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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 16:51

L'appétit des grandes entreprises de l'énergie pour les spécialistes du stockage d'électricité est le signe d'une « bascule » du marché vers le développement massif des énergies renouvelables.

Par Dominique Pialot le 10 juin 2016 sur http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/course-a-la-pile-chez-les-energeticiens-577698.html

Avec EcoBlade, son système de stockage d'électricité intelligent, Schneider Electric a choisi de se positionner sur le marché du résidentiel, en plein développement au Japon et aux Etats-Unis. (Crédits : Schneider Electric)

Cap sur le stockage de l'énergie. Début mai, le pétrolier Total a lancé une OPA amicale à 950 millions d'euros sur le fabricant de batteries Saft. Au même moment, son concurrent Engie, l'ex-GDF Suez, prenait le contrôle de 80% de l'américaine Green Charge Networks. Deux opérations aux enjeux différents, certes, mais qui confirment que la « course aux piles » est bien engagée.

Présenté comme l'un des derniers freins économiques à un développement plus massif encore des énergies renouvelables et, plus largement, à la transition énergétique, le stockage d'électricité a diverses applications. Le marché du résidentiel se développe - surtout au Japon et aux États-Unis -, sur lequel se positionnent des acteurs aussi différents que Tesla et son Powerwall ou Schneider Electric et son EcoBlade. Dans les pays aux réseaux vieillissants, comme les États-Unis ou le Canada, de très gros systèmes directement branchés aux réseaux sont utilisés pour en stabiliser la fréquence. EDF EN a ainsi récemment équipé le réseau PJM (Pennsylvania New Jersey), dans le Maryland, d'une capacité de 20 mégawatts (MW). Mais ce qui commence aussi à se développer depuis quelques mois, ce sont les batteries couplées à des sites de production d'énergie renouvelable. En toute logique, les premiers projets se sont développés dans des zones mal, voire pas du tout connectées au réseau : Schneider et Saft équipent deux centrales de 1 MW chacune en Corse et EDF EN un site de 1 MW à La Réunion, où Akuo et Saft font également équipe sur un projet de 9 MW. Depuis la création, en 2010, d'une division dédiée aux installations d'énergies renouvelables, Saft aurait installé plus de 80 MW de capacités de stockage.

Total et Engie ne sont pas les premiers énergéticiens à s'intéresser au sujet, comme le montre l'accord de coopération signé en décembre entre E.ON et Samsung pour développer des solutions communes de stockage, notamment pour l'équilibrage des réseaux électriques et le secteur industriel. Tout comme ses nombreuses acquisitions de startups, cet accord s'inscrit dans une évolution profonde de l'entreprise allemande, qui vient de séparer ses activités fossiles de celles relevant de la transition énergétique (énergies renouvelables, gestion de l'énergie, etc.). C'est à la même nécessité de s'adapter à une révolution énergétique plus rapide qu'anticipé que font face les industriels français.

Certes, il n'y a pas grand-chose de commun entre la prise de participation de 80 % de Green Charge Networks par Engie et l'OPA amicale lancée par Total sur Saft. Comme l'a fait E.ON avec Greensmith, spécialisée dans l'intégration et le monitoring de solutions de stockage, en investissant dans cette startup, Engie se positionne sur le modèle économique du stockage « en aval du compteur ». Décidé à devenir « leader de la transition énergétique dans le monde », l'ex-GDF Suez a déjà investi, via son fonds Engie New Ventures, 100 millions d'euros dans une myriade de startups. Sur le stockage, en particulier, Engie a passé un contrat de 50 millions d'euros avec la société de conseil en investissement suisse Susi Partners, qui doit lui permettre de « diversifier le risque de développement de nouveaux modèles opérationnels [...], d'accéder à une nouvelle source de financement pour [son] activité de stockage d'électricité, un secteur dans lequel la technologie et les réglementations évoluent très vite et où les investissements requièrent une approche plus entrepreneuriale ». Green Charge Networks lui permet d'étendre la palette de services énergétiques proposés à ses clients et de les fidéliser face aux nouveaux entrants, issus notamment du numérique.

Un marché de 8 milliards de dollars en 2026

« Total, lui, fait le pari d'une filière », indique Michael Salomon, fondateur de Clean Horizon, un cabinet de conseil spécialiste du stockage. D'une tout autre envergure, son opération - en attente de l'agrément de l'AMF - rappelle sa prise de participation dans le fabricant de panneaux solaires SunPower, en 2011, qui lui a permis de monter sur le podium mondial. Il choisit à nouveau une entreprise positionnée sur le segment haut de gamme de son marché. Grâce à Saft, qui maîtrise toute la chaîne de valeur et qui est capable de proposer des solutions intégrées et sur mesure dans différents secteurs et environnements, le pétrolier pourra « intégrer dans son portefeuille d'activités des solutions de stockage d'électricité, compléments indispensables à l'essor des énergies renouvelables », a précisé son PDG, Patrick Pouyanné. En attendant de devenir lui-même producteur d'électricité, comme il l'a également annoncé lors de la présentation des résultats annuels.

Le marché alliant photovoltaïque et stockage, en particulier, s'annonce très prometteur. Pour le cabinet américain Lux Research, il pourrait en effet atteindre 8 milliards de dollars en 2026 et permettre au solaire distribué de croître de 25 GW par an dès 2026.

Bien que très différentes, ces acquisitions menées par Total et Engie n'en sont pas moins les signes qu'une nouvelle ère commence pour le stockage d'électricité. Depuis la fin de l'intégration verticale, avec l'obligation de séparer activités de production, de transport et de distribution, il est devenu impossible pour un acteur européen d'investir dans sa forme la plus ancienne et aujourd'hui la plus répandue : les Step (stations de stockage de l'énergie par pompage-turbinage) installées sur les barrages.

« Il faut dix ans pour construire un barrage et une Step, un horizon trop lointain, qui ne permet pas de savoir si les prix de l'électricité permettront de rentabiliser l'investissement », constate Michael Salomon.

Quoique encore trop coûteuses, les différentes technologies de stockage apparues ces dernières années (batteries, volants inertiels, stockage sous forme d'hydrogène...) sont moins capitalistiques et plus simples à mettre en oeuvre dans un délai raisonnable.

Vers l'électrification des zones pauvres

Le coût des batteries lithium-ion, qui représentent plus de 85% du marché, a diminué de 53% entre 2012 et 2015, et devrait baisser encore de 50% d'ici à 2019. Outre les progrès technologiques, cela est dû aux surcapacités liées aux investissements massifs consentis dans cette technologie par de grands groupes comme le coréen LG Chem, le japonais Panasonic ou encore le chinois BYD et initialement destinés à la voiture électrique, qui ne décolle pas aussi vite que prévu. Face à cette offre abondante et moins chère, la demande augmente avec le développement des énergies renouvelables et les besoins de stabilité de réseaux perturbés par un afflux croissant d'énergies intermittentes.

Globalement, le marché, qui a atteint 1.650 MW de projets en 2015, deux fois plus qu'en 2014, semble s'accélérer encore depuis le début de l'année.

« Les prix écrasés rendent certains business cases plus rentables et on commence à voir davantage de projets se monter », observe Michael Salomon.

Mais si les premières réalisations concernent soit des installations hors réseau, soit des réseaux vieillissants dans des pays riches, le vrai changement de paradigme, qui, selon le consultant, pourrait survenir d'ici deux ou trois ans, est celui qui permettra de rendre abordable l'électrification des zones les plus pauvres, hors réseau ou dans un contexte de microréseaux intelligents (microgrids), et d'éteindre les moteurs au diesel utilisés jusqu'à présent.

« Cette évolution viendra probablement d'une autre technologie que le lithium-ion, car elle implique un coût de l'ordre de 200 dollars le kilowattheure pour les systèmes complets (hors installation et conversion), anticipe Michael Salomon. Or, c'est le coût annoncé aujourd'hui par les plus gros fabricants, mais pour les seuls modules. »
En se positionnant dès aujourd'hui sur le marché, les utilities s'assurent un poste d'observation qui devrait leur permettre de coller à ces évolutions...

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 16:29

par Anne Lenormand sur http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250270935063&cid=1250270932268 le 10 juin 2016.
Le dérèglement climatique ne va cesser de produire des tensions sur la ressource en eau sur le territoire métropolitain, prévient un rapport sénatorial présenté le 8 juin. Face à un risque de pénurie avéré, les auteurs du rapport préconisent notamment la constitution de réserves de proximité. Ils souhaitent aussi donner plus de place aux acteurs locaux dans la gouvernance de l'eau..

« Eau : urgence déclarée » : c'est ce titre choc qu'ont choisi de donner à leur rapport Henri Tandonnet, sénateur UDI du Lot-et-Garonne, et Jean-Jacques Lozach, sénateur PS de la Creuse. Tous deux n'hésitent d'ailleurs pas à se présenter comme des "lanceurs d'alerte". Réalisé au nom de la délégation sénatoriale à la prospective du Sénat, ce rapport, qui a été présenté à la presse le 8 juin, entend prendre la mesure des tensions qui vont affecter à l'avenir la ressource en eau dans l'Hexagone et préconise différents moyens d'action pour y faire face.

Pour les rapporteurs, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, "le risque de pénurie d'eau est désormais avéré" dans l'Hexagone. "En dépit d'une situation géographique et hydrologique favorable, la France est susceptible de manquer d'eau à l'avenir, notamment durant la période estivale", affirment-ils. Un paradoxe qui s'explique par un faisceau de causes. Tout d'abord avec le dérèglement climatique, "qui n'est plus contestable", il faut s'attendre à une hausse des températures (jusqu'à +5°C en été), accompagnée d'une modification du régime des précipitations "qui affectera l'ensemble du territoire et devrait se traduire par davantage d'épisodes de sécheresse et la survenance d'événements climatiques extrêmes plus nombreux". Ainsi, "si le volume global des pluies restera à peu près équivalent, il va se répartir différemment dans le temps et dans l'espace" : "Il pleuvra davantage au nord et moins dans le sud, davantage en hiver et moins en été." "C'est un phénomène de long terme qui ne s'arrêtera pas du jour au lendemain, même si on respecte les engagements de la COP21", a relevé Henri Tandonnet.

Les bassins Seine-Normandie et Adour-Garonne jugés "très vulnérables"

Les régions les plus potentiellement affectées par ces évolutions ne sont pas toujours celles que l'on croit, note le sénateur. Ainsi, "le pourtour méditerranéen resterait plutôt préservé, grâce au stock naturel important que constituent les glaciers alpins et aux grands ouvrages de réserves d'eau qui y ont été construits" dans les années 1960. En revanche, "deux zones sont identifiées comme très vulnérables : le bassin Seine-Normandie, où l'on prévoit une diminution notable des débits moyens annuels, et le bassin Adour-Garonne. Avec la disparition des glaciers des Pyrénées et la hausse constatée des températures de deux degrés, l'Aquitaine ne peut déjà plus être considérée comme le 'pays des eaux'", affirme-t-il.

Autres sources de tension sur la ressource en eau : l'augmentation de la population qu'elle soit permanente par le fait des migrations internes tout particulièrement sur les zones littorales, ou ponctuelle, par exemple au moment des vacances, l'accroissement des besoins alimentaires, la modification des modes de vie, de loisirs ou de tourisme, la hausse des prélèvements aquatiques nécessaires à la production énergétique, notamment nucléaire. "Il en résultera inévitablement un effet de ciseaux du fait de la hausse de la demande et de la réduction de la ressource", a pointé Henri Tandonnet.

Éviter les conflits d'usages

Le risque souligné par les rapporteurs est de cristalliser les conflits d'usages. D'où l'importance de "privilégier une approche collective" entre l'ensemble des utilisateurs (consommateurs, agriculteurs, producteurs d'énergie, industriels, pratiquants d'activités sportives, de loisirs et touristiques, etc., faune et flore aquatiques) et de "ne pas mettre en opposition frontale" les intérêts des consommateurs et ceux du monde agricole, souligne Jean-Jacques Lozach.

Pour les deux sénateurs, s'il faut "hiérarchiser" les usages de l'eau, "la priorité absolue est celle qui conditionne la survie de la population", soit l'alimentation et la sécurité sanitaire. "Il faudra veiller à l'approvisionnement alimentaire, à la fourniture d'eau potable répondant à nos critères nationaux de qualité et à la sécurisation des installations nucléaires", poursuit Jean-Jacques Lozach. Il faut aussi être attentif à "l'eau invisible" ou "eau virtuelle", qui correspond à la quantité d'eau mobilisée pour produire les biens de consommation", explique-t-il. "Lorsque nous importons des tomates d'Espagne ou du Maroc, c'est l'eau de pays encore plus fragilisés que le nôtre que nous achetons", illustre-t-il. "En 2007, seule année pour laquelle ce calcul complexe a été effectué, la France a été virtuellement importatrice nette d'eau à hauteur de 8,4 milliards de mètres cubes", à rapporter aux "plus ou moins 33 milliards de mètres cubes prélevés sur le territoire métropolitain à la même époque". "C'est loin d'être négligeable", juge le sénateur.

Des réserves d'eau en prévision des pics de chaleur

Pour préparer l'avenir, les sénateurs préconisent d'abord d'économiser l'eau. A leurs yeux, les réseaux de distribution d'eau sont ainsi "largement perfectibles". En moyenne, "20% à 25% de l'eau prélevée n'arrive pas à l'usager", souligne Henri Tandonnet, voire "40% à 50% dans les zones rurales". Pour le sénateur, on peut aussi "assigner au monde agricole l'objectif de produire plus, durablement, avec moins de terre et d'eau". La sélection variétale, l'irrigation de précision, l'agro-écologie et l'agro-foresterie sont donc à favoriser. Autre levier pour encourager la sobriété : poursuivre et amplifier les campagnes d'information et de sensibilisation à la réduction des consommations en direction du grand public.

Après les efforts d'économies, les sénateurs évoquent une "meilleure gestion de la ressource" grâce à une régulation des flux. Ils préconisent ainsi la constitution de réserves de proximité, lors des périodes d'abondance, en hiver et au printemps, pour les utiliser en été. "Au lieu de prendre des arrêtés de rationnement voire d'interdiction de tel ou tel usage de l'eau lors des pics de chaleur, on pourrait puiser dans ces réserves alimentées par la récupération des eaux pluviales pour arroser les parcs et jardins en milieu urbain et les champs en milieu rural pour favoriser l'évapotranspiration", explique Henri Tandonnet.

Mais pour cela, il faudra surmonter le "tabou" que représentent "les grands projets d'ouvrages structurants de type barrage", comme Sivens est devenu l'emblème, a mis en garde Jean-Jacques Lozach. Alors que "la préemption se fait souvent pour l'énergie hydraulique", Henri Tandonnet estime qu'il faut "réfléchir à deux fois" à la mise en concurrence des concessions hydroélectriques. Le sénateur souhaite en effet que ces réserves puissent être partagées. En cas de privatisation, cela deviendrait impossible, estime-t-il. Jean-Jacques Lozach souhaite également que l'on mise sur la recherche "pour accroître l'offre". Mais là encore existe un "barrage psychologique" face à l'acceptation de la réutilisation des eaux usées traitées. D'autres solutions peuvent aussi être envisagées : la désalinisation d'eau de mer, la récupération des eaux pluviales, la réalimentation des nappes d'eau souterraines.

Gestion décentralisée à l'échelle des bassins

Les sénateurs estiment aussi que la gestion de l'eau en France est "trop centralisée", les responsabilités "émiettées" et les intervenants potentiels trop nombreux. Pour les sénateurs, c'est la gestion par bassin qui "apparaît comme un modèle d'organisation pertinent", et ils souhaitent donner "plus de flexibilité et plus de place aux acteurs locaux". Les outils, tels que la Gemapi ou les projets de territoires, sont ainsi "à renforcer".

Pour donner suite à ce rapport, un débat en séance publique devrait avoir lieu à l'automne, en présence des ministres concernés, indiquent les sénateurs.

 

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9 juin 2016 4 09 /06 /juin /2016 08:24
La ministre française de l’environnement, Ségolène Royal (cinquième à droite) assiste à l’inauguration de la centrale géothermique à Rittershoffen le 7 juin 2016

La ministre française de l’environnement, Ségolène Royal (cinquième à droite) assiste à l’inauguration de la centrale géothermique à Rittershoffen le 7 juin 2016

Rittershoffen (France) (AFP) – Ses promoteurs la présentent comme une première mondiale: inaugurée mardi à Rittershoffen au nord de Strasbourg, une centrale géothermique puise de l’eau à 165° dans les entrailles de la terre pour fournir en vapeur une usine d’amidon.
« La France peut être fière de cette première mondiale », s’est réjouie sur place la ministre de l’Environnement et de l’Energie Ségolène Royal, pour qui cette centrale installée en rase campagne « est un formidable espoir pour beaucoup de pays qui n’ont pas accès à l’électricité ».


Réalisée par le groupe ES (Electricité de Strasbourg), filiale d’EDF, l’installation alimente une usine avec une puissance de 24 mégawatts – l’équivalent de l’énergie nécessaire au chauffage de 27.000 logements.
L’investissement de 55 millions d’euros a été partagé entre le groupe Roquette (propriétaire de l’usine d’amidon), ES et la Caisse des dépôts, au sein d’une société commune dédiée, baptisée Ecogi (Exploitation de la chaleur d’origine géothermique pour l’industrie).


Concrètement, il s’agit d’aller puiser, à 2.600 mètres de profondeur, une eau à 165 degrés, piégée dans les failles caractéristiques du sous-sol de la vallée rhénane.
Remontée à la surface, l’eau passe par un échangeur de chaleur, avant d’être réinjectée dans les entrailles de la terre. L’énergie venue des profondeurs permet de chauffer un circuit d’eau secondaire, acheminée par une canalisation sous-terraine jusqu’à l’usine du groupe Roquette à Beinheim, à 15 km de là. En sortie, elle effectue le chemin inverse jusqu’à la centrale.
Cette « boucle » permet d’obtenir une chaleur continue, au « rendement permanent », précise Ecogi.


Pour l’usine d’amidon, la géothermie remplacera une partie de l’alimentation en gaz, ce qui lui fera économiser 39.000 tonnes de C02 par an, l’équivalent des émissions de 25.000 voitures.
En s’ajoutant à la grosse chaudière au bois qui équipe déjà le site, elle porte à 75% la part des ressources renouvelables dans la consommation énergétique du site.
Une énergie à prix fixe, disponible en permanence: « ce sont deux facteurs de stabilité essentiels pour la compétitivité d’un site gros consommateur comme celui-ci », explique à l’AFP Patrick François, directeur régional de la Caisse des dépôts.


La technique de forage, appelée EGS (Enhanced Geothermal System) « n’a rien à voir » avec la controversée fracturation hydraulique des gaz de schiste, car elle puise l’eau dans des failles naturelles existantes, sans devoir effectuer des injections massives de matière, souligne de son côté Bernard Kempf, directeur du développement d’ES.


Les promoteurs du projet ont également pris soin d’installer, dans un rayon de quelques kilomètres autour du forage, des stations de mesure et de contrôle de la sismicité, afin de réduire le risque de provoquer de légères secousses.
Le but est d’éviter les déboires survenus non loin de là à Bâle (Suisse), fin 2006-début 2007: plusieurs micro-sésismes, jusqu’à une magnitude de 3,4, avaient entraîné l’arrêt d’un projet et provoqué de nombreuses fissures chez des riverains, à des dizaines de km à la ronde.


Une autre particularité de ce projet est la grande distance – 15 km – entre la centrale de production et l’usine ainsi alimentée en énergie.
Cette distance en a renchéri les coûts de 15 millions d’euros. « Mais à proximité immédiate de l’usine, il aurait fallu forer à des profondeurs beaucoup plus importantes, ce qui était techniquement très difficile. Et la perte de quelques degrés pendant le transport est marginale », souligne M.
Kempf.


Sans commune mesure avec les pompes à chaleur géothermiques qui ne puisent la chaleur qu’à quelques mètres dans le sol, la géothermie profonde est plus connue pour son potentiel en chauffage urbain. D’autres projets — en chauffage urbain ou en application industrielle — sont à l’étude en France, notamment à Wissembourg et Illkirch en Alsace, a précisé le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy.


« Le projet de Rittershoffen nous amène à renforcer notre engagement dans toutes les énergies renouvelables », s’est-il réjoui. Toutefois, a souligné Mme Royal, « le nucléaire va rester le socle » du mix énergétique français, le gouvernement poursuivant l’objectif de réduire d’ici à 2025 la part du nucléaire de 75 à 50% dans la production d’électricité.

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 15:18

Par Respire sur http://www.respire-asso.org/chiche-on-attaque-en-justice-la-commission-europeenne le 5 juin 2016

Respire, association de référence sur les questions de qualité de l’air, invite tous les citoyens sensibles à la question à s’inscrire sans plus attendre sur le site d’Action Civile afin d’agir collectivement en justice devant le Tribunal de l’Union européenne à l’encontre de la Commission européenne. Pourquoi ?

Le 21 mars 2016, Anne Hidalgo, aux côtés des Maires des plus grandes villes européennes, a publié une tribune alarmant des conséquences néfastes du projet de règlement (UE) 2016/646 par lequel la Commission européenne s’apprêtait à offrir un « permis de polluer » aux constructeurs automobiles. Ce règlement, qui entrera en vigueur le 16 mai 2016, autorise les constructeurs automobiles à commercialiser jusqu’en janvier 2021 des véhicules émettant jusqu'à 168 mg/km d'oxyde d’azote, soit deux fois plus que le seuil européen actuel.

Il existe en Europe un texte fondamental sur la pollution de l’air. C’est la Directive concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe de 2008. Elle définit les seuils de pollution autorisés dans l’air notamment pour les particules fines (les poussières toxiques émises par les combustions) et le dioxyde d’azote (un gaz très irritant). Le secteur automobile a une grande responsabilité dans cette pollution. Une norme existe, dite EURO, qui définit les maximums de rejets de chaque voiture, pour quelques polluants dont les particules fines et ce fameux dioxyde d’azote. Nous sommes aujourd’hui à la norme EURO 6. Une voiture diesel, par exemple, peut émettre 80 milligrammes de d’oxyde d’azote par kilomètre.

Coté pile, de nombreux pays en Europe ne respectent cette directive 2008/50/CE – la qualité de l’air est mauvaise. La Commission européenne a entamé, depuis plusieurs années déjà, des procédures d’infraction, avec de grosses amendes à la clé si rien ne change pour une quinzaine de pays, dont la France. On peut dire tant mieux même si on sent qu’elle traîne des pieds à faire condamner les pays concernés.

Mais côté face, sur les émissions des voitures, c’est l’inverse. On sait désormais que les seuils d’émissions des voitures sont complètement faussés. L’énorme tricherie de Volkswagen (qui avait un logiciel afin de masquer les rejets de polluants) et plusieurs révélations récentes ont montré combien les voitures de presque toutes les marques rejettent en fait beaucoup plus de polluants en situation réelle que ne le révèlent les tests officiels, dits d’homologation. Or que décide la Commission ? Non pas de punir les constructeurs mais au contraire de les autoriser à polluer davantage ! Tenez-vous bien, elle a décidé le 20 avril 2016 dernier d’autoriser les constructeurs automobiles à commercialiser jusqu’en janvier 2021 des véhicules émettant jusqu’à 168 mg/km d’oxyde d’azote, soit deux fois plus que le seuil européen actuel. Ce règlement est entré en vigueur le 16 mai 2016. Donc la norme EURO 6 ne sert à rien.

Préserver notre santé est un argument de la Commission européenne quand elle attaque les États pour leur demander de respecter la loi. Mais il ne compte plus quand il s’agit de protéger les constructeurs automobiles. C’est le monde à l’envers. C’est injuste, et nous demandons que la Commission protège notre santé, pas seulement face aux États, mais aussi face aux industriels.

L’adoption de ce règlement inacceptable causera indéniablement un très grave préjudice à l’ensemble des citoyens européens, qui seront exposés à plus de pollution. Et nous portons donc plainte contre la Commission. Au moins, personne ne nous reprochera d’avoir froid aux yeux !

Action Civile a accepté de porter cette action en justice gratuitement et à ses frais, et de reverser en cas de succès l’intégralité de sa commission habituelle à l’association Respire.

Respire invite donc les citoyens à inscrire à cette action collective car nous pensons que le moyen juridique est le seul qui puisse sérieusement fonctionner dans cette situation. Les délais sont très courts: nous devons être 20 000 inscrits avant le 18 juin. Alors signez et faites signez. Et chacun d’entre vous, comme plaignant pourra demander des dommages et intérêts !

Conditions à remplir pour s'inscrire sur http://www.actioncivile.com/action-collective/pollution-de-lair : Toute personne physique ou morale subissant un préjudice du fait de la pollution de l'air.

Adversaire : Commission européenne

Objectif : 20 000 Plaignants

Date limite d'inscription : 18 juin 2016

Indemnité moyenne : 1 000 €

Le contexte est favorable pour créer une jurisprudence unique. Nous avons tous intérêt à y participer, maintenant. Diffusez autour de vous ! Je l'ai fait, pourquoi pas vous ?

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 21:45
L’éolien plutôt que le nucléaire

Sur http://paperjam.lu/news/leolien-plutot-que-le-nucleaire

Le Luxembourg a signé ce lundi un accord visant à promouvoir le développement de l’éolien en mer du Nord, en profitant pour rappeler qu’il était opposé à l’utilisation de fonds européens pour la recherche consa

Le Luxembourg a signé ce lundi, avec huit de ses partenaires européens (l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, l'Irlande, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède), un plan d’action et de coopération visant à développer l’énergie éolienne en mer du Nord et son intégration au marché européen de l’énergie.
Cette coopération entre ces neuf États dans le domaine de l’éolien s’exprimera notamment en matière de planification de l’espace exploité.
Les signataires, voisins directs ou indirects de la mer du Nord, ambitionnent de mieux développer le réseau électrique pour pouvoir traiter des volumes importants d'énergie produite par les éoliennes en mer et les faire circuler sur tout le marché intérieur, grâce à des interconnexions améliorées.

Nouvelle charge contre le nucléaire
Partie prenante de ce plan d’action, le gouvernement néerlandais, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l’Union européenne, a souligné que l'accord signé lundi à Luxembourg – dans le cadre d’un conseil Énergie de l’Union européenne – visait non seulement à réduire les coûts de construction de fermes éoliennes en pleine mer, mais aussi à mieux harmoniser les réglementations nationales pour la gestion du réseau, les subventions, ou encore les permis de construire.
Signataire de cet accord pour le Grand-Duché, le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, en a profité pour rappeler son opposition totale à l’utilisation du budget de l’Union européenne pour la recherche dans le domaine des nouvelles technologies nucléaires.
« Je suis respectueux des traités et de la liberté de chaque État membre pour définir son mix énergétique et établir s’il le souhaite, des coopérations technologiques avec d’autres partenaires de l’UE et hors de l’UE, y compris dans le domaine nucléaire», a-t-il notamment déclaré. «Mais je ne peux absolument pas accepter que la promotion de la recherche nucléaire se fasse avec des fonds européens ».

 

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 12:32
Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau
Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau
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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 17:35

La déconstruction des six réacteurs de première génération ne devrait pas être achevée avant le XXIIe siècle.

Par Denis Cosnard pour LE MONDE ECONOMIE le 3 juin 2016 sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/06/03/edf-veut-decaler-de-60-ans-le-demantelement-de-ses-vieux-reacteurs_4932570_3234.html?xtmc=edf_veut_reporter_le_demantelement&xtcr=1.

La centrale de Chinon (Indre-et-Loire). © Charles Platiau / Reuters / Reuters

Comme si EDF n’avait pas assez de soucis ! Déjà confrontée à une chute des prix de l’électricité en Europe et à une série d’investissements ardue à financer, l’entreprise publique doit à présent revoir de fond en comble la façon dont elle va démanteler ses plus vieux réacteurs. En raison avant tout de difficultés techniques, cette « déconstruction » risque de prendre cinquante à soixante ans de plus que prévu. Et la facture devrait s’alourdir de plusieurs milliards d’euros.

C’est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a dévoilé l’affaire, jeudi 2 juin. Dans une note, le « gendarme du nucléaire » a indiqué qu’EDF lui avait soumis une nouvelle stratégie pour démanteler ses réacteurs de première génération, et que celle-ci aboutirait à « décaler de plusieurs décennies » les travaux prévus. Une mesure technique, selon EDF. Une preuve de la « lâcheté » des industriels du nucléaire, qui « ne cessent de reporter dans le temps les problèmes insolubles qu’ils génèrent », s’indigne pour sa part Stéphane Lhomme, de L’Observatoire du nucléaire.

Entre ces deux points de vue, il reviendra aux pouvoirs publics de trancher. Toute décision sur le sujet est soumise au feu vert de l’ASN, et à la publication de nouveaux décrets par le gouvernement.

Six réacteurs concernés

En l’occurrence, rien n’est acquis. Jusqu’à présent, EDF avait prévu d’achever le démantèlement des réacteurs concernés en 2045. Sa nouvelle stratégie reporte la « fin globale » de ce travail « au début du XXIIe siècle », a indiqué… (suite sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/06/03/edf-veut-decaler-de-60-ans-le-demantelement-de-ses-vieux-reacteurs_4932570_3234.html#PQcRdgRT3ipZ1QJP.99 )

 

EDF veut reporter le démantèlement de ses centrales

Par Martine Orange le 5 juin 2016 pour Mediapart

Après l’allongement de la durée de vie des centrales, le report du démantèlement. Les tours de passe-passe comptable pour masquer les coûts cachés du nucléaire se poursuivent. En effet, sans crier gare, EDF semble bien vouloir changer ses engagements en matière de démantèlement de centrales nucléaires. Revenant sur toutes les dispositions légales et de sécurité prises, EDF envisage désormais d’étaler la déconstruction de ses centrales fermées sur plusieurs décennies voire jusqu’au début du XXIIe siècle. Les arrière-pensées d’EDF sont à peine voilées : tout se met en place, avec ce décalage, pour qu’à terme le groupe transfère toutes les charges de la fin de la vie des centrales et du nucléaire à quelque structure de défaisance, et en fasse assumer le coût par la collectivité.

C’est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), manifestement surprise et furieuse, qui a dévoilé le pot aux roses dans un communiqué le 2 juin (lire ici). Lors d’une audition des responsables d’EDF le 29 mars, elle a découvert que l’électricien, selon ses termes, avait changé de « stratégie » en matière de démantèlement de centrales nucléaires de première génération. « Cette nouvelle stratégie conduit à décaler de plusieurs décennies le démantèlement de certains réacteurs au regard de la stratégie affichée par EDF en 2001 et mise à jour en 2013 », indique l’ASN dans son communiqué. L’autorité précise qu’elle attend des explications de la part du groupe et qu’elle analysera avec précision si ses intentions sont conformes avec ses obligations de sécurité et législatives.

La loi stipule qu’EDF doit s’engager, sans période d’attente, à déconstruire les centrales arrêtées « dans les meilleurs délais ». Ces dispositions concernent pour l’instant les centrales de première génération, construites toutes à partir de la technologie uranium naturel graphite-gaz (UNGC), une technique abandonnée à la fin des années 1960 au profit de la technologie à eau pressurisée. Six centrales sont concernées. Trois sont implantées sur le site de Chinon (Indre-et-Loire), deux à Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), une au Bugey (Ain).

Selon le calendrier fourni par EDF, le démantèlement de toutes ces centrales devait être achevé en 2045. Désormais, le groupe public se refuse à fournir la moindre date, estimant qu’il a besoin de plus de temps et de « retour d’expérience », à la suite d’un changement d’approche sur la méthode de démantèlement de ces centrales.

Jusqu’alors, les ingénieurs d’EDF envisageaient de recourir à un démantèlement sous l’eau des différents éléments des centrales, afin de limiter les risques de radioactivité. « Après examen, nous avons estimé que les technologies envisagées présentaient des risques beaucoup trop importants, et qu’il fallait abandonner le démantèlement sous eau », a expliqué au Monde Sylvain Granger, chargé des questions de démantèlement à EDF, mettant en avant les risques de corrosion et de fuites liquides.

Désormais, EDF envisage de recourir à une technique « sous air », ce qui lui permettrait d’utiliser plus commodément des robots. Mais elle estime qu’il lui faudra des années, peut-être vingt ans, afin de bien mettre au point cette nouvelle technique. Et pour ne rien laisser au hasard, EDF milite pour commencer par une seule centrale – celle de Chinon –, afin de tester les méthodes et les techniques idoines, avant de s’attaquer aux autres. Compte tenu des délais annoncés par EDF, la déconstruction de la première centrale ne devrait pas être achevée avant 2060. Quant aux autres, cela pourrait courir jusqu’au début de l’autre siècle. Peut-on encore parler de démantèlement « dans un délai aussi court que possible », s’interroge l’ASN ?

Depuis le lancement des premiers réacteurs nucléaires, il est prévu qu’EDF en assume la fin de vie et le démantèlement. Ces centrales graphite-gaz sont toutes arrêtées depuis plus de vingt ans. Comment expliquer qu’EDF réalise seulement maintenant qu’elle a fait fausse route dans le choix des techniques de démantèlement ? Comment a-t-elle analysé les expériences entreprises à l’étranger ?

L’étonnement de l’ASN en découvrant ce changement de technique est compréhensible. Avant cette réunion de mars, les responsables d’EDF ne lui en avaient jamais parlé. Aucune référence n’est faite à ce sujet dans le rapport annuel de 2015, alors que, selon les responsables d’EDF, cette stratégie est actée depuis l’an dernier. Sans aucune concertation, le groupe décide ainsi de s’affranchir de ses engagements passés, et même des dispositions législatives prises, bien que tous les textes aient été écrits quasiment sous sa dictée.

On en comprend la finalité. En repoussant sur des décennies le démantèlement de ses centrales, EDF allège mécaniquement la pression financière induite. Depuis longtemps, des experts – pas seulement des détracteurs du nucléaire – disent qu’EDF sous-estime le coût de démantèlement. Le groupe a toujours assuré que les charges de fin de vie du nucléaire étaient incluses dans la vente des prix de l’électricité.

Il a provisionné 23,4 milliards d’euros pour les coûts futurs de démantèlement dans ses comptes de 2015. Mais ce montant est appelé à diminuer si le réseau de distribution (RTE), qui figure parmi les actifs dédiés pour financer le démantèlement des centrales, est privatisé, comme le souhaite le gouvernement. Un rapport de la Commission européenne, publié début 2016, chiffre le coût de fin de vie des centrales françaises (déconstruction et gestion des déchets) à 74 milliards d’euros.

Au moment où EDF, pris en étau par la baisse des prix de l’électricité et la montée de ses obligations – notamment le grand carénage estimé à 100 milliards d’euros d’ici 2030 par la Cour des comptes –, affiche un bilan dégradé, tout report sur les dépenses de vie des centrales serait le bienvenu. L’habillage de bilan pourrait continuer pour masquer le coût réel du nucléaire. Le seul rempart à cette dérive est l’ASN, dernier gardien du respect des engagements pris et de la sécurité nucléaire.

Car le gouvernement, lui, affiche un soutien sans faille à EDF, dans son souci de maintenir « la filière nucléaire française » et lui souffle même sa conduite. L’État s’apprête à souscrire pour les trois quarts de l’augmentation de capital de 4 milliards d’euros, qui doit être lancée le 29 juillet, afin de permettre la réalisation des projets les plus aventureux, comme celui d’Hinkley Point. Pendant ce temps, la sécurité des populations, la gestion de fin de vie du nucléaire peut attendre. Au risque d’accroître les dangers, les problèmes et les coûts. Ce sera aux générations futures d’en assumer la charge. L’important pour les responsables d’EDF comme pour le gouvernement, c’est le résultat à trois mois.

 

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 19:44

 

Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Stéphane Foucart le 2 juin 2016 pour Le Monde sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/06/01/sursis-de-dix-huit-mois-pour-le-roundup_4930354_3244.html

La Commission européenne a annoncé, mercredi 1er juin en conférence de presse, qu’elle proposera une réautorisation provisoire du glyphosate en Europe, pour dix-huit mois. Le temps pour l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) – notamment chargée de la réglementation européenne sur les substances de synthèse – de se prononcer sur les dangers du puissant herbicide.

Le célèbre Roundup de Monsanto, dont le glyphosate est le principe actif, est au cœur d’une polémique qui dure depuis plus d’un an et dont l’exécutif européen ne semble pouvoir se dépêtrer qu’en remettant une décision ferme à plus tard. Car le temps presse : l’autorisation du glyphosate sur le sol européen expire à la fin du mois de juin.

Le 8 mars, la Commission avait proposé une réautorisation du glyphosate pour quinze ans, mais le vote des Etats membres ne s’était pas tenu, faute de majorité qualifiée. La version de travail d’une nouvelle proposition, limitée à dix ans celle-là, a immédiatement commencé à circuler.

Importantes restrictions

Même légèrement revue à la baisse, elle n’a pas empêché un nouveau camouflet. Le 19 mai, Bruxelles avançait une « réhomologation » de neuf ans, mais, là encore, aucune majorité qualifiée n’a été trouvée, la Suède, la France, les Pays-Bas et même l’Allemagne n’étant pas disposés à voter favorablement.

La proposition d’autorisation provisoire du glyphosate sera votée par les Etats membres lundi 6 juin, en comité technique. Mais si Bruxelles assure avoir rassemblé une majorité autour de sa dernière proposition, l’issue du vote n’est pas certaine, une majorité qualifiée étant nécessaire. La ministre française de l’environnement, Ségolène Royal, a indiqué, peu après que cette proposition a été connue, que la France s’y opposerait.

 

 

A défaut de majorité, un comité d’appel sera réuni dans les jours suivants. Mais l’affaire semble suffisamment incertaine pour que le Lituanien Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen à la santé, rappelle que les Etats membres peuvent, s’ils le souhaitent, interdire ou restreindre sur leur territoire un produit phytosanitaire autorisé au niveau européen… au risque, cependant, d’introduire une distorsion de concurrence au détriment de leurs agriculteurs.

Sur ce dossier théoriquement technique, mais devenu explosif, Bruxelles n’a cessé de subir la valse-hésitation des Etats membres. Le Parlement européen s’est aussi invité dans la controverse en votant, le 13 avril, une résolution non contraignante, demandant un renouvellement de la molécule miracle limité à sept ans et assorti d’importantes restrictions d’usage.

En février, c’était le médiateur européen qui critiquait vertement la manière dont Bruxelles autorise la mise sur le marché de certains pesticides, malgré l’absence des données scientifiques requises par la réglementation… Et deux mois auparavant, en décembre 2015, la Cour de justice de l’Union européenne condamnait l’exécutif européen pour avoir échoué à réglementer les pesticides perturbateurs endocriniens – capables d’interférer avec le système hormonal humain et d’avoir des effets délétères au-dessous des seuils réputés sûrs.

Champ de mines

La régulation des produits phytosanitaires en Europe est donc devenue, en quelques mois, un dangereux champ de mines. Pesticide emblématique – il est le plus utilisé au monde, entrant dans la composition de 750 produits de 90 fabricants, et le plus fréquemment retrouvé dans l’environnement –, le glyphosate a commencé à cristalliser les crispations en mars 2015.

Au beau milieu du processus européen de réévaluation des risques présentés par la substance, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) chargée d’inventorier et de classer les agents cancérogènes – classait le produit comme « cancérogène probable » pour les humains.

Ce pavé jeté dans la mare par le CIRC a fait dérailler le processus d’expertise européen, conduit par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En novembre 2015, celle-ci concluait en effet, à l’inverse du CIRC, au caractère « improbable » de la cancérogénicité du glyphosate, s’attirant les foudres d’une partie de la communauté scientifique.

Une centaine de chercheurs du monde académique publiaient, le 3 mars, un article au vitriol sur l’expertise européenne, lui reprochant moult manquements : confiance accordée aux études confidentielles de l’industrie supérieure à celle accordée aux études académiques publiées dans la littérature scientifique, non-application de certains principes de la toxicologie, etc.

S’en est suivi un échange de correspondance acrimonieux entre Bernhard Url, le directeur exécutif de l’EFSA, et Christopher Wild, le patron du CIRC. Si acrimonieux que les ponts sont aujourd’hui quasi rompus entre les deux agences – un fait inédit dans l’histoire récente du petit monde de l’expertise. Au CIRC, on fait valoir que la réponse de l’EFSA contiendrait des faits erronés et des inexactitudes et que la poursuite des discussions est suspendue à leur rectification…

Conflits d’intérêts des experts

La controverse scientifique ne s’est pas limitée à la bataille entre l’EFSA et le CIRC. Nouveau rebondissement, le 16 mai, avec l’annonce de nouveaux résultats d’expertise : selon le Joint Meeting on Pesticides Residues (JMPR), un groupe d’experts commun à l’OMS et à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le glyphosate ne présenterait pas de risques cancérogènes pour la population, « aux niveaux attendus d’exposition par l’alimentation »

Las ! Les organisations non gouvernementales sont immédiatement montées au créneau, dénonçant des conflits d’intérêts au sein du JMPR. De fait, ce dernier était présidé et coprésidé par deux toxicologues par ailleurs consultants pour l’International Life Sciences Institute (ILSI), un lobby scientifique notamment financé par des sociétés agrochimiques commercialisant… du glyphosate.

Tout au long de cette saga, la société civile n’est pas demeurée spectatrice. Profitant de la discorde entre experts, les organisations non gouvernementales n’ont pas chômé. Sondages montrant l’opposition d’une grande part de la population européenne à la réautorisation du glyphosate (près des deux tiers, selon une enquête réalisée à la mi-avril par l’institut de sondage YouGov), analyses d’urines attestant de l’exposition de l’ensemble de la population au glyphosate, etc. Des plaintes ont même été déposées à Paris, à Berlin et à Vienne, à l’encontre des experts européens, accusant ces derniers de tromperie et de mise en danger de la vie d’autrui…

En accordant une autorisation provisoire de dix-huit mois, attendant pour prendre une position ferme l’avis de l’Agence européenne des produits chimiques, la Commission temporise pour laisser la pression retomber. Une pression considérable pèse donc sur l’ECHA, d’autant que l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) est, elle aussi, en train de réévaluer le glyphosate. L’avenir de la molécule miracle, emblème controversé du modèle agricole dominant, se joue dans les prochains mois.

Le glyphosate, un Léviathan de l’industrie phytosanitaire

Le glyphosate, c’est le Léviathan de l’industrie phytosanitaire. Loin de se ­réduire au seul Roundup – le produit phare de Monsanto –, il entre dans la composition de près de 750 produits, commercialisés par plus de 90 fabricants, répartis dans une vingtaine de pays… La production mondiale est montée en flèche ces dernières années un peu partout dans le monde, tirée vers le haut par l’adoption rapide des maïs et autres sojas transgéniques « Roundup ready ».

De 600 000 tonnes en 2008, la production mondiale de glyphosate est passée à 650 000 tonnes en 2011, pour atteindre 720 000 tonnes en 2012, selon les données compilées par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Aux Etats-Unis, les quantités épandues ont été multipliées par 20 en ­l’espace de vingt ans, passant de 4 000 tonnes par an en 1987 à 80 000 tonnes en 2007.

En 2011, dans une étude publiée par la revue Environmental Toxicology and Chemistry, l’US Geological Survey annonçait avoir détecté du glyphosate dans les trois quarts des échantillons d’eau de pluie et d’air analysés dans une région de grandes cultures.

En France, il s’en épand environ 8 000 tonnes par an. Avec son principal produit de dégradation, l’AMPA, il constitue le produit le plus fréquemment détecté dans les cours d’eau de France métropolitaine.

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1 juin 2016 3 01 /06 /juin /2016 09:35
Françoise Ménager pour « Les Echos »

Françoise Ménager pour « Les Echos »

Par Véronique Le Billon, le 31 mai 2016 pour Les Échos.

Des deux côtés de l'Atlantique, les exploitants de centrales nucléaires voient s'effriter la rentabilité de leurs installations et s'interrogent sur la pérennité de leur modèle économique.

Le 23 mai en pleine nuit, sur les rives du Tennessee, le réacteur de Watts Bar 2 est devenu sans grand bruit la  « première centrale nucléaire du XXIe siècle aux États-Unis », vingt ans après la dernière unité connectée au réseau outre-Atlantique. Il ne faut pourtant pas y voir la « renaissance » du nucléaire américain : le chantier de construction avait été arrêté trente ans plus tôt et son exploitant TVA s'apprête en parallèle à mettre aux enchères à prix cassé (36 millions de dollars) ses deux unités inachevées de Bellefonte.

Alors que les États-Unis, qui tirent 20 % de leur électricité de l'énergie nucléaire, ont déjà vu leur parc - le plus important au monde - passer sous la barre des cent unités il y a deux ans, de quinze à vingt réacteurs pourraient encore fermer d'ici cinq à dix ans en raison des conditions économiques, vient de mettre en garde le patron du Nuclear Energy Institute, qui réunit les industriels du secteur. Dernier en date, l'exploitant de Fort Calhoun (Nebraska) vient de conseiller à son conseil d'administration  de fermer le réacteur à la fin de l'année. Le sujet vient de faire l'objet d'un colloque organisé par le département de l'Énergie américain, à l'intitulé sans ambiguïté : « Improving the Economics of America's Nuclear Power Plants ».

Les États-Unis ne sont pas seuls à débattre de la compétitivité du nucléaire. En Suède, OKG a annoncé la fermeture anticipée de deux de ses trois réacteurs nucléaires. Et Vattenfall a fait de même pour deux autres. En Finlande, Standard & Poor's vient de dégrader la notation de TVO, notant que le réacteur EPR que construit péniblement Areva produira une électricité plus coûteuse que le prix de gros actuel. En France, où s'est construit le deuxième parc mondial, EDF voit lui aussi les prix de marché se rapprocher de ses coûts opérationnels. Les mêmes causes (ou presque) ont engendré les mêmes effets : l'abondance de gaz de schiste (aux États-Unis) et la baisse des cours des combustibles fossiles utilisés pour produire l'électricité, combinées avec une consommation atone et le développement des énergies renouvelables, ont poussé les prix de vente à la baisse, sans d'ailleurs réduire pour autant la facture du consommateur (car celle-ci finance les énergies renouvelables dont le prix d'achat est, lui, régulé pour les faire monter en puissance).

Le point commun de ces électriciens mondiaux est d'évoluer dans un marché déréglementé : les centrales américaines menacées sont celles qui produisent dans les États dérégulés (« merchant »). En France, la montée en puissance de la concurrence et la fin des tarifs réglementés pour les entreprises rognent à la fois les parts de marché et les marges d'EDF, quand les tarifs régulés (qui existent encore pour les particuliers) garantissaient que ses coûts étaient couverts et sa rémunération assurée.

Les exploitants nucléaires américains (en particulier Exelon et Entergy), qui défendent l'atout d'une énergie décarbonée, sont sur le pied de guerre pour sauver leur modèle économique. Avec trois leviers possibles à combiner : faire monter les cours de l'électricité, baisser les coûts de production et rémunérer la « valeur distinctive » du nucléaire.  « L'importance de soutenir la poursuite des opérations est très claire, mais les solutions le sont moins », a résumé le secrétaire américain à l'Energie, Ernest Moniz. Ces solutions, néanmoins, tournent autour d'un même thème : remettre de la régulation dans le nucléaire. Ces derniers mois, l'Ohio, l'Illinois et l'État de New York ont émis des propositions, parmi lesquelles l'octroi de « crédits zéro émission », qui fournirait aux réacteurs en difficulté un complément de rémunération leur permettant de couvrir leurs coûts. Avec des succès divers. Dans l'Illinois, Exelon a prévenu qu'il mettrait Clinton 1 et Quad Cities 1 et 2 au rebut en 2017 et 2018 s'il n'obtenait pas des mesures pour garantir leur rentabilité. Dans l'Ohio, la proposition de négocier un contrat de long terme entre un exploitant et un fournisseur d'énergie a été récusée par le régulateur.

En France, EDF, qui doit engager de très lourds investissements pour prolonger la durée de vie de ses centrales, commençait à défendre ces derniers mois la nécessité d'une stabilité de ses revenus pour le parc en exploitation -comme il l'a obtenu pour son projet de construction d'EPR en Grande-Bretagne. Une réflexion à laquelle l'Autorité de la concurrence n'était d'ailleurs pas fermée. Mais faute de pouvoir espérer en convaincre rapidement Bruxelles ou l'Etat français, l'électricien tricolore a privilégié la piste d'une augmentation de capital (4 milliards d'euros) pour renforcer ses fonds propres. Et convaincu le gouvernement d'instaurer, sans attendre un hypothétique feu vert européen, un prix plancher du carbone qui doit faire remonter le cours de l'électricité.

En attendant de nouvelles régulations, l'industrie nucléaire américaine a lancé fin 2015 un plan d'économies, qui vise à réduire très significativement les coûts de production du secteur, y compris en discutant avec l'autorité de sûreté nucléaire sur ses demandes d'investissement. En France, EDF avance à petits pas dans la voie des économies. En complément de sa future augmentation de capital, l'électricien public a annoncé des efforts supplémentaires (une base de coût réduite de plus de 1 milliard d'euros en 2019 par rapport à 2015). Mais cela était en réalité acté dès avant la chute des cours de l'électricité à l'automne 2015.

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 12:40

Par les députés Europe Ecologie au Parlement européen le 27 mai 2016

Depuis quelques temps, l’accord transatlantique entre l’Union européenne et les États-Unis (TTIP ou TAFTA) est sous le feu des projecteurs. Le groupe des Verts/ALE au Parlement européen travaille pour faire connaitre les menaces qu’il fait peser pour les citoyens des deux côtés de l’Atlantique et la mobilisation croît. Mauvaise nouvelle, un autre accord transatlantique, l’accord commercial avec le Canada (ou CETA), soulève des préoccupations similaires mais est à un stade plus avancé car il sera bientôt soumis au vote du Parlement européen. Voici quelques raisons pour lesquelles nous appelons à la mobilisation contre cet accord.

1. Une opacité encore plus grande que dans les négociations du TTIP

Le tollé public suscité par le secret entourant le TAFTA a forcé la Commission européenne à rendre publics des documents de négociation classifiés et à mettre en place des salles de lecture pour les parlementaires européens et nationaux en Europe. Si nous voulons que la Commission fasse davantage sur le TAFTA en terme de transparence, force est de constater qu’elle a œuvré dans la plus grande opacité sur le CETA. Avant même qu’un accord ne soit trouvé entre les États concernés et en coulisses, la prédominance du lobbying des entreprises a modelé ces accords afin qu’ils bénéficient aux multinationales les plus puissantes au monde. La culture de l’opacité est néfaste à l’exercice de la démocratie, les accords de libre-échange comme le CETA ne font pas exception à cette règle.

2. Des "tribunaux" privés minant notre démocratie

Le CETA et le projet Tafta comprennent un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs privés et États. Ils instaurent de fait une nouvelle juridiction supranationale, privée, parallèle, qui contourne les juridictions nationales et fédérales publiques. Toute entreprise peut y contester la décision d’une collectivité locale, d’un État ou de l’Union européenne, si elle considère que cette décision remet en cause ses bénéfices, présents ou à venir, et réclamer des millions voire des milliards d’euros de dédommagement. Cette menace permanente sur les États et leurs collectivités est une machine infernale à construire du moins disant réglementaire et de l’impuissance politique.

Le CETA instaure donc une nouvelle juridiction qui contourne les juridictions nationales pour attaquer en particulier les décisions publiques en faveur de la santé et de l’environnement. Comme le groupe canadien Lone Pine qui utilise sa filiale dans l’État du Delaware (l’un des paradis fiscaux américains) pour attaquer la Province du Québec. Les contribuables québécois se voient réclamer plus de 100 millions de dollars car la Province a mis en place un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique.

Face à la contestation massive, la Commission a engagé des réformes de ce mécanisme qui sont comprises dans le CETA. Elles réduisent les conflits d’intérêt qui touchent massivement les arbitres, sans que ces derniers ne deviennent pour autant des magistrats. Mais elles ne doivent toutefois pas faire illusion et nous faire prendre des couteaux de boucher pour des couteaux à beurre : qu’on l’appelle règlement des différends investisseur-État ou système juridictionnel sur l’investissement, ce mécanisme crée une justice parallèle qui arbitre sur le seul fondement du droit commercial. Sans une seule fois justifier l’utilité d’une telle rupture dans l’ordre juridique entre l’Europe et l’Amérique, sans qu’aucune étude économique n’ait réussi à démontrer de corrélation positive entre le mécanisme de règlement investisseur-État et les volumes d’investissement.

À travers ce dispositif, ce ne sont pas seulement les firmes canadiennes qui impacteront les politiques publiques européennes, mais aussi les 40 000 firmes américaines disposant de filiales au Canada. En 1998, pour ces raisons, Lionel Jospin, alors Premier Ministre, avait mis fin à la négociation de l’accord multilatéral sur l’investissement.

3. Un voyage en terre inconnue pour les services publics

Nous entrons ici en terres inconnues. Pour la première fois, l’UE a négocié un accord commercial avec une « liste négative » pour les services. Cela signifie qu’à moins que les gouvernements européens excluent explicitement un service de la négociation, tous les services, y compris de nouveaux services publics à venir, seront automatiquement ouverts à la concurrence des fournisseurs de services étrangers. Des clauses au nom très jargonneux, telle que la clause de « statu quo », qui gèle la législation au moment de la signature de l’accord, ou encore la clause dit de « cliquet », qui empêche de revenir sur la libéralisation d’un service, créent un risque majeur pour les services publics locaux et nationaux. Il faut mesurer l’impact d’un tel accord sur les services publics : faire revenir un service sous le contrôle public devient mission quasi-impossible et sera très coûteux. D’ailleurs, la Fédération européenne des syndicats des services publics est vent debout contre cet accord.

4. Notre santé bradée au profit des intérêts du secteur pharmaceutique

Le CETA renforce le droit de la propriété intellectuelle en particulier sur les brevets pharmaceutiques réduisant la disponibilité au Canada des médicaments génériques : les profits des firmes contre la santé publique ! Le coût des médicaments pourrait augmenter de 13 % pour les Canadiens et grever les comptes de l’assurance-maladie de plus d’un milliard de dollars par an. Des accords comme le CETA entravent également les gouvernements européens qui souhaitent favoriser les génériques et réduire la durée des brevets à l’heure où pourtant il est urgent de pouvoir faire baisser les coûts de soins de santé pour certains traitements en particulier.

5. Le cheval de Troie d’une nouvelle offensive des biotechnologies

La position de l’Europe sur les aliments génétiquement modifiés est une pomme de discorde importante avec nos amis nord-américains depuis de nombreuses années comme en témoignent les nombreux litiges devant l’Organisation mondiale du commerce. L’organisation "Food Secure Canada" note que le groupe CropLife Canada, ouvertement pro-CETA, se réjouit de la perspective de l’établissement d’« un groupe de travail sur les biotechnologies afin de raccourcir les délais pour l’approbation, dans l’UE, de cultures génétiquement modifiées, de renforcer la règlementation fondée sur la science [comprendre la science "officielle" des entreprises commercialisant ces produits] et de réviser le niveau minimum d’OGM présents dans les produits non-OGM importés ». Si la législation européenne n’est pas remise en cause explicitement, on donne tous les moyens à l’industrie de l’affaiblir et d’accentuer toujours plus sa pression sur les processus décisionnaires européens.

6. Un prix fort à payer en termes de concessions législatives européennes

Une victime surprise du Ceta, qu’on ne trouve pas dans le texte de l’accord, est la réglementation européenne en matière de pollution des carburants. La directive « qualité des carburants » est un outil important de réduction de nos émissions de CO2. Avant la conclusion du Ceta, celle-ci devait attribuer des émissions de CO2 20 % plus élevée pour les carburants canadiens issus des sales sables bitumineux du pays. Trois semaines après la conclusion des négociations en 2014, quand la Commission décide enfin de légiférer, cette disposition a disparu ! Une nouvelle qui tombe alors à pic puisque quelques jours plus tard, le Président Hollande débutait son voyage officiel au Canada en Alberta, pour soutenir les investissements du groupe Total dans ces hydrocarbures très polluants. Des preuves suggèrent que le Canada a fait pression pour diluer la portée et l’impact de cette législation sur son industrie des énergies fossiles en utilisant le CETA comme levier. Cette négociation clandestine sur les sables bitumineux sales révèle la vraie nature de ce type d’accords commerciaux, dont l’objectif est de sacrifier les normes sur l’autel du profit.

7. Une sape méthodique des économies locales

Le CETA s’attaque aux règles qui visent à bénéficier aux communautés locales et aux municipalités. L’UE a plaidé, avec succès malheureusement, pour l’élimination par les Canadiens de leurs programmes d’achat locaux "qui assurent des emplois locaux" selon le Conseil des Canadiens. Le Power Group Mesa, une société d’énergie détenue par le milliardaire texan T. Boone Pickens, réclame 775 millions de dollars (environ 523 millions €) à la Province de l’Ontario pour sa loi sur l’énergie verte de l’Ontario conçue pour donner un accès préférentiel aux opérateurs de parcs éoliens locaux. La Commission européenne fait valoir que ces lois sont discriminatoires et agissent comme des « barrières de localisation au commerce ». Mais nous pensons que les efforts pour soutenir les entreprises locales sont essentiels à la création d’économies locales robustes et dynamiques.

8. Le nivellement par le bas des offres de marchés publics

La libéralisation des marchés publics est l’un des sujets majeurs des accords transatlantiques, puisqu’ils représentent autour de 17 % des PIB des pays concernés et échappent encore à l’hyper-libéralisation. En Amérique du Nord, les marchés publics sont beaucoup moins ouverts à la concurrence internationale que les marchés publics européens, les plus libéralisés du monde.

Au Canada, les autorités locales et nationales ont beaucoup utilisé la préférence géographique pour favoriser les entreprises locales. Ainsi, l’Ontario a privilégié les fournisseurs locaux d’énergies renouvelables pour favoriser l’emploi local dans sa politique de transition énergétique De son côté, l’UE a choisi un modèle d’ouverture unique au monde. Confrontée à un déficit d’investissement et à un chômage massif, l’Union européenne devrait s’inspirer du modèle nord-américain pour établir un « Buy European Act » et accompagner les progrès réalisés en matière de prise en compte de critères de durabilité par une capacité à privilégier les PME et les entreprises locales. Or, ce n’est pas du tout l’option défendue ni dans le CETA ni dans le TAFTA, la question de la préférence géographique, celle de la durabilité ou des critères sociaux ne sont pas prises en compte dans le CETA.

Au contraire, dans le CETA, les contrats peuvent être attribués à "l’offre la moins chère" ou la "le plus avantageuse". Cette expression de "la plus avantageuse" ne requiert pas nécessairement des entreprises d’envisager la durabilité écologique ou d’autres facteurs d’intérêt public. Le CETA restreint également l’amélioration future de la législation européenne sur les marchés publics en nous liant aux critères définis contenu dans le CETA. Lors de la dernière révision de la directive sur les marchés publics, les gouvernements locaux avaient demandé que les seuils pour les appels d’offres ouverts soient relevés afin d’avoir une plus grande liberté pour accorder des marchés aux bénéficiaires locaux.

Cette demande a été rejetée par la Commission au motif que les accords internationaux nous contraignaient à respecter les seuils existants. CETA, comme d’autres accords commerciaux, freine notre capacité à redéfinir et améliorer les outils que nous utilisons pour atteindre des objectifs importants de politiques publiques.

9. L’impasse sur les droits des travailleurs et sur l’environnement

A contrario de la logique des droits exclusifs donnés aux investisseurs étrangers, le CETA ne comprend pas de règles contraignantes pour protéger et améliorer les droits des travailleurs et la protection de l’environnement. La Confédération des syndicats allemands (DGB) a critiqué cette absence en appelant à ce que "les chapitres sur les droits des travailleurs, la protection de l’environnement et le développement durable [soient] conçus comme exécutoires au même titre que le reste de l’accord", mais le texte final n’est pas à la hauteur de ces exigences.

10. La mise à mort des petits paysans

Le Canada devra reconnaître 175 indications géographiques européennes (les fameuses AOC et AOP) qui sont autant de valorisation de nos terroirs. Tant mieux pour celles qui ont été retenues mais quid des 1 300 qui passent à la trappe ? Cette discrimination est inacceptable et probablement illégale.

Surtout, le Ceta permettra au Canada d’exporter 65 000 tonnes de bœuf et 75 000 tonnes de porc. Même sans hormones mais bourré d’antibiotiques et mal traité, le bœuf canadien contribuera à anéantir un peu plus nos bassins allaitants et la pérennité de nombreuses races bovines. À l’heure où les agriculteurs européens victimes des prix bas agricoles en particulier en Irlande, France et au Danemark sont particulièrement exposés à ces nouvelles exportations, cet accord signe la mise à mort des paysans. En tant qu’écologistes, nous estimons qu’il n’est pas possible d’obtenir l’assurance que ce bœuf canadien soit certifié sans hormones et qu’il puisse être soumis à des contrôles. La pertinence de faire expédier des tonnes de viande d’un côté de la planète à un autre est également très discutable, notamment en ce qui concerne l’atteinte de nos objectifs de réduction des émissions de CO2.

11. La dissuasion massive contre la lutte contre dérèglement climatique

L’accord historique sur le climat conclu à Paris en 2015 appelle les gouvernements à entreprendre de très importantes réformes dans l’objectif de réduire les températures mondiales "bien au-dessous" de 2 degrés.

Pourtant, les dispositions favorables à l’industrie dans les accords commerciaux comme le CETA réduisent la marge de manœuvre réglementaire dont les gouvernements disposent pour agir. En particulier, les derniers cas d’ISDS récents impliquant le Canada ont montré que les décisions législatives de protection de l’environnement sont systématiquement attaquées par l’industrie des énergies fossiles. L’entreprise de l’oléoduc TransCanada a demandé 15 milliards de dollars en compensation aux contribuables états-uniens dans le cadre de l’ALENA, l’accord commercial qui lie le Canada, le Mexique et les États-Unis suite à la suite de la décision d’Obama d’annuler le projet de pipeline Keystone XL. Les entreprises des énergies fossiles demandent à être indemnisées suite à la décision canadienne d’un moratoire sur la fracturation (Lone Pine vs Canada) et contre les dispositions prévues dans la loi sur l’économie et l’énergie vertes de l’Ontario (Mesa Puissance vs Canada 2011).

De nouvelles recherches suggèrent que le gel des nouvelles législations dans ce secteur est devenu l’objectif principal de l’utilisation de l’ISDS par les investisseurs : "lorsque le but d’une attaque ne consiste pas tant à gagner le différend ou obtenir une indemnisation, qu’à dissuader de règlementer davantage ».

12. Haro sur la démocratie et l’état de droit

Le CETA contient plusieurs mécanismes qui peuvent limiter de façon conséquente le pouvoir des élus et des citoyens à légiférer.

Le mécanisme de coopération règlementaire (même optionnel) contenu dans CETA crée un forum légal pour évaluer a priori et sur la base du commerce les propositions de normes, et institutionnalise le lobbying des grandes entreprises à travers des comités d’experts (ex : OGM) ou comité consultatif avant même que le législateur ne prenne connaissance du texte. De son côté, la clause de statu quo qui gèle la législation dans un certain nombre de secteurs au moment de l’accord empêche l’émergence de nouvelles législations en particulier dans des secteurs où beaucoup reste à faire (environnement, climat, sécurité alimentaire, protection des données etc.).

Enfin, à travers l’ISDS/ICS, compte tenu de la présence massive de filiales de groupes américains au Canada (40000), la ratification du CETA conduit de fait à adopter un accord d’investissement avec les États-Unis. Les groupes américains avec une filiale au Canada pourront attaquer les autorités publiques à travers toute l’Europe et ce sans même attendre la fin des négociations sur le TAFTA.

Toutes ces dispositions incluses dans le CETA contribuent à affaiblir drastiquement notre capacité à créer de la réglementation pour mettre en œuvre des choix de société décidés pourtant par les citoyens et leurs représentants.

Du côté des Canadiens également, la société civile est mobilisée contre cet accord. La preuve en image avec cette vidéo de l’organisation citoyenne "Conseil des canadiens".

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