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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 15:38

Ratifié par plus de 100 pays, l'Accord de Paris sur le climat est désormais entré vigueur. Les moments d'auto-célébration n'en finissent plus. On illumine en vert la Tour Eiffel et l'Arc de triomphe. Pourtant, l'essentiel est passé le plus souvent sous silence : les Etats se sont engagés à émettre toujours plus de gaz à effet de serre jusqu'en 2030. Illustration et explication.

Par Maxime Combes le 7 novembre 2016 sur https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/071116/les-enjeux-de-la-cop22-resumes-en-un-graphique.

L'article 2 de l'Accord de Paris fixe comme objectif de « contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C », et idéalement en deçà de 1,5°C. (courbe bleue et verte du graphique ci-dessous)

Un bon point.

Les engagements des États, rendus publics avant la COP21, sont par contre tout-à-fait insuffisants. L'ONU, qui a fait le calcul, reconnaît qu'un record d'émissions de GES pourrait être battu chaque année d'ici à 2030 pour atteindre 56,2 gigatonnes d'équivalent C02 en 2030 (courbe jaune du graphique). Dit autrement, les États envisagent de consommer 53 % du budget carbone dont nous disposons d'ici à 2025 et 74% d'ici à 2030.

C'est un peu mieux que ne rien faire (courbe orange du graphique), mais cela implique trois choses :

  • Il n'y aurait pas de réduction d'émissions de GES à l'échelle mondiale avant 2030 ! (à supposer que les États fassent réellement ce à quoi ils se sont engagés, ce qui n'est pas sûr, et ce à quoi ils ne peuvent être contraints)
  • L'écart entre ce qu'il faudrait faire (le souhaitable) et ce qui est sur la table (le réel) ne va cesser de s'accroître : en matière de climat, ce qui compte est l'ensemble des émissions de GES relâchés sur une période, plus que le niveau atteint lors de la dernière ; ce faisant, les États maximisent les émissions relâchées pendant cette période de temps ;
  • En repoussant à plus tard ce qu'ils ne veulent pas faire aujourd'hui, les États institutionnalisent la procrastination et entérinent un réchauffement climatique très largement supérieur à 2°C.

 

Comparaison des niveaux d’émission globale potentiels en 2025 et 2030, en agrégeant les contributions nationales annoncées et sous d’autres scénarios

Comparaison des niveaux d’émission globale potentiels en 2025 et 2030, en agrégeant les contributions nationales annoncées et sous d’autres scénarios

Le PNUE vient d'ailleurs, et à nouveau, de tirer la sonnette d'alarme : les émissions doivent être réduites d’au moins un quart d’ici la fin de la prochaine décennie, par rapport aux tendances actuelles, soit revenir en deçà des 42 gigatonnes.

Vous savez quoi ? Il n'est pas formellement prévu que la COP 22 discute de la façon de se répartir cette réduction supplémentaire d'émissions de GES. A la COP22, on va à nouveau discuter des tuyaux et de la mécanique institutionnelle ou technique, mais pas des flux d'énergies fossiles et d'émissions de gaz à effet de serre. La procrastination est reprochée aux enfants, aux salariés, aux services de l'Etat. De fait, on l'applaudit quand il s'agit de climat, c'est-à-dire de notre avenir. Pour la masquer, on illumine les bâtiments publics et on écarte les paroles ou commentaires critiques : c'est le temps des louanges, pas celui de la lucidité.
Il y a de fait quelque chose qui ne tourne pas rond dans les institutions de "gouvernance du climat".

Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France.

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 14:36

Lundi s’ouvre à Marrakech, au Maroc, la 22e conférence des Nations unies sur les changements climatiques ou COP 22. Un an après l’accord de Paris de nombreux points restent en suspens par Simon Roger pour Le Monde le 7 novembre 2016

Santes, près de Lille. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Santes, près de Lille. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Qu’est-ce qu’une COP ?

La COP22 est la 22e Conférence des parties (en anglais « Conference of the Parties », COP) à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC, ou UNFCCC en anglais). Cette convention universelle, qui offre un cadre global de négociations sur le climat, reconnaît l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène.

Elle a été adoptée au cours du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, le 9 mai 1992, avant d’entrer en vigueur le 21 mars 1994. Elle a été ratifiée par 196 États – auxquels il faut ajouter l’Union européenne (UE) – parties prenantes à la Convention, la Palestine étant le 196État à avoir intégré officiellement la CCNUCC, le 17 mars 2016.

La Conférence des parties, qui constitue l’organe suprême de la convention, se réunit chaque année lors d’un sommet mondial où sont prises des décisions pour respecter les objectifs de lutte contre le changement climatique. Elles ne peuvent être prises qu’à l’unanimité des parties ou par consensus.

Cette 22conférence climat se tient à Marrakech, au Maroc, du 7 au 18 novembre. Elle se déroulera dans le quartier de Bab Ighli, qui fut pendant des siècles l’entrée principale de la médina, sur un site aménagé autour de cinquante-cinq tentes. Comme pour chaque COP, la partie réservée aux négociations, la « zone bleue », sera placée sous l’autorité de l’ONU. Une « zone verte » rassemblera la société civile, les entreprises et les autres acteurs non étatiques.

Quels ont été les temps forts des négociations ?

La 3e Conférence des parties à la convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques (COP3) a permis l’adoption du protocole de Kyoto, le premier traité international juridiquement contraignant visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Signé en 1997 et entré en vigueur en 2005, ce traité ne fixe des objectifs contraignants qu’à seulement 55 pays industrialisés, représentant 55 % des émissions globales de CO2 en 1990.

Le protocole visait alors à réduire d’au moins 5 % leurs émissions de six gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote et trois substituts des chlorofluorocarbures), entre 2008 et 2012, par rapport au niveau de 1990.

Si certains ont respecté leurs engagements (comme l’UE), les gros pollueurs n’ont pas rempli leurs objectifs : les États-Unis ne l’ont jamais ratifié, le Canada et la Russie s’en sont retirés et la Chine, devenue le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, n’est pas concernée. Aujourd’hui obsolète, le protocole de Kyoto doit expirer en 2020 et devrait être remplacé par un nouveau texte, qui est l’objet de la COP21.

En 2009, la 15e Conférence des parties, qui se tenait à Copenhague, au Danemark, devait permettre de renégocier un accord international sur le climat. Cette fois, il devait concerner les pays industrialisés comme ceux en développement, pour remplacer le protocole de Kyoto. Mais, après deux ans de négociations, le sommet s’est soldé par un échec : s’il affirme la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C, le texte de l’accord ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre, se contentant de prôner la « coopération » pour atteindre un pic des émissions « aussi tôt que possible ».

Depuis 2011, les COP, qui se sont tenues à Durban (Afrique du Sud), Doha (Qatar), Varsovie et Lima, ont toutes eu pour objectif de parvenir à un accord universel d’ici à la fin 2015, c’est-à-dire au plus tard durant la COP21, accueillie par la France du 30 novembre au 12 décembre 2015.

En quoi consiste l’accord de Paris scellé à la COP21 ?

Adopté par consensus lors de la dernière séance plénière de la COP21, le 12 décembre 2015 au Bourget, l’accord de Paris est le premier accord climat à portée universelle puisque le protocole de Kyoto de 1997 n’était destiné qu’aux pays industrialisés, considérés alors comme les principaux responsables du réchauffement de la température planétaire.

Le document de 39 pages se compose de deux parties, un accord nécessitant une ratification des États membres de la CCNUCC (selon la législation propre à chacun d’eux) et les « décisions d’adoption » qui, elles, ne nécessitent pas d’être ratifiées par les 196 États.

La finalité de l’accord de Paris est de contenir le réchauffement « bien au-dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ». Cet objectif, plus ambitieux que la mission initiale des négociateurs (rester sous le seuil des 2 °C), correspond à une revendication appuyée pendant la COP21 par l’ensemble des États insulaires, parmi les plus vulnérables aux effets du réchauffement.

Mais ce plafond de 1,5 °C a une portée essentiellement symbolique. Car les projections de l’ONU indiquent, rapport après rapport, que la courbe actuelle des émissions mondiales de gaz à effet de serre devrait se traduire par un réchauffement de l’ordre de 3 °C.

L’accord de Paris est affaibli aussi par l’absence d’objectifs chiffrés à long terme. Le texte invite seulement la communauté internationale à atteindre « un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre dès que possible », puis de parvenir à « un équilibre entre les émissions d’origine anthropique et les absorptions par des puits de carbone au cours de la deuxième moitié du siècle ».

Pour entrer en vigueur, l’accord doit remplir une double condition, stipule le texte du 12 décembre 2015. Il doit être ratifié par au moins 55 pays (sur les 196 Etats membres de la CCNUCC) représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

La cérémonie de signature de l’accord de Paris, le 22 avril 2016 au siège de l’ONU à New York, a donné le top départ de ce processus de ratification. Contre toute attente – en raison notamment du volontarisme d’acteurs majeurs comme les Etats-Unis et la Chine, et des efforts de la présidence française de la COP21 –, le double seuil des 55/55 a été franchi le 4 octobre grâce à la ratification de l’UE. En vertu des règles onusiennes, l’accord de Paris est entré en vigueur un mois plus tard, le 4 novembre 2016.

Quels sont les principaux enjeux de la COP22 ?

« Le gros sujet de la COP22 sera de préciser les règles de mise en œuvre de l’accord de Paris et de se mettre d’accord sur la date de finali­sation de ces règles communes », prédit Laurence ­ Tubiana, l’ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique pour la France. L’entrée en vigueur étant effective depuis le 4 novembre, la première réunion des parties à l’accord de Paris (la CMA dans le vocabulaire onusien, sigle de COP serving as Meeting of the Parties to the Paris Agreement) sera donc convoquée dès la COP22.

Cette CMA s’ouvrira le 15 novembre, journée lors de laquelle plusieurs chefs d’État et de gouvernement sont attendus à Marrakech, dont François Hollande et le secrétaire d’État américain John Kerry. La proposition suivante y sera défendue : puisque la nouvelle organisation se met en place plus vite que prévu, pourquoi ne pas finaliser la discussion sur les règles communes dès 2018, l’année du point d’étape prévu par l’accord climat ?

L’autre enjeu de la COP22 est de faire le point sur les engagements volontaires pris par les pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et contrer les effets du réchauffement. Mises bout à bout, ces 189 « contributions nationales » développées à l’horizon 2025-2030 ne permettent pas de contenir le réchauffement sous le seuil de 2 °C. La COP22 devrait inviter les États à engager des actions additionnelles pour rehausser le niveau de leurs ambitions.

Depuis la COP21, de nombreuses dynamiques ont vu le jour : l’alliance solaire internationale, l’initiative africaine pour les énergies renouvelables, la mission innovation, la coalition pour le prix du carbone, etc. Face à la difficulté de dresser un bilan de ces initiatives, la ministre de l’environnement marocaine, Hakima El Haite, et Laurence Tubiana vont proposer à Marrakech qu’un dispositif de suivi de ces coalitions soit mis sur pied d’ici à mai 2017, autour de critères précis et d’un registre d’enregistrement.

Au Maroc, les délégations devraient évoquer la lancinante question des financements. Les pays en développement gardent notamment en tête la promesse faite à leur égard, en 2009, par les nations industrialisées : mobiliser au moins 100 milliards de dollars (90 milliards d’euros) par an, d’ici à 2020, de financement climat du Nord vers le Sud. Rendue publique le 17 octobre, à la veille de la pré-COP22, une expertise de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que le financement (public et privé) pourrait atteindre entre 77 milliards et 133 milliards de dollars suivant les scénarios.

Comment la conférence de Marrakech s’organise-t-elle ?

Plus de 20 000 participants sont attendus à Marrakech du 7 au 18 novembre. S’y croiseront les délégations des 196 Etats, la société civile – les entreprises, les ONG, les scientifiques, les collectivités territoriales, les populations autochtones, les syndicats – et les médias du monde entier.

Mais les discussions ont commencé bien plus tôt dans l’année. Les équipes de négociations ont échangé régulièrement depuis l’adoption de l’accord de Paris, en décembre 2015, et se sont retrouvées à Bonn, en Allemagne, en juin 2016, pour la session de travail annuelle de la CCNUCC. Depuis le 6 juillet, une nouvelle secrétaire exécutive de la convention cadre supervise ces négociations, la diplomate mexicaine Patricia Espinosa, en remplacement de la Costaricienne Christiana Figueres.

La France, qui a assuré la présidence de la COP21 depuis le 30 novembre 2015 – d’abord par Laurent Fabius, puis par Ségolène Royal, depuis mars 2016 – va passer le relais lundi 7 novembre, au pays hôte de la COP22, le Maroc. Le ministre des affaires étrangères et de la coopération marocain, Salaheddine Mezouar, devrait donc succéder, lundi, à la ministre de l’environnement française à la tête de la COP22, jusqu’à la prochaine conférence sur le climat, prévue dans un an en Asie.

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5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 09:36

« Le Monde » et le site allemand Correctiv se plongent dans l’accord conclu le 30 octobre entre l’Union européenne et le Canada. Ils se concentrent, cette fois, sur les questions qu’il pourrait poser dans la lutte contre le réchauffement climatique par Gary Dagorn et Maxime Vaudano pour Le Monde le 2 novembre 2016.

Vue aérienne du site d’extraction des sables bitumineux de la firme pétrolière Suncor, près de Fort McMurray, dans l’Alberta (Canada), en 2009. MARK RALSTON / AFP

Vue aérienne du site d’extraction des sables bitumineux de la firme pétrolière Suncor, près de Fort McMurray, dans l’Alberta (Canada), en 2009. MARK RALSTON / AFP

En créant de potentiels obstacles juridiques à la régulation et en augmentant possiblement les émissions de gaz à effet de serre au Canada, l’accord commercial CETA entre l’Union européenne et le Canada pourrait poser de sérieux problèmes dans la lutte contre le réchauffement climatique.

A. Les sables bitumineux, passager clandestin du CETA ?

LE PROBLÈME

Le CETA est critiqué car il pourrait permettre de nouveaux investissements dans les sables bitumineux canadiens qui non seulement augmenteraient les émissions de gaz à effet de serre mais pourraient stimuler l’importation de ce pétrole très énergivore et peu écologique en Europe.

C’EST PEU PROBABLE

L’étude d’impact publié en 2011 par la Commission européenne affirmait que le CETA pourrait stimuler les investissements européens dans les sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta. Plusieurs dispositions du traité ont été avancées pour justifier ces craintes, mais leur impact minimum et l’état actuel du marché pétrolier rendent cette prévision pour le moins incertaine. Explications.

Deux dispositions présentes dans le texte de l’accord ont soulevé des interrogations :

  • L’engagement du Canada à réformer sa loi sur les investissements étrangers dès que le CETA entrera en vigueur. En clair, il s’agira de relever le seuil au-dessous duquel un investisseur étranger peut prendre une part majoritaire au capital d’une entreprise canadienne sans demander une autorisation des autorités. Ce seuil sera relevé de 1 milliard à 1,5 milliard de dollars canadiens. Mais les capitaux des géants pétroliers canadiens exploitant les sables bitumineux sont bien au-dessus de ce seuil et restent assez protégés des prises de contrôle étrangères.
  • L’assouplissement de la mobilité pour les travailleurs étrangers au Canada. L’article 7 du chapitre 10 sur la mobilité des travailleurs prévoit par exemple de rallonger de trois mois à trois ans la durée de séjour pour certains cadres expérimentés étrangers, sans obligation de demander un visa. Il sera donc théoriquement plus facile pour les entreprises pétrolières étrangères, comme le français Total, de faire venir du personnel. Mais cela n’aura que peu d’impact sur la production ou l’exportation des produits pétroliers.

A l’automne 2014, l’épisode de la directive européenne sur la qualité des carburants a pourtant fait réagir les défenseurs de l’environnement, comme le relate l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory, hostile au CETA :

« Le gouvernement canadien a travaillé pendant des années au service des entreprises pétrolières et gazières canadiennes pour assouplir la directive européenne sur la qualité des carburants. Cette directive était censée prendre en compte l’empreinte écologique des produits pétroliers issus des sables bitumineux canadiens, dont l’extraction et la production nécessitent davantage d’énergie. Après des années de bataille, la directive émise par la Commission européenne [le 7 octobre 2014] reconnaît que l’empreinte carbone de ce pétrole était plus importante, mais n’impose toutefois pas aux entreprises européennes de déclarer la part des pétroles non conventionnels dans leurs importations. Finalement, le système ne pénalise ni ne décourage plus les entreprises d’investir ou d’importer des produits issus des sables bitumineux. »

Malgré cela, l’état actuel du marché du pétrole rend très compliqué et incertain l’avenir de l’exploitation des sables bitumineux au Canada. Le coût exorbitant des infrastructures nécessaires pour extraire ce pétrole du sable ne permet aux exploitations actuelles d’être rentables qu’à un prix minimum du baril autour de 70-80 dollars américains – bien au-dessus de son niveau actuel, à 50 dollars. Une hausse du cours du pétrole est difficile à prévoir car la demande mondiale ralentit en même temps que la croissance chinoise, qui a agi en véritable moteur de la croissance mondiale.

Il est donc, pour l’instant, très difficile, voire impossible, d’affirmer que le CETA suffira à importer davantage de pétrole canadien.

B. Les politiques climatiques pourront-elles être attaquées par les entreprises ?

LE PROBLÈME

Le mécanisme de cour des investissements (Investment Court System, ICS) introduit par le CETA est critiqué car il pourrait permettre aux entreprises de contester des politiques climatiques d’intérêt public si elles contreviennent à leurs intérêts.

C’EST POSSIBLE

Le droit des Etats de mettre en place des politiques d’intérêt public « légitimes » telles que « la protection de la santé publique, de la sécurité, de l’environnement » est bien présent, à la fois dans le texte du CETA1 et dans la déclaration interprétative adjointe tardivement au traité.

Une manière de répondre à la multiplication ces dernières années des procédures en arbitrage lancées contre des décisions publiques environnementales – à l’image de l’affaire Vattenfall, du nom de la société suédoise d’énergie qui s’est tournée en 2012 vers un tribunal de ce type pour réclamer 4,7 milliards de dollars au gouvernement allemand, en compensation de la fermeture de ses deux centrales nucléaires, consécutive à la décision d’Angela Merkel d’abandonner l’énergie nucléaire, après l’accident de Fukushima (la procédure est toujours en cours).

Malgré les garde-fous, le CETA précise que peuvent être contestées les décisions des Etats qui enfreignent le « traitement juste et équitable » constituent une « expropriation indirecte » d’une entreprise ou frustrent leurs « attentes légitimes » en leur faisant des « déclarations spécifiques » pour les inciter à investir2.

En somme, les politiques environnementales ne pourraient être contestées en elles-mêmes, mais parce qu’elles sont discriminatoires à l’égard d’un acteur ou qu’elles violent des engagements passés d’un gouvernement.

A cet égard, on peut se demander si les juges du CETA n’auraient pas pu condamner le gouvernement français pour avoir interdit, en 2011, la fracturation hydraulique dans l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, et avoir invalidé des permis miniers précédemment accordés à des pétroliers…

La seule manière de se prémunir contre ce type de procédure et de se mettre hors de portée de la libre interprétation des juges est d’exclure clairement certains secteurs du champ d’application du système d’arbitrage ICS. C’est le cas, dans le CETA, pour toutes les politiques liées aux subventions3 ou à la stabilité financière4. Mais pas des politiques visant à réduire les gaz à effet de serre, contrairement à ce qu’avait recommandé le Parlement européen en 20155.

Les Etats ont également la possibilité de se prémunir individuellement contre des risques d’attaques en prenant des réserves nationales dans les annexes I et II du texte. Mais sur les neuf pays interdisant la fracturation hydraulique, seule la Bulgarie a pris cette précaution. Sollicité par Le Monde, le ministre de l’environnement français n’a pas donné suite aux demandes d’explication sur cet « oubli » français.

Selon l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory, le risque que les investisseurs canadiens des secteurs miniers et énergétiques profitent du mécanisme d’arbitrage du CETA est élevé, car elles se tournent déjà de plus en plus vers les arbitrages privés. 

« Les investissements canadiens en Europe sont nombreux dans ces secteurs, et les entreprises minières canadiennes sont déjà présentes dans un certain nombre de projets controversés à travers l’Europe. Les professionnels du secteur minier se réjouissent de cet accord qu’ils qualifient de “décisif” et qui pourrait avoir des implications majeures pour les entreprises du secteur. […] Les réclamations du Canadien Gabriel Resources contre le gouvernement roumain, qui a décidé de s’opposer au projet de mine d’or à Roşia Montană car le projet aurait des conséquences environnementales désastreuses et à l’expropriation de nombreux villageois, donne un bon aperçu du type de réclamation que les Etats membres de l’UE doivent s’attendre à recevoir. »

A l’inverse, le gouvernement canadien a déjà été attaqué à plusieurs reprises par le passé au moyen de tribunaux similaires. Une loi de 2011 limitant les activités extractives au Québec a, par exemple, été contestée par une entreprise canadienne ayant investi dans la région. Lone Pine réclame 118 millions de dollars à Ottawa.

C. Le CETA mènera t-il à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre ?

LE PROBLÈME

Le CETA est critiqué par les organisations environnementales, car il pourrait contrevenir aux engagements climatiques pris par les pays de l’Union européenne et le Canada lors de la COP21 et conduire à augmenter les émissions de gaz à effet de serre.

DIFFICILE À DIRE, MAIS C’EST PROBABLE

Il est difficile de répondre précisément à cette question centrale. En revanche, il apparaît assez clairement qu’un traité de libre-échange comme le CETA est conçu pour accroître la quantité d’échanges marchands entre deux parties et par incidence d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre émanant des moyens de transport (essentiellement les transports maritimes).

Tous les secteurs économiques ne seront pas concernés de manière significative par ce traité, mais certains le seront sans aucun doute et contribueront à accroître les émissions de gaz à effet de serre. De telles augmentations pourraient rendre les objectifs de réduction des émissions inatteignables, au moins pour le Canada, neuvième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde.

L’étude d’impact sur le CETA, publiée en 2011, par la Commission européenne fournit à ce sujet un aperçu des conséquences d’un tel traité de libre-échange sur l’environnement.

Sans surprise, les secteurs des transports et de l’automobile pourraient faire croître les émissions de gaz à effet de serre canadiennes. Les objectifs de réduction du Canada pour l’année 2020 (– 17 % par rapport aux émissions de 2005) ne seront déjà pas atteints, en partie à cause de l’extraction des sables bitumineux.

De la même manière, les objectifs pris dans le cadre de la COP21 (une baisse de 30 % des émissions par rapport à 2005), jugés clairement insuffisants par le Climate Action Tracker, seront très probablement hors d’atteinte eux aussi si de sérieuses mesures visant à réduire les émissions ne sont pas adoptées rapidement.

D’autres secteurs pourraient contribuer à augmenter les émissions de gaz à effet de serre, comme l’agriculture. Ainsi, les exploitations qui pratiquent l’élevage intensif sont susceptibles d’augmenter les émissions de méthane (un gaz dont le potentiel réchauffant est vingt-quatre fois plus élevé que celui du CO2). Il est aussi possible, selon la Commission européenne, que le CETA stimule les investissements européens dans le secteur du charbon au Canada.

L’étude d’impact ébauche plusieurs solutions pour limiter la hausse des émissions. L’instauration d’une taxe carbone au Canada, par exemple, contribuerait à ralentir ou dissuader financièrement les investissements dans les énergies fossiles. De réelles avancées dans l’efficacité énergétique des automobiles produites au Canada ou de la flotte marchande transportant les marchandises pourraient aussi contribuer à limiter l’impact climatique du CETA. Mais nous en sommes encore loin.

Concernant le transport maritime, par exemple, l’organisation maritime internationale a adopté des mesures en 2011, afin d’améliorer la consommation de carburant, mais celles-ci ne s’appliquent qu’aux nouveaux navires et non aux milliers de tankers, porte-conteneurs et vraquiers sillonnant déjà les océans – qui constituent l’écrasante majorité de la flotte mondiale. Depuis, aucune mesure n’a été prise. Fin octobre, les 171 membres de l’Organisation mondiale internationale ont établi collectivement un calendrier afin de mettre en place une stratégie pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci prévoit qu’elle ne sera finalisée qu’en… 2023.

Selon les dernières données disponibles et les politiques actuelles, le Canada aura en 2030 réduit ses émissions de 4,5 % selon les prévisions les plus optimistes, bien loin des 30 % promis avant la COP21 – une contribution jugée déjà insuffisante par plusieurs organisations indépendantes. Quant à l’Union européenne, si l’on s’en tient aux mesures actuelles, elle aura réduit en 2030 ses émissions de 22 % à 30 % par rapport aux niveaux atteints en 1990, là encore loin de l’engagement des 40 % (jugé « moyen » par le Climate Action Tracker).

L’accord CETA ouvre donc la voie à de potentiels obstacles juridiques qui compliqueront l’adoption de législations environnementales. Au vu des délais réduits qui s’imposent pour réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre, il est très probable qu’il affaiblisse significativement la capacité des Etats à atteindre les objectifs climatiques minimum.

1 Article 8.9 (1).

2 Article 8.10.

3 Article 8.15

4 Chapitre 13, article 16.

5 Point nº 80 de la résolution sur l’accord de Paris du 14 octobre 2015.

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 12:27

Adopté le 12 décembre 2015, l’accord de la COP21 a été ratifié par 96 pays représentant 69 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, sur 192 signataires, dépassant la condition nécessaire à sa mise en oeuvre, 55 Etats représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre.

Un jour historique pour la planète, marquant l’entrée en vigueur de l’accord de Paris sur le climat (COP21), moins d’un an après son adoption par 195 pays, le 12 décembre 2015 au Bourget.

Marrakech accueillera du 7 au 18 novembre la COP22, qui sera centrée sur la mise en œuvre de l’accord de Paris.

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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 16:51

La pollution de l'air contribue largement à la mortalité de 600 000 enfants de moins de 5 ans chaque année, alerte l'Unicef par Rémi Barroux pour Le Monde le 31 octobre 2016.

La pollution de l'air affecte très gravement 300  millions d'enfants dans le monde, soit un sur sept, et contribue à la mortalité d'un enfant sur dix âgé de moins de cinq ans, avance l'Unicef dans un rapport publié le 31  octobre. " Environ 2  milliards d'enfants vivent dans des zones où les niveaux de pollution dépassent les standards établis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et 300  millions d'entre eux sont confrontés à un air extrêmement toxique ", selon Anthony Lake, le directeur général du Fonds des Nations unies pour l'enfance.

En présentant ce rapport à une semaine de l'ouverture de la conférence sur le climat, la COP22, qui doit se tenir à Marrakech, au Maroc, du 7 au 18  novembre, l'organisation onusienne insiste sur le risque mortel que fait courir aux plus jeunes la pollution de l'air. Elle représente un fléau, qu'elle s'exerce à l'extérieur, notamment dans les milieux urbains, ou à l'intérieur, en particulier pour les enfants de familles pauvres vivant en zone rurale, dans les pays en développement où le charbon et le bois sont utilisés pour cuisiner et se chauffer.

Cet air pollué affecte plus les enfants que les adultes, car ils respirent deux fois plus rapidement et absorbent plus d'air – et donc de particules nocives – rapporté à leur poids, détaillent les auteurs du rapport. Leur système immunitaire est plus faible et leur cerveau est encore en train de se développer. Selon l'Unicef, la capacité pulmonaire des enfants vivant dans des environnements pollués serait réduite de 20  %, soit les mêmes conséquences que dans un foyer où ils subiraient le tabagisme passif.

" Développement cérébral "

" Les substances polluantes endommagent les poumons des enfants mais elles peuvent aussi franchir les barrières protectrices du cerveau et endommager irrémédiablement leur développement cérébral, compromettant leur avenir ", insiste Anthony Lake, qui estime le coût de ces dommages à plus de 0,3  % du produit intérieur brut mondial, un pourcentage en augmentation.

Sur les 7  millions de personnes dont la mort est liée à la pollution de l'air, selon l'OMS, l'Unicef estime à 600 000 le nombre des enfants de moins de 5 ans concernés. 920 000 meurent chaque année de pneumonie, et plus de la moitié de ces décès seraient liés à la pollution de l'air.

C'est dans les pays en développement que l'on trouve la situation la plus dramatique. L'Asie du Sud compte le plus grand nombre d'enfants respirant un air dépassant les normes de l'OMS (620  millions), suivie par l'Afrique (520  millions) et l'Asie de l'Est et le Pacifique (450  millions). La qualité de l'air intérieur est la principale cause des décès liés à la pollution chez les enfants de moins de 5 ans en Asie du Sud-Est (133 000 décès), en Afrique (287 000) et enAsie de l'Est et dans le Pacifique (28 000). A l'inverse, en Europe, sur les 4 000 décès recensés, 3 000 seraient en rapport avec la pollution intérieure.

C'est armée de ces chiffres que l'organisation internationale se rend au Maroc, afin de plaider pour une lutte plus efficace contre la pollution, en réduisant par exemple le recours aux énergies fossiles, et pour la protection des plus vulnérables, en évitant par exemple de construire des écoles ou des terrains de jeux à proximité d'usines polluantes. " Protéger les enfants de la pollution, ce n'est pas seulement dans leur seul intérêt, cela concerne l'ensemble des sociétés, avec le bénéfice lié à la réduction des coûts de santé, en augmentant la productivité, en proposant un environnement plus sain, en construisant un développement durable ", résume Anthony Lake.

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 16:52

Un film de Fisher Stevens produit par Leonardo DiCaprio, 1h35', Sous-titres FR TR, avec Leonardo DiCaprio, Barack Obama,... disponible en lecture depuis le 30/10/2016 pendant une semaine sur http://www.dailymotion.com/video/x4yfbbt malheureusement en américain sans sous-titre.

Pour le film, Leonardo DiCaprio a parcouru le monde pendant deux ans. Photo Ratpac Documentary Films.

Pour le film, Leonardo DiCaprio a parcouru le monde pendant deux ans. Photo Ratpac Documentary Films.

Un film suivant Léonardo Di Caprio dans son mandat d'ambassadeur de l'ONU pour le climat, jusqu'à la ratification de l'accord de Paris.

Quelques images impressionnantes.

La violence des eaux de fonte des glaces.

Un film de vulgarisation scientifique américain de 1958 ! qui expose l'alternative solaire pour laisser dans le sol les carburants fossiles.

Une démonstration : changer notre régime alimentaire du bœuf vers le poulet changerait notre impact climatique.

Un film pas très différent de ceux d'Al Gore, ou Nicolas Hulot, mais tout aussi intéressant en faisant le point en 2016. Un film qui vise un public de consommateurs nord-américains, et conclut par quelques recommandations claires.

Pierre Stoeber

Ci-dessous, une critique par Coralie Schaub pour Libération.

Contre l’effet de serre, Leonardo DiCaprio sort de sa bulle

Dans son documentaire diffusé dimanche sur National Geographic, l’acteur délaisse les paillettes d’Hollywood pour alerter sur le réchauffement climatique et inciter les citoyens à agir.

Il a du mérite et du cran, Leonardo DiCaprio. La superstar américaine aurait pu rester tranquillement planquée, à savourer sa célébrité et sa fortune d’acteur de fiction sans s’impliquer dans les affaires du monde. Rien ne l’obligeait à se lancer dans la production d’un documentaire sur le changement climatique, encore moins à s’y livrer sans fard et à s'y mettre en scène en questionnant avec humilité des acteurs de la vie réelle, qu’il s’agisse de personnalités (Barack Obama, le pape François ou Ban Ki-moon), mais aussi de scientifiques ou de représentants d’ONG. Rien ne l’obligeait à parcourir la planète pendant deux ans pour nous livrer ce film ambitieux, sérieux, limpide et d’utilité publique : Avant le déluge, diffusé dimanche par la chaîne de télévision National Geographic dans 171 pays et 45 langues, et hélas parfois desservi par des erreurs de traduction dans les sous-titres français (1).

Pédagogie. Il n’avait que des coups à prendre, une image assez lisse et consensuelle à froisser. Surtout qu’il y va fort, «Leo». Sans doute parce qu’il a compris de longue date l’importance, l’ampleur et l’urgence du sujet : «Il n’y a pas de menace plus grave pour l’avenir de nos sociétés que le changement climatique», martèle-t-il. Son documentaire fait bien sûr d’abord œuvre de pédagogie, et particulièrement bien. Les interviewés rappellent les faits, rien que les faits. N’en déplaise à ceux qui le nient, la température moyenne du globe s’emballe depuis quelques années alors qu’elle était restée stable depuis douze mille ans.

Les effets sont déjà là, flagrants, dramatiques. Et les images, à la fois belles et effrayantes, sont là pour le prouver. La glace des pôles fond à toute vitesse. Les habitants des îles du Pacifique doivent abandonner leurs maisons envahies par les flots. En Floride, le maire de Miami Beach, sorte de Shadok des temps modernes, doit faire surélever les chaussées et installer des pompes pour évacuer l’eau de mer, le tout à grands frais (400 millions de dollars, soit plus de 366 millions d’euros) et pour une durée de protection estimée à «quarante ou cinquante ans» seulement. Les récoltes des paysans indiens sont détruites par des pluies diluviennes, les coraux meurent, les poissons se font rares…

Et c’est bien l’homme qui en est responsable. Lui qui libère des quantités massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, surtout en consommant des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), mais aussi en rasant ou brûlant les forêts d’Asie du Sud-Est ou d’Amazonie, pour cultiver de l’huile de palme ou du soja destiné à nourrir le bétail. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy qui, ô surprise, reprend ces temps-ci les mêmes éléments de langage, quasiment au mot près, que James Inhofe, l’un des membres du Congrès américain les plus climatosceptiques : «Certains sont tellement arrogants qu’ils pensent pouvoir changer le climat. L’homme ne peut pas faire ça», assène ce dernier. Il se trouve que James Inhofe reçoit une fortune de l’industrie des énergies fossiles, souligne le film. Et de donner un chiffre : 1 837 427 dollars - petit reproche : il n’est pas précisé s’il s’agit là d’une somme annuelle. Suivi d’autres montants du même ordre empochés par tel ou tel sénateur, noms et photos à l’appui.

C’est là que DiCaprio y va fort. Il n’hésite pas à dénoncer nommément, à citer les multinationales responsables de la catastrophe en cours. Celles qui organisent et financent une campagne massive de désinformation dans les médias, pour instiller le doute dans les esprits et diviser le public, en achetant politiques et pseudo-experts. Voire (indirectement et anonymement) qui font envoyer de charmantes menaces de mort aux climatologues. «Vous devriez être flingué, écartelé et donné à manger aux cochons, vous et toute votre satanée famille», a reçu l’un d’eux par mail. Le tout dans le seul but de protéger leurs intérêts privés, au mépris des plus pauvres et des générations futures. Les noms qui font partie du «lobby fossile» défilent à l’écran : ExxonMobil, Shell, BP, Chevron, Koch Industries, The Heartland Institute, Americans for Prosperity… Dans le cas de l’huile de palme, le film pointe Burger King, PepsiCo et ses marques Quaker et Doritos, Kraft…

Mode de vie. Il pose, in fine, la question de notre mode de vie occidental. Mais propose des solutions à la portée de tous. Par exemple, manger moins de viande de bœuf - un hamburger de 450 grammes équivaut à deux cents heures d’éclairage d’une ampoule à 60 watts. Ou voter pour des dirigeants qui combattront le changement climatique «en supprimant les subventions aux énergies fossiles, en laissant celles-ci dans le sol, en investissant dans les énergies renouvelables ou en imposant une taxe carbone». Sur ce dernier point, un éminent professeur à Harvard, républicain et ex-boss des conseillers économiques de George W. Bush, décrypte ce que nombre de politiques ne prennent pas la peine d’expliquer, par peur des sondages : non, il ne s’agit pas d’un nouvel impôt qui s’ajouterait aux autres, mais d’un rééquilibrage de la politique fiscale permettant de nous inciter, collectivement, à choisir les énergies renouvelables plutôt que les fossiles. Et il suffirait d’un minimum d’information du public pour que celui-ci en comprenne l’intérêt… et que les politiques suivent. DiCaprio aura fait sa part.

(1) Réalisé par Fisher Stevens. Diffusé en France dimanche à 20h40, puis jusqu’au 5 novembre sur Natgeotv.com et sur Dailymotion.

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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 09:20

La baie qui borde le continent blanc est une des rares zones sauvages restées intactes sur Terre. La plus grande aire maritime protégée du monde va y être créée par Martine Valo le 29 octobre 2016.

Un manchot Adélie sur la mer de Ross. JOHN WELLER / AFP

Un manchot Adélie sur la mer de Ross. JOHN WELLER / AFP

« Le dernier océan », c’est ainsi que les scientifiques appellent la mer de Ross, une baie profonde qui borde le continent Antarctique. Dernier écosystème marin intact, ou presque, elle a gardé quelque chose de l’Eden aux yeux des naturalistes. Un tiers des manchots Adélie vivent là. Le krill – ces petites crevettes essentielles qui nourrissent poissons, phoques, baleines et oiseaux de mer – y abonde.

Réunie à Hobart, en Australie, la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR), s’est penchée sur son cas pendant deux semaines, comme chaque année depuis 2012. Après cinq ans de négociations, les vingt-quatre États qui siègent avec l’Union européenne dans cette organisation ont annoncé, vendredi 28 octobre, la création d’une très vaste aire maritime protégée (AMP) dans la mer de Ross. Proposée par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, elle couvre 1,57 million de kilomètres carrés (l’équivalent de la surface de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne) dont 1,12 million totalement protégés, où tout prélèvement, la pêche notamment, sera interdit. C’est le plus grand sanctuaire marin du monde.

Pour parvenir à cet accord historique, les membres de la CCAMLR ont dû vaincre les réticences du gouvernement chinois, ce qui fut fait en 2015, puis celles des Russes lors de cette session. Avec un bémol : cette AMP atypique s’est vu fixer une durée limitée à trente-cinq ans.

L’Antarctic Ocean Alliance (AOA), une coalition d’une vingtaine d’ONG, se réjouit sans réserve d’une avancée qu’elle attendait avec optimisme. « Voilà des mois que John Kerry en discute avec Sergueï Lavrov, les deux ministres des affaires étrangères [américain et russe] en ont parlé à Genève et à Washington en septembre lors de la conférence “Our Ocean”, expliquent Mike Walker, directeur de l’AOA, et Andrea Kavanagh, de Pew Charitable Trusts. John Kerry a un engagement très personnel en faveur de l’océan, il se devait d’obtenir quelque chose pour les eaux de l’Antarctique avant de partir. »

D’autres projets repoussés

Les défenseurs de l’environnement ne montrent pas tous autant d’enthousiasme. « C’est un véritable pas en avant, mais c’est insuffisant pour préserver des poissons comme la légine, qui vivent plus de quarante ans », regrette Carl Gustaf Lundin, directeur du programme marin et polaire de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). En septembre, Moscou – qui a déclaré 2017 « année de l’écologie en Russie » – a signé aux côtés de 62 autres pays une résolution de l’UICN appelant à protéger intégralement « au moins 30 % des océans afin d’inverser les effets néfastes actuels et d’accroître la résilience du milieu marin face au changement climatique ». Pour M. Lundin, les États doivent s’engager davantage en faveur de la protection de l’océan, en particulier dans les eaux internationales de l’océan Austral.

La CCAMLR a été créée pour veiller à la gestion des pêches dans cette zone du globe tout autant que pour garantir la sauvegarde des écosystèmes marins autour de l’Antarctique. Or, d’autres projets de sanctuaires au sud du 60e parallèle ont été repoussés à plus tard. La France et l’Australie proposent depuis plusieurs années de créer une autre vaste AMP dans l’est de l’Antarctique, tandis que l’Allemagne et les Etats-Unis en défendent une troisième dans la mer de Weddell. A elles trois, ces aires couvriraient 4,8 millions de km² et pourraient représenter un solide maillage de l’océan Austral, actuellement bien moins protégé que le continent Antarctique.

Chargée d’assurer la « conservation » de la biodiversité marine tout en facilitant l’« usage rationnel » des ressources autour de l’Antarctique, la CCAMLR est tiraillée par des enjeux contradictoires depuis sa création, en 1982. Chaque année, face à la gourmandise des ministres de la pêche, les ONG tentent de faire contrepoids. Le Fonds mondial pour la nature, le WWF, est ainsi allé à Hobart présenter son rapport sur le continent blanc et sur les eaux qui l’entourent.

En Antarctique, la mer de Ross sera sanctuarisée

Lextrême sud n’est plus épargné, on y trouve désormais des polluants persistants, des particules de plastique. Avec 7 000 scientifiques et 33 000 touristes par an, l’augmentation du nombre de visiteurs constitue une nouvelle menace, souligne le WWF. Cette fréquentation accrue entraîne son lot d’intrus envahissants dans un milieu fragile : plus de 200 plantes et graines sont nouvellement arrivées en Antarctique. Plusieurs espèces de manchots sont classées comme quasi menacées, tandis que leur nourriture principale, le krill, est elle-même à la fois victime du réchauffement climatique et de la convoitise des pêcheurs.

Après avoir connu des pics de plus de 550 000 tonnes dans les années 1980, suivis par de très sérieuses réductions imposées par la CCAMLR, la pêche au krill est récemment repartie à la hausse pour atteindre 225 000 tonnes en 2015. Elle est surtout destinée à nourrir volailles, poissons d’élevages, chiens et chats, mais apparaît aussi comme une source appréciable de protéines pour l’alimentation humaine et la cosmétique. « Nous aimerions avoir de nouvelles estimations scientifiques des stocks de krill ; il n’y en a pas eu in situ depuis 2000, avance Isabelle Autissier, présidente du WWF France. Celui-ci se développe sous la glace ; or l’océan Austral s’est réchauffé de 1,5 degré depuis les années 1950. Je l’ai vu changer, moi qui ai eu la chance d’y naviguer. »

La légine, dont il existe deux espèces dans les profondeurs des eaux froides, constitue l’autre dossier emblématique de la commission d’Hobart. Qualifié d’or blanc, ce gros prédateur est à la mode dans les restaurants chics, de New York et Tokyo surtout. A 40 euros le kilo au moins, il est l’un des poissons les plus chers et suscite du braconnage.

« Laisser respirer »

Pour une ONG comme le WWF, lutter contre la pêche illégale ne suffit pas. Il est nécessaire d’établir des aires protégées qui peuvent permettre aux écosystèmes d’affronter le changement climatique avec plus de ressources afin d’être en mesure de s’y adapter « Pendant l’année 2013-2014, qui a été très chaude, une colonie de manchots Adélie n’a eu aucune descendance. Les poussins de ces 25 000 couples géniteurs – régulièrement observés – n’ont pu résister à la pluie, ils sont tous morts, rapporte Mme Autissier. Nous devons faire en sorte de ne pas ajouter d’autres menaces à celle-là. Créer des AMP contribue à renforcer la résilience des milieux naturels. Nous devons laisser de grandes zones respirer. »

Ce discours semble être entendu au ministère de l’environnement. Dans la partie de l’Antarctique qui est sous juridiction française, Ségolène Royal souhaite établir rapidement une importante AMP en étendant la réserve autour des îles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam. La ministre de l’environnement a décidé d’en faire une vaste aire réglementée de 581 000 km² (dont 120 000 km² en protection renforcée), quoique morcelée en plusieurs parties. Le dossier est en bonne voie, n’ayant pas à affronter d’inextricables négociations géopolitiques.

Cependant, même inachevé, le mouvement enclenché lors de cette conférence de la CCAMLR pourrait indiquer une évolution positive en faveur de la sauvegarde de l’océan. La Russie elle-même ne vient-elle pas de décider d’étendre son AMP de l’archipel François-Joseph ? Dans l’Arctique, celle-là.

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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 16:58

Les cargos et porte-conteneurs utilisent un carburant chargé en soufre, l’un des plus sales au monde par Eric Albert, correspondant à Londres pour Le Monde le 28 octobre 2016.

Un bateau brisé par une tempête répand son carburant dans le port de Kavkaz (Russie), en novembre 2007. Oleg KLIMOV/PANOS-REA / Oleg KLIMOV/PANOS-REA

Un bateau brisé par une tempête répand son carburant dans le port de Kavkaz (Russie), en novembre 2007. Oleg KLIMOV/PANOS-REA / Oleg KLIMOV/PANOS-REA

Certains l’ont surnommé « le sang impur de la mondialisation ». Les énormes cargos porte-conteneurs qui sillonnent les océans fonctionnent avec ce carburant, l’un des plus sales au monde, un résidu visqueux du pétrole, lourd et difficile à brûler. Ce pétrole « bunker » est ce qui reste après avoir raffiné les autres produits pétroliers – essence, naphta ou encore diesel – qui sont plus légers. Dans ce magma noir se trouvent des résidus de métal, de la cendre, et surtout beaucoup de soufre. « C’est vraiment un truc dégoûtant », résume John Maggs, de Seas at Risk, une coalition d’associations environnementales. Mais c’est aussi le produit le moins cher de tous, qui permet d’assurer le commerce mondial à moindre coût.

Jeudi 27 octobre, l’industrie maritime a décidé de s’attaquer à la pollution de ce carburant. Réunie à Londres, l’Organisation maritime internationale (OMI), une entité des Nations unies, a adopté une résolution pour réduire sa teneur maximale en soufre de 3,5 % à 0,5 % à partir de 2020. La tentative du lobby pétrolier de repousser la date d’application à 2025 a finalement été rejetée. « Pour l’industrie maritime, c’est la première fois que sont adoptées des normes sur la pollution atmosphérique qui vont avoir un vrai effet », se félicite Bill Hemmings, de l’association Transport & Environment.

Selon une étude de James Corbett, professeur à l’université du Delaware, cette limitation va réduire la mortalité précoce due aux maladies cardiovasculaires et aux cancers du poumon de 40 000 personnes par an à travers le monde. « Avec une date d’application dès 2020, ce sont cinq ans de gagné, soit 200 000 morts précoces évitées », explique-t-il.

Le pétrole bunker a longtemps été très utilisé, notamment pour faire tourner certaines centrales électriques. Mais en Europe, les pluies acides, chargées de soufre, ont poussé les pays à réagir dans les années 1980. Les Etats-Unis ont fait de même, prenant conscience que les émissions de particules fines de ce carburant étaient très dangereuses pour la santé.

Progressivement, l’industrie maritime est devenue la dernière à utiliser ce fuel à grande échelle. Le produit est tellement visqueux qu’il faut dans un premier temps le chauffer avant de le brûler dans les énormes moteurs des cargos. Pour les populations, le danger est réel : les navires ne se contentent pas d’émettre leur pollution au milieu des océans. La grande majorité du trafic passe près des côtes, et les particules fines peuvent être transportées à des centaines de kilomètres par les vents.

Montrée du doigt, l’industrie a commencé à réagir. En 1997, un standard à 4,5 % de soufre au maximum a été adopté, abaissé à 3,5 % en 2012. Mais ce taux reste 3 500 fois supérieur aux normes actuelles pour les voitures diesel. Ce qui signifie qu’un gros porte-conteneurs peut polluer autant que… 50 millions d’automobiles.

L’Europe a été la première à aller plus loin. Dans la mer Baltique, la mer du Nord et la Manche, où le trafic maritime est dense et proche de côtes très peuplées, la norme a été abaissée à 0,1 %. L’Amérique du Nord et quelques régions de Chine ont fait de même.

Restait à imposer un standard à l’ensemble de la planète. Dès 2008, l’OMI s’est entendu sur le plafond de 0,5 %. Mais la date d’application demeurait incertaine. Sous l’impulsion de l’industrie pétrolière, qui possède plusieurs sièges d’observateurs à l’OMI, une offensive a été lancée pour la repousser à 2025. L’argument-clé : il n’y aura pas assez de carburant répondant aux nouvelles normes pour fournir les quelque 50 000 navires commerciaux de la planète.

L’objection n’est pas absurde. « Pour produire assez de carburant de ce type, les raffineries vont avoir besoin de beaucoup investir », reconnaît l’ambassadeur de l’un des pays occidentaux de l’OMI. Elles doivent mettre à jour leurs équipements, nécessitant de lourdes dépenses.

Pour trancher, l’OMI a commandé une étude sur la disponibilité de ce carburant. Ses conclusions sont claires : dans toutes les circonstances, il devrait y en avoir suffisamment d’ici à 2020. Jeudi, plusieurs grands pays émergents ont tenté une dernière contre-attaque. La Russie, le Brésil, la Thaïlande ou encore l’Inde ont plaidé pour cinq années supplémentaires. Ils ont abandonné, leur position étant trop minoritaire.

L’adoption de nouvelles normes concernant le soufre n’est qu’un petit pas de l’industrie maritime dans la lutte contre la pollution. Sur le plan climatique, ses émissions de CO2 ne représentent aujourd’hui que 2 % des émissions mondiales, mais elles risquent de fortement augmenter avec le développement du commerce mondial. Le secteur n’est assujetti à aucune taxe carbone. Certains pays, Europe en tête, appellent à s’atteler à cette question. Mais l’OMI n’a proposé que l’engagement de présenter une feuille de route détaillée en 2018.

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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 11:32

Grâce aux éoliennes et aux panneaux solaires, la capacité de production des énergies renouvelables à dépassé celle du charbon, annonce l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
par L'Express selon AFP sur http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/pour-la-premiere-fois-les-energies-renouvelables-detronent-le-charbon_1844759.html
le 27 octobre 2016.

C'est la fin d'une domination sans partage. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) https://www.iea.org/newsroom/news/2016/october/iea-raises-its-five-year-renewable-growth-forecast-as-2015-marks-record-year.html, la capacité de production des énergies renouvelables  a, pour la première fois dans l'histoire, dépassé celle du charbon, comme le rapporte Le Monde <http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2016/10/26/le-soleil-plus-fort-que-le-charbon_5020565_3234.html> ce mercredi. En 2015, 500 000 panneaux solaires ont ainsi été installés chaque jour dans le monde.

Le phénomène a été rendu possible grâce aux économies émergentes, dans lesquelles les énergies renouvelables ont connu une formidable croissance. En Chine , qui réunit à elle seule 40% des nouvelles installations, le rythme d'installation des éoliennes a atteint les deux turbines... par heure. A tel point que l'AIE a revu à la hausse ses prévisions de développement à cinq ans des énergies vertes utilisées pour la production d'électricité. Quelque 825 gigawatts de nouvelles capacités électriques renouvelables devraient ainsi être installées d'ici 2021, soit une progression de 42% par rapport à 2015, une prévision relevée de 13% depuis les précédentes estimations.

Baisse du coût de l'éolien et du solaire

Pour expliquer cette accélération inattendue du renouvelable dans le monde, l'AIE met en avant la baisse des coûts de l'éolien et du solaire. Cette diminution était déjà forte ces dernières années et devrait encore s'intensifier, rendant ces énergies toujours plus compétitives. Dans cinq ans, les coûts du solaire devraient encore baisser de 25%, et de 15% pour l'éolien terrestr , prédit l'agence.

Le phénomène est lié à trois facteurs, analyse l'AIE dans son rapport annuel de moyen terme sur les énergies renouvelables: "une concurrence exacerbée, des politiques de soutien plus importantes sur les marchés clefs et des innovations technologiques". En Asie, le phénomène se double d'une préoccupation croissante des autorités locales sur le problème de la pollution de l'air . Les pays asiatiques aspirent également à diversifier leur sources pour améliorer leur sécurité énergétique, explique l'AIE.

De fait, "l'Asie prend définitivement la tête" du développement des énergies vertes. "La concurrence entre les renouvelables et le gaz et surtout le charbon en Asie est le facteur déterminant qui fera que la lutte contre le changement climatique sera gagnée ou perdue", prévient d'ailleurs Paolo Frankl, directeur du secteur à l'AIE.

Production en deçà du charbon

Toutefois, "les énergies renouvelables n'y représentent qu'une part limitée de la croissance de la production d'énergie", toujours dominée par les énergies fossiles, relève-t-il. Et c'est bien là le problème. Si la capacité de production progresse, la production effective reste toujours aux mains du charbon, qui atteint les 40% à l'échelle mondiale. En face, les énergies renouvelables comptent pour 23%. D'ici 2021, cette part devrait grimper à 28% de la production d'électricité mondiale, se félicite toutefois l'AIE.

La faculté d'atteindre ces nouveaux objectifs restera toutefois liée aux politiques mises en place dans chaque pays. L'AIE relève notamment des incertitudes politiques dans "trop de pays", une impréparation des réseaux électriques pour intégrer les énergies renouvelables, par exemple en Chine et en Afrique du Sud, ou encore des conditions de financement pénalisantes dans les pays émergents.

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 08:44

L'humanité consomme chaque année l'équivalent de 1,6 Terre pour satisfaire ses besoins par Audrey Garric pour Le Monde le 27 octobre 2016.

Un biologiste capture des grenouilles de l’espèce arlequin pour les étudier, en 2011, à Panama. REUTERS

Un biologiste capture des grenouilles de l’espèce arlequin pour les étudier, en 2011, à Panama. REUTERS

Partout, les écosystèmes sont menacés, et rien ne semble pouvoir enrayer la tendance. Alors que les pressions humaines sur l'environnement ne cessent de s'aggraver, plus de la moitié du -vivant, parmi les vertébrés, a disparu ces quarante dernières -années. C'est sur ce nouveau constat alarmant que s'ouvre la -onzième édition du rapport " Planète vivante ",un vaste bilan de santé de la Terre et de sa biodiversité, publié jeudi 27 octobre par le Fonds mondial pour la nature (WWF).

L'étude, réalisée tous les deux ans en partenariat avec la société savante Zoological Society of London et l'ONG Global Footprint Network, se fonde sur deux indicateurs principaux, tous deux au rouge. Le premier, l'indice Planète vivante, mesure l'abondance de la biodiversité à partir du suivi de 14 152 populations (groupes d'animaux sur un territoire) appartenant à 3 706 espèces vertébrées de mammifères, d'oiseaux, de reptiles, d'amphibiens et de poissons répartis aux quatre coins du globe. Les invertébrés, eux, n'ont pas été étudiés. S'il ne consiste pas en un recensement exhaustif de la vie sauvage, il indique en revanche l'évolution de ses effectifs au fil du temps.

Clairement, la tendance est à la régression. Les populations de vertébrés ont ainsi chuté de 58 % entre 1970 et 2012 (dernières données de terrain disponibles), contre ? 52 % dans le précédent rapport. Dans le détail, les milieux d'eau douce sont les plus affectés, avec un effondrement de 81 % sur la période, devant les espèces terrestres (? 38 %) et celles marines (? 36 %). Si rien ne change, ces populations pourraient avoir diminué en moyenne des deux tiers (67 %) d'ici à 2020, en l'espace d'un demi-siècle seulement. " Ces chiffres matérialisent la sixième extinction des espèces : une disparition de la vie sur la planète dont nous sommes en partie responsables ", dénonce Pascal Canfin, le directeur général du WWF France.

Les causes de ces reculs sont connues : ils sont imputables, en premier lieu, à la perte et à la dégradation de l'habitat, sous l'effet de l'agriculture, de l'exploitation forestière, de l'urbanisation ou de l'extraction minière. Viennent ensuite la surexploitation des espèces (chasse, pêche, braconnage), la pollution, les espèces invasives et les maladies et enfin, de manière plus marginale pour l'instant, le changement climatique.

L'impact de notre système alimentaire est majeur. " A elle seule, l'agriculture occupe environ un tiers de la surface terrestre totale, est la cause de 80 % de la déforestation mondiale et pèse pour près de 70 % de la consommation d'eau, rappelle Arnaud Gauffier, responsable du programme agriculture du WWF France. Enfin, 30 % de l'empreinte carbone en France est liée à l'alimentation. "

Deux planètes en 2050 ?

Le second indicateur sur lequel se base le rapport " Planète vivante " est l'empreinte écologique, qui mesure la pression qu'exerce l'homme sur la nature. Elle calcule ainsi les surfaces terrestres et maritimes nécessaires pour produire chaque année les biens et services que nous consommons (nourriture, combustible, espaces bâtis, etc.) et pour absorber les déchets que nous générons (en particulier nos émissions de CO2), puis les compare à la biocapacité de la Terre, c'est-à-dire la surface disponible. Ces superficies se mesurent en hectares globaux (hag).

En 2012, l'empreinte écologique de l'humanité atteignait 20,1 milliards d'hectares globaux, soit 2,8 hag par personne. Elle excédait ainsi largement (de 61 %) la biocapacité totale de la Terre, qui s'élevait à 12,2 milliards de hag (1,7 hag par personne). Au final, cette année-là, l'humanité a utilisé l'équivalent de 1,6 planète pour vivre et a donc entamé son " capital naturel ".

La majeure partie (60 %) de cette surconsommation est imputable aux émissions de CO2, essentiellement dues à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel). Ce " dépassement écologique ", qui intervient depuis le début des années 1970, est possible car nous coupons des arbres à un rythme supérieur à celui de leur croissance, nous prélevons plus de poissons dans les océans qu'il n'en naît chaque année, et nous rejetons davantage de carbone dans l'atmosphère que les forêts et les océans ne peuvent en absorber. Or, le " jour du dépassement ", la date à laquelle l'humanité a consommé toutes les ressources que la Terre peut produire en un an, est chaque année plus précoce : il a eu lieu le 8 août cette année contre le 14 octobre en 1992 et le 1er novembre en 1986. A ce rythme, en 2050, avec une population mondiale qui frôlera les 10 milliards d'humains, nous aurons besoin de 2 planètes.

" Le franchissement du seuil de biocapacité de la Terre n'a qu'une durée limitée, prévient Pascal Canfin. C'est comme un compte en banque : si tous les ans on puise dans son épargne de plus en plus tôt, sans la reconstituer, un jour elle aura disparu. " Les retombées de cette vie à crédit sont d'ores et déjà palpables, comme en témoignent l'effondrement des pêches, les pertes d'habitats et d'espèces ou encore l'accumulation du carbone dans l'atmosphère à des niveaux inédits.

" Inventer un nouveau modèle "

De manière globale, les pays qui exercent la plus grande pression sur les écosystèmes sont ceux qui émettent le plus de CO2 : la Chine, les États-Unis, l'Inde, la Russie et le Japon. A eux cinq, ils pèsent la moitié de l'empreinte écologique mondiale.

Mais, ramené par habitant, cet indice donne un classement différent. Cette fois, ce sont les pays aux revenus les plus élevés qui sont les plus fautifs. Ainsi, l'empreinte record par tête est détenue par le Luxembourg (15,8 hag par habitant, soit 9 fois ce que la Terre peut produire), suivi de l'Australie (9,3 hag), des États-Unis et du Canada (8,2 hag) et de Singapour (8 hag) – sans compter les pays du Golfe, classés parmi les plus polluants en 2014, mais pour lesquels aucune donnée n'est disponible dans le rapport 2016. La France se classe à la 28e position, avec 5,1 hag. Le Pakistan, le Bangladesh, Haïti, le Timor oriental et l'Erythrée possèdent quant à eux l'empreinte la plus faible, avec environ 0,6 hag par habitant.

Une lueur d'espoir, toutefois : l'empreinte écologique par habitant des pays à haut revenu (ceux de l'Organisation de coopération et de développement économiques) a légèrement diminué entre 1985 et 2012. Un déclin qui peut être attribué à des gains de productivité et aux nouvelles technologies, mais aussi aux effets de la crise économique.

" Il ne s'agit pas de vivre comme il y a cinquante ans, mais d'inventer un nouveau modèle ", assure Pascal Canfin. Pour cela, le rapport appelle à préserver le capital naturel, à réorienter les flux financiers pour notamment valoriser la nature, à instaurer une gouvernance équitable des ressources et à produire mieux et à consommer plus raisonnablement. " Si tout le monde réduisait d'une demi-portion par jour sa consommation de protéines animales, tout en augmentant sa consommation de légumineuses et de céréales, nous pourrions baisser de 25  % les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation, assure Arnaud Gauffier. C'est à la portée de tous. "

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