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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 09:10

Après la décision inédite de la Cour de cassation, la police pourrait devoir faire évoluer ses pratiques par Julia Pascual pour Le Monde le 10 novembre 2016

C'est une décision de principe inédite que la Cour de cassation a rendue, mercredi 9  novembre, en matière de contrôle d'identité. C'est la première fois que la plus haute juridiction était amenée à se prononcer sur ce sujet, sur la base de recours contre l’État portés par treize personnes – d'origine africaine ou nord-africaine – qui estimaient avoir fait l'objet de contrôles " au faciès ".

Mercredi, la Cour a définitivement condamné l’État dans trois cas – en l'occurrence des contrôles d'identité ayant eu lieu dans le quartier commercial de la Défense, en décembre  2011. Elle a considéré qu'" un contrôle d'identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée, sans aucune justification objective préalable, est discriminatoire : il s'agit d'une faute lourde ".

Au stade précédent de l'appel, le 24  mars 2015, l'Etat avait été condamné à verser des dommages-intérêts (1 500  euros) dans cinq dossiers. Il s'était alors pourvu en cassation. Et les requérants qui n'avaient pas eu gain de cause dans les huit autres dossiers avaient fait de même.

" Que la Cour de cassation se soit prononcée sur un, deux ou treize dossiers nous est égal, précisait mercredi Me Félix de Belloy, qui a défendu en première instance et en appel les treize hommes à l'origine de cette bataille judiciaire commencée en avril  2012. La Cour de cassation a fixé les règles. Elle a confirmé qu'un contrôle fondé sur l'apparence physique est discriminatoire et que c'est une faute lourde. " Réagissant à la décision, le Défenseur des droits a salué " une avancée majeure pour la garantie des droits des citoyens ".

Preuves

La Cour de cassation a aussi précisé la façon dont la discrimination doit être prouvée. La personne qui saisit le tribunal " doit apporter au juge des éléments qui laissent présumer l'existence d'une discrimination ", comme l'attestation d'un témoin présent sur les lieux. " C'est ensuite à l'administration de démontrer, soit l'absence de discrimination, soit une différence de traitement justifiée par des éléments objectifs. "

En matière de contrôle au faciès, la charge de la preuve est donc aménagée, à l'image de ce qui se fait en droit du travail. " C'est une innovation majeure, s'est réjoui Me Félix de Belloy. On sort de plusieurs décennies de non-droit. "

Son confrère, Me Thomas Lyon-Caen, qui a défendu les requérants devant la Cour de cassation, envisage une prochaine étape : " Se mobiliser sur la traçabilité des contrôles. " Actuellement, les contrôles " ne font l'objet d'aucun enregistrement ", a rappelé la Cour de cassation, sauf s'ils ont conduit au déclenchement d'une procédure judiciaire ou administrative. Leur cadre se résume à trois situations principales. Ils peuvent être réalisés en cas de flagrant délit, de risque de trouble à l'ordre public ou sur réquisitions du procureur de la République. " C'est très large, estime Me Slim Ben Achour, également avocat des requérants. La pratique qui s'est développée, c'est celle d'une patrouille de policiers qui contrôle quand elle veut. Et on n'a aucune trace de cette activité-là. "

A rebours de cette latitude large et du risque d'arbitraire qui en découle, l'avocat considère que la décision de la Cour de cassation va pousser les forces de l'ordre à réformer leurs pratiques pour pouvoir démontrer, en cas de poursuites, que les contrôles sont fondés sur des critères objectifs et individualisés. Lanna Hollo, juriste d'Open Society Justice Initiative, une fondation du milliardaire George Soros qui soutient les treize requérants, veut croire que l'arrêt " contraint les autorités françaises à respecter enfin la promesse électorale faite en  2012 par le président Hollande de lutter contre le délit de faciès".

Le gouvernement avait abandonné la promesse de campagne de François Hollande d'instaurer un récépissé lors de chaque contrôle d'identité, préférant rendre obligatoire le port du matricule. " Cela n'a rien changé ", martèle Bocar N., l'un des treize requérants, membre du Collectif contre le contrôle au faciès, dont le cas n'a pas donné lieu à une condamnation de l'Etat. " Les pratiques continuent et il faut que l'ensemble de la société se saisisse de ce sujet. Il s'agit d'améliorer les relations entre la police et la population. "

Mardi, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a justement rendu un avis dans lequel elle rappelle qu'" un ensemble convergent d'études a mis en évidence la surreprésentation des jeunes hommes issus des minorités visibles dans les contrôles de police ". La pratique serait devenue un véritable " abcès de fixation des tensions police-population ", en plus de n'être utile qu'à la découverte d'une part marginale d'infractions.

La CNCDH remet à l'ordre du jour l'idée de " comptabiliser " les contrôles d'identité et de " mettre en place sans attendre un système de traçabilité ". Malgré ces préconisations, et aussi historique que soit la décision de la Cour de cassation, celle-ci intervient à un moment où le sujet n'est plus du tout porté au sein du gouvernement. Les candidats à la primaire de la droite et du centre ne l'ont pas davantage abordé dans leur programme.

  • Le contexte

    Discriminations

    Une étude de 2009 menée à Paris par la fondation Open Society Justice Initiative et le CNRS montrait qu'en France, les personnes perçues comme " noires " et " nord-africaines " couraient respectivement six et huit fois plus de risques d'être contrôlées par les forces de l'ordre que les individus désignés comme " blancs ".

    promesse

    En 2012, François Hollande, candidat à l'élection présidentielle, avait promis l'instauration d'un récépissé lors des contrôles d'identité, pour lutter contre les pratiques discriminatoires. Une promesse rapidement abandonnée par le gouvernement socialiste face à l'hostilité des policiers. Alors ministre de l'intérieur, Manuel Valls avait préféré rendre obligatoire le port du matricule.

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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 10:27

Sous un appel d’offres du ministère de l’intérieur pour quelque 5 000 places d’hébergements se cache un dispositif visant à faciliter le renvoi des demandeurs d’asile vers leur pays d’entrée en Europe par Maryline Baumard pour Le Monde le 8 novembre 2016

Après le démantèlement du camp parisien de Stalingrad, le 4 novembre (Benoit Tessier/Reuters)

Après le démantèlement du camp parisien de Stalingrad, le 4 novembre (Benoit Tessier/Reuters)

Fermeté et humanité… Avec les migrants censés demander l’asile dans un autre pays car ils y ont fait enregistrer leurs empreintes avant d’arriver en France, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, manie ses deux concepts préférés, au risque du « deux poids, deux mesures ». Ces demandeurs d’asile susceptibles d’être renvoyés en Italie ou en Grèce, tout le monde les appelle désormais les « dublinés », en référence aux accords de Dublin. Certains d’entre eux, qui souhaitent rester en France même si leurs empreintes ont été relevées ailleurs, font objet d’une grande « humanité », surtout s’ils ont accepté de quitter de leur plein gré la « jungle » de Calais, quand d’autres seront soumis à plus de fermeté… C’est la loi des équilibres politiques.

Les migrants qui viennent d’être évacués du bidonville de Calais bénéficient d’une bienveillance particulière : le ministre de l’intérieur s’est engagé à ce qu’ils ne soient pas renvoyés depuis les centres d’accueil où ils ont été emmenés. Ils pourront donc demander l’asile en France en dépit des accords de Dublin, mais risquent fort d’être les derniers. Tout est prévu, en effet, pour que les vagues suivantes d’arrivants passent, elles, sous le régime de la « fermeté » puisque le gouvernement va mettre en place un tout nouveau dispositif d’hébergement calibré pour faciliter leur renvoi hors les frontières.

11 000 requêtes de renvoi

Le 28 septembre, le ministère de l’intérieur a lancé un appel d’offres portant sur la création de 5 531 places d’hébergements réparties dans toute la France. Ce programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (Prahda) doit permettre, selon le cabinet du ministre, « de répondre à un besoin urgent de places d’hébergement ».

On pourrait donc croire à une simple variante des CAO, ces centres d’accueil et d’orientation qui hébergent les évacués de la « jungle » de Calais le temps qu’ils finalisent leur demande d’asile. Pourtant, ce n’est pas tout à fait ça. Une plongée dans le cahier des clauses particulières de ce marché public permet de comprendre que le Prahda est destiné à la « préparation du transfert des personnes sous procédure Dublin » et au « suivi des personnes assignées à résidence dans ce cadre ». Le document technique mentionne en effet clairement qu’avec le Prahda « les personnes placées sous procédure Dublin pourront être maintenues dans le lieu d’hébergement le temps nécessaire à la mise en œuvre effective de leur transfert vers l’État responsable de l’examen de leur demande d’asile ».

Les accords européens prévoient en effet qu’un demandeur d’asile ne choisit pas le pays d’Europe auquel il demande protection. Il est censé lancer sa procédure dans le premier pays qu’il foule, faute de quoi, il s’expose à y être renvoyé, c’est le règlement Dublin III. « Jusque-là les renvois étaient rares », note Gérard Sadik de la Cimade qui suit le sujet depuis dix ans. « Mais les données statistiques 2016 montrent une offensive en ce sens », ajoute le spécialiste. Les chiffres de la Direction générale des étrangers (DGEF) montrent en effet que sur les sept premiers mois de 2016, la France a saisi les États-membres de 11 698 requêtes de renvoi qui ont donné lieu à 605 transferts, soit déjà plus que sur toute l’année 2015 où 525 transferts avaient été opérés.

Assignations à résidence

« Le recours à l’assignation à résidence demeure néanmoins insuffisant » aux yeux du ministère de l’intérieur, si l’on en croit la Cyber lettre de la DGEF, du mois d’octobre où il est encore précisé que « les assignations à résidence doivent être considérées comme le principal outil de réalisation des procédures Dublin ». Le même document rappelle que l’instruction (non publique) relative à l’application du règlement de Dublin en date du 19 juillet 2016 reprenait le souhait que cet accord européen soit « pleinement et strictement appliqué ».

Le sujet des Dublinés est devenu crucial car il concerne de plus en plus de personnes. Pour Gérard Sadik, « 42 % des demandeurs d’asile enregistrés dans les Hauts-de-France sont concernés, c’est-à-dire que la France peut demander à un autre pays de les reprendre, comme 20 % de ceux qui fréquentent les campements en Ile-de-France ». Ce pourcentage est de plus en plus élevé parce que les pays d’entrée en Europe ont été instamment priés d’enregistrer les arrivées.

Mais d’un pays à l’autre, le taux d’octroi du statut de réfugié diffère, en l’absence d’une politique européenne de l’asile. Ainsi, « les Afghans auraient tendance à quitter l’Allemagne pour la France parce que là-bas seuls 48,4 % sont protégés contre 84,1 % en France au second trimestre 2016 », rappelle Gérard Sadik. Pour les Soudanais, en revanche, la France protège moins (40,6 %) que l’Allemagne (69,2 %). Pour beaucoup d’observateurs, cette politique de renvoi n’a jamais fait la preuve de son efficacité. Revenir d’Italie prend souvent moins de temps au migrant qu’aux forces de l’ordre qui l’ont accompagné.

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8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 11:00

Yannick Jadot a remporté lundi 19 octobre la primaire d’Europe Écologie Les Verts, avec 54,25 % des voix contre 40,75 % pour Michèle Rivasi. Voici son discours prononcé hier soir.

« Les écologistes viennent de me désigner comme leur candidat à l’élection présidentielle. Je veux les en remercier chaleureusement. Je veux également remercier Michèle Rivasi, Cécile Duflot et Karima Delli pour la qualité de cette primaire. Ces dernières semaines, nous avons su démontrer notre respect mutuel et la force du projet que nous portons.

Ensemble, avec les militantes et les militants d’Europe Écologie les Verts, et avec toutes les personnes qui croient en l’écologie politique, nous allons construire la campagne présidentielle comme une aventure collective. Pendant la primaire, j’ai répété ma volonté de rassembler toute les familles de l’écologie : je veux poursuivre cette dynamique. C’est unie, ouverte, en regardant vers le grand large et les pieds sur terre que l’écologie sera conquérante.

Je veux m’adresser ce soir, et tout au long de la campagne, à celles et ceux qui agissent chaque jour pour la planète et pour une société plus juste, à celles et ceux qui aimeraient agir mais qui n’en ont pas les moyens ou ne savent pas comment faire, à celles et ceux aussi qui ont pu être déçus par Europe Écologie les Verts.

Je suis déterminé à ce que cette campagne soit aussi la vôtre, que vous puissiez pleinement y participer, qu’elle ouvre une nouvelle page de l’écologie dans notre pays.

Je mesure la responsabilité qui m’est confiée. Je la reçois avec gravité et détermination, mais aussi beaucoup d’enthousiasme.

Avec gravité, car la France est au bord de la rupture. L’accroissement des inégalités, l’explosion des discriminations, l’affaissement de la démocratie, le dérèglement climatique, l’extinction des espèces, l’épuisement des ressources, les maladies liées aux pollutions : tout cela affaiblit notre pays. Nous souffrons de ne pas avoir de projet partagé et, faute d’horizon commun, la société explose dans un sauve-qui-peut généralisé. Jamais notre pays n’a connu une telle défiance, jamais la tentation du repli n’a été aussi forte.

J’accueille aussi cette désignation avec détermination. Aujourd’hui s’ouvre à Marrakech la COP22, une nouvelle conférence mondiale sur le climat. Si la diplomatie française peut être fière de l’Accord de Paris signé lors de la COP21, chaque jour le gouvernement tourne le dos aux devoirs que cet accord impose.

Obsession nucléaire, maintien des centrales charbon, choix du tout camion, diesel, soutien à l’agriculture la plus industrielle : ces choix maintenus depuis des décennies ne sont pas seulement néfastes pour le climat et pour la santé, ils nous privent de centaines de milliers d’emplois et d’entreprises dans tout le pays, maltraitent les animaux et font disparaître les services publics.

Je reviens de Nantes où sont jugés les recours sur l’eau et les espèces protégées, déposés par les écologistes, contre les autorisations de travaux à Notre Dame des Landes. Que de temps perdu et d’entêtement autour de ce projet aussi inutile que destructeur -et toujours illégal au regard du droit européen. François Hollande confiait à des journalistes ne pas croire en ce projet : saisira-t-il enfin l’occasion d’y mettre fin, comme nous le demandons depuis des années ?

Avec détermination donc, car, oui, les solutions sont là.

Je crois en notre intelligence collective. La France n’est condamnée ni au désespoir, ni à la peur du déclassement. Il y a urgence à réformer les institutions pour déverrouiller la démocratie, à faire sauter les rentes pour libérer l’économie, à surmonter les conservatismes et les corporatismes pour débloquer la société. Ça tombe bien, notre pays regorge d’incroyables forces vitales, dans les quartiers, dans les villes et les campagnes, dans les entreprises et les associations. Nous devons absolument soutenir ces bâtisseurs d’avenir et leur donner les moyens d’essaimer.

Dans cette campagne, nous déclinerons nos propositions pour faire face aux urgences écologiques, démocratiques et sociales. Pour prendre soin de la planète, nous devons réparer la société, la soigner. Protéger la nature, c’est nous protéger nous-même, c’est nous offrir une perspective d’avenir. Une France 100% énergies renouvelables, une agriculture paysanne et biologique, une alimentation saine et conviviale, une santé protégée, des transports collectifs accessibles, une fiscalité juste qui favorise l’innovation, des choix industriels qui créent des emplois plutôt que d’en détruire…

Car justement, l’écologie, c’est plus d’emplois, moins d’inégalités et de précarités. L’écologie c’est des territoires vivants et une économie relocalisée. Alors que des millions de personnes souffrent de ne pas avoir d’emploi, trop de salariés souffrent dans leur travail. Intensification des tâches, dégradation des conditions, précarisation des contrats : nous proposerons des mesures pour améliorer le travail, l’adapter aux capacités et aux talents des femmes et des hommes, le partager, et en garantir les droits. Nous voulons remettre le travail à sa juste place dans nos vies.

Nous mettrons en débat notre projet pour une école égalitaire et émancipatrice.  Nous voulons donner le pouvoir aux citoyennes et aux citoyens dans une République refondée. Nous affirmons qu’une société de confiance ne peut émerger sans le respect plein et entier du pacte républicain, des droits qu’il devrait garantir et des promesses qu’il porte pour chacune et chacun, arrivé hier dans notre pays ou présent depuis Astérix, habitant d’un quartier populaire ou d’une ferme du Larzac. Liberté, égalité, fraternité.

La démocratie, c’est le contrôle de l’État par les citoyens, pas l’inverse. Le fichier global d’informations sur la population est une dérive de plus qui porte atteinte aux libertés publiques, donc à la démocratie. Nous lutterons contre toutes les discriminations qui minent la société, qu’elles soient sociales, ethniques, liées à l’orientation sexuelle, aux handicaps ou à l’état de santé, aux opinions politiques, religieuses ou syndicales. Et il est plus que temps de mettre fin aux inégalités entre les femmes et les hommes.

L’écologie, c’est une société apaisée, fraternelle, ouverte sur sa diversité et sur le monde. Osons dire que nous voulons une société qui ne soit pas une compétition perpétuelle, pour avoir le droit de vivre dignement et de nous épanouir. Osons réclamer le droit au bonheur.

Évidemment, la France doit se redonner un horizon européen. Cette petite mondialisation libérale qu’est devenue l’Union Européenne, technocratique et austéritaire, qui dresse des murs et des barbelés contre les réfugiés, porte en elle le risque de l’effondrement de notre civilisation alors qu’elle devrait en le ferment. Le TAFTA et le CETA ne sont pas des solutions, mais font partie du problème. Relançons massivement l’investissement utile pour tisser de nouvelles solidarités sur notre continent, entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, au sein de nos pays et avec le monde qui nous entoure !

La France, quant à elle, doit enfin nouer des relations saines avec les pays du Sud. Ni nostalgie régressive de la colonisation, ni Françafrique qui perdure comme au Gabon. Solidarité, soutien à la démocratie, intérêts mutuels pour un développement soutenable !

Enfin, je mènerai cette campagne avec enthousiasme. Je veux rassembler les Françaises et les Français autour d’un projet positif, un projet de sens et de cohérence ! Je veux qu’ensemble nous passions un nouveau pacte avec les Françaises et les Français, une nouvelle alliance : celle d’une écologie à la hauteur des défis de la planète et au cœur de la vie quotidienne, une écologie crédible, fière de ses combats et de ses convictions, aimable, populaire et humaniste, ni culpabilisante, ni punitive, mais aimable et bienveillante. Nous voulons redonner à chacune et à chacun sa dignité, la maîtrise de sa vie, l’envie et le pouvoir d’agir.

Nous donnerons à voir de nouveaux possibles à celles et ceux qui n’attendent qu’un signe pour retrouver l’espoir, qu’une occasion pour réinvestir l’action collective et politique. Toutes et tous ne se disent pas « écologistes », mais peu importe : ils et elles sont prêts à agir si on leur en donne les moyens, s’ils reprennent possession des leviers du changement.

Le récit de l’écologie que je vous propose de porter ensemble pour l’élection présidentielle est profondément subversif, exaltant et pragmatique : mobiliser les énergies vitales de la société pour nous réconcilier avec la nature et avec l’avenir, pour nous réconcilier entre nous, pour nous réconcilier avec nous-mêmes ! La campagne des écologistes commence ce soir. Face aux artisans du renoncement, aux adeptes du « c’était mieux avant » et aux prêcheurs de haine, nous allons semer l’espoir d’une société de confiance. Je suis candidat pour que demain soit mieux qu’aujourd’hui, avec vous, et grâce à vous. »

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8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 08:31

par Vanina Delmas le 2 novembre 2016 pour Politis à lire sur www.politis.fr.

Les Faucheurs de chaises font leur retour dans les banques

Extrait de leur communiqué de presse commun :

Nous revendiquons la fin de l’impunité fiscale. Cela nécessite de renforcer chacun des maillons de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, notamment :

  • renforcer les moyens humains, juridiques et matériels de l’administration fiscale ;

  • faire sauter le « verrou de Bercy » en supprimant le monopole de Bercy en matière d’ouverture de poursuites pénales : chaque année, seuls 2 % des infractions fiscales sont transmises à la justice, un ratio à faire pâlir d’envie tous les autres délinquants ;

  • renforcer les effectifs et les moyens de la police fiscale et du parquet financier ;

  • ouvrir l’éventail des peines pour les fraudeurs fiscaux et ceux qui les aident (comptables, avocats, banquiers, commissaires aux comptes...) ;

  • interdire le pantouflage, c’est-à-dire les allers-retours entre le monde de la finance et de la politique (comme l’illustre le cas de José-Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne recruté par Goldman Sachs, un recrutement validé par le comité d'éthique de la Commission).

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 09:55

Par Jade Lindgaard le 5 novembre 2016 sur Mediapart

Le rapporteur public de la cour administrative d'appel de Nantes va demander lundi 7 novembre l'annulation d'arrêtés préfectoraux autorisant les travaux de l'aéroport. Par ailleurs, trois associations font valoir que le droit des habitants de la ZAD à un procès équitable et à un recours effectif n’est pas garanti.

Après des années de bataille juridique, c’est la première fois que la justice donne raison aux opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : le rapporteur public de la cour administrative d'appel de Nantes va demander lundi l'annulation d'arrêtés préfectoraux autorisant les travaux de l'aéroport. Le jugement définitif de la cour sera rendu dans les quinze jours suivant l’audience du lundi 7 novembre, mais l'avis du rapporteur public est généralement suivi.

Saisie par des associations opposées au projet, la magistrate va demander l’annulation « totale ou partielle » des quatre arrêtés pris par le préfet de Loire-Atlantique en décembre 2013, liés à l’application de la loi sur l’eau et aux destructions d'espèces protégées. Ils sont indispensables à la réalisation de la plateforme aéroportuaire et sa desserte routière. En première instance, le 17 juillet 2015, devant le tribunal administratif de Nantes, le juge avait rejeté en bloc l'ensemble des recours des opposants. Le rapporteur public motive sa demande par « une méconnaissance de l'article L411-2 du Code de l'environnement », selon l’AFP. Ce texte permet à l'État de déroger à l'interdiction de détruire, capturer ou enlever et perturber intentionnellement des espèces animales protégées, de dégrader des sites de reproduction ou aires de repos d'espèces protégées animales et végétales. Si elle est confirmée, l’annulation de ces arrêtés offrirait une porte de sortie au gouvernement, embourbé dans le dossier de cet aéroport contesté depuis le début du quinquennat Hollande.

Plus les années passent, plus ses fondations juridiques s’affaiblissent : la déclaration d’utilité publique expire en 2018, les décisions d’expropriation des paysans et habitants chassés de la zone pour y construire la plateforme deviennent juridiquement contestables en 2017. Il apparaît de moins en moins certain que l’équipement sortira un jour de terre.

La construction de l’aéroport paraît moins préoccuper le gouvernement de Manuel Valls que l’évacuation de la ZAD. Or sur ce sujet également, de nouvelles critiques émergent du monde judiciaire. Les procédures d’expulsion de la ZAD sont entachées de « graves irrégularités », affirment le syndicat de la magistrature, le syndicat des avocats de France et l’association Droit au logement. Alors que la date de « l’évacuation progressive » de la ZAD confirmée par Manuel Valls la semaine dernière – sur France Inter – n’est toujours pas connue, ils dénoncent le non-respect de plusieurs principes fondamentaux du droit français et européen : le droit à un procès équitable et à un recours effectif.

La zone d’aménagement différé de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, devenue « zone à défendre » pour ceux qui l’occupent depuis 2009, est habitée par un nombre variable de personnes – souvent estimées à 250. La majorité d’entre elles n’a reçu aucun avis d'expulsion, aucune visite d’huissier, aucun courrier d’AGO, la filiale de Vinci propriétaire des parcelles. En septembre, environ 70 d’entre elles se sont fait connaître du concessionnaire de l’aéroport afin d’être informées de l’existence ou non de procédures à leur encontre (voir ici). Ces personnes n’ont reçu aucune réponse.

Jean-Baptiste Eyraud du DAL et l'avocat des habitants de la ZAD à Nantes, le 3 novembre 2016.

Jean-Baptiste Eyraud du DAL et l'avocat des habitants de la ZAD à Nantes, le 3 novembre 2016.

Il semble que pour ces personnes, les expulsions aient été ordonnées « sur requête » – mais ni la préfecture de Loire-Atlantique, ni le groupe Vinci ne le confirmaient jeudi soir. Selon cette procédure, les occupants expulsés ne sont pas assignés devant un tribunal, ni même informés de la décision d’expulsion. C’est une procédure non contradictoire et non publique. Concrètement, en cas d’évacuation de la ZAD, des huissiers accompagneraient les gendarmes mobiles et notifieraient aux habitants leur expulsion une fois leur logement évacué.

Pour le syndicat de la magistrature, cela prive les citoyens « du droit élémentaire de se défendre ». Sans convocation devant un juge, la personne expulsée n’a pas l’occasion de se défendre. « Nous défendons le respect du contradictoire, principe cardinal du respect d’un procès équitable », explique Mathilde Zylberberg, secrétaire générale du syndicat de la magistrature.

Cela prive aussi le justiciable du droit à un recours effectif : car comment faire appel d’une décision dont on ignore les arguments, la source – la ZAD de Notre-Dame-des-Landes dépend des juridictions de Nantes et de Saint-Nazaire – et la date ? Le recours à des ordonnances sur requête pour expulser des habitants est « inhabituel » selon la magistrate. Des habitants de la zone ont décidé d’assigner AGO-Vinci en justice pour obtenir la rétractation des « procédures anonymes » les concernant.

Pour le Syndicat des avocats de France (SAF), Claire Dujardin explique que « la procédure d’ordonnance sur requête est particulièrement attentatoire au droit de la défense ». À Sivens, en 2014, le conseil général du Tarn avait déjà procédé à des ordonnances sur requête pour évacuer une parcelle de la ZAD qui s’était installée pour empêcher la construction du barrage de Sivens. C’est là que le jeune naturaliste Rémi Fraisse a été tué par une grenade dans la nuit du 26 au 27 octobre 2014. En privant les occupants d’audience devant le juge, cette procédure « les empêche d’expliquer les raisons de leur occupation : la défense de la nature, la contestation de l’invocation de l’intérêt général », analyse l’avocate.

Saisie d’un recours contre la requête d’expulsion de Sivens, la cour d’appel de Toulouse a donné raison au requérant et annulé l’ordonnance demandée par le conseil général. Dans sa décision, elle considère que l’ordonnance d’expulsion est « liberticide » car « elle a validé la privation des appelants, sans motif légitime, d’un débat contradictoire auquel les dispositions de l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales leur permettaient de bénéficier ». Cet avis porte sur une situation très proche de celle que connaissent aujourd’hui les occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Par ailleurs, 14 lieux de vie situés sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou à sa périphérie sont protégés par la trêve hivernale et donc non expulsables jusqu’au 31 mars 2017 (ils figurent ici sur une carte de la zone), ont révélé des habitants mardi 1er novembre.

Pour décider de procéder à l’expulsion de lieux de vie pendant l’hiver, un juge doit constater que les squatteurs y ont pénétré par voie de fait et autoriser explicitement l’expulsion. Selon le syndicat de la magistrature, aucune décision d’expulsion d’habitants de la ZAD qu’il a pu consulter ne réunit ces deux conditions. Si la préfecture décide de les expulser malgré tout, « c’est donc à la violation d’une décision de justice que le préfet, qui accepterait de prêter le concours de la force public, se livrerait ». Dans leur communiqué, les trois associations rappellent que « dans un État de droit, il appartient aux autorités de s’assurer de la mise en œuvre d’une procédure régulière respectant la loi et les droits des occupants ». Contactés par Mediapart, ni la préfecture de Loire-Atlantique, ni Vinci n’avaient réagi jeudi soir.

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 14:49

Communiqué de presse, Action Assemblée nationale, 4 novembre 2016. Projet de loi de finances 2017 – volet Justice.

Construction de prisons : arrêtons le gâchis

Dix-sept organisations professionnelles et de protection des droits de l’homme signent aujourd’hui une Lettre ouverte à l’attention des députés pour les appeler à ne pas adopter le volet justice du projet de loi de finances, qu’ils examineront le vendredi 4 novembre 2016.

Le projet de loi consacre 1,5 milliard d’euros à l’accroissement du parc carcéral français, dont 1,158 milliard pour le lancement d’une nouvelle vague de construction de plus de 4 000 cellules. Un budget qui viendra alourdir une dette de 6,3 milliards d’euros contractée pour le financement des programmes immobiliers engagés depuis plus de dix ans et dont le remboursement s’étale d’ores et déjà sur les vingt prochaines années. Et qui viendra asphyxier les fonds disponibles quand il y a urgence à entretenir le parc carcéral actuel, développer les activités en détention, accompagner les personnes dans leurs démarches d’insertion, et renforcer les alternatives à l’emprisonnement et les aménagements de peine, plus efficaces en matière de prévention de la récidive.

De très nombreux travaux de recherche en France et à l’étranger pointent l’impasse des politiques d’accroissement du parc pour résorber la surpopulation pénitentiaire et les dangers d’une réponse carcérale économiquement et socialement coûteuse et contreproductive. À l’heure où de plus en plus de pays sont engagés dans un mouvement transcendant les clivages politiques pour chercher d’autres solutions, les organisations en appellent au sens des responsabilités et de l’intérêt général des députés afin qu’ils refusent d'adopter ce volet du projet de loi de finances 2017.

Le 4 novembre au matin, une délégation composée de représentants des organisations signataires se rendra à l’Assemblée nationale pour remettre symboliquement la Lettre ouverte aux membres de l’Assemblée nationale. Ils exhiberont un chèque géant d’1,5 milliard d’euros payables par le contribuable à l’ordre de « Prisons, école du crime ». 

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Lettre ouverte aux représentants du peuple français à l’Assemblée nationale   Projet de loi de finances 2017

Construction de prisons : Ne votez pas un projet coûteux et contreproductif

Mesdames, Messieurs les députés,

Aujourd’hui, vous êtes appelés à voter le volet justice du projet de loi de finances 2017.

Vous allez devoir vous prononcer sur l’investissement d’1,5 milliard d’euros dans l’accroissement du parc carcéral français, dont 1,158 milliard pour le lancement d’une nouvelle vague de construction de plus de 4 000 cellules supplémentaires.

S’il est adopté, ce budget viendra alourdir une dette de 6,3 milliards d’euros contractée pour le financement des programmes immobiliers engagés depuis plus de dix ans et dont le remboursement s’étale d’ores et déjà sur les vingt prochaines années. Il viendra aussi asphyxier les ressources disponibles et mettre en gage :

- l’entretien du parc carcéral actuel

Seuls 514 millions d’euros ont été alloués à ce secteur entre 2007 et 2015 quand les besoins estimés étaient deux fois supérieurs (1,2 milliards), entraînant un vieillissement prématuré des infrastructures. Les fonds prévus dans le projet de budget sont largement insuffisants pour rattraper le retard accumulé.

- le développement des activités en détention

Actuellement, une personne détenue ne peut prétendre en moyenne qu’à une seule heure d’activité par jour. Le temps de détention est vide de sens et l’oisiveté forcée source de tensions et de violences.

- l’accompagnement des personnes dans leurs démarches d’insertion

Malgré l’augmentation des recrutements, les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) continuent à suivre entre 80 et 120 personnes placées sous-main de Justice chacun. Pour garantir un suivi de qualité, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait promis d’atteindre l’objectif de 40 dossiers par CPIP d’ici 2017.

- le renforcement du suivi des personnes prises en charge par la Justice en milieu ouvert

Les sommes prévues pour le développement des alternatives à l’incarcération et des aménagements de peines sont 32 fois moins importantes que celles prévues pour l’accroissement du parc carcéral. Elles sont pourtant moins coûteuses que la prison et plus efficaces pour permettre une meilleure réinsertion et par conséquent prévenir la récidive quand la prison fragilise les liens sociaux et fait de la sortie de prison un véritable parcours d’obstacles.

Surtout, l’accroissement du parc carcéral ne permettra pas de résorber la surpopulation, car il en traite les symptômes sans agir sur les mécanismes qui en sont à l’origine. En effet, ce sont bien les effets des choix de politique pénale qui conditionnent le nombre de personnes incarcérées et non le niveau de délinquance. Ainsi, les pays ayant eu recours à une extension du parc pénitentiaire ont vu leur taux de détention s’accroître, les nouvelles prisons se retrouvant également surpeuplées.

« Pourquoi les responsables politiques français sont-ils à ce point aveugles aux résultats de la recherche et à ce qui se passe dans le monde ? » Norman Bishop, fondateur du département de recherche et développement de l’administration pénitentiaire suédoise, expert en pénologie auprès du Conseil de l’Europe. Octobre 2016.

Alors que de très nombreux travaux de recherche en France et à l’étranger ont pointé les dangers d’une réponse carcérale économiquement et socialement coûteuse et contreproductive ;

A l’heure où de plus en plus de pays sont engagés dans un mouvement transcendant les clivages politiques pour chercher d’autres solutions pour lutter contre la délinquance ;

Alors que le Conseil de l’Europe appelle ses États membres à la mise en œuvre d’une politique de réductionnisme pénal pour endiguer durablement la surpopulation des prisons ;

Alors que les éléments d’une telle politique sont connus et mis en œuvre avec succès par plusieurs de nos voisins européens ;

Nous vous invitons à ne pas être « aveugles aux résultats de la recherche et à ce qui se passe dans le monde » et à ne pas faire le choix d’une réponse politiquement confortable mais objectivement néfaste. Nous en appelons à votre sens des responsabilités et de l’intérêt général en refusant d'adopter ce volet du projet de loi de finances 2017.

Organisations signataires :  A3D (Association pour la défense des droits des détenus), ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), ADAP (Association des avocats pénalistes), ANJAP (Association nationale des juges de l’application des peines), ASPMP (Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire), Ban public, CASP (Centre d’action sociale protestant - Arapej), CGT Insertion probation, Emmaus-France, Genepi, LDH (Ligue des droits de l’Homme), OIP-SF (Observatoire international des prisons, section française), Prison Insider, Secours Catholique, SNPES-PJJ/FSU, SNEPAP, Syndicat de la magistrature.

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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 10:06

Un communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme du 24 octobre 2016.

L'État a engagé à nouveau le démantèlement de la « jungle » de Calais.

La Ligue des droits de l'Homme ne peut que s'interroger sur la préparation, les modalités et la finalité de cette opération qui intervient, à Calais et ailleurs, après une période de répression souvent brutale à l'encontre des migrants et parfois des militants et bénévoles qui leur viennent en aide.

En amont, peu d'efforts ont été faits pour établir un diagnostic fiable de la situation des personnes et trouver des solutions adaptées. Ainsi les mineurs n'ont pas été mis sous protection et ceux d'entre eux qui souhaitent rejoindre un membre de leur famille en Angleterre ne le pourront toujours pas et reviendront si on les éloigne de Calais. La France n'a ni tenté de renégocier la gestion de sa frontière avec le Royaume-Uni, ni envisagé de ne plus appliquer le règlement Dublin III qui fait peser une menace d'expulsion sur les migrants qui sont entrés dans l'Union européenne par des pays bien peu généreux en ce qui concerne les demandes d'asile.

Les migrants qui sont en voie d’évacuation, de leur plein gré pour les uns, par la force pour d'autres, sont emmenés vers des centres d’accueil et d'orientation (CAO) répartis sur l'ensemble du territoire. Il faut saluer à cet égard tous les maires, les élus locaux et les citoyens qui se sont engagés pour que cet accueil puisse se réaliser, malgré les campagnes xénophobes et les réactions hostiles fomentées ici et là.

Pour autant ces CAO sont avant tout des « lieux de répit », mis en place pour de courtes durées, qui risquent de ne pas avoir les moyens d'assurer les fonctions qu'on leur a définies : fournir un accompagnement social et faire un tri, souvent discutable, entre ceux qui pourraient avoir le droit de solliciter une protection au titre de l'asile et les autres. Encore faudrait-il que dans ce qui s'apparente à des « hotspots », l'État assure l'information, la traduction, l'intervention de juristes, c'est-à-dire les conditions permettant de respecter les droits des personnes, aussi bien que le suivi social, médical et psychologique souvent indispensable pour ces personnes qui ont fui, au péril de leur vie, des situations dramatiques et traumatisantes.

Ce dispositif apparaît aujourd’hui comme un pis-aller, alors que l'État se révèle incapable d'assurer le fonctionnement normal des procédures qui existent pourtant pour les demandeurs d'asile : pourquoi faut-il plusieurs mois pour avoir un rendez-vous dans les plateformes d’accueil ? Pourquoi le nombre de places dans les centres d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) est-il ridiculement insuffisant ? Et ne convient-il pas de prendre en compte les raisons multiples et également légitimes qui poussent les migrants à partir, en assurant à tous des possibilités de s'insérer dans la société française ?

Souvent, au cours de l'histoire, des Français ont dû s'exiler. Ils ont trouvé sur des terres souvent lointaines bienveillance et solidarité. Aujourd'hui, c'est en tenant compte de ses propres principes que la République française doit accueillir ceux qui frappent à sa porte, dans le respect de la dignité des personnes et de leurs droits fondamentaux.

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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 13:59
Juste lancé, le coopek est la première monnaie « nationale d’intérêt local »

Le coopek est une nouvelle monnaie complémentaire, lancée lundi 3 octobre. Mais pas locale : c’est dans tout le pays qu’on pourra l’utiliser. Parmi ses innovations, la dématérialisation et la capacité d’emprunter.

Par Baptiste Giraud, correspondance de Bordeaux (Gironde) pour Reporterre sur https://reporterre.net/Juste-lance-le-coopek-est-la-premiere-monnaie-nationale-d-interet-local.

Ce devait d’abord être une monnaie régionale, le mipys (pour Midi-Pyrénées). Puis l’occito, suite à la fusion des régions. Finalement ce sera… le coopek, et pour toute la France ! « L’échelon local ne suffit pas pour faire de l’investissement et financer des projets. Alors, on a décidé que le fonctionnement serait national, mais d’intérêt local », explique l’initiateur du projet, Gérard Poujade. Alors qu’une bonne trentaine de monnaies locales complémentaires (MLC) circulent déjà en France, que d’autres sont en préparation, ce changement d’échelle pourrait donner un sacré coup de fouet à l’économie alternative.

Maire de la commune du Séquestre (Tarn), ancien vice-président de la région Midi-Pyrénées et démissionnaire du PS en 2015, Gérard Poujade insiste : « Le coopek se veut la monnaie de la transition énergétique, alimentaire, bas carbone, et sociale. »

Comment ? D’abord, comme toute MLC, en incitant à consommer les produits de producteurs et distributeurs locaux respectant une charte. Le coopek reprend à son compte les valeurs portées par les monnaies locales : placer l’humanité et ses besoins au centre du système économique, empêcher la spéculation, développer une économie locale non délocalisable et respectueuse de l’environnement. Le tout dans un cadre démocratique, puisque les coopeks seront émis par une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Chaque usager devra en être sociétaire, et pourra participer aux décisions lors des assemblées générales.

Des prêts à taux zéro

Ce beau programme, le coopek ambitionne de le réaliser à l’échelle du territoire national, et non plus d’un seul bassin local. Ainsi, de nombreux échanges monétaires qui échappaient aux MLC pourront se faire en coopeks : notamment l’achat de denrées alimentaires auprès de fournisseurs par les épiceries, ou de matériaux pour la construction de logements. « Pour installer des panneaux solaires, par exemple, il faut un bureau d’étude, un poseur, un fabricant d’électronique de puissance, un fabricant de panneaux, et un acheteur de l’énergie produite. Aujourd’hui, on a tous ces acteurs dans le réseau Coopek », explique avec fierté Gérard Poujade.

Deuxième nouveauté, et pas la moindre : le coopek permettra aux associations et entreprises de faire des emprunts. En coopeks bien entendu. « Vous voulez construire une centrale solaire, des logements sociaux, installer des maraichers ? On va pouvoir vous financer », affirme-t-il. Ces prêts à taux zéro fonctionneront sur le principe du « crédit mutuel interentreprises » et prendront la forme d’autorisations de découvert pour les porteurs de projets en adéquation avec la charte. Les entreprises ou associations concernées pourront alors investir en achetant du matériel, des biens, faire appel à des artisans, etc. le tout étant facturé en coopeks.

Concrètement, chaque particulier peut adhérer à la SCIC pour 50 € (qui lui sont reversés sous forme de coopeks à dépenser), puis s’abonner au système de paiement électronique pour 20 € par an. Car, pour des raisons pratiques, il était nécessaire que le coopek soit numérique. Plutôt que de s’envoyer des enveloppes de billets, et de passer son temps à compter les petites coupures, chaque utilisateur disposera d’une carte de paiement et d’un compte accessible sur le web.

« Prendre le temps de construire au fur et à mesure le réseau »

Ainsi, si je « change » 100 €, mon compte sera crédité de 105 coopeks (un bonus de 5 % est appliqué) à dépenser dans le réseau de professionnels adhérents. En parallèle, un autre 5 % est versé à un fonds de dotation, Écodota (partenariat entre Coopek et Sylvestris, la maison-mère d’Écocert), dont la finalité est de financer par des dons des projets relevant de l’économie sociale et solidaire. Enfin, les 100 € « changés ». Et cet argent ne dormira pas, mais permettra à la banque d’octroyer des prêts (en euros), pour des projets de transition énergétique.la Nef en coopeks alimentent un fonds de garantie (c’est une obligation légale) déposé à

« On est l’inverse du mec qui sort l’iPad et veut faire un énorme buzz le jour J, plaisante Gérard Poujade. On veut prendre le temps de construire au fur et à mesure le réseau avec les usagers qui s’y intéressent. » Pour y parvenir, la SCIC a découpé le territoire en plus de 300 « secteurs » géographiques, qui seront « aktivés ») sont opérationnels.en Occitanie les uns après les autres une fois qu’ils contiendront suffisamment de particuliers et de professionnels partenaires. Aujourd’hui, 14 secteurs (surtout

Pour arriver à couvrir tout le territoire, le directeur du coopek et son équipe estiment qu’il ne faudra pas moins de trois ans. « Les gens qui vont adhérer tout de suite vont nous servir à monter le réseau : regardons ensemble qui a envie d’en faire partie parmi les entreprises, artisans, et autres. Il faut une progression robuste du coopek, de telle sorte que les gens apprennent à s’en servir, y voient un intérêt, se l’approprient et soient porteurs du projet. »

« Faire passer à l’étape électronique » les monnaies locales complémentaires

Dans ce nouveau système ambitieux, quid des MLC existantes ? « Au départ, il y avait une peur de la compétition, confie Philippe Derudder, grand promoteur des MLC. Mais après discussion, je perçois que le coopek pourrait devenir un outil de liaison entre toutes les MLC de France. En particulier pour permettre aux distributeurs de payer à distance leurs fournisseurs en monnaie électronique. Car, il reste difficile de trouver au niveau local toutes les productions dont on a besoin, et les vendeurs locaux se fournissent bien souvent en dehors du territoire local. »

Frédéric Bosqué, membre du mouvement Sol, était lui aussi méfiant au départ. Mais aujourd’hui, même s’il regrette que l’ensemble du réseau des MLC n’ait pas été associé dès le départ, il reconnaît que leur point de vue a été pris en compte pour améliorer le projet. Il espère que le coopek permettra de « faire passer à l’étape électronique » les MLC : « Beaucoup de collectivités notamment refusaient de participer aux MLC tant que cela ne fonctionnait qu’avec des billets », dit-il. Le coopek pourrait donc les aider en devenant un complément électronique à leur monnaie physique.

Si l’inquiétude n’a pas complètement disparu, il y a « une carte à jouer », estime Derudder, selon qui « le désir de coopération » est pour l’instant le plus fort. Le coopek bénéficie du soutien de la région Occitanie, de la société Biocoop, de coopératives d’activité et d’emploi (CAE) et de nombreuses PME de l’économie sociale et solidaire. Alliée aux réseaux militants locaux des MLC, cette nouvelle monnaie complémentaire pourrait un jour devenir incontournable.

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10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 17:24

Après le succès des opposants au projet d'aéroport, le démarrage du chantier en octobre semble impossible

Par Rémi Barroux pour Le Monde le 10 octobre 2016.

Quelle va être la réponse du gouvernement au succès des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui ont réuni, samedi 8  octobre, plus de 40 000 personnes selon eux (12 800 selon la police) sur la " zone à défendre ", la ZAD ? Le scénario officiel, annoncé maintes fois par le premier ministre, Manuel Valls, reste celui d'une évacuation du secteur et du démarrage du chantier en octobre ou à l'automne. Mais il aura bien du mal à être concrétisé.

La réussite de ce week-end militant, dans le bocage, à une quinzaine de kilomètres au nord de Nantes, est en effet de nature à compliquer encore plus la réalisation d'un projet déjà encalminé depuis de longues années. Elle montre que, malgré la victoire du oui lors de la consultation locale, le 26  juin, sur le transfert de l'actuelle plate-forme aéroportuaire Nantes Atlantique vers le petit bourg de Notre-Dame-des-Landes, les opposants sont loin d'avoir désarmé.

En proposant cette consultation, le gouvernement espérait accroître la légitimité de ce programme et décrocher la partie la plus modérée de l'opposition, en faisant valoir le respect de la démocratie. Cela n'a pas fonctionné, aucun des soutiens aux " zadistes " n'ayant manifesté l'idée d'abandonner la lutte. Et si les 55  % du oui signifient l'échec des opposants, ces derniers peuvent se targuer d'une large victoire de leur camp dans les villages directement affectés par la construction de l'aéroport. Surtout, ils peuvent se prévaloir d'un différentiel très faible à Nantes, malgré l'engagement de la maire socialiste : 100 voix de moins sur près de 85 000 votants.

" Chant des bâtons "

Les zadistes comptent ainsi sur une importante base de sympathisants locaux, qui se traduisait, samedi, par la présence de nombreuses voitures immatriculées en Loire-Atlantique et dans les départements voisins. Ils ont prévu une mobilisation immédiate des soutiens les plus proches en cas d'irruption des gendarmes. Les milliers de personnes venues de la France entière planter un bâton – la manifestation avait été baptisée " le chant des bâtons " – se sont aussi engagées à venir les reprendre pour défendre la ZAD dès le début d'une éventuelle opération d'évacuation.

Tous se préparent à l'épreuve de force. " Il y aura une telle opposition en France que même s'ils arrivaient à vider la ZAD, ils ne pourraient pas tenir le terrain longtemps. Nous, on le connaît par cœur, tous les recoins, les chemins, on reconstruira toujours ", annonce ainsi Vincent Delabouglise, agriculteur et responsable du réseau Copain 44 (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d'aéroport), promettant deux cents tracteurs sur la zone dans l'heure qui suivrait l'intervention, et plusieurs centaines d'autres pour bloquer des cibles dans tout le pays. " Tout est organisé, tout le monde sait déjà ce qu'il aura à faire ", ajoute-t-il.

Le gouvernement aura aussi affaire à la CGT. " Nous nous préparons à bloquer l'aéroport s'ils viennent ici sur la ZAD ", explique Tristan Leroy, responsable cégétiste de l'aéroport de Nantes Atlantique. Francis Lemasson, de la CGT-Vinci, prévient lui aussi : " Nous appellerons tous les salariés qui seraient amenés à travailler sur le chantier à faire valoir leur droit de retrait, car ils seraient en danger, obligés de travailler sous la protection des gendarmes. "

Autant de troubles nécessiteront une mobilisation policière de plusieurs milliers de personnels que le gouvernement aura du mal à dégager. Car la priorité réaffirmée par le ministre de l'intérieur reste la sécurité face à la menace terroriste et l'évacuation de la " jungle " où sont installés les  migrants à Calais, qui mobilise déjà de nombreux CRS et gendarmes mobiles.

" Je pense que les occupants de la ZAD vont gagner, je ne vois pas comment le gouvernement peut les évacuer. Mitterrand avait compris et arrêté les projets d'extension du camp militaire du Larzac et de la centrale nucléaire de Plogoff - Finistère - ", selon Christian Roqueirol. Cet éleveur de brebis, venu avec une trentaine d'agriculteurs du Larzac, voit dans la lutte de Notre-Dame-des-Landes " beaucoup de similitudes " avec son combat des années 1970.

Contentieux avec Bruxelles

Du reste, le gouvernement n'en a pas fini avec les diverses procédures. " L'ouverture de l'aéroport, initialement prévue en  2017, a été repoussée en raison du durcissement de l'opposition au projet et d'un contentieux européen portant sur l'évaluation environnementale du futur site ", reconnaît la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, dans un document publié en septembre. " Et la France s'est engagée à suivre les prescriptions de la Commission européenne ", rappelle Stéphan de Ribou, le sous-préfet chargé de mission pour l'Aéroport du Grand Ouest.

Le contentieux avec Bruxelles ne sera réglé qu'à l'occasion de l'adoption du nouveau schéma de cohérence territoriale (SCOT), qui organise l'urbanisme de la métropole Nantes-Saint-Nazaire. L'enquête publique sur ce schéma se termine le 21  octobre. Une prolongation d'un mois peut ensuite être demandée. Remarques et avis seront alors intégrés dans ce SCOT qui devra ensuite être approuvé par les élus du pôle métropolitain. Ce n'est qu'alors, explique-t-on à la préfecture de Loire-Atlantique, que la France se retournera vers Bruxelles. Autant dire que rien ne devrait pouvoir se faire avant la fin de l'année, voire début 2017.

D'autant que les opposants, qui ironisent sur le profil des trois commissaires enquêteurs du SCOT – retraités de l'agroalimentaire, de la gendarmerie nationale et du BTP –, comptent bien déposer des recours contre ce document. Ils prévoient aussi d'attaquer le dernier arrêté préfectoral du 13  septembre autorisant la destruction du campagnol amphibie, une espèce menacée présente sur la zone du futur aéroport.

Après, comme le rappelle la préfecture, il faudra évacuer, au moins en partie, la zone pour pouvoir défricher puis débuter le chantier. Et avant d'entamer le terrassement pour l'aérogare et les pistes, il faudra construire le barreau de desserte routière. Autant d'étapes qui sont encore loin d'être programmées et un agenda quasiment impossible à tenir à quelques mois de l'élection présidentielle.

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10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 15:59

Le 17 septembre dernier, nous vous appelions à y participer, avec Notre-Dame-des-Landes : l’État ouvre la voie aux travaux - Que résonnent les chants de nos bâtons !

Récit en images, de notre arrivée le 8 octobre à 6h du matin, à notre départ 12 heures plus tard, perdus dans la foule suivant plusieurs chemins de manifestations champêtres jusqu'à un immense champ où résonnent nos bâtons ! (suivi d'un article du Parisien).

40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
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40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
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40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
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40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
40 000 batons ont résonné à Notre-Dame des Landes
Notre-Dame-des-Landes : au cœur du cortège des irréductibles

Le Parisien sur http://www.leparisien.fr/informations/au-coeur-du-cortege-des-irreductibles-09-10-2016-6187443.php

NOTRE-DAME-DES-LANDES. Ils étaient hier des milliers à défiler pour soutenir les opposants au projet d'aéroport. Paroles de manifestants.

Le cortège prend des allures de visite guidée de la ZAD quand le mégaphone crachote : « Ici, c'est le hangar de la résistance. » Les manifestants y jettent un coup d'œil avant de reprendre en chœur : « Résistance et sabotage ! Vinci dégage !  », visant le maître d'œuvre du futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Le gouvernement, décidé à faire décoller le chantier, menace, lui, d'évacuer cet automne les quelque 300 habitants illégaux de la ZAD. Pour s'y opposer, ils étaient hier de 12 000 à 40 000 qui, par leur présence, entendaient aussi faire contrepoids au référendum local remporté en juin à 55,17 % par les partisans du projet. « Nous sommes toujours mobilisés. Pour le gouvernement, expulser les occupants serait suicidaire », affirme Joël, venu en voisin.

Manif en famille

Dans la prairie, les joueurs de cornemuse et les cantines improvisées donnent des airs de kermesse à une manifestation plutôt familiale. « C'est aussi pour l'avenir de nos enfants que nous sommes là, explique Mélanie, ses deux filles dans les bras. L'aînée a 4 ans, c'est sa cinquième manif sur la ZAD  », précise la maman. Pour la caution politique, Cécile Duflot, Karima Delli, Michèle Rivasi et Yannick Jadot, les candidats aux primaires écologistes, ont tous fait le déplacement.

Au hameau de Bellevue, point de convergence des cortèges, chaque manifestant a planté hier sa branche sculptée ou sa canne. « Le champ de bâtons peut, s'il le faut, devenir un champ de bataille  », prévient un zadiste. On croise aussi dans la foule des manifestants quelques masques à fine moustache d'Anonymous et des militants, le visage caché sous des cagoules noires, visiblement prêts à en découdre.

Visage découvert et grand sourire, Elisabeth, 62 ans, proclame : « Je veux bien être le Rémi Fraisse, (NDLR : le militant mort à Sivens) de Notre-Dame-des-Landes, si cela doit empêcher les expulsions.  »

 « Sauver la nature »

Chaussures de marche et petites lunettes d'intello, François de Beaulieu distribuait hier son inventaire des espèces présentes sur la ZAD, « un travail de plus de trois ans », précise-t-il. « La zone est un réservoir de biodiversité extraordinaire, d'autant que les paysans ici respectent la culture bocagère et les zones humides, explique ce naturaliste. Construire l'aéroport serait une catastrophe écologique. » C'est son réseau des Naturalistes en lutte qui a découvert sur les sites des espèces protégées comme le triton de Blasius, un amphibie très rare. Eux ne partagent pas la culture politique des zadistes. « Plus légalistes, nous avons initié des procédures judiciaires et lancé une pétition pour sauver la faune et la flore », explique-t-il. À la demande des zadistes, ils ont choisi les champs les moins fragiles capables d'accueillir les manifestants.

« On ne lâchera rien »

Marcel et Madeleine, 65 ans, s'opposent depuis trente ans à l'arrivée d'un tarmac dans le bocage. « Parce que nous sommes bien tranquilles sans que les avions passent au-dessus de nos têtes », assure Marcel, casquette vissée sur le crâne. Le couple vit à Fay-de-Bretagne, l'une des communes limitrophes de la ZAD. Madeleine se souvient des premiers pique-niques de mobilisation « où chacun amenait de quoi nourrir les autres ; évidemment, ça a pris de l'ampleur », souligne-t-elle. Lors de la consultation populaire, ils ont voté contre l'aéroport, « comme l'essentiel des villages alentour », rappelle-t-elle. En effet, à Vigneux, à Fay, à Notre-Dame-des-Landes, le non l'a emporté, contrairement à l'ensemble du département. « On ne lâchera rien », précise Marcel. Hier, il n'avait pas pris un bâton mais une belle canne, « plus pratique avec mon arthrose ».

« Pas de création d'emploi »

Impossible hier de louper Jean-Luc au milieu de la foule bariolée des zadistes avec sa hampe de bambou surmontée du drapeau rouge de la CGT. Le représentant de l'union locale de Carquefou près de Nantes décrypte la position complexe de son syndicat : « L'union Loire-Atlantique n'est ni pour ni contre l'évacuation de la zone, mais nous pensons qu'il vaut mieux rénover l'aéroport actuel de Nantes plutôt que de construire à Notre-Dame. » Lui se réclame « à titre personnel » de l'écologie politique et se réjouit que la CGT de Vinci se soit prononcée contre la destruction du bocage et l'expulsion des zadistes. « Parce qu'il n'y aura pas de création d'emploi, mais un simple transfert du Sud Loire vers le Nord Loire. » La CGT propose aux salariés de Vinci d'exercer leur droit de retrait si l'on en venait à construire l'aéroport.

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À Romainville contre l’incinération

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Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

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La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

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La COP 21 aux Lilas

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Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas