Voilà huit semaines que le Sahara algérien proteste contre l’exploitation et l’exploration des gaz de schiste à travers grèves, marches et sit-in. Initialement lancée par l’ONG environnementale In Salah Sun & Power, la protestation a été rejointe par la population locale. Les femmes sont très engagées dans le mouvement depuis le début, une première dans l’histoire de la ville d'In Salah. Vendredi 20 février, les citoyens d’In Salah ont tenu leurs actions de protestation habituelles.
En effet, le sit-in permanent observé sur la Place de la résistance devant le siège de la daïra, entamé le 1er janvier dernier, se poursuit toujours. Un groupe de citoyens campe également au PK 35 sur la route menant vers les forages schisteux de Gour Mahmoud, à une trentaine de kilomètres de la ville. Ce nouveau camp permanent est baptisé “Place de la résistance 2″.
« Halte à l’exploitation immédiate du gaz de schiste », pouvait-on lire dans les rues d’Alger le 24 février. Mais aussi dans d’autres grandes villes comme Oran, Tamanrasset, Boumerdès (une dizaine d’interpellations de militants), Batna et Bouira.
« La honte ! La honte ! Le gouvernement a cédé le Sahara pour quelques dollars ! » Cette mobilisation nationale contre les gaz de schiste coïncide avec le 44e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en Algérie. L’initiative, organisée par plusieurs formations de l’opposition, a été lancée en signe de solidarité avec les populations des provinces sahariennes qui s’opposent à l’exploration et à l’exploitation des gaz de schiste.
Mais à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001, des forces anti-émeutes ont été fortement déployées ce mardi 24 févier dès la première heure aux alentours de la Grande Poste, lieu où « des leaders de l’opposition » dont des députés, ont prévu la tenue d’un rassemblement pour dénoncer l’exploitation du gaz de schiste.
Les principaux leaders de la Coordination nationale pour les Libertés et la Transition Démocratique (CNLDT), Sofiane Djilali, Abderrezak Mokri, Ali Benflis et Mohsen Belabès, étaient présents à la manifestation. La répression a été immédiate, avec une vingtaine d’arrestations dans les rangs des manifestants, selon les organisateurs. Les policiers ont tout fait pour disperser la foule.
Alors que le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu’il fallait « fructifier » et « tirer profit » de tous les hydrocarbures dont le gaz de schiste, la répression l’emportera-t-elle sur cette mobilisation écologique inédite en Algérie ? Selon Hocine Malti, ancien cadre de la Sonatrach, « les citoyens d’In Salah sont déterminés à se battre jusqu’au bout. » Certains commencent même à envisager une grande marche qui partirait des villes du Sud pour rejoindre Alger.
A l’appel du Collectif Contre le Gaz de Schiste en Algérie,
nous sommes allés soutenir les habitants et militants écologistes du village d’In Salah dans leur lutte contre la fracturation hydraulique.
Ce rassemblement de soutien pacifique Anti-Gaz de Schiste a eu lieu MARDI 24 FEVRIER 2015 entre 17H et 19H, devant le Consulat général d’Algérie à Paris, 11 rue d'Argentine. Nous y étions, avec plusieurs dizaines de personnes.
Pour préserver les écosystèmes particulièrement fragiles dans cette région et diminuer notre dépendance aux énergies, nous citoyens du monde, militants engagés, écologistes soutenons les manifestants et manifestantes du Sud algérien.
Nous exigeons l’instauration d’un moratoire et d’un débat national sur le sujet.
NON au sacrifice de l’agriculture au profit de la rente gazière
NON à la pollution de l’eau et des nappes phréatiques
NON à la mise en danger de centaines d’oasis et des populations
Les premiers signataires :
Nous étions plusieurs associations écologistes du 93 présentes, parmi celles qui ont signé l’appel à ce rassemblement : ACA, Collectif Action Citoyenne pour l'Algérie, ALCAÉÉ, Association de La Communauté Algérienne Établie à l'Étranger, Bondy Ecologie, CCGSA, Collectif Contre le Gaz de Schiste en Algérie, Coordination Eau Ile-de-France, Écologie pour Tous, Taferka.
Pour plus d’informations sur la question, cet interview d’un connaisseur des hydrocarbures en Algérie : http://multinationales.org/De-l-independance-au-gaz-de-schiste-une-Algerie-malade-de-ses-hydrocarbures
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