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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 11:53

Le ministre de l'agriculture incite les députés, dans une lettre, à ne pas voter l'interdiction des néonicotinoïdes

par Audrey Garric, et Martine Valo pour Le Monde le mercredi 16 mars 2016.

C'est un nouveau signe de l'âpre bataille qui se joue, dans les sphères politiques et scientifiques, sur le dossier des pesticides. Du mardi 15 au jeudi 17 mars, l'Assemblée nationale examine en deuxième lecture le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, qui comporte un article consacré aux néonicotinoïdes. Cette famille d'insecticides est reconnue nocive pour les insectes pollinisateurs et, plus généralement, pour l'environnement et la santé. Le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a mis tout son poids dans la balance.

Mais à la différence de la quinzaine d'organisations d'apiculteurs et de défenseurs de la biodiversité qui ont appelé à un rassemblement devant le Palais-Bourbon mardi matin, ce n'est pas pour convaincre les parlementaires d'en finir avec ces " insecticides tueurs d'abeilles ", comme les qualifient les ONG. Au contraire, le ministre s'est adressé aux députés lundi, dans une lettre argumentée, pour les inciter à ne pas se prononcer en faveur d'une interdiction simple et totale. La missive, datée du 11 mars et que Le Monde s'est procurée, s'apparente à un procédé pour le moins inhabituel.

La disposition sur les néonicotinoïdes, qui s'inscrit dans l'article 51 du projet de loi, a connu nombre de tribulations avant d'être finalement réintroduite par la commission du développement durable de l'Assemblée le 9 mars, à l'initiative d'une soixantaine de députés écologistes et socialistes. Le texte indique que l'utilisation de l'ensemble de cette famille d'insecticides sera interdite à partir du 1er janvier 2017, pour tous les usages et toutes les cultures, y compris les semences enrobées avec ces produits.

Neurotoxicité prouvée

C'est peu dire que cette version du texte suscite débats et tensions entre les parlementaires et au sein du gouvernement. Pas moins de 45 amendements ont été déposés depuis une semaine en faveur de la suppression ou de la modification de l'article. Le vote en séance plénière est loin d'être acquis. Si l'Assemblée avait déjà adopté en première lecture, en mars 2015, une interdiction des néonicotinoïdes, l'amendement avait été introduit à la surprise générale, de sorte que tous les députés n'étaient pas présents.

Les sénateurs sont ensuite revenus sur cette mesure, en janvier. Ils lui ont préféré une proposition bien plus floue : ils souhaitaient s'en remettre au ministère de l'agriculture pour déterminer, plus tard, leurs « conditions d'utilisation » en tenant compte des « conséquences sur la production agricole ». Depuis, 224 députés et 64 sénateurs ont rallié l'appel en faveur d'une interdiction totale, déposé en juin 2015 par trois députés socialistes, Delphine Batho, Gérard Bapt et Jean-Paul Chanteguet.

Dans sa lettre de près de quatre pages, Stéphane Le Foll défend longuement sa propre " action volontariste " contre les néonicotinoïdes. Il reconnaît la neurotoxicité, prouvée, des sept molécules de cette catégorie de pesticides qui donnent lieu à la commercialisation d'une centaine de produits aux appellations différentes, largement utilisés dans l'Union européenne (UE). Mais s'empresse de donner des gages : " Je suis favorable à réduire encore le risque d'exposition des colonies [d'abeilles] ", écrit-il.

Pour autant, l'action de son ministère vis-à-vis de ces produits chimiques « ne peut se faire en créant des distorsions entre les agriculteurs français et le reste des agriculteurs européens », assure-t-il. La position des représentants du monde agricole transparaît là jusque dans le vocabulaire employé par le ministre, soucieux de préserver les paysans, particulièrement en cette nouvelle période de crise. Conclusion : la politique française « doit se conduire au bon niveau, au niveau européen ».

En mai 2013, M. Le Foll avait demandé et obtenu une suspension des néonicotinoïdes durant deux ans, le temps que l'UE en évalue à nouveau les effets sur la biodiversité. Mais cette interdiction n'est que très partielle : non seulement elle ne porte que sur trois substances – le thiaméthoxame, la clothianidine et l'imidaclopride –, mais elle ne concerne que certaines cultures. Des céréales d'hiver, des arbres fruitiers, des légumes, de la vigne, des rosiers et plantes d'intérieur continuent à être traités… Il existe bien certaines limites, en fonction des périodes de floraison, seulement les études scientifiques ont désormais montré à quel point les néonicotinoïdes persistent longtemps dans l'environnement. Ils peuvent se retrouver dans les sols, voire dans les fleurs sauvages autour des parcelles cultivées, deux ans après leur première utilisation.

Vis-à-vis de Bruxelles, Paris alterne exigences fortes et manque de soutien sur ce dossier. Stéphane Le Foll continue de demander publiquement à la Commission européenne de faire procéder à des évaluations supplémentaires sur la toxicité de ces substances qui déstabilisent les abeilles, les privant notamment de leurs points de repère.

Secret absolu

Mais contrairement à Ségolène Royal, son homologue à l'environnement, qui veut élargir les restrictions européennes, et à la Commission, qui voudrait elle-même édicter des règles plus sévères pour l'homologation de ces produits, le ministre ne se montre pas pressé de prendre des décisions radicales dans les campagnes françaises tant que les Vingt-Huit ne seront pas prêts à basculer tous ensemble dans l'aprèsnéonicotinoïdes.

En attendant, rien n'est dit des quantités de néonicotinoïdes vendues en France. M. Le Foll indique simplement qu'elles ont baissé de " 3 % à 4 % en moyenne " entre 2011 et 2014.

Quels sont les tonnages ? Qu'en est-il de l'évolution entre 2013 et 2014, une année où l'usage des pesticides a fait un bond inédit de plus de 9 % en France ? Ces données continuent de relever du secret absolu.

Malgré l'échec reconnu du plan Ecophyto, destiné à réduire de 50 % d'ici à 2025 l'utilisation des produits phytosanitaires, Stéphane Le Foll se veut convaincant. « La solution qui consisterait à interdire tous les usages de produits contenant des néonicotinoïdes en France pourrait se traduire, en fait, par un recul dans la politique que mène le gouvernement pour protéger pollinisateurs, domestiques et sauvages », argumente-t-il. Car il faudrait alors avoir recours à « des voies alternatives qui ne présentent aucune garantie supplémentaire pour les pollinisateurs, bien au contraire ».

La coalition d'apiculteurs et d'ONG qui manifestait devant l'Assemblée nationale s'inscrit en faux contre cet argument issu des rangs de l'agriculture. " Il n'existe pas de famille de pesticides plus toxiques pour les abeilles en exposition chronique que les néonicotinoïdes ", rétorquent en chœur les opposants aux néo-nicotinoïdes.

" Je ne peux pas me résoudre à –reporter l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes dont on connaît les effets dévastateurs, abonde la députée écologiste Laurence Abeille (EELV, Val-de-Marne). Le ministre se dit convaincu de la nécessité de transformer l'agriculture ; l'action parlementaire sur ce sujet peut, à mon avis, lui manifester un soutien déterminant pour contrebalancer le poids du lobby de l'agrochimie. "

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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 16:56

Un Communiqué de presse de Europe Écologie Les Verts Pays de la Loire et Bretagne, ses parlementaires et l’ensemble des élu-e-s écologistes et citoyens, le 15 mars 2016

Alors que le Président de la République affirme vouloir trouver une sortie de crise, le Premier ministre confirme ce matin les rumeurs de ces derniers jours et annonce l’organisation d’une consultation sur le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes dans le seul département de la Loire-Atlantique, d’ici fin juin.
Une telle consultation circonscrite à ce département, alors que le projet impacte un périmètre beaucoup plus large, serait tout simplement une mascarade et ne ferait qu’enliser encore plus le dossier.
Par ailleurs, nous rappelons que les recours juridiques sont encore en instance, que la France est sous le coup d’une procédure d’infraction engagée par la Commission européenne, et que la ministre de l’Environnement Ségolène Royal a mandaté une mission pour étudier les alternatives au transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. La consultation ne pouvant se substituer à la justice et à la mission de contrôle de la Commission européenne, l'organiser avant l’aboutissement des procédures en cours serait réellement insensé.

Pour conclure, ni le périmètre ni la date annoncées par le Premier ministre ne garantissent les conditions de sérénité de la consultation. Loin d’une sortie de crise, le chef du Gouvernement joue avec le feu, est-ce avec l’aval du Président de la République ?

 

 

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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 12:29

Par Simon Roger le 12 mars 2016 pour Le Monde, http://www.lemonde.fr/cop21/article/2016/03/12/cop21-le-casse-tete-de-la-ratification-de-l-accord-de-paris_4881745_4527432.html#ZyRCW79Dw5HEd23j.99

Devant le conseil de l’environnement de l’Union européenne (UE), le 4 mars à Bruxelles, la présidente de la COP21, Ségolène Royal, a tenté de séduire ses partenaires communautaires : « Pour la France, j’ai engagé la procédure nationale de ratification (…) avec l’objectif d’achever nos procédures cet été. Ce serait un beau symbole que toutes les procédures de ratification soient engagées en mars, pour l’annoncer à New York. » Ce serait aussi un beau cadeau pour Mme Royal, qui pourrait faire la démonstration de la mobilisation de l’UE sur cette question, le 22 avril à New York, jour d’ouverture du registre de signature de l’accord de Paris (pour une durée d’un an) et étape initiale du processus de ratification.

A défaut de « beau symbole », les Vingt-Huit s’orientent plutôt vers un effrayant casse-tête de ratification, un sujet sans doute évoqué par la ministre de l’environnement lors de son déplacement au siège des Nations unies, les 10 et 11 mars. « Depuis le traité de Lisbonne, l’Union européenne peut ratifier des traités, explique l’avocat Matthieu Wemaëre. Mais dans le cas de figure de l’accord de Paris, nous sommes dans un traité mixte, qui relève à la fois de la compétence de l’Union et de celle des États membres. »

En conséquence, l’accord de la COP21 doit être approuvé à la fois par l’UE et pas chacun de ses membres. « Cela passe par une majorité qualifiée au sein du Conseil, ce qui ne sera pas un mince affaire avec des pays comme la Pologne ou comme le Royaume-Uni, qui d’habitude est réceptif aux enjeux climatiques, mais aujourd’hui dans une situation compliquée avec la perspective du « Brexit », fait remarquer le spécialiste du droit de l’environnement. En parallèle, les États membres vont, suivant un délai plus ou moins rapide, engager leur processus national de ratification.

Pas avant fin 2017

Lorsque l’UE et ses États membres auront approuvé l’accord, l’Union et les Vingt-Huit remettront ensemble leurs instruments de ratification, c’est-à-dire les documents officiels de leur approbation, au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Selon les estimations de la Commissions Européenne, ce processus ne devrait pas s’achever avant fin 2017-début 2018. L’entrée en vigueur de l’accord, conditionné par la ratification de 55 pays représentant 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ne semble donc pas envisageable à court terme. « Des deux critères, celui des 55 % d’émissions est le plus délicat, considère Matthieu Wemaëre. Il a été retenu pour garantir surtout la contribution des deux plus gros émetteurs de la planète, la Chine et les États-Unis [à eux deux, ils totalisent 35 % des émissions mondiales] ».

« Entrer en vigueur ne veut pas dire applicable, précise encore l’avocat à la cour. Les dispositions du texte ne seront applicables qu’en 2020 », en vertu du régime international sur le climat qui fixe la deuxième phase de protocole de Kyoto entre 2012 et 2020. Pour compliquer encore les choses, l’acte de signature n’est pas, partout dans le monde, un préalable à la ratification ! tour à tour, les îles Fidji et l’archipel de Palau ont annoncé en février avoir approuvé par voie parlementaire l’accord de Paris sans attendre la signature de leur pouvoir exécutif. La Constitution de ces deux pays d’Océanie rend possible un tel scénario.

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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 10:39
Ségolène Royal avec le ministre de l'environnement ivoirien, Rémi Allah Kouadio, dans le parc naturel du Banco, à Abidjan, le 26 février. SIA KAMBOU / AFP

Ségolène Royal avec le ministre de l'environnement ivoirien, Rémi Allah Kouadio, dans le parc naturel du Banco, à Abidjan, le 26 février. SIA KAMBOU / AFP

Par Simon Roger le 12 mars 2016 pour Le Monde http://powerplantexchange.com/cop21/article/2016/03/12/cop21-le-casse-tete-de-la-ratification-de-l-accord-de-paris_4881745_4527432.html

Laurent Fabius, Christiana Figueres, Ban Ki-Moon et Laurence Tubiana. La « dream team » de l’accord de Paris sur le climat est en pleine déliquescence. Des quatre principaux artisans du texte historique adopté le 12 décembre 2015 pour lutter contre le réchauffement climatique, l’un a quitté l’équipe, deux sont sur le départ et le quatrième pourrait faire de même. L’ex-ministre des affaires étrangères, qui a cédé son fauteuil au Quai d’Orsay pour la tête du Conseil constitutionnel, espérait pouvoir poursuivre sa mission de président de la 21e Conférence des parties (COP21) jusqu’en novembre, à Marrakech, où la France passera le relais au Maroc. Malgré lui, il a été remplacé dans cette fonction par Ségolène Royal, la ministre de l’environnement, également « en charge des relations internationales sur le climat » depuis le remaniement du 11 février.

Christiana Figueres, l’énergique diplomate costaricaine qui dirige depuis six ans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), l’instance de négociation multilatérale sur le climat, a déclaré qu’elle refuserait toute prolongation de son mandat, qui expire en juillet. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, instigateur notamment du sommet sur le climat de septembre 2014, ne pourra briguer un troisième mandat début 2017. La négociatrice en chef française, Laurence Tubiana, parfaite connaisseuse des enjeux et des acteurs du débat, envisage elle aussi un départ. Tentée par le poste de Christiana Figueres, elle devra se décider avant le 26 mars, date limite de dépôt des candidatures. « Il n’est pas facile de savoir quel est le meilleur endroit pour peser et agir sur le dossier climat », explique-t-elle.

Contraints ou volontaires, ces mouvements individuels n’envoient pas un bon signal alors que l’accord de Paris – engageant les 195 pays membres de la CCNUCC à maintenir le réchauffement au-dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels – fête samedi 12 mars ses trois mois d’existence. « Une autre phase s’ouvre avec la mise en œuvre de l’accord, ce n’est pas forcément un mauvais moment pour changer d’équipe », tente de minimiser Janos Pasztor, le conseiller pour le climat de M. Ban. Pour cette nouvelle phase, temps de l’action, François Hollande a décidé de s’en remettre à Ségolène Royal.

Gage de la présidence « active, efficace et dans la continuité » qu’elle entend assurer, la ministre de l’environnement multiplie depuis les réunions à Paris et les déplacements. Fin février, elle a traversé au pas de charge cinq pays africains et du Proche-Orient – Égypte, Éthiopie, Côte d’Ivoire, Guinée et Sénégal – pour y vanter les énergies renouvelables. Thème qu’elle évoquera de nouveau à partir du 13 mars en République démocratique du Congo, au Gabon et au Nigeria. « Fabius devait conduire les 195 États de la Convention-cadre vers un compromis, il a rempli sa mission, estime Seyni Nafo, qui préside le groupe de l’Afrique à la CCNUCC. Maintenant, il faut assurer le service après-vente de l’accord, c’est Royal qui va s’en charger. »

Chantiers balbutiants

« La COP21 a été un succès, mais ça, c’était la partie facile », a ironisé, fin janvier au Forum de Davos, la patronne de la CCNUCC, Mme Figueres. Elle sait que tout ou presque reste à faire pour transformer la feuille de route de Paris en plan d’action crédible, car les engagements actuels des États ne suffisent pas à tenir le cap des 2 °C.

« La première tâche incombant à Ségolène Royal est de mobiliser les chefs d’État et de gouvernement pour la cérémonie de signature de l’accord, programmée le 22 avril à New York », détaille Laurence Tubiana. Mais ce n’est pas tout : « Elle doit aussi avancer sur le processus de mise en œuvre, remettre en marche la machine de négociation et poursuivre l’“agenda de l’action” [qui fédère de nombreux acteurs non étatiques, entreprises ou collectivités territoriales]. » Autant de fronts qui s’ajoutent à une actualité déjà chargée : suivi des lois de transition énergétique et sur la biodiversité, déminage des dossiers de la centrale nucléaire de Fessenheim et du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes…

« L’une de nos craintes est que la présidence française se concentre sur l’agenda de l’action attribué à Ségolène Royal durant la COP21, mais qu’elle n’enregistre aucune avancée notable sur le plan international », pointe Célia Gautier, du Réseau action climat (RAC). La ministre s’en défend : « Un courrier va partir dans les 28 États de l’Union européenne pour mobiliser l’Europe sur le climat, et un autre, cosigné par Ban Ki-Moon, François Hollande et moi-même, sera adressé à tous les pays pour leur rappeler l’importance de s’engager dans le processus d’action. »

La présidente de la COP21 prévoit d’organiser à Paris des consultations informelles des négociateurs du 14 au 16 avril pour préparer la session de Bonn, mi-mai, où seront examinés notamment le mécanisme de transparence et le suivi des engagements nationaux. Elle veut faire de la séance protocolaire du 22 avril une « journée de la Terre » associant la société civile et un point d’étape sur trois grands chantiers ouverts en décembre 2015 mais encore balbutiants : l’alliance solaire internationale du premier ministre indien Narendra Modi ; les investissements du secteur privé dans l’économie « bas carbone » ; l’initiative de 10 milliards d’euros en faveur des énergies renouvelables en Afrique.

« On ne peut pas dire en décembre qu’il faut avancer vers une économie décarbonée et continuer, en janvier, à valider le projet de Notre-Dames-des-Landes. » Pascal Canfin, WWF France

« Le sentiment général des délégués, c’est qu’il faut passer à la vitesse supérieure, a réagi le diplomate malien Seyni Nafo à la sortie de la première rencontre post-COP21, fin février à Tokyo. Le climat est en compétition avec d’autres sujets, la crise de l’économie mondiale, le terrorisme, la Syrie. Il faut à tout prix éviter l’inertie. »

Un autre danger menace la dynamique enclenchée à Paris : la contradiction entre les engagements pris il y a trois mois par la communauté internationale et la réalité des politiques nationales. La France en est une illustration, un pied dans la transition énergétique, un autre dans des projets polluants ou énergivores comme celui de Notre-Dame-des-Landes. « On ne peut pas dire, en décembre, qu’il faut avancer vers une économie décarbonée et continuer, en janvier, de valider ce projet aéroportuaire », estime l’ancien ministre délégué au développement Pascal Canfin, aujourd’hui directeur général du WWF France.

La cacophonie est plus marquante encore à l’échelle européenne. L’UE, à l’origine pendant la COP21 d’une « coalition pour une haute ambition », s’est révélée incapable début mars de relever les objectifs du « paquet climat-énergie » – réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 – devant le refus de pays à l’économie très carbonée, comme la Pologne ou la République tchèque.

Lueur d’espoir

Aux États-Unis, la Cour suprême saisie par 27 États, pour la plupart à majorité républicaine, a suspendu mi-février l’application du « Clean Power Plan », qui impose aux centrales électriques des réductions drastiques de leurs émissions de CO2 à l’horizon 2030. Début mars, le Canada a repoussé de six mois son projet de transition vers une économie sobre en carbone, faute de consensus entre le gouvernement fédéral et les exécutifs provinciaux, dont certains restent attachés à l’exploitation des sables bitumineux.

Jeudi 10 mars, les deux pays ont annoncé en revanche une baisse de 40 à 45 % de leurs émissions de méthane, afin de respecter les engagements pris à Paris. Cette lueur d’espoir a dû réconforter un peu Ségolène Royal, qui arrivait au même moment à New York pour y rencontrer le lendemain Ban Ki-Moon et travailler avec lui sur « le programme de toute l’année et les résultats à obtenir d’ici à novembre ».

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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 20:19

Du mardi 5 au jeudi 7 avril 2016, doit avoir lieu à Pau (64) le sommet MCE Deepwater Development qui rassemblera les décideurs stratégiques des marchés du gaz et du pétrole en eaux profondes : bref, une véritable « COP21 des fossoyeurs du climat ».

Accueillis par Total, s’y retrouveront des hauts responsables de Total, Shell, Exxon, Repsol, BP etc. et les différents opérateurs de l’exploration, du forage et de l’exploitation en eaux profondes du pétrole et du gaz. [1] L’objectif déclaré est de « mettre les principales compagnies pétrolières et gazières opérant en mer autour de la table pour discuter du futur de cette industrie et trouver des solutions communes à la baisse des cours du pétrole et du gaz ». [2]

Il s’agira de « mettre en commun toutes les compétences permettant la réduction des coûts et l’augmentation de l’exploitation du pétrole et du gaz […], de développer les champs en eaux profondes et se servir de MCE Deepwater Development 2016 comme un moyen de se connecter avec les spécialistes industriels et les compagnies qui pourraient nous proposer, ainsi qu’à nos collaborateurs, des moyens d’arriver à des résultats concrets ». Il s’agit « d’organiser un événement central, basé en Europe, et entièrement dédié à l’avancement de l’exploration et de la production globale ». [3]

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UN CRIME CLIMATIQUE AVEC PREMEDITATION !

Le 12 décembre 2015, la COP21 se terminait sur l’adoption par tous les Etats du monde d’un Accord de Paris s’engageant à contenir le réchauffement climatique au dessous de +2°C à l’horizon 2100, voire au dessous de +1,5°C. Michael Greenstone, ancien chef économiste de la Maison Blanche, affirme que si nous brûlons toutes les réserves d’énergie fossile, le réchauffement monterait à +9°C, ce qui serait un génocide climatique. [4]

Comment accepter que les industries du pétrole et du gaz se réunissent pour voir comment malgré tout continuer à explorer et exploiter de nouvelles réserves de pétrole et de gaz ? 4 mois à peine après la COP21, les stratégies que ces  « responsables » veulent définir à Pau nous mènent droit à l’emballement irréversible et incontrôlable du climat. Il s’agit là d’un crime avec préméditation, nous devons les en empêcher !

affiche ils ne sont

LE SOMMET MCEDD NE DOIT PAS AVOIR LIEU !

Le mouvement Action Non-Violente COP21 appelle tous les défenseurs du climat et des océans à se préparer à se rendre à Pau du 5 au 7 avril prochain, pour empêcher physiquement la tenue du sommet MCEDD.

Nous appelons à le faire dans un esprit 100 % non-violent, en assumant clairement et publiquement cet acte massif et déterminé de désobéissance civile. Nous demandons donc à tous ceux et celles qui se joindront à nous de le faire à visage découvert, dans le respect de l’intégrité des personnes que nous aurons en face de nous et dans le respect des règles d’actions que nous définirons collectivement. Nous multiplierons les actions et mobilisations de masse pendant les trois jours de ce sommet dans le but d’en empêcher sa tenue ou son bon déroulement. Un camp climat sera organisé à Pau du samedi 2 avril au mardi 5 avril et offrira de multiples formations à la lutte contre le changement climatique, ainsi qu’à l’action non-violente.

Les objectifs de la COP21 resteront lettre morte si les citoyens ne s’impliquent pas de manière décisive pour empêcher l’extraction et la combustion des énergies fossiles à l’origine de 80 % des émissions de CO2 mondiales, responsables du changement climatique.

Le sort de cette bataille décisive pour l’humanité est dans les mains de notre génératio !

ANV-COP21

[1] http://mcedd.com/advisory-board/

[2] et [3] Toutes les citations sont des traductions des lettres et dossiers d’invitation (rédigés en anglais) au Sommet MCE Deepwater Development.

[4] Article d’Isabelle Hanne et Coralie Schaub, « Fossiles, dix raisons de sevrer la planète »,Libération, 08/09/2015.

Pour soutenir financièrement la mobilisation [http://www.bizimugi.eu/mce]

> Pour s'informer [http://anv-cop21.org/1282-2/]

> Pour s'inscrire [bit.ly/1SZW0Nm]

> Pour relayer avec les outils (affiches, flyers, visuels etc.) [bit.ly/1ninVdf]

Evénement Facebook [https://www.facebook.com/events/758182447615715/]
Twitter
#StopMCEDD #Keepitintheground #SerialKillerDuClimat

A l'appel d'Action non-violente COP21, La Coordination des Alternatiba, Les Amis de la Terre- France, Attac-France, Bizi !, Le Village Emmaüs Lescar-Pau, Nation Ocean, 350.org.

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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 19:55

par David Cormand, Jean Desessard, Elise Lowy, secrétaires nationaux d'Europe Ecologie Les Verts, 11 mars 2016.

Le nucléaire s'est toujours appuyé sur deux mythes fondateurs. 

Le mythe d'une énergie sûre, d'abord. L'accident de Tchernobyl en 1986 et la catastrophe de Fukushima, dont nous commémorons les cinq ans, sont deux exemples parmi d'autres du danger que fait courir le nucléaire aux populations. Des risques encore en cours : certaines zones seront en quarantaine pour les prochaines milliers d'années, sans parler des déversements toxiques quotidiens aux larges du Japon menaçant l'écosystème.  

Les accidents répétés à Fessenheim -centrale bâtie sur la plus grande nappe phréatique d'Europe- nous menacent directement. Pour le président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, un accident grave de type Fukushima est aujourd'hui possible en France.  

Le mythe d'une énergie bon marché, ensuite. Les coûts continuent d'exploser et la mystification éclate au grand jour. Comme les difficultés financières "du fleuron" Areva l'ont montré, le nucléaire menace aujourd'hui directement la survie d'EDF. La cour des comptes estime à 100 milliards d'euros les coûts de maintenance des 58 réacteurs d'ici 2030 ; un coût à minima, à moins de rogner sur la sécurité des Français. Thomas Piquemal, directeur financier d'EDF, a choisi de claquer la porte de son employeur plutôt que d'avaliser les investissements de l'entreprise dans deux EPR en Grande-Bretagne. Chacun connaît l'ampleur du fiasco de l'EPR de Flamanville, dépassant déjà les 10 milliards alors qu'il était initialement évalué à 3,5 milliards, ce à quoi s'ajoutent les malfaçons, à l'image de sa cuve.  

La nécessaire transition énergétique implique de dessiner un nouveau modèle. Le pragmatisme et le réalisme économique aussi. Prolonger la durée de vie de nos centrales serait un acharnement thérapeutique pour l'un des derniers vestiges productivistes du XXe siècle. Les systèmes énergétiques du XXIe siècle seront construits par la sobriété et l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, ce qui permettra de créer des dizaines de milliers d'emplois.  

Il est temps de faire le choix de l'avenir.

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 13:53

Par Martine Valo pour Le Monde le 9 février 2016

Selon le ministère de l'agriculture, l'achat de produits               phytosanitaires a bondi de 9,4 % entre 2013 et 2014

Des pesticides en doses toujours plus massives dans les campagnes françaises : voilà ce que révèlent les statistiques que le ministère de l’agriculture a rendues publiques mardi 8 mars. Présentées en périodes lissées de trois ans afin d’intégrer les variations climatiques, elles dessinent une tendance moyenne à la hausse de 5,8 % entre 2011 et 2014. Mais si l’on s’en tient au tout dernier bilan, 2014 apparaît comme la deuxième année noire consécutive. La consommation de produits phytosanitaires dans le secteur agricole a bondi de 9,4 % par rapport à 2013, qui avait déjà connu une augmentation de 9 %. Et encore, ces données n’intègrent pas les produits néonicotinoïdes qui enrobent directement les semences.

Quant aux volumes bruts des ventes (en tonnes), le constat est plus sévère encore : les agriculteurs ont acheté 16 % de produits phytosanitaires en plus en 2014. Parmi ces derniers, ceux qui utilisent des molécules suspectées d’être cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction humaine, accusent une hausse de 13 % à 22 % selon l’indicateur retenu.

De leur côté, jardiniers amateurs et gestionnaires d’espaces verts semblaient avoir adopté une attitude plus soucieuse de l’environnement en réduisant leurs recours aux pesticides de 2,2 % en moyenne triennale, jusqu’à ce qu’une rechute ne fasse de nouveau grimper leur bilan de 10 % en 2014. Ils devront les abandonner définitivement au 1er janvier 2017.

35 traitements sur les pommes ... Pouvoir de l’agrochimie

« Les résultats ne sont pas bons », commente-t-on sobrement dans l’entourage du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Un constat qui a fait consensus autour de la table du Comité national d’orientation et de suivi du plan Ecophyto, qui réunit des représentants du ministère, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), les chambres d’agriculture, des associations écologistes. Lancé dans la foulée du Grenelle de l’environnement, en 2009, ce programme d’actions, essentiellement fondé sur la pédagogie, avait dans un premier temps pour ambition de réduire de moitié l’usage des herbicides, fongicides et insecticides d’ici à 2018, afin de « concilier performances écologiques et économiques tout en préservant la santé publique ». Le deuxième volet, Ecophyto 2, qui doit démarrer au printemps, a gardé l’objectif des 50 %, mais, plus réaliste, l’a repoussé à 2025.

Son budget, basé sur la taxe pour pollutions diffuses, passe à 71 millions d’euros pour 2016, alors qu’il s’élevait à une quarantaine de millions par an jusqu’à présent. Ce programme n’a-t-il pourtant pas fait la preuve de son inefficacité ? Le ministère répond que l’hiver doux et le printemps calamiteux n’ont pas aidé, que les Drosophila suzukii, des mouches qui s’attaquent aux fruits, se sont montrées particulièrement pugnaces. Et les prix bas des céréales ont été contrariants, car ils ont incité les producteurs à ne prendre aucun risque sur leurs récoltes et donc à les protéger par tous les moyens chimiques. On pourrait ajouter le poids des habitudes, le pouvoir de conviction des firmes de l’agrochimie et la capacité de pression des grandes coopératives, qui exigent de leurs adhérents un certain nombre de pulvérisations sur leurs futures récoltes, tout en leur vendant les produits à épandre.

En France, le nombre de traitements est de l’ordre de 2,7 sur les choux-fleurs, 8,5 pour les cerises, 10 sur les melons, 12 pour la tomate, 19 dans la viticulture, 35 sur les pommes. Mais les rendements ne progressent pas pour autant : céréales, oléagineux, poires, pommes, betteraves sont moins productifs qu’en 2009. Qu’importe, premier producteur en Europe, le pays reste le deuxième consommateur de produits phytosanitaires derrière l’Espagne. L’environnement en porte les traces. En 2013, 92 % des 2 950 points de surveillance de la qualité de l’eau laissaient apparaître au moins un pesticide ; et même dix substances actives au moins dans la majorité des cas.

Stéphane Le Foll, qui ne manque pas une occasion de défendre en public l’agro-écologie contre les dégâts de l’agriculture intensive, semble prêcher dans le désert. Quant aux parlementaires, ils ont beau multiplier les missions d’étude et les alertes, ils ne semblent pas plus entendus. Pourtant, Dominique Potier (PS), député de Meurthe-et-Moselle, agriculteur bio, qui siège au Comité de suivi d’Ecophyto, ne se laisse pas gagner par le découragement.

Réseaux de pionniers bio

Au contraire, lui qui a rendu un rapport au premier ministre sur les pesticides fin 2014, voit dans ce sombre bilan la « confirmation qu’Ecophyto doit passer à la vitesse supérieure ». « Personne ne dénigre ce qui a déjà été fait, assure-t-il. Ceux qui ont été accompagnés dans leur changement de pratiques et qui ont réussi à réduire leur consommation de 20 %, voire 40 %, sans faire baisser leurs revenus, ceux-là vont nous aider. Je sens chez eux une forme de fierté qui doit devenir contagieuse ! »

Son optimisme s’explique par les scores remarquables des 1 900 fermes qui se sont engagées dans le réseau Dephy, mis en place à partir de 2012 dans le cadre d’Ecophyto, pour expérimenter des modèles de production inspirés de l’agro-écologie et diffuser la bonne parole. En deux ans, ces exploitations ont réduit leur recours aux pesticides : les grandes cultures de 10 %, l’arboriculture et la viticulture de 12 %, les légumes de 15 %, la canne à sucre de 22 % et l’horticulture de 38 % !

Ecophyto 2 devrait donc s’attacher à étoffer ce réseau de pionniers, le faire passer à 3 000 exploitations, puis à 30 000 et même à « 300 000 ou 400 000 agriculteurs qui vont se convaincre mutuellement », pronostique-t-on au ministère. En attendant, la culture bio a progressé de 5,4 % en 2014, puis de 11,8 % en 2015 pour atteindre un peu plus de 4 % de la surface agricole nationale.

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 09:35

EDF a surpayé British Energy. Mais pour ne pas avoir à avouer au moins 7 milliards d’euros de dépréciations d'actifs, le groupe continue sa fuite en avant avec le projet d’Hinkley Point.

« Hinkley Point, c’est la chronique d’une catastrophe annoncée. Pourtant, ils vont y aller, ne serait-ce que pour ne pas avouer les erreurs passées », confie un responsable du groupe, abattu par ce qui se précise. Plus que la défense du nucléaire, un élément, selon lui, compte beaucoup dans les décisions à venir de la direction d’EDF pour lancer coûte que coûte la construction de l’EPR : le groupe s’est déjà bien trop engagé en Grande-Bretagne. Revenir en arrière l’obligerait à reconnaître une ardoise très lourde et difficilement justifiable.

Pour comprendre ces explications, il faut revenir au départ de l’aventure britannique d’EDF, quand le groupe lance une OPA sur British Energy début 2008. À l’époque, le gouvernement britannique a décidé de vendre la participation de 35,2 % qu’il détient encore dans le groupe d’électricité. Plusieurs concurrents européens, comme l’allemand E.ON ou l’espagnol Iberdrola, se mettent sur les rangs puis font demi-tour. « Les conditions financières ne sont pas réunies pour reprendre British Energy », expliquent-ils alors.

Seul Pierre Gadonneix, alors président d'EDF, continue de se dire intéressé et paraît prêt à y mettre le prix. Alors que les responsables de l’électricien allemand RWE n’ont été autorisés par leur conseil qu'à présenter une offre limitée de 2,5 milliards d’euros pour le rachat de la participation du gouvernement britannique, estimant que le groupe dans sa totalité ne valait pas plus de 8,5 milliards d’euros, le président d’EDF ne semble pas du tout préoccupé par ces considérations, pas plus d’ailleurs que par l’envolée du cours en Bourse, depuis que le gouvernement britannique a annoncé son engagement. Un grand classique en France, décidément. 

En juin 2008, Pierre Gadonneix fait donc une offre très généreuse, tenant compte de l’envolée boursière : 15,1 milliards d’euros pour racheter l’ensemble de British Energy. C’est déjà plus de 40 % de ce que l’électricien valait, avant la spéculation boursière. Mais cela ne semble pas suffisant pour la direction de l’électricien britannique, qui rejette l’offre. Plutôt que de renoncer, la direction d’EDF décide de surenchérir, alors qu’elle est toute seule sur les rangs ! En septembre 2008, le groupe public, étendard du nucléaire français, présente donc une nouvelle offre de 15,8 milliards d’euros. En six mois, grâce au jeu boursier britannique, British Energy a doublé sa valeur, alors que tous s’accordent pour dire que le groupe est en mauvaise santé financière et boursière.

Mais la réalité des comptes s’impose, malgré tout. Pour ne pas avoir à inscrire une trop grande survaleur (goodwill) dans son bilan – aveu des folies financières et autres –, la direction d’EDF annonce tout de suite qu’elle va construire deux EPR sur les sites de British Energy, ce qui va donner de la valeur à l’ensemble du groupe britannique à l’avenir, explique-t-elle. Dans son rapport annuel de 2008, le groupe annonce ainsi la construction à venir de ces deux EPR, pour un coût estimé à l’époque à 4 milliards d’euros chacun. La facture de l’EPR de Flamanville a déjà dépassé les 10 milliards d’euros.

Grâce à cette annonce, la survaleur sur l’acquisition de British Energy est diminuée. EDF doit tout de même inscrire au bilan d’entrée du groupe britannique dans ses comptes, début 2009, un goodwill de 5,75 milliards d’euros. Depuis, comme le redoutaient les opposants à cette acquisition à l’époque, la situation n’a cessé de se dégrader. Des centrales et des sites de production vieillissants ont dû être dépréciés. Les activités britanniques affichent désormais une survaleur de 9,1 milliards d’euros, représentant à elle seule 90 % des survaleurs du groupe. Quant au résultat, il est en perte de plus de 200 millions d’euros en 2015. Une affaire, décidément, ce rachat britannique. 

Mais EDF, fortement incité par son responsable en Grande-Bretagne, Vincent de Rivaz, ne veut pas se dédire. Renoncer à construire un ou deux EPR obligerait alors à déprécier la valeur de British Energy et à annuler au moins les 5,7 milliards d’euros de survaleurs inscrits dans ses comptes. De plus, il lui faudrait aussi passer en pertes les dépenses qui ont été engagées pour lancer le projet d’EPR. Celles-ci dépasseraient déjà le milliard d'euros. Bref, toute marche arrière obligerait à inscrire au moins 7 milliards d’euros de dépréciations dans ses comptes. Un luxe que la direction d’EDF estime ne pas pouvoir se permettre.

Alors, plutôt que de reconnaître l’erreur passée, la direction d’EDF préfère continuer sa fuite en avant et s’engager pour un projet d’au moins 25 milliards d’euros, jugé dangereux par tous. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes rappelait l’urgence d'en finir avec l'impunité des dirigeants et de « renforcer les dispositifs de sanction pénale et pécuniaire tant pour les dirigeants que pour les membres de conseils d’administration pour les cas de prise de risque inconsidérée ayant entraîné des pertes ». Cette règle pourrait peut-être s'appliquer aux dirigeants d'EDF ?

En complément, cet article du Monde du 6 mars 2016

Le directeur financier d’EDF démissionne sur fond de désaccord autour du projet d’Hinkley Point

Le directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal, a présenté sa démission au PDG du groupe en raison d’un désaccord sur la faisabilité du projet controversé de construction de deux réacteurs à Hinkley Point, en Angleterre, a annoncé lundi 7 mars l’énergéticien, confirmant une information de l’agence Bloomberg. « Le directeur financier a présenté sa démission la semaine dernière à Jean-Bernard Lévy [PDG d’EDF] en raison d’un désaccord sur Hinkley Point », a-t-on évoqué, dimanche soir, dans l’entourage de l’entreprise. Le groupe a annoncé la nomination pour le remplacer « à titre provisoire » de Xavier Girre, jusqu’ici directeur financier pour la France de l’électricien.

Cela faisait des semaines que le directeur financier d’EDF tirait la sonnette d’alarme sur les risques du projet de construction de deux réacteurs EPR sur le site britannique. Le désaccord porte moins sur le principe même de la participation d’EDF à la relance du nucléaire au Royaume-Uni que « sur la faisabilité à court terme » de ce projet colossal au moment où l’effondrement des prix de l’électricité sur le marché européen fragilise le groupe.

Il a dû annoncer, mardi 16 février, un résultat 2015 en net repli (à 1,2 milliard d’euros) en raison d’importantes provisions et de dépréciations d’actifs. Et après le retrait d’Areva (concepteur de l’EPR) l’an dernier, le groupe devra consolider dans ses comptes un projet à 24 milliards d’euros — dont 16 milliards à la charge d’EDF et 8 milliards financés par China General Nuclear (CGN).

Les syndicats craignent que le coût de la construction des deux réacteurs EPR ne menace l’existence d’EDF et demandent le report du projet, après la signature, en octobre 2015, d’un accord commercial avec l’entreprise publique chinoise CGN, qui doit supporter un tiers du financement.

Après la démission de Thomas Piquemal, Jean-Bernard Lévy a expliqué à l’agence de presse Reuters que le groupe envisage toujours d’investir dans ces deux réacteurs nucléaires à Hinkley Point « dans les meilleures conditions financières pour le groupe ».

Un projet « qui sera très rentable sur les trente années à venir » pour lequel l’Etat français a renouvellé, lundi, son soutien, à la direction du groupe, a déclaré le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, ajoutant confirmer sa « pleine confiance » à Jean-Bernard Lévy.

Un « pilier » de la relation entre Paris et Londres

Lors de la publication des résultats annuels d’EDF à la mi-février, le PDG, Jean-Bernard Lévy, avait assuré que cette décision finale était « très proche ».

La France et la Grande-Bretagne ont réaffirmé jeudi leur attachement au projet, qualifié de « pilier » de leur relation bilatérale. « Ce projet stratégique majeur constituera un élément-clé de la politique énergétique britannique, en offrant à l’horizon 2025 la garantie d’une électricité sûre, compétitive et sobre en carbone », ont écrit les deux pays dans un document diffusé à l’issue d’un sommet franco-britannique à Amiens.

Deux jours auparavant, le ministre français de l’économie, Emmanuel Macron, était déjà monté au front pour défendre la construction des deux EPR, la qualifiant de « très bon investissement » pour l’électricien français.

Après l’annonce de la démission du directeur financier, le titre d’EDF plongeait lundi matin à la Bourse de Paris. À 9 h 6, la valeur perdait 8,13 % à 9,97 euros.

 

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 09:07

Un Communiqué de la LDH

Paris, le 8 mars  2016

Le Premier ministre vient d’assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme et à la haine d’Israël, lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

En se livrant à cet amalgame, le Premier ministre emboîte le pas à tous ceux qui, du Crif à Benjamin Netanyahou, tentent de faire taire ceux et celles qui critiquent la politique du gouvernement israélien.

Pire encore, il alimente de la pire manière qui soit l’idée selon laquelle soutenir les droits du peuple palestinien équivaut à délégitimer l’Etat d’Israël.

La lutte contre l’antisémitisme, comme contre toutes les formes de racisme, exige des pouvoirs publics qu’ils s’abstiennent d’alimenter des discours mensongers qui ne peuvent qu'alimenter haines et conflits.

Cet appel contre la liberté de pensée est dans la continuité de la criminalisation de la campagne anti-colonialiste Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS). Ci-dessous leur dernier communiqué du 18 février 2016.

Succès du rassemblement de contestation contre la condamnation de BDS par le Parti socialiste et Les Républicains de Paris

Malgré les appels de tout le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien, dont cet appel de BDS France à tous les élus de Paris antiracistes et pour une paix juste : http://www.bdsfrance.org/les-elus-antiracistes-et-pour-une-paix-juste-entre-palestiniens-et-israeliens-ne-peuvent-que-sopposer-a-la-condamnation-de-la-campagne-bds/

Les élus du Parti Socialiste et des Républicains au Conseil de Paris ont voté lors de la séance du 16 février le vœu honteux qu’ils présentaient pour condamner le mouvement international BDS. Ils l’ont fait en catimini, anticipant les dates précises du vote qui circulaient.

Un contre-vœu pour la liberté d’expression de BDS a été présenté à l’initiative de Danielle Simonet du Parti de Gauche. Il a été voté par les élus PG, PCF et EELV du conseil de Paris, mais n’a pas pu faire échec à l’alliance du Parti Socialiste et des Républicains : http://www.daniellesimonnet.fr/wp-content/uploads/2016/02/BDS.pdf

Cette alliance traduit le soutien de ces deux partis à la politique coloniale et d’apartheid de l’Etat d’Israël, condamnée par de multiples résolutions internationales.

Tous les discours sur le  « dialogue » avec les autorités israéliennes cherchent en réalité à empêcher que la vérité soit faite sur le sort tragique du peuple palestinien et à normaliser la situation d’occupation, de colonisation et de répression brutale qu’il subit.

Le PS et LR de Paris se sont réclamés dans leur vœu de leurs relations avec les villes de Ramallah, Jéricho et Bethléem. Les maires de ces trois villes leur ont écrit pour leur demander de ne pas condamner BDS, mais cela les a laissés indifférents.

Le chantage à l’antisémitisme du PS et LR est ignoble : leur discours assimile l’ensemble des Juifs à la politique d’Israël et s’appuie sur la mémoire du génocide nazi, alors que de nombreux Juifs dans le monde participent au mouvement BDS pour la paix, la justice et l’égalité.

Un rassemblement de protestation réunissant plus d’une centaine de manifestants pour affirmer notre détermination à continuer BDS a eu lieu mardi 16 février à partir de 17H à Paris Place du Châtelet.

Ce rassemblement a été autorisé par la Préfecture de Paris sous réserve de s’abstenir de toute expression visuelle ou sonore en faveur du « boycott des produits israéliens » !

De nombreuses banderoles et pancartes ont été déployées, pour la liberté d’expression, pour BDS, contre l’occupation, la colonisation et l’apartheid israélien et contre la complicité de la Mairie de Paris.

Autour de la banderole de BDS France illustrant le rétrécissement continue de la Palestine de 1947 à aujourd’hui, plusieurs intervenant-e-s ont pris la parole :

Jean-Guy Greilsamer de BDS France, Omar Slaouti, militant associatif , Eric Coquerel coordinateur du Parti de Gauche, Raphaëlle Primet du Parti Communiste, Verveine Angeli de Solidaires et Didier Fagart de l’AFPS.

Nous ne nous laisserons pas intimider !

BDS continuera jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international !

La Campagne BDS France - www.bdsfrance.orgcampagnebdsfrance@yahoo.fr

 

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 16:00
#etatdurgence Appel à rassemblement samedi 12 mars
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