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13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 09:04

Depuis deux décennies, les passeurs opérant en bandes organisées se succèdent autour de Calais et de Grande-Synthe, où le camp humanitaire a été ravagé par un incendie dans la nuit du 10 au 11 avril. Hommes invisibles qui dorment le jour, vivent la nuit, ils sont détestés des migrants mais indispensables pour franchir la frontière. Un ancien passeur a accepté de témoigner. Par Elisa Perrigueur le 11 avril 2017 pour Mediapart. Lire aussi Le maire de Grande-Synthe veut que le camp de migrants survive à l’incendie.

À la tombée de la nuit en 2015-2016, il était courant d’apercevoir des silhouettes marchant à travers champs pour rejoindre les autoroutes et, a priori, créer des barrages © Elisa Perrigueur

À la tombée de la nuit en 2015-2016, il était courant d’apercevoir des silhouettes marchant à travers champs pour rejoindre les autoroutes et, a priori, créer des barrages © Elisa Perrigueur

Parfois baptisés par les migrants les « parkings de l’enfer », ces lieux sont des ressources stratégiques. Une partie des camions qui filent vers le Royaume-Uni s’y garent. Il faut ensuite ruser pour y faire monter les migrants contre quelques milliers d’euros. Technique clandestine la plus utilisée, elle rapporte gros : entre 3 500 et 12 000 euros par tête. Être « chef de parking » est un statut qui se protège. Alors les groupes s’arment, « pistolets, couteaux et gaz lacrymos », confie Zirak, ancien passeur. Les passeurs sont généralement des tombes, mais lui accepte de révéler anonymement des bribes de ses années d’expérience. « Il y a eu des blessés dans des règlements de compte. » Le Kurde irakien l’admet : « 90 % des migrants ont peur de nous car il arrive que des personnes les battent. Ce sont ceux qui boivent, se droguent et perdent le contrôle. » Lui, sous sa carrure imposante, n’aime pas « ces comportements violents », dit-il.

Depuis une décennie, rien n’a changé sous le ciel du Nord. Les passeurs originaires du Kurdistan irakien et d’Albanie règnent sur ce business, organisant les montées dans les camions, mais également des passages clandestins avec de faux documents. Autour d’eux gravitent d’autres réseaux tenus par des Érythréens, des Soudanais, des Vietnamiens… ou encore des Iraniens qui, arrivés sur le tard en 2015, tentent les traversées par bateaux sur la Manche agitée, comme le 3 avril dernier au large de Calais. D’autres migrants, enfin, essayent seuls, se glissant sous les châssis des bus ou des camions. Ou lors de barrages sur les routes, comme à l’aube du démantèlement de la « jungle » de Calais, en octobre 2016. Spectaculaires mais peu efficaces. La stratégie de l’invisible est plus sûre.

Le « réservoir » de Grande-Synthe

Ces organisations criminelles résistent aux démantèlements successifs des camps. Celui du bidonville de Calais les a tout au plus déstabilisées. « Leur activité est constante. Lorsqu’on démantèle un réseau, on le désoriente pendant quelques mois, mais d’autres trafiquants reviennent systématiquement combler le vide », note Vincent Kasprzyk, capitaine de la Brigade mobile de recherches de Coquelles (BMR). Connus des réfugiés, les passeurs sont des spectres pour les riverains ou les associations. Autour d’eux, c’est l’omerta. Outre-Manche, les migrants se livrent sous anonymat. En France, ils restent muets. « C’est trop risqué de parler », souligne Sylvain de Saturne, de l’association L’Auberge des migrants. « Les réfugiés ne veulent pas griller leurs plans vers l’Angleterre, qui représentent un investissement énorme. Parfois, j’ai rencontré des gamins qui avaient été tabassés. Ils m’avaient affirmé que c’était la police, puisque ça arrive souvent… J’ai su après que c’était des trafiquants. Ils préféraient mentir pour se protéger. »

Car ces hommes de l’ombre sont au plus près des migrants. À l’exception des ressortissants albanais, pouvant circuler 90 jours avec des passeports biométriques et qui logent souvent dans des hôtels, la majorité s’installent dans les camps de réfugiés, se faisant eux-mêmes passer pour des migrants. Celui de la Linière, à Grande-Synthe, qui abritait 1 700 personnes dont des familles et qui a brûlé dans la nuit du 10 au 11 avril, « était un gros réservoir de passeurs. Ils étaient nombreux à vivre à l’intérieur », signale la BMR. Selon les premières informations concernant l’incendie, une rixe a éclaté entre Kurdes et Afghans, ces derniers étant mécontents de leurs conditions de logement, davantage précaires. « Le camp était tenu par les passeurs Kurdes irakiens, précise la BMR de Coquelles. Au départ, ils voulaient rester entre eux et n’acceptaient pas l’entrée des Afghans, qui ont fini par venir en grand nombre [à partir de décembre, après le démantèlement de la « jungle » de Calais – ndlr]. Des tensions étaient rapportées depuis plusieurs semaines… Pour que le camp finisse en cendres, cela suppose que plusieurs départs de feux aient été allumés. Il y avait une volonté de destruction. »

En 2017, sept filières trans-Manche ont été disloquées sur le littoral par cette brigade renforcée en septembre. Vingt l’année précédente. À coups d’écoutes téléphoniques, de surveillances, il faut deux à trois mois environ pour « taper » une cellule, selon le jargon policier. « Avec l’incendie de La Linière, cela risque de rendre les investigations plus compliquées. Les passeurs feront tout pour ne pas perdre leur marché, mais on ne sait pas où ils seront rassemblés. Ils seront moins visibles, indique la BMR. Tout ça est encore très flou. Ils vont se réorganiser… »

Entre eux, ils se donnent des surnoms : Dana, Kerouane, Soura… Ces hommes, plutôt jeunes et sans papiers, sont une centaine, calcule la police aux frontières (PAF). Les chiffres restent des estimations dans ce système obscur. Des micro-réseaux : cinq à six personnes. Une logistique dérisoire : des voitures, souvent immatriculées en Grande-Bretagne, des téléphones portables, dont les numéros sont eux aussi britanniques. Ils s’enrichissent vite. 3 500 euros le passage semble être le tarif minimum ; il peut vite flamber en fonction des nationalités. « On voit que les personnes érythréennes ou soudanaises paient moins cher, car elles ont peu d’argent. Les syriennes, elles, paieront plus, considérées comme plus aisées, détaille Vincent Kasprzyk. Les groupes albanais sont également beaucoup plus gourmands et ne font passer que des personnes originaires d’Albanie. »

« Ils opèrent comme les réseaux de stupéfiants »

Un autre agent de la BMR compare : « Ils opèrent comme les réseaux de stupéfiants : leurs marchandises sont des êtres humains qu’ils tentent de dissimuler de la même façon qu’ils cacheraient de la drogue pour la faire passer illégalement. » « On ne les aime pas, mais impossible d’aller en Grande-Bretagne sans un passeur », résume l’Iranien Olan. Dans le nord de la France, ils trouvent toujours du travail. Des Érythréens, Soudanais, Éthiopiens, Kurdes, Albanais, Afghans et Vietnamiens sont toujours candidats pour le Royaume-Uni. Arpentant les champs et les routes entre Calais, Dunkerque et Boulogne-sur-Mer, les passeurs connaissent également par cœur ces confins de la France. Des confins si barricadés que leur « expertise » de terrain devient indispensable. Car derrière les barbelés qui bordent les autoroutes, deux infrastructures aux allures de forteresses se dressent à la frontière. L’Eurotunnel et le port de Calais, principales portes d’entrée vers l’Angleterre, par où transitent des milliers de poids lourds chaque jour, n’ont cessé de renforcer leurs protections : chiens renifleurs, scanners, clôtures « végétalisées », caméras infrarouges, détecteurs de pulsations cardiaques… Mais autorités et migrants le concèdent : les traversées clandestines se poursuivent ; à un rythme peu intense mais régulier. Pour les passeurs, rien ne semble impossible.

Dans le nord, tout est question de routes pour les passeurs. D’après les policiers, les Kurdes d’Irak et les Albanais se sont « approprié » des parkings le long des autoroutes dans le courant des années 2000 © Elisa Perrigueur

Dans le nord, tout est question de routes pour les passeurs. D’après les policiers, les Kurdes d’Irak et les Albanais se sont « approprié » des parkings le long des autoroutes dans le courant des années 2000 © Elisa Perrigueur

Des « moineaux » par dizaines

Zirak, lui, a été « lieutenant » pendant des années, celui qui ferme les portes des camions pour dissimuler ceux que les réseaux nomment leurs « clients ». Cela se passe lorsque les villes dorment, cinq soirs par semaine, le samedi et dimanche étant des jours off, en raison du faible nombre de poids lourds. Le « lieutenant » raconte avec détachement son exercice d’autrefois, remuant lentement son café, la manière dont il se faufilait pour « charger », selon la formule, les migrants avec rapidité, ses « performances » : environ dix migrants à chaque fois, pour 3 500 euros par personne. Il jouissait d’une bonne réputation pour son travail, se remémore-t-il, satisfait. « Ça joue sur la régularité de tes prestations. Si jamais tu ne fais passer personne pendant trois semaines, tes clients iront voir ailleurs. Tout se sait. » L’ex-passeur, désormais loin de cet univers calaisien, a cessé cette activité illégale. « Trop fatigante », abrège-t-il, triturant le col de sa chemise. Il n’en dira pas plus sur sa nouvelle vie. Dans la bouche de Zirak, cela semblait un business comme un autre. « Je suis arrivé ici, je n’avais pas d’argent. On m’a proposé ce boulot. On le fait tous pour ça. En Irak, tout le monde est pauvre. Alors certains envoient de l’argent à leur famille, à un proche blessé au pays… »

C’est seulement à leur arrivée dans le nord que les migrants approchent le réseau. « Par téléphone ou par Facebook. Nos réputations se diffusent par le bouche-à-oreille. » Il est rare, précise l’ex-trafiquant, qu’un groupe organise tout le trajet des migrants à travers l’Europe. « Chaque frontière possède ses micro-réseaux indépendants. Ce sont toujours des Kurdes. Nous sommes sur toutes les frontières, nous avons ça dans le sang », sourit l’homme. Après les premiers contacts, les tentatives commencent. Et la plus courante : la tactique du « camion pollué », comme la qualifie le parquet de Boulogne-sur-Mer, lorsque les migrants montent à l’insu du chauffeur routier. « Si le client se fait prendre aux contrôles ou par les chauffeurs, on réessaye jusqu’à ce qu’il passe. C’est la prestation. Et ça fonctionne peu du premier coup », prévient l’Irakien. Durant leurs opérations, les passeurs utilisent des codes par téléphones, conscients des écoutes. « On rebaptisait nos clients de noms d’oiseaux, comme “moineaux”, et nos voitures devenaient des “ânes”. » Une fois que les migrants montent dans les camions, ils ne savent généralement pas où ils arrivent au Royaume-Uni. Leur itinéraire s’arrêtera à l’adresse de livraison du poids lourd. Aucun passeur ne les attend outre-Manche.

Zirak est monté en grade au sein du réseau. Il a commencé « transporteur », avant de devenir « lieutenant ». Pour que l’activité tourne à plein régime, la cellule se structure. Il y a d’abord le « rabatteur » qui recrute les « clients », le « transporteur », qui les mène aux aires d’autoroute, puis le « lieutenant ». En haut de cette hiérarchie, le « chef de parking », puis le « banquier », qui s’assure du paiement à l’arrivée. Un système informel sans traces : la hawala (mandat en arabe). Un transfert est effectué depuis le pays d’origine du payeur, trois quarts de la somme, souvent par la famille, au « banquier », intermédiaire généralement installé au Royaume-Uni. Le dernier quart n’est remis qu’une fois le « client » arrivé à destination. « S’il ne donne pas l’argent à l’arrivée, on va voir la famille au pays [d’origine – ndlr], on discute, on peut aussi baisser le prix, ajoute l’ex-passeur. Mais c’est rare que les gens ne payent pas. » Pour rembourser leurs dettes envers la famille ou les amis, une partie des migrants travaillent ensuite au noir au Royaume-Uni.

Le turn-over des « passeurs d’opportunité »

Bien sûr, l’homme avoue avoir eu peur de la prison, avoir connu les courses à tombeau ouvert pour fuir la police. De Dunkerque à Calais, en passant par Douvres, près de 600 agents de la PAF veillent. L’ancien passeur connaissait les peines maximales encourues, cinq ans ferme et 30 000 euros d’amende pour une aide à l’entrée et au séjour irréguliers. Dix ans ferme et 75 000 euros d’amende si le délit est effectué en bande organisée, dans des conditions dangereuses. Au contraire de Zirak, d’autres sont tombés dans le milieu. Des figures comme Pasha, dont les autorités évaluent les bénéfices à près de 5 millions d’euros entre août 2015 et septembre 2016. Cinq ans fermes, en septembre dernier.

Alors, pour se faire plus discret, « on va, on vient », dit Zirak. Lui se « mettait au vert », plutôt dans un autre pays d’Europe, ce que la PAF confirme. Une partie des membres des réseaux sont des récidivistes. « Tu travailles bien pendant trois mois, tu gagnes pas mal d’argent, puis tu pars en vacances pour te faire oublier des autorités et ensuite tu reviens, résume-t-il. Pendant ce temps-là, tu donnes tes clients à deux personnes de confiance. »

« On ne sait pas où est l’argent »

Plus sûre que le « camion pollué », les passeurs proposent la prestation du « passage garanti » ou « VIP » pour 10 000 à 12 000 euros. Lors de ce que le groupe appelle l’intifaqi, le chauffeur du véhicule est complice. Des caches sont aménagées dans les véhicules ou les poids lourds : à l’intérieur de la marchandise, derrière des doubles cloisons ou encore dans le bloc moteur… Des faux papiers peuvent également être fournis aux migrants.

Le chauffeur de mèche devient lui-même un « passeur d’opportunité », d’après l’expression de la police, un complice qui n’appartient pas au réseau. Les routiers de l’Est se laissent le plus souvent tenter, comblant un salaire de misère. Mais la gamme des « passeurs d’opportunité » est plus large que les seuls camionneurs. Zirak l’atteste, d’autres « petites mains » éphémères interviennent dans le business kurde irakien. Avec un large taux de turn-over. Quelques Français, rares, voulant arrondir leurs fins de mois. Mais surtout beaucoup de migrants eux-mêmes. « Si quelqu’un n’avait pas d’argent mais voulait aller en Angleterre, je lui proposais de travailler pour moi. Il acheminait les gens jusqu’au parking pendant 10-15 jours et je le faisais passer gratuitement. »

À l’aube du démantèlement de la « jungle », en octobre 2016, les barrages se sont multipliés sur les autoroutes © Elisa Perrigueur

À l’aube du démantèlement de la « jungle », en octobre 2016, les barrages se sont multipliés sur les autoroutes © Elisa Perrigueur

Ces « passeurs d’opportunité » défilent plusieurs fois par semaine dans les tribunaux du Nord. Pascal Marconville, procureur de la République à Boulogne-sur-Mer, rappelle que les comparutions immédiates de cette cour sont passées de quelque 250 en 2015 à 400 pendant l’année 2016. Sur ces affaires, la moitié environ concerne les passages clandestins. Pour Me Marie-Hélène Calonne, qui a souvent défendu ce type de passeurs, la comparution immédiate est « un moyen de poursuite extrêmement violent ». « On a souvent affaire, dans ces cas-là, à des hommes qui ont peur et craignent des représailles pour leur famille. Les peines sont extrêmement lourdes et c’est du ferme quasi systématique lorsque la personne est étrangère. Un Français se verra plus facilement accorder un sursis… », signale cette avocate. « Ce traitement différencié entre étrangers et Français me dérange. » Et de citer le cas de ce chauffeur polonais, qui, le 30 mars, a écopé de douze mois de prison, dont six fermes. « Il a perdu connaissance au tribunal », souligne-t-elle.

Les passeurs qui se retrouvent à la barre de la justice française ne sont souvent que des « ouvriers », selon le langage des groupes. Le haut de la pyramide est rarement dans l’Hexagone. Le trésor non plus. Sur les sept millions d’avoirs criminels autour du trafic de migrants saisis chaque année en France, les autorités ne dénichent presque rien sur le littoral. « On ne sait pas où est l’argent », admet Julien Gentile, patron de l’Ocriest.

Collaborer sur des enquêtes financières avec les États d’origine des passeurs en réseau s’avère complexe. « L’Albanie a plus d’intérêt à enquêter en raison des aides qu’elle reçoit de l’Europe, mais elle a peu de moyens. Quant au Kurdistan irakien, impossible : il n’y a pas d’État. » Reste la Grande-Bretagne, où se trouvent « beaucoup de commanditaires, au moins financiers », explique Julien Gentile. « Avant 2013-2014, le Royaume-Uni ne luttait pas contre les réseaux, considérant que les trafiquants étaient surtout en France. Ils débutent dans le domaine. » Une prise de conscience que le phénomène des passeurs trans-Manche ne concerne pas seulement le littoral. « Certains groupes descendent plus au sud, près de Reims, Orléans… sur des aires d’autoroutes moins surveillées, détaille Julien Gentile. Mais il y a aussi la voie aérienne, via Paris ou des petits aéroports avec des faux documents. » Depuis le début de l’année, six réseaux à destination de la Grande-Bretagne ont été démantelés loin du littoral du nord.

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12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 12:27

Détruit par les flammes, le camp de réfugiés de Grande-Synthe est en sursis. Le maire, Damien Carême, n'entend pas laisser l'État en finir avec ce lieu dans lequel vivaient près de 1 500 personnes, principalement des Kurdes irakiens et des Afghans en transit vers l'Angleterre. Par Carine Fouteau pour Mediapart le 11 avril 2017. Lire aussi Un ancien passeur raconte le trafic de migrants entre la France et l’Angleterre.

Le camp de Grande-Synthe, après l'incendie qui l'a détruit dans la nuit du 10 au 11 avril 2017. © Reuters

Le camp de Grande-Synthe, après l'incendie qui l'a détruit dans la nuit du 10 au 11 avril 2017. © Reuters

Un gigantesque incendie a ravagé dans la nuit du 10 au 11 avril le camp de Grande-Synthe (Nord), qui hébergeait environ 1 500 migrants, provoquant la désolation de celles et ceux qui s’étaient démenés pour voir surgir de terre ce lieu, le premier campement aux normes internationales sur le sol français à accueillir des réfugiés. Désolation de voir des familles déjà éprouvées par l’exil subir un nouveau traumatisme ; désolation de voir leurs efforts partis en fumée ; désolation d’entendre leurs opposants politiques se saisir de ce drame, qui n’a pas causé de décès, pour dénoncer leur initiative.

« C’est un coup sur la tête, on se relève, il faut faire face, on continue, on va trouver des solutions », affirme Damien Carême, le maire EELV de la ville, à l’origine avec Médecins sans frontières (MSF) de l’ouverture du camp en mars 2016.

Personne ne le conteste, l’incendie est le fait des migrants eux-mêmes. Il a fait suite à deux rixes qui ont éclaté, dans l’après-midi et la soirée du 10 avril, entre des ressortissants kurdes irakiens et des ressortissants afghans, les deux principales communautés présentes sur place, entre lesquelles les tensions étaient récurrentes. Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les Afghans étaient mécontents d’être parqués dans les cuisines collectives tandis que les Kurdes, arrivés avant eux, dormaient dans des chalets dont le nombre n’a pas été accru. « Lors de la première bagarre, un migrant a été blessé à l’abdomen par un coup de couteau, six personnes ont été blessées ; puis vers 22 heures, cela a repris, 15 autres personnes ont été blessées », raconte Damien Carême, joint par Mediapart en début d'après-midi.

« Ça s’est envenimé », poursuit-il : les Kurdes ont mis le feu aux cuisines collectives ; en représailles, les Afghans ont incendié les « shelters ». Le feu a été maîtrisé au milieu de la nuit, à la suite de l’intervention d’une soixantaine de sapeurs-pompiers ; les forces de l’ordre ont permis « de ramener le calme et de limiter le bilan des victimes à quelques blessés », indique le ministère de l’intérieur.

Sur les 291 cabanons en bois, seule une trentaine a été épargnée par les flammes. Le camp transformé en champ de ruines est aujourd’hui inaccessible, une enquête confiée au commissariat de sécurité publique de Dunkerque étant en cours. « Les familles sont désespérées, elles ont tout perdu : leur maigres affaires, leurs papiers, elles sont à nu, elles n’ont plus rien », indique le maire, réconforté par sa conversation téléphonique, en milieu de journée le 11 avril, avec le nouveau ministre de l’intérieur Matthias Fekl, qui a rappelé que « les premières victimes de ce drame étaient les migrants eux-mêmes ». Sur les 1 500 migrants délogés par l'incendie, 600 ont été hébergés dans trois gymnases mis à disposition par la municipalité ; les autres sont partis le long des routes, vers Calais ou Dunkerque, à la recherche d’emplacements pour passer la nuit.

« L’hébergement dans les gymnases ne peut pas durer ; des activités y sont programmées ; ces installations sont en ville, ce n’est pas gérable vis-à-vis de la population », indique le maire, prêt à recevoir la visite de Matthias Fekl et d’Emmanuelle Cosse, la ministre du logement, en fin d’après-midi. « Malgré la période électorale peu favorable, nous allons trouver des solutions », veut-il croire. Dans un premier temps, l’idée serait d’installer des tentes ou des conteneurs sur le campement, une fois les travaux de déblaiement terminés. « Ensuite, poursuit-il, nous pourrions envisager la reconstruction de maisonnettes. » « Peut-être pas en bois », ajoute-t-il.

La propagation rapide du feu a forcément interrogé le choix initial des cabanons en bois. « Il n’y a pas de solution miracle, rappelle la porte-parole de MSF – c'est l'ONG qui a conçu le camp – Corinne Torre. Le problème, ce n’est pas le matériau utilisé. Nous avons construit ce camp parce que personne ne faisait rien, que des gens dormaient dans des bois avec de la boue partout », souligne-t-elle. « Le problème, cela a plutôt été le management : ce camp est resté un camp au lieu de devenir un lieu de vie », estime-t-elle. MSF a créé l’espace, mais ne l’a jamais géré, deux structures associatives s’étant relayées à cette tâche : d’abord Utopia 56, puis l’Association des Flandres pour l’éducation, la formation des jeunes et l’insertion sociale et professionnelle (Afeji).

« Gérer ce genre de lieu suppose un encadrement solide, des travailleurs sociaux, des personnes capables de s’occuper de l’accompagnement des familles. Cela suppose beaucoup de ressources humaines. Or, sur place, ils n’étaient pas assez nombreux », observe Corinne Torre.

Aux tensions intercommunautaires s’ajoutait, à Grande-Synthe, un autre problème de taille : la présence de réseaux de « passeurs », principalement des Kurdes irakiens, installés dans les parages depuis des années (lire l’enquête d’Elisa Perrigueur) et faisant payer la traversée vers la Grande-Bretagne entre 3 500 et 12 000 euros par personne. Des armes circulaient, les règlements de comptes se terminant parfois en coups de feu ou coups de couteau. « Tout le monde était au courant de ce contexte explosif, poursuit la porte-parole de MSF. Il aurait fallu prendre cette situation à bras-le-corps. »

« Cela a été fait, rétorque Damien Carême. Des réunions hebdomadaires étaient organisées en mairie avec l'association gestionnaire, les forces de l’ordre et le procureur. Les personnes soupçonnées d’organiser le trafic étaient repérées et mises sur écoute : en un an, 31 personnes ont ainsi été interpellées. Certaines ont pris de lourdes peines. » Le maire ne nie cependant pas que les difficultés subsistaient : la Cimade avait par exemple décidé d'ouvrir son bureau d'aide juridique aux migrants en centre-ville, afin que les personnes demandant l'asile ne soient pas repérées par les passeurs et soumises à leur pression.

« Je soutiens l’État dans ses efforts pour trouver des hébergements en CAO »

Pour l’État, la priorité est double : « prévenir les troubles à l’ordre public », avec l’envoi d’unités de forces mobiles, et mettre à l’abri les personnes à la rue. Venu dans la nuit, le préfet du Nord, Michel Lalande, a semé le doute dans la matinée en évoquant la « fin » du camp, réduit à un « amas de cendres ». « Il sera impossible de remettre des cabanons à la place de ceux qui existaient auparavant », a-t-il ajouté, laissant penser que les autorités pourraient profiter du drame pour en finir avec ce campement, qu’elles financent pour partie mais qu’elles ont mis du temps à accepter et qu’elles ne voudraient pas voir perdurer trop longtemps.

 

Des migrants relogés dans un gymnase de Grande-Synthe, le 11 avril 2017, après l'incendie du camp dans lequel ils vivaient. © Reuters

Des migrants relogés dans un gymnase de Grande-Synthe, le 11 avril 2017, après l'incendie du camp dans lequel ils vivaient. © Reuters

Les ministres de l’intérieur et du logement communiquent d’ailleurs sur leur volonté d’orienter les migrants « désireux d’entrer dans la démarche d’asile » vers les centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis partout en France. « Les tensions sont nées de la surpopulation du camp, confirme Damien Carême. Je soutiens donc l’État dans ses efforts pour trouver des hébergements en CAO. » Le maire souhaite revenir à l’effectif maximum de 700 atteint à l’automne dernier, avant le « démantèlement » de la « jungle » de Calais, qui a conduit plusieurs dizaines d'exilés à se réfugier à Grande-Synthe. Il demande aussi des renforts policiers « pour éviter que cela recommence ».

Mais il affirme rester sourd aux nombreuses attaques politiques qui n’ont fait que redoubler depuis la catastrophe. « L’incendie géant du campement de Grande-Synthe (…) est le signe du grand chaos migratoire qui bouscule notre pays depuis des années (...). Ce chaos doit cesser. L’ensemble des campements de migrants seront démantelés après mon élection si les Français m’élisent à la tête de l’État », a lancé Marine Le Pen, la présidente du FN. « Nous réduirons drastiquement l’asile. Nos frontières nationales seront immédiatement rétablies », a-t-elle ajouté. Le candidat des Républicains lui a emboîté le pas à quelques nuances près. « Ça montre que le démantèlement de Calais n’était pas suffisant, que la construction de camps n’est pas la solution, parce qu’elle amène sans cesse de nouvelles vagues de migrants et que la seule solution c’est le contrôle aux frontières », a affirmé François Fillon.

La question de la poursuite de l’engagement de l’État se pose donc dramatiquement en raison du contexte électoral. Le 17 mars 2017, Emmanuelle Cosse avait renouvelé pour six mois le soutien des pouvoirs publics ; mais elle avait dû, pour cela, démentir le ministre de l’intérieur, alors Bruno Le Roux, qui, quelques jours auparavant, avait affirmé vouloir « procéder au démantèlement » de Grande-Synthe « le plus rapidement possible ».

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Incendie à Grande-Synthe : l’impasse de la Manche s’est encore assombrie

L’hypocrisie diplomatique qui se joue à Calais comme à Grande-Synthe doit cesser, elle conduit la France à contrôler la frontière d’un pays tiers et les personnes migrantes à se mettre en danger. Par La Cimade le 12 avril 2017.

Le maire de Grande-Synthe veut que le camp de migrants survive à l’incendie

Un incendie s’est propagé dans le camp de la Linière dans la nuit du 10 au 11 avril, réduisant en cendres une initiative de mise à l’abri dans des conditions dignes de personnes exilées « en transit » vers la Grande-Bretagne. Ce drame souligne l’urgence de créer plusieurs lieux d’accueil humanitaire dans une région où de nombreuses personnes continuent à arriver dans l’espoir de traverser la Manche.
En effet, le démantèlement du bidonville de Calais n’a pas mis fin à l’attraction du Royaume-Uni. L’État français doit sortir du statu quo et assumer son devoir de protection humanitaire de femmes, d’hommes et de mineurs isolés se trouvant en danger actuellement.
« L’impasse de la Manche s’est encore assombrie, mettant en danger encore plus de personnes en demande de protection : l’État ne peut pas persister dans ce déni de réalité », affirme Geneviève Jacques, présidente de La Cimade.
Le 28 février dernier, La Cimade interpellait avec ses partenaires – Amnesty International France, Médecins du Monde, le Secours Catholique, Emmaüs France, Médecins Sans Frontières, le Mouvement français pour le Planning familial et la Fondation Abbé Pierre – les ministres français de l’intérieur et du logement, sur « la nécessité de créer plusieurs lieux d’accueil humanitaire dans le Calaisis et le Dunkerquois pour permettre aux personnes migrantes de sortir de l’errance et des graves dangers auxquels elles sont exposées » face aux « conditions de vie et de sécurité devenues critiques à l’intérieur du camp » et à « l’apparent silence des autorités administratives et judiciaires ». La demande de réunion de crise est restée sans réponse.
La Cimade, qui assure une permanence d’accès aux droits installée dans la ville de Grande-Synthe depuis un an, réitère plus que jamais la nécessité de créer des lieux d’accueil humanitaire sur le littoral.
De plus, les personnes exilées qui souhaitent, après information, demander l’asile en France, doivent pouvoir le faire depuis un lieu aux conditions d’accueil dignes, avec un réel accompagnement social, sans risquer d’être renvoyées dans un autre pays européen en application du règlement « Dublin ».
Enfin, pour les personnes qui souhaitent rejoindre le Royaume-Uni, les démarches doivent être soutenues par l’État français. L’hypocrisie diplomatique qui se joue à Calais comme à Grande-Synthe doit cesser, elle conduit la France à contrôler la frontière d’un pays tiers et les personnes migrantes à se mettre en danger

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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 09:25

La décision d'arrêter la centrale nucléaire alsacienne n'interviendra pas avant la fin du quinquennat Hollande. Par Jean-Michel Bezat le 7 avril 2017 pour Le Monde. Lire aussi Fessenheim : enfumage politique.

Des salariés de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) rassemblés devant le siège parisien d'EDF le 6 avril - GONZALO FUENTES/REUTERS

Des salariés de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) rassemblés devant le siège parisien d'EDF le 6 avril - GONZALO FUENTES/REUTERS

Les conseils d'administration (CA) d'EDF se déroulent d'ordinaire dans une ambiance plus sereine. Celui qui était convoqué jeudi 6  avril pour décider ou non de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) – promise par François Hollande en  2012 – restera sans aucun doute comme l'un des plus " houleux " de l'histoire du groupe, selon un administrateur. Flottement au sommet de l’État actionnaire, informations biaisées envoyées par SMS par des administrateurs au beau milieu de la séance, suspension des travaux, pression des syndicats hostiles à tout arrêt des réacteurs et manifestant aux abords du siège parisien du groupe : toutes les conditions étaient réunies pour transformer ce CA  en psychodrame.

Le dénouement est intervenu en fin d'après-midi jeudi après un -ultime aller-retour entre le gouvernement et les administrateurs d'EDF. Et c'est finalement le scénario défendu par Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe, et soutenu par l’Élysée et les cinq autres administrateurs indépendants, qui a été adopté : le gouvernement ne prendra son décret abrogeant l'autorisation d'exploiter la centrale alsacienne que six mois avant la mise en service du réacteur EPR de Flamanville (Manche), prévue fin 2018-début 2019 ! Ce qui signifie que le texte réglementaire pourrait ne pas être signé avant mi-2018, si le calendrier du chantier de Flamanville est respecté.

Cette décision " respecte l'intérêt social de l'entreprise " et " permet à EDF de disposer du parc nucléaire nécessaire à l'accomplissement de ses obligations de fourniture vis-à-vis de ses clients ", s'est félicité M.  Lévy. Comme son prédécesseur Henri Proglio, il n'a jamais été -partisan de l'arrêt d'une centrale qui, selon lui, fonctionne " en toute sûreté et avec d'excellentes performances ". Dans son rapport  2015, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) jugeait que la doyenne des centrales françaises était parmi le mieux exploitées du parc d'EDF.

C'est des cinq administrateurs indépendants que dépendait la prolongation ou non de l'exploitation de cette centrale mise en service en  1977. La première pierre d'un programme électronucléaire décidé lors du premier choc pétrolier (1973) et qui devait faire de la France le pays le plus dépendant du nucléaire avec ses 58  réacteurs. Avant sa fermeture, les " indépendants " voulaient obtenir l'assurance que la capacité de production nucléaire d'EDF – plafonnée à 63,2  gigawatts par la loi de transition énergétique – ne serait pas réduite d'ici le raccordement de l'EPR de Flamanville au réseau. Objectif : ne pas diminuer les recettes d'EDF (environ 200  millions d'euros par réacteur et par an) alors que l'entreprise est frappée par la baisse des prix de gros de l'électricité.

Hostiles à une fermeture qu'ils jugeaient anti-économique et menaçante pour l'emploi (2 000  postes directs et indirects), les six représentants des salariés (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC) ont voté contre la fermeture, même différée. Quant aux six administrateurs représentant l’État, ils n'ont pas pris part au vote pour des raisons de conflits d'intérêts. Six voix du conseil se sont exprimées en faveur d'une fermeture sous conditions et six voix contre tout arrêt. La résolution a été adoptée grâce à la voix prépondérante du PDG du groupe.

Sujet de tensions permanentes

Certains " indépendants " jugeaient que soumettre au vote cette fermeture de Fessenheim à la veille de l'élection présidentielle n'avait aucun sens. Sauf pour M.  Hollande, qui voulait tenir au moins en partie sa promesse de 2012. Las, l'acte réglementaire signant l'arrêt de décès de Fessenheim n'interviendra pas durant son quinquennat. Encore moins l'arrêt pur et simple de la centrale, pourtant promis par le chef de l’État pour 2016 au tout début de son mandat.

L'arrêt ou non de Fessenheim aura été un sujet de tensions permanentes entre le gouvernement et ses turbulents alliés Verts durant son quinquennat. M. Hollande avait en effet repris à son compte un élément-clé de l'accord signé entre le Parti socialiste (PS) et Europe Écologie-Les Verts en novembre  2011. Ce texte prévoyait la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique de 75  % à 50  % en  2025, ce qui impliquait la fermeture" progressive "de 24  réacteurs et l'arrêt " immédiat "de Fessenheim.

Cette décision du conseil d'EDF est aussi un camouflet pour la ministre de l'écologie et de l'énergie. Ségolène Royal plaidait pour la publication du décret de fin d'exploitation de Fessenheim immédiatement après le vote des administrateurs d'EDF. Jusqu'au dernier moment, elle a exercé d'intenses pressions sur les six administrateurs indépendants pour qu'ils ne posent pas de conditions : Jean-Bernard Lévy, Bruno Lafont (ancien PDG de Lafarge), Philippe Crouzet (Vallourec), Claire Pedini (Saint-Gobain), Colette Lewiner (Capgemini) et Laurence Parisot (ex-présidente du Medef).

A l'issue du vote, Mme  Royal a déclaré que " c'est enfin une bonne décision qui est prise dans la mesure où le caractère irréversible et inéluctable de la fermeture est explicitement acté dans la décision ". Une décision qui, selon son communiqué, " sera actée juridiquement dans les prochains jours ". C'est durant une suspension du conseil d'administration que la ministre a exigé que les termes " irréversible " et " inéluctable " figurent dans la résolution soumise au vote. De source proche d'EDF, on indique que cet ajout n'a pas de valeur juridique, seul le décret pouvant sceller la fermeture. Or Mme  Royal " n'est pas parvenue à obtenir son décret immédiat " et " c'est incontestablement un échec cinglant " pour elle, a rétorqué Force ouvrière.

Le " dossier Fessenheim " se retrouvera donc sur la table du prochain président de la République. Le candidat d'En marche !, Emmanuel Macron, a réaffirmé jeudi soir, sur France  2, qu'il arrêtera -Fessenheim s'il est élu. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Benoît Hamon, candidat du PS, aussi. A l'inverse, la présidente du Front national, Marine Le Pen, s'est engagée à poursuivre son exploitation, tout comme le candidat de la droite François Fillon.

Au terme de son quinquennat, le président sortant a donc essuyé un nouveau revers, après le report sine die de la construction de l'aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et l'enterrement du projet de barrage à Sivens (Tarn). Un revers d'autant plus difficile à expliquer que l’État, actionnaire à 83,1  % d'EDF, devrait pouvoir imposer ses vues.

  • Les dates

    1977

    Les deux réacteurs de la centrale, d'une puissance de 900  mégawatts chacun, sont mis en service.

    2007

    L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dénonce un " manque de rigueur " de la part d'EDF dans l'exploitation de la centrale.

    2011

    A la suite de la catastrophe de Fukushima au Japon, trois cantons suisses, une région allemande, la région Franche-Comté et la ville de Strasbourg demandent l'arrêt des réacteurs. En juillet, l'ASN estime que l'exploitation peut être prolongée de dix ans, sous réserve de travaux. Un avis suivi par le gouvernement.

    Septembre  2012

    François Hollande annonce la fermeture fin 2016, comme il s'y était engagé lors de l'accord conclu en novembre 2011 entre -Europe Ecologie-Les Verts et le PS, en vue de la présidentielle.

    Septembre  2015

    M. Hollande repousse de facto l'échéance à 2018 en liant l'arrêt de la centrale à la mise en service de l'EPR de Flamanville.

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1 avril 2017 6 01 /04 /avril /2017 12:31

Dans un Livre blanc, l’organisation patronale réclame une pause réglementaire et législative. Par Rémi Barroux le 31 mars pour Le Monde.

Ou comment le capitalisme se nourrit de l’environnement pour survivre ! Voir aussi Les documents d'urbanisme continuent à planifier la destruction des espaces naturels, Les échanges commerciaux qui menacent la vie sauvage et               L’environnement dégradé tue 1,7 million d’enfants chaque année.

Juste avant la présidentielle, le Medef avance « 40 propositions pour moderniser et simplifier le droit de l’environnement ». Présenté jeudi 30 mars, ce Livre blanc de l’organisation patronale entend revenir sur une décennie de réglementations environnementales, du Grenelle de l’environnement de 2007 aux conférences environnementales convoquées depuis 2012 !!!

« Nous avons fait ce travail parce que nous ressentions le besoin d’y voir plus clair. On y exprime la nécessité de faire une pause, car les entreprises ont eu l’impression de subir toute une série de réglementations qui leur tombaient dessus à échéance très rapprochée », explique Olivier Viano, président du comité Droit de l’environnement du Medef. Il faut un « moratoire pour une période de trois à cinq ans » dans la production législative et réglementaire française, demande le Medef, qui assure vouloir concilier le droit de l’environnement et la compétitivité des entreprises.

Plaidoyer (!)

A plusieurs reprises, les représentants du patronat, rejoints souvent par la principale organisation d’agriculteurs, la FNSEA, ont manifesté leurs réticences aux réformes des réglementations environnementales, que ce soit lors de la difficile mise en place de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE), à partir de 2009, puis lors de la modernisation du droit de l’environnement et de la réforme du dialogue environnemental, en 2015-2016, ou encore au moment de la réforme de l’autorité environnementale, en 2016.

Avec pour le Medef, le même plaidoyer en faveur d’une simplification des règles afin qu’elles ne puissent entraver la volonté d’entreprendre des porteurs de projet. « Il existe une réelle complexité qui n’est pas de nature à rassurer les maîtres d’ouvrage, les procédures sont trop longues, trop risquées », plaide M. Viano.

« On peut comprendre qu’une entreprise ait à réaliser des adaptations considérables, mais on ne peut pas dire qu’il y a trop de réglementation, réagit Rita Fahd, en charge des questions de RSE à France Nature Environnement (FNE). Au contraire, la mise en place de ces règles est trop lente, et la voie législative et réglementaire aide les entreprises à bouger, pour réduire les impacts de leurs activités et l’utilisation des ressources naturelles. » Parmi les 40 propositions, souvent techniques et juridiques, figure par exemple l’obligation qui serait faite au public, et aux ONG, de ne pouvoir discuter de l’opportunité d’un projet qu’en amont de celui-ci. Après la délivrance de l’autorisation par les autorités, seules les caractéristiques du projet et leurs incidences sur l’environnement pourraient être abordées.

Dialogue nécessaire (!)

Pour FNE, cette proposition est contraire à la directive européenne de décembre 2011 sur l’évaluation de l’incidence de certains projets. « Cela interdirait le débat sur les alternatives possibles qui n’est pas toujours possible en amont, comme on le voit dans le cas du dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avance la juriste Florence Denier-Pasquet, secrétaire nationale de FNE. On ne peut dissocier la discussion sur le principe, par exemple, d’une voirie routière, de son opportunité en fonction d’un tracé concret et de son impact sur l’environnement. »

Autre proposition litigieuse pour les ONG, le souhait du Medef qu’un maître d’ouvrage puisse consulter préalablement l’avis de l’autorité environnementale sur un projet, et sa demande de « restaurer la logique collaborative entre l’administration et le maître d’ouvrage ». « Il ne doit, en aucun cas, y avoir de coconstruction d’un dossier entre l’autorité environnementale et une entreprise. Il en va de l’indépendance totale de l’autorité, et donc de sa crédibilité vis-à-vis du public », rétorque Florence Denier-Pasquet.

Et de rappeler que le dialogue nécessaire entre toutes les parties ne doit jamais conduire les autorités « à jouer un rôle de conseil ». Les propositions du Medef de mieux former et informer les entreprises sur les actions pénales en matière environnementale, ou d’éditer un « guide méthodologique » pour mieux identifier les préjudices écologiques, ne devraient, en revanche, pas faire débat.

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28 mars 2017 2 28 /03 /mars /2017 12:45

La France veut exploiter davantage ses ressources en bois et s'oppose à Bruxelles sur la comptabilisation du carbone du secteur sylvicole. Par Pierre Le Hir le 27 mars 2017 pour Le Monde.

Une scierie du groupe Radoux, à Mézières-en-Brenne (Indre), en janvier 2015. GUILLAUME SOUVANT / AFP

Une scierie du groupe Radoux, à Mézières-en-Brenne (Indre), en janvier 2015. GUILLAUME SOUVANT / AFP

Mieux protéger les forêts, en confortant la politique climatique de l'Union européenne (UE), ou au contraire les exploiter davantage ? La question est au cœur des négociations entre la Commission de Bruxelles et les pays membres sur la place du secteur forestier dans la lutte contre le réchauffement, qui devaient se tenir le 27 mars à Bruxelles.

L'enjeu est d'importance, puisque le domaine boisé, qui couvre près de 40 % du territoire de l'UE, absorbe aujourd'hui environ 10 % de ses émissions annuelles de CO2, captés par photosynthèse et stockés dans les troncs, les branches et les racines des arbres, ainsi que dans les sols. Un puits de carbone naturel que Bruxelles souhaite sanctuariser par un nouveau règlement communautaire. Or de grands pays forestiers, à commencer par la France, veulent exploiter plus intensivement leurs peuplements sylvestres.

Le débat porte sur ce que les experts appellent " l'utilisation des terres, le changement d'affectation des terres et la foresterie ". Le bilan carbone de ce secteur – la différence entre le volume de carbone soustrait à l'atmosphère par la croissance des arbres ou par les plantations et le volume de carbonerelâché du fait des défrichements ou des coupes de bois – a été jusqu'ici comptabilisé dans le cadre du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Un texte auquel succédera, en 2020, l'accord de Paris issu de la COP21.

Mais les émissions et les absorptions de ce secteur ne sont aujourd'hui pas incluses dans les engagements du " paquet climat-énergie " européen, qui vise notamment à réduire d'au moins 40 % les émissions de gaz réchauffants de l'UE d'ici à 2030, par rapport à leur niveau de 1990.

Objectifs contraignants

L'action climatique de l'Europe reste donc incomplète, sinon bancale. Elle repose pour l'instant sur deux pieds. D'une part, le marché carbone, pour quelque 11 000 installations industrielles (centrales thermiques, raffineries, cimenteries, papeteries…) qui devront avoir réduit leurs émissions de 43 % en 2030. D'autre part, le système dit du partage de l'effort, pour le transport, le bâtiment et l'agriculture (dont ce système couvre les rejets de méthane, mais pas ceux de CO2), qui doivent diminuer leurs rejets de 30 %.

Pour affermir ce dispositif, Bruxelles a décidé de lui ajouter un troisième pied, celui du secteur forestier, en fixant à ce dernier des objectifs contraignants. C'est le sens d'une proposition de règlement qui, présentée en juillet 2016, doit s'appliquer sur la période 2020-2030. Pour chaque pays, ce secteur ne devra être à l'origine d'" aucune émission nette " de gaz à effet de serre, en sorte que son bilan carbone soit " neutre ou positif ". La référence serait " l'intensité " de la gestion forestière au cours des années 1990-2009. C'est sur ce point que la France manifeste son désaccord. Elle demande que la référence soit celle de " la planification forestière nationale existante ".

Pourquoi cette revendication ? La France vient de se doter d'un Programme national de la forêt et du bois, dont le décret a été publié le 10 février. Cette feuille de route prévoit de commercialiser 12 millions de mètres cubesde bois supplémentaires par an à l'horizon 2026, soit un tiers de plus que les 37 millions annuels récoltés ces dernières années. Le document précise que cela " conduirait à un taux de prélèvement de 65 % de l'accroissement biologique " de la forêt, c'est-à-dire de l'augmentation naturelle du volume de bois sur pied, alors que ce taux est actuellement de 50 %.

Le programme forestier national entre en contradiction avec la proposition de Bruxelles. La forêt métropolitaine, qui a doublé de taille en deux siècles pour couvrir 17 millions d'hectares, absorbe environ 12 % des émissions annuelles de CO2 de la France. Un taux de prélèvement de bois plus important aura pour conséquence de réduire son potentiel d'absorption par rapport à la gestion forestière des décennies passées.

Le ministère de l'agriculture assure qu'il n'est pas question que, dans le cas où le surcroît de récolte de bois n'attendrait pas les 12 millions de mètres cubes escomptés, la France soit autorisée à émettre davantage de CO2 dans le secteur du bâtiment, du transport et de l'agriculture.De son côté, le ministère de l'environnement indique que " la position française doit encore faire l'objet d'arbitrages ".

L'approche hexagonale est vertement critiquée par les associations. " La France bafoue son image de leader climatique, en cherchant à cacher le fait que les forêts françaises absorberont de moins en moins de carbone, réchauffant ainsi l'atmosphère, dénonce Hannah Mowat, de l'ONG européenne Fern. Quel message envoie-t-on au monde ? Comment stopper la déforestation planétaire si même la France n'est pas honnête ? Pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris, il faut un système de comptabilité forestière sérieux. "

Paradoxe

D'autres pays sont sur la même ligne que la France, l'Autriche et, surtout, la Finlande, le deuxième pays forestier européen, qui veut augmenter très fortement ses coupes de bois, au détriment, dénonce Fern, des terres traditionnelles du peuple same (lapon).

Cette discorde européenne pose la question des limites dans lesquelles la promotion du bois-énergie, c'est-à-dire du bois de chauffage, est " climato-compatible " ou non. Le programme forestier français vise en effet, en même temps qu'à mieux valoriser la ressource sylvestre, à répondre aux objectifs de la loi de transition énergétique (les filières renouvelables, dont le bois, devront fournir 38 % de la consommation de chaleur en 2030) et à ceux de la programmation pluriannuelle de l'énergie (le recours à la biomasse doit croître d'environ 50 % d'ici à 2023).

Or, le bois-énergie représente déjà la première ressource renouvelable en France (40 % du mix renouvelable, deux fois plus que l'hydraulique), consommée aux trois quarts par les appareils de chauffage domestiques. Sur les 37 millions de mètres cubesde bois commercialisés annuellement en métropole, 20 % sont destinés à être brûlés, tandis qu'un peu plus de la moitié finit en bois d'œuvre, le reste étant dévolu à des usages industriels (pâte à papier, panneaux de particules).

Peut-on aller au-delà ? Le bois transformé en charpente, en parquet ou en meuble continue à fixer le CO2 séquestré durant la pousse des arbres, tandis que la combustion du bois de chauffe le renvoie directement dans l'atmosphère. Le paradoxe serait que, sous couvert d'atténuer le réchauffement, la politique forestière et énergétique de la France conduise en réalité à atténuer l'action climatique de l'Europe.

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 09:03

L’Europe : le thème, insuffisamment présent dans la campagne, constituait, disait-on, un clivage à gauche. En organisant le 17 mars 2017 un débat sur cette question entre Jacques Généreux, conseiller de Jean-Luc Mélenchon, et Thomas Piketty, conseiller de Benoît Hamon, Politis a souhaité non seulement pallier l’absence de toute discussion entre les deux candidats, mais comprendre leurs divergences sur ce sujet. A lire sur www.politis.fr.

Quelle Europe pour la gauche ?

Les deux économistes – qui ont immédiatement accepté l’invitation, qu’ils en soient à nouveau remerciés – ont eu des échanges cordiaux, nourris, toujours passionnants sur tous les sujets cruciaux. Jacques Généreux et Thomas Piketty partagent le même constat sur l’état de déliquescence de l’Union européenne, et l’urgence à y remédier.

Plus frappant encore : les solutions qu’ils ont avancées quant à la nécessaire démocratisation ou à l’instauration indispensable d’harmonisations sociale et fiscale, y compris dans la méthode à suivre, n’attestent pas d’un fossé infranchissable, comme le montrent les larges extraits ci-dessous. Ces vues convergentes ne peuvent que donner des regrets face à une désunion mortifère. Vidéo intégrale du débat sur https://www.politis.fr/articles/2017/03/video-jacques-genereux-et-thomas-piketty-debattent-de-leurope-36523/.

Pendant deux heures d’un échange courtois et amical, Jacques Généreux, conseiller de Jean-Luc Mélenchon, et Thomas Piketty, qui épaule Benoît Hamon sur les questions européennes, n’ont montré aucun désaccord fondamental (1). Leurs priorités sont différentes. Le premier juge que l’urgence est de prendre à contre-pied les politiques économiques « imbéciles » imposées par les traités européens. L’action unilatérale de la France devra servir d’électrochoc à une renégociation des fondements de l’Union européenne, qui, estime Jacques Généreux, « est morte en 2015 sur la gestion de la crise grecque ».

Thomas Piketty insiste quant à lui sur son projet, précis et mûrement réfléchi, de « traité de démocratisation de la zone euro », qui doit instaurer une assemblée en charge de l’harmonisation fiscale et sociale, et tordre le cou aux « guerres économiques » et au « petit jeu de l’évasion fiscale ».

Sur plusieurs points cruciaux, l’un et l’autre prennent de la distance avec le candidat qu’ils accompagnent et le programme qu’ils défendent. Si bien que, hormis une différence stratégique, les deux économistes ont affiché un accord quasi unanime sur le fond. (...)

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25 mars 2017 6 25 /03 /mars /2017 09:09

Quatre-vingts associations lancent une campagne, jusqu’au 21 avril, pour inciter les candidats à la présidentielle à s’engager dans la lutte contre les inégalités. Pour que celles-ci deviennent le nouveau pilier des décisions politiques, rejoignez l’Appel des solidarités sur https://www.appel-des-solidarites.fr/ Un article de Julia Hamlaoui le vendredi 24 Mars 2017 pour l'Humanité, suivi des propos de Nicolas Hulot recueillis par Simon Roger et Raphaëlle Besse Desmoulières le 23 mars 2017 pour Le Monde.

Selon ces organisations, l’heure est à faire un choix de société, à savoir « replacer la dignité humaine en haut de nos valeurs ». Charles Platiau/AFP

Selon ces organisations, l’heure est à faire un choix de société, à savoir « replacer la dignité humaine en haut de nos valeurs ». Charles Platiau/AFP

 «Si vous pensez qu’on devrait tous avoir accès à l’éducation, aux soins, à l’emploi, au logement, à une alimentation saine. Si vous préférez construire des ponts plutôt que de dresser des murs. Si vous vous souciez du monde que vous laisserez derrière vous. Répondez présent. » C’est en ces termes que 80 associations ont lancé, hier, un Appel des solidarités, en pleine campagne pour la présidentielle. Le but ? « Imposer durablement la solidarité comme une valeur absolue », a résumé Nicolas Hulot, président de la Fondation éponyme. Avec Thierry Kuhn, le président d’Emmaüs France, ils se sont faits les porte-parole des dizaines d’associations*** réunies derrière eux lors de la conférence de presse de lancement de ce « printemps des solidarités », hier à la maison de la radio, à Paris.

« Une société aussi discriminatoire n’est pas supportable »

Pour le militant écologiste, il s’agit d’en finir avec « l’absurde et l’insupportable » des chiffres égrainés par les associations, hier mais aussi en une de leur nouveau site commun (https://www.appel-des-solidarites.fr/). « Un jeune sur 5 vit sous le seuil de pauvreté », « 795 millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde », « 1 % de la population concentre 53 % des richesses », « 140 000 personnes dorment à la rue », « 6 millions de personnes sont au chômage »… « Derrière ces chiffres, on a tendance à l’oublier, se cachent des hommes, des femmes, des enfants. La solidarité n’est plus seulement possible mais obligatoire », a rappelé Thierry Kuhn.

Pour sortir de la spirale infernale, l’heure, selon ces lanceurs d’alerte, est à faire un choix de société, à savoir « replacer la dignité humaine en haut de nos valeurs ». Et ce sont « 5 caps des solidarités », réunissant pas moins de 500 propositions, portées par l’une ou l’autre des organisations signataires, que le collectif présente avec l’ambition de les voir devenir le guide de « toute action et toute décision politique dans le prochain quinquennat ». Première des priorités affichées : la lutte « contre les inégalités sous toutes leurs formes, contre la fraude et l’évasion fiscale et contre l’impunité des banques, des politiques, des multinationales ». Et pour cause, « ce n’est pas supportable que nous ayons une société aussi discriminatoire, parce que les moyens sont là, a insisté Nicolas Hulot. C’est une question d’équité dans la fiscalité, d’un autre modèle économique qui, au lieu de concentrer la richesse, la partage, qui, au lieu d’épuiser les ressources, les préserve et les gère ». La solidarité avec « la nature et les générations futures », « les personnes en difficulté, exclues, discriminées », « les sans-voix », avec « tous les peuples », constitue les quatre autres volets que les citoyens ont été invités à enrichir de leurs propres propositions.

Car, pour les initiateurs de l’appel, « il ne s’agit pas d’interpeller les candidats comme les enfants tirent sur la manche d’un adulte, mais bien de leur donner un cap, un mandat “impératif” ». « Pour l’imposer, il faut peser et pour peser il faut se compter », concluent-ils. D’où l’invitation aux citoyens à « répondre présent », via le site dédié mais aussi par SMS, au 32.321 en tapant le mot « présent ». Reste que les candidats à la présidentielle sont quand même en ligne de mire : « Trop souvent les politiques, après les élections, nous lâchent. Cette fois-ci, nous, on ne les lâchera pas », a averti Thierry Kuhn. En creux, c’est sans doute le Front national, en tête dans les sondages, qui est le plus visé sans, toutefois, n’être jamais cité. « Il faut, d’une manière suprapolitique, sans instrumentalisation, donner de la rationalité, déconstruire un certain nombre de préjugés. Cette tentation de l’isolement n’est pas une fatalité. Aux nationalismes, aux égoïsmes, nous voulons opposer l’humanisme », a développé Nicolas Hulot. « La violence latente n’est pas née par hasard. (…) Si nous aspirons à des relations pacifiques, il faut changer de focus et faire que les solidarités deviennent le premier critère dans nos choix de politiques », a-t-il expliqué le matin même sur France Inter. Et de formuler un vœu : « Je ne doute pas que derrière ce frémissement il va y avoir un souffle puissant et j’espère qu’il nous empêchera de basculer du mauvais côté. »

*** Parmi les associations à l'initiative de cet appel, figurent notamment Action contre la faim, Alternatiba, les Apprentis d'Auteuil, l'Association des paralysés de France, ATD Quart Monde, Attac, la Cimade, Emmaüs France, la Fondation Abbé Pierre, la Fondation Nicolas Hulot, Forim, France Nature Environnement, le Secours catholique...

Le 21 mars, à la Fondation Nicolas Hulot. LÉA CRESPI POUR « LE MONDE »

Le 21 mars, à la Fondation Nicolas Hulot. LÉA CRESPI POUR « LE MONDE »

Avec sa Fondation Nicolas-Hulot (FNH), le militant écologiste a rencontré les favoris de l’élection présidentielle, à l’exception de Marine Le Pen, pour leur soumettre des propositions.

Quel est le sens de cette initiative ?

Cet « appel des solidarités », du 23 mars au 21 avril, peut être une inspiration, et une respiration, salutaire dans la campagne électorale. Nous pesons chacun dans nos domaines, mais nous ne représentons pas une force collective. On a besoin de se compter pour montrer que la solidarité est peut-être le premier parti de France. Mis bout à bout, ces réseaux dépassent les 10 à 12 millions de personnes. Tous les ans au minimum, cet archipel des solidarités se réunira et évaluera les politiques publiques et l’état des inégalités. Si effectivement nous faisons masse, ce que j’espère, le prochain gouvernement aura à cœur de tenir compte de nos propositions.

Comment imposer ce rapport de force ?

L’action humanitaire ne doit plus être le paravent de l’indifférence ou de l’inaction politique. Dans notre monde connecté, on ajoute de l’exclusion à l’exclusion et on produit de l’humiliation, qui explique les formes d’intégrisme et d’exaspération qui se développent. On ne peut plus s’accommoder, par exemple, que des centaines de milliers d’enfants meurent de maladies que l’on sait guérir, simplement parce qu’ils ne sont pas nés au bon endroit. Cette situation ne peut perdurer puisque nous avons ouvert en grand le livre du monde. Par notre mouvement, nous voulons rappeler cette injonction de solidarité.

Ce message est-il audible alors que les affaires polluent la campagne présidentielle ?

Notre campagne est justement un appel d’air dans un climat pollué par les affaires, les préjugés et autres idées reçues qui risquent de nous emmener dans l’impasse du repli sur soi.

Le repli sur soi serait par conséquent la pire des solutions ?

Cette tentation est contraire au sens de l’Histoire. Si nous y cédons, l’issue sera chaotique. On sent bien déjà que nous arrivons à un point de rupture. Nous sommes obligés de préférer la main tendue aux bras croisés, de construire des passerelles plutôt que des murs, de passer d’un modèle économique de compétition à un modèle de coopération. Chacun le sent intimement, on danse sur un volcan en feu. Se replier sur soi, c’est la réaction de l’animal qui se réfugie dans son terrier. Nous qui sommes censés être les animaux les plus évolués, nous ne devons pas céder à cet instinct primaire.

Parmi les 500 propositions portées par cet appel, y en a-t-il une qui vous tient plus à cœur ?

La fiscalité. C’est ce qui permet de structurer les modes de production et de consommation et d’accompagner leurs mutations. La révision de la fiscalité repose sur deux grands principes : d’une part soulager la fiscalité du travail pour libérer de l’emploi, d’autre part pénaliser les activités responsables de forts impacts environnementaux et taxer les revenus issus du capital, de rente, etc.

Quel regard portez-vous sur la campagne en cours ?

Force est de reconnaître que chez Jean-Luc Mélenchon – et ce n’est en aucun cas un soutien –, chez Benoît Hamon plus récemment, et même chez Emmanuel Macron, il y a un certain nombre de propositions qui ne sont pas inintéressantes. Et on assiste mine de rien à un renouvellement : Hamon est nouveau, Macron est nouveau, même si la nouveauté n’est pas forcément une garantie de fiabilité. Une recomposition est en cours, certains schémas vont voler en éclats. L’écologie va renaître quelque part, même si je ne sais pas sous quelle forme.

M. Macron a déclaré devant les chasseurs qu’il était favorable à la réouverture des chasses présidentielles…

Cela a été l’objet de mon premier SMS cinglant. C’est pour moi révélateur d’un état d’esprit. Qu’ont représenté ces chasses présidentielles si ce n’est un privilège entre chefs d’Etat ? Comme si M. Macron avait besoin d’aller flatter les chasseurs au moment où il est crucial de redonner des droits à la nature. Dans ce cas, il faut qu’il aille voir aussi les cueilleurs de champignons, les pêcheurs à la mouche, les chasseurs de papillons ! Il ne faut pas juste additionner quelques mesures mais respecter une cohérence et des principes éthiques, philosophiques, humanistes.

François Fillon, lui, apparaît particulièrement silencieux sur ces sujets…

Je m’étonne que lui qui assume sa foi religieuse n’ait pas été interpellé par l’encyclique du pape sur l’écologie. Le modèle productiviste a longtemps dominé les débats mais à gauche, au moins, on sent que les positions ont évolué. Depuis 2012, la France a sa loi sur la transition énergétique, et François Hollande, avec son entêtement sur la conférence climat (COP21), a permis de franchir un pas important fin 2015.

Votre message est-il aussi d’inciter les électeurs à se rendre aux urnes ?

Oui, il faut aller voter. L’abstention profitera en premier au Front national. Il n’y a jamais de candidat parfait mais la démocratie permet de voter pour une vision, une exigence, et de se déterminer sur des critères humanistes.

L’extrême droite peut-elle accéder au pouvoir en mai ?

Il y a des pays européens qui se sont réveillés un matin avec des extrémistes au pouvoir alors que la veille, ils n’y pensaient pas encore. On sent bien qu’il y a un relâchement moral et une déculpabilisation d’adhérer à ces thèses. Nous devons être les garde-fous de cette tentation. Je ne jette pas la pierre à ces électeurs, mais je leur dis que ce vote ne réglera rien.

Comment expliquez-vous qu’en Autriche ou aux Pays-Bas, des candidats écologistes aient émergé face à l’extrême droite ?

Dans ces deux pays, les écologistes sont apparus comme une alternative. En France, les écologistes n’ont pas réussi, sans parodier Benoît Hamon, à dessiner un futur désirable. Leur difficulté à convaincre ceux auxquels ils s’adressent est leur principale faiblesse. Si l’on veut faire évoluer l’agriculture, il ne faut pas commencer par mettre tous les agriculteurs dans le même panier. En même temps, si on avait écouté davantage les écologistes, nous serions aujourd’hui dans une situation moins critique.

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21 mars 2017 2 21 /03 /mars /2017 09:01

C’est une première : une usine française va recycler les cellules photovoltaïques. De nouveaux produits seront fabriqués avec les matériaux. Par Frédéric Mouchon le 19 mars 2017 pour Le Parisien.

Du neuf avec les vieux panneaux solaires

UNE BOUTEILLE en plastique, un emballage en carton, une boîte de conserve, des piles, un appareil électronique, un panneau solaire… Cherchez l’intrus.

Un petit indice : on le voit de plus en plus fleurir au milieu de champs producteurs d’électricité. Les entreprises et les particuliers adorent en installer sur leurs toitures. Mais contrairement à la plupart des produits de consommation courante, il n’est pas recyclé. Trois ans après la création de PV Cycle France, premier organisme chargé par les pouvoirs publics de collecter et traiter les panneaux photovoltaïques usagés, l’entreprise Veolia vient de signer un contrat de quatre ans pour recycler le matériel abîmé ou en fin de vie.

Dotée d’une technologie unique en France, une usine de traitement installée à Rousset (Bouches-du-Rhône) sera en mesure d’ici la fin de l’année de valoriser plus de 1 400 t de matières premières. Car un panneau solaire, c’est 75 % de verre mais aussi de l’aluminium, du cuivre et du silicium. Autant d’éléments qui partaient jusqu’ici à la poubelle ou étaient  parfois recyclés en Belgique.

55 000 tonnes de panneaux posés en France chaque année

Lorsque le panneau usagé arrivera dans l’usine, il sera entièrement démonté et chaque élément réutilisable envoyé vers une filière adaptée. « Le but de ce contrat est de rapatrier le traitement de ces déchets en France où l’on pourra recycler 96 % des matériaux qui composent un panneau photovoltaïque », explique le directeur général de PV Cycle France, Nicolas Defrenne.

Si cette usine a vu le jour, c’est parce que la loi stipule que tout importateur ou fabricant de panneaux à énergie solaire se trouve dans l’obligation de les collecter et de les traiter lorsqu’ils arrivent en bout de course. Or la surface de toiture couverte de panneaux photovoltaïques n’a cessé de progresser depuis 2006, passant de 4 ha à 6 772 ha l’an dernier ! « Chaque année, 55 000 t de panneaux sont posés en France, et la puissance installée va tripler d’ici à 2023 », souligne Bernard Harambillet, directeur général recyclage et valorisation des déchets au sein de Veolia France.

Loin de se pincer le nez devant des déchets, qu’ils soient ménagers ou électroniques, cette entreprise s’est fait une spécialité de les considérer comme une ressource dont on peut extraire des matériaux pour fabriquer de nouveaux produits. « D’ici trente ans (NDLR : la durée de vie maximale d’un panneau), nous devrions pouvoir recycler 60 000 t de panneaux chaque année en France », estime Nicolas Defrenne. Et cela concernera aussi Monsieur et Madame Tout-le-Monde. « Lors de la dépose de sa toiture solaire, un particulier peut demander la reprise de ses panneaux usagés par son installateur pour qu’ils soient recyclés », rappelle Nicolas Defrenne.

« C’est exactement le même principe que votre cafetière, explique le président du Syndicat des énergies renouvelables, Jean-Louis Bal. Une fois qu’elle est arrivée en fin de vie, vous n’êtes pas censé la mettre à la poubelle mais la ramener au magasin qui se charge de l’envoyer dans une filière de recyclage. »

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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 12:39

Les géants de la gestion de l'eau font face depuis plusieurs années à un réveil citoyen. Et 2017 pourrait marquer un nouveau tournant. Par Erwan Manac’h le 15 mars 2017 pour Politis à lire sur www.politis.fr .

Cf Une nouvelle manœuvre pour faire taire les défenseurs du droit à l’eau.

Public-privé : La guerre de l’eau

Le commerce de l’eau n’est pas une pratique nouvelle. Les deux plus grandes multinationales du secteur, Veolia et Suez, ont conquis la France et le monde depuis la fin du XIXe siècle. En réussissant, grâce à des jeux de pouvoir et d’argent, à se construire des marchés captifs et à s’en adjuger la rente.

Mais ces géants font face depuis plusieurs années à un réveil citoyen. Après Grenoble en 2000 et Paris en 2010, une multitude de villes ont repris en main la gestion de leur eau, mettant chacune à leur tour en lumière les pratiques des multinationales et les bienfaits d’un retour en régie publique.

Cette vague citoyenne pourrait connaître en 2017 un nouveau rebondissement. Avec la réforme territoriale, les communes doivent transférer leurs contrats aux intercommunalités. L’occasion pour les dizaines d’experts citoyens, de plus en plus familiers de ces dossiers techniques et opaques, d’y exercer un droit de regard. L’inertie politique est encore importante, mais ils ont pour eux des arguments convaincants, à commencer par celui du prix, directement perceptible sur la facture des usagers.

2017, année de l’eau publique ?

La réforme territoriale offre une occasion historique de reprendre au privé une grande part de la distribution de l’eau. À moins que les multinationales ne parviennent, au contraire, à accroître leur emprise. (...)

 

Notes : [1] Elle raconte cette aventure dans Une victoire face aux multinationales. Ma bataille pour l’eau de Paris, Les Petits matins, 2015.

[2] Baromètre TNS- Sofres-CIEAU, « Les Français et l’eau » 2015.

[3] eau-iledefrance.fr

[4] Bastamag, 7 janvier.

[5] Vague citoyenne, informations sur vaguecitoyenne.org

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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 09:25

Parce qu’elles défendent le droit à l’eau des plus démunis en luttant contre les coupures d’eau illégales, des associations dérangent une multinationale. Emmanuel Poilane, directeur de la Fondation France Libertés, et Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination Eau Île-de-France, sont directement visés par l’attaque de Veolia. La Ligue des Droits de l’Homme soutient la Fondation France Libertés et la Coordination Eau Île-de-France, poursuivies pour diffamation par Veolia ! Par la LDH le 16 mars 2017.

La lutte pour le droit à l’eau pour tous
Depuis trois ans, les coupures d’eau pour impayés sont illégales dans les résidences principales, tout au long de l’année. Les multinationales Veolia et la Saur ont tout fait pour ignorer et contester cette loi. La Fondation France Libertés et la Coordination Eau Île-de-France ont mené des actions en justice aux côtés des usagers démunis victimes de coupures d’eau pour défendre leurs droits.
Elles ont obtenu la victoire devant de multiples tribunaux, cours d’appel et même devant le Conseil constitutionnel : tous ont confirmé l’interdiction des coupures d’eau et des réductions de débit.

Une poursuite-bâillon
N’ayant pu obtenir gain de cause en justice, Veolia tente une nouvelle manœuvre : faire taire les défenseurs du droit à l’eau et de la loi. Au-delà de la question des coupures d’eau, cette attaque du leader mondial de l’eau concerne tous les défenseurs des droits humains, sociaux et environnementaux.

Comment les aider?
Une campagne de financement participatif est lancée pour aider France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France à couvrir leurs frais de justice : http://bit.ly/2mlH1U9. Contribuez et relayez cette campagne dans nos réseaux. Ils ont besoin de nous dans cette lutte de David contre Goliath.

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