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11 avril 2021 7 11 /04 /avril /2021 09:07

À l'occasion de l'examen du projet de loi dit 4D (différenciation, décentralisation, déconcentration et décomplexification), 130 militant·es écologistes appellent à réhabiliter les territoires en politique. Tribune de Damien Deville et Ronan Sohier parue le 30 mars sur Politis. Lire aussi Humain et non-humain : une même santé.

Street art rebellion, manifestation du 28 mars 2021 (Photo Pierre Stoeber)

Street art rebellion, manifestation du 28 mars 2021 (Photo Pierre Stoeber)

La loi 4D entre actuellement dans le temps parlementaire, une occasion pour porter avec courage la nécessité d’un temps : un État enfin décentralisé, qui accompagne la diversité des territoires davantage qu’il ne s’y impose. Remettre le vivre-ensemble dans les territoires au cœur du modèle républicain est la condition sine qua non d’une société écologiste, c’est-à-dire d’une société de l'émancipation, de la diversité et de la solidarité.

Écouter de nouveau les territoires

Les crises actuelles nous confrontent à une nouvelle nécessité : nous avons besoin de reprendre prise sur ce qui nous entoure et d’être de nouveau en lien avec l’autre. Alors que nombre de précarités n’ont jamais autant percé le rideau de nos vies, les territoires et le vivre-ensemble en leur sein deviennent rempart de résilience et quête d’émancipation. Pourtant, ces mêmes territoires ont tendance à vivre des violences indicibles. Ils ont été privés de pouvoir d’agir : la centralisation à la française fait des couloirs des ministères parisiens l’un des seuls lieux où les décisions comptent vraiment.

Les conséquences sont importantes : l’incapacité de mettre en place des solutions adaptées aux crises contemporaines ; destruction quotidienne des relations que nous pouvons forger les uns avec les autres. Henri Lefebvre le disait déjà au tournant des années 1960 : dans les grandes villes, le seul espace d’appropriation est notre appartement. L’espace public est devenu une zone de passage, où on ne se sait plus rencontrer l’autre, co-créer ensemble, ni réellement vivre ensemble. Dans les villes petites et moyennes, les opportunités, populations, emplois et commerçants tendent à fuir vers les grandes villes. Car l’échelle des régions n’est que le miroir du jacobinisme à la française : les métropoles sont des villes-royaumes uniformisant les territoires à partir de leur centre. Certains villages ne se sont pas relevés des différentes vagues des exodes ruraux quand d’autres ont vu par la suite leurs espaces de rencontres s’effriter complètement. Enfin, dans les territoires ultramarins, des précarités partout perforent les sociétés. Dans ces lieux d’ici et d’ailleurs, entre les fantômes d’hier et les espoirs futurs, le présent est confisqué. Ces territoires ne semblent pas réellement savoir ce qu’ils sont devenus et restent dans l’attente, peut-être un jour, de pouvoir devenir encore.

Quelle poésie, quels liens sont définitivement détruits lorsque tous les services publics disparaissent d’un territoire, lorsque le dernier café fait volets définitivement fermés ? Comment ressentir l’appartenance à un lieu lorsque le pouvoir d’agir de chacun.e est prisonnier d’un État trop jacobin, trop centralisateur ? Comment faire paysage et liens avec le vivant lorsque les lois d’aménagement du territoire sont dans l’incapacité de remettre des couleurs dans nos espaces de vie, dans l’incapacité d’écouter les différentes manières de faire monde et de faire habitat ?

Réinventer le vivre-ensemble

Crise sanitaire, crise écologique, réchauffement climatique, inégalités sociales, crise démocratique, prennent leur source dans un seul et même mal : notre manière d’habiter le monde, notre manière de nous priver d’un vivre-ensemble partagé à l’échelle des territoires. Pour trouver des solutions adaptées, nous avons besoin de réentendre les territoires chanter, les boissons trinquer, les enfants jouer, les boules de pétanque tinter. Nous avons besoin de forger des récits, des symboles et des légendes qui placent liens et projets de vivre-ensemble au cœur de l’évolution des territoires. Nous avons besoin de construire des outils et des lieux qui permettent à chacun.e d’agir et de laisser une trace. Réhabiliter les territoires en politique, c’est ressentir de nouveau cette incroyable douceur d’appartenir.

L’écologie politique, par sa capacité à créer des matrices inclusives des humains et des non-humains et des tables-rondes permettant d’hybrider nos régimes d’engagements, du politique à l’associatif, en passant par l'entrepreneuriat, l’art et la recherche, peut permettre de replacer les territoires au cœur d’un projet de société. Aujourd’hui, les personnes qui font le choix de s’investir dans un mandat local se voient confrontées à un coût d’entrée technique très élevé. Les élu.es, pourtant proches des habitant.es, ont le sentiment d’être dépossédés des prises de décisions. Ce sont pourtant eux et elles qui connaissent le mieux les chemins de leurs territoires, les courbes de leurs paysages et qui peuvent expliquer avec pertinence comment villages et quartiers peuvent prendre à bras le corps les enjeux contemporains de transition écologique et de lutte contre les inégalités. Même lorsque l’élu.e parvient à se départir des difficultés politiques et techniques, les budgets alloués pour les chantiers locaux dépendent trop souvent des dotations de Bercy, variables d’une année à l’autre et enserrées dans une logique d’économies budgétaires aux antipodes des enjeux propres aux territoires.

L’écologie politique propose d'accorder davantage de pouvoir d’agir aux échelons locaux et de reconnaître maires, élu.es et acteurs locaux comme gardiens et gardiennes de la singularité de leur territoire. C'est s'affranchir de la recherche de croissance pour retrouver le sens de l'économie locale, durable et résiliente. C’est développer le lien avec tous les êtres vivants et créer “l’âge du vivant”, pour reprendre l’expression de la philosophe contemporaine Corine Pelluchon.

Planification et déconcentration, la clé pour construire une République des territoires

L’État a bien sûr un rôle à jouer pour faire vivre la diversité des territoires. L’ancienne ministre du Logement Cécile Duflot a récemment expliqué dans un entretien les difficultés de l’administration centrale et déconcentrée à travailler de concert avec les exécutifs locaux, et sa volonté de dépasser la dichotomie entre fonction publique d’État et fonction publique territoriale en mettant tous les acteurs autour de la table. Les compétences techniques des services de l’État en région sont de précieux outils pour les territoires. Alliées aux connaissances de terrain des élu.es, elles sont porteuses de changements d’envergure pour les habitant.es, en particulier pour réaliser la transition écologique et énergétique. Par exemple, au-delà de la délivrance d’autorisations ou de permis de construire, les services de l’État peuvent avoir un véritable rôle de conseil juridique et technique lors de la création d’un parc éolien citoyen.

L’époque contemporaine crée des fossés toujours plus larges entre des territoires qui vont bien et ceux qui ont davantage de mal à tirer leur épingle du jeu. Il est ainsi particulièrement souhaitable que les administrations déconcentrées accompagnent les initiatives locales. C’est le cas en matière de production d’énergie, où de plus en plus de projets éoliens ou solaires, portés par des collectifs de citoyens émergent dans les territoires. La coopérative Railcoop promet de faire revivre la ligne de train Lyon-Bordeaux, en passant par la mal-nommée “diagonale du vide”. L’infrastructure ferroviaire, pourtant existante, est en grande partie inutilisée depuis le milieu des années 1990 et l’arrivée de la grande vitesse. Le choix politique de développer le TGV selon un schéma en étoile, au départ des gares parisiennes, a laissé à quai une part considérable de la population française et aggravé les inégalités territoriales.

Les politiques publiques décidées au niveau central devraient donner la priorité aux territoires laissés à l’écart de la mondialisation et de l’essor des nouvelles technologies - comme en témoignent les nombreuses zones ”blanches” du pays où la fibre optique tarde à arriver. En matière de formation professionnelle, par exemple, pilier indispensable de la reconversion des territoires, la France pourrait s’inspirer des pays nordiques, qui encouragent ces reconversions tout en laissant le pilotage aux exécutifs locaux, premiers porte-voix des besoins spécifiques de chaque bassin de vie. À contre sens de l’émancipation de tous et toutes, la loi de septembre 2018 “pour la liberté de choisir son avenir professionnel”, réformant l'apprentissage, a retiré aux régions le rôle de régulateur des centres de formation d’apprentis. Pour renouer avec une République réellement partagée, il apparaît nécessaire de refonder un dialogue entre des territoires qui expriment des besoins en matière de santé, de transport ou d’éducation et un État central à la fois financeur et accompagnateur.

L’examen prochain de la loi “Différenciation, décentralisation, déconcentration et décomplexification” (dite 4D) constitue une opportunité intéressante pour replacer les territoires au cœur du débat national et pour inscrire dans la loi une nouvelle articulation entre collectivités territoriales et services de l’État. Face aux différents enjeux dressés, deux espoirs politiques s’ouvrent : déconcentrer l’État et planifier la distribution équitable des services et des opportunités. Les écologistes et les régionalistes prendront toute leur part, du local au national, dans le débat parlementaire à venir - le Sénat ouvre un espace pour porter haut la voix des territoires. Toutefois, c’est avant tout la pratique des institutions et la manière de concevoir les relations entre administrations et territoires qu’il faut profondément repenser. De ce chantier, qui est devenu le principal combat démocratique, citoyenneté, écologistes, élu.es comme entrepreneurs ont un rôle historique à porter.

Damien Deville, co-animateur de la mission territoires EELV 

Ronan Sohier, cadre de la fonction publique, militant écologiste en Bretagne

Premiers signataires :

Julien Bayou, secrétaire national d’Europe-Écologie-Les-Verts ; Sandrine Rousseau, vice-présidente de l'Université de Lille ; Yannick Jadot, député européen ; Eric Piolle, maire de Grenoble ; Marie Toussaint, députée européenne ; Raymonde Poncet, sénatrice ; Daniel Salmon, sénateur ; Guillaume Gontard, sénateur ; Mounir Satouri, député européen ; Marine Tondelier, conseillère municipale à Henin-Beaumont ; David Cormand, député européen ; Tristan Riom, conseiller municipal à Nantes ; Simon Worou, maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur ; Charles Fournier, tête de liste EELV en région Centre ; Etienne Cognet, membre du bureau exécutif des jeunes écologistes ; Vincent Morel, élu municipal à Nevers ; Mélanie Vogel, membre de la direction du Parti vert européen ; Sabrina Decanton, adjointe à la transition écologique à Saint Ouen ; Slimane Tirera, militant écologiste ; Eva Sas, porte-parole EELV ; Alain Coulombel, porte-parole EELV ; ...

 

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