Un an après l'échec de Copenhague, la conférence des Nations Unies sur le climat s'est déroulée pendant 2 semaines à Cancun au Mexique, jusqu'au dimanche 12 décembre 2010. L'accord de Copenhague adopté par une majorité de chefs d'Etat mais non approuvé alors par la conférence, s'est traduit par un « paquet équilibré » de décisions onusiennes, dans un accord presque unanime.
- L'objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2° par rapport à l'ère pré-industrielle est accepté y compris par les pays émergents.
- Une procédure de contrôle et de vérification, « non intrusive, non punitive et respectant la souveraineté nationale » des actions présentées par les pays est instaurée.
- La création d'un « Fond vert du climat » doté de 100 milliards de dollars par an est actée. Sa gouvernance sera assurée par un bureau de 24 membres composé à parité par des représentants des pays riches et des pays en développement. La gestion technique sera assurée par la Banque mondiale. La nécessité d'engager 30 milliards de dollars d'ici à 2012 est réaffirmée.
Cette avancée réelle dans la mobilisation internationale contre le changement climatique remet la négociation climatique mondiale sur les rails. La légitimité du protocole de Kyoto, qui s'achève en 2012, est réaffirmée, et les bases d'un futur traité sur le changement climatique se dessinent pour le prochain rendez-vous de l'ONU à Durban, en Afrique du Sud, fin 2011.
Pour autant... voici la tribune de Yannick Jadot, député européen d'Europe Ecologie Les Verts :
Alors que le sommet de Cancun s’achève et qu’un accord a été trouvé, le groupe des Verts européen (Verts / ALE) marque son soulagement : la confiance dans le multilatéralisme est retrouvée. Tant mieux, la lutte contre les changements climatiques ne peut plus attendre !
C’est le sentiment de soulagement qui prédomine à Cancun. Après l’échec retentissant de Copenhague, les négociations onusiennes ont prouvé qu’elles pouvaient aboutir à des résultats concrets, notamment sur la protection des forêts, l’aide financière aux pays en développement ou la vérification des promesses.
Après Nagoya et Cancun, les dirigeants ne pourront plus se cacher derrière la supposée inefficacité des Nations Unies pour justifier leur inaction. Les discours de la dernière nuit de négociation furent une ode au multilatéralisme et à la transparence du processus mexicain. La lutte contre les changements climatiques dépend d’abord de la réalité de la volonté politique des dirigeants.
Mais attention : le climat n’a pas été sauvé à Cancun ! Les promesses de réduction des émissions sont loin d’être suffisantes pour maintenir le réchauffement de la planète sous la barre des 2°C. Si le train des négociations est à nouveau sur les rails, il accuse toutefois un retard dramatique. Si rien ne change, le Sommet de Durban fin 2011 risque d’être un Sommet pour rien.
L’Europe doit renforcer ses efforts diplomatiques pour unir l’ensemble des pays qui ne se satisfont pas du face-à-face stérile entre les Etats-Unis et la Chine; pour fédérer ceux qui veulent lutter collectivement contre les changements climatiques et entretenir la dynamique positive de Cancun. Elle doit pour cela immédiatement adopter un objectif de réduction de ses émissions d’au moins 30% d’ici 2020. C’est indispensable du point de vue climatique. Comme le souligne la résolution votée par le Parlement européen en novembre, c’est aussi son intérêt économique et social.