d'ozone dans la basse stratosphère NASA/JPL-Caltech/AFP/Archives

Le déclin dans l'atmosphère d'un gaz attaquant la couche d'ozone s'est largement ralenti, laissant supposer de graves violations du traité international qui le bannit, selon une étude. Les mesures de ce produit appelé CFC-11, effectuées sur des sites isolés, dont l'Observatoire Maura Loa à Hawaï, montrent que la source de cette nouvelle pollution pourrait venir d'Asie de l'Est.

« Le taux de diminution dans l'atmosphère du CFC-11 a été constant de 2002 à 2012, et a ralenti d'environ 50% après 2012 », explique l'étude publiée récemment dans la revue Nature. « Les preuves suggèrent fortement des émissions de CFC-11 en hausse dans l'est de l'Asie après 2012 ».

Traité international signé

En 1987, un accord international, le Protocole de Montréal, avait été signé pour supprimer progressivement les gaz CFC (utilisés dans la réfrigération et les aérosols), responsables du fameux « trou » dans cette couche gazeuse protégeant la Terre de rayons qui provoquent cancers de la peau, dégâts oculaires et immunitaires. Au maximum de son déclin, à la fin du XXe siècle, la couche d'ozone avait diminué d'environ 5%. Aujourd'hui, le « trou » au-dessus du pôle sud montre des signes clairs de rétablissement.

« La couche d'ozone reste sur la bonne voie pour un rétablissement d'ici le milieu du siècle », a réagi le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un communiqué. « Mais l'augmentation continue d'émissions mondiales de CFC-11 va mettre ces progrès en danger », a-t-il ajouté, appelant à « identifier les causes de ces émissions et à prendre les actions nécessaires ».

Le ralentissement de la baisse du CFC-11 a également des implications pour la lutte contre le changement climatique, les CFC étant bien plus puissants que le CO2 ou le méthane comme gaz à effet de serre. Il y a 20 ans, les CFC, largement utilisés dans les années 1970 et 1980, et qui n'existent pas dans la nature, représentaient environ 10% du réchauffement climatique lié à l'homme.

Première augmentation constatée

« C'est la première fois que les émissions de l'un des trois CFC les plus présents et les plus durables ont augmenté pendant une période prolongée depuis que les contrôles de la production ont été mis en place dans les années 1980 », note l'étude. Selon les chercheurs, le ralentissement du déclin du CFC-11 pourrait empêcher l'ozone de retrouver ses niveaux normaux, ou moins rapidement qu'espéré.

Au début de l'année, une autre étude avait montré, de façon inattendue, que la couche d'ozone de la partie inférieure de la stratosphère déclinait au-dessus des régions les plus peuplées de la planète. Elle pointait du doigt deux possibles responsables de cette détérioration: le réchauffement climatique ou les VSLS (very-short-lived susbtances), gaz à très courte durée de vie utilisés comme solvants, décapants pour peinture ou dégraissants.

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