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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 15:35

L’opportunité et l’efficacité de la circulation alternée déclenchée à Paris et à Lyon fait polémique. Les mesures de fond, elles, se font toujours attendre. Par Richard Schittly (correspondant à Lyon), Laetitia Van Eeckhout et Sophie Landrin pour Le Monde le 8 décembre 2016.

À Paris, ici le 6 décembre, le niveau de concentration en particules fines reste très élevé, malgré les mesures mises en place. Christophe Ena / AP

À Paris, ici le 6 décembre, le niveau de concentration en particules fines reste très élevé, malgré les mesures mises en place. Christophe Ena / AP

Une partie de la France est plongée dans un brouillard de particules fines et la situation va perdurer. Il s’agit du plus long et du plus intense pic de pollution hivernal depuis dix ans, qui met en lumière l’inertie des pouvoirs publics. Le phénomène, qui frappe essentiellement les zones urbaines, est peu lié à des transferts de pollution entre régions ou depuis l’étranger, mais à des conditions anticycloniques installées sur l’Hexagone et sur une large partie de l’Europe de l’Ouest. Elles entraînent la stabilité des masses d’air et favorisent l’accumulation des polluants locaux près du sol.

À Paris, la faiblesse du vent, de 5 à 6 km/heure tout au plus, provoque, en soirée et tôt le matin, une concentration des particules fines émises par le trafic routier, certaines installations industrielles mais aussi le chauffage, en particulier au bois. S’y ajoute un phénomène d’inversion des températures – l’air à proximité du sol est plus froid que celui de l’atmosphère – qui piège les polluants au sol (particules fines, dioxyde d’azote) comme sous un couvercle.

Pour le troisième jour consécutif, la Préfecture de police de Paris a reconduit, jeudi 8 décembre dans la capitale et dans vingt-deux communes de la petite couronne, le principe de la circulation alternée et de la gratuité des transports en commun. Airparif, l’observatoire de qualité de l’air en Ile-de-France, prévoit en effet un nouveau dépassement du seuil d’alerte (80 microgrammes par mètre cube d’air) des concentrations en particules fines.

Difficultés dans les transports en commun

La capitale n’est pas la seule touchée. Marseille, Avignon, Rouen, Grenoble ou la vallée de l’Arve sont aussi affectées. À Lyon et à Villeurbanne, où le seuil critique de 80 µg/m3 risque d’être dépassé dans les prochains jours, le préfet de région, Michel Delpuech, s’est également résolu à appliquer la circulation alternée. La mesure entrera en vigueur vendredi 9 décembre. Des dispositifs préfectoraux, comme la réduction de vitesse ou la limitation de certaines activités industrielles, avaient été pris dans le passé. Mais c’est bien la première fois que l’autorité préfectorale décide de restreindre la circulation automobile.

La mesure fait polémique. À Paris comme à Lyon, elle vient s’ajouter à des difficultés dans les transports en commun. À Lyon, ils sont affectés par une grève, alors que la ville s’apprête à célébrer la fête des Lumières, prévue du 8 au 10 décembre, une manifestation qui draine traditionnellement plusieurs millions de visiteurs. Le débat est vif sur la nécessité d’imposer la gratuité des transports. Le préfet y est favorable, la métropole dirigée par Gérard Collomb (PS) s’y oppose.

Dans la capitale, de fortes perturbations sur le réseau SNCF ont mis en doute l’utilité des restrictions du trafic automobile. Les usagers ont dû faire face mercredi à une nouvelle série noire, avec un arrachage de caténaire qui a interrompu tout le trafic au départ de la gare du Nord, après un incident similaire sur le RER B la veille. Au point que la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a demandé, mercredi, la suspension de la circulation alternée « tant que la situation ne sera pas revenue à la normale » sur le réseau SNCF.

L’épisode de pollution a relancé l’opposition entre la municipalité parisienne et la région, qui s’affrontent depuis plusieurs mois sur la question de la circulation automobile et sur le dossier de la fermeture des voies sur berge.

Sur les transports en commun, « il y a eu de gros problèmes », a rétorqué la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, « c’est à la région de s’en occuper. Je demande à la présidente de la région de se consacrer à sa tâche plutôt que d’être toujours en train de polémiquer sur d’autres sujets ». « Les perturbations sur le réseau SNCF ne justifient pas que la mesure soit suspendue, appuie Christophe Najdovski, adjoint (Europe Ecologie-Les Verts) à la maire de Paris chargé des transports. La santé publique reste la priorité. Abandonner à la moindre difficulté la lutte contre la pollution de l’air serait un aveu d’impuissance. »

Sanctions peu dissuasives

Une chose est sûre, dans l’agglomération parisienne, le dispositif de circulation alternée qui inclut de nombreuses dérogations a été peu respecté. L’agence de la qualité de l’air n’a enregistré, mardi, qu’une baisse de 5 % à 10 % du trafic par rapport à une journée habituelle. Le niveau de concentration en particules fines est resté très élevé, atteignant plus de 100 µg/m3 en moyenne, quatre à cinq fois plus qu’à l’ordinaire.

En mars 2014, le dispositif avait été mieux suivi et avait permis de réduire le trafic routier de 18 % à Paris et de 13 % dans la petite couronne. Résultat : la concentration de particules fines PM10 (d’un diamètre inférieur à 10 microns) avait diminué en moyenne de 6 % et celle de dioxyde d’azote de 10 %. Aux heures de pointe, ces baisses étaient plus importantes, jusqu’à – 20 %.

« La circulation alternée ne résout pas tout, mais peut avoir une certaine efficacité face à un pic pourvu qu’elle soit respectée », défend M. Najdovski, qui réclame une intensification de la surveillance. Mardi, 10 249 véhicules ont été contrôlés et 4 064 ont fait l’objet d’une verbalisation, des chiffres en baisse mercredi. Mais les sanctions sont relativement peu dissuasives. Les automobilistes en infraction sont passibles d’une amende de deuxième classe de 35 euros, ramenée à 22 euros si elle est payée immédiatement.

Évidentes limites

La circulation alternée présente d’évidentes limites car elle ne vise pas les véhicules les plus polluants. La municipalité parisienne a décidé de les éliminer progressivement d’ici à 2020 et de mettre en place une zone de circulation restreinte. À compter du 16 janvier 2017, pour circuler dans Paris, les voitures devront arborer sur leur pare-brise une vignette de couleur témoignant de son niveau de pollution, la Crit’air. Avec ces pastilles, les pouvoirs publics pourront agir plus efficacement lors des pics de pollution en ne laissant rouler que les véhicules électriques et de normes Euro récentes.

D’autres décisions urgentes s’imposent concernant les émissions liées au chauffage au bois, aux activités industrielles et agricoles, au développement des transports en commun et à la conversion du parc automobile pour supprimer les véhicules les plus polluants, notamment les diesel. À l’étranger, des capitales comme Londres, Stockholm, Oslo ou Dublin ont notamment instauré un péage urbain pour décongestionner leur centre-ville.

La France n’a pas pris la mesure des enjeux sanitaires de la pollution de l’air qui provoque chaque année 48 000 décès et coûte à la société 101 milliards d’euros par an. Les gouvernements successifs ont durant des années subventionné la motorisation la plus polluante, faisant de l’Hexagone le champion du diesel. Le silence de Ségolène Royal, la ministre de l’environnement, depuis le début de l’épisode de pollution actuel, est l’illustration s’il le fallait de l’immobilisme du gouvernement.

Météo France prévoit durant le week-end une petite perturbation et un léger renforcement du vent sur le nord de la France qui permettra de faire retomber temporairement les niveaux de pollution. Mais un temps sec et peu venteux devrait se réinstaller ensuite pour une quinzaine de jours.

La gare Montparnasse à Paris le 7 décembre. FRANCOIS MORI/ AP

La gare Montparnasse à Paris le 7 décembre. FRANCOIS MORI/ AP

« Davantage que les pics, la pollution chronique a le plus fort impact sur la santé »

À Paris, entre 2007 et 2010, les pics ont été responsables de 7 % de la mortalité et des hospitalisations cardiaques liées à la pollution de l’air, les 93 % restantes étant provoquées par la pollution quotidienne. Sylvia Medina, médecin épidémiologiste, responsable du programme de surveillance air et santé à Santé publique France, étudie depuis des années l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique. Entretien par Audrey Garric pour Le Monde le 8 décembre 2016.

Quels sont les effets pour la santé de la pollution de l’air ?

À court terme, la pollution va entraîner des symptômes plutôt bénins, comme des toux, des gênes respiratoires légères, des irritations des yeux et de la gorge. Les personnes qui ont des problèmes de santé, qui sont âgées, ou qui sont plus exposées à la pollution que d’autres, peuvent nécessiter un recours aux soins pour des affections respiratoires ou cardio-vasculaires et, dans les cas les plus graves, des décès peuvent survenir.

À long terme, c’est-à-dire au-delà de quelques mois, la pollution peut induire des maladies chroniques, respiratoires ou cardio-vasculaires, telles que des cancers du poumon ou des coronaropathies (famille des infarctus du myocarde). Elle a aussi des effets chez les femmes enceintes, comme des naissances prématurées car les particules fines peuvent traverser la barrière placentaire. Elle peut avoir également des conséquences sur la fonction cognitive de l’enfant, et des maladies neurologiques chez les personnes âgées. Dans les cas les plus graves, la pollution peut conduire à une réduction de l’espérance de vie et à des décès.

Quel est l’impact sur la mortalité ?

En France, la pollution due aux particules fines entraîne 48 000 décès par an, soit 9 % de la mortalité, selon l’étude que nous avons publiée en juin. Cela équivaut, dans les villes les plus polluées, jusqu’à deux ans de perte d’espérance de vie. C’est autant que les décès dus à l’alcool et deux tiers de ceux liés au tabac (78 000 morts par an).

De quelle manière les polluants affectent-ils l’organisme ?

Les particules fines, qui sont les polluants les plus étudiés, vont aller jusqu’au fond des poumons, dans les alvéoles, puis dans la circulation sanguine. À partir de là, tous les organes sont susceptibles d’être affectés. Les PM10 (d’un diamètre inférieur à 10 micromètres) et les PM2,5 (2,5 microns) entraînent des inflammations répétées, conduisant à une irritation chronique qui peut aller jusqu’à la mutation cellulaire. C’est pourquoi les particules fines sont classées comme cancérogènes certains pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé.

Les pics de pollution sont-ils les plus dangereux pour la santé ?

Ces pics affectent bien sûr la santé mais seulement quelques jours par an. C’est la pollution chronique, tout le reste de l’année, qui a l’impact le plus important pour notre organisme. Le seuil d’alerte, déclenché à partir de 80 microgrammes de PM10 par mètre cube d’air, a ainsi été dépassé un jour à Bordeaux et à Toulouse, 7 à Marseille, 10 à Paris, 23 à Lyon et 28 à Lille entre 2007 et 2010. Sur cette période, à Paris, ces pics ont été responsables de 7 % de la mortalité et des hospitalisations cardiaques liées à la pollution de l’air, les 93 % restantes étant provoquées par la pollution quotidienne, lors de laquelle le seuil d’alerte n’est pas déclenché mais où les polluants atmosphériques sont bel et bien présents. À Bordeaux, l’incidence liée aux pics de pollution est de 1 % et à Nancy 15 % – le maximum de notre étude.

Peut-on connaître l’impact de l’épisode actuel de pollution ?

Il est impossible de fournir en temps réel une analyse robuste de l’impact de la pollution sur la santé. Les conséquences apparaîtront peut-être dans nos indicateurs dans une ou deux semaines ; et même si, dans notre dispositif de surveillance, nous détectons, par exemple, une augmentation des consultations pour causes respiratoires, cela peut être lié au froid et aux viroses respiratoires, normales à cette période de l’année.

On fait donc des analyses rétrospectives sur plusieurs années, sur les dernières données de santé disponibles. Nous faisons alors tourner des modèles dans lesquels on contrôle les facteurs de confusion potentiels que sont, entre autres, la température, les pollens au printemps ou les virus l’hiver, pour être sûrs de pouvoir isoler l’impact de la pollution sur la mortalité.

Quelles actions peut-on mettre en place pour réduire la pollution ?

En termes de prévention, il faut agir sur toutes les sources de pollution – le chauffage, la circulation routière, les pollutions agricole et industrielle – et à toutes les échelles, réglementaire, collective et individuelle.

Comment se protéger ?

Les personnes les plus vulnérables doivent davantage se protéger, à savoir les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans, les personnes âgées ou celles qui souffrent de maladies chroniques. Il s’agit d’éviter les sorties aux heures de pointe du trafic routier, ainsi que tout effort physique qui ne serait pas indispensable. Il ne faut pour autant pas se calfeutrer chez soi mais continuer à ventiler son logement et à marcher, si possible aux endroits les moins exposés.

Les sportifs ou les personnes qui travaillent en extérieur doivent également faire plus attention, en limitant leur effort physique et en s’éloignant des sources de pollution. Reste que faire du vélo s’avère plus bénéfique qu’être dans une voiture ou ne pas bouger.

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4 décembre 2016 7 04 /12 /décembre /2016 21:00

Quatre pays ont décidé de bannir les carburants à haute teneur en soufre pour lutter contre la pollution de l'air par Serge Michel pour Le Monde le 3 décembre 2016. Cf. aussi Des carburants toxiques dans les stations africaines précédemment sur ce blog.

L'Afrique de l'Ouest vient de franchir une étape décisive dans sa lutte contre la pollution de l'air liée au trafic routier, en particulier dans les centres urbains. Le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et le Togo ont décidé de proscrire les carburants à haute teneur en soufre, importés massivement dans la région. Cet engagement a été pris par les ministres de l'environnement des quatre pays à l'issue d'une réunion, le 1er décembre à Abuja, la capitale nigériane, sous le patronage du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

Le Nigeria a pris l'option radicale de diviser par 60, dès le 1er  juillet 2017, la teneur en soufre autorisée dans le diesel, qui passera de 3 000 à 50 parties par million (ppm) – des standards proches des normes européennes, fixées à 10 ppm depuis 2009.Dans la mesure où ce pays, recensant plus de 180  millions d'habitants, constitue de loin le plus grand marché africain, ce tournant est susceptible d'influencer toute la sous-région.

Emotion

D'autant que le Ghana l'avait -précédé en octobre, s'alignant lui aussi sur les recommandations du PNUE. À partir de mars  2017, le pays n'importera que des -carburants à faible teneur en soufre. S'agissant du diesel produit localement, les autorités ghanéennes ont octroyé à la raffinerie nationale un délai jusqu'en  2020 pour se conformer au nouveau standard. La Côte d'Ivoire et le Nigeria ont pris des mesures similaires, tout comme, en  2015, cinq pays d'Afrique de l'Est.

Ces mesures font suite à l'émotion suscitée par la publication, en septembre, d'un rapport de l'organisation non gouvernementale suisse Public Eye, qui dénonçait la vente massive en Afrique de carburants toxiques par des tradeurs de pétrole installés notamment à Genève. " Les carburants à faible teneur en soufre sont produits en quantité largement suffisante dans le monde pour absorber la demande des pays émergents qui se dotent de normes strictes ", estime Jane Akumu, responsable de l'Afrique au PNUE.

De nombreuses villes d'Afrique de l'Ouest accusent des niveaux de pollution de l'air qui dépassent, parfois largement, les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Des métropoles comme Lagos et Dakar affichent des taux de particules fines supérieurs à  ceux de Pékin, pourtant connu pour son " smog ". De fait, la Chine s'alignera en  2017 sur les normes européennes de teneur en soufre des carburants.

L'Afrique, elle, est régie par les standards les plus faibles de la planète, avec des carburants 200 fois plus nocifs qu'en Europe. Onitsha, dans le sud du Nigeria, la ville la plus polluée du monde, connaît des niveaux dépassant les 500 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air (µg/m3) – alors que l'OMS recommande de ne pas dépasser 10  µg/m3 en moyenne annuelle pour les PM2,5 (dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns).

Le problème est mortel. Une étude de l'Organisation de coopération et de développement économique, publiée en septembre, montre qu'en  2013, la pollution de l'air a  causé 246 000  décès prématurés en Afrique, un nombre appelé à croître avec l'urbanisation galopante du continent. A cela s'ajoute la hausse massive des maladies respiratoires et cardiovasculaires.

Ces développements constituent un succès pour le PNUE qui, après être parvenu à faire de l'essence sans plomb un standard quasi universel, s'est attelé au soufre. Au contraire du plomb, qui est un additif, le soufre est naturellement contenu dans le pétrole brut. Mais celui-ci peut être raffiné de façon à atténuer ses effets nocifs sur la santé et l'environnement.

Le problème des carburants à haute teneur en soufre est double. D'une part, ils sont intrinsèquement polluants en tant qu'émetteurs de dioxyde de soufre. D'autre part, la propriété corrosive du soufre détruit les technologies modernes de contrôle des émissions, comme les filtres à particules diesel, accroissant les émissions de particules fines de même que celles d'autres polluants, comme l'oxyde d'azote ou le monoxyde de carbone. Ainsi, tout effort de réduction de la pollution liée au trafic routier passe par une limitation préalable du niveau de soufre admis.

Réguler le " blending "

Aujourd'hui, plus de 50  % du -diesel importé en Afrique de l'Ouest provient d'Europe. A eux seuls, les ports de la zone " ARA " – Amsterdam, Rotterdam, Anvers – dotés d'importantes capacités de stockage et de raffinage, fournissent l'essentiel des volumes importés entre la Mauritanie et l'Angola. Bien que les carburants soient fortement réglementés au sein de l'Union européenne, rien n'interdit l'exportation de diesel hautement soufré. Dans certains cas, les tradeurs de pétrole suisses organisent le mélange en mer de carburants de qualité acceptable avec d'autres, ultrapolluants.

La donne pourrait changer. L'enquête publiée par Public Eye a déclenché de vives réactions au sein du conseil municipal de la ville d'Amsterdam, propriétaire du port. Les élus néerlandais ont adopté, mercredi 30  novembre, une motion exigeant du maire qu'il engage un dialogue avec le secteur pétrolier pour interdire la production et l'exportation de carburants ne répondant pas aux normes européennes. Il s'agit de réguler la pratique du " blending " (mélange). Ces méthodes, souvent légales, comportent leur part d'ombre, lorsqu'elles altèrent la qualité d'un carburant pour augmenter les bénéfices en profitant de la faiblesse des standards, comme en Afrique de l'Ouest.

A en croire Public Eye, des négociants en pétrole genevois comme Trafigura et Vitol ont fait de cette activité leur modèle d'affaires. Derrière ces noms peu connus du grand public se cachent des mastodontes du commerce mondial possédant raffineries et cuves de stockages. En Afrique, ces firmes disposent de filiales spécialisées dans l'aval pétrolier, c'est-à-dire les activités d'importation et de distribution, opérant respectivement sous la marque Shell et Puma. A elles seules, ces deux enseignes contrôlent plus de 2 000 stations-service sur le continent, même si le français Total reste le premier détaillant.

  • Les Chiffres

    200

    fois la norme européenne

    En moyenne, la teneur en soufre autorisée dans les carburants vendus en Afrique est de 2 000 parties par million (ppm), soit 200 fois la norme européenne. En réalité, selon les prélèvements effectués à la pompe dans huit pays africains par l'ONG Public Eye, la teneur en soufre du diesel atteint jusqu'à 378 fois le niveau autorisé en Europe.

    50 %

    C'est la proportion du diesel importé en Afrique de l'Ouest qui provient d'Europe

    Les ports d'Amsterdam, de Rotterdam et d'Anvers fournissent l'essentiel des volumes importés entre la Mauritanie et l'Angola.

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 18:26

Près de cent scientifiques demandent à l'Europe et à la communauté internationale d'agir contre les perturbateurs endocriniens. Ils dénoncent la fabrication du doute par les industriels, déjà à l'œuvre dans la lutte contre le changement climatique dans Le Monde du 30 novembre 2016.

Olivier Bonhomme

Olivier Bonhomme

Depuis des décennies, la science est la cible d'attaques dès lors que ses découvertes touchent de puissants intérêts commerciaux. Des individus dans le déni de la science ou financés par des intérêts industriels déforment délibérément des preuves scientifiques afin de créer une fausse impression de controverse. Cette manufacture du doute a retardé des actions préventives et eu de graves conséquences pour la santé des populations et l'environnement.

Les " marchands de doute " sont à l'œuvre dans plusieurs domaines, comme les industries du tabac et de la pétrochimie ou le secteur agrochimique. À elle seule, l'industrie pétrochimique est la source de milliers de produits toxiques et contribue à l'augmentation massive des niveaux de dioxyde de carbone atmosphérique, à l'origine du changement climatique.

La lutte pour la protection du climat est entrée dans une nouvelle ère avec l'accord de Paris de 2015, malgré la farouche opposition de climatosceptiques sourds au consensus établi par les scientifiques engagés pour travailler dans l'intérêt général. Une lutte comparable fait rage autour de la nécessaire réduction de l'exposition aux perturbateurs endocriniens. La Commission européenne s'apprête à mettre en place la première réglementation au monde sur le sujet. Bien que de nombreux pays aient également manifesté leur inquiétude à l'égard de ces produits chimiques, aucun n'a instauré de réglementation qui les encadrerait globalement.

Jamais l'humanité n'a été confrontée à un fardeau aussi important de maladies en lien avec le système hormonal : cancers du sein, du testicule, de l'ovaire ou de la prostate, troubles du développement du cerveau, diabète, obésité, non-descente des testicules à la naissance, malformations du pénis et détérioration de la qualité spermatique. La très grande majorité des scientifiques activement engagés dans la recherche des causes de ces évolutions préoccupantes s'accordent pour dire que plusieurs facteurs y contribuent, dont les produits chimiques capables d'interférer avec le système hormonal.

Des sociétés savantes signalent que ces produits chimiques, appelés les perturbateurs endocriniens, constituent une menace mondiale pour la santé. Parmi ceux-ci : les retardateurs de flamme présents dans les meubles et l'électronique, les agents plastifiants dans les matières plastiques et les produits d'hygiène, ou encore les résidus de pesticides dans notre alimentation. Ils peuvent interférer avec les hormones naturelles lors de périodes critiques du développement, pendant la grossesse ou la puberté, lorsque notre organisme est particulièrement vulnérable.

Une réglementation nécessaire

On ne peut faire face à ce fardeau croissant de maladies à l'aide de meilleurs traitements médicaux : non seulement ces traitements n'existent pas toujours, mais les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé sont bien souvent irréversibles. Les possibilités de réduire notre exposition à un niveau individuel en évitant certains produits de consommation sont, elles aussi, limitées. La plupart de ces substances atteignent notre organisme par le biais de notre alimentation.

Seule solution pour enrayer la hausse des maladies liées au système hormonal : prévenir l'exposition aux produits chimiques à l'aide d'une réglementation plus efficace. Or le projet d'établir une réglementation de ce type dans l'Union européenne est activement combattu par des scientifiques fortement liés à des intérêts industriels, produisant l'impression d'une absence de consensus, là où il n'y a pourtant pas de controverse scientifique. Cette même stratégie a été utilisée par l'industrie du tabac, contaminant le débat, semant le doute dans la population et minant les initiatives des dirigeants politiques et des décideurs pour développer et adopter des réglementations plus efficaces.

Les discussions sur le changement climatique et sur les perturbateurs endocriniens ont toutes deux souffert de cette déformation des preuves scientifiques par des acteurs financés par l'industrie. La plupart des scientifiques pensent qu'exprimer publiquement leur point de vue sur des questions politiques et participer aux débats de société pourrait compromettre leur objectivité et leur neutralité. Ce serait effectivement inquiétant si nos opinions politiques obscurcissaient notre jugement scientifique. Mais ce sont ceux qui nient la science qui laissent leurs opinions politiques obscurcir leur jugement. Avec, pour conséquence, des dommages irréparables. La manipulation de la science concernant les effets de la fumée du tabac a coûté des millions de vies.

Nous considérons qu'il n'est plus acceptable de nous taire. En tant que scientifiques, nous avons en fait l'obligation de participer au débat et d'informer le public. Nous avons la responsabilité de rendre visibles les implications de nos travaux pour la société et les générations futures, et d'attirer l'attention sur les graves dangers qui nous menacent. Les enjeux sont importants, et l'action politique pour endiguer l'exposition aux perturbateurs endocriniens et les conséquences des émissions de gaz à effet de serre est devenue une urgence.

Scientifiques spécialistes des perturbateurs endocriniens ou du changement climatique, nous avons uni nos forces, car un grand nombre d'actions essentielles à la limitation des effets des perturbateurs endocriniens contribueront également à lutter contre le changement climatique. La plupart des substances chimiques synthétisées par l'homme sont des dérivés de combustibles fossiles produits par l'industrie pétrochimique. Une réduction de la quantité de pétrole raffiné permettra aussi de réduire la quantité de sous-produits utilisés dans les plastiques et celle de plastifiants : ces produits chimiques compromettent la santé reproductive masculine et contribuent au risque de certains cancers.

Une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles et un encouragement au développement des énergies alternatives entraîneront non seulement une baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de celles de mercure. Le mercure, un contaminant issu du charbon, émis dans l'air et accumulé dans le poisson, finit par atteindre nos organismes et compromet le développement du cerveau.

Créer l'équivalent du GIEC

Bien que de nombreux Etats aient exprimé la volonté politique de traiter le problème des gaz à effet de serre, la traduction des connaissances scientifiques sur le changement climatique en action politique effective a été bloquée, notamment à cause de la désinformation du public et des dirigeants. Les gouvernements sont déjà en retard. Il est important de ne pas répéter ces erreurs avec les perturbateurs endocriniens, et d'apprendre de l'expérience des scientifiques du climat et de la recherche en santé publique.

La Commission européenne a l'occasion de choisir des instruments de réglementation qui pourront fixer de nouveaux standards pour le monde entier afin de nous protéger des effets nocifs des perturbateurs endocriniens. Nous sommes cependant préoccupés par les options réglementaires que propose aujourd'hui la Commission, très éloignées des mesures nécessaires pour protéger notre santé et celle des générations futures. Les options proposées pour identifier les perturbateurs endocriniens requièrent un niveau de preuve bien plus élevé que pour d'autres substances dangereuses, comme celles cancérigènes. Dans la pratique, il sera très difficile de reconnaître une substance dangereuse comme perturbateur endocrinien dans l'Union européenne.

Des actions urgentes sont nécessaires sur les deux thèmes. Pour cette raison, nous appelons à la mise en œuvre de mesures qui s'attaqueraient aux perturbateurs endocriniens et au changement climatique de façon coordonnée. Un moyen efficace pourrait être la création, sous les auspices de l'Organisation des Nations unies, d'un groupe ayant le même statut international et les mêmes prérogatives que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Ce groupe serait chargé d'évaluer les connaissances scientifiques destinées aux responsables politiques dans l'intérêt général et mettrait la science à l'abri de l'influence des intérêts privés. Nous le devons aux générations qui vivront demain.

Les premiers signataires de ce texte sont : Andreas Kortenkamp, université Brunel (Royaume-Uni) ; Barbara Demeneix, CNRS/ Muséum national d’histoire naturelle ; Rémy Slama, Inserm, université Grenoble-Alpes ; Edouard Bard, Collège de France ; Ake Bergman, université de Stockholm (Suède) ; Paul R. Ehrlich, université Stanford (États-Unis) ; Philippe Grandjean, Harvard Chan School of Public Health (États-Unis) ; Michael E. Mann, université Penn State (États-Unis) ; John P. Myers, université Carnegie Mellon (États-Unis) ; Naomi Oreskes, université Harvard (États-Unis) ; Eric  Rignot, université de Californie (États-Unis) ; Thomas Stocker,  université de Berne (Suisse) ;  Kevin Trenberth, National Centre for Atmospheric Research (États-Unis) ; Carl Wunsch,  Massachusetts Institute of Technology (États-Unis) ;  R. Thomas Zoeller, université du Massachusetts à Amherst (États-Unis).

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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 22:29

Bruxelles a élaboré ses propres éléments de preuve pour éviter une réglementation trop stricte sur ces produits chimiques dangereux par Stéphane Horel pour Le Monde le 29 novembre 2016.

Plus de quarante produits de tous les jours qui contiennent des perturbateurs endocriniens. JULIE BALAGUÉ POUR « LE MONDE »

Plus de quarante produits de tous les jours qui contiennent des perturbateurs endocriniens. JULIE BALAGUÉ POUR « LE MONDE »

Tout, ou presque, tient en ces quelques mots : " Les perturbateurs endocriniens peuvent (…) être traités comme la plupart des substances - chimiques - préoccupantes pour la santé humaine et l'environnement. " C'est sur cette simple phrase, issue de la conclusion d'un avis de 2013 de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), que Bruxelles fonde son projet de réglementation des perturbateurs endocriniens, ces substances omniprésentes capables d'interférer avec le système hormonal à des doses souvent infimes.

Cette proposition, qui devrait être votée sous peu par les États membres, fédère contre elle la France, le Danemark ou la Suède, mais aussi l'ensemble des organisations non gouvernementales (ONG) qui estiment qu'elle ne permet pas de protéger la santé publique et l'environnement. La communauté scientifique compétente, incarnée par l'Endocrine Society – une société savante qui rassemble quelque 18 000 chercheurs et cliniciens spécialistes du système hormonal – ferraille, elle aussi, contre le projet. Une opposition surprenante puisque la Commission européenne assure s'appuyer sur la science, c'est-à-dire sur une expertise scientifique de l'EFSA.

L'explication de ce singulier hiatus se trouve dans une série de documents internes de l'administration européenne, obtenus par Le Monde. Ils le montrent sans aucune ambiguïté : la phrase-clé sur laquelle repose l'édifice réglementaire proposé par la Commission a été rédigée avant même que l'expertise scientifique ait véritablement commencé.

" Conclusions écrites à l'avance "

En décembre  2012, l'EFSA expose déjà des " conclusions/recommandations " dans un courriel adressé aux experts qu'elle a rassemblés pour réaliser ce travail : " Les perturbateurs endocriniens et leurs effets nocifs devraient être traités comme tout autre produit chimique préoccupant pour la santé humaine ou l'environnement. " La phrase-clé est déjà là. Pourtant, la toute première réunion de mise en place du travail ne s'est tenue que quelques jours auparavant. Fin mars  2013, c'est-à-dire trois mois plus tard, elle figurera bel et bien dans les conclusions de l'avis publié par l'agence. " Il est certain que les conclusions étaient écrites à l'avance, sinon sur le papier, au moins dans la tête de certains des participants ", raconte une source proche du dossier au moment des faits. La Commission n'a pas donné suite aux questions du Monde. L'EFSA, quant à elle, assure avoir correctement effectué son mandat : " Le comité scientifique - de l'EFSA - a passé en revue les différents avis émanant de nombreux experts et assemblées ", réagit l'agence européenne.

Anodine pour le néophyte, la " phrase de l'EFSA " a en réalité une portée considérable. Car si les perturbateurs endocriniens sont effectivement des produits comme les autres, alors il n'est nul besoin d'une réglementation sévère. L'industrie des pesticides, la plus concernée par le dossier, l'a fort bien compris. Ses principales organisations de lobbying – l'Association européenne pour la protection des cultures (ECPA), CropLife International, CropLife America – ou encore les groupes agrochimiques allemands BASF ou Bayer répètent ad libitum la " phrase de l'EFSA " dans leurs argumentaires et leurs correspondances avec les institutions européennes, que Le Monde a pu consulter.

De fait, la fameuse phrase revêt une importance majeure pour la réglementation européenne sur les produits phytosanitaires. C'est en 2009 que le Parlement européen a voté un nouveau " règlement pesticides ". Selon ce texte de loi, les pesticides identifiés a priori comme " perturbateurs endocriniens " ne pourront plus accéder au marché ou y rester, sauf quand l'exposition est jugée négligeable. Cette disposition n'attend plus, pour être appliquée, que l'adoption de critères scientifiques pour définir les perturbateurs endocriniens – ce que propose aujourd'hui Bruxelles. Mais si ces perturbateurs sont des produits chimiques comme les autres – c'est la " phrase de l'EFSA " qui le dit – pourquoi les interdire a priori ? La Commission a donc modifié le texte. Il suffirait maintenant d'évaluer le risque qu'ils présentent au cas par cas, si des problèmes se présentent après la mise sur le marché. Et donc a posteriori. Au prix d'un changement de l'esprit du règlement de 2009 ?

Cette modification ouvrirait une " brèche majeure " dans la protection de la santé et de l'environnement, affirme EDC-Free Europe. Cette coalition d'ONG accuse la Commission de vouloir dénaturer la philosophie de la loi européenne. Surtout, cet amendement au règlement de 2009 pose un problème démocratique, un peu comme si des fonctionnaires avaient pris l'initiative de rédiger un décret d'application n'ayant rien à voir avec l'intention des élus. C'est aussi l'opinion du Parlement européen. Dans un courrier dont Le Monde a obtenu copie, le président de la commission de l'environnement du Parlement l'a écrit le 15  septembre au commissaire à la santé chargé du dossier, Vytenis Andriukaitis : la Commission a " excédé ses compétences d'exécution " en modifiant des " éléments essentiels " de la loi. Dans une note du 10  octobre, la France, le Danemark et la Suède ne disent pas autre chose, estimant qu'elle n'a pas le droit de revenir sur " le choix politique du législateur ".

Ce reproche est d'autant plus fâcheux pour la Commission qu'elle est déjà dans l'illégalité sur le sujet. La Cour de justice européenne l'a en effet condamnée en décembre  2015 pour avoir violé le droit de l'Union : elle devait régler la question des critères d'identification des perturbateurs endocriniens avant fin 2013.

La Commission, elle, reste imperturbable sous la giboulée de critiques. Elle assure avoir rempli la condition qui l'autorise à " actualiser " le règlement : prendre en compte l'évolution de " l'état des connaissances scientifiques ", à savoir la fameuse petite phrase de l'EFSA. Celle sur laquelle repose sa justification.

Un message mortifié

Mais pourquoi l'EFSA aurait-elle écrit à l'avance une conclusion en rupture avec le consensus scientifique ? Un document interne de la Commission obtenu par Le Monde jette une lumière crue sur les intentions de la direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire (" DG santé "), aujourd'hui chargée du dossier à la Commission. Un compte rendu de réunion consigne noir sur blanc qu'elle envisageait, dès septembre  2012, de passer outre la volonté des élus européens. La DG santé disait alors ne pas être " opposée à l'idée de revenir à une réglementation fondée sur l'évaluation du risque "et être " même prête à changer complètement " la partie du règlement concernée. Le même document précise plus loin que la DG santé devra " parler à l'EFSA pour essayer d'accélérer la préparation " de son avis. Or, à ce moment-là, l'avis de l'EFSA n'existe pas encore… L'agence vient tout juste d'être saisie pour mettre en place un groupe de travail sur les perturbateurs endocriniens.

Les conditions très particulières de cette expertise se lisent d'ailleurs dans les courriels que s'échangent les experts et les fonctionnaires de l'agence. Un mois avant la remise du rapport de l'EFSA, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publient un rapport conjoint sur les perturbateurs endocriniens. Un des experts commis par l'EFSA envoie un message mortifié à l'ensemble du groupe : " Il est presque embarrassant de comparer notre version actuelle avec le rapport OMS/PNUE. (…) Quand le rapport de l'OMS/PNUE parvient à la conclusion que la méthode traditionnelle d'évaluation des risques des produits chimiques est inadéquate - pour les perturbateurs endocriniens - , nous arrivons à la conclusion exactement opposée. "

Le scientifique juge indispensable de changer leurs conclusions. Le fonctionnaire de l'EFSA qui supervise le travail du groupe abonde dans son sens. Les " conclusions actuelles où nous expliquons que les perturbateurs endocriniens peuvent être traités comme la plupart des autres substances chimiques (…) nous isolent du reste du monde et pourraient être difficiles à défendre ", écrit-il. Pourtant, quand l'avis de l'EFSA est publié le 20  mars 2013, il comporte toujours, imperturbablement, la petite phrase. " Ce devait être une procédure fondée sur la science, une élaboration de politique fondée sur les preuves ", désapprouve quant à lui Axel Singhofen, conseiller du groupe des Verts-Alliance libre européenne au Parlement. " Mais ce à quoi nous assistons, ajoute-t-il, c'est à de l'élaboration de preuves fondée sur la politique. "

  • Le contexte

    Des substances omniprésentes

    Les perturbateurs endocriniens sont des produits chimiques présents partout dans notre environnement quotidien (plastiques, mobilier, cosmétiques…), qui contaminent la nature et nos aliments (pesticides, emballages…) et pénètrent dans nos organismes (sang, lait maternel…). Capables d'interférer avec le système hormonal, ils sont liés à de multiples maladies en augmentation chez l'homme. Ce sont les conséquences irréversibles d'une exposition pendant la grossesse qui suscitent le plus d'inquiétude. Cancers du sein, de la prostate et des testicules, diabète ou infertilité : la liste est longue et inclut des dommages sur l'intelligence collective avec des atteintes au développement du cerveau qui font baisser le quotient intellectuel moyen. Une équipe internationale de chercheurs dirigée par Leonardo Trasande (université de New York) a estimé que leur coût pour la société s'élève à 157 milliards d'euros par an en Europe.

Un déni du consensus scientifique

La Commission européenne a fait le choix de s'appuyer sur des études financées par les industriels

L'évolution des connaissances scientifiques. " C'est sur elle que la Commission européenne assure s'appuyer pour justifier ses choix décriés en matière de réglementation des perturbateurs endocriniens. Pourtant, l'Endocrine Society, une société savante majeure, juge que la Commission " ignore l'état de la science ". Comment expliquer un tel hiatus ? Pour documenter sa réflexion, la direction générale santé et sécurité alimentaire, responsable du dossier à la Commission, a mené une étude d'impact de plus de 400 pages, publiée en juin après avoir été gardée sous clé comme un secret d’État (Le Monde daté 20-21 mai). Quelles " connaissances scientifiques " y évoque-t-elle plus précisément ?

La Commission cite avant tout l'avis émis par l'une de ses agences officielles, l'Autorité européenne de sécurité des aliments, en 2013. Cet avis constitue en effet le socle de sa proposition de réglementation. Mais, comme le processus de décision a débuté en 2009, les " connaissances scientifiques " sur les perturbateurs endocriniens ont beaucoup évolué depuis cette date. Cette revue de la science, il se trouve que l'Endocrine Society l'a faite en 2015.

Elle a examiné 1 322 publications parues depuis sa dernière contribution, en 2009 justement. Conclusion : elles ne laissent " aucun doute sur la contribution des perturbateurs endocriniens au fardeau croissant des maladies chroniques liées à l'obésité, au diabète, à la reproduction, à la thyroïde, aux cancers et aux fonctions neurœndocriniennes et neurodéveloppementales ". En  2013, une vingtaine de chercheurs mobilisés pendant près de deux ans sous les auspices de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) étaient parvenus à des conclusions similaires. Leur rapport sonnait l'alerte sur une " menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution ".

" Interprétation controversée "

Ces " connaissances scientifiques ", l'étude d'impact de la Commission les mentionne bien, mais pour les disqualifier, jugeant qu'elles ne méritent pas d'être prises en considération. " Les éléments de preuves sont dispersés et leur interprétation controversée, écrit-elle, de telle sorte qu'il n'y a pas d'accord entre les experts sur un lien de causalité ou même sur une possible association entre une exposition aux perturbateurs endocriniens à des niveaux environnementaux et les maladies mentionnées. "

Dans la foulée de cette appréciation lapidaire, elle réduit l'Endocrine Society à une " partie prenante " qui aurait publié une " déclaration ". Quant au rapport OMS/PNUE, sa méthodologie " a fait l'objet de critiques scientifiques ", indique-t-elle, citant plusieurs publications qui montrent, selon elle, que " la controverse ne semble pas résolue ". Mais quelles publications feraient donc tant autorité qu'elles pourraient pulvériser des travaux menés par les spécialistes les plus respectés du domaine ?

Ses appréciations négatives, la Commission les fonde notamment sur des " commentaires critiques ", publiés en  2014, contestant les méthodes et les conclusions du rapport OMS/PNUE. Parmi ses dix auteurs, sept travaillent pour Exponent et Gradient, des cabinets de consultants spécialisés en questions scientifiques connus sous l'appellation de " sociétés de défense de produits ".

Mais, surtout, c'est l'industrie qui a commandité l'article par le biais de ses organisations de lobbying : le secteur de la chimie avec le Conseil européen de l'industrie chimique (Cefic) et American Chemistry Council, et celui des pesticides avec CropLife America, CropLife Canada, CropLife International et l'Association européenne pour la protection des cultures.

" Légende urbaine "

Rien de tout cela ne peut être ignoré des services de la Commission. Non seulement ces sponsors figurent clairement dans la déclaration d'intérêts à la fin de l'article, mais c'est l'industrie elle-même qui le lui a fait parvenir. Le Cefic l'a en effet envoyé par courriel à une trentaine des fonctionnaires européens impliqués dans le dossier le 17  mars 2014. Dans ce message consulté par Le Monde, les industriels expliquent qu'ils ont " commandité une analyse indépendante sur le rapport OMS/PNUE à un consortium d'experts scientifiques ", redoutant notamment que, " malgré ses sérieuses lacunes, il soit utilisé pour appeler à plus de précaution dans les réglementations chimiques ".

Parmi les autres publications que cite l'étude d'impact, on trouve également un article de deux pages, dont l'un des signataires est un personnage plus connu pour ses fonctions de consultant de l'industrie du tabac que pour ses compétences sur le thème. Parmi ses co-auteurs, des toxicologues rémunérés par les industries de la chimie, des pesticides ou du plastique.

Un autre article, encore, compte deux consultants sur ses trois auteurs et parle des perturbateurs endocriniens comme d'une " légende urbaine " posant des " risques imaginaires ". Ironisant sur les effets " hypothétiques " des perturbateurs endocriniens comme la " réduction de la longueur et de la taille du pénis ", ils demandent si la question " ne relève pas plutôt de la compétence du docteur Sigmund Freud que de la toxicologie ".

Peut-on vraiment assimiler ces textes à des " connaissances scientifiques " ? Pourquoi la Commission accorde-t-elle autant de crédit à des documents qui s'apparentent à du matériau de lobbying ? Dans une tribune publiée dans Le Monde de ce jour,des scientifiques indépendants s'inquiètent d'une " déformation des preuves scientifiques par des acteurs financés par l'industrie ". Signé par une centaine d'experts de deux domaines très différents – perturbateurs endocriniens et changement climatique –, leur texte évoque les " graves conséquences pour la santé des populations et l'environnement " de cette stratégie de " manufacture du doute ".

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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 15:50

Le 10 novembre, nous avons passé une journée extraordinaire, l'association Un Plus Bio est incroyable ! Nous avons participé au débat sur les relations Élus Citoyens, fait de très belles rencontres, et puis NOUS AVONS REMPORTÉ LA VICTOIRE DE L'ENGAGEMENT CITOYEN !!!!! Nous sommes très fiers et  repartis gonflés à bloc ! par Isabelle Bretegnier pour Pas d'usine on cuisine !

Isabelle Bretegnier représente le collectif Pas d’usine on cuisine ! lors des Victoires des cantines rebelles le 10 novembre 2016.

Isabelle Bretegnier représente le collectif Pas d’usine on cuisine ! lors des Victoires des cantines rebelles le 10 novembre 2016.

« Les Lilas, c’est 2 000 convives, cuisine déléguée à une société privée, 10 % de bio. En 2012, quelques parents en mobilisent d’autres pour informer les citoyens qu’une restauration collective éco-responsable est possible. Organisation d’une journée de la transition citoyenne, distribution de tracts, pétition, médiatisation, réunions publiques, contact d’experts, réalisations et projections de films… Peu à peu, un dialogue constructif s’instaure entre parents, élus et prestataire de services.

Valeurs défendues : « Que tous les enfants – riches ou pauvres – puissent bénéficier d’un repas de qualité le midi à la cantine, recevoir une éducation au goût et nutritionnelle (provenance des aliments, moyens de productions utilisés, équilibre alimentaire, découverte de la cuisine alternative et des plats végétariens…), prendre conscience du gaspillage alimentaire (sans pour autant les culpabiliser) et de la revalorisation des déchets organiques. Également que tous les personnels de cuisine et de service aient un métier valorisant dans l’élaboration de recettes maisons avec des produits frais, bio-locaux, et dans l’éducation des enfants… »
( http://www.unplusbio.org/voici-dix-laureats-victoires-cantines-rebelles-2016/ )

Pas d'usine on cuisine, page face book https://www.facebook.com/Pas-dusine-on-cuisine-377940582369854/, adresse pasdusineoncuisine@gmail.com.

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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 11:13
Le collectif citoyen 269 Life France mène des actions chocs pour informer le grand public, comme ici à Paris, le 26 septembre 2015

Le collectif citoyen 269 Life France mène des actions chocs pour informer le grand public, comme ici à Paris, le 26 septembre 2015

Effet de mode ou tradition ancestrale ? Être végane apparaît avant tout comme l’application d’une philosophie de vie refusant la supériorité de l’être humain sur les animaux. Abolir toute forme d’exploitation animale en est la priorité. Au XIXe siècle, le philosophe Jeremy Bentham repoussait déjà les limites de la réflexion en affirmant que le plus important n’était pas de savoir si les animaux peuvent parler ou raisonner, mais de savoir s’ils souffrent. Une dimension éthique mettant les hommes, « ces autres animaux », face à leurs responsabilités, tout comme les vidéos de l’association L214, révélant la réalité des abattoirs. Un dossier par Vanina Delmas et Ingrid Merckx pour Politis le 23 novembre 2016 à lire sur www.politis.fr.

Le véganisme est-il un humanisme ?
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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 11:06

par Martine Orange pour Médiapart le 24 novembre 2016

La combine était censée ne jamais être découverte. Deux dirigeants de la branche Eau de Veolia France sont devenus actionnaires d’une société luxembourgeoise, tout de suite après lui avoir confié un énorme contrat : le traitement des paiements de toutes les factures d’eau du groupe en France. Ils espéraient revendre par la suite cette société 200 millions d’euros au minimum. À Veolia de préférence.

La machination était censée ne jamais venir au grand jour. Comment imaginer un tel dévoiement au sein de Veolia ? Alors que le groupe a supprimé plusieurs milliers d’emplois dans l’activité Eau au cours des quatre dernières années, et lancé un programme d’économies de plus de 600 millions d’euros, deux des plus hauts responsables de l’activité de la branche Eau travaillaient surtout à leur enrichissement, en utilisant les moyens financiers, les clients, la réputation du groupe pour leur seul profit personnel.

Dans la plus grande discrétion, ces dirigeants sont devenus actionnaires, avec une poignée d’acolytes, d’une toute petite structure basée au Luxembourg, Olky Payment Service Provider. Une société qu’ils venaient justement de choisir pour lui confier un énorme contrat : le traitement de tous les paiements des factures d’eau des abonnés de Veolia en France !

Cette plateforme, qui gère en particulier les paiements par TIP (titre interbancaire de paiement), a une technique particulière : elle représente automatiquement les factures impayées auprès des banques et peut mettre en place des paiements fractionnés. Un huissier des temps modernes en quelque sorte.

Ce système est censé lutter contre les impayés, de plus en plus importants dans la gestion des services d’eau. Non pas parce que la pauvreté sévit de plus en plus en France, à entendre les grands concessionnaires d’eau (Veolia, Suez environnement, Saur), mais en raison de la loi Brottes, votée en 2013. Celle-ci, selon eux, serait une incitation à ne pas payer puisqu’elle institue un droit minimum à l’eau et interdit toute coupure définitive. Vent debout contre ce texte, les concessionnaires d’eau réclament désormais que les municipalités prennent à leur charge une partie des factures impayées, au titre de l’aide sociale.

Pendant ce temps, les deux dirigeants de la branche Eau avaient tout mis en place pour engranger les bénéfices. Avec l’espoir de faire une culbute encore plus grande dans un délai assez bref. Car le but était de revendre l’ensemble de la société au groupe, ou à d’autres, le plus rapidement possible. Le prix de revente avait déjà été fixé entre les différents actionnaires : 200 millions d’euros minimum !

Antoine Frérot, PDG de Veolia © Reuters

Antoine Frérot, PDG de Veolia © Reuters

200 millions d’euros ! La cupidité des dirigeants est décidément devenue sans limite. Depuis des années, la chronique des affaires de rémunération et d’enrichissement personnel dans le monde patronal ne cesse de s’étoffer. Mais cette affaire traduit un degré supplémentaire dans l’effondrement moral, l’absence de toute éthique, de tout scrupule. Avec un sentiment complet d’impunité, ces dirigeants se sont appuyés sur leurs connaissances, ce petit monde de réseaux, de combines, d’entre-soi qui fait si souvent la marque du capitalisme français, pour monter leur machination. L’argent emportant tout.

L’affaire paraît avoir été pensée et orchestrée de longue date. Car tous les engrenages du mécanisme s’emboîtent en un temps record. Les sociétés nécessaires sont créées au moment voulu. Tout le monde semble jongler avec aisance dans l’opacité de la finance discrète et des paradis fiscaux.

Tout commence en 2014. Alain Franchi vient juste d’hériter de la responsabilité de l’activité Eau en France. Parachuté de l’extérieur en juillet 2013 pour la restructurer, ce responsable est présenté comme un manager de crise. Il est surtout le bras de droit de Serge Michel, parrain du BTP depuis plus de trente ans, qui a fait la pluie et le beau temps dans les conseils d’administration de Vinci et de Veolia (voir «Alain Minc m’a tuer »). Selon Challenges, c’est Serge Michel qui aurait imposé, en contrepartie du maintien d’Antoine Frérot à la présidence du groupe (voir notre enquête ici), la nomination de son plus proche collaborateur à la tête de la branche Eau, l’activité stratégique de Veolia. Ce qui nous a été confirmé par plusieurs sources. Le groupe dément toute interférence de Serge Michel dans cette nomination. Les relations entre Serge Michel et Alain Franchi seraient distendues ces derniers temps, dit-on. Ils continuent cependant de partager au moins sept  sociétés ensemble.

Alain Franchi connaît Olivier Boyadjian. Cet ancien de la Caisse des dépôts – il dirigeait l’équipe d’investissements de CDC Capital investissements – est responsable désormais du fonds d’investissement HIG Capital en France. Il est lui aussi présenté comme un «manager de crise ». Son fonds a repris notamment les actifs de l’usine Molex, mise en faillite par sa maison mère en 2009, des usines (ex-Pechiney) vendues par le groupe Rio Tinto en France ou des parcs de la Compagnie des Alpes. Selon nos informations, c’est Olivier Boyadjian qui aurait parlé le premier de la société Olky Payment Service Provider à Alain Franchi. «En juillet 2014 », précise Franck Rouayroux, le dirigeant de la société luxembourgeoise dans un mail, en réponse à nos questions. Olivier Boyadjian n’a pas retourné notre appel (voir la Boîte noire).

Conseiller cette société à un groupe comme Veolia est des plus étonnants. Car des plateformes de paiement, il en existe des dizaines bâties sur le même modèle et qui ont pignon sur rue. Pourquoi recommander une obscure société, basée au Luxembourg, et qui n’a quasiment aucune référence dans ces métiers ? Créée en 2011, elle n’est d’abord qu’une filiale conçue dans le prolongement d’une des activités de sa maison mère, Olky International Holding : la location de scooters.

La maison mère n’est pas plus rassurante. C’est une holding financière qui n’a guère de surface. Elle a été créée en 1998 par des fonds basés aux îles Vierges britanniques et dans l’île de Niue, un des paradis fiscaux les plus opaques – un des trusts qui figurent parmi les actionnaires fondateurs d’Olky International se retrouve d’ailleurs dans les Panama papers. Puis elle a été rachetée, semble-t-il, par Franck Rouayroux, un ingénieur français installé au Luxembourg en 2000.

Pendant toutes ces années, la holding financière vivote. Elle a des activités dans la vente d’articles de sport, la location de scooters et surtout de voitures de luxe, cette dernière activité semblant avoir été un puissant ciment entre la société et ses clients. Tout va petitement, jusqu’à ce que les autorités luxembourgeoises de contrôle lui donnent un agrément bancaire en 2013. Ce qui lui permet de travailler dans toute l’Europe.

Un tour de table sur mesure

Sur quelles bases les autorités de contrôle luxembourgeoises ont-elles pu accorder un tel agrément à une plateforme de paiement qui n’a aucune surface financière affichée, aucune référence ? Mystère. « Olky Payment a développé une usine de traitement d’opérations SEPA (Système d’Information Bancaire appelé SIO4), dont la particularité repose sur le développement de fonctionnalités novatrices permettant d’améliorer significativement les chances de recouvrement des créances impayées pour les créanciers. Cette solution opérationnelle dès 2014 a permis à Olkypay d’être reconnue comme l’une des Fintechs les plus innovantes, récompensée à plusieurs reprises en France et au Luxembourg », nous a répondu son dirigeant Franck Rouayroux. Atteint d’une brusque « extinction de voix », il a préféré nous répondre par mail.

Comment Veolia peut-il se laisser convaincre de confier à une société basée au Luxembourg tous les abonnés de ses concessions d’eau en France payant par TIP, alors qu’elle a comme seuls clients connus le groupe Beaumanoir (prêt-à-porter) et la caisse sociale de Monaco ? Encore plus mystérieux. La société semble avoir eu des arguments convaincants. Un mois à peine après avoir été présentée, elle signe dès le début août un accord d’agrément avec Veolia. Olky Payment s’engage à lui « fournir des services de paiement ». Le 22 décembre 2014, le directeur général de Veolia Eau, Alain Franchi, signe un contrat définitif, confiant pour sept ans à la société luxembourgeoise le traitement de l’ensemble de la facturation par TIP de ses services délégués sur le territoire français, à l’exception des eaux de Marseille et du grand Lyon.

D’un seul coup, c’est un flux de 3 à 5 milliards d’euros par an assuré pour la société. Une vraie manne pour la toute petite entreprise. D’autant que Veolia accepte de prendre à sa charge tous les frais de développement (près de 2 millions d’euros) pour lui permettre de gérer sa facturation. Le groupe lui promet aussi son soutien et son nom pour proposer « une offre de service [de la plateforme – ndlr] à d’autres distributeurs d’eau et à d’autres secteurs d’activité ». Les offices d’HLM sont particulièrement visés.

« J’ai été informé qu’il y avait un transfert de notre facturation vers une société au Luxembourg. Mais cette opération m’a été présentée comme un simple recours à un prestataire extérieur pour aider nos services », reconnaît le PDG, Antoine Frérot. Pour lui, il n’y avait pas de raison de s’attarder beaucoup plus sur ce dossier : ce n’était qu’un contrat de soustraitance qui ne justifiait pas d'aller voir plus loin.

Alain Franchi, directeur général de Veolia eau France © DR

Alain Franchi, directeur général de Veolia eau France © DR

En coulisses, pourtant, différentes personnes s’agitent beaucoup. Brusquement, des « investisseurs » veulent en être et participer au formidable succès à venir de cette société totalement inconnue. L’affaire, il est vrai, s’annonce prometteuse. Dès la première année du contrat Veolia, Olky Payment a réalisé quelque 6 millions d’euros de profit pour un chiffre d’affaires d’environ 13 millions d’euros. Des marges dignes de celles du secteur du luxe.

Le 11 mars 2015, lors d’une assemblée générale extraordinaire visant à acter une augmentation de capital de 1,2 million d’euros (pour le porter à 2,2 millions), de nouveaux actionnaires font leur apparition. On y retrouve Olivier Boyadjian, qui a permis de décrocher le contrat avec Veolia. Mais celui-ci ne passe pas par son fonds d’investissement. Il préfère investir à titre personnel avec sa femme, devenant le troisième actionnaire, derrière ceux qui possèdent 20 % du capital.

Avec lui arrivent des noms connus ailleurs : Didier Lombard, ancien PDG d’Orange, Jean-Yves Durance, vice-président de la chambre de commerce et d’industrie de Paris ; François Drouin, président du tunnel du Mont-Blanc ; Guy Tavenaud, ancien banquier chez Lazard. Ils arrivent souvent avec leur femme et pour des montants modérés (autour de 50 000 euros).

Comment ont-ils découvert cette société ? « Par des contacts normaux. C’est une fintech », nous a répondu François Drouin avant de couper court à la conversation. « Par l’intermédiaire de gens que je connaissais », a ajouté Jean-Yves Durance, avant de préciser qu’il n’avait « aucune intention de répondre » à nos questions. Aucun des autres n’a retourné nos appels. Olivier Boyadjian « s’est chargé d’organiser le tour de table des nouveaux entrants qu’il représente. Parmi ceux-ci se trouvent beaucoup de financiers ou ex-banquiers, séduits par le caractère innovant des solutions apportées par Olkypay dans un secteur qui leur était bien connu et qui s’est ouvert à la concurrence après la transposition de la Directive des Services de Paiement (DSP) », nous a répondu le dirigeant d’Olky Payment. S’il fallait trouver un autre point commun entre eux, la plupart entretiennent une grande proximité avec la Caisse des dépôts, dont le nom est malheureusement trop souvent cité dans des affaires obscures.

Mais une autre entité discrète prend aussi une participation significative (10 % du capital) à l’occasion de ce nouveau tour de table : Digital Transaction Services. Le dirigeant de cette société suisse n’est autre que Jean-Philippe Franchi, le frère du directeur général de Veolia Eau, Alain Franchi ! Il travaille lui aussi pour la branche Eau du groupe. Tout cela, bien sûr, n’est que pur hasard et ne pose aucun problème de conflit d’intérêts, ni d’abus de confiance.

À la suite de nos questions sur cette présence inattendue, Alain Franchi nous a fait parvenir la réponse écrite suivante : « Cette opération a été réalisée sans que j’en aie été informé. J’ai été informé de la prise de participation de Jean-Philippe dans cette société il y a environ un mois. J'ai immédiatement souhaité analyser les éventuels conflits d'intérêts qui se poseraient. Je n’avais pas encore toutes les réponses lorsque vous avez contacté le groupe Veolia. » Bref, il a découvert le pot aux roses juste avant notre enquête, mais n’avait pas encore pris la peine d’en informer le président du groupe, Antoine Frérot.

Comment le croire ? Car la prise de participations de Digital Transaction Services a vraiment des allures d’opération d’initiés. L’enchaînement, en tout cas, est parfait. Dès que le contrat entre Veolia et Olky Payment est signé, le 22 décembre 2014, la procédure pour créer la société Digital Transaction Services est lancée. Le 23 janvier 2015, elle fait enregistrer ses statuts fondateurs à Neuchâtel (Suisse). L’objet de la société est de concevoir et développer des solutions informatiques, mais aussi de prendre des participations dans des sociétés en Suisse ou à l’étranger. Elle entre au capital d’Olky Payment le 11 mars.

Un pacte d'actionnaires en or

Le tour de table, toutefois, ne sera vraiment complété qu’en novembre 2015. Le 30 novembre 2015, la maison mère de la plateforme de paiement, Olky International Holding, qui se renommera à cette occasion Utoky International Holding, tient une nouvelle assemblée générale extraordinaire. Celle-ci doit entériner l’arrivée d’un nouvel actionnaire, la société Gaway.

Philippe Malterre, directeur adjoint de Veolia Eau France © Veolia

Philippe Malterre, directeur adjoint de Veolia Eau France © Veolia

En matière d’argent, l’imagination est toujours au pouvoir : l’entrée de cette nouvelle société se fait par le biais d’une seule « action traçante ». Un concept jusqu’alors totalement inconnu. Cette seule action, comme l’explique le procès-verbal de l’assemblée, donne le droit à « 21,7391 % [quatre chiffres après la virgule !] de toutes les performances et revenus des actions par la holding dans Olky Payment (…) ainsi que du produit de la vente de tout ou partie des actifs désignés ». En résumé, grâce à cette seule action, l’actionnaire qui la détient s’octroie 6 % des profits ou du prix de cession de Olky Payment Service Provider. Cette action est souscrite par la société Gaway, logée à Montbrison (Loire). Une société totalement inconnue mais qui semble particulièrement bien informée.

Mais pourquoi utiliser un mécanisme si compliqué en multipliant les sociétés écrans ? Le secret, de fait, s’imposait : le véritable propriétaire de cette société est Philippe Malterre, le directeur général adjoint de Veolia Eau France. L’homme est un des piliers de Veolia. Il est entré dans le groupe il y a plus de trente ans, du temps où celui-ci s’appelait encore la Générale des eaux et était présidé par Guy Dejouany. Philippe Malterre n’a pas retourné notre appel.

Ainsi, dans le plus grand secret, au mépris de toutes les règles, deux responsables de la branche Eau sont actionnaires directs dans une société prestataire du groupe, portée à bout de bras par Veolia, et espèrent en tirer un profit personnel. Et pas seulement dans la gestion quotidienne.

Car les actionnaires qui sont arrivés au capital d’Olky Payment tout de suite après que cette dernière a décroché le contrat avec Veolia sont de vrais entrepreneurs ! Le jour même où ils sont entrés au capital, ils ont signé un pacte d’actionnaires dont l’objet quasiment unique est de prévoir les conditions de sortie. Il est notamment prévu que tous devront céder leurs titres « si la société reçoit une offre d’achat au moins égale à 7 fois l’Ebitda (résultat brut d’exploitation) et que celle-ci est présentée pour un prix minimum de 200 millions d’euros » !

Franck Rouayroux minimise aujourd’hui la portée de ce pacte et des engagements écrits qui ont été pris. Le pacte d’actionnaires a surtout pour but, selon lui, « de réguler les relations entre les différents actionnaires et de prévoir les conditions de sortie pour ne pas léser les minoritaires. Il prévoit notamment un montant minimal de rachat de la société Olkypay en-deçà duquel seule l’unanimité des voix est requise pour autoriser une cession ».

Les actionnaires ont-ils déjà en tête un repreneur, quand ils signent cet acte ? À qui pensent-ils ? Qui peut mettre 200 millions d’euros sur la table pour une telle société ? Un fonds d’investissement comme celui dirigé en France par Olivier Boyadjian ? Peut-être. Mais sans doute plus Veolia, objet de toutes les attentions des actionnaires puisque le pacte prévoit un comité de pilotage pour suivre spécialement le contrat avec le groupe.

« Il n’existe aucun engagement de la part de Veolia sur un éventuel rachat. Il n’y a pas non plus de projet de cession à court terme », assure Franck Rouayroux. Pourtant, une note d’honoraires de l’avocat d’Olky Payment, par ailleurs actionnaire lui aussi de la société par la biais de la société Appia, Nicola di Giovanni, fait mention de l’existence d’une lettre d’intention de Veolia.

Et puis, il y a ce bruit de fond. À partir du moment où la société a décroché le contrat Veolia, celle-ci se lance dans la recherche de prix et d’articles de presse, comme s’il y avait urgence à se faire connaître. De son côté, Veolia fait quelques déclarations, disant penser à l’avenir se développer dans les activités hightech et peut-être racheter quelques sociétés de haute technologie. Aujourd’hui, Veolia assure qu’il n’a jamais été question de racheter de telles sociétés et en tout cas, jamais à ce prix-là. Le groupe précise qu’une acquisition d’un tel montant doit être obligatoirement soumise au conseil d’administration du groupe et obtenir son approbation. Bref, selon lui, il n’y avait aucun moyen de lui faire racheter la société en douce.

Lorsqu’il a été informé de cette affaire, Antoine Frérot, le PDG de Veolia, n’y a pas cru. Puis devant l’accumulation des preuves, il a bien fallu se rendre à l’évidence : Veolia Eau était victime d’une fraude massive de la part de certains de ses dirigeants. « Eu égard aux éléments que vous avez portés à notre connaissance, nous avons décidé de lancer un audit interne portant sur l'opération incriminée, et plus largement sur toutes les sociétés de spécialité de Veolia Eau France. Cet audit sera réalisé en coopération avec les avocats du Groupe. Deux collaborateurs sont concernés par ces allégations. Ils ont fait l'objet d'une mise à pied à titre conservatoire, afin de permettre le bon déroulement de l'enquête interne. À l'aune des résultats de l'enquête, Veolia prendra toutes les mesures qui s'imposeront », nous a-t-il dit dans une déclaration officielle.

La fraude était-elle détectable avant ? Aujourd’hui, la bonne affaire espérée semble en tout cas éventée.  Il y en a peut-être d'autres construites sur le même modèle dans le groupe. Il reste de tout cela un goût de cendres devant tant de cupidité, d’effondrement moral, de collusion affairiste. Comme si les métiers de l’eau n’arrivaient jamais à se sortir de leur passé, de cette culture de la corruption.

Boite noire

Dans le cadre de cette enquête, tous les actionnaires d'Olky Payment ont été appelés, à l'exception de Didier Lombard (ex-PDG d'Orange), injoignable. Jean-Louis Durance et François Drouin ont brièvement répondu à nos questions, avant de raccrocher. Alain Franchi, le directeur général de Veolia Eau, nous a fait parvenir une réaction écrite. Le dirigeant d'Olky Payment, Franck Rouayroux, a accepté de répondre à nos questions écrites par mail. Aucun des autres n'a donné le moindre signe de vie.

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 09:52

Selon une étude américaine, les émissions de méthane de la Pennsylvanie devraient être rehaussées de 5 % à 8 % en raison de 470 000 à 750 000 puits en déshérence par Stéphane Foucart pour Le Monde le 18 novembre 2016.

Les puits d’hydrocarbures abandonnés n’offrent plus de combustibles à brûler, mais ils demeurent, longtemps, une source insoupçonnée de gaz à effet de serre – d’autant plus problématique qu’elle n’est souvent pas comptabilisée dans les inventaires nationaux.

C’est la conclusion majeure d’une étude américaine publiée mardi 15 novembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, qui estime que les émissions de méthane d’un État comme la Pennsylvanie pourraient devoir être rehaussées de 5 % à 8 % par rapport aux chiffres officiels.

Si les chercheurs, conduits par Mary Kang, de l’université Stanford (Californie), se sont intéressés à cet État du Nord-Est américain, c’est qu’il est l’un de ceux exploités depuis le plus longtemps. On y extrait du pétrole, du gaz ou charbon depuis plus de 150 ans, ce qui a laissé un nombre considérable de cicatrices dans la croûte terrestre.

La comptabilité de ces puits ouverts puis abandonnés s’étant perdue au fil des changements administratifs et des évolutions réglementaires, les auteurs ont passé en revue toutes les données historiques disponibles : ils estiment le nombre de puits en déshérence sur le territoire de l’État entre… 470 000 et 750 000 !

1 % et 2 % des émissions de CO2 annuelles de la France

Puis, deux années durant, sur un échantillon d’une centaine de ces vieux puits, les chercheurs ont mesuré à plusieurs reprises, in situ, les fuites résiduelles de méthane et d’autres gaz. Premier enseignement, écrivent-ils, « les émissions persistent pendant de nombreuses années et probablement des décennies ».

Au total, en extrapolant les résultats de leurs mesures à l’ensemble de la Pennsylvanie, ce sont quelque 40 000 à 70 000 tonnes de méthane qui pourraient ainsi partir dans l’atmosphère chaque année. Ce qui représente, en termes d’effet réchauffant mesuré sur un horizon de vingt ans, l’équivalent de 3,2 à 5,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2). Soit, peu ou prou, entre 1 % et 2 % des émissions de CO2 annuelles de la France, pour la seule Pennsylvanie.

« C’est un article très solide, produit par des scientifiques de premier plan », juge le biogéochimiste Robert Howarth, professeur à l’université Cornell (New York), l’un des premiers chercheurs à avoir attiré l’attention sur l’importance des fuites de méthane sur les sites d’exploitation de gaz de schiste, qui n’a pas participé à ces travaux.

« Leurs résultats ne sont pas surprenants : nous sommes nombreux à avoir présumé que les puits de pétrole et de gaz, scellés et abandonnés, sont des émetteurs de méthane, poursuit-il. Mais leur étude est à ce jour celle qui documente le mieux ces émissions et montre qu’elles sont une source majeure de méthane atmosphérique. »

Or rappellent les auteurs, « à travers l’ensemble des États-Unis, le nombre de puits de pétrole ou de gaz abandonnés est estimé à plus de 3 millions, et ce nombre va continuer à augmenter dans le futur ». En effet, l’évolution du nombre de puits forés au cours du temps en Pennsylvanie suggère qu’il faut forer toujours plus de puits pour récupérer une même quantité d’hydrocarbures, en raison de l’épuisement progressif des gisements.

En 1895, le nombre de forages pétroliers avait culminé à environ 6 000 annuellement creusés pour une production de 32 millions de barils, alors qu’en 1985, le même nombre de puits correspondait à une production de 5 millions de barils. Soit environ six fois moins de pétrole pour autant de trous ouverts dans la croûte terrestre.

La controverse du gaz de schiste

L’article devrait ainsi relancer le débat sur la contribution au réchauffement climatique de l’exploitation du gaz de schiste. En théorie, celui-ci est considéré comme moins néfaste pour le climat, par comparaison avec les autres hydrocarbures (pétrole, charbon).

Mais, depuis la fin des années 2000, un vif débat d’experts s’est ouvert sur les fuites de méthane sur les sites de production, de traitement et de stockage du gaz.

Pour les industriels du secteur, le taux de fuite n’excède guère, en moyenne, 1 % du gaz produit, alors que des chercheurs du monde académique avancent des chiffres jusqu’à dix fois supérieurs. « Au niveau mondial, la concentration de méthane dans l’atmosphère augmente rapidement, depuis environ 2009, après une décennie de quasi-stagnation, explique M. Howarth. Des études récentes indiquent que les États-Unis sont bien une source majeure de ces émissions. »

Enfin, les chercheurs présentent dans leur travail une typologie des puits les plus fortement émetteurs : selon leur situation, les conditions de leur mise à l’arrêt (scellés ou non), etc., ils émettent plus ou moins de méthane, pendant des durées variables.

En identifiant les gros émetteurs, les chercheurs rendent possibles de meilleures stratégies pour atténuer cette contribution au réchauffement. « Mais l’article ne dit pas comment mettre en place de telles stratégies, précise M. Howarth. Y a-t-il réellement des moyens réalistes d’arrêter les fuites de méthane de ces puits ? Peut-être pas. »

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17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 12:37

L’Agence de l’environnement ADEME permet à la grande distribution de réduire d’un quart les produits jetés par les supermarchés grâce à l’utilisation de données informatiques d'après Erwan Benezet pour Le Parisien le 17 novembre 2016.

De l’agriculteur au consommateur, un tiers de la production alimentaire est perdu
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LA DATA, c’est-à-dire le traitement d’un grand nombre de données informatiques, nouvelle arme contre le gaspillage alimentaire ? L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) livre aujourd’hui les résultats d’un travail mené pendant trois mois avec dix magasins de cinq enseignes de la grande distribution : Carrefour, Intermarché, Système U, Leclerc et Auchan.

« Cette opération est unique en son genre, explique Pierre Galio, chef du service consommation et prévention à l’Ademe. Nous avons croisé une méthode très classique d’audits, réalisés sur site, avec du big data, à savoir le traitement d’une très grande somme d’informations regroupées dans des ordinateurs. » Le tout s’est déroulé en trois phases. Les audits sur place et l’analyse des données, de novembre 2015 à février 2016. Puis l’élaboration du plan d’action avec les cinq distributeurs au mois de mars. Et enfin la mise en œuvre de ces actions d’avril à juin. Parmi elles, les dix magasins ont notamment cherché à diminuer le nombre de références, en supprimant celles qui génèrent le plus de gaspillage alimentaire. Moins de 1 % de ces produits sont en effet à l’origine de 20 % du gaspillage alimentaire.

Gaspillage réduit d’un quart en trois mois

Aux rayons fruits et légumes, des vendeurs ont été spécialement formés pour choisir les produits et les donner aux clients afin de limiter la « surmanipulation » qui les abîme et rompt parfois la chaîne du froid. Un système de « stickage » (étiquettes prix réduit) des produits qui approchaient de la date de péremption a également été automatisé, avec création d’une zone isolée pour les vendre en promotion.

Enfin, un « coach antigaspi » a été systématiquement désigné et formé dans chacun de ces magasins. « Les enseignes ont joué le jeu, pourtant, dans ce secteur, les données et les méthodes sont ultra-confidentielles, reprend Pierre Galio. Mais elles ont conscience de l’importance des pertes qu’elles subissent. Et l’opération représentait une bonne opportunité de prendre le problème à bras-le-corps. »

Les équipes de l’Ademe ont ensuite passé les résultats au tamis pendant tout l’été. Avec quelques bonnes surprises à la clé, puisqu’il a été possible de réduire en moyenne le gaspillage de pratiquement un quart (22 %) en trois mois seulement. Et même de moitié pour au moins un des magasins. Soit au global 160 t de produits. Rapporté à une année, cela représente l’équivalent de 320 000 repas et une économie moyenne de 70 000 € par magasin.

L’objectif maintenant est que l’étude fasse des petits. « Si l’ensemble de la grande distribution obtenait les mêmes résultats que les dix magasins volontaires, s’enthousiasme l’expert de l’Ademe, elle réduirait son gaspillage alimentaire de 300 000 t, soit 700 M€, par an.

C’est donc à la fois une action vertueuse, mais également un vrai levier d’économies pour le secteur. »

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 10:48

À l’heure de la COP 22, visite des îles de Molène, Ouessant et Sein, qui ambitionnent d’en finir avec leur dépendance aux énergies fossiles. Mais les obstacles sont nombreux par Patrick Piro pour Politis le 9 novembre 2016 à lire sur www.politis.fr.

Les 1 500 habitants des îles du Ponant (ici, Molène) ne sont pas connectés au réseau électrique national.

Les 1 500 habitants des îles du Ponant (ici, Molène) ne sont pas connectés au réseau électrique national.

Molène. Son air iodé, ses sauvetages en tempête, sa tradition de goémoniers… et sa centrale à fioul. L’extension de l’habitat a absorbé le petit bâtiment au cœur des ruelles aux murets de granit persillés d’hortensias. Le ronron des trois groupes électrogènes d’EDF est à peine audible. Discret et indispensable équipement : c’est l’unique source d’électricité des quelque deux cents habitants. Comme les deux autres îles du Ponant, Ouessant et Sein, Molène n’est pas raccordée au réseau national (...)

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