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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 14:08

Deux inspecteurs de l’Autorité de sûreté nucléaire, chargés du contrôle des conditions de travail et de la sûreté sur le chantier de l’EPR, futur réacteur en construction, et dans trois autres centrales en Normandie, ont subi pressions et menaces de leur direction, au profit d’EDF. Et au mépris de la sécurité.

Par Pascale Pascariello pour Mediapart le 18 octobre 2016

 « Je suis inspecteur du travail à la division de Caen de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Depuis 2011, j’ai subi et encaissé, dans le cadre de mon activité professionnelle, de nombreuses et parfois très lourdes pressions voire menaces, de multiples injonctions contradictoires, qui ont généré une situation de souffrance au travail. » C’est ainsi que débute le recours d’Alain auprès du président du tribunal administratif de Caen, en août 2016, pour faire reconnaître en accident du travail son épuisement psychologique survenu le 16 octobre 2015.

La direction de l’Autorité de sûreté nucléaire « a essayé de m’imposer sa position ou d’influer sur les choix que j’avais à faire dans le cadre de ma mission d’inspecteur du travail », en particulier, « sur des sujets pouvant représenter des enjeux pour EDF – l’exploitant des centrales –, dès qu’un contrôle pouvait engendrer des suites impactant EDF de façon notable (suites pénales, impact industriel…) ou qu’il a fait l’objet d’une intervention hiérarchique d’EDF », explique Alain.

Résultat : il y a un an, il s’écroule. Ce burn-out oblige Alain à interrompre son activité professionnelle durant sept mois. L’expertise médicale est claire : « Épuisement professionnel. Le trouble peut être considéré comme un accident du travail, conséquence d’une série d’événements survenant par le fait ou à l’occasion du travail. »

Ces deux inspecteurs ont mené, entre 2010 et 2014, des contrôles qui ont abouti, pour certains, à des procès retentissants. Suite à l’accident mortel d’un soudeur le 24 janvier 2011, sur le chantier de l’EPR, leur enquête retient la responsabilité de deux entreprises, dont Bouygues. Toujours sur le chantier du futur réacteur nucléaire, leurs inspections ont révélé la situation de travail illégal de près de 500 ouvriers polonais et roumains. Encadrés et dirigés par Bouygues, ils n’avaient ni congés payés, ni droit au chômage, et un salaire inférieur à la convention collective française.

en mars 2015, l’une des plus importantes affaires de travail illégal jugée en France. Bouygues a été condamné à 25 000 euros d’amende. Il sera rejugé en appel du 7 au 10 novembre prochain. procès en correctionnelleCe système de fraude, dont Bouygues a bénéficié entre 2009 et 2012 sur l’EPR, lui a permis quelques belles économies. L’Urssaf, quant à elle, estime son préjudice global entre 9 et 12 millions d’euros. Le contrôle mené par les deux inspecteurs, Alain et Laurent, aboutira à un

Loin d’être félicités pour leur professionnalisme, ces deux inspecteurs ont subi de nombreuses pressions de leur direction. Parmi les nombreux faits que rapporte Alain dans son dossier : en juin 2011, il se heurte à EDF qui fait obstacle à une inspection inopinée dans la centrale de Flamanville. Informé, le procureur de la République de Cherbourg demande à Alain de lui signaler, par écrit, ce délit afin qu’il rappelle à EDF son obligation de respecter la loi. Mais Alain est confronté à sa direction qui tente de le dissuader de notifier ce délit à la justice. Néanmoins, il ne cède pas à ces pressions et envoie un courrier au parquet de Cherbourg. Quelques semaines plus tard, il est convoqué par sa direction pour un entretien « officieux » de sanction.

Il est alors informé que son comportement remet en cause sa carrière. Sa direction va jusqu’à lui reprocher d’avoir adressé à EDF un courrier signalant les poursuites judiciaires encourues. « J’observe que ma hiérarchie, très prompte pour me demander de me justifier, tant pour ce qui concerne mes constats que pour ce qui concerne mon comportement quand EDF s’en plaint, est beaucoup moins prompte à réagir quand il s’agit de me défendre vis-à-vis d’EDF », constate Alain.

Les pressions de ce type se multiplient, les entretiens de sanction également. On reproche par exemple à Alain d’alerter, en septembre 2013, le ministère du travail sur une organisation mise en place par EDF dans les centrales nucléaires en matière de radioprotection et présentant des risques pour les salariés. Alain informe EDF, par courrier, qu’au regard des irrégularités constatées, il envisage de proposer une mise en demeure. Là encore, il est convoqué pour un rappel à l’ordre par sa direction. Pire, ignorant les conclusions de l’inspecteur, la direction de l’Autorité de sûreté nucléaire et le ministère du travail décident conjointement de réviser la réglementation… en faveur d’EDF.

Qu’elle est loin la belle image d’une institution indépendante et transparente prônée par Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire. Le 6 novembre 2012, dès sa nomination, lors de son audition par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Pierre-Franck Chevet déclarait : « Selon moi, l’ASN repose sur quatre valeurs essentielles : compétence et rigueur, indépendance et transparence. Toutes sont nécessaires mais ne sont suffisantes qu’inscrites dans la durée. » Bel exercice de communication qui tranche avec une tout autre réalité.

Les échanges de mails entre Alain et sa hiérarchie témoignent de toutes les difficultés rencontrées lorsqu’il signale des irrégularités manifestes et graves de la part d’EDF. Il doit faire face au comportement de l’exploitant des centrales, peu disposé à l’informer de ses manquements en matière de sécurité et sûreté nucléaire. Il doit, en outre, affronter sa direction qui fait obstacle à ses conclusions lorsqu’elles vont à l’encontre d’EDF.

Certains échanges décrivent comment l’ASN valide les irrégularités d’EDF. Alain alerte ainsi sa direction : « Je constate qu’EDF Flamanville ment et nous dissimule volontairement des informations relatives à la radioprotection. Je prévois un rappel à l’ordre. Et je dois défendre (une nouvelle fois) mot pour mot mes observations et justifier ma position vis-à-vis de ma hiérarchie et donc y consacrer un temps et une énergie non nuls. Bilan : EDF ment et nous offre même les preuves écrites. Est-il envisagé un rappel à l’ordre écrit par l’ASN ? Non. Qui s’en prend plein la g… ? L’inspecteur du travail qui projette de rappeler par écrit à EDF que le mensonge aux autorités administratives et judiciaires est un délit. »

« Je constate qu’EDF Flamanville ment »

Face à ces pressions exercées sur ces inspecteurs, et alors même que l’Autorité de sûreté nucléaire, gendarme du nucléaire, se doit d’être affranchie de tout lien avec EDF, la justice va intervenir. En effet, en octobre 2013, survient un nouvel incident sur le chantier de l’EPR : une pièce d’un appareil de manutention, le pont polaire, situé à l’intérieur du bâtiment réacteur, est projetée en l’air et fait une chute de 20 mètres. Par chance, aucun ouvrier n’est blessé. Alain et son collègue, Laurent, procèdent au contrôle de cet équipement, utilisé pour lever et installer des composants pouvant atteindre plus de 560 tonnes. Il s’agit d’un appareil primordial en terme de sûreté nucléaire et de sécurité des travailleurs.

Le rapport des inspecteurs révèle qu’EDF a mis en place un dispositif non conforme, qui ne dispose d’aucun système d’arrêt d’urgence. Vu la gravité des faits constatés, Alain et son collègue alertent à plusieurs reprises EDF. Le premier électricien de France ignore ces rappels à l’ordre. Il s’apprête même à utiliser son dispositif à haut risque pour installer la cuve du réacteur, mettant ainsi en danger les salariés et les installations. Les deux inspecteurs saisissent la Direction régionale du travail (DIRECCTE) pour mettre en demeure l’électricien. EDF dispose alors de six mois pour rendre sa machine aux normes. D’ici là, interdiction formelle de l’utiliser.

Mais EDF n’a pas l’intention de respecter la loi. Il a d’ailleurs préparé une grande journée de communication en rameutant la presse locale et nationale pour assister à l’installation de la cuve de l’EPR.

La direction régionale du travail rappelle alors EDF à l’ordre, dans un courrier du 16 janvier 2014 : « Vous envisagez de réaliser les premières manutentions dès le 21 janvier 2014. Je vous rappelle qu’il n’existe aucune possibilité, applicable à votre situation, de déroger à la loi qui interdit d’utiliser des équipements de travail qui ne répondent pas aux règles techniques de conceptions. »

Allant à l’encontre de ses propres inspecteurs et de la Direction régionale du travail, c’est le directeur général de l’Autorité de sûreté nucléaire, en personne, qui, le 21 janvier 2014, écrit à EDF : « Je vous informe ne pas avoir d’objection à la réalisation des opérations de levages des gros composants. » La direction de l’ASN autorise ainsi EDF à enfreindre la loi et à utiliser un équipement dangereux, en l’état, pour les salariés et la sûreté nucléaire.

Les faits sont si graves que le procureur de la République Éric Bouillard décide d’y donner suite en ouvrant une enquête préliminaire. Motifs : « Mise à disposition aux salariés de matériel dangereux » et « utilisation de ce matériel malgré une mise en demeure ».

En juin 2014, il la transmet à Nanterre, afin « que soit entendue la direction de l’Autorité de sûreté nucléaire », dont le siège est situé à Montrouge, en région parisienne.

Contacté par Mediapart, le procureur Éric Bouillard souhaite comprendre pourquoi l’ASN, une autorité « qui doit être indépendante à l’égard de celui qu’elle contrôle, surtout en matière de sûreté nucléaire, a contredit ses propres inspecteurs et a autorisé EDF, alors qu’il existait une interdiction d’utiliser cette machine, à enfreindre la loi au risque de mettre en danger des hommes et des installations ». Depuis, Éric Bouillard a été nommé à la tête du parquet d’Ajaccio. Il a tenté avant son départ, en septembre 2015, de savoir où en était l’enquête du côté de Nanterre : silence radio.

Contacté par Mediapart, Nanterre explique ne pas retrouver le dossier d’enquête. Est-il resté au fond des tiroirs ? Impossible donc de se pencher sur les liens entre l’ASN et EDF. La transparence a ses limites.

Après ce nouvel affront de leur direction, Laurent, le collègue d’Alain, ne tiendra pas longtemps. Épuisé psychologiquement, il devra cesser son travail, en juillet 2014. Le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, n’ignore rien de la situation. En effet, suite au burn-out de son collègue, Alain lui adresse, le 30 juillet 2014, un courrier détaillé faisant état de l’ensemble des pressions subies.

La réponse du président de l’ASN ne viendra que deux mois plus tard. Il félicite le travail de l’inspecteur et regrette à demi-mot le comportement d’EDF. Cependant, nulle part, il n’y est fait mention des diverses pressions exercées. Encore moins des solutions pour y remédier. Ainsi que le regrette Alain, « le courrier du président de l’ASN n’exprime aucune reconnaissance des “dysfonctionnements” que je décrivais ni aucune proposition de nature à éviter qu’ils ne se renouvellent ».

Avec le départ de son collègue, la situation d’Alain ne va pas s’améliorer. Épuisé, il assume, seul, le travail de deux inspecteurs. Mais un espoir survient, en septembre 2015, lorsqu’il apprend que son collègue, Laurent, est prêt à réintégrer son poste, toujours vacant. Fausse joie. Le 16 octobre, il apprend officieusement que la direction de l’ASN s’oppose au retour de Laurent, pourtant seul postulant à ce poste.

Alain s’effondre et envoie ce mail à sa direction : « Je suis au bord de l’explosion. D’un côté par la charge de travail avec des dossiers importants… de l’autre la perspective qu’il n’y ait toujours personne sur le poste alors qu’il y a un candidat [Laurent] qui correspond parfaitement est juste insupportable pour moi. Quel est l’objectif réel de l’ASN ? Me détruire ? Me pousser au départ ? Au burn-out ? Au suicide ? » Le même jour, une alerte du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) est lancée pour « danger grave et imminent » concernant Alain, en « situation professionnelle de détresse ». Alain a été en arrêt maladie durant sept mois.

Alain et son collègue ne sont pas seuls. Plus de dix ingénieurs de l’Autorité de sûreté nucléaire ont tenu à leur apporter, par écrit, leurs témoignages et soutiens. Tous reconnaissent l’investissement et la rigueur des deux inspecteurs, formant un « binôme efficace et vertueux » pour reprendre l’une des attestations. Alain est notamment présenté comme « un agent performant et motivé ayant une énorme capacité de travail, très soucieux de sa mission au service des conditions de travail des salariés ». Certains ingénieurs s’interrogent, également, sur le comportement de leur direction à leur encontre.

 

Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) (Reuters/Charles Platiau)

L’un d’entre eux fait ce constat: « Les difficultés avec l’exploitant (EDF) et pressions sont supportées directement par l’inspecteur et pas par l’administration (l’ASN). Cette situation est d’autant plus difficile lorsque les positions de la hiérarchie de l’ASN et de l’inspecteur ne sont pas partagées… J’ai souvenir d’un moment difficile pour Alain et son homologue, lorsqu’ils ont constaté que le pont polaire de l’EPR, et surtout les équipements devant soulever les équipements lourds, n’étaient pas conformes à la réglementation. Là encore, ils ont eu beaucoup de mal à faire accepter leur position par la hiérarchie de l’ASN […]. Pour conclure, je suis inquiet de la situation, singulièrement pour la santé d’Alain, mais également plus largement en observant que l’administration ne sait pas prendre en compte les risques psycho-sociaux encourus par ses agents. »

Alors même que le silence est d’usage au sein du corps des Mines, Alain a également reçu une lettre signée par dix-neuf ingénieurs de l’Autorité de sûreté nucléaire, en avril 2016. En voici un extrait : « Nous tenions à t’exprimer notre soutien et notre admiration devant ton courage. Ton courage, nous le connaissions déjà. Il était clair devant ton investissement sans relâche […]. Ton courage à ne jamais baisser les armes dans l’adversité quand la plupart d’entre nous auraient sans doute plié pour se protéger. En s’y mettant à tous, on va bien trouver un moyen de te renvoyer l’ascenseur […]. »

Le burn-out d’Alain n’a pas été sans conséquence à l’intérieur de l’ASN. Pierre-Franck Chevet a adressé, en mai 2016, à la division de Caen, dont dépend l’ingénieur, le message suivant : « Bonsoir, je comprends l’émotion que vous avez ressentie à la suite de l’intervention de Alain. Un point a eu lieu entre les représentants du personnel siégeant au CHSCT et la direction générale de lʼASN. Cette réunion a permis un partage d’informations et un examen des premières actions pouvant contribuer à vous apporter un soutien. J’invite celles et ceux d’entre vous qui en éprouvent le besoin à s’adresser à la cellule d’écoute qui vient d’être mise en place […]. »

Le CHSCT a lancé une expertise sur les conditions de travail, confiée au cabinet Idenea qui devrait prochainement rendre ses conclusions. Alain ne serait pas un cas isolé au sein de l’ASN, selon le CHSCT, qui n’a pas souhaité s’exprimer davantage sur la situation. L’ASN a refusé de reconnaître l’épuisement professionnel d’Alain en accident du travail.

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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 09:54

Les réfugiés ne fuient pas que la guerre. Pour des femmes et des hommes d'Afrique ou du Moyen-Orient, il s'agit aussi d'échapper aux persécutions dues à leur homosexualité. Même si celles-ci sont loin de s'interrompre à leur arrivée en Europe.

Par Blaise Gauquelin, correspondant du Monde à Vienne (France).

POLINE HARBALI

POLINE HARBALI

Adeyinka est une " fière Nigériane ". C'est important pour elle de le dire, même si, comme, pour les autres réfugiés interrogés, nous avons dû changer son nom pour ne pas la mettre en danger. " Au pays ", elle ne manquait de rien. Son père avait beaucoup d'argent. Elle y a fait d'excellentes études. Et elle " aime sa religion ", l'islam. A 33  ans, hébergée dans un foyer réservé aux lesbiennes migrantes, dans la banlieue de Vienne, en Autriche, elle survit désormais avec les quelques dizaines d'euros que lui donne chaque semaine une association caritative chrétienne.

" Je suis belle, et cela m'a causé beaucoup de problèmes. Je serais morte si je n'avais pas pris la route ", énonce-t-elle sur un ton déterminé, dans un bar où elle se sent en confiance, parce qu'elle est accompagnée d'une responsable de l'association autrichienne Queer Base, l'une des très rares en Europe à apporter, grâce à des fonds municipaux, un soutien spécifique aux demandeurs d'asile gays, trans et lesbiens.

Le parcours d'Adeyinka est à l'image de celui des milliers d'homosexuels qui ont gagné l'Europe au milieu des Syriens, des Irakiens et des Afghans fuyant les conflits, à l'occasion de la vague historique des migrants de 2015. Il est entaché de la violence particulière -réservée aux minorités sexuelles, mais aussi éclairé d'une entraide qui semble spécifique à cette communauté.

Beaucoup de migrants prennent la route pour des raisons intimes. C'est un fait méconnu par les sociétés occidentales, comme par leurs pouvoirs publics. Et pour cause : la plupart du temps, les principaux intéressés cachent les raisons réelles de leur exil forcé, ce qui complique leur accès à l'asile.

Il est difficile de prendre contact avec eux. Encore plus dur d'obtenir leur confiance. Ils ont peur de la trahison et de la mort, car leur tête, souvent, est mise à prix par un clan, une tribu, un chef de famille ou une autorité religieuse.

C'est le cas pour Adeyinka, notre " belle Nigériane ", qui ose pour la première fois raconter la litanie de brimades que constitue sa vie. Elle a été mariée de force à un homme d'affaires " laid et vieux ". " Il se disait très pieux, mais cela ne l'a pas empêché de me -violer et de me mettre enceinte plusieurs fois, alors qu'il voyait le dégoût que m'inspirait le moindre de nos contacts. Ses enfants, mes enfants, je les ai détestés. "

Un jour, elle est surprise en train de faire l'amour avec sa maîtresse et battue à coups de ceinture. Son époux la jettera ensuite dans la voiture de deux hommes. " Ils m'ont enfermée dans une maison où j'ai été torturée sexuellement pendant des jours. J'ai réussi à m'enfuir, j'ai récupéré l'argent que j'économisais depuis des années en secret et je suis partie. "

Le Niger, la Libye : la jeune femme connaissait bien le chemin de l'Europe. Elle avait préparé sa route. Pour traverser la Méditerranée, comme des centaines de milliers d'anonymes, elle a payé ces passeurs redoutés, qui font basculer les destins. " Pour nous, femmes noires, la couleur de nos peaux est une malédiction. Aux yeux des trafiquants, nous valons plus que l'or ! Ils m'ont vendue à la mafia nigériane, en Italie. J'avais quitté un enfer, pour devoir en découvrir un autre, sans doute plus sombre encore. "

Adeyinka aurait dû servir dans un réseau de prostitution forcée. Pourtant, la route des migrants homosexuels est parfois semée d'anges gardiens. Car nombre d'entre eux doivent en effet leur survie à des gays et des les-biennes, qui les ont aidés dans leur périple. " Un homo italien a tout de suite compris que je n'étais pas comme les autres filles. Je me suis sentie en confiance. Je lui ai dit que j'étais lesbienne. Il m'a pris un billet de train et m'a dit d'aller en Autriche. Si j'étais restée en Italie, les Nigérians m'auraient tuée. Ici, dès que je croise une femme noire, je regarde ailleurs. Je sais que la mafia me recherche. Dans la rue, je ne parle à personne. Les hommes m'accostent sans arrêt : “How much, how much ?” Ils veulent encore -disposer de mon corps. "

" Surtout ne pas attirer les ennuis "

Adeyinka, qui ne sait pas ce que sont devenus ses enfants et ne pense pas les revoir un jour, ne se sent à son aise que les jeudis, à la tombée de la nuit. Toutes les semaines, une soirée est organisée pour que les demandeurs d'asile homosexuels puissent se retrouver, casser leur isolement, se rendre compte qu'ils ne sont pas tout seuls.

Le lieu de leur rencontre est tenu secret : les menaces sont multiples. Une transsexuelle a été retrouvée morte étranglée en janvier 2015 dans sa chambre de Vienne. Elle était pourtant originaire d'un pays souvent considéré comme sûr : la Turquie, où les conditions de survie des personnes transgenre sont en fait terrifiantes. Il est très difficile à leurs ressortissants d'obtenir le statut de réfugié en -Europe. Il n'y a pas longtemps, un Irakien jugé efféminé s'est fait insulter par une famille arabe, dans le métro. Il y a aussi les skinheads, qui aiment à " casser du pédé ". Et puis, bien sûr, le danger islamiste. " Mais heureusement, on a de bons contacts avec une des membres de l'association LGBT de la police, qui a sensibilisé ses collègues à notre cas particulier ", explique Cécile Balbous, une Française, salariée de Queer Base. Une fois à l'intérieur, les demandeurs d'asile se lâchent.

Ils sont chaque fois une cinquantaine. -Maçon originaire des territoires conquis au Moyen-Orient par le groupe Etat islamique, serveur somalien, étudiante afghane : tous échangent avec des Autrichiens venus pour les aider. Leur hantise : qu'un djihadiste se fasse passer pour homo et intègre à son tour la soirée. Chaque fois, les nouveaux venus sont scrutés. Et gare aux hommes trop " virils " ou à ceux qui n'ont pas les bons codes vestimentaires : on les prend souvent pour des espions. Les préjugés n'épargnent personne.

Parmi les piliers du jeudi, il y a Mokhran. Cet Erythréen a passé six mois dans un camp du Tyrol à tenter de masquer son homosexualité pour échapper aux questions insistantes de certains des migrants. " Il faut faire le bonhomme dans ces camps, raconte-t-il en tirant sur sa cigarette. Dissimuler qui on est vraiment : mettre une capuche, marcher comme les autres réfugiés. Surtout ne pas attirer les ennuis. "

Cette fois, la soirée est proposée par une association gay juive. Les disques qui passent sont israéliens ou syriens. Et c'est la découverte de tout un monde pour Mokhran qui, à 19  ans, n'a lui aussi connu que les humiliations, l'angoisse et les coups. " C'est la première fois que je peux m'amuser, danser, rigoler, être moi-même ", hurle-t-il pour tenter de couvrir la musique des divas orientales.

" Les réfugiés viennent d'une zone interdite, commente Marty Huber, une autre salariée de l'association Queer Base. Au début, ils ne savent pas comment gérer leur liberté nouvelle. Pour eux, être homo parfois, c'est faire des trucs trash. On tente de canaliser un peu ces découvertes qu'ils font, après des années de frustration. " Les primo-arrivants sont conseillés sur les pratiques à risque, notamment lorsqu'ils pensent à devenir des travailleurs du sexe. On leur suggère de se faire discrets sur les réseaux sociaux : la géolocalisation des applications de drague sur mobile a par exemple valu à l'un d'eux d'être passé à tabac.

Certains demandeurs doivent également monter des dossiers complexes pour la prise en charge de traitements antirétroviraux ou hormonaux, très chers dans les deux cas. D'autres menacent de se suicider, coincés dans des coins de campagne depuis plus d'un an où ils sont brimés, dans l'attente de leur premier entretien. S'ils quittent la commune dans laquelle ils sont enregistrés, leur dossier de demande d'asile est suspendu – ils se retrouvent alors sans hébergement, sans sécurité sociale et sans argent –, et les homosexuels ne sont pas toujours considérés comme faisant partie des groupes vulné-rables pouvant déposer une demande de transfert vers Vienne.

" frères de destin "

On leur conseille également de ne jamais mentir aux personnels qui étudient leur demande, alors que certains ont peur de dévoiler la raison exacte de leur fuite, notamment à cause des traducteurs, dont plusieurs ont été jugés ostensiblement homophobes. Il faut parfois répondre aux questions intimidantes de l'employé du ministère de l'intérieur, qui s'étonne de voir des parcours de lesbiennes mariées et mères de famille ou demande pourquoi tel jeune homme ne tait tout simplement pas ses préférences sexuelles pour pouvoir retourner dans son pays d'origine.

Les réfugiés homosexuels souffrent de solitude. Comme les autres migrants, ils ont laissé derrière eux leur culture, leur pays, leur langue d'origine, mais aussi, la plupart du temps, leur entourage, dont ils doivent faire le deuil. Pour se reconstruire, ils se raccrochent à leurs " frères de destin ", ceux qui, comme eux, ont dû fuir en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Un groupe d'Africains de l'Est, pas exemple, est devenu inséparable. Quatre garçons d'une vingtaine d'années, qui habitent tous dans une maison mise à leur disposition par la municipalité. Parmi eux, il y a Suleyman, qui ne sait ni lire ni écrire. Il a dû assister à la lapidation de son petit ami, enterré jusqu'à la tête. Lui-même a été condamné à mort.

Abdelkrim, un garçon androgyne de 19 ans qui veut devenir top-modèle et adore s'habiller en fille, est particulièrement content : hier, un dentiste lui a réparé les dents qu'on lui avait brisées, pour le punir de " s'être laissé monter comme une femme ". " Mes problèmes ont surgi lorsque j'avais 12 ans et que j'ai commencé à me maquiller, raconte-t-il. La tante qui m'élevait m'a alors interdit de sortir. Chez moi, si quelqu'un découvre que tu es gay, il doit te dénoncer, sinon il est puni aussi. " Emprisonné après un scandale, Abdelkrim devait être tué d'une balle dans la tête à sa majorité. Il a pu fuir grâce à la complicité d'un policier qui s'était entiché de lui. Un autre amoureux lui a fourni un faux passeport et le billet d'avion pour Istanbul.

Ce matin-là, flanqué de ses compagnons, il va chercher son allocation au siège d'une ONG. " On y va en groupe, comme ça, les autres réfugiés n'osent pas nous insulter ", murmure-t-il. Dans la rue, les quatre compères font semblant de ne pas se connaître. Ils écoutent Rihanna sur leurs iPhone.

En attendant le bus qui tarde à venir, Suleyman est accosté par un homme originaire du même pays que lui. Il ne lui répond pas. " S'il voit que je lui parle dans sa langue, il va nous filmer et poster la vidéo sur YouTube. " Des pages entières localisent les réfugiés homos en Europe et incitent à la violence à leur égard. Car même ici, la chasse aux gays n'est pas finie.

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15 août 2016 1 15 /08 /août /2016 13:40

Une intéressante réflexion, toujours actuelle, extraite du livre THÉORIE ET PRATIQUE DU COLLECTIVISME OLIGARCHIQUE lu par Winston Smith dans « 1984 » :

« La guerre donc, si nous la jugeons sur le modèle des guerres antérieures, est une simple imposture. Elle ressemble aux batailles entre certains ruminants dont les cornes sont plantées à un angle tel qu’ils sont incapables de se blesser l’un l’autre. Mais, bien qu’irréelle, elle n’est pas sans signification. Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée.

Ainsi qu’on le verra, la guerre est une affaire purement intérieure. Anciennement, les groupes dirigeants de tous les pays, bien qu’il leur fût possible de reconnaître leur intérêt commun et, par conséquent, de limiter les dégâts de la guerre, luttaient réellement les uns contre les autres, et celui qui était victorieux pillait toujours le vaincu. De nos jours, ils ne luttent pas du tout les uns contre les autres. La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société. »

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12 août 2016 5 12 /08 /août /2016 10:53

Dans la nouvelle Préface qu'a écrit Aldous Huxley en 1946 pour la réédition de son livre Le meilleur des mondes, une réflexion toujours actuelle...

" (...) En admettant, donc, que nous soyons capables de tirer de Hiroshima une leçon équivalente de celle que nos ancêtres ont tirée de Magdebourg, nous pouvons envisager une période, non pas, certes, de paix, mais de guerre limitée, qui ne soit que partiellement ruineuse. Au cours de cette période, on peut admettre que l'énergie nucléaire sera attelée à des usages industriels. Le résultat, la chose est assez évidente, sera une série de changements économiques et sociaux plus rapides et plus complets que tout ce qui s'est vu à ce jour. Toutes les formes générales existantes de la vie humaine seront brisées, et il faudra improviser des formes nouvelles pour conformer à ce fait non humaIn qu'est l'énergIe atomique, Procuste en tenue moderne, le savant en recherches nucléaires préparera le lit sur lequel devra coucher l'humanité; et, si l'humanité n'y est pas adaptée ma foi, ce sera tant pis pour l'humanité. Il faudra procéder à quelques extensions et à quelques amputations - le même genre d'extensions et d'amputations qui ont lieu depuis le jour où la science appliquée s'est réellement mise à marcher à sa cadence propre; mais cette fois, elles seront considérablement plus rigoureuses que par le passé. Ces opérations, qui seront loin de se faire sans douleur, seront dirigées par les gouvernements totalitaires éminemment centralisés. C'est là une chose inévitable: car l'avenir immédiat a des chances de ressembler au passé immédiat, et dans le passé immédiat les changements technologiques rapides, s'effectuant dans une économie de production en masse et chez une population où la grande majorité des gens ne possède rien, ont toujours eu tendance à créer une confusion économique et sociale. Afin de réduire cette confusion, le pouvoir a été centralisé et la mainmise gouvernementale accrue. Il est probable que tous les gouvernements du monde seront plus ou moins totalitaires, même avant l'utilisation pratique de l'énergie atomique; qu'ils seront totalitaires pendant et après cette utilisation pratique, voilà qui parait à peu près certain. Seul un mouvement populaire à grande échelle en vue de la décentralisation et de l'aide individuelle peut arrêter la tendance actuelle à l'étatisme."

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 14:26

Par Hasna Hussein, sociologue des médias, pour Le Monde sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/06/18/terrorisme-assez-avec-les-scoops-de-l-epouvante_4953153_3232.html#WP5XXLBeIVPsoEwX.99

Un couple de fonctionnaires du ministère de l’intérieur, dont un policier, a été assassiné dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 juin à leur domicile de Magnanville (Yvelines). Cet attentat a été perpétré au nom de l’organisation Etat islamique (EI) par Larossi Abballa, un individu condamné en 2013 pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes.

La couverture médiatique de ce double meurtre vient confirmer le rôle négatif joué par les médias audiovisuels et principalement par les chaînes d’information en continu, ainsi que par certains journalistes et « experts » du djihad en France dans le relais et le traitement de l’information.

Peu de temps après ces assassinats, ces « experts » se sont empressés de diffuser sur les réseaux sociaux des détails mis en ligne par l’auteur des crimes lui-même, contribuant ainsi à élargir de façon exponentielle l’assiette du public réceptif (l’auteur venait tout juste de créer son compte sur Twitter) de quelques dizaines ou de centaines de ses amis sur Facebook à plusieurs centaines de milliers.

Semer la terreur

Depuis, ces chaînes d’information et la presse diffusent ces détails qui ne font que répondre à l’objectif principal de ce genre d’attaque : semer la terreur au sein de la société française.

Ce n’est pas sur le fait de relayer l’information au sujet de l’assassinat du couple de Magnanville que nous mettons l’accent ici, mais sur le fait de livrer les détails morbides du modus operandi de l’individu, comme se sont plu à le faire certains observateurs, commentant le liveFacebook utilisé par le criminel comme on commente un match de foot en direct.

Il est indigne de partager sur les réseaux sociaux des informations relatives à la mise en ligne de la vidéo de ces assassinats, comme par exemple des photos des victimes ou de l’auteur se mettant en scène sur un réseau social, de reprendre les détails du contenu de son message de revendication, de son appel au meurtre au nom du djihad, de ses interrogations sur le sort à réserver à l’enfant de 3 ans du couple assassiné ou d’autres menaces que cet individu a pu proférer.

Des détails qui ont été « likés », « retweetés », partagés ou repris par plusieurs centaines d’internautes, voire par plusieurs milliers, ainsi que par de nombreux médias audiovisuels et écrits français. Ces détails ont également suscité une forme de curiosité morbide chez d’autres internautes, confinant dans certains cas à la fascination, les incitant à retrouver le contenu original posté par l’assaillant.

Inversion des valeurs

Le scoop de l’épouvante recherché, grâce à la diffusion de ce genre d’information brutale, par certains « experts » du djihad, et par les médias les relayant, contribue à catalyser l’angoisse et la terreur des Français.

Dépourvus de tout esprit critique et éthique dans leur traitement de l’actualité du djihad, ces « experts » se posent en purs et simples relais de la parole belliqueuse à travers leurs comptes Facebook ou Twitter. Ils semblent ne rechercher que le scoop ou le buzz de leurs propres profils de réseaux sociaux, sans jamais apporter la plus-value des sciences humaines et sociales ou même d’un travail journalistique conscient et conséquent : le traitement critique.

Or, rapporter des faits n’est pas, en l’espèce, suffisant. Donner le matériau djihadiste brut sans déconstruire les soubassements de la propagande, ou sans aucune mise à distance, n’est ni professionnel ni responsable. On voudrait ici nous faire croire que, sur un tel sujet, la (prétendue) neutralité est souhaitable et que toute manifestation d’indignation ou de condamnation est déjà un manque d’objectivité. Inversion des valeurs…

Faire le récit du déroulé d’images du criminel après son acte, depuis le pavillon de ses victimes, ou bien les capter et les rediffuser, manque au plus élémentaire des devoirs éthique et déontologique.

Pas le moindre esprit critique

On peut aussi se demander si les relais médiatiques ayant diffusé en boucle des images d’un Abaaoud ou d’un Merah souriants face à la caméra n’ont pas contribué à une sorte d’« héroïsation » – fût-ce d’un héros négatif, pour reprendre l’expression de Farhad Khosrokhavar – de ces personnages qui, précisément, recherchaient cette exposition médiatique.

Le porte-parole de l’EI, Abou Mohammed Al-Adnani, a prononcé récemment un nouveau discours sur le thème « Ils tuent et se font tuer », appelant les sympathisants de son organisation terroriste à commettre des attentats pendant le mois sacré du ramadan.

L’enregistrement audio, qui a été diffusé par l’entreprise de production de l’EI, Al-Forqân, et mis en ligne depuis le début du mois de juin, est uniquement en langue arabe. Depuis, les « experts » du djihad se sont, encore une fois et dans un souci de faire croître leur notoriété, précipités sur les médias audiovisuels français pour reproduire le message, toujours sans le moindre esprit critique ! Ce moment où l’expert devient un porte-parole du porte-parole !

Le propagandiste du IIIe Reich, Joseph Goebbels, disait : « Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet. » Effet réussi quand des « experts », cherchant également à conserver un statut privilégié auprès de leur réseau d’informateurs, se gardent bien de les froisser en évitant soigneusement de démonter, de critiquer ou même d’analyser la propagande djihadiste.

Failles du système médiatique

Ces « experts » semblent faire tout pour ne pas susciter la colère de leurs centaines de contacts numériques sympathisants de l’EI. Dans le numéro 8 de son magazine francophone, Dar Al-Islam, paru en novembre 2015, l’EI prend la défense d’un « pauvre » « expert » malmené pour avoir affirmé, sur Twitter, la « force » et la légitimité « islamique » de l’EI.

Voilà comment les membres d’une organisation terroriste ou ses sympathisants, considérés comme idiots ou psychopathes, s’appuient ironiquement sur les failles du système médiatique contemporain, sur la course à l’info et à l’« expertise », tout autant que sur l’inconséquence analytique et critique de certains « experts », pour faire la promotion de leurs basses œuvres. Le pire est de faire passer cela pour de la neutralité ou de l’objectivité.

Hasna Hussein

Sociologue des médias et chercheuse associée à l’Observatoire des radicalisations (EHESS-FMSH, Paris) et au Centre Émile Durkheim (Bordeaux), elle est aussi membre du conseil scientifique du Centre d’action et de lutte contre la radicalisation des individus (Capri).

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 18:51

Paris, le 9 juin 2016 – Le prolongement excessif de l'état d'urgence, mesure censée rester exceptionnelle, et les modalités de sa mise en oeuvre menacent l'état de droit, déclare aujourd'hui la FIDH qui publie aujourd'hui, avec le soutien de son organisation membre, la Ligue des droits de l’Homme (LDH), un rapport de mission internationale d’enquête intitulé "Mesures antiterroristes contraires aux droits humains : Quand l'exception devient la règle."

© AFP

La mission, qui s’est déroulée du 14 au 18 mars 2016, portait sur la réponse française aux récents attentats terroristes, afin d’en examiner la compatibilité avec le respect des droits humains. Les chargés de mission de la FIDH, Maître ta Mbaye, avocate mauritanienne, Maître Mokhtar Trifi, avocat tunisien et Monsieur Ramzi Kassem, professeur de droit américain, ont rencontré un grand nombre d'acteurs de la société civile française, des syndicats de magistrats, d'avocats, de police, la CNCDH et le Défenseur des droits, des personnes ayant été assignées à résidence ou perquisitionnées et leurs avocats, des parlementaires, des membres du Conseil d'état ainsi que des représentants de la Chancellerie.
« Cette mission a permis de dresser des constats particulièrement alarmants sur la mise en œuvre de l’état d’urgence depuis novembre 2015 : il ressort de l’analyse de la FIDH un affaiblissement important du principe d’égalité, à travers la mise en place de mesures qui stigmatisent une partie de la population, ainsi qu’un recul important de l’état de droit » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.
Le rapport publié ce jour reflète le contenu des discussions menées par la délégation de la FIDH avec les différents interlocuteurs rencontrés et présente une analyse des enjeux, en termes de respect des droits humains et de l’état de droit, des différentes mesures adoptées ou en cours d’examen en France au nom de la lutte contre le terrorisme, avec un focus particulier sur la mise en oeuvre de l'état d'urgence et l'absence de recours effectif.

« Le rapport dénonce la mise en place d’un régime d’exception permanent, au nom de la lutte contre le terrorisme, puisqu’au delà de l’état d’urgence, l’arsenal législatif adopté récemment ou en cours d’adoption entend pérenniser les mesures issues de l’état d’urgence, conduisant à un affaiblissement durable des libertés individuelles » a déclaré Françoise Dumont, présidente de la LDH.

Lire le rapport Mesures antiterroristes contraires aux droits humains : quand l’exception devient la règle

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27 mai 2016 5 27 /05 /mai /2016 13:50

Tribune le 26 mai 2016 dans Libération

Une centaine d’intellectuels et de personnalités dénoncent la stratégie du gouvernement d’isoler des «groupes organisés» et d’exagérer leurs faits de violence pour décrédibiliser les manifestations contre la loi travail à Rennes et à Paris.

Voilà deux mois que le gouvernement ne sait plus que faire pour venir à bout d’un mouvement auquel il ne comprend rien. Après avoir usé jusqu’à la lie la rhétorique anticasseur, il inaugure depuis la semaine dernière une nouvelle stratégie afin d’écraser ce qui lui résiste. Cette stratégie consiste à isoler, sur les suggestions des services de renseignement, des «groupes organisés» constitués policièrement en «associations de malfaiteurs», puis à les accuser de faits dont on exagère la gravité afin de pétrifier tant la population que ceux qui luttent. Ainsi, on annonçait jeudi 19 mai l’arrestation à Rennes d’un groupe de 20 «casseurs», jeunes «radicalisés» appartenant à la «mouvance anarcho-autonome», une «association de malfaiteurs» qui s’apprêtait à «saboter» le métro de la ville. Renseignements pris, le sabotage en question était une action de blocage économique décidée en assemblée générale interprofessionnelle et menée de concert avec la CGT-Route qui bloquait les axes routiers en périphérie de la ville. L’«association de malfaiteurs» se réunissait dans les locaux de Sud-Solidaires et s’apprêtait, en fait, à coller des autocollants sur les composteurs de billets, voire, pour les plus extrémistes, à y introduire de la mousse expansive.

C’est une manœuvre identique qui a été déployée à Paris le 18 mai suite à l’attaque d’une voiture sérigraphiée de la police par des manifestants. Alors que le syndicat de police Alliance privatisait la place de la République et faisait des «selfies» aux côtés de Marion Maréchal-Le Pen, d’Eric Ciotti et de Gilbert Collard, une contre-manifestation sauvage, repoussée à coups de gaz lacrymogènes, s’élançait dans les rues de Paris. C’est dans ces conditions qu’une voiture de police prise dans la circulation a dû essuyer un concentré de cette colère que l’on voit éclater depuis deux mois, à chaque manifestation. Qu’à force de se faire brutaliser, les plus pacifiques des manifestants en soient venus à entonner les slogans «Tout le monde déteste la police», «Même la police n’aime pas son travail», «Que fait la police, ça crève les yeux», devrait à tout le moins interroger. Suite à l’incendie du véhicule, le gouvernement allumait un contre-feu en gonflant l’incident en «tentative d’homicide volontaire». A cet effet, on occultera opportunément qu’à la vue des premiers manifestants, le policier a sorti son arme de service, voulant les repousser, et que ces mêmes manifestants ont aidé la policière à sortir du véhicule ; on transformera le bout de plastique dont se défend le policier en «barre de fer», des manifestants en «association de malfaiteurs» et on ira chercher des coupables présélectionnés par les services de renseignement parmi les militants de l’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA), que l’on essayait depuis une bonne semaine d’interdire de manifester. Et tous les médias de reprendre en chœur cette construction grotesque. Qu’importe qu’après deux jours de garde à vue, le ministère de l’Intérieur lui-même concède dans les pages du Monde qu’il n’y a, en l’état, aucun élément permettant de lier ces quatre militants à l’incendie de la voiture.

On comprend mieux à présent le sens de la déclaration de Manuel Valls au Sénat mardi 17 mai : «Ces Black Blocs, ces amis de monsieur Coupat, toutes ces organisations qui au fond n’aiment pas la démocratie, qui la contestent, qui en contestent les principes, trouveront la plus grande détermination de l’Etat, de la police et de la justice.» Ce qui était alors en préparation, à Rennes comme à Paris, était une manœuvre identique à celle qu’avaient tentée Michèle Alliot-Marie et Alain Bauer à l’époque du raid antiterroriste de Tarnac : cibler sur les conseils des services de renseignement un groupe d’opposants à éliminer, leur imputer des faits controuvés, construire sur cette base une «association de malfaiteurs» et tabler sur le suivisme et la lâcheté médiatiques pour faire passer l’accusation dans l’opinion.

Si, à l’époque, cette manœuvre a fini par piteusement échouer, c’est parce que nombreux furent celles et ceux qui, derrière le discours policier et gouvernemental, devinaient l’opération politique. Ce qui se prépare en ce moment, ce sont des «affaires de Tarnac» en série. C’est pourquoi nous appelons à soutenir les mis en examen de Rennes ou de Paris, ainsi que les lycéens, étudiants et manifestants mis en examen et qui parfois attendent en préventive leur comparution. Nous appelons à déjouer toute tentative de les isoler et de les instrumentaliser et à lutter pour l’abandon des charges extravagantes pesant sur eux : bref, à renverser l’accusation.

Parmi les premiers signataires :

Jean-Claude Amara Droits devant !, Loïc Artiaga Maître de conférences, Ludivine Bantigny Historienne, Emmanuel Barot Philosophe, Nicolas Bautès Universitaire, Daniel Blondet Militant anti-impérialiste, Christophe Bonneuil Historien, Simon Borja Chercheur en science politique, Ali Boulayoune Sociologue, Jérôme Bourdieu Economiste, Houria Bouteldja Militante politique, Jean-Pierre Bouyxou Ecrivain et journaliste, Eric Brun Sociologue, Joël Cabalion Sociologue, Vanessa R. Caru Chercheuse au CNRS, Manuel Cervera-Marzal Sociologue, Grégoire Chamayou CNRS, Déborah Cohen Historienne, Dominique Connan Chercheur, Simon Cottin-Marx Corédacteur en chef de la revue Mouvements, François Cusset Historien et écrivain, Christine Delphy Sociologue et féministe, Gérard Delteil Ecrivain, Emmanuel Deronne Enseignant-chercheur, Nathalie Desquenes Journaliste, Béatrice Dezy Enseignante, Paul Dirkx Sociologue, Elsa Dorlin Philosophe, Joss Dray Photographe, Julien Dufour Doctorant en sociologie, Cédric Durand Economiste, Annie Ernaux Ecrivaine, Jean-Baptiste Eyraud Militant associatif, Samantha Faubert Hispaniste, Alain Frappier Illustrateur, Désirée Frappier Scénariste, Bernard Friot Sociologue et économiste, Franck Gaudichaud Politologue, Vincent Gay Syndicaliste et enseignant, François Gèze Editeur, Pierre-Henri Gouyon Professeur au Muséum national d’histoire naturelle, Nacira Guénif Sociologue et anthropologue, Nicolas Haeringer Militant associatif, Hugo Harari-Kermadec Economiste, Eric Hazan Editeur, Hervé Huntzinger Historien, Nicolas Jaoul Chercheur au CNRS, François Jarrige Historien, Francis Juchereau Responsable associatif, Leslie Kaplan Ecrivaine, Razmig Keucheyan Sociologue, Stathis Kouvelakis Philosophe, Jean-Sébastien Kroll-Rabotin Enseignant-chercheur en école d’ingénieurs, Rose-Marie Lagrave Sociologue, Patrice Lardeux Militant CGT, Mathilde Larrère Historienne, Michelle Lecolle Linguiste, Olivier Le Cour Grandmaison Universitaire, Marius Loris Historien et poète, Pascal Maillard Universitaire et militant, Philippe Marlière Politiste, Guillaume Mazeau Historien, Daniel Mermet Journaliste et écrivain, Fabienne Messica Consultante, Bénédicte Monville-De Cecco Conseillère régionale Ile-de-France (EE-LV)Olivier Neveux Historien d’art, Nicolas Oppenchaim Sociologue, Yves Pagès Ecrivain et éditeur, Ugo Palheta Sociologue, Eugénia Palieraki Historienne, Luca Paltrinieri Philosophe, Willy Pelletier Sociologue, Irène Pereira Sociologue, Christine Poupin Porte-parole du NPA, Serge Quadruppani Ecrivain, Thierry Ramadier Directeur de recherches au CNRS, Manuel Rebuschi Enseignant-chercheur en philosophie, Marie Rivière Comédienne, Olivier Roueff Chercheur en sociologie au CNRS, Alexandre Rosenstein Etudiant en sociologie, Kristin Ross Historienne, Catherine Samary Economiste, Pierre Sauvêtre Chercheur en sociologie, Guillaume Sibertin-Blanc Philosophe, Jacques Testart Biologiste, Sylvie Tissot Sociologue, Marc Tomczak Enseignant-chercheur, Rémy Toulouse Editeur, Enzo Traverso Historien,Patrick Vassort Sociologue, Anne-Laure Vernet Enseignante-chercheure en arts plastiques, Nicolas Vieillescazes Editeur, Olivier Vinay Agrégé de biologie et vétérinaire, Sophie Wahnich Directrice de recherches au CNRS, Willem Dessinateur, Philippe Zarka Astrophysicien.

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26 mai 2016 4 26 /05 /mai /2016 16:00
Les nuages s’amoncellent sur la sûreté nucléaire

Par Pierre Le Hir, pour Le Monde le 26 mai 2016

Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), Pierre-Franck Chevet, avait déjà alerté au début de l’année. Il a renouvelé sa mise en garde à l’occasion de la présentation devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), mercredi 25 mai en fin d’après-midi, du rapport sur l’état de la sûreté et de la radioprotection en France en 2015. « En matière de sûreté, a-t-il martelé à plusieurs reprises, les enjeux sont sans précédent, dans un contexte  préoccupant pour l’avenir. »

Certes, estime-t-il, pour les installations nucléaires en exploitation, « la situation est plutôt globalement bonne ». Ce qui signifie que l’année écoulée « n’a pas connu d’incident majeur touchant directement la sûreté ». Un total de 774 « événements significatifs » n’en a pas moins été déclaré, dont 586 au titre de la sûreté, 109 au titre de la radioprotection et 79 au titre de la protection de l’environnement. Dans 67 cas, l’événement a été classé au niveau 1 (anomalie) sur une échelle de gravité qui compte sept niveaux, un cas seulement étant classé au niveau 2 (incident) : le 18 août, sur le site du Blayais (Gironde), un travailleur d’une entreprise prestataire d’EDF a été irradié lors d’un arrêt programmé.

Ce satisfecit d’ensemble recouvre toutefois des disparités. Parmi les dix-neuf centrales françaises, trois se distinguent positivement : Penly (Seine-Maritime), Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), mais aussi Fessenheim (Haut-Rhin), la doyenne des installations hexagonales, dont le gouvernement a promis la fermeture. A l’inverse, deux centrales, Cruas (Ardèche) et Gravelines (Nord), sont plus mal notées que la moyenne. Pour l’une comme pour l’autre, « des améliorations sont nécessaires, en termes de pratique quotidienne d’exploitation », juge l’ASN. S’ajoute à ces cancres l’usine d’assemblage de combustibles FBFC de Romans-sur-Isère (Drôme), filiale d’Areva, que le gendarme du nucléaire a décidé de maintenir « sous surveillance renforcée ».

« Contexte préoccupant pour l’avenir »

Surtout, souligne dans son rapport le collège, c’est-à-dire le directoire de l’ASN, « le jugement positif pour 2015 mérite d’être nuancé, car il s’inscrit dans un contexte préoccupant, porteur d’inquiétudes pour l’avenir ». La charge de travail s’accumule en effet pour l’autorité de contrôle, avec, souligne M. Chevet, « un calendrier plus que tendu ». Les 58 réacteurs du parc atomique français ont été mis en service, pour la plupart, dans les années 1980. Ils approchent donc de leurs quarante ans de fonctionnement, durée de vie pour laquelle ils ont été conçus. Leur éventuelle prolongation sera décidée au terme de leur quatrième visite décennale, un examen de sûreté très poussé que le réacteur de Tricastin 1 (Drôme) sera le premier à passer, en 2019.

Jusqu’ici, l’ASN annonçait qu’elle donnerait, à la fin de 2018, un premier avis « générique » sur le possible maintien en activité au-delà de quarante ans. Cette échéance pourrait être repoussée à « début 2019 », a indiqué mercredi son président. L’accord ne sera ensuite donné qu’après une inspection approfondie de chaque réacteur, l’autorité de sûreté ayant déjà prévenu que « la prolongation au-delà de quarante ans n’est nullement acquise ». Ce n’est pas tout. L’ASN devra aussi passer en revue, d’ici à la fin de 2017, une cinquantaine d’installations nucléaires elles aussi vieillissantes, relevant d’Areva, pour la fabrication et le retraitement du combustible, ou du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), pour les laboratoires de recherche. S’y ajoutent les travaux de renforcement du parc décidés après l’accident de Fukushima de mars 2011, qui ne seront achevés que « dans cinq à dix ans ».

Face à tous ces chantiers, l’ASN s’inquiète des « difficultés financières, économiques ou budgétaires » des grands opérateurs de la filière nucléaire, Areva, EDF mais aussi le CEA. Une situation qui, redoute M. Chevet, « peut conduire à ce que des investissements de sûreté ne soient pas faits ou soient retardés ». Il s’inquiète aussi de la difficulté de ses équipes, ainsi que de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), à faire face à toutes leurs missions d’expertise et de contrôle, faute d’effectifs suffisants. Les deux organismes ont obtenu de l’Etat trente postes supplémentaires sur trois ans, mais l’ASN chiffre ses besoins à « 140 ou 150 personnes supplémentaires ». En l’état actuel, prévient-il, « nous n’avons pas les moyens de tout faire ».

Imprévus

D’autant que des dossiers imprévus ont surgi. D’abord, les anomalies « sérieuses » de la cuve de l’EPR en construction à Flamanville (Manche). Les défauts (un excès de carbone dans l’acier du couvercle et du fond de la cuve, qui fragilise ces calottes) se sont révélés plus graves que prévu. Areva et EDF doivent mener des essais complémentaires pour garantir la fiabilité de ces composants cruciaux. Les résultats sont annoncés pour la fin de l’année, et l’ASN aura ensuite besoin de « quatre à six mois » pour les passer au crible.

Ensuite, les irrégularités constatées dans le contrôle de fabrication d’environ 400 pièces produites depuis 1965 dans l’usine du Creusot (Saône-et-Loire) d’Areva, dont une soixantaine seraient en service dans le parc nucléaire français. EDF et Areva se sont montrés rassurants, en affirmant que la sûreté d’aucun réacteur n’était en cause. Mais l’ASN n’a pas encore reçu toutes les données et, prévient M. Chevet, « leur expertise prendra pas mal de temps ». L’autorité de contrôle demande que des vérifications soient aussi menées sur les pièces sorties des usines d’Areva de Chalon-Saint-Marcel et de Jeumont.

Dans ce contexte, le président de l’Opecst, Jean-Yves Le Déaut, député (PS) de Meurthe-et-Moselle, a proposé à ses collègues une motion demandant au gouvernement, d’une part d’affecter à l’ASN les 150 postes réclamés, d’autre part de supprimer les annulations de crédits visant, parmi les grands organismes de recherche, le CEA, engagé dans un vaste programme de démantèlement d’installations nucléaires civiles et militaires.

Enfin, interrogé sur les éventuelles conséquences, en matière de sûreté, de l’appel à la grève lancé par la CGT auprès des personnels des centrales nucléaires, M. Chevet a rappelé que les conditions du droit de grève dans ce secteur sont « encadrées, avec des effectifs minimaux et des règles normales de fonctionnement ». Ajoutant : « A ce stade, ce n’est pas un sujet qui m’inquiète. »

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19 mai 2016 4 19 /05 /mai /2016 09:43

En plein accord avec L'état d'urgence au profit du maintien de l'ordre social, un résumé un peu agressif ;-) mais clair mais surtout, patientez jusqu'à la moitié de la vidéo, un entretien très intéressant avec le philosophe Michael Foessel, qui oppose l'urgence au nécessaire temps long de la démocratie... c'est sur https://www.youtube.com/watch?v=uq72XHngz9M, ou ci-dessous, bon visionnage !

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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 08:51

Un communiqué de la LDH le 16 mai 2016

Le gouvernement vient d’interdire à des militants de participer à des manifestations contre la loi travail en s’appuyant sur les dispositions de la loi sur l’état d’urgence. Ces interdictions ne reposent que sur la présence réelle ou supposée de telle ou telle personne à des manifestations, sans que n’ait été retenu à leur encontre aucun fait répréhensible autre que de protester contre les violences policières ou contre la loi travail dont l’Assemblée nationale n’a pu débattre jusqu’au bout en raison de l’usage de l’article 49.3 de la Constitution.

Déjà lors de la COP 21 et toujours sur les mêmes fondements, le gouvernement avait pris des mesures d’assignation à résidence, validées par le Conseil d’Etat, contre des militants écologistes. En interdisant de manifestation des militants qui ne sont en rien suspectés d’être liés aux raisons invoquées lors de la proclamation de l’état d’urgence, le gouvernement fait, un peu plus, la démonstration que celui-ci est conçu et utilisé à des fin qui n’ont rien à voir avec la lutte contre le terrorisme.

Sans aucun contrôle du juge judiciaire, sans contrôle réel du juge administratif, le gouvernement dispose ainsi, et en use, de pouvoirs exorbitants qui portent atteinte aux libertés publiques et individuelles.

La LDH condamne totalement cette accumulation de mesures autoritaires et tient à souligner combien les inquiétudes qu’elle avait manifestées dès la première prorogation de l’état d’urgence s’avèrent fondées.

Le gouvernement s’apprête à proroger une troisième fois l’état d’urgence. Une nouvelle fois, la LDH appelle les députés à mettre un terme à ce régime d’exception indigne d’une démocratie.

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