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16 septembre 2017 6 16 /09 /septembre /2017 11:50

L’ONG Générations futures révèle la présence de résidus de cette substance classée «cancérogène probable» dans des céréales pour petit déjeuner, des pâtes ou même des lentilles. Par Aurore Coulaud le 14 septembre 2017 pour Libération.

Le glyphosate, un produit potentiellement cancérogène, a été détécté dans de simples légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs...). Garo/Phanie/Imageforum

Le glyphosate, un produit potentiellement cancérogène, a été détécté dans de simples légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs...). Garo/Phanie/Imageforum

Du glyphosate dans nos aliments. Voilà ce que révèle le nouveau rapport de Générations futures. Désireuse de connaître l’impact sur la santé du pesticide (composant du Roundup) le plus vendu en France et dans le monde, l’association de défense de l’environnement a analysé 30 échantillons de produits alimentaires, 18 à base de céréales et 12 de légumineuses sèches, achetés en supermarché.

Constat : seize de ces échantillons contiennent du glyphosate, soit plus de la moitié. Sept céréales de petit-déjeuner sur huit, sept légumineuses sur douze et deux pâtes alimentaires sur sept. Parmi eux, des céréales Kellogs, Weetabix, Leader Price et Granola, des lentilles vertes (qui ont le taux le plus élevé) et des haricots rouges Vivien Paille, des pois chiches Saint Eloi, des pâtes Garofalo… «Je ne suis pas étonnée, affirme Marie-Monique Robin, réalisatrice du documentaire le Roundup face à ses juges, qui sera diffusé sur Arte le 17 octobre. Les pouvoirs publics ne font pas leur boulot.»

«Probablement cancérogène»

Même si le taux de contamination n’excède pas le seuil réglementaire de concentration de résidus de produits pesticides (de l’ordre de 10 mg maximum par kilo pour le blé), François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures, a rappelé, jeudi, la dangerosité de cette molécule. En mars 2015, elle a été classée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), créé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des Nations unies, comme «probablement cancérogène» pour les humains.

Or, les réglementations de l’Union européenne interdisent l’utilisation de pesticides lorsqu’ils sont considérés comme cancérogènes «certains» ou «probables», comme le rappelle le rapport. Une étude précédente de l’association avait permis de mettre en lumière l’exposition du corps humain au glyphosate grâce à la collecte d’échantillons d’urine de trente personnes. Elle avait montré que 100 % d’entre eux contenaient la molécule en assez forte concentration. «Il y a des effets, même à des doses faibles», indique la réalisatrice Marie-Monique Robin.

Toutefois, en vue du vote sur le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate qui expire fin 2017 (lire ci-contre), l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a jugé de son côté qu’il n’y avait aucune preuve que cette matière active herbicide soit la cause de cancers tout comme l’Agence européenne de produits chimiques (Echa). Deux agences qui s’appuient pour l’essentiel sur les études fournies par les firmes agrochimiques. Un rapport publié par l’association autrichienne Global 2000 avait aussi révélé la dissimulation de preuves de la cancérogénicité du glyphosate par les autorités européennes.

«Travailler différemment»

Fin août, la France, par la voix de son ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a fait savoir qu’elle s’opposerait en octobre à la réautorisation du glyphosate en Europe, suscitant une levée de boucliers des producteurs et des agriculteurs. L’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) a notamment fait part jeudi dans un communiqué de sa «totale incompréhension […]. Cette décision est annoncée sans aucune concertation, sans fondement scientifique.» De son côté, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) ainsi que les Jeunes Agriculteurs estiment que «la suppression du glyphosate balayerait d’un revers de main les efforts entrepris de longue date par les agriculteurs français, leurs outils de recherche et de développement, et toute une filière de progrès, acteur clé de la transition écologique que la société appelle de ses vœux». Pour l’associatif François Veillerette, il est surtout urgent «d’apprendre à travailler différemment» et de soutenir les efforts à la recherche agronomique. «On est aujourd’hui dépendant de certains produits tels que le Roundup de Monsanto, dont l’utilisation s’est banalisée, alors que certains professionnels ont appris à faire sans.»

Si la France s’est positionnée, reste à savoir ce que feront les autres pays européens tels que l’Italie ou même l’Allemagne. Outre-Rhin, l’Institut de l’environnement de Munich avait alerté en 2016 après avoir trouvé du glyphosate dans 14 bières les plus vendues dans le pays, à des taux allant jusqu’à 300 fois la limite maximale admise dans l’eau potable. Toutefois, en Europe, les études sur le glyphosate restent rares car coûteuses.

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16 juillet 2017 7 16 /07 /juillet /2017 09:04

Les meurtres de personnes défendant la nature face aux intérêts industriels, notamment miniers ou pétroliers, ont encore augmenté en 2016. L’Amérique latine et l’Asie du Sud-Est sont les régions les plus dangereuses. Par Coralie Schaub et BIG Infographie le 13 juillet 2017 pour Libération.

Les défenseurs de l'environnement de plus en plus menacés

Le 6 juillet, Ademir de Souza Pereira a été tué par balles en pleine rue à Porto Velho, la capitale de l’Etat brésilien du Rondônia. Il était membre de la Ligue des paysans pauvres de cet Etat et s’opposait à l’agro-industrie qui ravage l’Amazonie. Le 30 juin, au Honduras, Bertha Zúñiga Cáceres, la fille de la célèbre écologiste Berta Cáceres, assassinée en mars 2016, a échappé de peu à une attaque avec deux autres membres du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH). La jeune femme a repris le flambeau de sa mère, qui luttait contre le mégaprojet de barrage d’Agua Zarca, imposé sans aucune concertation au peuple lenca, auquel appartenait Berta Cáceres.

Ces deux événements récents sont loin d’être uniques. Ils illustrent une réalité glaçante et en pleine expansion : les meurtres de défenseurs de l’environnement et des droits fonciers. En 2016, au moins 200 d’entre eux ont été assassinés dans le monde, battant le triste record de 2015 (au moins 185 morts). A ce jour, en 2017, déjà 98 morts sont répertoriés. Et encore, «il s’agit de la pointe émergée de l’iceberg, le chiffre réel est sans doute bien plus élevé» puisque nombre de meurtres ne sont pas signalés, souligne l’ONG britannique Global Witness, qui publie ce jeudi son rapport annuel sur le sujet. Le nombre de pays touchés par cette violence s’étend : ils étaient 24 en 2016, contre 16 en 2015. Avec 60 % des meurtres, l’Amérique latine est la région la plus dangereuse pour ceux qui, souvent, ne se définissent pas comme écologistes : ils veulent simplement défendre leurs terres, leurs forêts ou leurs rivières face à la voracité des compagnies minières et pétrolières (au moins 33 crimes prouvés dans le monde), forestières (23) ou agro-industrielles (23).

Les défenseurs de l'environnement de plus en plus menacés

Flambée de violences

Le Brésil domine toujours le macabre classement (49 morts). Le Nicaragua – où un gigantesque projet de canal interocéanique menace d’expulser de leurs terres plus de 120 000 indigènes – compte le plus de tués par habitants. Et le Honduras conserve cette sinistre palme sur la décennie écoulée. La Colombie, elle, est sujette à une flambée de violences (avec un record historique de 37 environnementalistes tués), malgré la signature de l’accord de paix avec les Farc. «Ou peut-être à cause de lui», pointe le rapport. Et d’expliquer cet apparent paradoxe : «Les compagnies ­extractives et les paramilitaires ­convoitent les zones auparavant sous contrôle de la guérilla, et les communautés qui souhaitent retourner sur leurs terres sont attaquées.»

Les défenseurs de l'environnement de plus en plus menacés

Les Philippines restent le pays le plus périlleux d’Asie (28 morts). Tandis qu’en Inde, le nombre de meurtres a triplé, la police réprimant dans le sang des manifestations pacifiques contre des projets miniers, en particulier dans le centre du pays (lire notre entretien avec l’écologiste Vandana Shiva dans Libération du 12 juin). Au Bangladesh, sept activistes ont été tués, alors qu’aucun ne l’avait été en 2015. Défendre les parcs nationaux est aujourd’hui «plus risqué que jamais». Vingt rangers et gardes-forestiers ont été assassinés en 2016 dans le monde, surtout en Afrique : neuf meurtres de rangers ont été prouvés en république démocratique du Congo, dont les parcs sont en proie aux braconniers, groupes armés et compagnies pétrolières.

L’impunité règne

Les indigènes dont les terres ancestrales sont briguées et pillées sans leur consentement sont particulièrement vulnérables : ils représentent près de 40 % des victimes recensées par l’ONG en 2016. Les meurtriers sont des tueurs à gages, des agents des services de sécurité privée des entreprises, des groupes paramilitaires, des braconniers, mais aussi des membres de l’armée ou de la police elle-même. Dans la plupart des cas, l’impunité règne. Et si l’assassinat est le moyen le plus dramatique et spectaculaire, toute une série d’autres méthodes sont utilisées pour chercher à réduire au silence les environnementalistes : menaces de mort, arrestations, agressions sexuelles, enlèvements, harcèlement judiciaire… Même dans les pays où le nombre de tués recule, comme le Pérou et l’Indonésie, menaces, harcèlement et criminalisation se poursuivent. Un peu partout, «de puissants intérêts politiques, industriels et criminels s’associent pour marginaliser les défenseurs de l’environnement et les qualifier d’«anti-développement» ou de «terroristes»», déplore le rapport. Alors que ces derniers «défendent des droits de l’homme internationalement reconnus, comme le droit à un environnement sain, le droit de manifester ou le droit à la vie» et «sont à la pointe de la lutte contre le changement climatique».

Les défenseurs de l'environnement de plus en plus menacés

Et de citer une tendance inquiétante : la criminalisation croissante des activistes, y compris dans des pays comme l’Australie, le Canada ou les Etats-Unis. Dans l’Etat du Dakota du Nord, où les Sioux protestent contre un pipeline, un projet de loi a été rejeté de justesse début 2017. Il prévoyait une protection juridique pour un conducteur qui aurait renversé et tué un manifestant faisant barrage sur la route. Une législation similaire a été approuvée par la chambre des représentants de Caroline du Nord.

En Colombie, «la violence n’a pas disparu avec les Farc»

Jakeline Romero  est membre de l’ONG  Force des femmes wayuu.

«La mine de Cerrejón, dans le nord de la Colombie, s’étend sur 70  000 hectares. C’est la plus grande mine du pays et l’une des plus grandes mines de charbon à ciel ouvert du monde. Elle appartient à BHP Billiton, Anglo American et Glencore. Depuis trente ans, son exploitation a des impacts effroyables. L’eau est polluée et se raréfie. Les enfants sont malades. Des communautés entières sont forcées de quitter leurs terres pour s’entasser dans les villes, ce qui casse le tissu social. Les gens ne peuvent plus cultiver, perdent leur autonomie. Les droits de l’homme sont systématiquement violés, avec la complicité de l’Etat colombien qui soutient les multinationales et nie l’existence des peuples indigènes.

«La situation s’est aggravée en 2014, quand les responsables de la mine ont voulu dévier une partie de la rivière Ranchería, la principale source d’eau de notre peuple wayuu. Comme d’habitude, nous n’avons pas été consultés. Alors nous avons protesté.

«Moi, j’essaie d’informer les communautés de leurs droits. Les menaces se sont multipliées. J’ai reçu un texto dans lequel on me disait que si je voulais éviter les problèmes, je ne devais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, que mes filles étaient mignonnes, ma mère aussi, et qu’elles pourraient disparaître si je continuais de parler… Il y a eu des meurtres et la violence n’a pas disparu depuis l’accord de paix avec les Farc. Au contraire, les paramilitaires sont plus présents que jamais. Mais je ne peux pas vivre dans la peur, je me suis construit un mécanisme pour la surmonter. Et face à la violence contre les peuples, contre les femmes, contre nos vies, nous ne pouvons pas nous taire.»

Aux Philippines, «deux fois plus de meurtres depuis l’arrivée de Duterte»

Clemente Bautista dirige le réseau Kalikasan, qui lutte pour la nature et les droits de l’homme.

«La situation s’aggrave pour les défenseurs de l’environnement aux Philippines. Sous la présidence de Gloria Arroyo, entre 2001 et 2010, quatre à cinq d’entre eux étaient assassinés en moyenne chaque année. Sous Benigno Aquino III, de 2010 à 2016, c’était monté à huit à dix par an. Mais depuis l’arrivée de Rodrigo Duterte le 30 juin 2016, nous en avons dénombré seize, soit deux fois plus. Cela s’inscrit dans un contexte de violence exacerbée : la campagne d’exécution des utilisateurs de drogue et trafiquants menée par le Président a déjà fait plus de 10 000 victimes. Plusieurs défenseurs de l’environnement ont été qualifiés de drogués afin de justifier leur meurtre. D’autres ont été classés comme rebelles communistes par les militaires, qui sont les principaux suspects et utilisent aussi des bombardements et la militarisation de communautés rurales pour déloger les populations de zones convoitées par les entreprises. Ce sont des prétextes, des tactiques malpropres, qui frappent en particulier les indigènes résistant à de grands projets miniers ou d’agrobusiness sur leurs terres. Ce sont surtout des mines de nickel ou d’or, de nouvelles plantations d’huile de palme ou l’extension de plantations de bananes ou d’ananas destinés à l’exportation, dans lesquelles des politiciens sont souvent impliqués. En juillet 2016, Gloria Capitan, une activiste qui protestait contre les centrales à charbon de la ville de Lucanin (indirectement financées par la Banque mondiale), si polluantes que ses petits-enfants en étaient malades, a été assassinée devant l’un d’eux, âgé de 8 ans. D’autres ont été tués chez eux dans leur sommeil. Et l’impunité devient la règle. Au-delà des meurtres, beaucoup de personnes sont harcelées. J’ai moi-même été surveillé et pris en filature par des gens que je pense être des agents des services secrets militaires. Et plusieurs de mes collègues subissent des menaces et du harcèlement judiciaire de la part des grandes entreprises. Ces méthodes sont destinées à intimider. La situation ne va pas s’arranger avec la loi martiale imposée par Duterte. Nous tentons d’alerter les médias, de mobiliser la population, cela fonctionne surtout auprès des urbains.»

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15 juillet 2017 6 15 /07 /juillet /2017 09:07

Le 27 juin, le parquet de Paris a mis un terme à l'information judiciaire dans le dossier de l'amiante. La sociologue Annie Thébaud-Mony s'insurge contre le manque de courage face aux multinationales et dénonce une catastrophe sanitaire mondiale pire encore que le scandale du tabac. Entretien par Ingrid Merckx le 4 juillet 2017 pour Politis à lire sur www.politis.fr . Cf. aussi Transparence - Les lobbyistes comptent un nouvel ennemi.

Amiante : un permis de tuer pour les industriels

Vingt et un ans ont passé depuis l'ouverture de l'instruction. Plus de 100 000 personnes sont mortes du fait d'intoxications à l'amiante. L'Institut national de veille sanitaire (Inves) anticipe que ce cancérigène interdit en France depuis 1997 pourrait encore être à l'origine de 100 000 décès d'ici à 2050. Et ce, uniquement pour la France, car les industriels de l'amiante – Eternit, Saint-Gobain… – continuent leurs activités à l'étranger, notamment en Amérique latine. Les associations de victimes attendaient l'ouverture d'un procès quand la décision est tombée : le 27 juin, le parquet de Paris a mis un terme à l'information judiciaire et a recommandé un non-lieu dans au moins une dizaine d'affaires, au motif qu'il était impossible de déterminer avec certitude la date d'intoxication à l'amiante des salariés qui se sont retournés contre leur entreprise. Si ce non lieu l'emportait, il marquerait une catastrophe sanitaire pire encore que le scandale du tabac alerte Annie Thébaud-Mony [1]. Directrice de recherche honoraire à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), elle est aussi présidente de l'association Henri-Pézerat et porte-parole de l'association Ban Asbestos, qui n'hésitent pas à dénoncer dans le dossier de l'amiante un véritable « permis de tuer » accordé aux multinationales de l'amiante.

La décision du parquet de Paris le 27 juin de clore une information judiciaire de 21 ans mettant en cause plusieurs industriels dans des cas d'intoxications à l'amiante a-t-elle surpris les associations de victimes de l'amiante ?

Annie Thébaud-Mony : Complètement ! L'instruction étant close, nous attendions l'ouverture d'un procès. Dans cette perspective, une coordination nationale des collectifs de victimes de chaque usine Eternit s'est même constituée considérant l'importance d'opposer une parole commune à la défense des industriels. On pouvait penser que les procureurs mettraient ensemble les usines Eternit d'Albi, Thiant, Terssac, mais on ne se doutait pas qu'ils les mélangeraient avec les affaires de la Normed (Dunkerque) et Condé-sur-Noireau (Normandie) qui concernent des industriels différents : chantier naval et Honeywell. Historiquement, les plaintes ont été déposées à des moments différents. Pour les familles des victimes d'Eternit-Albi, il n'y avait aucun doute ni sur l'exposition à l'amiante ni sur le fait qu'elles aient été décimées par l'amiante Eternit. Dans un premier temps, c'est le procureur d'Albi qui a reçu la plainte. Et il s'en est dessaisi au profit du parquet de Paris. Nous étions pour notre part convaincus qu'il fallait que ces procès se tiennent sur les lieux du crime... (...)

« Ils ont fait en sorte qu'on trouve logique que des travailleurs meurent au travail » : Y a-t-il eu rapidement une volonté de nationaliser l'affaire de l'amiante ? 

Après les irradiés de Tchernobyl, les scandales du tabac et du Mediator, à l'heure du combat contre Monsanto et les perturbateurs endocriniens, comment comprendre que le parquet de Paris puisse recommander un non-lieu au motif que la date de contamination n'a pu être déterminée ?

Le non-lieu pourrait concerner plus d'une dizaine d'affaires en France ?

« Le seul préjudice devrait être le préjudice d'exposition » : Peut-on faire un parallèle avec le Roundup de Monsanto ? Les outils juridiques sont-ils suffisants ?

« Il faut que les responsables de ces crimes industriels soient sanctionnés » : La production d'amiante n'est-elle pas interdite en France depuis vingt ans ? N'y a-t-il aucun juge un peu frondeur dans ce dossier ? C'est-à-dire que vous dénoncez au moins une connivence entre les procureurs, les responsables politiques et les industriels concernés ?

[1] Les Risques du travail, pour ne pas perdre sa vie à la gagner, Philippe Davezies, Laurent Vogel, Annie-Thébaud-Mony, Serge Volkoff, La Découverte, 2015.

[2] La Science asservie. Santé publique : les collusions mortifères entre industriels et chercheurs, Annie Thébaud-Mony, La Découverte, 2014.

[3] Un empoisonnement universel, Fabrice Nicolino, Les liens qui libèrent, 2014.

[4] Travailler peut nuire gravement à votre santé, Annie Thébaud-Mony, La Découverte, 2008.

 

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28 juin 2017 3 28 /06 /juin /2017 14:02

Dans leur rapport annuel publié hier, six associations dressent un bilan sévère du placement en CRA des étrangers en situation irrégulière pour l’année 2016. Elles dénoncent une politique migratoire axée sur le « quantitatif ». Par Émilien Urbach le mercredi 28 Juin 2017 pour l'Humanité.

«Recours trop systématique à l’enfermement », « pratiques abusives », « violations des droits »… Les six associations (1) habilitées à intervenir dans les 50 centres (CRA) ou locaux de rétention administrative (LRA) dressent un bilan sévère du placement des étrangers en situation irrégulière pour l’année 2016. Au total, près de 46 000 personnes ont été placées en rétention l’an dernier. C’est un peu moins qu’en 2015 (47 500 mesures) mais le niveau reste très élevé. « De 2012 à 2016, 23 2 162 personnes ont été privées de liberté » via la rétention, rappellent les organisations, qui y voient « le reflet de politiques migratoires axées sur le quantitatif, masquant mal des approches à court terme ».

La situation varie beaucoup en fonction des territoires. En métropole, le nombre de placements (24 000) baisse de 13 %, notamment en raison de l’état d’urgence, qui a mobilisé les policiers vers d’autres missions et donc entraîné la fermeture ou la réduction de capacité de certains CRA. Outre-mer, en revanche, le chiffre est en nette hausse (22 000 mesures de rétention). Le département de Mayotte atteint à lui seul 43 % du total national. « Les éloignements forcés y sont si rapides (17 heures en moyenne) que seule une faible proportion de personnes peut exercer ses droits », déplore le rapport.

Impressionnante augmentation du nombre d’enfants enfermés

En métropole, les autorités ont procédé en 2016 à 9 440 expulsions depuis la rétention, soit un taux de reconduite de 44 %, dont une grosse moitié seulement vers un pays extérieur à l’Union européenne. Vers l’UE, en revanche, on compte 1 017 reconduites de migrants « dublinés », c’est-à-dire ayant laissé leurs empreintes dans un autre pays européen. Certains sont plus éloignés que d’autres : Roumains (85,6 %) ou Albanais (81,7 %) notamment, souligne le rapport, qui dénonce un moyen pour certaines préfectures « de gonfler leurs chiffres ».

Les associations dénoncent l’utilisation parfois abusive des 1 823 places en CRA et 231 places en LRA. « Dans nombre de cas, la rétention a été détournée de son objet, en servant à éloigner les migrants des zones de campement sans pour autant avoir de perspectives raisonnables d’éloignement, la plupart provenant de pays à risques », précise le rapport. C’est ainsi que de nombreux migrants s’y sont retrouvés après la fermeture des campements de Paris et de la « jungle » de Calais. Dans le seul Pas-de-Calais, 630 Afghans ont ainsi été placés en rétention ainsi que 250 Irakiens.

La durée maximale de rétention – fixée à 45 jours depuis 2011 – est également sujette à caution, la plupart des décisions d’éloignement étant prises dans les deux premières semaines d’enfermement. Ainsi, en 2016, sur les 2 646 personnes retenues plus de 30 jours en métropole, 61 % ont finalement été libérées. Les auteurs du rapport posent donc la question de « l’efficacité » et de la légitimité d’une durée de rétention maximale aussi longue. Dernier point très inquiétant : l’impressionnante augmentation du nombre d’enfants enfermés. Malgré les cinq condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme en 2016, le nombre d’enfants privés de liberté, en métropole, a pratiquement quadruplé en deux ans, passant de 45 cas à 185. Et il atteint le chiffre ahurissant de 4 285 dans le seul département de Mayotte. Dans ce département, « l’enfermement des enfants en rétention continue à être massif et à s’exercer en violation de tous les standards du droit interne comme européen », déplore le rapport.

(1) Assfam, Forum réfugiés-Cosi, France Terre d’asile, Cimade, Ordre de Malte, Solidarité Mayotte.

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22 juin 2017 4 22 /06 /juin /2017 09:36

Une sentinelle citoyenne, Vigilobb, est née hier à deux pas de l'Assemblée. Par Léo Nguyen le 21 juin 2017 pour l’Humanité.

Non loin de l'Assemblée nationale, sur la péniche Rosa-Bonheur, s'est tenue hier matin la conférence de presse de lancement de Vigilobb, une nouvelle structure de lutte contre l'influence des lobbys. À l'initiative de l'association on retrouve Michèle Rivasi, députée européenne EELV, et Sébastien Barles, ex-élu EELV et docteur en droit public. Leur premier acte? Un entretien, quelques heures auparavant, avec le cabinet ministériel de François Bayrou pour exposer deux amendements visant à enrichir le projet de loi «pour la confiance dans notre vie démocratique». Pour Michèle Rivasi, « il faut taper du poing sur la table car pour l'instant cela ne va pas assez loin ». Sébastien Barles, sceptique sur le niveau d'engagement du gouvernement et soucieux de trouver des relais politiques, déclare qu'il a aussi pu en toucher un mot à Jean-Luc Mélenchon. Plusieurs associations (Attac, France Libertés, Anticor...), lanceurs d'alerte, militants et personnalités (Coline Serreau, Jean-Paul Jaud...) ont d'ores et déjà signé le manifeste.

Michèle Rivasi pointe un mélange des genres entre privé et public

L'amendement prioritaire concerne la mise en place d'un délai de carence de cinq ans pour éviter le système de vase communicant entre le privé et le public. Et pour preuve, Emmanuel Macron lui-même a pu passer directement du statut d'inspecteur des finances à banquier d'affaires, d'associé gérant de la banque Rothschild à secrétaire général adjoint de l'Élysée, puis à ministre de l'Économie, rappelle la nouvelle association dans un communiqué. Michèle Rivasi pointe du doigt ce mélange des genres qui mène à un déficit d'autonomie dans la prise de décision : «Prenez l'actuelle ministre de la Santé (Agnès Buzyn), elle a travaillé pendant quatorze ans pour un labo et la première mesure qu'elle veut mettre en place, c'est rendre onze vaccins obligatoires au lieu de trois actuellement. » La solution face à cette pression des lobbys ? Un pôle d'expertise indépendant en matière de santé et d'environnement afin de « grossir le niveau de compétence » des nouveaux parlementaires. « En France, on est un des pays à avoir le plus d'affaires sanitaires, pourquoi ? Parce que les experts sont financés par les labos », s'insurge la députée européenne. Perturbateur endocrinien, Mediator, amiante... les exemples démontrant la porosité entre les études scientifiques et les intérêts commerciaux sont nombreux. L'association risque d'avoir du travail.

Transparence - Les lobbyistes comptent un nouvel ennemi

Vigilobb avance deux propositions pour renforcer une loi qu'il ne juge « pas inutile », mais néanmoins insuffisante :

• D'abord, il faut, selon l'association, créer un corps d'experts indépendants pour rompre enfin avec une tare majeure dans la lutte contre la corruption : l'opacité entretenue par des expertises biaisées. « En France, les agences d'État font appel à des experts extérieurs qui sont tous payés par les lobbys », a tranché Michèle Rivasi, mardi matin sur la péniche parisienne où Vigilobb était présenté à la presse. 75 % des experts de l’Agence française du médicament sont sous contrat avec l’industrie pharmaceutique, montre ainsi le professeur Philippe Even dans son livre sur le scandale du Mediator.

• Ensuite, il est nécessaire d'empêcher le « pantouflage », les navettes de hauts fonctionnaires vers les grandes entreprises et réciproquement (cf. Emmanuel Macron...). Cet objectif peut être atteint, selon l'association, avec la création d’un délai de carence durant lequel un ancien acteur public ne peut exercer le métier de lobbyiste, et inversement.

Une carence de cinq ans existe au Canada depuis 2008 pour tout fonctionnaire « titulaires d'une charge publique ». Les instances européennes observent une mesure similaire et s'apprêtent à l’augmenter de dix-huit mois à trois ans, suite à l'émoi provoqué par le pantouflage de l'ancien président de la Commission, José-Manuel Barroso, à la banque Goldman Sachs.

Dans ce domaine, la France accuse un retard important : « L'actuelle ministre de la Santé a travaillé pendant quatorze ans dans des lobbys pharmaceutiques et sa première mesure en tant que ministre est de monter de 3 à 11 le nombre de vaccins obligatoires », dénonce Michèle Rivasi.

« Il est temps d'agir face à la démission du politique par une insurrection citoyenne [...] et de réarmer notre démocratie », clame enfin le nouveau mouvement, dans son manifeste. Et l'une des missions prioritaires que se donne Vigilobb est celle de mettre au grand jour les pratiques des lobbys et les cas de corruption, car « les lobbyistes industriels, tels des "Draculas économiques", ne peuvent vivre à la lumière ».

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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 09:03

Emmanuel Macron installe la culture managériale au plus haut niveau de l’État, en scellant une pensée unique néolibérale qui nie le besoin de respiration démocratique du pays. Par Erwan Manac’h et Nadia Sweeny le 24 mai 2017 pour Politis à lire sur www.politis.fr .

PHILIPPE WOJAZER/POOL/AFP

PHILIPPE WOJAZER/POOL/AFP

Nouveaux ministres, conseillers, candidats aux législatives : en apparence, l’attelage gouvernemental dessiné par Emmanuel Macron suit un équilibre subtil, bien qu’il tangue nettement à droite. La parité et la promesse de renouveler les visages ont été respectées. Et le trombinoscope fait émerger des personnalités apparemment conciliatrices, toutes excellentes dans leur domaine. Une dream team sans aspérités. « Emmanuel Macron a nommé des gens qui lui ressemblent », observe, enthousiaste, Élise Cadren, cadre de la fonction publique territoriale et formatrice auprès des élus. Le portrait-robot de l’homme ou de la femme de l’équipe Macron présente en effet les principaux traits du nouveau gardien de l’Élysée : un technocrate ayant zigzagué entre la haute fonction publique et la direction de grandes entreprises, pur produit de l’élitisme à la française, porteur d’une vision résolument libérale de l’économie.

Premier constat, tant au gouvernement qu’aux législatives, la France d’En marche ! est sociologiquement uniforme. La revue d’effectifs des 526 candidats macroniens aux législatives, menée notamment par l’hebdo Marianne, dénombre 90 % de CSP+, la catégorie sociale favorisée qui ne représente pourtant que 9,5 % de la population totale, selon l’Insee. Le CV des 11 personnalités « de la société civile » alignées au gouvernement se révèle également être celui de hauts gradés. Avec une solide expérience dans la haute administration. Et, si le nombre d’énarques est limité au gouvernement (Bruno Le Maire, Sylvie Goulard et Édouard Philippe), les anciens élèves de l’école sont en écrasante majorité parmi les conseillers. C’est l’autre trait marquant du renouveau macronien : il consacre des techniciens. (...)

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10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 11:27

Les grandes ONG environnementales comme la Fondation Nicolas Hulot, le Réseau Action Climat, WWF, France Nature Environnement et les Amis de la Terre interpellent le nouveau Président élu sur l'importance d'un grand ministère en charge du développement durable (avec un périmètre étendu, comprenant l'environnement/la biodiversité, l'eau, les transports, l'énergie, l'aménagement, la pêche/la mer et le climat). Un point important à suivre en vue de la composition du futur Gouvernement.    En complément, un article plus détaillé du World Wide Fund for nature du 9 mai 2017. Lire aussi Climat : à Bonn, négociations techniques et incertitude politique.

appel au nouveau gouvernement à mettre tout en œuvre pour accélérer la transition écologique © Global Warming Images / WWF

appel au nouveau gouvernement à mettre tout en œuvre pour accélérer la transition écologique © Global Warming Images / WWF

Monsieur le Président de la République,

Nos associations tiennent à vous féliciter pour votre élection à la Présidence de la République. Nous souhaiterions pouvoir vous rencontrer dans les meilleurs délais afin d’évoquer la feuille de route du quinquennat pour la transition écologique.

Dans cette attente, nous souhaitons dès maintenant vous faire part de notre avis sur le périmètre du ministère en charge de l’environnement.

L’organisation de l’État et de son gouvernement reflète l’ambition que se donne un pays. Comme vous le souligniez dans votre programme, « la transition écologique est une priorité pour aujourd’hui qui affecte tous les secteurs de la vie économique et sociale ».

La pertinence d'un grand ministère, avec à sa tête un ministre d’État, numéro deux dans l’ordre protocolaire, en charge du développement durable (écologie, biodiversité, climat et énergie, transport, logement et urbanisme, aménagement du territoire, pêche et mer) initié dans la dynamique du "Grenelle de l'environnement" a fait ses preuves et répondra à votre volonté d’un gouvernement resserré. De plus, des synergies institutionnelles fortes doivent être trouvées avec les ministères de la santé, du travail, de l'agriculture, des outremers, et enfin celui de l’économie tant leurs rôles et impacts sont essentiels pour l'environnement. Par ailleurs, vous aviez souligné dans votre programme l’importance d’une alimentation plus saine et avez annoncé la tenue d’États généraux de l'Agriculture et de l’Alimentation. Nous espérons donc que le futur gouvernement intégrera l’importance et la transversalité de cet enjeu, à la fois au niveau national et international.

De même, tout comme le Conseil National de la Transition Écologique est ouvert aux acteurs économiques et sociaux, la gouvernance doit être améliorée en ouvrant les instances de concertation des secteurs économiques et sociaux à nos associations environnementalistes, dans une logique de réciprocité d'ouverture.

Nous espérons que vous serez sensible à ces arguments et au symbole fort que représente ce large ministère. Nous rappelons notre fort attachement au dialogue environnemental et espérons que vous vous engagerez à le renforcer. Cela est indispensable pour répondre à "l'urgence écologique" que vous aviez rappelée au soir du 23 avril.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre très haute considération.


Michel Dubromel, président de FNE, représentée au Conseil National de la Transition Écologique

Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO

Gilles Asenjo, Président de Surfrider Foundation

Pierre Perbos, président du Réseau Action Climat

Bernard Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et Biodiversité

Cécile Ostria, Directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot

Pascal Canfin, directeur général du WWF France

Florent Compain, président des Amis de la Terre

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Emmanuel Macron, élu Président de la République : quelles priorités en matière d'environnement ?

Le WWF France félicite Emmanuel Macron pour son élection à la Présidence de la République et appelle le nouveau gouvernement à mettre tout en œuvre pour accélérer la transition écologique.

Le WWF France attend un premier signal fort de la part du nouveau Président avec la constitution d’un large ministère avec à sa tête un ministre d’Etat, 2ème dans le rang protocolaire.

Ce ministère devra conserver la mer, la pêche et le transport dans son périmètre. Il devra inclure le logement, l’urbanisme et la construction comme ce fut le cas lors de la création de ce grand ministère en 2007-2012. Nous serons particulièrement attentifs à ce que le lien soit fait entre ce ministère et celui de l’Agriculture notamment sur les questions d’alimentation et pour la
future négociation de la Politique Agricole Commune, avec Bercy pour le financement de la transition écologique et avec les ministères de la santé et de l’agriculture pour les questions de « santé environnementale ». Lors des Etats généraux de l’agriculture et de l’alimentation prévus par Emmanuel Macron, c’est un travail commun entre les ministères de l’environnement, de l’agriculture et de la santé qui devra être réalisé.

Le 10 février 2017, Emmanuel Macron avait été le premier des candidats à l’élection présidentielle à participer au
#Pandalive du WWF France. Pendant 45mn le candidat avait répondu aux questions des 860 000 supporters du WWF France sur les réseaux sociaux. Le WWF France sera tout particulièrement vigilant à ce que les engagements annoncés à cette occasion soient respectés.

Concernant Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron avait annoncé une médiation de 6 mois. Le WWF France attend donc la nomination rapide d’un médiateur avec une lettre de mission contenant l’étude des alternatives au projet d’aéroport.

Le WWF France avait salué la volonté du candidat de maintenir les objectifs de la loi sur la transition énergétique. Ils doivent l’être. Pour sécuriser les emplois des salariés concernés, des dispositifs transactionnels et des politiques publiques d’accompagnement, tel que le contrat de transition écologique, devront être développés.

Emmanuel Macron avait déclaré lors du #Pandalive ne plus vouloir autoriser de nouveaux permis d’exploration et d’exploitation de pétrole et de gaz en France. Un moratoire existe déjà aujourd’hui pour les eaux françaises en Méditerranée et sur la façade Atlantique. L’extension de cette interdiction doit être confirmée pour protéger les eaux d’outre-mer et notamment en Guyane où Total ne se verrait donc pas autorisé à explorer les fonds et donc exploiter le pétrole qui pourrait s’y trouver.

Lors des Assises de l’Outre-mer que le Président a annoncé vouloir organiser rapidement, le WWF France veillera à ce qu’un modèle de développement économique durable soit proposé aux territoires d’outre-mer. L’argent public devra être investi de manière à soutenir l’emploi et la transition écologique et non être gâché en finançant des projets non soutenables tel que celui de la « Montagne d’or » en Guyane.

Enfin, lors du #Pandalive, le candidat avait pris position pour l’éintroduction d’ours dans les Pyrénées en rappelant « qu’on ne peut pas donner des leçons aux pays d’Afrique sur la protection des éléphants et, en France, ne pas être capables de vivre avec les loups, lynx ou ours ». Le WWF France veillera à la mise en œuvre rapide de cet engagement.

Emmanuel Macron a affiché lors de sa campagne sa volonté d’organiser des Etats généraux de l’agriculture et de l’alimentation Le WWF soutient cette initiative. La refonte du contrat entre les agriculteurs et la société sera l’une des tâches majeures du prochain président de la République car notre alimentation, nos paysages ou l’avenir de nos emplois agricoles sont un élément clé de notre contrat social, en France sans doute encore plus qu’ailleurs.

Le WWF attend du nouveau président de la République et du gouvernement une réelle volonté politique pour faire avancer l’ensemble de ces sujets sans faiblir face aux sirènes des lobbies. La prise en compte de l’environnement doit s’inscrire dans l’ensemble des politiques publiques.

Le premier test environnemental du Président sera sa capacité à endosser le leadership suffisant pour peser contre l’éventuel retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris. Il sera attendu à ce sujet lors des prochains G7 et G20 aux mois de mai et juillet.

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10 avril 2017 1 10 /04 /avril /2017 10:35

Alors que Madrid et Paris se refusaient, depuis six ans, à entériner l'abandon par l'ETA de la lutte armée, c'est un collectif de citoyens non violents qui vient de livrer l'arsenal de l'organisation à la police française. Par Patrick Piro le 8 avril 2017 pour Politis à lire sur www.politis.fr . Lire aussi Pays basque : Le Roux s’en prend aux pacifistes.

La société civile basque désarme l'ETA

Samedi 8 avril 2017, 7 h 55, instant historique : les Artisans de la Paix annoncent avoir remis à la police française les coordonnées de huit caches de l'ETA, dans les Pyrénées-Atlantiques et d'autres départements du Sud-Ouest, recelant 120 armes, près de trois tonnes d'explosifs et des milliers de munitions. Il s'agit de l'intégralité de l'arsenal de l'organisation séparatiste, qui a renoncé à la lutte armée en 2011.

Par cette courte dépêche, ce collectif de la société civile basque vient « d'officialiser » le désarmement de l'ETA par ses bons soins, une opération que les gouvernements espagnol et français se refusaient d'engager depuis six ans, bloquant tout processus d'apaisement et de résolution de nombreux dossiers en souffrance – les conditions de détention des prisonniers, les mesures frappant les exilés, la reconnaissance de toutes les victimes, les réparations, l'engagement d'un processus de justice « transitionnelle » pour la vérité et la réconciliation au sein de la société basque, etc. (...)

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 14:34

Le collectif pour l’énergie citoyenne, qui compte Pascal Canfin (WWF France) et Hugues Sibille (Labo de l’ESS), exhorte les candidats à la présidentielle, dans une tribune au « Monde », à soutenir les initiatives locales et coopératives de transition vers les énergies renouvelables. Parue le 31 mars 2017.                       Lire aussi Claude Turmes : « Les grands groupes n’ont pas vu venir la révolution douce de l’énergie ».

C’est l’occasion de vous inviter à rejoindre le collectif pour l’énergie citoyenne local, Électrons solaires 93 – Pour une coopérative citoyenne d’énergie renouvelable, qui travaille sur Le Pré Saint-Gervais, Les Lilas, Bagnolet…                                              sur http://www.electrons-solaires93.org/ !

Michel Leclercq, enseignant et sculpteur, est à l’initiative du premier parc éolien financé par des habitants, dans la commune morbihannaise de Béganne. ANTONIN SABOT / Le Monde.fr

Michel Leclercq, enseignant et sculpteur, est à l’initiative du premier parc éolien financé par des habitants, dans la commune morbihannaise de Béganne. ANTONIN SABOT / Le Monde.fr

Les péripéties de cette étrange campagne électorale ont jusqu’ici largement occulté les véritables enjeux pour notre avenir, et notamment la question vitale du changement climatique. S’ils évoquent tous la transition énergétique, les candidats restent bien vagues sur les objectifs concrets qu’ils lui assignent et la façon dont ils entendent mener, en pratique, ce bouleversement en profondeur.

Il y a pourtant urgence à agir si nous voulons réussir à contenir le réchauffement climatique bien en dessous de la barre fatidique des 2 °C. Les solutions sont connues – sobriété énergétique, efficacité énergétique et énergies renouvelables – mais encore faut-il s’accorder sur la façon de les mettre en œuvre. C’est dans cette optique que notre collectif pour l’énergie citoyenne, composé de onze organisations de l’économie sociale et solidaire, de l’énergie citoyenne et de la société civile, interpellera les candidats le 5 avril sur le rôle qu’ils comptent donner aux citoyens et aux acteurs locaux dans la transition énergétique.

Un changement de paradigme

Comme toute révolution, la transition énergétique suppose un véritable changement de paradigme. Aussi cruciales que soient les évolutions technologiques à conduire, elles ne suffiront pas à transformer en profondeur notre modèle socio-économique et nos comportements. Pour y parvenir, il est essentiel de redonner aux citoyens et aux territoires un réel pouvoir d’agir sur la transformation de la société. C’est ce que propose la dynamique de l’énergie citoyenne et participative.

De quoi parle-t-on ? Par exemple, de Bégannes, en Bretagne, où près de 1 000 habitants, associés aux collectivités locales, ont porté le développement et la réalisation du premier parc éolien citoyen. Ou des coopératives du réseau Enercoop, seul fournisseur à proposer à la fois une électricité 100 % renouvelable, une participation des clients à sa gouvernance et un accompagnement de cette transition énergétique citoyenne.

Le mouvement prend son envol en France, avec un fourmillement d’initiatives partout sur le territoire, portées par des groupes de citoyens, des acteurs de l’économie sociale et solidaire, des collectivités locales… Une récente étude européenne estime que 47 % de l’électricité produite en France pourrait être, à l’horizon 2050, entre les mains des citoyens. Et ce n’est pas une utopie de plus : en Allemagne, où la part des énergies renouvelables électriques est passée de 6,6 % en 2000 à 33 % en 2015, plus de la moitié de la capacité de production d’énergie renouvelable appartient d’ores et déjà aux habitants (« The potential of energy citizens in the European Union », CE-Delft, 2016).

Un objectif clair et ambitieux

Au-delà de ses plus-values écologique et climatique, l’énergie citoyenne et participative porte en germe un nouveau souffle pour le développement des territoires : en s’impliquant dans l’activité économique et la vie publique locale, les citoyens contribuent directement au développement local, à une démocratie plus active, au renforcement des solidarités de proximité, et se réapproprient ainsi l’intérêt général.

Les pouvoirs publics, tant au niveau français qu’européen, appellent régulièrement la société civile à s’emparer de la transition énergétique, sans toujours lui en donner les moyens. Prenons-les au mot et demandons-leur de porter un objectif clair et ambitieux pour le développement de l’énergie citoyenne et participative : viser, pour la France, 15 % des énergies renouvelables entre les mains des citoyens et collectivités à l’horizon 2030.

Cet objectif est accessible, à trois conditions.

Une question de volonté politique

D’abord, celle d’une vraie volonté politique, qui se traduise par une inscription systématique de la dimension citoyenne et participative dans les schémas de programmation des politiques énergie-climat, à tous les échelons.

Ensuite, celle de l’adaptation du cadre réglementaire aux enjeux de l’énergie citoyenne, à travers notamment le maintien du tarif d’achat de l’électricité renouvelable ou les incitations fiscales à la participation dans des projets citoyens.

Et enfin, celle du renforcement des outils nécessaires au développement de l’énergie citoyenne et participative, en termes de sensibilisation comme de financement ou d’accompagnement. Le collectif pour l’énergie citoyenne a formulé une série de propositions (lire ci-dessous) en ce sens, qu’elle soumet aux candidats et plus largement au débat public.

Tout cela est à notre portée, c’est une question de volonté politique. Nous attendons des candidats à la présidentielle et aux législatives qu’ils s’engagent clairement pour permettre demain aux citoyens et acteurs locaux d’être au cœur d’une puissante dynamique démocratique en faveur de la transition énergétique, du développement solidaire des territoires, et donc de notre avenir collectif.

Les signataires : Roger Belot, président d’ESS France ; Pascal Canfin, directeur général de WWF France ; Michel Dubromel, vice-président de FNE ; Marie-Laure Lamy et Sandrine Buresi, coprésidentes du CLER, Réseau pour la transition énergétique ; Pierre Perbos, président du Réseau Action climat France ; Christel Sauvage, présidente d’Energie partagée ; Hugues Sibille, président du Labo de l’ESS ; Emmanuel Soulias, directeur général d’Enercoop et Pierre Radanne, président de 4D....

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« Donner aux citoyens et aux territoires le pouvoir d’agir » contre le réchauffement climatique

Un accélérateur du développement territorial

La transition énergétique dans tous ses aspects – sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables – représente une opportunité unique pour relancer et asseoir le développement économique de la France. Les énergies renouvelables emploient déjà 176 000 personnes en France, et plus de 370 000 en Allemagne (1).

Les énergies renouvelables s’appuient sur un modèle décentralisé, offrant un rééquilibrage entre les territoires et des réponses concrètes aux attentes des citoyens en matière d’emploi, de santé et d’accès actuel et futur à l’énergie. Et aujourd’hui, les citoyens peuvent, de différentes manières, devenir acteurs de la production d’énergie, en impulsant ou en participant à des projets collectifs locaux d’énergies renouvelables.

L’énergie citoyenne et participative, ça marche !

Dans plusieurs pays en Europe, l’implication et la participation des acteurs locaux, en particulier les citoyens, a permis d’accélérer la transition énergétique.

En Allemagne par exemple, où la part des énergies renouvelables électriques est passée de 6,6 % en 2000 à 33 % en 2015, plus de la moitié de la capacité de production d’énergies renouvelables appartient aux habitants (2).

Le mouvement démarre en France. On assiste à un fourmillement d’initiatives aux quatre coins du territoire : citoyens, coopératives et collectivités locales s’engagent dans des projets de production d’énergies renouvelables qui s’intègrent dans des projets de territoire. Une récente étude européenne estime que 47 % de l’électricité produite en France pourrait être, à l’horizon 2050, entre les mains des citoyens (3).

L’énergie citoyenne et participative, vertueuse pour la société.la société

Au-delà de sa plus-value écologique et climatique, l’énergie citoyenne et participative contribue à dynamiser les territoires :

* de simples consommateurs, les citoyens qui s’impliquent dans l’activité économique et la vie publique locale en participant à ces projets, deviennent acteurs de la transition énergétique sur leur territoire, donnant ainsi de la consistance à une démocratie plus active et à un développement économique de proximité ;

* s’agissant de projets collectifs, ils développent des solidarités de proximité, entre citoyens, entre territoires ruraux et urbains, et donnent chair à la cohésion territoriale et au lien social ;

* ces projets n’ayant pas une finalité spéculative, les citoyens et collectivités peuvent y participer en ayant pour souci l’intérêt général et la mise en place de circuits courts financiers et de l’énergie.

L’énergie citoyenne et participative, bénéfique pour l’économie

Le coût des énergies renouvelables ne cesse de baisser, les rendant de plus en plus compétitives face aux énergies issues de stocks fossiles ou fissiles. Le prix de revient de l’éolien a baissé de 30 % et celui du photovoltaïque de 70 % en 5 ans. La participation locale aux projets renforce les bénéfices économiques pour les territoires :

* au-delà du renforcement de l’indépendance énergétique, les énergies renouvelables s’appuient sur un modèle fortement décentralisé, générant plus d’emplois locaux que la production centralisée ;

* avec l’énergie citoyenne et participative, les ressources consacrées à l’achat d’énergie ne partent plus ailleurs : bien au contraire les retombées économiques des projets bénéficient aux acteurs locaux (4), notamment dans les territoires ruraux, et contribuent à leur résilience ;

* les projets citoyens et participatifs d’énergies renouvelables contribuent à une meilleure répartition des richesses entre territoires urbains et ruraux, procurant des bénéfices économiques pour ces derniers et contribuant à l’autonomie énergétique de tous.

Pour une politique active de développement de l’énergie citoyenne et participative

Pour accélérer la transition énergétique, il est maintenant nécessaire de passer à la vitesse supérieure et d’inscrire la participation de tous comme l’un des axes principaux des politiques publiques climat-énergie, locales comme nationales. En un mot, de se doter d’une politique volontariste de développement de l’énergie citoyenne et participative. Cette politique de développement doit s’inscrire dans la durée et se donner un objectif clair et ambitieux : viser 15 % des énergies renouvelables entre les mains des citoyens et collectivités à l’horizon 2030.

Adapter le cadre réglementaire aux enjeux de l’énergie citoyenne.

Malgré les avancées de la loi TECV (5), la dimension réglementaire constitue encore souvent un frein au développement de ces projets. Il convient d’éviter toute instabilité réglementaire ou économique et de poursuivre la dynamique de simplification administrative :

* intégrer de façon systématique la dimension « énergie citoyenne et participative » dans les politiques énergie-climat à tous les échelons (PPE, SRADDET, PCAET (6) ), pour faciliter l’émergence de projets portés par les acteurs locaux, collectivités et citoyens ;

* adapter le cadre réglementaire des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables à la spécificité des projets citoyens et participatifs (maintien de l’obligation d’achat, critère participatif dans les appels d’offres, dérogation aux règles de l’OPTF (7)...) ;

* généraliser et renforcer le principe d’un bonus pour la participation des citoyens et collectivités territoriales, dans les appels d’offres pour la production d’énergie renouvelable ;

* accorder l’incitation fiscale à l’investissement dans le capital des PME aux sociétés de projets d’énergie renouvelable relevant de l’agrément ESUS8 ;

* faciliter les circuits courts de l’énergie via le maintien de la traçabilité de l’électricité verte et les actions d’autoconsommation collective d’énergie verte ;

* ouvrir l’accès aux données publiques nécessaires à la construction d’un projet.

Doter l’énergie citoyenne et participative des outils nécessaires à son développement

Compte tenu de leurs particularités par rapport aux projets portés par des grandes entreprises, les projets citoyens et participatifs ont besoin d’outils adaptés, en matière de sensibilisation, de financement et d’ingénierie. Ainsi, il convient de réserver une partie des moyens publics dédiés aux renouvelables au profit de ces dynamiques territoriales :

* mener des campagnes régulières de sensibilisation et structurer l’information nécessaire aux porteurs de projets ;

* mettre en place les outils financiers répondant aux différents besoins : fonds d’amorçage, fonds d’investissement et fonds de garantie, en mobilisant des investisseurs institutionnels publics (Banque Publique d’Investissement, Caisse des Dépôts…) et privés d’économie sociale et solidaire (assureurs mutualistes, banques coopératives…) et la finance solidaire ;

* investir dans l’ingénierie de développement des dynamiques citoyennes : renforcer l’offre d’accompagnement à l’échelle territoriale, capitaliser et diffuser les expertises techniques, juridiques, financières, méthodologiques...

Mars 2017

1. Renewable Energy and Jobs, Annual Review 2015, IRENA

2. Agora EnergieWende, 2016

3. The potential of energy citizens in the European Union, CEDelft, 2016

4. Une étude allemande récente montre qu’un parc de 7 éoliennes (21 MW) rapporte 51 M€ de plus au territoire s’il est porté par des acteurs locaux que s’il l’est par des investisseurs externes. (http://bit.ly/2gzyndX)

5. TECV : Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, du 17 août 2015

6. PPE : Programmation pluriannuelle de l’énergie. SRADDET : Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire. PCAET : Plan climat air énergie territorial.

7. OPTF : Offre au public de titres financiers

8. ESUS : Entreprise solidaire d’utilité sociale

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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 12:13

Alors que l'obligation de 20 % de bio dans les assiettes de nos bambins est sans cesse repoussée, des collectifs militent pour la remunicipalisation des cantines. Exemple aux Lilas. Par Marie Barbier le 5 avril pour l’Humanité.

Alors que l'appel d'offre d'Elior arrive à terme fin 2017, c'est le moment de réfléchir à l'avenir des enfants lilasiens, en matière de santé, de pédagogie sur notre dépendance de l'environnement et les conséquences de nos choix sur la planète, d'éducation à la relocalisation... bravo à Pas d’usine on cuisine ! Lire aussi Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre, et De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À l'école élémentaire Olympe-de-Gouges à Bondy (Seine-Saint-Denis), produits locaux, aliments bio des terroirs de France remplissent les estomacs des écoliers. Marta Nascimentao/RÉA

À l'école élémentaire Olympe-de-Gouges à Bondy (Seine-Saint-Denis), produits locaux, aliments bio des terroirs de France remplissent les estomacs des écoliers. Marta Nascimentao/RÉA

L'histoire commence en 2012 par une question innocemment posée dans une réunion scolaire: «Et, sinon, ils mangent quoi nos enfants à la cantine ?» «La maîtresse ne pouvait pas répondre à cette question, se souvient Isabelle Bretegnier, l'une des trois fondatrices du collectif Pas d'usine, on cuisine! On a donc décidé d'aller y manger, pour voir par nous-mêmes.» Aux Lilas, petite ville de banlieue parisienne (Seine-Saint-Denis), la restauration scolaire, privatisée, est gérée par le prestataire Elior, un mastodonte de la restauration collective qui domine le marché avec Sodexo. « Tout baignait dans la sauce, on ne peut pas vraiment dire que le goût flattait le palais », euphémise Isabelle. «Quand on lit les menus envoyés aux parents, on se rend surtout compte qu'Elior est très fort en communication », résume Monica Araujo, autre mère d'élève. Aucune mention, à l'époque, des ingrédients bio ou locaux ; et pour cause, ils sont réduits à la portion congrue.

« La restauration scolaire est un service public »

Depuis cinq ans, le collectif Pas d'usine, on cuisine! a donc mis son nez dans les repas des enfants lilasiens avec un rêve à portée de main: la remunicipalisation de la cantine scolaire. «Il y a fort longtemps, raconte Isabelle Bretegnier, il existait des cantinières. Tout était préparé sur place avec des produits en circuit court. Revenir à une petite cuisine municipale, c'est entrer dans un cercle vertueux avec des repas de qualité, produits localement, sur lesquels les prestataires privés ne font pas de marge.» L'engagement de ces parents s'inscrit dans un mouvement national. «Nous recensons une vingtaine de collectifs partout en France », comptabilise Stéphane Veyrat, fondateur d'Un plus bio, réseau associatif qui fédère les collectivités passées aux cantines bio. Devant ces nouveaux engagements, Un plus bio a même édité un Guide pratique à destination des parents (1). «La remunicipalisation est un investissement de départ qui est vite rentabilisé, rassure Stéphane Veyrat, également auteur du livre Quand les cantines se rebellent (2). Oui, la qualité alimentaire a un prix, mais quand on voit ce qu'on jette quand la bouffe n'est pas bonne et le coût des transports...»

Comme souvent, la loi peine à suivre ces évolutions sociétales. En 2007, le Grenelle de l'environnement avait fixé comme objectif 20 % de produits bio dans les cantines scolaires pour 2012. L'objectif ­ loin d'être atteint avec 3,5 % en 2015 ­ est depuis sans cesse repoussé. Voté en décembre 2016, la loi égalité et citoyenneté prévoyait 40 % d'aliments durables dont 20 % issus de l'agriculture biologique en restauration collective. La mesure devait entrer en vigueur en 2020 mais a été censurée par le Conseil constitutionnel, saisi par « Les Républicains ».

Aux Lilas, la commune s'est fixée comme objectif 20 % de bio d'ici à 2021. Loin des 50 % promis par Grenoble ou Paris. «Il faut être capable de tenir les deux bouts de la chaîne sans exclure les plus pauvres, se défend Lionel Benharous, maire adjoint chargé de l'éducation à la ville des Lilas (PS). Une meilleure qualité, oui, mais pour tout le monde. » La ville sert chaque jour 1 858 repas dans les cantines scolaires, pour un coût qui oscille entre 13 et 15 euros par enfant (repas, locaux, eau, gaz, personnel). Les familles paient entre 30 centimes et 5,10 euros. « Le discours simpliste qui consiste à dire "on ne met pas de bio parce que ça coûte plus cher" ajoute de la misère à la misère, s'agace Amandine Lebreton, directrice du pôle scientifique et technique de la Fondation Nicolas-Hulot. La restauration scolaire est un service public, même les plus pauvres doivent avoir accès à une alimentation de qualité ! »

Dans les cuisines de Rosny-sous-Bois, les salariés d'Elior préparent quelque 9000 repas par jour. Ils ne disposent pas de légumerie, pièce qui permet l'épluchage des légumes. Ces derniers sont donc pré-épluchés et transportés sous-vide. Quant aux repas chauds, ils sont refroidis pour être transportés dans les écoles en liaison froide.

« Une réflexion globale pour économiser sur le gaspillage »

«Aujourd'hui, on ne peut plus cuisiner dans les cantines des écoles, regrette Lisa Tapia, de la FCPE des Lilas. Elles n'existent que pour réchauffer des plats préparés ailleurs. Il faut que les cuisiniers réintègrent les cantines. Avec une cuisine publique, chaque euro dépensé sert pour l'emploi et la qualité, pas pour les dividendes d'Elior.» Dans les cantines municipales, «le personnel ne réchauffe plus des surgelés, il cuisine des produits, confirme Stéphane Veyrat. Il y a moins d'absentéisme, car les gens se sentent utiles ».

Offrir une cantine publique, bio, locale et de qualité sans augmenter les prix, c'est possible, assurent tous les acteurs de terrain. «Les collectivités qui se contentent de remplacer un aliment par le même en bio voient leur prix augmenter, explique Amandine Lebreton, de la Fondation Nicolas-Hulot. Il faut une réflexion globale pour économiser, par exemple, sur le gaspillage. Aujourd'hui, 28 % de ce qui est servi dans la restauration collective est jeté, ça laisse une énorme marge de manœuvre. On peut aussi réduire la part de la viande, qui coûte cher, alors que nous consommons trop de protéines animales.» Cette dernière question fait débat. Aux Lilas, Pas d'usine, on cuisine! a obtenu difficilement l'introduction d'un repas mensuel sans protéine animale. «Il y a des parents qui comptent sur le repas à l'école pour donner de la viande à leurs enfants, explique Lisa Tapia, représentante de la FCPE. Beaucoup sont sceptiques sur le repas végétarien.»

Depuis cinq ans, le collectif lilasien s'est élargi et compte désormais 200 personnes. Parents, grands-parents, mais aussi habitants sans enfants, des Lilas ou d'ailleurs. Ces passionnés multiplient les rencontres avec des experts pour s'enrichir des expériences locales. « On a visité de nombreuses régies qui ont fait le choix d'une alimentation écoresponsable et de qualité », détaille Isabelle Bretegnier. D'après Un plus bio, une quarantaine de collectivités ont fait le choix de passer au bio. De Nantes à Toulouse, en passant par Suresnes et, bien sûr, la pionnière, Barjac, dans le Gard, où la régie est 100 % locale et bio depuis déjà dix ans. « Ce n'est pas simplement une question de manger autrement, explique le maire de ce village cévenol, Édouard Chaulet, dans le documentaire Nos enfants nous accuseront, qui lui est consacré. C'est une question qui retentit dans tout le village, chez les agriculteurs, les commerçants, les artisans, le boulanger, le comportement des familles, des élus... » Pourtant, les oppositions restent fortes. Dans la ville communiste de Vénissieux (Rhône), la modernisation de la régie publique, inaugurée en 1976, pour les crèches, les écoles et les maisons de retraite, pour un budget de 9 millions d'euros, a suscité l'ire de l'opposition, PS et droite réunis, criant à la « gabegie ». « Vos soi-disant économies du moment se transforment en démission politique du lendemain, sur des enjeux aussi sensibles que la santé, l'enfance ou l'école publique », leur a répondu la maire, Michèle Picard.

Aujourd'hui, la ville des Lilas est à un tournant : l'appel d'offres remporté deux fois de suite par Elior se termine fin 2017. « On ne choisit pas de travailler avec Elior, on fixe un cahier des charges auquel ils répondent, explique encore le maire adjoint Lionel Benharous. Mais on cherche à s'en séparer, nous sommes favorables, à moyen terme, à une cuisine centrale municipale. » Une première victoire pour le collectif Pas d'usine, on cuisine !

« Notre plus beau résultat, c'est d'avoir sensibilisé la ville à la question d'une alimentation de qualité, bio et durable par le biais des cantines », souligne sa fondatrice. Il y a un an, la cité a obtenu le label Ecocert de niveau 1 (10 % de bio), une première étape pour le collectif dont le principal défi reste d'obtenir une « augmentation significative du bio ». « C'est fondamental pour la santé de nos enfants, rappelle Isabelle Bretegnier. L'Institut national de la recherche agronomique a démontré que les pesticides sont des perturbateurs endocriniens. Plus de bio dans les cantines, c'est aussi plus de qualité nutritionnelle avec plus d'antioxydants. Sans oublier l'impact positif sur l'économie que pourraient avoir les milliers de repas bio produits localement, en circuit court. »

(1) Téléchargeable gratuitement sur le site www.unplusbio.org

(2) Quand les cantines se rebellent, de Julien Claudel et Stéphane Veyrat (Court Circuit, 9 euros).

Pas d'usine on cuisine, page face book https://www.facebook.com/Pas-dusine-on-cuisine-377940582369854/, adresse pasdusineoncuisine@gmail.com.

 

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L'écologie aux Lilas et au Pré ...

Les maires et élus écologistes ne se résignent pas à laisser l’avenir s’assombrir de jour en jour

Pour une restauration scolaire de qualité, durable, équitable, accessible aux Lilas

Les zadistes de Gonesse ont-ils raison de s’opposer à une gare en plein champ ?

Une nouvelle ZAD près de chez vous

Pour le projet CARMA contre la reprise des travaux de la gare "Triangle de Gonesse"

Les Lilas écologie - en campagne pour gagner

Les Lilas Ecologie en campagne

Le gouvernement abandonne Europacity, pas l’artificialisation des terres agricoles

Il faut stopper EuropaCity - marche citoyenne de Gonesse à Matignon 4 et 5 octobre

Aux Lilas, les citoyens s’unissent pour produire de l’électricité verte

Les promoteurs, les arbres et la cité - lettre ouverte à BNP Paribas

Toxic Tour de Pantin à Romainville dimanche 16 juin 2019

Une Biorégion Ile-de-France résiliente en 2050

Merci aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens qui ont voté " Pour le climat, tout doit changer ! "

Pollution de l’air dans les écoles et crèches franciliennes

Volonté politique de créer une régie publique de l’eau à Est Ensemble, mythe ou réalité ?

À la base … un revenu ?

Balade naturaliste Parcs de la Corniche des Forts et abords de la forêt de Romainville le 9 mars 2019 à 11h

La forêt de Romainville, un enjeu écologique et politique

La Forêt passe à l'attaque !

Plâtre et béton sur la Corniche

Agir ensemble pour les Coquelicots le 7 décembre

Marche pour le climat, Défendons la forêt de la Corniche des Forts

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre

Les amis des coquelicots étaient bienvenus...

Amis des coquelicots, agissons ensemble vendredi 5 octobre à 18H30

La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

Un coup de pouce Vert pour les Électrons solaires ! 

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence - du 10 au 18 mars aux Lilas

En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe...

Le Syctom a organisé une concertation réservée aux sachants – et après ?

Une enquête publique sur le PLU des Lilas… qui change la donne !

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

L’eau publique, c’est maintenant !

L’Ouest de la Seine Saint-Denis se mobilise pour la création d’un service public de l’eau

Romainville : le Syctom lance une concertation préalable pour la modernisation du centre de transfert et de tri des déchets

Que sont ces CSR - Combustibles Solides de Récupération - qu’on veut brûler à Romainville ?

Ces parents qui mijotent une cantine publique

De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À Romainville contre l’incinération

Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre

Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas