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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 12:50

La lutte contre les zoonoses, ces maladies transmissibles entre humains et animaux, impose de combiner santé humaine et santé animale, soulignent trois chercheurs en économie et en écologie animale dans la tribune ci-dessous. En complément, le médecin François Olivennes et le chef cuisinier Bruno Verjus dénoncent un « syndrome Wuhan » dans la décision « inepte » sur le plan épidémique, même si depuis assouplie, de fermer les marchés alimentaires. Publiées le 31 mars 2020. Lire aussi D'où viennent les coronavirus..., Mal manger tue davantage que le tabacLe « régime de santé planétaire » ? Des protéines végétales et un steak par semaine ! et Cantines scolaires : deux fois trop de viande dans les assiettes.

c alnas.fr, Comment du singe et du crocodile se retrouvent au menu de plusieurs commerces parisiens, mars 2020

c alnas.fr, Comment du singe et du crocodile se retrouvent au menu de plusieurs commerces parisiens, mars 2020

L’émergence rapide et brutale du Covid-19 devra nous conduire à redéfinir nos politiques de santé publique. Si l’heure est à soigner et réparer les dégâts causés par ce nouveau virus, il sera primordial à terme de diminuer les risques d’émergence de telles maladies et de chercher à prévenir plutôt que guérir.

Ces politiques de prévention devront tirer les leçons de l’apparition et de la gestion des épidémies récentes, à commencer par le Covid-19, mais également des grippes aviaires et porcines, qui sévissent très régulièrement. Ces actions devront s’appuyer sur un discours de vérité scientifique, détaché des intérêts économiques de court terme, et prendre en considération le rôle de la consommation de viande et de l’élevage intensif dans ces nouvelles épidémies.

60 % des maladies infectieuses

Les zoonoses, ces maladies transmissibles entre humains et animaux, représentent à l’échelle mondiale 60 % des maladies infectieuses et sont responsables de 2,5 milliards de cas de maladie chez les humains tous les ans dans le monde. Trois quarts des nouveaux agents pathogènes détectés ces dernières décennies sont d’origine animale.

Le phénomène n’est pas nouveau : la grippe espagnole de 1918, une des maladies les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité, trouvait déjà ses origines chez les oiseaux. D’autres maladies infectieuses bien connues, comme la variole, la rougeole, la coqueluche ou les oreillons, proviendraient probablement des animaux domestiques.

Parmi les grandes épidémies qui nous ont frappés depuis la fin du XXe siècle, plusieurs proviennent de l’exploitation d’animaux dans les élevages : la maladie de Creutzfeldt-Jakob liée à la consommation de viande bovine (« vache folle », 1986), le virus Nipah originellement transmis par les chauves-souris et démultiplié par les élevages de porcs (1998), les multiples épisodes de grippe d’origine aviaire (H5N1, 1997 et 2004 ; H7N9, 2016), ou encore la grippe d’origine porcine (H1N1, 2009). Plusieurs épidémies ont également pour origine probable la consommation d’animaux sauvages, à l’instar du Covid-19 (pangolin ou chauve-souris), Ebola (viande de brousse ou chauve-souris) et le sida (viande de singes).

Notre consommation élevée de produits d’origine animale joue également un rôle indirect dans l’émergence de zoonoses. En effet, l’alimentation carnée nécessite davantage de surfaces agricoles qu’une alimentation végétale, si bien qu’elle contribue à la déforestation et réduit ainsi la surface disponible pour les espèces sauvages. Par la chasse et la transformation des habitats naturels, les humains et leur cheptel viennent au contact des animaux sauvages et de leur cortège d’agents pathogènes.

Spirale infernale

Face au lourd tribut humain associé à ces maladies et aux pertes économiques colossales qu’elles occasionnent, il faut s’interroger sur l’évolution de nos systèmes de production alimentaire. Les élevages intensifs favorisent en effet la transmission des virus. Dans le cas des poulets de chair par exemple, la promiscuité des animaux dans les bâtiments est très élevée, de l’ordre de 20 poulets par mètre carré.

De plus, leur faible diversité génétique liée au processus de sélection mondialisée d’animaux standardisés à croissance rapide favorise la transmission au sein et entre des élevages. L’intensité des flux et la dimension planétaire des mouvements d’animaux domestiques et des produits carnés au sein des filières commerciales internationales favorisent elles aussi la dispersion des agents pathogènes.

Ces épisodes répétés de zoonoses montrent que les futures politiques sanitaires devront nécessairement combiner santés humaine et animale selon l’approche « une seule santé » (« One Health »). Cette gestion nécessite beaucoup de moyens, qui sont largement supportés par la collectivité, à l’image de l’indemnisation des éleveurs pour compenser leurs pertes économiques. Pourtant, cette gestion semble bien insuffisante si l’on en juge par la multiplication récente des épidémies.

Au contraire, nos sociétés sont entraînées dans une spirale infernale. Alors que des animaux d’élevage toujours plus nombreux sont enfermés dans des bâtiments, le danger de propagation des virus est tel qu’il conduit souvent à un abattage préventif massif dès qu’un risque survient. En 2016, la Corée a ainsi abattu plus d’une dizaine de millions de volailles de manière préventive pour contenir la grippe aviaire.

Parce que les contacts avec l’extérieur représentent les principaux risques de contamination, les élevages confinent toujours davantage les animaux avec des mesures de précaution de plus en plus drastiques. Pour minimiser les risques de contact, les animaux sauvages sont éliminés en cas de danger de contamination ; c’est le cas par exemple en Europe des sangliers potentiellement porteurs de la grippe porcine.

Agir en amont

Par ailleurs, l’usage de médicaments vétérinaires peut conduire à l’effondrement des populations d’animaux sauvages ; ainsi, le Diclofenac utilisé pour traiter les bovins en Inde aurait décimé plus de 95 % des vautours, générant par un effet de cascade une épidémie de rage.

S’il est difficile, voire illusoire, d’empêcher les animaux de développer des maladies transmissibles aux humains, de contrôler leur apparition et de gérer les conséquences sanitaires et économiques, un des moyens les plus efficaces pour diminuer les risques d’épidémie consiste à agir en amont, c’est-à-dire à diminuer le nombre d’animaux potentiellement infectés auxquels nous nous exposons.

La préservation des habitats naturels, la diminution de la consommation carnée, la réduction de la taille des élevages intensifs et l’arrêt de la commercialisation (légale ou non) de la viande d’animaux sauvages constitueraient autant de mesures cohérentes et efficaces pour les politiques de santé publique de demain (« une seule santé »).

La réduction des risques d’épidémies mondiales viendrait ainsi s’ajouter à la longue liste de bénéfices associés à la végétalisation de l’alimentation mis en évidence ces dernières années dans les publications scientifiques : diminution des émissions de gaz à effet de serre et de la déforestation, baisse de la consommation d’eau, d’antibiotiques et des pollutions agricoles locales (par exemple : algues vertes), et réduction des maladies non transmissibles, comme le cancer, le diabète et les maladies cardio-vasculaires.

Il est important de tirer les leçons de cette crise pour réorienter notre économie vers des alimentations moins risquées pour la santé et plus respectueuses de l’environnement et des animaux.

Romain Espinosa (Chercheur en économie au CNRS, CREM), Nicolas Gaidet (Chercheur en écologie animale au Cirad, UPR Green) et Nicolas Treich (Toulouse School of Economics et Inrae)

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« Le risque de transmission du virus est bien plus important au supermarché qu'au marché »

La décision de fermer les marchés alimentaires est une ineptie à plus d’un titre. Elle revient à fermer les yeux sur la modernité écologique de ce tissu vivant de l’alimentation rurale et urbaine que constituent ces marchés ouverts et couverts.

Il y a dans cette décision comme un syndrome de Wuhan ; tout serait parti des marchés chinois, il s’agirait donc de condamner les marchés français, sans aucune autre forme de procès.

Sur le plan fonctionnel et médical, de nombreux maires ont organisé le fonctionnement de leurs marchés de façon remarquable, en respectant scrupuleusement les règles sanitaires.

Tout d’abord en limitant le nombre de personnes admises dans l’enceinte du marché. Une seule entrée quand il y a une sortie, des agents municipaux ou des policiers qui s’assurent que le nombre de personnes total respecte un nombre faible défini à l’avance. La file d’attente à l’extérieur optimise la distanciation entre personnes à l’aide d’un marquage au sol. A l’intérieur, il y a un sens de circulation unique, dans un seul sens. Pas de retour en arrière possible. Les personnes ne se croisent pas.

Les commerçants s’assurent devant chaque stand que leurs clients suivent les règles de bon sens pour éviter la transmission : distance entre les clients, ne pas toucher aux produits, amener son propre sac pour éviter de manipuler des sacs en plastique ou en papier. Paiements si possible en carte sans contact. Pas d’échange de billets ou de pièces dès que c’est possible.

Les gens se croisent, discutent

Beaucoup de commerçants portent des gants, qu’ils savent devoir changer après chaque client. Quand on se rend dans les marchés organisés de la sorte, il semble que la transmission du virus soit quasi impossible. De plus, les commerçants sont là pour contrôler l’ensemble. Les clients ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent et ils peuvent être rappelés à l’ordre s’ils s’écartent des règles barrières.

Au supermarché, c’est tout l’inverse. En général, pas de limite de nombre de personnes dans le magasin. Dans les rayons, les gens se croisent, discutent entre eux, manipulent autant qu’ils le veulent les produits. Ce n’est qu’en faisant la queue à la caisse que la distance de sécurité est à peu près respectée, et encore.

Sur le plan sanitaire, il semble évident que le risque de transmission du virus est bien plus important au supermarché qu’au marché, d’autant que l’air conditionné qui y circule ne bénéficie sans doute pas de mesures de contrôles et de filtrages efficaces et garanties. Qui a circulé en TGV ou en avion ne s’interroge plus sur l’efficacité des climatisations pour la propagation des virus grippaux.

Plus grave encore, comment peut-on prendre la décision de couler tous nos producteurs, éleveurs, maraîchers, charcutiers, fromagers, bouchers des campagnes ? Attachés pour la plupart à la qualité de leurs produits, constamment mis à mal par la grande distribution et qui se voient réduits à jeter la majorité de leur production… n’ayant d’autre alternative que de maigres ventes « à la ferme ».

Lobbying actif

Se rajoute le problème de nombreuses personnes âgées qui ne vont pas au supermarché – parce qu’elles n’ont pas de voiture – et qui n’ont plus accès aux petites épiceries de campagne, presque toutes disparues du fait de ces hégémoniques centres commerciaux situés à l’extérieur des villes.

Sur le plan épidémique, cette décision est inepte, sur le plan éthique elle est choquante. Comment en est-on arrivé là ? On peut se demander si ce n’est pas un lobbying actif de cette grande distribution qui a tué nos marchés. Un scandale sanitaire et gastronomique. Cette agro-industrie, celle qui tue sans témoins, aidée en cela de sa martingale gagnante pour assaisonnement : un cocktail sel/sucre aux effets cardiovasculaire désastreux, sorte de serial killer que jamais l’on ne démasquera. Ce monde industriel fossoyeur du vivant qui commercialise des produits morts en boîtes ou en sachets avant de nous y condamner nous-même.

Cette épidémie et son confinement doivent nous interroger et surtout nous conduire à trouver les bonnes réponses. Ces réponses sont celles d’un monde vivant, réactif, capable encore de mithridatisation, où les échanges entre êtres humains ne sont pas confinés à subir les lois du commerce de masse, mais au contraire à se réapproprier en conscience les espaces du vivant et promouvoir un monde (d’après) aux énergies déconfinées.

Nous demandons aux préfets, qui ont le droit de donner des dérogations, qu’ils le fassent après s’être assurés que les règles de bonnes pratiques sont mises en place. Il en va de la survie de nos agriculteurs, de nos commerçants. Il en va du bonheur de nos aïeux et de tout le monde. Dans cette période noire nous revendiquons le droit de manger bien, pour se remonter le moral et sa santé immunitaire. Nous revendiquons le droit de cuisiner des produits vivants, frais, offrant de grandes qualités organoleptiques et la traçabilité d’un producteur engagé, pérenne et heureux.

Professeur François Olivennes, gynécologue obstétricien à Paris ; Bruno Verjus, chef du restaurant « Table » (une étoile Michelin), dans le 12e arrondissement de Paris.

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