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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 10:43

Après la protection renforcée du « Secret des affaires » par la directive européenne votée le 14 avril, communiqué de presse du 21 avril 2016 de 17 organisations de la société civile.

Cliquez ici pour signer la pétition nationale pour la protection des lanceurs d’alerte

Scandale des Panama Papers, choc de l’adoption par le Parlement européen de la directive « secret des affaires », procès d’Antoine Deltour, le lanceur d’alerte à l’origine des LuxLeaks : l’actualité nous démontre une fois encore l’urgence qu’il y a à protéger ceux qui prennent des risques pour renforcer nos démocraties. Il ne faut pas laisser le secret devenir la norme et la liberté l’exception.

Le projet de loi Sapin 2, une opportunité unique de protéger enfin les lanceurs d’alerte

Annoncé depuis 2015 par François Hollande, le projet de loi relatif à la transparence, la prévention de la corruption et la modernisation de la vie politique (dite « Loi Sapin 2 ») devait enfin doter la France d’une législation ambitieuse pour protéger les lanceurs d’alerte.

Si le texte offre une véritable opportunité d’adopter les meilleurs standards internationaux pour lutter contre la corruption, il ne saisit pas, en l’état, l’occasion de protéger véritablement tous les lanceurs d’alerte. Au contraire, il ajoute au millefeuille législatif français, à l’inégalité de traitement des salariés, à l’insécurité juridique et perpétue l’impunité des auteurs de représailles. Encore trop nombreux sont ceux qui se retrouvent isolés et dépourvus de soutien alors qu’ils agissent dans l’intérêt de tous en dévoilant les failles de nos sociétés.

Toutes les organisations signataires appellent les parlementaires à se saisir de l’examen de cette prochaine loi anti-corruption pour accorder enfin un statut global et une protection effective aux lanceurs d’alerte en France. Elles ne manqueront pas de mobiliser le plus grand nombre à travers leur pétition nationale.

Pétition lancée à l’initiative de Powerfoule et Transparency International France, avec le soutien des organisations suivantes : Attac, CCFD Terre Solidaire, CFDT cadres, Greenpeace, Pacte Civique, Pugwash – France, Sherpa, UGICT – CGT, Anticor, Bloom, CFDT, Collectif Roosevelt, Ligue des droits de l’Homme, Plate-forme paradis fiscaux et judiciaires, Réseau Environnement Santé, Survie.

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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 10:25

Alors que le scandale Panama Papers a révélé le besoin de transparence, la directive européenne "Secret des affaires", votée le 14 avril, fait de l'opacité la règle. C'est un recul du droit à l'information des consommateurs, celui des salariés et des lanceurs d'alerte, qui sert les intérêts de quelque grands groupes à l'origine de cette législation.

Par Pascal Durand, Philippe Lamberts et Eva Joly, membres du groupe des Verts au Parlement européen, le 21 avril 2016.

À quelques jours du début des procès d'Antoine Deltour et Edouard Perrin, tous deux poursuivis au Luxembourg pour divulgation de secrets d'affaires - informations à l'origine du LuxLeaks -, après la divulgation du Panama Papers et quelques mois seulement après la révélation de la fraude Volkswagen, le vote au Parlement européen de la directive "Secret des affaires", le 14 avril, constitue une incongruité.

Un texte contre l'intérêt général

La grande coalition européenne, socialistes, libéraux et droite, assistée des eurosceptiques et du Front national, a voté un texte qui, in fine, ne profitera qu'à quelques grands groupes et quelques fraudeurs, au détriment du droit à l'information, du journalisme d'investigation, des salariés, des consommateurs bref, de l'intérêt général.

Officiellement, ce texte a une seule vocation : harmoniser en Europe les règles destinées à protéger les secrets de fabrication et encourager l'innovation des PME, prétendument gênée par une insécurité juridique transfrontalière en matière de secret d'affaires.

Et de nous convaincre de la nécessité pour le pauvre boulanger de préserver de ses concurrents le secret sur la recette originale de fabrication de sa baguette.

Présenté ainsi, qui serait contre ? Malheureusement l'argument passe mal, très mal même.

Le risque du secret généralisé

D'abord parce que si l'on souhaitait, comme cela existe déjà en France, protéger le savoir-faire et les secrets de fabrication d'une concurrence déloyale, il suffisait de l'écrire ainsi et de limiter la directive à cette protection. D'une manière générale, les PME, comme les boulangers, ont tout à gagner à une simplification et une précision des textes.

Mais avec une définition aussi large que possible, permettant d'estampiller à peu près n'importe quelle information sous le sceau du secret des affaires, le risque que tout pourrait être considéré comme secret, sauf ce que l'entreprise a souhaité rendre public, devient réel.

Avec un tel champ, la directive va surtout ouvrir la porte aux interprétations, à l'arbitraire et donc à l'insécurité juridique qu'elle était censée combattre, surtout qu'elle ne traite aucune des questions de vols, piratage ou autre espionnage industriel qui relèvent toutes du droit pénal sous la seule responsabilité des États membres.

Alors de qui ce texte sert-il les intérêts?

Une première réponse se situe dans les entreprises à l'origine de cette législation, bien loin de notre fameux boulanger ou de la PME, il s'agit des DuPont de Nemours, Alstom, Michelin, Air Liquide, Nestlé, General Electric, Intel et AMSC, ainsi que des fédérations qui les ont appuyées : Fédération européenne de la chimie, Fédération internationale des parfumeurs, Business Europe, Fédération européenne des semenciers céréaliers, Europe 500 et la coalition pour le secret des affaires et de l'innovation.

Une seconde réponse se trouve dans la volonté, en pleine négociation du Traité transatlantique, d'aligner sur le nouveau standard américain les législations européennes afin d'éviter à quelques grandes entreprises qui détestent avoir à rendre des comptes à des organisations de consommateurs ou à la presse, d'être trop perturbées à l'avenir.

Et ils y ont réussi, certes mais à quel coût ?

Celui d'entraîner un recul de la transparence, du droit à l'information des consommateurs, celui des salariés et des lanceurs d'alerte.

L'opacité est désormais la règle, la transparence l'exception. Et ces exceptions sont très encadrées, bien plus que la définition du secret d'affaires. Il s'agit d'un texte où les inconvénients priment largement sur les avantages et seul désormais son adossement à une directive de défense des lanceurs d'alerte, salariés ou non, en limitera la nocivité. Les écologistes européens s'y emploieront activement dans les semaines qui viennent et nous espérons qu'un consensus apparaîtra autour de nos propositions.

Pascal Durand, Eurodéputé Europe Écologie-Les Verts, membre du Groupe des Verts au Parlement européen ;

Philippe Lamberts, Eurodéputé Ecolo (Belgique), co-président du Groupe des Verts au Parlement européen ;

Eva Joly, Eurodéputée Europe Écologie-Les Verts, membre du Groupe des Verts au Parlement européen.

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16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 11:38

Un communiqué commun #StopTradeSecrets du jeudi 14 avril 2016 - signataires ci-dessous.

Le parlement européen a adopté aujourd’hui [1], jeudi 14 avril, la directive sur le secret des affaires. Cette directive, censée protéger les entreprises contre l’espionnage industriel, a été élaborée en toute opacité par la commission européenne, à la demande et avec l’aide considérable de quelques multinationales françaises et américaines [2]. Elle introduit une nouvelle définition, le secret des affaires, aux contours tellement larges que toute information interne à l’entreprise peut potentiellement en faire partie. Surtout, la directive permet aux entreprises de poursuivre tous ceux, journalistes, syndicalistes, lanceurs d’alertes ou salariés utilisant leurs informations acquises sur leur lieu de travail, qui révèleraient un secret d’affaire. Les exceptions supposées protéger les libertés sont très insuffisantes : leur adaptation en droit national variera en fonction des Etats, et il reviendra au juge de faire la part des choses entre la protection de ces libertés d'une part, et la défense des intérêts économiques d'autre part. La charge de la preuve est inversée : Les entreprises devront seulement prouver qu’elles n’ont pas autorisé l’obtention, l’usage ou la publication du secret d’affaire concerné tandis que les citoyens devront démontrer au juge qu’ils ont agi de façon compatible avec une des exceptions prévues. La simple perspective des poursuites sera une intimidation permanente pour tous les enquêteurs ou lanceurs d’alerte potentiels, sans parler de l’effet au quotidien sur la mobilité des salariés et de la possibilité d’accéder à des informations d’intérêt général sur la toxicité des produits sur le marché.

Plus de 270 000 citoyens avaient pourtant appelé les eurodéputés à rejeter cette directive en deux semaines dans une pétition [3], ainsi qu’une coalition européenne de 54 ONG et organisations syndicales.

Au lendemain de l’affaire Panama Papers, et à la veille du procès d’Antoine Deltour et d’Edouard Perrin au Luxembourg, c’est un texte protégeant les lanceurs d’alertes et imposant la transparence aux multinationales que le parlement européen aurait dû adopter. Au contraire, avec cette directive, le parlement européen a l'inconscience de créer un nouveau droit à l’opacité pour les multinationales et fragilise encore les contre-pouvoirs. 

Manifestement, les eurodéputés n’ont pas compris les enjeux et les dangers du texte qui leur était soumis. Ce vote, intervenu au pas de charge le lendemain d'un débat expédié en moins d'une heure dans un hémicycle quasi vide, interroge le fonctionnement démocratique de l’Europe et la capacité de ses institutions à défendre l’intérêt général. C’est un triste jour pour ce qu'on pouvait encore espérer de la démocratie européenne. Il y a urgence à ce que les citoyens européens reprennent le pouvoir qui leur est confisqué. Gageons que si ces institutions européennes-là ne les défendent pas, ils leur reprendront bientôt cette prérogative. Ce vote fait reculer les libertés mais notre combat ne s’arrête pas. Nous continuerons à mener campagne à tous les niveaux contre cette directive. Dans le cadre de sa transposition par les Etats membres, comme dans celui de la jurisprudence européenne. Ce que les institutions européennes ont fait, elles peuvent le défaire, et comme dit l’adage populaire, « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ».

 

Liste des membres de la coalition européenne

Anticor, Association Européenne pour la Défense des droits de l'Homme, ATTAC Spain, ATTAC France, Asociación Libre de Abogadas y Abogados, Centre national de coopération au développement CNCD-11.11.11, Correctiv.org, Germany, BUKO Pharma-Kampagne, CCFD-Terre Solidaire, CFDT Journalistes, CGT Ingénieurs, Cadres et Techniciens (UGICT-CGT), Collectif Europe et Médicament, Collectif de journalistes “Informer n'est pas un délit”, Comité de soutien à Antoine Deltour, Commons Network, Corporate Europe Observatory, Courage Foundation, Deutsche Gewerkschaftsbund (DGB, Confédération des Syndicats allemands), Ecologistas en Acción, EcoNexus, European Network of Scientists for Social and Environmental Responsibility (ENSSER), European Public Health Alliance, Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Fondation Sciences Citoyennes, Force Ouvrière-Cadres, Genewatch, GMWatch, Health Action International, Health and Trade Network, Inf'OGM, Institut Veblen, International Society of Drug Bulletins, La Quadrature du Net, Les économistes atterrés, Ligue des Droits de l'Homme, Observatoire Citoyen pour la Transparence Financière Internationale (OCTFI), OGM Dangers, Peuples Solidaires, Nordic Cochrane Centre, Pesticides Action Network Europe (PAN-Europe), Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires, Public Concern At Work, Solidaires, SumOfUs, Syndicat des Avocats de France (SAF), Syndicat National des Chercheurs Scientifiques (SNCS – FSU), Syndicat National des Journalistes (SNJ), Syndicat National des Journalistes CGT (SNJ-CGT), Syndicat des journalistes CFDT, Syndicat de la Magistrature, Tax Justice Network, Transparency International France, WeMove.eu, Whistleblower-Netzwerk e.V., Germany, Xnet


[1]Les votes étaient les suivants: gauche (GUE) contre, Verts contre, Socialistes pour (moins peut-être certains courageux), les libéraux (ALDE) seraient divisés, les conservateurs (PPE) pour, les Conservateurs et Réformistes (ECR, essentiellement les conservateurs britanniques) pour à quelques exceptions, le groupe « libertés et démocratie directe » (EFDD – mouvement 5 étoiles italien et indépendantistes britanniques), contre, et le groupe « Europe des Nations et des Libertés » (EFN – Front National français et alliés), pour.

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15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 12:57

Par Pierre Le Hir pour Le Monde le 13 avril 2016

« C’est un tabou qui tombe », se félicitait la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, lors de l’examen parlementaire du projet de loi de transition énergétique pour la croissance verte, promulguée en août 2015. Elle parlait de la toute-puissance de la filière nucléaire dans le modèle énergétique français, qu’aucun gouvernement n’avait osé écorner. Dans son article 1er, la loi prévoit en effet de « réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % [contre 77 % en 2014] à l’horizon 2025 ».
Un engagement solennel pris par François Hollande avant son élection. « Vous êtes pour le tout-nucléaire, vous en avez parfaitement le droit ; certains sont pour la sortie du nucléaire, ils en ont le droit aussi. Moi, je suis pour une position équilibrée parce que je pense que c’est la plus intelligente », avait-il lancé à Nicolas Sarkozy lors du débat télévisé de l’entre-deux tours de la présidentielle, en 2012.
Mais les tabous ont la vie dure. Au pied du mur, le gouvernement tergiverse. Suscitant l’incompréhension et la défiance des associations environnementales, qui l’accusent de renoncer à une vraie transition énergétique.
Avec sa loi de croissance verte, la France s’est pourtant fixé un cap ambitieux : quatre fois moins d’émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990, deux fois moins d’énergie consommée au milieu du siècle, moins 30 % de fossiles en 2030 et 32 % de renouvelables à la même échéance. Le tout assorti, donc, d’une réduction d’un tiers du poids de l’atome, en 2025, dans le bouquet électrique. Ces objectifs, complémentaires, doivent être mis en musique par une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont la loi précise que, « fixée par décret, elle établit les priorités d’action des pouvoirs publics ». La première PPE devrait couvrir deux périodes, 2016-2018 et 2019-2023.
Or, huit mois après l’adoption de ce texte, dont le chef de l’Etat avait fait l’un des « grands chantiers du quinquennat », force est de s’interroger sur les « priorités d’action » de l’exécutif. La PPE était attendue fin 2015. Repoussée de mois en mois, elle devait être présentée, début mars, à un comité de suivi, lequel a été ajourné sine die. Et voici que Mme Royal vient de décider de soumettre au Conseil supérieur de l’énergie, vendredi 15 avril, un « arrêté relatif à la programmation des capacités de production d’énergie renouvelable » qui fait l’impasse sur le nucléaire.

La centrale de Cattenom (Moselle)

Sécuriser les énergies renouvelables

« J’ai choisi de procéder en deux temps, en avançant d’abord sur les renouvelables, explique au Monde la ministre. C’est une façon de sécuriser leur développement, en le rendant indépendant du volet nucléaire, plus compliqué à traiter et conflictuel. Les filières renouvelables ont besoin de visibilité.. Si leur sort était lié à celui du nucléaire, les professionnels pourraient craindre que tout soit remis en cause en cas d’alternance politique. » En procédant de la sorte, elle va pouvoir « lancer les appels d’offres pour les différentes filières, fixer les tarifs de rachat de l’électricité et accélérer la transition énergétique ». L’éolien terrestre doit monter fortement en puissance, en passant d’une capacité installée de 9,3 gigawatts (GW) en 2014 à 22 ou 23 GW en 2023, de même que le solaire photovoltaïque, qui doit grimper de 5,4 GW à 18 ou 22 GW.
Ce mécanisme à double détente pose toutefois deux problèmes. D’abord, il s’affranchit pour l’instant de la PPE, c’est-à-dire du fil rouge de la loi. L’arrêté ministériel sur les renouvelables, sur lequel le Conseil supérieur de l’énergie doit rendre un avis d’ici à la fin avril, pour une publication au Journal officiel en mai, va simplement modifier les programmations pluriannuelles des investissements (PPI) de production d’électricité et de chaleur de 2009. Un dispositif qui, comme son nom l’indique, ne porte que sur les investissements et non pas sur l’ensemble de la politique énergétique.
Ensuite, passer sous silence la question du nucléaire a pour conséquence, aux yeux des ONG, de fragiliser les filières alternatives, au contraire de ce qu’avance la ministre. « On ne peut pas sécuriser les renouvelables sans garantir, dans le même temps, qu’on va leur faire de la place sur le marché et sur le réseau, analyse Cyrille Cormier, chargé des questions énergétiques à Greenpeace. La France et l’Europe sont en surcapacité de production électrique, si bien que ces filières ne pourront pas progresser sans une baisse effective du nucléaire, donc sans fermeture de réacteurs. » Les atermoiements du gouvernement s’expliquent, selon lui, par « une difficulté à choisir entre la transition énergétique et l’exportation du nucléaire français, qui nécessite de conserver une vitrine nationale, un parc, des équipes et un savoir-faire ».

« Commencer par les renouvelables ne doit pas servir de prétexte pour enterrer le volet nucléaire. Sur ce point, les ONG ont raison », concède Mme Royal, qui « espère rendre publique rapidement » une PPE complète, sans plus de précision sur le calendrier. « Il y aura des réacteurs prolongés et des réacteurs fermés, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) », annonce-t-elle simplement. Une autre option permettrait même de réduire le poids de l’atome sans toucher au parc installé, en « diminuant la production des centrales ». Mais, précise la ministre, aucun arbitrage ne sera rendu avant 2019 : « C’est dans la seconde période de la PPE, entre 2019 et 2023, qu’il va falloir prendre des décisions, avec l’ASN. »

Ségolène Royal marche sur un prototype de route solaire à Marseille le 21 mars 2016

L’exécutif se défausse sur les gouvernements futurs

De fait, la série des quatrièmes visites décennales – les inspections approfondies qui décideront de l’aptitude des chaudières nucléaires à rester en activité au-delà de quarante ans – ne débutera qu’en 2019, avec l’unité de Tricastin 1 (Drôme et Vaucluse).
Pour autant, la Cour des comptes estime, dans son dernier rapport annuel, que baisser la part de l’atome à 50 % du bouquet électrique revient à arrêter « de 17 à 20 réacteurs » sur les 58 que compte l’Hexagone. Ce qui, en bonne programmation, exigerait de planifier et d’étaler les fermetures. Au lieu de quoi l’exécutif se défausse, de facto, sur les gouvernements futurs. Le seul acte posé au cours du quinquennat sera un décret, « avant l’été » promet Mme Royal, abrogeant l’autorisation de fonctionnement de Fessenheim, même si la centrale alsacienne ne s’arrêtera que fin 2018, lors de la mise en service prévue de l’EPR de Flamanville (Manche).
Cette dérobade n’étonne guère Hervé Mariton, député (Les Républicains) de la Drôme et co-auteur d’un rapport sur le coût de la fermeture anticipée des réacteurs nucléaires. « Depuis le début, on nage en pleine hypocrisie avec une loi de transition énergétique qui est perçue par beaucoup parlementaires, membres du gouvernement, industriels comme n’ayant pas vocation à être appliquée, commente-t-il. La preuve en est qu’EDF ou Areva n’intègrent pas d’évolution majeure du parc nucléaire dans leurs calculs financiers. On est dans un jeu de rôles, de feinte systématique du gouvernement. Sur le nucléaire, la transition énergétique réside dans la PPE, le reste n’est que du baratin. » Tout aussi sévère, l’ex-ministre de l’environnement Corinne Lepage, présidente du mouvement Le Rassemblement Citoyen-Cap 21, juge que « sur le nucléaire, le bilan de Mme Royal est égal à zéro ».
A quelques jours de la cérémonie de signature, le 22 avril à New York, de l’accord de Paris sur le climat, pour lequel la France veut s’afficher en moteur de la transition énergétique, les associations environnementales s’étranglent. « Signer l’accord de Paris sans avoir rendu publique une PPE qui transcrive les objectifs de la loi serait comme faire un chèque en bois. Le gouvernement ne peut pas se permettre de rester dans un flou qui pénalise les filières d’avenir, que ce soit l’efficacité énergétique ou les énergies renouvelables », estime Anne Bringault, du Réseau action climat et du Réseau pour la transition énergétique.
France nature environnement exprime elle aussi son inquiétude : « Si la France veut tenir à l’international son rang acquis avec l’accord de Paris, cela passe nécessairement par la mise en œuvre de la loi de transition énergétique et l’exemplarité de l’État », prévient son président, Denis L’Hostis. Ajoutant : « Aujourd’hui, nous pouvons en douter. »

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 19:12
L'île d'El Hierro aux Canaries bataille pour une énergie 100% verte à base de vent et d'eau

Valverde (Espagne), le 13 avril 2016, AFP/http://www.romandie.com/news/Lile-dEl-Hierro-aux-Canaries-bataille-pour-une-energie-100-verte-a-base-de-vent-et-/694089.rom

El Hierro, petite île de l'Atlantique au large de l'Afrique, dans l'archipel des Canaries, se bat depuis deux ans pour devenir autosuffisante en électricité verte produite grâce au vent et à l'eau, un défi qui intéresse des chercheurs du monde entier.
Réserve de la biosphère de l'Unesco, El Hierro est le plus petit îlot de l'archipel espagnol, un territoire volcanique de 269 km2 aux falaises écorchées où alternent pinèdes et champs d'ananas. On y fait aussi du vin et l'endroit est un paradis pour les randonneurs et les amateurs de plongée sous-marine en raison d'un climat subtropical et d'une faune très riche.
Mais si la date du 15 février est à marquer d'une pierre blanche pour cet île isolée, difficilement accessible avec sa piste d'aéroport coincée entre mer et montagne, c'est parce que sa centrale hydro-éolienne a produit pendant plus de 24 heures toute l'électricité nécessaire aux 7.000 habitants, une première.
Depuis son inauguration en juin 2014, la centrale de Gorona del Viento a évité le rejet d'environ 9.000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Elle associe cinq éoliennes plantées sur une colline, d'une capacité totale de 11,5 MW, et deux bassins de rétention d'eau séparés par 650 mètres de dénivelé, avec des turbines hydrauliques d'une puissance de 11,32 MW.
Quand le vent tombe, l'eau est relâchée du bassin supérieur vers le bassin inférieur et les turbines prennent le relais. La centrale assure aussi le fonctionnement des usines de dessalement d'eau de mer, vitales sur une île.
Cette combinaison unique de l'éolien et de l'hydraulique est très prometteuse car elle offre une solution au problème de l'intermittence des énergies renouvelables, commente Joëlle Noailly, de l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève.
D'autres îles européennes comme Samso au Danemark ou Eigg en Ecosse tentent elles aussi le pari d'une énergie 100% renouvelable, mais leurs installations ne combinent pas l'éolien et l'hydraulique.
Et tandis que Samso a pu être approvisionnée en électricité depuis le continent par un câble sous-marin, l'île d'El Hierro, beaucoup plus éloignée en mer, rêve depuis trente ans de s'affranchir de sa dépendance au diesel, apporté par bateau depuis l'île Tenerife à près de 300 km de là, après un long voyage dans l'Atlantique.
« Avoir une souveraineté énergétique absolue (...) dans un territoire isolé est essentiel », commente Tomas Padron, ex-président du cabildo - l'autorité insulaire - et père du projet.

Convaincre
Lors de la mise en service de Gorona del Viento, l'ambition était de couvrir 100% de la demande d'électricité en quelques mois. Plus long à réaliser que prévu. Aujourd'hui, la moyenne est d'environ 50% et la centrale sort de la phase de rodage, admet son PDG Juan Pedro Sanchez.
Une belle performance en seulement deux ans, juge-t-on à Bruxelles: l'expérience est positive et prometteuse, estime Ioannis Kougias, scientifique du Centre de recherche de la Commission européenne, alors que l'objectif européen est de parvenir à avoir 20% d'énergies propres d'ici 2020 dans l'UE.
Des difficultés restent à surmonter à El Hierro. Il faut convaincre REE, le gestionnaire du réseau électrique qu'il peut fonctionner avec 100% d'énergie verte sur de longues périodes, alors que sa priorité est qu'il n'y ait pas de panne, relève le PDG Juan Pedro Sanchez.
Il faudrait aussi augmenter la capacité des réservoirs d'eau pour pouvoir produire de l'électricité verte sans interruption toute l'année, dit-il. Or les installations ont coûté 80 millions d'euros et la construction d'un nouveau bassin n'est pas prévue pour l'instant.

Modèle viable
Le projet n'en suscite pas moins un énorme intérêt, surtout dans les îles. Leurs 600 millions d'habitants dans le monde, selon l'ONU, sont directement menacés par le réchauffement climatique, en partie provoqué par l'utilisation des énergies fossiles.
Des représentants des Seychelles, d'Indonésie, du Japon ou encore d'Aruba aux Caraïbes ont déjà visité El Hierro.
Mais pas seulement. Venu de San Francisco aux Etats-Unis, Xavier Verdaguer fait partie d'une groupe d'une dizaine de jeunes entrepreneurs très attentifs aux explications du guide. Ils prennent en photos des tuyaux, des turbines, des réservoirs d'eau à flanc de colline... On voit comment fonctionne un projet novateur, s'enthousiasme ce quadragénaire.
Pour Emmanuelle Taïbi, de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, le modèle est viable et peut être copié à condition d'avoir du vent et une colline ou une falaise pour le dénivelé.
« La Gorona a déjà permis d'économiser 2.850 tonnes de fioul, selon l'entreprise d'électricité Endesa, co-actionnaire de la centrale avec l'autorité insulaire. Soit 1,2 million d'euros qui serviront à financer d'autres projets sur l'île », assure la présidente du cabildo Belén Allende.
Les retombées financières pour la population sont pour l'instant peu visibles. La facture d'électricité est restée la même, déplore Claudia Barrera, une secrétaire au chômage de 32 ans, pendant son petit-déjeuner dans une cafétéria du bourg de Valverde.

Attirer scientifiques et touristes
El Hierro, peu visitée, veut profiter de son image d'île cultivant l'énergie 100% renouvelable pour attirer scientifiques et touristes. Depuis le début des travaux de la centrale en 2009, plus de mille personnes par an ont visité l'installation.
Ce sont autant de gens qui mangent, louent une voiture, un appartement ou une chambre (...), tout cela génère de la richesse, bienvenue quand le taux de chômage sur l'archipel avoisine les 27%, se réjouit Amos Lutzardo, président du centre d'initiatives et de tourisme.
A long terme, le cabildo rêve d'une île propre, grâce à un parc automobile tout électrique d'ici 2020, de l'agriculture biologique, son usine de biodiesel déjà ouverte et une gestion plus intelligente de la consommation d'électricité.
La Gorona, c'est la colonne vertébrale de notre modèle de viabilité, assure la présidente de l'autorité insulaire.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 14:43
Professeur feuillage, le YouTubeur tout cru qui fait aimer l’écologie

Créées en septembre 2014, Les Chroniques écologiques du Professeur Feuillage vulgarisent avec humour les enjeux environnementaux de notre temps. En 18 mois et 6 épisodes, il comptabilise pas moins de 36 000 abonnés sur sa chaîne Youtube, 750 000 vues et vient d'intégrer IRL, la nouvelle plateforme web de programmes courts lancée par France TV Nouvelles Écritures avec 12 nouveaux épisodes co-produits par France TV nouvelles écritures et Pardon my french. Rencontre avec Mathieu Duméry, alias Professeur Feuillage.

Bonjour Mathieu Duméry, votre personnage est à la fois critique, cynique, didactique, ludique et provocateur mais vos propos s'appuient sur un vrai travail journalistique. Comment vous sont venues à l'idée ces chroniques ?

La première fois que j’ai pensé à faire Les Chroniques Ecologiques c’était en 2010. Il y avait quelque chose autour de la médiatisation de l’écologie qui me foutait systématiquement le bourdon. Ce mode de communication consistant à faire peur aux gens avec des vidéos anxiogènes part d’un bon sentiment mais force est de constater que ça n’impacte pas positivement les personnes dans leur prise de décision ni dans leurs actes. Si même-moi, sensibilisé à la cause environnementale, j’avais envie de fermer les yeux sur ces messages, qu’en était-il de celui ou celle qui restait à convertir ? Alors j’ai pensé qu’à défaut d’intéresser les gens à la problématique écolo, on pouvait les faire marrer un peu, avec comme prétexte l’information militante. Quatre ans plus tard, la géniale équipe du Professeur Feuillage tournait le premier épisode dans un squat du XXe.

Voir ci-dessous le premier épisode :

Le Professeur Feuillage est accompagné de sa jeune thésarde Sophie Shemalenko, vous utilisez schémas, maquettes, cartes mais aussi enquêtes de terrain en tout genre... Votre univers est loufoque et votre langage parfois grivoix et irrévérencieux... Le moins qu'on puisse dire est que cela permet de traiter de sujets préoccupants avec légèreté. Quel regard portez-vous sur la sensibilisation à l'écologie aujourd'hui ?

J’ai beaucoup d’interrogations à ce sujet. Je la trouve molle cette sensibilisation. Selon moi, l’urgence c’est d’intégrer les enfants et les ados à nos réflexions. Ce sont eux qui vont vraiment subir les modifications climatiques entre autres problèmes. Multiplier par quatre le budget de l’éducation nationale serait un bon début. Arrêter de leur mettre des tablettes entre les mains, dès l’école primaire, sous le regard bienveillant des institutions scolaires, former les profs, faire des stages de ramassage des déchets sur les plages et au bord des cours d’eau pour qu’ils puissent engueuler leurs parents qui jettent leurs mégots par la fenêtre de la voiture et les rendre acteurs et responsables du monde dans lequel ils vont vivre. C’est beau non… Seulement, en vrai, lorsque je regarde les ados qui passent dans ma rue, que j’écoute leurs discussions, leur centre d’intérêt je me demande s’il est possible qu’ils se passionnent plus pour l’eau, les forêts, les animaux que pour la mode vestimentaire ou leur smartphone ?

Pour sensibiliser, il faut impérativement susciter l’intérêt. Pour cela, arrêtons de rendre marginaux les modes de vie alternatifs, de rendre contraignante la décroissance, de vendre le bio deux fois plus cher. Faisons passer des lois contre la télé-réalité et autres conneries qui ont affecté les cerveaux de toute une génération.

Ci-dessous épisode en lien avec l'actualité, l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles :

Vous abordez les questions aussi diverses que les gaz de schistes, les OGM, la surpêche, la disparition des abeilles, la déforestation, le réchauffement climatique, ou autre en alliant pédagogie et humour... est-ce ce qui manque aujourd'hui ?

C’est presque Pavlovien… À moins que vous ne soyez masochistes, si je vous raconte que 2+2=4 en vous faisant marrer, vous le retiendrez mieux que si je vous mets des coups de poing dans le ventre et peut-être aurez-vous plus volontiers envie de le partager avec autrui. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas comment on peut maintenir un système pédagogique consistant à ce que nos gosses restent le cul vissé sur une chaise pendant des heures dans leurs salles de classe à écouter sans agir, toucher, bouger, sentir ou rigoler. C’est sans doute pour les habituer à ce qu’ils continueront de faire jusqu’à la retraite.

Êtes-vous convaincu du besoin de changer nos habitudes depuis longtemps ?

Le mot écolo est finalement assez récent. Tout humain est écolo par essence parce que personne ne souhaite voir son habitat se dégrader. Ensuite, il y a ceux qui ignorent l’impact de leur mode de vie sur la planète, ceux qui en ont conscience mais qui ne changent pas grand-chose et ceux qui agissent pour améliorer les choses. Si l’écolo est celui qui agit alors, je ne suis écolo que depuis 3 ans… mais un passionné de nature depuis toujours.

Ci-dessous l'épisode sur le retour du loup :

Et votre communauté de fans ? Quels retours vous font-ils ? Changent-ils leurs habitudes ?

Les réseaux de partages des chroniques sont alimentés et consultés par des gens qui sont déjà sensibilisés et actifs dans la défense de l’environnement. Je ne pense pas que dans ce cadre, nous changions grand-chose. Au mieux on va faire marrer les écolos avec nos blagues grivoises. Notre but réel n’est pas de mettre du sirop d’humour dans le verre des écolos mais bien de mettre du sirop d’écologie dans le verre du geek qui sera venu pour se marrer. Sinon, ça reviendrait simplement à prêcher des convaincus.

La plupart des internautes sont bienveillants. Ils n’hésitent pas à nous corriger, nous suggérer des thématiques futures ou faire éclore des débats endiablés dans les commentaires des vidéos sur Youtube ou Facebook. L’écologie est un sport de combat. C’est tellement récent et actuel que tout le monde à son idée sur tel ou tel problème. Une petite part de « haters » nous insulte aussi dans les com. C’est le jeu du web, nous sommes des proies exposées et donc faciles.

Ceci étant, on ne change pas le monde depuis son canapé derrière son ordinateur. Agir, ce n’est pas seulement signer une pétition AVAAZ ou mettre un "like" à une vidéo militante. En ce sens, internet est un outil de savoir mais également souvent, d’inertie.

Quelles sont les lectures actuelles du professeur feuillage ?

Le Professeur Feuillage n’est pas un grand lecteur hormis sur le temps de préparation des chroniques. « MERDE… » C’est le nom du livre que je lis actuellement. Un petit bijou de l’épidémiologiste canadien David Walter-Toews. Ça parle de l’importance des matières fécales pour la biodiversité, la santé, l’agriculture… Instructif, drôle, bref… C’est génial MERDE !!!

Episode sur la COP21, qui s'est déroulée à Paris en décembre 2015 :

Si le professeur devait évaluer la société dans laquelle il évolue actuellement, quel serait le résultat ?

Je ne me permettrais pas de noter la société dans laquelle j’évolue. Soyons indulgents, nous ne sommes que des mammifères qui essayent et se plantent sans cesse. Ceci dit, comme certains, j’attends la révolution : une classe politique obsolète et irresponsable vote nos lois, des industriels se gavent comme jamais au détriment d’un peuple de travailleurs socialement mis sur la touche. Notre agriculture nous empoisonne à l’instar de ceux qui fabriquent nos médicaments. Le pouvoir d’achat demeure la priorité de la majorité des français, il n’y plus une rivière dont on peut boire l’eau en France, le génocide animal se perpétue chaque jour pour remplir nos insatiables appétits, on refuse d’accueillir des pauvres gens qui fuit la fureur guerrière au prétextes que « passé ce trait c’est chez nous », certains vénèrent des footballeurs d’une bêtise crasse, d’autres déifient Steve Jobs... Alors, bon, je me dis qu’avec un ciel noir comme ça, ce serait bien le diable qu’on n’ait pas un bel orage pour fertiliser de nouveaux nos cerveaux de mammifères bipèdes… J’attends que ça pète !

Anne-Sophie Novel

Retrouvez les chroniques du professeur feuillage sur YouTube

Auteurs : Mathieu Duméry, Lénie Cherino et Hadrien Genest
Réalisateur : Christian Boisliveau, Hadrien Genest (saison 1)
Interprètes : Lénie Cherino & Mathieu Dumery
Une coproduction : FranceTV nouvelles écritures et Pardon my French

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7 avril 2016 4 07 /04 /avril /2016 13:28

Par Rémi Barroux pour Le Monde le 5 avril 2016 sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/05/notre-dame-des-landes-le-desaveu-des-experts_4896064_3244.html#wELsAZJMrkxlvD1W.99

L'aéroport Nantes-Atlantique, le 17 mars

C’est un carton rouge ou, à tout le moins, un éclairage nouveau sur le projet de construction du nouvel aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes. Et qui pourrait remettre en question le transfert de l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique vers ce petit bourg situé dans le bocage, à une quinzaine de kilomètres au nord de l’agglomération nantaise.

Dans un rapport très complet de plus d’une centaine de pages, rendu public mardi 5 avril, les trois inspecteurs généraux des ponts, des eaux et des forêts, missionnés par la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, le 13 janvier, retiennent deux possibilités : agrandir l’actuelle plate-forme aéroportuaire ou garder le site de Notre-Dame-des-Landes pour le nouvel aéroport, mais en en diminuant la surface et, de fait, l’impact environnemental. Sans préconiser un abandon, ils rejettent l’actuel projet, défendu par le gouvernement et le chef de l’Etat – François Hollande avait expliqué, le 11 février, qu’il s’agissait d’« un grand projet d’aéroport pour tout l’Ouest, engagé depuis des années » –, le jugeant « surdimensionné ».

« L’agrandissement et la rénovation des installations actuelles de Nantes-Atlantique permettraient d’accompagner la croissance du trafic. Les questions de bruit resteraient très prégnantes, précisent Pierre Caussade, Nicolas Forray et Michel Massoni. Le projet de nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes apparaît surdimensionné. Une redéfinition du projet avec une seule piste de 2 900 m de long et 45 m de large – au lieu des deux pistes de 3600 m  de long dont une de 60m de large – ré »pondrait aux besoins au-delà de 9 millions de passagers, permettant de réduire les coûts et les impacts environnementaux et fonciers.

Selon les calculs des inspecteurs, le recalibrage du projet de Notre-Dame-des-Landes permettrait de diminuer son emprise de 200 hectares, sur les 1650 que compte aujourd’hui la zone d’aménagement prévue.

Pour Ségolène Royal, la mission répond bien à la question posée : « Y a-t-il un projet alternatif ? » « C’est un très bon rapport, incontestable, qui desserre l’étau du tout ou rien, qui dit qu’on peut recalibrer le projet et que l’aménagement de l’aéroport actuel n’est pas non plus impossible », a expliqué au Monde la ministre de l’environnement. Les trois inspecteurs soulignent cependant qu’ils n’ont eu que deux mois pour accomplir leur mission. Durant ce laps de temps limité, ils ont repris l’ensemble des études et documents produits par les porteurs du projet et les opposants et auditionné tous les protagonistes.

Mme Royal, qui n’a jamais caché ses doutes sur la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, vieux de plus de cinquante ans et dont la déclaration d’utilité publique remonte à bientôt dix ans, a apliqué une méthode déjà éprouvée lors de la contestation du barrage de Sivens, dans le Tarn. Alors que le conflit s’était dramatiquement soldé par la mort d’un jeune manifestant, Rémi Fraisse, tué par les gendarmes lors d’une manifestation des opposants le 26 octobre, la ministre avait lancé une mission d’expertise qui avait proposé de redimensionner la « retenue d’eau », en la réduisant fortement et en la positionnant ailleurs.

« politique de vérité »

Une méthode clairement revendiquée aujourd’hui – un des trois inspecteurs, Nicolas Forray, a d’ailleurs travaillé sur l’expertise à Sivens. « J’ai réglé le problème de Sivens en pratiquant une politique de vérité, affirme Ségolène Royal. Il faut écouter, ne pas brutaliser les gens, établir la vérité des faits et des informations, etv arrive le moment où on met les choses sur la table, et il faut choisir. »

Le rapport, de fait, ne tranche pas, mais apporte de nouveaux éléments en ouvrant la voie à un possible réaménagement de Nantes-Atlantique, confirmant aussi le choix du site de Notre-Dame-des-Landes, « un compromis acceptable malgré les difficultés à ne pas sous-estimer ». De quoi satisfaire, espère la ministre, les deux camps, violemment opposés.

D’un côté, quelques deux cents anti-aéroport qui occupent la ZAD depuis près de 7 ans, forts du soutien de plusieurs dizaines de milliers de personnes, prêtes à rejoindre la bocage au moindre risque d’intervention policière. De l’autre, les collectivités territoriales, région, département, ville de Nantes, au Parti socialiste comme chez Les Républicains, qui ne cessent de réclamer le démarrage du chantier – annoncé par Manuel Valls pour l’automne – et, surtout, l’évacuation de la zone occupée.

« Le rapport ouvre une autre problématique, et tout le monde peut y trouver motif de satisfaction. Il devra être versé au débat. Et si les gens sont raisonnables, et en recherche d’une solution, cela peut débloquer la situation », espère Mme Royal.

Mais à la question qui devrait être posée aux électeurs du département de Loire-Atlantique, lors du référendum – « Êtes-vous favorable au transfert de l’aéroport vers Notre-Dame –de-Landes ? » chaque camp trouvera dans le rapport matière à alimenter ses thèses.

Première hypothèse, le réaménagement de l’actuel aéroport. Il faudrait rénover la piste et agrandir l’aérogare, prévoir la mise en silo des parkings, allonger la ligne de tramway qui s’arrête à quelques kilomètres de l’aéroport, ou encore mettre en place de nouveaux instruments de guidage qui permettraient de modifier les procédures actuelles pour les mouvements d’avions. Les inspecteurs soulignent, au passage, que la mise en conformité de ces procédures devra être posée, car « indépendamment de l’option retenue, il est maintenant évident que l’exploitation de Nantes-Atlantique se poursuivra bien au-delà de l’échéance de fin 2017, prévue dans le contrat de concession ».

« À partir de l’estimation de la direction générale de l’aviation civile, l’ordre de grandeur des coûts d’investissement correspondant à l’horizon « 7 millions de passagers [en 2015, le trafic était de 4,4 millions] a été évalué à 300 millions d’euros TTC, compte non tenu des conséquences financières des travaux sur l’exploitation de l’aéroport [l’activité de celui-ci pourrait être interrompue durant la réfection de la piste par exemple]. »

Polémique sur les coûts

Deuxième hypothèse, la construction d’un nouvel aéroport. Le choix de Notre-Dame-des-Landes est, bien sûr, passé au crible par les auteurs du rapport, qui regrettent que le cahier des charges initial – un aéroport international destiné à accueillir « les avions gros-porteurs des lignes intercontinentales » - n’ait pas été réévalué au fil du temps. Le projet a été conçu dans les années 1960, notamment dans la perspective d’accueillir le Concorde.

Néanmoins, la mission valide « l’utilité économique du projet » en le revoyant à la baisse. La suppression d’une piste pourrait se traduire par une réduction de 10% des coûts de ce chantier, estimé à 364 millions d’euros dans le dossier de concession. Un coût largement réévalué depuis. Les opposants au transfert évoquent, eux, un différentiel bien plus important entre les deux projets, si l’on prend en compte, notamment, la construction d’infrastructures de transport nécessaires à la desserte du nouvel aéroport : « Conserver et rénover Nantes-Atlantique coûtera huit à dix fois moins cher que de construire à Notre-Dame-des-Landes. »

Le transfert vers Notre-Dame-des-Landes signifierait-il la fin des activités aéroportuaires à Nantes-Atlantique ? Alors que l’hypothèse d’un maintien de la piste pour l’usine Airbus, en bordure du terrain, est fréquemment évoquée, la mission suggère la fermeture de la plate-forme aéroportuaire. Les inspecteurs suggèrent d’étudier d’autres scénarios, comme le transport des éléments d’avion par barge sur la Loire jusqu’à l’autre complexe d’Airbus à Saint-Nazaire, ou l’utilisation de convois routiers exceptionnels.

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Avis des experts désavouant le projet Notre-Dame-des-Landes : la France doit abandonner ce projet dépassé et inutile

Communiqué d’Europe Écologie Les Verts le 5 avril 2016

Après l’avis unanimement négatif rendu par le Conseil National de la Transition Energétique sur le projet de consultation, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes soutenu par le gouvernement vient d’essuyer un nouveau désaveu : les experts mandatés par la ministre de l’Environnement le jugent « disproportionné ».

Conçu dans les années 1960, notamment dans la perspective d’accueillir le Concorde, ce projet est daté, coûteux et représente un non-sens écologique. Il est inenvisageable que des terres agricoles et des zones humides d’une biodiversité inestimable soient sacrifiées pour un aéroport inutile. Si l’accord de la COP 21 doit signifier quelque chose, le Président de la République François Hollande doit abandonner officiellement ce projet aberrant afin d’envoyer un signal fort de la France au reste du monde sur la cause environnementale et climatique.

Ce rapport d’experts vient également conforter l’alternative proposée depuis des années par les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à savoir l’optimisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique, option qui préserve les terres agricoles et la biodiversité.

En l’état et après ce rapport, la consultation citoyenne projetée par le Président de la République devient obsolète. La priorité devrait être la remise à plat du dossier.

Les écologistes continueront d’appuyer la mobilisation populaire et pacifique contre un projet absurde, symbole et symptôme du monde d’hier et de tous les grands projets inutiles et imposés.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux.

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1 avril 2016 5 01 /04 /avril /2016 12:45

Par Thomas Poupeau pour Le Parisien le mercredi 30 Mars 2016

EuropaCity, projet mêlant 230 000 m2 de commerces, espaces culturels et loisirs, prévu à Gonesse (Val-d’Oise), prévoit la création de 11 500 emplois... ce que réfute une étude commandée par la ville voisine du Blanc-Mesnil. (DR.)

A qui va profiter EuropaCity, pharaonique centre commercial prévu d’ici quelques années à Gonesse (Val-d’Oise), en frontière de la Seine-Saint-Denis ? Pas à ses riverains, selon une étude commandée par la ville du Blanc-Mesnil.

« Nous avons voulu sortir du débat politique et nous appuyer sur des chiffres, qui démontrent clairement que les promesses faites par EuropaCity ne seront pas tenues », résume Vijay Monany, conseiller départemental (LR). Dans son viseur : les 17 500 emplois engendrés par le chantier et le site lui-même, dont 11 500 pérennes, promis par EuropaCity. Le document de 60 pages, dont les chiffres ont été collectés par le cabinet Lafayette & associés, va être versé au débat public, procédure officielle de concertation qui dure jusqu’en juin. Porté par le groupe Auchan, qui investit 3,1 Mds€, EuropaCity prévoit 230 000 m2 de commerces, des espaces culturels et de loisirs.

Des métiers déjà en tension. C’est le principal enseignement : les emplois promis présentent, pour la plupart, de « fortes difficultés de recrutement dans la région ». Par exemple, selon l’étude, dans le secteur de l’est du Val-d’Oise, les employeurs ont rencontré des difficultés à embaucher des artistes (musiciens, danseurs...), des jardiniers, des vendeurs en produits alimentaires... dans plus de la moitié des cas. Idem au centre de la Seine-Saint-Denis, où les patrons galèrent dans 77,9 % des cas pour trouver des artistes, dans 97,9% des cas en cherchant des cuisiniers et 73,9% des cas pour recruter des agents de maintenance... A l’ouest du 93, il est compliqué dans 100% des cas de recruter dans les métiers de « maîtrise des magasins » (animateur, chef de rayon ou grossiste) ! Cette étude conclut que l’arrivée du géant « n’entraînerait pas de création mais un déplacement géographique des emplois ».

Un parc à neige pourrait voir le jour sur EuropaCity (DR)

Des clients venus d’ailleurs ? Si les futurs employés ne sont pas les riverains, cette étude veut montrer que les clients ne le seront pas non plus. Pouvoir d’achat trop faible, selon le document. Qui indique, par exemple, que 24,6% des habitants de Gonesse (Val-d’Oise) vivent sous le seuil de pauvreté, ce chiffre grimpant à 25,1% à Aulnay. Par ailleurs, dans la plupart des villes situées aux abords du triangle de Gonesse, le taux de chômage est particulièrement élevé... Conclusion : « Ce projet n’est pas en adéquation avec les revenus faibles et le fort taux de pauvreté des habitants des villes voisines ».

Plus de 30 millions de visiteurs sont attendus chaque année à EuropaCity. (DR)

Quid des autres centres ? L’étude soulève aussi la présence, dans un rayon de 20 km, d’autres gros centres commerciaux, tous dotés d’au moins 150 boutiques et d’une surface de plus de 80 000 m2 : Rosny 2 (Rosny-sous-Bois), O’Parinor (Aulnay), Qwartz (Villeneuve-la-Garenne), Aéroville (Tremblay)... Ce dernier, ouvert en 2013, vise d’ailleurs la même clientèle qu’EuropaCity, à savoir les « touristes transitant par l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ». Une « clientèle qu’Aéroville n’a toujours pas réussi à attirer plus de 2 ans après son ouverture », précise l’étude. Selon ses derniers chiffres, Aéroville a attiré 8,5 millions de visiteurs en 2015... encore loin des 12 millions espérés chaque année.

Contacté, EuropaCity n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette étude qu’ils n’ont pas encore consultée.

Les gros groupes privés s’organisent contre EuropaCity

Le centre commercial O’Parinor, situé à Aulnay, pourrait souffrir de l’arrivée d’EuropaCity à quelques kilomètres de là. (DR)

En privé, ils l’appellent la « task force », comme les commandos militaires dédiés aux contre-attaques rapides. Plusieurs gros groupes privés, promoteurs de centres commerciaux du nord de Paris, avaient rendez-vous jeudi dernier en mairie d’Aulnay-sous-Bois.

Parmi eux : Unibail, la Compagnie de Phalsbourg, Carrefour, Hammerson, Klépierre, la direction d’O’Parinor, la galerie commerçante d’Aulnay... Des élus de Paris, terres d’envol*, le territoire frontalier avec le Val-d’Oise, présidé par Bruno Beschizza (LR), étaient présents. L’idée : mettre tout le monde autour de la table pour organiser la résistance au projet EuropaCity. Car celui-ci, avec ses 230 000 m2 de commerces, risque fortement de perturber les affaires des centres commerciaux des alentours, propriétés des groupes cités plus haut.

Rapidement, ils vont mobiliser leurs services pour enquêter sur les effets négatifs d’EuropaCity, notamment sur l’emploi, et exposer ces résultats lors du débat public — procédure officielle de concertation publique qui dure jusqu’en juin. Enfin, raison de plus pour les acteurs privés de s’organiser : le soutien tacite de l’Etat au projet. Récemment, il a été décidé que la future gare du Grand-Paris Express du triangle de Gonesse (Val-d’Oise), qui desservira le futur site, serait un des « hubs » (pôle de transport) principaux du Grand Paris.

*Dugny, Le Bourget, Drancy, Tremblay-en-France, Sevran, Villepinte, Blanc-Mesnil, Aulnay

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30 mars 2016 3 30 /03 /mars /2016 16:42

Le Monde.fr avec AFP, le 29 mars 2016

La carte de l'USGS, qui indique tous les séismes, naturels et résultant de la fracturation, survenus entre 1980 et 2015 dont la magnitude était égale ou supérieure à 2,5 sur l’échelle ouverte de Richter.

Environ sept millions de personnes vivent dans des régions du centre et de l’est des États-Unis où la fracturation hydraulique peut causer des secousses telluriques risquant d’endommager les constructions, selon un rapport de l’Institut américain de géophysique (USGS – United States Geological Survey) publié lundi 28 mars. L’Oklahoma, le Kansas, le Texas, le Colorado, le Nouveau-Mexique et l’Arkansas sont, dans l’ordre, les plus exposés. L’Oklahoma et le Texas abritent la population la plus importante exposée à ce risque.

Dans certains endroits, des destructions peuvent être provoquées à la fois par des séismes naturels et par des activités de fracturation. Cette technique consiste à extraire pétrole et gaz naturel par injection d’eau à haute pression dans des puits très profonds, sous les nappes phréatiques. Dans ces régions, le risque de tremblement de terre toutes causes confondues est similaire à celui de séisme naturel en Californie – qui est très élevé.

« Secousses puissantes »

« Le fait d’inclure les secousses telluriques résultant d’activités humaines a fortement accru dans notre évaluation le risque dans plusieurs parties des États-Unis », a souligné Mark Petersen, responsable de la cartographie sismique à l’USGS. C’est la première fois que l’USGS publie une carte des risques sismiques résultant de la fracturation hydraulique. Auparavant, seuls les risques de tremblement de terre naturel étaient concernés par ses prévisions.

Lire aussi :   Primaires américaines : le gaz de schiste, fracture entre Bernie Sanders et Hillary Clinton

« Au cours des cinq dernières années, l’USGS a rapporté des secousses puissantes et des dégâts dans des endroits situés dans les six États les plus à risques, et ces tremblements de terre ont résulté pour la plupart d’activités de fracturation », a précisé Mark Petersen. Les scientifiques ont identifié 21 endroits ayant connu ces dernières années un accroissement des séismes provoqués par la fracturation.

Leur carte montre tous les séismes, naturels et résultants de la fracturation, survenus entre 1980 et 2015 dans le centre et l’est des États-Unis, et dont la magnitude était égale ou supérieure à 2,5 sur l’échelle ouverte de Richter.

Lire aussi :   Le gaz de schiste américain débarque en Europe

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29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 14:39

par Jade Lindgaard pour Mediapart le 26 mars 2016

C’est l’un des plus gros projets d’aménagement en Île-de France : un méga centre commercial et de loisirs entre les aéroports de Roissy et du Bourget. La construction d’un palais de la consommation peut-elle sauver une banlieue pauvre du chômage ? C’est ce que promet le groupe Auchan, avec le soutien de l’État, malgré les engagements de la COP21. 

C’est une bataille de chiffres, de superficie aménagée, de volume d’investissements, de création d’emplois. Une course à la rentabilisation de l’hectare de terre sur l’une des dernières vastes zones non construites de la petite couronne.
C’est surtout la guerre de deux récits : la construction d’un palais de la consommation et du divertissement peut-elle sauver une banlieue pauvre du chômage et du stigmate social ou va-t-elle détruire le cadre de vie de ses riverains et aggraver irréversiblement le dérèglement climatique ? C’est ce conflit d’interprétations que doit éclairer
le débat public qui vient de s’ouvrir sur un giga projet, à la notoriété modeste, sans doute plus pour très longtemps : EuropaCity.

Pendant le débat public à Gonesse, le 17 mars 2016. ©Yann Guillotin

Le géant de la distribution Auchan veut ouvrir en 2024 un gigantesque centre commercial (230 000 m2) doublé d’un parc d’attractions, d’une piscine sous bulle et d’une station de ski sur neige artificielle à l’est du Val-d’Oise, entre Gonesse, Roissy et Aulnay-sous-Bois. Porté par Alliages et Territoires, filiale d'Immochan, branche immobilière du géant de la grande distribution, le projet « EuropaCity » est hors normes : plus de 3 milliards d’euros de dépenses envisagées, 800 000 m2 de constructions sur 80 hectares, 30 millions de visiteurs espérés (le double de Disneyland Paris en 2013, pourtant première destination touristique privée en Europe aujourd’hui). Selon la maquette du futur site, conçue par l’agence BIG – auteure du nouveau « campus » de Google à Mountain View et d’une tour sur l’ancien site du World Trade Center de New York –, il ressemblerait à une soucoupe spatiale molle sortant de terre, recouverte d’humus, de plantations et de panneaux photovoltaïques.
Plus que les Center Parcs dont il semble s’inspirer, les parcs à thèmes ou les galeries marchandes qui essaiment autour de la capitale, EuropaCity affiche une ambition anthropologique : donner corps à « une nouvelle conception du temps libre » et porter une « utopie urbaine ». Pas seulement un alignement de boutiques, d’aires de jeux et de salles de spectacles mais « la nouvelle destination de loisir du Grand Paris », la volonté d’incarner la « société du temps libre » et « l’économie expérientielle », selon son directeur, Christophe Dalstein. Car d’après le groupe Auchan, « la dernière révolution de la consommation est aussi celle du temps libre ». Autrefois, les révolutionnaires voulaient prendre le Palais d’Hiver. Aujourd’hui, les grands aménageurs veulent construire un palais du divertissement au nom de l’utopie des loisirs.

Vue aérienne d'EuropaCity, extraite du dossier du maître d'ouvrage.

Selon ses promoteurs, EuropaCity devrait aussi héberger un cirque, une halle culturelle, des magasins collaboratifs, des hôtels, des espaces de coworking, un fablab géant, du pair à pair, une recyclerie. Dans Play, son magazine promotionnel, on peut lire des interviews de Jean Blaise, le fondateur du Festival des Allumés de Nantes et du Lieu unique à Nantes, de Diana Filippova, l’une des coordinatrices de OuiShare, de Stéphane Distinguin, membre du Conseil national du numérique et ancien président de La Cantine, et du designer Erwan Bouroullec. « On va fabriquer un laboratoire à partir duquel on retiendra et extraira des formes, des codes, des valeurs qui vont ensuite servir pour le commerce du XXIe siècle. Comme lieu de laboratoire, c’est passionnant », y explique le sociologue Jean Viard. Au total, l’espace promis à la culture ne représenterait qu’un cinquième de tout ce qui est prévu pour le commerce, mais selon David Leblon, directeur du développement d’EuropaCity : « 50 000 m2 d’équipement culturel, c’est l’équivalent de Beaubourg. Ce n’est pas du saupoudrage. » Si bien que pour Jean-Pierre Blazy, maire PS de Gonesse, grand soutien d’EuropaCity, « pour moi, le cœur, c’est le projet culturel. Il peut faire du triangle de Gonesse, considéré comme répulsif, un endroit où on va comme on va au Grand Palais ». Le projet dépend de la mise en place de la future ligne 17 du Grand Paris Express, qui doit relier les villes de banlieue franciliennes. Pour Auchan, EuropaCity n'est pas un lieu de villégiature, c'est « un quartier » à vivre.

Dominique et Robin Plet, agriculteurs sur le triangle de Gonesse. ©Yann Guillotin

Tiré entre les aéroports de Roissy et du Bourget, le triangle de Gonesse, où veut se construire EuropaCity, est un territoire particulier. Près de 700 hectares s’y étendent, inconstructibles à cause du plan d’exposition au bruit des deux aérogares. Dix-sept agriculteurs y cultivent blé, maïs, colza et betteraves en régime intensif. Axa possède une partie des parcelles. « Quand le vent vient du sud, on sent le kérosène » des avions, explique Dominique Plet, exploitant aujourd’hui à la retraite.
Au loin, les plus hauts monuments de Paris se dessinent sur la ligne d’horizon. EuropaCity en a fait un argument publicitaire : le parc d’attractions avec vue sur la tour Eiffel. Tout autour, des centres commerciaux à la pelle : O’Parinor à Aulnay-sous-Bois, Aéroville (avec le multiplex EuropaCorp de Luc Besson) entre Roissy et Tremblay, My Place à Sarcelles. Et au sud, la friche industrielle de PSA : c’est ce qu’il reste de l’usine d’Aulnay, fermée en 2013. Elle s’étend sur 180 hectares, plus du double de ce que projette d’occuper EuropaCity, qui n’a pourtant pas choisi de s’y installer. Au nord du triangle, un golf est en construction sur 90 hectares, un centre d’affaires est en projet (l’International trade center), une gare du Grand Paris Express est prévue et une ZAC est en cours d’aménagement. Sarcelles, Villiers-le-Bel, Le Blanc-Mesnil : les villes environnantes sont pauvres et leurs habitants parmi les plus démunis d’Île-de-France. À Gonesse, le taux de chômage atteint 16,7 %, le taux de pauvreté 25 %, selon l’Insee. 23 % des jeunes du Val-d’Oise entre 18 et 21 ans cherchent un travail. Dans ce contexte, la promesse d’EuropaCity de créer 4 200 emplois pour sa construction et 11 800 emplois en phase d’exploitation résonne comme un coup de tonnerre.

« Un privé veut proposer trois milliards d’euros et on refuserait ? »

Ce choc de cultures, de moyens et d’attentes s’est manifesté lors de la première soirée du débat public sur le méga projet d’Auchan, jeudi 17 mars à Gonesse. À la tombée du jour, quelques dizaines de personnes commencent à faire la queue devant la salle de spectacles Jacques-Brel. Elles seront près de 500 en tout à suivre la réunion. À l’entrée, les vigiles cherchent des banderoles et des gaz lacrymogènes dans les sacs. Le maître d’ouvrage craint les perturbations d’opposants. C’est un tout autre spectacle qui va se dérouler pendant près de 3 h 30. Après une première salve de critiques sur les modalités du débat par plusieurs militants, les habitants et élus locaux ont plébiscité EuropaCity.

   Pendant le débat public à Gonesse, le 17 mars 2016. ©Yann Guillotin

« On ne peut pas faire la fine bouche devant un tel investissement », considère une conseillère municipale. « C’est une chance extraordinaire », déclare le président de Roissy entreprises. Pour le président d’une amicale sarcelloise : « C’est un projet grandiose. Ça va changer l’image de notre région. Ou on avance, ou on dort. » Un étudiant : « C’est une chance pour les jeunes, pour l’emploi et la formation à l’emploi. Quand on veut emmener les enfants au musée, il faut un car. Là, on aura un musée à côté de chez nous. » Un lycéen, membre du conseil municipal des jeunes, se moque de la moyenne d’âge supposée des opposants qui ont pris la parole, la plupart aux cheveux blancs, « pas concernés par ce projet car c'est un projet d’avenir ». Un autre lycéen s’affirme « totalement pour ce projet ». Une femme : « J’habite à Gonesse, je travaille à Roissy. Gonesse doit vivre. EuropaCity va apporter du travail. »

Un homme, le cou ceint d’une écharpe rouge : « C’est un projet d’avenir, il faut donner de l’espérance, créer des emplois. »Le maire d’Arnouville, commune proche : « Un privé veut proposer trois milliards d’euros et on refuserait ? C’est un suicide collectif. S’il n’y avait pas eu le Stade de France, il n’y aurait pas la Plaine Saint-Denis. Ça va changer notre secteur. On ne dira plus : “l’est du Val-d’Oise”, mais : “je vais à EuropaCity”. » Il est très applaudi. Un élu de Gonesse ajoute : « Il ne faut pas laisser passer cette chance. » Les applaudissements redoublent. « Bravo ! » Un membre du conseil citoyen de Sarcelles tempère l’ardeur qui semble s’étendre dans la salle : « J’invite les élus à arrêter les applications où on peut créer des villes en deux jours… Si ça ouvre en 2024, et que les travaux démarrent en 2018, faut commencer tout de suite les formations de maçon et en langues étrangères. Quand on sait le temps qu’il faut pour remplacer un prof de français. Je suppose que tout le monde à Sarcelles et à Gonesse est polyglotte. Mais est-ce que ce sont les bonnes langues ? »
Parmi les élus, les voix critiques sont rares. Et forment un ensemble pour le moins hétéroclite, du maire (LR) d’Aulnay, Bruno Beschizza, au président du groupe EELV à la région Île-de-France, Mounir Satouri, en passant par le conseiller à la culture de Marine Le Pen, Karim Ouchikh, ancien adjoint socialiste du maire de Gonesse, qui prend deux fois la parole contre « un projet scandaleux d’un point de vue économique et détestable d’un point de vue écologique »
La séance ne peut avoir valeur de sondage. Impossible de jauger la représentativité des intervenants. Plusieurs jeunes orateurs saluent cordialement l’édile en fin de réunion. Des habitants disent s’être déplacés à l’invitation de la mairie. L’influence de la municipalité est manifeste. Dans les rues de Gonesse, une affiche annonçant le débat public proclame : « Ouverture du débat public : pour construire ensemble EuropaCity. » De quelque origine qu’ils soient, les habitants ont exprimé l’envie de croire aux promesses d’Auchan, à sa vision du développement et à la force de son argent.

En face, les écologistes ont beau dénoncer la destruction de terres agricoles – parmi les plus fertiles d’Île-de-France –, le bilan carbone catastrophique d’EuropaCity et l’incertitude du nombre d’emplois réellement créés, ils cassent l’ambiance avec leurs chiffres froids et leur contre-expertise terre-à-terre. Les dirigeants d’Auchan quittent la salle tout sourire. Bernard Loup, du collectif pour le triangle de Gonesse, opposé au projet, explique que « sur la place publique, on ne se fait pas jeter par les habitants. On n’est pas à contre-courant de la population mais elle ne se mobilise pas ».

Christophe Dalstein, directeur d'EuropaCity, pendant le débat public à Gonesse. ©Yann Guillotin

Son fils, Robin, 22 ans, aurait voulu reprendre la ferme familiale. « Le problème, c’est qu’une entreprise doit s’agrandir. Ça va remettre en cause nos activités. » C’est le seul jeune agriculteur à travailler les parcelles. Les autres approchent de la retraite et se motivent peu contre le projet d’aménagement. « Les gens sont plutôt contre, ils disent que c’est une connerie de faire ça, mais ils s’en foutent. » Selon Dominique Plet : « Ici, la terre est extraordinaire. Elle garde l’humidité. Quand on fait du maïs, on n’a pas besoin d’arroser. Elle est profonde, facile à travailler. Il n’y a pas de cailloux. »

Quinze réunions publiques sont prévues jusqu’à fin juin. Le maître d'ouvrage doit annoncer sa décision finale en novembre. Le débat public n’est pas décisionnaire. La commission qui l’anime ne rendra pas d’avis mais livrera un compte-rendu des opinions exprimées.

Ce processus obligatoire de démocratie environnementale doit conduire le maître d’ouvrage à justifier son projet et inciter les citoyens à l’interroger. Mais les moyens ne pourraient pas être plus inégaux entre d’un côté, le groupe Auchan (54 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015), ses lobbyistes et ses obligés, allié au chinois Dalian Wanda, leader mondial des exploitants de salles de cinéma, et de l’autre, les opposants qui n’ont pour eux que leur expertise personnelle, leur temps libre et leur travail bénévole. Le dossier du maître d'ouvrage distribué aux participants du débat est imprimé sur un épais papier glacé, et fourmille de visuels spectaculaires anticipant le futur site.
Ce rapport de force inégal est accentué par le rôle de la puissance publique, qui soutient ouvertement le projet de centre commercial. Quand il était ministre des affaires étrangères et du tourisme,
Laurent Fabius a défendu EuropaCity, « un projet majeur ». Jeudi soir à Gonesse, tout le monde se connaît, tout le monde se tutoie. Christian Leyrit, président de la commission nationale du débat public, est l’ancien préfet du Val-d’Oise. Son successeur, Yannick Blanc, est présent. Il présente EuropaCity comme « un projet exceptionnel, innovant et audacieux ». Et explique que « la décision est prise d’urbaniser le triangle de Gonesse et de densifier cette région. C’est une action volontaire de l’État ». Pour le président du conseil départemental du Val-d’Oise, Arnaud Bazin, « trois schémas directeurs régionaux ont ouvert l’urbanisation du triangle de Gonesse. C’est un coup parti ». Les corridors aéroportuaires de Francfort, Kuala Lumpur, Denver… sont tous urbanisés, explique-t-il. « Je sais bien qu’en France, on ne peut rien faire comme tout le monde, mais… » Premier vice-président de la région Île-de-France, Jérôme Chartier annonce que « la région ne reviendra pas sur la nature urbanisable du triangle de Gonesse ». Pour Auchan, Christophe Dalstein, le directeur d’EuropaCity, leur renvoie la balle : « Nous ne serions pas venus si cette décision d’urbaniser n’avait pas été prise. Il y a une chaîne de responsabilités. Cette
opération d’aménagement est en cours, qu’EuropaCity se fasse ou pas. »

Signature de l'accord de partenariat entre Immochan et Daiwan Wanda, en présence de Jean-François Carenco, préfet de la région Île-de-France. (©EuropaCity)

Lors d’une autre réunion publique sur le Grand Paris, le préfet de région, Jean-François Carenco, se lâche : « Le soutien du gouvernement est fort à ce projet » (voir ici à partir de 45'46, des opposants en ont fait un montage). Il reconnaît que « ça mange de la terre agricole, mais il vaut mieux qu’elle soit mangée par ça que par autre chose ». Et glisse en passant : « Je croyais qu’il y avait trop d’agriculteurs, on m’a dit, mais bon… » À ses yeux, l’enjeu c’est « l’attractivité de la France au niveau international. Ça fait des milliards d’investissement ». Il ajoute que « c’est la société française qui est en cause dans ce projet-là ». Une phrase qui rappelle celle d’André Vallini, secrétaire d’État à la réforme territoriale : « Pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports, des barrages, des autoroutes, des lignes de TGV, des équipements de tourisme. »
Cet entremêlement d’intérêts privés et publics laisse perplexe Dominique Plet, agriculteur sur le triangle de Gonesse, désormais retraité. « Comment peut-on être exproprié, pourquoi est-ce d’utilité publique alors que ce sont des intérêts privés ? Pour des chemins de fer ou une route, je comprends. Mais pour faire un cirque et des boutiques, je ne comprends pas. » Il dit que sa famille cultive ces terres depuis cinq générations. « C’est un scandale de faire ça. Quand Citroën est venu construire son usine, ils ont promis des milliers d’emplois. Regardez, il ne reste plus rien. »
Le schéma directeur régional demande de conserver 400 hectares de terres agricoles sur la zone. Mais
pour l’Autorité environnementale, la préservation des espaces agricoles « n’est pas garantie », alors que l’aménagement de la ZAC va détruire 210 hectares « de sols de très grande valeur agronomique ». Les experts s’inquiètent : EuropaCity « génère des émissions nouvelles de gaz à effet de serre particulièrement fortes, qui ne semblent pas a priori cohérentes avec l’objectif national de leur réduction ». Ils doutent également des promesses d’Auchan d’autoproduire son énergie à 100 % propre. Selon eux, « les besoins en froid et en électricité ne pourront être couverts qu’au mieux aux deux tiers par une production renouvelable » sur le triangle de Gonesse.
Les Plet reçoivent sur leur champ jeudi après-midi, quelques heures avant la séance du débat public. Leur voix est couverte en partie par le bruit des voitures qui foncent sur la quatre voies, en contrebas. Le regard du père balaie les terres qui commencent à brunir dans les prémices du crépuscule. « Vous auriez dû venir hier. Il y avait des lièvres partout. Une cinquantaine au moins. C’est la saison des amours. »

Les prochaines dates du débat public sur EuropaCity : https://europacity.debatpublic.fr/calendrier-du-debat

et surtout Donner votre avis sur https://europacity.debatpublic.fr/

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