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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 09:01

119 député·e·s européen·ne·s français·e·s et sénateurs et sénatrices français·e·s ont rejoint jeudi 25 février la campagne « Secrets toxiques ». Ils dénoncent les « failles » du système d’évaluation des pesticides et demandent à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de revoir ses procédures pour prendre en compte les « effets cocktail » de toutes les substances toxiques présentes dans les pesticides. À défaut de changer ses méthodes d’évaluation, l’Efsa sera traduite devant la Cour de justice européenne. D’après Jean-Jacques Régibier pour l’Humanité et Stéphane Mandard pour Le Monde. Lire aussi Le gouvernement fait régresser le droit de l’environnement, 32 pesticides cancérogènes identifiés dans l'airLancement d'une pétition européenne pour interdire les pesticides de synthèse et Glyphosate : la justice française annule une autorisation de mise sur le marché alors que les autorités sanitaires européennes ont plagié Monsanto pour l’autoriser en 2017.

Les « Secrets toxiques » de l’Autorité européenne de sécurité des aliments menacés d’un procès pour inaction

C’est une étude accablante, parue dans la revue Food and Chemical Toxicologyqui a donné l’alerte, en octobre 2020. Dans leurs résultats, les chercheurs Gilles-Éric Séralini et Gerald Jungers révèlent que 14 herbicides estampillés « sans glyphosate » contiennent des substances très dangereuses qui ne figurent nulle part sur l’étiquette. Parmi ces produits toxiques, des métaux lourds, de l’arsenic, du cuivre, du plomb, du nickel ou des hydrocarbures, certains étant des cancérigènes reconnus par le Centre international de recherche contre le cancer, c’est le cas du benzo(a)pyrène.

Fraude à l’étiquetage

Le 1 er décembre 2020, un collectif d’associations, parmi lesquelles Générations futures, Nature & Progrès ou Campagne Glyphosate France, lance la campagne « Secrets toxiques », qui reçoit le soutien de 14 000 pétitionnaires. Ils déposent plainte contre X au tribunal de Paris pour fraude à l’étiquetage sur les 14 herbicides mis en cause, mise en danger de la vie d’autrui et atteinte à l’environnement, ainsi que contre l’État français pour carences fautives.

« Les entreprises qui produisent ces pesticides sont tenues de déclarer tous leurs composants. Si ces poisons ne figurent pas sur les étiquettes, l’autorisation de commercialisation peut tomber en 24 heures », explique Gilles-Éric Séralini lors de la présentation, jeudi dernier, de la mise en demeure qui venait d’être adressée à l’Efsa, l’agence européenne chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires. C’est en effet cette agence, l’une des principales de l’Union européenne, censée protéger la santé de 500 millions de personnes, qui doit garantir que les pesticides employés ne sont pas dangereux pour la santé humaine.

Un effet cocktail passé sous silence

Or, selon Guillaume Tumerelle, l’avocat de « Secrets toxiques », on trouve dans certains pesticides jusqu’à 70 % de produits qui ne sont pas connus. «L’Efsa n’étudie que la substance déclarée active par l’industriel, comme le glyphosate, mais sans regarder son effet cumulé avec d’autres substances présentes dans le produit final, ce que les scientifiques appellent “l’effet cocktail”, c’est-à-dire le mélange caché de nombreux produits toxiques », explique l’avocat, qui dénonce l’attitude de l’agence européenne, accusée d’être complice du silence des industriels du secteur. L’agence européenne affirme que ce sont les Etats membres qui évaluent ou réévaluent la sécurité de la formulation complète des pesticides vendus sur leur territoire. Ce n’est pas le cas aujourd’hui [en France] avec l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] qui ne vérifie pas les effets à long terme de toxicité ou cancérogénicité des produits commercialisés. »

Ainsi, le glyphosate (substance active) est évalué et autorisé au niveau européen par l’EFSA, mais sa formulation commerciale (l’herbicide Roundup de l’entreprise Monsanto) est évaluée en France par l’Anses. Aussi, les parlementaires et les associations envisagent également d’envoyer une « mise en demeure » à l’Anses pour exiger le retrait des quatorze pesticides incriminés ainsi qu’« une meilleure évaluation systématique des pesticides avant la mise sur le marché ». Pour les élus, la prise en compte de l’ensemble des substances entrant dans la composition d’un pesticide (« le premier et peut-être le plus important des “effets cocktails” ») doit avoir lieu « dès la procédure d’autorisation ou de renouvellement d’une substance active déclarée ».

Pour l’instant, un courrier a été adressé, jeudi 25 février, à l’EFSA, pour la sommer de produire les études complètes qui permettront de révéler la totalité des produits qui composent les pesticides incriminés. Une première étape qui pourrait aboutir à une saisine de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) si l’autorité n’apporte pas de réponse jugée satisfaisante dans un délai de deux mois. Parmi les signataires, on trouve des parlementaires écologistes et de gauche, français et européens comme Yannick Jadot, mais aussi José Bové, Vandana Shiva ou Delphine Serreau qui font partie du comité qui soutient la plainte.

« L’agence européenne met sur le marché des produits qui peuvent tuer les gens alors que le Centre international de recherche sur le cancer, qui est une émanation de l’OMS, exige que l’ensemble des substances qui entrent dans la composition des pesticides soient évaluées, et pas seulement le glyphosate », explique la députée européenne Michèle Rivasi (Verts-ALE).

« Des alternatives existent »

L’eurodéputé Verts Benoît Biteau, lui-même agriculteur, assure que « des alternatives existent », et qu’il est possible, comme lui-même le pratique sur son exploitation, de cultiver sainement sans aucun produit toxique. Claude Gruffat (Verts-ALE) insiste lui aussi pour que l’évaluation de l’Agence européenne porte sur la totalité des substances qui composent les pesticides. « Les fabricants ont menti sur leurs produits », dénonce-t-il, expliquant que les « effets cocktail n’ont jamais été pris en compte ».

Les associations engagées dans l’action en justice contre l’Efsa exigent un changement complet des méthodes d’évaluation de l’Agence européenne qui ne permettent pas actuellement de révéler les substances chimiques cachées, dangereuses pour la santé humaine. « Si l’Efsa n’a pas répondu sous deux mois, elle se trouvera dans une situation grave et sera accusée de compromission », prédit Gilles-Éric Séralini, le chercheur qui a révélé l’existence des produits cachés.

De puissants lobbies

«Il s’agit non seulement de défendre la santé et l’environnement, mais également d’une question de transparence et d’un enjeu démocratique majeur. Les industriels des phytosanitaires ne peuvent pas faire la loi », dénonce le député européen FI Manuel Bompard (GUE), qui relie le combat pour la transparence dans la composition des pesticides à une lutte globale pour l’agroécologie et une nouvelle politique agricole commune.

Pour le député européen Éric Andrieux (S et D), l’action engagée par le collectif « Secrets toxiques » est « le début d’un long processus où seront pointées les inconséquences de la Commission européenne ». Il met également en garde contre la puissance des lobbies industriels auxquels ONG, députés et citoyens vont devoir faire face.

La très lourde condamnation, cette semaine, par le tribunal de Libourne de l’association Alerte aux toxiques et de sa porte-parole Valérie Murat, qui avait publié des analyses révélant la présence de pesticides dans 22 vins de Bordeaux labellisés « Haute valeur environnementale » (HVE), semble confirmer ses craintes.

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24 septembre 2020 4 24 /09 /septembre /2020 11:38

Soixante-dix ans après l’introduction dans l’industrie des composés fluoroalkyliques, dits PFAS, dénoncée par Dark waters de Todd Haynes, l’exposition de la population européenne excède largement le seuil fixé par l’agence de sécurité des aliments. D’après l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et Stéphane Foucart pour Le Monde le 24 septembre 2020. Lire aussi Tous les Français et surtout les enfants sont imprégnés par les perturbateurs endocriniens « du quotidien », Les pesticides perturbateurs endocriniens présents dans les eaux de surface en FranceDes pesticides et des perturbateurs endocriniens dans notre alimentation et Le rapport-choc de l’IGAS sur les perturbateurs endocriniens interrogent l’inaction des pouvoirs publics.

Dark waters ... 70 ans après, les composants perfluorés empoisonnent toujours notre environnement

Utilisés depuis plus les années 1950, notamment pour la fabrication du téflon (le célèbre revêtement de poêles anti-adhésif) par le géant de la chimie DuPont, les PFAS sont demeurés sous le radar des pouvoirs publics jusque dans les années 1990. C’est l’action en justice d’un groupe de riverains américains, contaminés par les effluents d’une usine du groupe de chimie DuPont, qui a mis en lumière, dès 1998, l’ampleur du scandale – une histoire fidèlement racontée dans le dernier film de Todd Haynes, Dark Waters. En particulier, le travail de l’avocat à l’origine de l’affaire, Robert Bilott, a montré que DuPont connaissait depuis des décennies les risques sanitaires présentés par les PFAS mais a continué à produire ces substances, tout en dissimulant leurs dangers.

Bien que parfaitement inconnus du grand public, les composés fluoroalkyliques (dits PFAS, pour « substances per- et polyfluoroalkyliques ») posent des risques sanitaires pour de larges franges de la population européenne. C’est le sens de l’expertise rendue vendredi 18 septembre par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’agence chargée d’évaluer les substances entrant dans la chaîne alimentaire. A la lumière des données les plus récentes, l’EFSA a réévalué le seuil d’exposition acceptable aux quatre PFAS les plus courants (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS) et fixe cette limite d’exposition à 0,63 milliardième de gramme par kilo de poids corporel et par jour (ng/kg/j).

Extrêmement bas, ce seuil tolérable atteste de la capacité de ces perturbateurs endocriniens suspectés à produire des effets délétères à des niveaux d’exposition très faibles. Selon l’agence basée à Parme (Italie), l’exposition moyenne d’une large part de la population européenne à ces substances – en particulier les enfants – excède souvent largement, voire très largement, ce seuil de référence. Une situation jugée « inquiétante » par l’agence, pourtant peu suspecte d’alarmisme. Par rapport à l’évaluation qu’elle avait conduite en 2008, l’EFSA a dû diviser le seuil d’exposition tolérable aux PFAS par plus de 2500, pour tenir compte de nouvelles études, toujours plus préoccupantes.

Les PFAS sont un groupe de substances de synthèse parées de propriétés physico-chimiques particulières (imperméabilisation, isolation électrique, etc.). Elles sont utilisées depuis des décennies par une variété de secteurs industriels : revêtements antiadhérents d’ustensiles de cuisine, matériaux d’emballage des aliments, textiles, automobile, électronique, mousses anti-incendie, etc. Par le biais de rejets industriels, du ruissellement de décharges, de la pollution des sols et des nappes phréatiques, ces substances ont progressivement imprégné l’environnement. Elles se stockent et persistent dans la chaîne alimentaire, achevant leur destin dans l’assiette des consommateurs – et in fine dans leurs organismes. Où, de surcroît, elles s’accumulent en raison de leur forte persistance. Toute la population occidentale est, à divers degrés, concernée.

Les effets avérés et suspectés des PFAS sur la santé

Les effets avérés et suspectés des PFAS sur la santé

« Les enfants sont le groupe de population le plus exposé »

Selon l’EFSA, les principales sources d’exposition à ces produits sont « l’eau potable, le poisson, les fruits, les œufs ou les produits à base d’œuf ». Les aliments les plus fortement contaminés sont la viande de gibier et certains produits de la mer. Selon les experts commis par l’agence européenne, « les enfants sont le groupe de population le plus exposé, et l’exposition pendant la grossesse et l’allaitement est le principal contributeur à l’apport en PFAS chez les nourrissons ».

L’EFSA a évalué l’exposition moyenne de la population européenne à ces substances à partir des mesures de la contamination d’un grand échantillon d’aliments commercialisés dans l’Union européenne. Selon les méthodes d’évaluation, les experts ont considéré une fourchette basse et une fourchette haute. Dans tous les cas, le seuil d’exposition tolérable est largement excédé pour les enfants et les nourrissons : de 0,85 à 6,5 ng/kg/j pour la fourchette basse, et de 38,6 à 112,1 ng/kg/j, pour la fourchette haute. Dans l’hypothèse la plus optimiste, les enfants peuvent donc être exposés à ces quatre PFAS jusqu’à 10 fois le seuil tolérable d’exposition et dans le pire des cas, jusqu’à près de 180 fois ce seuil.

Pour les adolescents, adultes et personnes âgées, les niveaux d’exposition sont environ deux fois inférieurs mais soulèvent néanmoins aussi une « inquiétude sanitaire », selon l’EFSA. D’autant que ces estimations sont limitées aux aliments bruts et ne tiennent pas compte d’autres sources d’exposition – matériaux au contact des aliments, contamination de l’air intérieur, etc.

Les effets sanitaires des PFAS sont très divers. Celui détecté aux plus faibles niveaux d’exposition est un effet immunitaire (une réponse vaccinale atténuée) chez les enfants exposés. Plusieurs études épidémiologiques publiées ces dernières années et rassemblées par l’agence européenne indiquent une association entre l’exposition aux PFAS et l’élévation du taux de cholestérol, le diabète et l’obésité, des troubles hépatiques, un faible poids à la naissance pour les bébés exposés in utero, ou encore une réduction des hormones thyroïdiennes.

Ce dernier effet pourrait d’ailleurs augurer d’un impact sur le neurodéveloppement des enfants ayant été exposés in utero ou dans la période périnatale, et l’EFSA recommande la poursuite des travaux sur ce sujet. D’autres dégâts possibles, comme l’altération du développement de la glande mammaire, ont été relevés sur des animaux de laboratoires. Tous les modes d’action de ces produits – les mécanismes biologiques par lesquels ils génèrent la variété de ces dégâts – ne sont pas encore élucidés.

Selon les données présentées par l’EFSA, l’exposition à deux PFAS – le PFOA et le PFOS – est en baisse depuis le tournant du siècle. Mais d’autres perfluorés sont, au contraire, de plus en plus présents, tandis que pour la majeure part d’entre eux, aucune tendance claire, ni à la hausse, ni à la baisse, ne peut être identifiée.

Dark waters ... 70 ans après, les composants perfluorés empoisonnent toujours notre environnement

« Plus de 4 000 produits dans cette famille »

« Il est très important que nous puissions poursuivre nos travaux sur l’alimentation des Français, en particulier pour mieux caractériser leurs expositions à ces produits : les dernières études que nous avons conduites sur le sujet reposent sur des données qui ont plus de dix ans, explique Matthieu Schuler, directeur de l’évaluation des risques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Les niveaux d’exposition tolérable établis par l’EFSA, très bas, doivent nous conduire à trouver les moyens de limiter les expositions, en particulier chez les enfants. »

Quant aux restrictions d’usage de ces produits, c’est un casse-tête réglementaire. « Il existe plus de 4 000 produits dans cette famille et les plus problématiques sont déjà soumis à des restrictions dans le cadre de la directive européenne sur les produits chimiques, explique M. Schuler. D’autres sont inscrits dans la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants » – du nom de ce traité international qui bannit les substances dangereuses capables de s’accumuler dans l’environnement et la chaîne alimentaire, comme le DDT, le chlordécone, les polychlorobiphényles (PCB), etc. « Plusieurs agences sanitaires européennes travaillent à trouver un cadre réglementaire susceptible d’encadrer ces produits en procédant par groupe de substances en particulier compte tenu de leur persistance dans l’environnement », ajoute M. Schuler.

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30 novembre 2019 6 30 /11 /novembre /2019 09:08

Malgré le moratoire de l'Europe sur ces substances depuis 2013, une étude montre la persistance de ces produits dans l’environnement et dans le pollen et le nectar de cultures dont ils ont été bannis. D’après Stéphane Foucart le 27 novembre 2019 pour Le Monde. Lire aussi La disparition des abeilles programmée en EuropeLes insectes pourraient disparaître de la planète d’ici 100 ans, Les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici 100 ans et Ce que les abeilles murmurent à l’oreille des humains.

Des abeilles mortes dans une ruche sont exposées lors d’une manifestation d’apiculteurs à Rennes, en 2018. DAMIEN MEYER / AFP

Des abeilles mortes dans une ruche sont exposées lors d’une manifestation d’apiculteurs à Rennes, en 2018. DAMIEN MEYER / AFP

L’effet délétère des pesticides « tueurs d’abeilles » ne cessera pas avec leur retrait du marché. Les désormais fameux néonicotinoïdes persistent en effet dans l’environnement et imprègnent des cultures non traitées, plusieurs années après avoir été interdits, à des niveaux demeurant dangereux pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages – parfois à des concentrations plusieurs dizaines de fois supérieures à celles de cultures traitées. Ce sont les conclusions saillantes d’une étude française à paraître jeudi 28 novembre dans la revue Science of the Total Environment.

Des résultats qui s’inscrivent dans la lignée de publications montrant la dispersion et la persistance dans l’environnement des « néonics », et qui prennent toute leur importance à la lumière des récents travaux indiquant un effondrement accéléré des populations d’insectes dans les campagnes des pays du Nord.

Les auteurs, conduits par Dimitry Wintermantel (INRA, CNRS) et Vincent Bretagnolle (CNRS), chercheurs au Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS, Université de La Rochelle), ont analysé du nectar et du pollen prélevés sur quelque 300 parcelles de colza, réparties sur la zone atelier Plaine et Val de Sèvre, une plaine céréalière de 450 kilomètres carrés utilisée à des fins de recherche sur les liens entre pratiques agricoles et écosystèmes.

Plusieurs centaines d’échantillons ont été prélevés sur ces champs entre 2014 et 2018, c’est-à-dire après la mise en place du moratoire de 2013 interdisant l’utilisation des trois principales molécules (imidaclopride, thiaméthoxame, clothianidine) sur les cultures visitées par l’abeille, comme le colza, le tournesol ou encore le maïs.

Aucune tendance à la baisse

Résultats : malgré ces interdictions d’usage, les chercheurs retrouvent des traces de « néonics » dans 43 % des échantillons de colza analysés, l’imidaclopride étant de loin la substance la plus fréquente. Plus étonnant, aucune tendance à la baisse n’est observée. En 2014, on retrouvait de l’imidaclopride dans environ 70 % des parcelles, ce taux chutant à seulement 5 % l’année suivante, pour remonter à plus de 90 % en 2016, descendre à 30 % en 2017 pour remonter encore, cette fois autour de 55 % en 2018.

Dans leur très grande majorité, les taux de contamination des pollens et nectars testés sont inférieurs à 1 partie par milliard (ppb). Mais les concentrations peuvent aussi être spectaculaires. En 2016, en deux occasions, les chercheurs ont trouvé plus de 45 ppb d’imidaclopride dans les échantillons testés. Soit plus de cinq fois la concentration de produit attendue dans le nectar ou le pollen de colzas traités.

Le risque est-il réel ? Les auteurs répondent par l’affirmative. Après avoir utilisé un modèle simulant le risque de mortalité pour trois types d’abeilles (domestiques, bourdons et abeilles solitaires), ils estiment qu’au cours des deux pires années – 2014 et 2016 –, 12 % des parcelles étaient assez contaminées pour tuer 50 % des abeilles domestiques s’y aventurant. Jusqu’à 20 % des champs conduisent à la mortalité de la moitié des bourdons qui y butinent. Ces deux mêmes années, environ 10 % des parcelles présentent un tel risque pour les abeilles solitaires.

Les risques des années pluvieuses

« Nous avons utilisé un modèle conservateur, celui de l’Autorité européenne de sécurité des aliments, précise M. Bretagnolle. Celui-ci ne tient compte que de la mortalité induite par le produit pur, et non des effets de synergies possibles avec des pathogènes naturels ou d’autres pesticides présents sur la parcelle. Il n’évalue pas non plus les effets sublétaux. » Ces effets non directement mortels, peuvent survenir chez certains pollinisateurs dès la consommation régulière de nectar ou de pollen contaminés à hauteur de 0,1 ppb – soit plus de 400 fois moins que les plus hautes concentrations retrouvées par les chercheurs français. Ces effets peuvent affecter la fertilité, l’immunité ou encore les capacités d’orientation des individus et ainsi éroder, année après année, les populations de pollinisateurs.

« Ces résultats sont doublement alarmants, estime l’écologue Fabrice Helfenstein, qui n’a pas participé à ces travaux. D’abord parce qu’ils montrent que la fréquence de détection de ces produits est élevée, ensuite parce qu’on ne constate pas de déclin, dans le temps, de cette fréquence de détection et de leur concentration dans l’environnement. » Les chercheurs français ont cherché des éléments de réponse à cette énigme : ils constatent, notamment, que les années pluvieuses coïncident avec l’étendue de la contamination des parcelles.

« Il est plausible que ces substances, qui sont solubles dans l’eau, sont remobilisées en cas de fortes pluies, et redistribuées sur des parcelles n’ayant pas nécessairement été traitées l’année précédente », dit M. Bretagnolle. Les néonicotinoïdes étant des molécules dites « systémiques » (qui imprègnent tous les tissus de la plante), elles peuvent être réabsorbées par la végétation poussant sur des sols contaminés. Un constat étayé par plusieurs travaux récents, montrant notamment que le nectar et le pollen des fleurs sauvages poussant aux marges des parcelles traitées sont une voie d’exposition importante des abeilles à ces produits.

Des parcelles « bio » contaminées

En dépit du caractère frappant de ces résultats, M. Helfenstein se dit « peu étonné ». « Vu le caractère massif de leur utilisation au cours des dernières années, principalement en traitement préventif des semences, on peut s’attendre à trouver des néonicotinoïdes dans tous les paysages où ils ont été utilisés », dit-il. L’écologue parle en connaissance de cause : il a dirigé des travaux analogues publiés en mars dans le Journal of Applied Ecology, conduits par plusieurs chercheurs de l’université de Neuchâtel (Suisse). Avec des conclusions allant dans le même sens.

Ces chercheurs ont tenté d’évaluer la présence des principaux « néonics » sur des parcelles conventionnelles, biologiques ou dans des zones d’intérêt écologique (bocages, prairies, etc.), soumise à des mesures de préservation environnementales strictes. Les chercheurs avaient collecté plus de 700 échantillons de sols et de végétations prélevés dans des exploitations ou des propriétés de l’ensemble des régions de basse altitude de la Confédération helvétique.

Tous les échantillons d’exploitations conventionnelles contenaient au moins un « néonic », tandis que 93 % de ceux prélevés sur des fermes « bio » en contenaient également. Et ce, alors que les exploitations en question étaient converties depuis au moins dix ans. Plus étonnant : 80 % des prélèvements effectués dans les zones d’intérêt écologique portaient aussi des traces de ces substances.

Les chercheurs suisses ont utilisé une autre méthode d’évaluation des risques que celle de leurs confrères français. Ils ont considéré 72 espèces d’invertébrés favorables aux cultures (pollinisateurs, prédateurs d’espèces nuisibles, etc.) et, en se fondant sur la toxicité d’un seul des produits mesurés (la clothianidine), ils estiment que les taux de cette seule substance retrouvée sur les parcelles conventionnelles, représentent un risque létal pour 5,3 % à 8,6 % des espèces considérées et un risque sublétal pour 31,6 % à 41,2 % d’entre elles. Ces risques sont très inférieurs sur les autres parcelles (« bio » et zones d’intérêt écologique).

Chercheurs suisses et français cherchent désormais à trouver des financements pour maintenir un réseau de surveillance de la rémanence de ces produits dans l’environnement des deux pays. « Ce projet a démarré en 2018, c’est-à-dire l’année de leur interdiction, non seulement sur les cultures attractives pour l’abeille, mais aussi sur le blé, l’orge, etc., explique Sabrina Gaba (INRA), coordinatrice du projet. Il concerne dix sites en France, représentant toutes les zones de grandes cultures françaises. »

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 09:23

Obtenir l’interdiction des pesticides de synthèse dans l’Union européenne d’ici quinze ans est-il possible ? C’est l’objectif que se sont fixées 90 organisations européennes, qui ont lancé une initiative citoyenne européenne, pour récolter un million de signatures à déposer sur le bureau de la Commission européenne.

En France, Nous voulons des coquelicots se rassemblera vendredi 6 décembre - ici devant la mairie des Lilas à 18h30. D’après AFP le 25 novembre 2019. Lire aussi Les SDHI, ces pesticides qui alarment les scientifiques, Le Conseil d’Etat annule en partie l’arrêté « pesticides », jugé insuffisamment protecteur de la santé et de l’environnement, Des résidus de pesticides dans les 3/4 des fruits et 43% des légumes non bio, Les pesticides perturbateurs endocriniens présents dans les eaux de surface en France et Les cours d'eau européens gravement pollués par des produits agricoles interdits.

Actuellement, chaque État de l'UE peut instaurer un programme de réduction des pesticides (photo d'illustration). | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Actuellement, chaque État de l'UE peut instaurer un programme de réduction des pesticides (photo d'illustration). | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Interdire les pesticides de synthèse dans l’Union européenne d’ici à 15 ans : c’est l’objectif d’une Initiative citoyenne européenne (ICE) lancée lundi, qui espère récolter plus d’un million de signatures pour contraindre la Commission européenne à ouvrir le débat.

Cette initiative a été lancée par sept citoyens de l’Union européenne, vivant en Italie, en Roumanie, en France, en Autriche, en Allemagne, en Belgique et en Grèce, selon une présentation de l’ONG française Générations futures. Leur demande a été validée par la Commission européenne.

55 000 signatures nécessaires en France

Les ICE sont un outil de participation citoyenne qui permet de saisir la Commission sur des sujets d’initiative populaire. Une ICE, lancée en 2017, a déjà conduit la Commission européenne à revoir sa législation sur le glyphosate, herbicide controversé. Cette nouvelle récolte de signatures se déroulera jusqu'au 30 septembre 2020 - cliquez sur ce lien vers le site de Générations futures pour la France. « Obtenir que les pays se mettent d’accord pour l’interdiction des pesticides en 15 ans, c’est plutôt ambitieux », reconnaît Nadine Lauverjat, coordinatrice de Générations Futures. Mais pour elle, il faut « sortir d’un système agricole à bout ».

En France, il faudra récolter au moins 55 000 signatures pour cette ICE. Un appel, « Nous voulons des coquelicots », pour l’interdiction des pesticides de synthèse a recueilli près de 979 000 signatures. Le gouvernement français s’est déjà engagé à sortir de l’essentiel des usages du glyphosate au 1er janvier 2021, et de tous les usages début 2023.

Des programmes de réduction des pesticides possibles

Les ONG soutenant cette démarche demandent précisément « l’interdiction progressive des pesticides de synthèse dans l’agriculture européenne à hauteur de 80 % d’ici 2030, en priorisant les pesticides les plus toxiques, afin de devenir un territoire 'zéro-pesticide' au plus tard en 2035 », selon le dossier de presse.

Elles préconisent de « donner priorité aux exploitations agricoles de petite taille, diversifiées et ayant des pratiques durables » et de « restaurer la biodiversité » dans les zones agricoles, alors que la situation est catastrophique, avec une disparition massive des insectes et de leurs prédateurs (oiseaux, hérissons, lézards, amphibiens).

Actuellement, chaque État de l’UE peut instaurer un programme de réduction des pesticides. En France, deux plans successifs en ce sens ont échoué. Une nouvelle mouture prévoit de réduire de 50 % l’utilisation des produits phytopharmaceutiques d’ici 2025.

Pour Nadine Lauverjat, l’exemple français des 3 000 fermes Dephy engagées dans des pratiques économes en pesticides montre que c’est possible.

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 17:40

Pour la première fois, l’Union pour la conservation de la nature a publié une « liste rouge » des arbres européens menacés - sorbier et marronnier sont en danger. Par Clémentine Thiberge le 27 septembre 2019 pour Le Monde. Lire aussi La croissance végétale en panne sèche au XXIe siècle, Les promoteurs, les arbres et la cité - lettre ouverte à BNP Paribas et L’homme et l’arbre font société.

Une forêt de pins près de Welzow, dans le Brandebourg (Allemagne), le 19 septembre, où de nombreux arbres souffrent de la sécheresse. JOHN MACDOUGALL / AFP

Une forêt de pins près de Welzow, dans le Brandebourg (Allemagne), le 19 septembre, où de nombreux arbres souffrent de la sécheresse. JOHN MACDOUGALL / AFP

Des 454 espèces d’arbres européens, 42 % sont menacées d’extinction, alerte, vendredi 27 septembre, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Plus inquiétant encore, 58 % des arbres endémiques d’Europe – ceux qui n’existent nulle part ailleurs sur la planète – sont menacés et 15 % ont été classés dans la catégorie « en danger critique », soit le dernier pallier avant l’extinction. Les sorbiers, les marronniers ou encore certains lauriers font partie des espèces les plus menacées.

Baromètres de santé de la biodiversité, les listes rouges de l’UICN identifient les espèces menacées d’extinction au niveau régional ou mondial afin de pouvoir prendre des mesures de conservation appropriées. Le statut des espèces arboricoles n’avait encore jamais été évalué en Europe. « Les arbres jouent un rôle très important, ils structurent tout l’écosystème forestier, explique Serge Muller, responsable scientifique de l’herbier national et président du Conseil national de la protection de la nature. Sans arbres, il n’y a pas de forêt et toutes les autres espèces de cet écosystème sont alors menacées. C’est pourquoi une étude approfondie sur les causes et conséquences de ces extinctions est extrêmement importante. »

La menace des espèces invasives

Selon le rapport, les menaces qui pèsent sur ce pan de biodiversité sont différentes pour chaque espèce. « Mais de manière générale, on retrouve des causes d’extinction communes à beaucoup d’arbres », soutient Emily Beech, officière de conservation au Botanic Gardens Conservation International de Londres et coauteure du rapport. Le principal risque identifié par les scientifiques vient des espèces invasives. Touchant 38 % des espèces étudiées, il s’agit notamment de parasites et de maladies, mais également de plantes introduites par l’homme et concurrentes des arbres indigènes. Le marronnier commun, par exemple, a été classé « vulnérable » à la suite du déclin causé par la mineuse du marronnier. Cette chenille, qui endommage les feuilles de l’arbre, a colonisé l’Europe. « Les espèces insulaires sont également très touchées par ces invasions, explique Bruno Cornier, botaniste ayant participé à l’étude. Dans les Canaries, à Madère ou en Sicile, les milieux sont très fragiles et beaucoup d’espèces invasives sont importées par les activités humaines. »

A ces menaces s’ajoutent, soutient Emily Beech, « la déforestation et le développement urbain, qui sont responsables de la vulnérabilité de 20 % des espèces mais aussi l’extension des terres agricoles, les incendies, le changement climatique, le tourisme ». Ce dernier affecte principalement les espèces côtières. En effet, la construction d’infrastructures liées à l’activité touristique, combinée au piétinement de ces espaces sensibles, augmente la vulnérabilité des arbres. Ceux-ci sont également fragilisés par la montée des eaux et l’intensification des tempêtes, poursuit la chercheuse.

Epine dorsale des écosystèmes

Les scientifiques appellent aujourd’hui l’Union européenne à œuvrer de manière globale à la survie de ce patrimoine biologique. « Les arbres sont essentiels à la vie sur Terre et les arbres européens, dans toute leur diversité, constituent une source de nourriture et un abri pour d’innombrables espèces animales (…) et jouent un rôle économique clé », a déclaré Craig Hilton-Taylor, chef de l’unité « Liste rouge » de l’UICN, dans un communiqué.

Plus encore, l’organisation espère que ce message d’alerte permettra au grand public de s’intéresser davantage à la disparition d’espèces végétales. En effet, alors qu’une grande attention est souvent accordée au déclin d’espèces dites charismatiques, comme les grands mammifères ou les oiseaux, les plantes sont, elles, souvent oubliées. « Les plantes parlent peu au grand public, admet Emily Beech, et il est beaucoup plus difficile d’obtenir des fonds pour étudier des espèces que personne ne connaît. » L’UICN a donc souligné la nécessité de les inclure dans la planification de la conservation. « Ce rapport montre à quel point la situation est catastrophique pour de nombreuses espèces sous-estimées et sous-évaluées qui constituent l’épine dorsale des écosystèmes européens et contribuent à la santé de la planète », a déclaré Luc Bas, directeur du Bureau régional européen de l’UICN.

Cette « liste rouge » centrée sur l’Europe n’est que la première partie d’une évaluation mondiale. L’UICN souhaite en effet publier une liste mondiale exhaustive des espèces d’arbres menacés avant fin 2020. Une liste rouge qui représenterait plus de 60 000 espèces.

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20 septembre 2019 5 20 /09 /septembre /2019 09:13

L’étude menée à Paris, Berlin, Madrid, Londres… révèle des niveaux de pollution de l’air intérieur loin des normes sanitaires. D’après Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL) et Stéphane Mandard pour Le Monde le 18 septembre 2019. Lire aussi La première conférence mondiale sur la pollution de l'air s'est ouverte à Genève, Pollution de l’air : le match du siècle , Paris, encore loin des villes européennes modèles pour la pollution de l’air et la mobilité, La pollution de l’air tue 7 millions de personnes dans le monde chaque année et Médecins et associations unissent leurs voix pour rappeler l’urgence d’agir face à la pollution de l’air.

Les écoles cernées par la pollution dans six capitales européennes

La pollution de l’air ne s’arrête pas aux portes des écoles, ni à celles des salles de classe. Telle est la conclusion d’une étude menée par l’ONG européenne Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL) dans six capitales en proie à des problèmes récurrents de qualité de l’air : Paris, Londres, Berlin, Madrid, Sofia et Varsovie.

Trois polluants (dioxyde d’azote, particules fines et dioxyde de carbone) ont été mesurés entre mars et mai dans cinquante établissements. Les résultats ont été publiés mercredi 18 septembre. Ils font apparaître des tendances alarmantes communes à toutes les villes.

Du dioxyde d’azote (NO2), gaz toxique émis principalement par le trafic routier et en particulier les véhicules diesels, a été détecté à l’intérieur de toutes les salles de classe dans l’ensemble des écoles et parfois à des niveaux importants.

Les concentrations en particules fines (PM 2,5, inférieurs à 2,5 micromètres de diamètre) dépassent souvent la norme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de 10 microgrammes par mètre cube (µg/m3) en moyenne annuelle. La plupart des salles de cours présentent des niveaux de dioxyde de carbone (CO2) supérieurs au seuil recommandé de 1 000 particules par million (ppm).

Record dans une école parisienne

Les écoles cernées par la pollution dans six capitales européennes

Les résultats concernant le NO2 sont éloquents. Dans certaines classes, les concentrations frôlent les limites européennes en vigueur pour l’air extérieur (40 µg/m3 en moyenne annuelle). Ainsi, 35 µg/m3 ont été relevés dans une école de Madrid.

Dans d’autres établissements, les concentrations retrouvées à l’intérieur des salles dépassent même les niveaux mesurés en extérieur, à l’entrée de ces écoles : 30 µg/m3 versus 22 et 23 versus 16 pour deux écoles de Sofia, 13 versus 6 pour un établissement berlinois. Et, dans de nombreux cas, les niveaux mesurés à l’entrée des écoles oscillent entre 35 et 43 µg/m3, le record revenant à une école maternelle parisienne avec un taux de 52 µg/m3, soit largement au-delà de la limite légale européenne.

« L’objectif de notre travail n’était pas de comparer les villes entre elles, mais de mobiliser les décideurs locaux à travers l’Union européenne autour d’un défi de santé publique récurrent. A savoir que, pour garantir la qualité de l’air intérieur dans les écoles – là où respirent les membres d’une catégorie particulièrement vulnérable de la population –, il est indispensable de réduire la pollution extérieure », commente Sophie Perroud, de HEAL, qui regroupe plus de 70 organisations spécialisées dans les questions de santé-environnement.

A Paris, la campagne de mesures a été pilotée par France Nature Environnement (FNE). Elle complète les données publiées en mars par l’association Respire indiquant que les niveaux de pollution aux abords des établissements scolaires dépassent souvent les normes sanitaires. Six écoles maternelles et primaires représentant près de 1 000 élèves ont accepté de participer à l’étude. Choisies de façon à obtenir des profils différents (proximité avec un axe urbain, quartier…), elles ont préféré garder l’anonymat.

Mauvaise ventilation

Quatre écoles présentent des concentrations de CO2 « très supérieures aux niveaux recommandés » (entre 1 062 et 1 525 ppm), indiquant une mauvaise ventilation, pourtant indispensable pour la santé et la concentration des enfants. Les niveaux de particules fines PM 2,5, les plus dangereuses car elles pénètrent profondément dans l’organisme, dépassent la norme de l’OMS dans quatre d’entre elles, et de plus du double pour trois écoles (avec 20, 23 et 25 µg/m3).

Les résultats sont particulièrement préoccupants pour une école primaire du centre de Paris. Située à proximité d’un grand boulevard, elle cumule niveaux très élevés de CO2 (1 525 ppm) et de NO2 (52 µg/m3 à l’entrée de l’école, 27 µg/m3 en salle).

« La circulation routière et les chantiers de construction constituant la principale source de pollution de l’air extérieur, les écoles ont besoin que les maires agissent en vue de trouver des solutions permettant de la réduire, commente Alain Chabrolle, vice-président de FNE. Paris est en train de mettre en place quelques mesures, mais il est possible de faire davantage, en particulier autour des écoles avec, par exemple, des limitations de vitesse plus strictes, des zones à faibles émissions ou des zones à péage urbain. »

FNE et HEAL réclament aussi un « meilleur contrôle » et « des amendes plus dissuasives pour le non-respect de la vignette Crit’Air », qui interdit aux véhicules les plus polluants (Crit’Air 5 et 4) de circuler dans Paris en semaine. Les ONG plaident également pour un « renforcement du contrôle réglementaire et scientifique citoyen de la qualité de l’air dans les écoles ». Annoncé par la mairie avant l’été, le déploiement de 150 capteurs dans une cinquantaine d’établissements jugés prioritaires doit s’intensifier à partir du 20 septembre.

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 12:25

Depuis l’introduction des insecticides néonicotinoïdes, il y a moins de trente ans, les trois quarts des populations d’insectes volants ont disparu. Cet été, l’Union européenne a renoncé à protéger rapidement ces pollinisateurs. Par Stéphane Foucart le 27 août 2019 pour Le Monde. Lire aussi L’Europe interdit trois pesticides néonicotinoïdes dangereux pour les abeillesLes électeurs volent au secours des abeilles en Bavière... une loi pour sauver les insectes en Allemagne ?  Les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici 100 ans, L'Europe doit choisir entre les abeilles et l’agrochimie...  Nous voulons des coquelicots...  et Ce que les abeilles murmurent à l’oreille des humains.

« Danser en travaillant », tel est le mantra des abeilles butineuses. Les plus expérimentées d’entre elles partent en exploration, à la recherche de délicieux pollens. Une fois ceux-ci dénichés, elles frétillent de l’abdomen pour appeler leurs jeunes collègues. Ces dernières sont ainsi formées à détecter le top des pollens, avant d’aider leurs aînées à transporter le précieux chargement. Photographie de Mark W. Moffett

« Danser en travaillant », tel est le mantra des abeilles butineuses. Les plus expérimentées d’entre elles partent en exploration, à la recherche de délicieux pollens. Une fois ceux-ci dénichés, elles frétillent de l’abdomen pour appeler leurs jeunes collègues. Ces dernières sont ainsi formées à détecter le top des pollens, avant d’aider leurs aînées à transporter le précieux chargement. Photographie de Mark W. Moffett

Il n’y aura pas de répit pour les abeilles. L’Union européenne a décidé de passer outre l’avis de ses propres experts, et de la communauté scientifique au sens large, dans la protection de ces insectes. Après six années d’atermoiements, l’un de ses comités techniques a adopté au cœur de l’été, le 17 juillet, un texte réglementaire parmi les plus lourds de ­conséquences pour l’avenir de la biodiversité sur le Vieux Continent.

Le texte en question – une mise à jour des principes d’évaluation des effets des pesticides sur les abeilles – fait l’impasse sur l’essentiel des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’agence d’expertise officielle de l’Union. L’écrasante majorité des mesures proposées par l’agence sont renvoyées à un examen ultérieur, au mieux, après l’été 2021. Et ce, alors que l’EFSA fait savoir depuis le printemps 2012 que les tests réglementaires actuels ne protègent pas les abeilles et les pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles solitaires, papillons, etc.). Interdits depuis fin 2018 en Europe, les trois principaux insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame) pourraient ainsi être remplacés par des produits aussi problématiques.

Nouvelles générations de pesticides systémiques

Ce nouveau report d’au moins deux ans dans l’adoption de nouveaux « tests abeilles » intervient alors que les études soulignant l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs succèdent aux alertes du monde apicole. La plus marquante de ces études, publiée en octobre 2017 dans la revue PLoS One, suggère que la biomasse d’insectes volants a chuté de plus de 75 % entre 1989 et 2016 dans une soixantaine de zones protégées d’Allemagne. Avec un pic à plus de 80 % de déclin lorsque la mesure est faite au cœur de l’été.

La disparition des abeilles programmée en Europe

Au cours de ces vingt-sept ans, expliquent les auteurs, ni l’évolution des températures ni celle des précipitations, du nombre de jours de gel, de l’éclairage, de la quantité d’azote dans les sols ou du couvert végétal ne permettent d’expliquer un tel effondrement de l’entomofaune, dont les auteurs suspectent qu’il soit représentatif des « paysages de basse altitude d’Europe occidentale dominés par les activités humaines » – une suspicion que le « syndrome du pare-brise propre » constaté par les automobilistes âgés de plus de 40 ans, étaye largement.

Ce déclin abrupt de l’abondance d’insectes dans les campagnes européennes coïncide avec l’introduction des nouvelles générations de pesticides systémiques – néonicotinoïdes et fipronil – utilisés de manière préventive en enrobage de semences, sur des millions d’hectares de grandes cultures. « Les alertes des apiculteurs français, consécutives à l’utilisation de ces produits, remontent à 1994, et force est de constater que, depuis, la réglementation n’a pas vraiment évolué, en termes d’évaluation des risques des pesticides pour les pollinisateurs », déplore Martin Dermine, chargé de mission à l’ONG Pesticide Action Network-Europe (PAN-Europe).

Toxicité chronique

Dès 2003, un groupe d’experts français, le Comité scientifique et technique sur l’étude multifactorielle des troubles de l’abeille (CST), missionné par le ministère de l’agriculture, avait montré que les tests réglementaires en vigueur sont inaptes à évaluer les risques des nouvelles générations de produits phytosanitaires sur les abeilles. Le CST avait d’ailleurs développé sa propre méthodologie d’évaluation des risques.

Son rapport conduisit à la suspension, en France, de certains usages d’un néonicotinoïde courant – l’imidaclopride – mais il ne remit pas en cause les « tests abeilles » réglementaires. Il faudra attendre près d’une décennie pour que la Commission européenne prenne la question au sérieux et qu’elle saisisse l’EFSA de cette question. Mandatée pour passer en revue les tests en question, l’agence rassemble ses experts maison avec une vingtaine de scientifiques du monde académique. Le résultat de l’expertise, publié en mai 2012 dans un rapport de plus de 250 pages, est accablant.

Les tests en laboratoire requis avant la mise sur le marché d’un pesticide ne cherchent, par exemple, à déterminer que la toxicité aiguë pour l’abeille adulte. Les experts réunis par l’EFSA ­estiment qu’il faudrait également documenter la toxicité chronique, c’est-à-dire les effets d’une exposition répétée, plusieurs jours durant. Ce n’est pas un détail. Dès 2001, des travaux conduits à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ont montré que des doses d’imidaclopride plusieurs milliers de fois inférieures à la dose de toxicité aiguë, administrées chaque jour, étaient susceptibles de tuer une abeille domestique en huit jours.

« Depuis qu’on a découvert que la toxicité des néonicotinoïdes sur les insectes est renforcée par la durée de l’exposition, il est clair que l’évaluation du risque basée sur la seule toxicité aiguë est insuffisante car elle sous-estime le risque de long terme, explique le toxicologue néerlandais Henk Tennekes, auteur de plusieurs travaux théoriques sur le sujet. Les produits relativement stables dans les sols et dans l’eau seront létaux pour les insectes à des concentrations très inférieures aux niveaux de toxicité immédiate. » Pour le cas de l’imidaclopride et de l’abeille, en estimant le risque à partir de la seule toxicité aiguë, on sous-estime ainsi de plus d’un facteur mille le risque réel encouru par les butineuses. « L’imidaclopride est un cas d’école, assure M. Tennekes. Ce produit a causé un déclin massif des insectes à des concentrations très inférieures à celles induisant une toxicité aiguë. »

En 2013, un an après la publication de son rapport détaillant les failles des « tests abeilles » en vigueur, l’EFSA publie un « document-guide », c’est-à-dire un ensemble d’effets délétères potentiels qu’il faudrait tester avant d’autoriser une molécule à entrer sur le marché. L’EFSA recommande de contrôler en laboratoire sa toxicité chronique sur l’abeille, mais aussi sur les larves, de contrôler la toxicité des molécules ­résultant de la dégradation du pesticide (ou métabolites) – celles-ci pouvant être plus toxiques encore que le produit commercialisé.

L’agence européenne recommande en outre de tenir compte de différentes voies d’exposition : les abeilles ne sont pas uniquement exposées par le biais du pollen et du nectar des cultures traitées, mais aussi par l’eau de « guttation » exsudée par les plantes et à laquelle les insectes viennent parfois s’abreuver ou encore par les poussières contaminées émanant des semoirs pneumatiques… L’EFSA ne s’arrête pas là et ­recommande également que les effets sublétaux (non directement mortels : perte de fertilité, d’immunité, d’orientation, etc.) soient pris en compte, de même que les effets cumulés de produits fréquemment rencontrés dans l’environnement. Toutes choses aujourd’hui absentes des « tests abeilles » réglementaires.

En théorie, d’autres « tests abeilles » réglementaires, en plein champ, sont supposés mettre en évidence d’éventuels problèmes que n’auraient pas détecté les tests en laboratoire. Mais là encore, les tests actuels censés reproduire au plus près les effets des pesticides sur les butineuses dans les conditions réelles, sont frappés, selon l’EFSA, de « faiblesses majeures ». Dans leur rapport de 2012, les experts commis par l’agence européenne notaient que les colonies enrôlées dans ces essais sont placées devant une surface test de 2 500 m2 à 1 hectare en fonction de la culture traitée. Or, de telles surfaces ne représentent que 0,01 % à 0,05 % de la surface visitée par une butineuse autour de sa ruche… L’exposition au produit est donc, là encore, potentiellement plusieurs milliers de fois inférieure à la réalité. L’EFSA propose aussi de revoir de fond en comble les protocoles de ces tests en plein champ.

A Bruxelles, entre 2013 et 2019, le fameux document-guide de l’EFSA a été inscrit à l’ordre du jour du comité technique européen ad hoc (le Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF) à une trentaine de reprises. Aucun accord des Etats membres n’a pu être trouvé pour l’adopter. Interrogée par Le Monde, la Commission européenne assure avoir bataillé ferme pour le faire adopter, mais a dû renoncer faute de bonne volonté d’une majorité d’Etats membres.

« Exercice d’acrobatie politique »

Le 17 juillet, aucune des avancées proposées par l’EFSA n’a en définitive été adoptée : le seul consensus obtenu a été de reconduire une évaluation des risques fondée sur la toxicité aiguë des substances testées. L’exécutif européen a donc demandé à son agence de réviser son document-guide. Remise de la copie : juin 2021. Reprendra alors le cycle de la remise à l’ordre du jour des réunions du SCoPAFF d’une nouvelle liste de recommandations…

Officiellement, il ne s’agit pour l’EFSA que de remettre à jour, en fonction des connaissances nouvelles, ses propositions. « En réalité, on sent bien que ce qui est implicitement demandé à l’EFSA n’est pas vraiment une expertise scientifique, mais plutôt un exercice d’acrobatie politique visant à réduire les ambitions pour satisfaire les Etats membres réticents, dit Martin Dermine. On ne voit d’ailleurs pas trop comment cela sera possible, puisque tout ce qui est publié dans la littérature scientifique va plutôt dans le sens d’une exigence de précaution encore accrue, par rapport à ce que l’on savait en 2012. »

De son côté, l’association française Pollinis, qui participe au comité des parties prenantes mis en place sur le sujet par l’EFSA, dénonce l’intense lobbying des industriels de l’agrochimie. Ceux-ci ont adressé aux responsables de l’exécutif européen au moins une dizaine de courriers protestant vigoureusement contre le document-guide de l’EFSA. De fait, les enjeux industriels sont considérables. « Les estimations conduites par les scientifiques de l’industrie eux-mêmes montrent que près de 80 % des usages d’herbicides, 75 % des usages de fongicides et 92 % des utilisations d’insecticides échoueraient à passer les tests de toxicité chronique sur l’abeille domestique », explique Barbara Berardi, responsable du pôle pesticides de Pollinis.

L’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, ne fait pas mystère de son opposition au document-guide proposé par l’agence européenne. « Nous soutenons pleinement un système robuste d’évaluation du risque pour les pollinisateurs, qui permet d’identifier les substances préoccupantes, dit-on à l’ECPA. Mais le document-guide proposé par l’EFSA débattu depuis 2013 ou les “principes uniformes” récemment adoptés [le texte réglementaire adopté le 17 juillet] ne permettent pas cela. »

Les industriels font valoir que les études en plein champ les plus exigeantes proposées par l’agence européenne ne sont pas réalisables. Pour qu’ils soient mis en œuvre, ces protocoles devraient couvrir plusieurs dizaines de kilomètres carrés, selon les plaidoyers transmis par l’ECPA à la Commission européenne, que Le Monde a pu consulter. En outre, ajoutent les industriels, il n’existe encore « aucune méthodologie reconnue au niveau international pour plusieurs des études requises par l’EFSA ». Enfin, les tests requis sont si contraignants, assure l’ECPA, que des produits utilisés en agriculture biologique échoueraient à les passer sans encombre…

Bourdons et abeilles solitaires

« On voit que l’industrie cherche à négocier les coefficients permettant d’estimer les niveaux de risques acceptables, avec des arguments extrêmement techniques, explique Barbara Berardi, sur la foi de documents que Le Monde a pu consulter. Par exemple, l’industrie demande à la Commission de relever à 20 % la perte d’abeilles au sein d’une colonie comme seuil acceptable, au lieu des 7 % recommandés par l’EFSA. »

Encore ne s’agit-il là que de considérations sur l’abeille domestique. Dans son document-guide de 2013, l’EFSA demande aussi que soient pris en compte des pollinisateurs sauvages importants, comme les bourdons et les abeilles solitaires. Jusqu’à présent, aucun test réglementaire ne se préoccupe d’évaluer les effets délétères des pesticides sur ces invertébrés. L’EFSA recommande d’en inclure. Elle n’est d’ailleurs pas la seule instance à exiger une telle mesure.

En 2015, deux ans après la publication du document-guide de l’agence d’expertise, le bras exécutif des académies des sciences des Etats membres de l’Union, l’European Academies Science Advisory Council (Easac), publiait un rapport sur les néonicotinoïdes, estimant qu’« il existe des preuves claires que de très faibles niveaux de néonicotinoïdes ont des effets sublétaux de longue durée sur des organismes bénéfiques ». Et que ce fait « devrait être pris en compte par les procédures d’approbation [des pesticides] de l’Union européenne ».

Stress chimique

L’un des points-clés du rapport était de souligner la grande fragilité des pollinisateurs sauvages face au stress chimique – plus grande que celle des abeilles domestiques, dont l’organisation sociale complexe permet des marges d’adaptation et une résilience que n’ont pas les autres insectes. « Il est probable que, à partir du moment où les abeilles domestiques ont commencé à décliner, des dégâts bien plus grands étaient déjà ­consommés pour les autres pollinisateurs, explique Michael Norton, qui a coordonné le rapport de l’Easac. A partir de ce constat, il semble nécessaire d’évaluer les risques des pesticides non seulement sur l’abeille domestique, mais au moins aussi sur d’autres insectes sauvages qui jouent un rôle bénéfique pour les activités humaines. »

Comme toutes les autres propositions de l’EFSA, ces tests sur des pollinisateurs sauvages, s’ils sont maintenus dans les futures recommandations de l’agence, ne seront pas discutés par les Etats membres avant l’été 2021. Presque une décennie après que l’alerte a été officiellement lancée sur la cécité des tests réglementaires actuels.

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7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 13:26

L’accord sur le climat de 2015 est utilisé par le gouvernement français pour justifier la signature d’accords de libre-échange climaticides. Il faut appeler les parlementaires à ne pas signer le Ceta le 17 juillet. Par Maximes Combes le 4 juillet 2019. Lire aussi CETA : un rapport critique qui arrive trop tardYannick Jadot : « Oui, je suis anticapitaliste » et Les accords commerciaux nuisent à votre démocratie.

Ne pas signer le Ceta au nom de l’accord de Paris...

Du mauvais usage de l’accord de Paris en matière de commerce

Au moment des élections européennes, Emmanuel Macron et sa liste Renaissance juraient que les traités de libre-échange nocifs pour le climat étaient de l’histoire ancienne. C’est même au nom de l’Accord de Paris, dont Donald Trump veut sortir, qu’Emmanuel Macron a justifié, en mai, le « non » français à l’ouverture de négociations commerciales avec les États-Unis. Que le Président valide la finalisation d’un accord avec le Mercosur (et donc le Brésil), la signature d’accords de commerce et d’investissement avec le Vietnam (le 30 juin à Hanoï) et une ratification hâtive du Ceta, pourtant non climato-compatible, pourrait donc surprendre.

L’Élysée estime que ces décisions sont cohérentes : la France accepte de négocier des accords de commerce et d’investissement avec les pays tiers qui ont signé ou ratifié l’accord de Paris sur le climat. Interrogé sur l’accord avec le Mercosur, Emmanuel Macron s’est justifié en affirmant que Jair Bolsonaro venait de renoncer à sortir de l’accord de Paris. Un tel critère est en réalité faiblement discriminant : 183 États ont ratifié l’accord de Paris. L’Érythrée, le Kirghizistan ou le Yémen font parti de la quinzaine de petits États qui ne l’ont pas ratifié. Ce critère de l’accord de Paris n’écarte donc que les États-Unis et la Russie, seules puissances mondiales à ne pas l’avoir ratifié.

Mais existe-t-il une profonde différence de nature entre les politiques de Donald Trump, qui veut relancer les centrales à charbon et désarme son agence de l’environnement, celles de Jair Bolsonaro, qui encourage la déforestation en Amazonie et démantèle son ministère de l’Écologie, ou celles du Premier ministre australien, Scott Morrison, qui supprime des régulations climatiques et appuie son industrie charbonnière ? Du point de vue de l’urgence climatique, toutes ces politiques se valent. En plus de donner des gages aux groupes qui ont fait du déni climatique leur fonds de commerce, elles aggravent la crise climatique, retardent tout sursaut politique et font perdre un temps précieux. La France et Emmanuel Macron ne se sont pourtant jamais opposés aux négociations entre l’UE et l’Australie.

La ratification de l’accord de Paris n’est donc pas le bon critère pour juger de la politique climatique d’un pays tiers, ni pour en renforcer l’ambition. En l’utilisant, Emmanuel Macron élude 99 % du problème et donne du crédit à une approche qui traduit une très mauvaise compréhension de l’impact des politiques de libéralisation du commerce sur le climat. Une extension de cette approche consiste à vouloir mentionner l’accord de Paris dans les accords commerciaux pour les rendre compatibles avec la lutte contre le changement climatique. L’intention est sans doute louable. Elle fait néanmoins comme si cet accord était suffisant pour garantir l’ambition climatique, et comme s’il était possible de désarmer les règles du commerce international en signant de nouveaux accords de commerce (sic).

Imaginer que l’on puisse honorer les engagements de l’accord de Paris en étendant les politiques de libéralisation du commerce et de l’investissement conduit dans une impasse. Cet accord n’est pas doté d’instruments pouvant contenir les émissions de gaz à effet de serre générées par l’augmentation du commerce international. En outre, les accords de commerce contribuent à ce que le droit commercial s’impose face au droit de l’environnement : les mesures sur le développement durable ou le climat s’effacent ainsi derrière les principes généraux d’ouverture des marchés et de protection des investisseurs, tandis que les marchés et les entreprises multinationales ont été dotés de pouvoirs démesurées limitant fortement le droit à réguler des pouvoirs public.

Contestées en tant que « restrictions déguisées au commerce international », les mesures de protection de l’environnement, les normes écologiques et les politiques de transition énergétique se heurtent donc aux règles instituées par les accords de commerce et d’investissement. La mention de l’accord de Paris dans le texte de ces dits accords ne modifierait en rien la situation. Ne pas remettre en cause structurellement les règles qui organisent le commerce et l’investissement à l’échelle mondiale revient donc à se limiter à agir dans un cadre étriqué et inadapté à l’urgence climatique. Ne nous y limitons pas : appelons les députés à ne pas ratifier le Ceta le 17 juillet. L’accord entre l’UE et le Canada n’est pas climato-compatible : écrivons donc à nos parlementaires pour le leur dire sur le site collectifstoptafta.org.

Maximes Combes, membre d'Attac

(1) Négociations UE-États-Unis : que révèle la manœuvre électorale d’Emmanuel Macron ? france.attac.org/se-mobiliser/le-grand-marche-transatlantique/article/negociations-ue-etats-unis-que-revele-la-manoeuvre-electorale-d-emmanuel-macron

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27 mai 2019 1 27 /05 /mai /2019 17:18
Merci aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens qui ont voté " Pour le climat, tout doit changer ! "

Merci

aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens, et en particulier aux jeunes générations, qui ont choisi de voter pour la liste Pour le climat, tout doit changer !

Ensemble, le 26 mai 2019, nous avons rassemblé 24,45 % des voix sur notre ville, plaçant Europe Ecologie en tête aux Lilas, et Les Lilas en tête de l’Île-de-France comme le plus fort pourcentage de suffrages exprimés pour notre liste Pour le climat, tout doit changer !

Merci d’avoir cru avec nous que l’échelon européen est le seul auquel il est possible, sous la pression des citoyens, de mener une action efficace contre le dérèglement climatique. Douze député.e.s écologistes ont été élu.e.s en France et mettront tout en œuvre pour faire appliquer Pour le climat, tout doit changer ! : adopter un traité environnemental européen contre l’acceptation du productivisme et la valorisation de la consommation comme moyen d’émancipation, contre le capitalisme néo-libéral, anti-social et anti-écologiste.

Oui, Europe Ecologie Les Verts veut « Changer le système, pas le climat ! », la politique, nos vies. C’est ce à quoi nous participons aux Lilas depuis longtemps, pour une écologie politique du quotidien, qui préserve notre environnement, la santé des lilasiennes et des lilasiens et développe les communs aux Lilas : un air non pollué et une eau en régie publique, une alimentation bio et accessible à toutes les bourses, une mobilité douce et partagée, une énergie renouvelable locale, un poumon vert à la Corniche des Forts, une qualité de vie pour toutes et tous.

Europe Ecologie Les Verts ne prétend pas avoir le monopole des préoccupations écologiques, et aux Lilas, nous saluons d’abord la jeunesse mobilisée pour le climat tous les vendredis, et singulièrement le 24 mai, mais aussi toutes les électrices et les électeurs d’Urgence écologie, du Parti animaliste, de Genération.s, de La France Insoumise, de Envie d’Europe écologique et sociale… tous adeptes d’un mieux vivre ensemble – à l’opposé des 9,1% qui ont donné leurs suffrages au Rassemblement national aux Lilas. Ensemble, nous pouvons construire pour nos concitoyens une réponse locale à l’urgence écologique et sociale, contre la privatisation des services publics pour mettre Les Lilas en commun.

   Merci !

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24 mai 2019 5 24 /05 /mai /2019 17:53

Dimanche, les Européens éliront leurs 705 représentants au sein de l’Union. Mais, quel est le rôle des eurodéputés, notamment en matière écologique ? D'après Politis et Reporterre. Lire aussi « L’écologie doit être au cœur de toute décision » : 77 organisations appellent à une grève mondiale pour le climat le 24 mai, Votez pour le climat ! et Qu'est-ce qu'on attend pour tout changer ?

Le Parlement européen est utile à l’écologie ... malgré les lobbies !

Dimanche, les Européens éliront leurs 705 représentants au sein de l’Union. Mais, quel est le rôle des eurodéputés, notamment en matière écologique ? Reporterre aide à y voir plus clair dans cette terre de lobbies, de jeux politiques et de pouvoir.

Que vous vous promeniez dans une zone Natura 2000 ou que vous achetiez un véhicule moins polluant qu’auparavant, c’est grâce à l’Union européenne. Les limites de pollution aux particules fines, la protection des cours d’eau ou de certaines espèces d’oiseaux, c’est encore l’Europe. « Plus de 80 % des dispositions du Code de l’environnement viennent de directives ou de règlements européens », souligne l’avocat Arnaud Gossement, spécialiste du sujet.

« Sur l’écologie et le climat, tout se joue à Bruxelles [à la fois le siège de la Commission européenne et là où se tiennent les commissions et les séances additionnelles du Parlement européen] », confirme Karima Delli, eurodéputée écologiste et candidate aux élections du 26 mai. L’environnement fait en effet partie des « compétences partagées » : l’Union européenne est prioritaire sur les États pour légiférer. Ainsi, « depuis l’adoption de la directive Oiseaux en 1979, le droit de l’environnement a pris une place de plus en plus importante au sein de l’Union européenne, précise Arnaud Gossement. C’est un des domaines où l’on prend le plus de directives ». Et, qui dit directives, dit eurodéputés. Le Parlement européen partage en effet le pouvoir législatif avec le Conseil européen, réunissant les gouvernements des États membres. Pour le meilleur, et pour le pire : « L’autorisation du glyphosate, le paquet ferroviaire ou les traités de libre-échange sont dans les compétences des parlementaires européens », rappelait Manon Aubry, tête de liste des « insoumis » aux élections européennes. À bien des égards, le libéralisme de l’Union européenne paraît effectivement contradictoire avec l’urgence écologique.

Malgré tout, la plupart des acteurs s’accordent à le dire : « Sans le Parlement européen, nous n’aurions pas de progression du droit de l’environnement », dit Me Gossement. « C’est une institution qui tient tête aux États, et qui est très souvent bien plus progressiste que le Conseil ou la Commission sur les questions écologiques », confirme Neil Makaroff, du Réseau Action Climat (RAC).

« Très souvent, on a une bonne proposition des parlementaires, mais elle est amoindrie ou même vidée de sa substance par le Conseil » 

L’exemple de la pêche électrique, dont l’interdiction d’ici 2021 a été obtenue au début de cette année, est éclairant. « Au départ, la Commission européenne, qui est à l’initiative des directives, avait proposé un texte qui étendait les possibilités de la pêche électrique », raconte Frédéric Manach, de l’ONG Bloom. Avec l’appui de plusieurs eurodéputés, dont Yannick Jadot (EELV) et Younous Omarjee (France insoumise), Bloom est parvenu à convaincre une majorité de parlementaires, dans tous les groupes politiques. « Ils ont amendé le texte et voté massivement, en janvier 2018, pour l’interdiction de cette pratique », poursuit M. Manach. Il a ensuite fallu se battre contre le Conseil, plutôt favorable à l’électrocution des poissons, au sein du « trilogue » : quand les deux institutions législatives ne sont pas d’accord sur un texte, elles négocient un accord, sous la houlette de la Commission européenne — soit un « trilogue », regroupant Conseil, Commission et Parlement européens.

« Les Pays-Bas, pro-pêche électrique, avaient mis en place une force diplomatique pour convaincre les autres États de rejeter la position du Parlement, se rappelle M. Manach. Et le problème est que le Conseil a un poids plus important, il dispose d’une capacité de négociation plus forte. » Le Parlement a finalement emporté le bras de fer. Mais ce n’est pas toujours le cas, tant s’en faut. « Très souvent, on a une bonne proposition des parlementaires, mais elle est amoindrie ou même vidée de sa substance par le Conseil », résume M. Manach. Le projet de redevance pour les poids lourds, porté par des députés, dont Mme Delli, est ainsi pour le moment bloqué par les représentants des gouvernements. Idem pour le glyphosate, dont la réautorisation pour cinq ans a été permise par une décision de l’Allemagne.

Le bâtiment Louise-Weiss, siège du Parlement européen à Strasbourg (Bas-Rhin)

Le bâtiment Louise-Weiss, siège du Parlement européen à Strasbourg (Bas-Rhin)

Autre exemple, la directive sur les énergies renouvelables, adoptée en novembre 2018, est moins ambitieuse qu’espéré : « On n’est pas allé aussi loin que ce qu’on aurait pu et dû, affirme Neil Makaroff. Une part de 32 % dans le mix énergétique, ça reste faible. » À qui la faute ? « Beaucoup de pays, ceux d’Europe de l’Est mais également l’Allemagne, et même la France, se sont montrés très réticents ».

La Commission peut aussi jouer la frileuse. C’est ce qui s’est passé sur la réduction des émissions de CO2 pour les véhicules. Les eurodéputés portaient une proposition de baisse de 40 % des émissions d’ici à 2030. Un objectif décevant par rapport aux évaluations de plusieurs instituts, préconisant une diminution de 70 % d’ici à 2030 pour respecter l’Accord de Paris. Mais le Parlement allait plus loin que la position de la Commission européenne, qui proposait une baisse de 30 % en 2030, et que le Conseil, d’accord pour un timide - 35 %. En définitive, les parties se sont accordées sur un objectif de - 37,5 % à horizon 2030. « Heureusement qu’il y avait le Parlement européen pour rectifier le tir, insiste Karima Delli. Nous avons dû batailler dur, contre la Commission et contre le lobby automobile. »

« À Bruxelles, tous les lobbyistes sont déclarés dans un registre, on sait ce qu’ils font et qui ils rencontrent » 

Le poids de ces groupes d’intérêts, notamment au sein de la Commission, explique en partie l’insuffisance des ambitions environnementales. « Certains textes de la Commission sont purement et simplement formulés par les industriels, dit Frédéric Manach. Pour 30.000 fonctionnaires à Bruxelles, il y a 30.000 lobbyistes. » Difficile pour les ONG de lutter à armes égales contre Bayer-Monsanto ou Volkswagen. « Bloom est absent de la Commission, car nous n’avons pas les moyens humains et financiers d’assurer une présence à l’année, et nous préférons nous concentrer sur l’information des parlementaires », indique M. Manach. Même son de cloche du côté du Réseau Action Climat, qui envoie deux représentants, dont Neil Makaroff, à Bruxelles, « quand certaines entreprises automobiles peuvent en envoyer quarante », selon le chargé de mission. Valentine Tessier, avocate en droit de l’environnement, constate cependant de nettes améliorations : « Ont été mis en place les Green10, qui rassemblent les 10 plus grandes ONG à vocation environnementale, afin d’aider les institutions européennes dans l’élaboration des politiques publiques, explique-t-elle. Ainsi, les lobbies environnementaux sont également très présents à Bruxelles, ils permettent d’apporter un équilibre dans la défense de l’intérêt général. »

Le siège de la Commission européenne, à Bruxelles

Le siège de la Commission européenne, à Bruxelles

Arnaud Gossement préfère lui aussi voir le verre à moitié plein : « Je rêverais que la France se dote des mêmes règles de contrôle et de transparence que l’UE, dit-il. À Bruxelles, tous les lobbyistes sont déclarés dans un registre, on sait ce qu’ils font et qui ils rencontrent. Alors, oui, ça sort dans les médias, mais c’est une bonne nouvelle, ça permet d’impulser une résistance. » Un contre-pouvoir qui peut venir de mobilisations citoyennes — comme sur le climat —, d’ONG environnementales, qui mènent ainsi des campagnes de contre-lobbying et de contre-expertise, mais aussi, d’après l’avocat, des parlementaires eux-mêmes : « Les eurodéputés sont souvent à la manœuvre pour dénoncer les pressions de groupes économiques », fait observer Arnaud Gossement.

Le Parlement n’est pas non plus tout vert dans cette histoire. Nombre de députés adoptent des positions anti-environnementales, comme l’a montré notamment l’Observatoire des élus pour le climat, porté par le RAC. « Les partis de droite et d’extrême droite, et dans une moindre mesure les centristes du Modem ou d’En marche, se sont majoritairement opposés aux mesures de transition écologique les plus ambitieuses », constate M. Makaroff. Un frein que déplorait Yannick Jadot dans un entretien à Reporterre il y a quelques semaines : « Les majorités qui mettent en place des politiques publiques sont libérales et conservatrices, expliquait-il. Le Parlement aurait pu voter contre le Ceta [le traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne]. Il suffisait d’un vote ! Malheureusement, les socialistes ont rejoint les libéraux et les conservateurs en faveur du Ceta. » D’après la tête de liste des écologistes français, « le Parlement pèse ainsi beaucoup moins dans les institutions européennes que ce que lui donnent ses compétences. Il pourrait par exemple rejeter le budget. » L’intérêt général s’empêtre ainsi dans des jeux politiques et de pouvoir.

« Les parlementaires peuvent orienter les enveloppes vers la transition écologique » 

Reste qu’une des principales raisons pour lesquelles la cause écologique ne progresse pas assez vite n’est pas à chercher du côté de l’Union européenne, mais des États eux-mêmes. « Pour s’appliquer dans un État membre, une directive doit être transposée en droit national, à travers l’adoption d’une loi ou d’un décret, explique Arnaud Gossement. Or, certains pays, la France en tête, ont tendance à attendre le dernier moment. » Ainsi, la directive Habitats de 1992, qui a notamment instauré les réserves Natura 2000, a mis une dizaine d’années à être appliquée, mais de manière incomplète. « Face à l’opposition d’une partie du monde rural, les gouvernements successifs ont préféré différer, explique Simon Jolivet, maître de conférence en droit public. Il leur semblait plus facile politiquement d’accuser Bruxelles et de montrer leurs muscles. » Les pays peuvent être condamnés, y compris avec des sanctions financières, en cas de non-transposition ou de mauvaise transposition. Ainsi la France a été maintes fois mise en cause par la justice européenne : récemment, c’est sur les biocarburants, l’efficacité énergétique, et la qualité de l’air que nous avons été épinglés. Mais « ce mécanisme reste peu efficace, constate Lucas Globensky dans une note rédigée pour La Fabrique écologique, car trop long, avec des États membres trop peu mis en cause et des sanctions trop rares ».

Selon lui, les pays traîneraient des pieds à cause, entre autres, d’un manque de financements, les fonds européens étant limités. « La France touche en moyenne un total d’environ 2,8 milliards d’euros de fonds européens pour l’environnement, dit Lucas Globensky, alors que pour mener à bien la transition énergétique, il faudrait entre 45 et 60 milliards d’euros d’investissement chaque année. » Conclusion : il faudrait plus d’argent, donc plus de recettes. Même si les questions fiscales demeurent le pré carré des États membres, Neil Makaroff attend beaucoup des futurs eurodéputés : « Des discussions sont actuellement en cours sur la répartition des 1.200 milliards d’euros de budget pour la période 2021-2027, dit-il. Les parlementaires peuvent orienter les enveloppes vers la transition écologique. »

L’hémicycle du bâtiment Paul-Henri Spaak, lieu de travail du Parlement européen à Bruxelles

L’hémicycle du bâtiment Paul-Henri Spaak, lieu de travail du Parlement européen à Bruxelles

Autre enjeu essentiel auquel devront se confronter les futurs élus, la réforme de la politique agricole commune (PAC). « L’UE a jusqu’ici été très lente pour modifier son approche vers une agriculture plus écologique », dit Lucas Globensky. « Les neuf milliards d’euros d’argent public qui tombent en France tous les ans doivent servir à soutenir ceux qui ont fait la conversion au bio et surtout à aider tous les autres à se convertir », soutenait également M. Jadot.

Outre le pouvoir législatif et budgétaire, les députés peuvent mener des commissions d’enquête comme celle sur le Diesel Gate ou l’évaluation des pesticides. Ils sont également d’intéressants pourvoyeurs de fonds pour leurs partis nationaux. Ceux-ci récupèrent chaque année une part des 30 millions d’euros distribués par le Parlement européen aux différents groupes. Les parlementaires reversent également une part de leur indemnité (6.600 euros net par mois) à leur mouvement politique.

In fine, la balance écologique pencherait donc plutôt du côté du Parlement européen. Tout en admettant un certain nombre de limites, Neil Makaroff veut y croire : « Pour gagner la bataille climatique, ce n’est pas à 65 millions de Français qu’on y parviendra, mais à 500 millions d’Européens », dit-il. « L’Europe permet à de nombreux pays d’aller plus loin dans leurs ambitions écologiques, souligne aussi Lucas Globensky. Même si cela paraît insuffisant, la Pologne n’aurait jamais fait de telles avancées, par exemple sur la préservation de la forêt primaire de Bialowieza. »

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