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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 09:41

Pour sortir de la crise sociale, redistribuons les gains de productivité issus de l’automatisation en rémunérant le travail hors emploi. Tribune de Bernard Stiegler, philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation, auteur de La Société automatique  (tome 1 : «  L’avenir du travail  », Fayard, 2015), tribune publiée par Le Monde le 4 janvier 2017.

LUCKEY_SUN/FLICKR/CC BY 2.0

LUCKEY_SUN/FLICKR/CC BY 2.0

L’avènement du Web en 1993 aura eu la même portée économique et politique que l’avènement de la chaîne de montage de la Ford T en 1913. L’une comme l’autre auront bouleversé les économies industrielles. Mais à la différence du taylorisme, qui fut la condition de l’avènement de l’« American Way of Life », l’automation fondée sur les algorithmes, la « data economy », les objets autonomes et la révolution robotique crée très peu d’emplois.

L’horizon économique et politique que verrouillent les entreprises de prédation, dont Uber est devenu le symbole, apparaît ainsi hermétiquement bouché, et c’est d’autant plus vrai que cette économie, qui est fondée sur le calcul automatisé, tend à former avec le capitalisme des plates-formes des systèmes clos sur eux-mêmes, éliminant la diversité qui seule pourrait nourrir des systèmes ouverts.

Ce que la juriste Antoinette Rouvroy (université de Namur, Belgique) a décrit comme une « gouvernementalité algorithmique » accroît ainsi les tendances au désordre entropique dont le mathématicien américain Norbert Wiener (1894-1964) analysait les dangers dès 1950 dans Cybernétique et société (1952, rééd. 2014, Seuil, « Points »). Ces tendances entropiques et court-termistes sont en outre aggravées par le fait qu’elles se combinent avec ce que les chercheurs en gestion Mats Alvesson (université de Lund, Suède) et André Spicer (Cass Business School, City University of London) ont décrit comme une « functional stupidity » managériale (la gestion par l’absurde dans les entreprises).

Ces caractères autodestructeurs – dont procédait aussi l’immense krach de 2008, dont aucune leçon n’aura pourtant été tirée – sont au sens propre précipités par la disruption qui semble de plus en plus inéluctablement conduire à la ruine des structures sociales. Dans un tel contexte, il est impossible que les populations qui subissent les conséquences de l’impuissance publique face à cette dynamique sans pilotes – mais non sans bénéficiaires – ne deviennent pas de plus en plus hostiles à ce qui est pourtant une évolution historique irréversible, en attendant de devenir proprement « furieuses ».

Processus de prolétarisation

Que faire ? Comme à l’époque du « New Deal » du président Roosevelt (1934), le monde entier – et pas seulement l’Amérique du Nord – est confronté à une mutation technologique et industrielle destructive qui requiert une transformation macro-économique de très grande ampleur. En sortir suppose une « nouvelle donne » capable de rendre durable un système industriel devenu planétaire à travers des réseaux numériques qui, faute d’une bifurcation majeure, accroîtra irréversiblement et fatalement son caractère autodestructeur.

Le développement industriel a conduit à une dégradation massive de la qualité de la vie en général et de l’espérance de la survie de l’espèce humaine, en particulier parce que depuis la fin du XVIIIe siècle, la division industrielle du travail a conduit à un immense processus de prolétarisation qui affecte désormais tous les types d’emplois, à tel point que le travail a été progressivement éliminé par l’emploi salarié. Si tant d’emplois sont susceptibles d’être remplacés par des automates logiques ou physiques, c’est parce qu’ils ne requièrent plus aucun savoir, c’est-à-dire plus aucune capacité de désautomatisation.

Au contraire de l’emploi ainsi prolétarisé, le travail est en effet ce qui produit du savoir – sous toutes ses formes : savoir vivre, savoir faire, conceptualiser… Autrement dit, le savoir est ce qui est capable de produire des bifurcations limitant l’entropie destructrice. Dès lors, il faut revaloriser le travail dans un contexte de dépérissement de l’emploi, ce qui signifie aussi qu’il faut redistribuer une part significative des gains de productivité issus de l’automatisation en rémunérant le travail hors emploi. C’est d’autant plus indispensable que faute de redistribution, le système engendrera une immense surproduction.

Revenu contributif conditionnel

Tels sont les constats et les concepts fondamentaux de « l’économie contributive », qui distingue fondamentalement travail et emploi, mais sans les opposer : il y a évidemment encore des emplois qui rémunèrent du travail – à peu près 50 % des emplois actuels si l’on en croit Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, à Oxford (The Future of Employment : how susceptible are jobs to computerisation ?, 2013) et Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson, au MIT (Le Deuxième Age de la machine, éd. Odile Jacob, 2015).

Cette économie repose sur un revenu contributif conditionnel, inspiré à la fois par un régime d’allocation de ressources hors emploi, comme le régime des intermittents du spectacle, par l’organisation coopérative du travail qui s’est déployée depuis plus de trente ans autour du logiciel libre, et par l’organisation des « communs » définis par l’économiste américaine Elinor Ostrom, en tant que communautés de savoirs. Un modèle de revenu, de travail et d’emploi que la communauté d’agglomérations Plaine Commune entend expérimenter en Seine-Saint-Denis au cours des dix prochaines années.

Conditionnel comme l’est le régime des intermittents, le revenu contributif est complémentaire du revenu minimum d’existence, qui lui est en revanche inconditionnel. La combinaison de ces deux nouvelles formes de redistribution, conçues comme deux aspects d’une nouvelle réalité macro-économique et d’une nouvelle dynamique industrielle, rendra les économies contemporaines durables, désirables et capables de retrouver la rationalité qui leur fait désormais tellement défaut. Ce faisant, elles regagneront leur crédibilité auprès de populations profondément et dangereusement désemparées.

En complément : « Le capitalisme a réduit notre champ de vision sur le travail » , « Ce n’est pourtant pas le travail qui manque ! » , et Et si on remplaçait l’emploi par le travail ?

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