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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 09:02

La marche pour la forêt des agents ONF est arrivée à Cérilly dans l'Allier mercredi 24 octobre 2018. Soumises aux lois du marché, les chênaies, frênaies et autres sapinières publiques sont menacées de surexploitation. Face au risque de les voir transformées en « usines à bois », au détriment des écosystèmes, les forestiers refusent de se résigner. Lire https://marche-pour-la-foret.webnode.fr/pourquoi-cette-marche/. D'après Alexandra Chaignon le 25 octobre 2018 pour l’Humanité. Lire aussi Les agents de l’ONF marchent pour la forêt et « Le Temps des forêts » : l’exploitation de la forêt est entrée dans la démesure.

Les marcheurs ont fait un arrêt au rond de Thiolais où la forêt de Tronçais a été classée, "forêt d'exception" en mai dernier. © Agence MONTLUCON

Les marcheurs ont fait un arrêt au rond de Thiolais où la forêt de Tronçais a été classée, "forêt d'exception" en mai dernier. © Agence MONTLUCON

Comment se portent les forêts françaises ? « Bien », estimait en mars dernier, devant les sénateurs, le directeur général de l’Office national des forêts (ONF), en charge de la gestion. Selon Christian Dubreuil, elles seraient même « sous-exploitées ». Il semble qu’il soit le seul à y croire. De l’avis des agents forestiers de l’établissement public, ce « bien commun » est aujourd’hui en danger.

Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent en effet pour dénoncer « l’industrialisation » des forêts publiques, gérées par l’ONF, établissement sous tutelle conjointe des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie. « Protection, biodiversité et accueil du public sont sacrifiés sur l’autel de la rentabilité de court terme. Les forêts sont de plus en plus considérées comme de vulgaires usines à bois à mettre au service de l’industrie », relève ainsi une large intersyndicale, qui, mi-septembre, engageait une longue marche pour dénoncer cette marchandisation. Partis de Mulhouse, passés par Valence ou encore Perpignan, les forestiers convergent aujourd’hui dans l’Allier. Leur route prend fin en forêt de Tronçais, l’une des plus belles futaies de chênes en France, plantée au XVIIe siècle. Un rassemblement est prévu pour les accueillir, auquel plusieurs élus ont déjà annoncé leur participation – Cécile Cukierman, entre autres, ainsi qu’André Chassaigne, respectivement sénatrice de la Loire et député du Puy-de-Dôme, PCF tous les deux.

Pour être spectaculaire, l’initiative des forestiers de l’ONF ne tombe pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une lutte opposant depuis des années les agents à leur direction, sur fond de réforme contestée. La racine du problème n’est pas neuve. Elle tient au paradoxe du service public forestier français. Depuis sa création, en 1964, l’ONF tire l’essentiel de ses revenus de la vente de bois. L’établissement récolte ainsi 40 % des bois vendus en France, alors qu’il ne gère qu’un quart des forêts du pays. Sauf que le cours du bois n’a cessé de chuter depuis cinquante ans. Du coup, malgré une accélération des coupes au fil des ans et le versement d’une aide compensatoire de l’État (140 à 180 millions d’euros par an), l’ONF ne parvient plus à équilibrer son budget et accuse aujourd’hui une dette de 320 millions d’euros. « Ce mode de financement est bancal. Il accentue la pression pour toujours couper plus de bois, explique Philippe Berger, secrétaire national du Snupfen Solidaires. Le dernier contrat d’objectifs et de performance (COP) pluriannuel signé avec l’État pour la période 2016-2020 prévoit ainsi de prélever 1 million de m3 de bois supplémentaires par rapport à 2014. »

« Un système à bout de souffle »

« La vente de bois ne couvre plus les coûts, essentiellement de personnels, qui permettent d’assurer une multitude de fonctions. Le système est à bout de souffle », résume Hervé Le Bouler, responsable du réseau forêt au sein de France Nature Environnement (FNE), association qui soutient les syndicats.

« Nous posons le même diagnostic, assure François Bonnet, directeur général adjoint de l’ONF. Le modèle économique créé par Edgard Pisani (ministre de l’Agriculture en 1964 – NDLR) ne tient plus et, dans le cadre actuel, l’équilibre est difficile à trouver. Dans les années 1970, le chiffre d’affaires des ventes de bois des forêts domaniales était de 476 millions d’euros. Aujourd’hui, il a été divisé par deux. » La convergence des points de vue s’arrête là. Car la direction réfute toute « industrialisation », chiffres à l’appui : « La moyenne des volumes exploités est de 5,7 millions de m3 sur la période allant de 1966 à 2017 », rétorque ainsi François Bonnet, tout en se réfugiant derrière la réglementation. « Les coupes sont gérées dans le strict respect du Code forestier », explique-t-il, oubliant de préciser qu’en 2017 le COP venait seulement de se mettre en place…

Si l’activité s’est focalisée de plus en plus sur les activités rentables, c’est aux dépens des autres missions de service public forestier. « On se retrouve à remplir des objectifs de coupe commerciale du bois, en contradiction avec la gestion à long terme que nécessite la forêt. Accaparé par les tâches les plus rentables, on est contraint d’en délaisser d’autres, décisives, comme l’entretien, l’accueil du public et la surveillance », précise Philippe Berger.

« La baisse des effectifs amène à faire des choix », justifie sans scrupule la direction de l’ONF. De fait, depuis 2002, près d’un quart des effectifs, soit 3 000 emplois, ont été supprimés, comme l’a reconnu, en mars, le directeur de l’ONF devant le Sénat. « Nous étions 16 000 en 1986. Aujourd’hui, on est 8 500. On est à l’os », insiste le syndicaliste. « 226 suppressions sont prévues en 2019. Et 1 600 postes en moins d’ici à 2020, évalue quant à lui Gilles Quentin, de la CGT forêt. En outre, lorsqu’il remplace, l’établissement embauche des salariés de droit privé et non plus des fonctionnaires. Quand ces derniers seront minoritaires, le statut de l’établissement changera. » Cette « substitution progressive », telle que l’a qualifiée Christian Dubreuil devant le Sénat, débouchera-t-elle sur la privatisation de l’établissement, comme le redoutent les syndicats ? « La solution ne peut être une fuite en avant », réplique François Bonnet, renvoyant la balle aux ministères de tutelle.

« Cette marche, c’est le résultat d’une longue exaspération. Confronté à une dégradation de ses conditions de travail et à des réorganisations incessantes, le personnel souffre d’une perte de sens », analyse Gilles Quentin, évoquant « une période noire qui a abouti à un grand nombre de suicides ». Sans parler du climat social délétère, dénoncé par l’intersyndicale et qui a poussé, en septembre 2017, cinq syndicats à démissionner des instances représentatives du personnel. « Le dialogue est rompu avec cette direction, qui va jusqu’à mettre les syndicats au tribunal », assène le militant CGT. Le directeur de l’ONF, lui, ne semble pas voir où est le problème. Interrogé sur ce point par les sénateurs, Christian Dubreuil jugeait que « la conflictualité est consubstantielle à l’ONF, depuis sa création : il en est ainsi des milieux “rugueux”, où le conflit est de tradition ».

Les risques liés à l’industrialisation de la gestion forestière

Enfin, à l’exigence de rentabilité à tout prix s’ajoutent les risques liés à l’industrialisation de la gestion forestière. « Ce qui se met en place dans la sylviculture, c’est ce qu’a connu l’agriculture il y a cinquante ans avec le productivisme », observe Hervé Le Bouler. La demande des industriels sur des volumes de plus en plus importants de bois standardisé, homogène, plus facile à travailler, conduit à des peuplements composés d’une seule essence, ce qui est risqué d’un point de vue sanitaire car cela rend les cultures plus vulnérables face aux maladies. Sans compter que ce type de pratique ne favorise pas la biodiversité. « Pour vendre plus, on s’adapte aux demandes des industriels qui n’ont pas su évoluer avec la diversité de la forêt française (130 essences environ), et qui demandent aujourd’hui que ce soit elle qui s’adapte à leurs besoins. Alors que cela devrait être l’inverse ! Du coup, on brûle du chêne non pas parce qu’il n’est pas rentable, mais parce qu’on a perdu le savoir-faire ! » « On assiste à une fuite en avant de surproduction de bois qui va au-delà de la capacité de la forêt à se renouveler », prévient lui aussi Philippe Berger.

Pour toutes ces raisons, les forestiers entendent bien se battre. Mais la lutte s’annonce acharnée. D’autant que, début octobre, la direction de l’ONF, réunie en séminaire, a annoncé, selon la CGT, que « le retour des comptes à l’équilibre devenait l’objectif unique, quelles qu’en soient les conséquences ». Et qu’à cet effet, le volet commercial devait « prendre le pas sur les autres aspects ».

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