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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 09:00

Malgré l’accord de Paris sur le climat et la lutte contre les émissions de CO2, la consommation d’or noir devrait encore progresser d’ici à 2040. Par Nabil Wakim le 18 avril 2018 pour Le Monde.

Une installation pétrolière de la compagnie Saudi Aramco, à 160 km de Riyad, le 23 juin 2008. MARWAN NAAMANI / AFP

Une installation pétrolière de la compagnie Saudi Aramco, à 160 km de Riyad, le 23 juin 2008. MARWAN NAAMANI / AFP

Quelle sera la durée de vie du pétrole ? La croissance continue du secteur de la pétrochimie, qui permet notamment de produire des matières plastiques, pourrait bien soutenir, pendant longtemps encore, la demande d’or noir.

Dernier exemple en date : le 11 avril, le groupe pétrolier saoudien Aramco a annoncé un gigantesque projet de raffinage et de pétrochimie en Inde pour 44 milliards de dollars (environ 36 milliards d’euros). « La pétrochimie est le point aveugle du débat sur le pétrole », analysait début mars, devant des journalistes, Fatih Birol, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). « Dans les cinq prochaines années, elle pourrait représenter 25 % de la demande », notait M. Birol.

Cette prédiction du patron de l’AIE sur la pétrochimie vient renforcer une analyse partagée dans les milieux pétroliers : la demande – et donc la consommation – de pétrole va augmenter de manière significative au moins jusqu’en 2040. Et ce, en dépit de l’accord de Paris sur le climat ­visant à limiter les émissions de CO2, de l’émergence rapide du marché des véhicules électriques et de la baisse du coût des énergies renouvelables.

« Il n’y a aucun signe d’un pic de la demande », tranche Fatih Birol. Certes, d’ici à 2040, la demande de pétrole pour les voitures devrait enfin atteindre un plateau, souligne le rapport annuel de l’AIE. Le monde consomme aujourd’hui 20 millions de barils de pétrole par jour pour les véhicules individuels, et ce chiffre devrait légèrement décliner avant 2040, sous l’effet conjugué du développement des véhicules électriques et d’une plus grande efficacité énergétique des moteurs.

La demande de pétrole va continuer à augmenter

Mais, pour tous les autres secteurs, les perspectives sont clairement orientées à la hausse. Les besoins du transport routier pourraient passer de 15 à 19 millions de barils, ceux de l’aviation de 11 à 15,7 millions. Surtout, ceux de la pétrochimie et de l’industrie augmenteraient de 17,4 à 23,6 millions, selon les chiffres de l’AIE.

Stagnation puis déclin aux Etats-Unis, au Japon et en Europe

Dans son récent scénario prospectif, le groupe britannique BP se montre plus prudent, mais avertit : même avec une interdiction totale – très hypothétique – de la vente de véhicules à essence en 2040, la consommation de ­pétrole sera tout de même largement supérieure à celle de 2017.

Aucun de ces scénarios ne permet de respecter l’accord de Paris, dans lequel la quasi-totalité des pays du monde se sont engagés à maintenir le réchauffement « bien au-dessous de 2 0C par rapport aux niveaux préindustriels ».

Dans une note intitulée « Les multiples voies vers un pic de la demande », publiée en juillet 2017, plusieurs experts du Boston Consulting Group (BCG) se révèlent un peu plus optimistes. Ils estiment que pour diminuer fortement la demande de pétrole dès 2025 – et, partant, limiter les rejets de CO2 dans l’atmosphère –, trois facteurs peuvent jouer un rôle-clé : une hausse massive et rapide de l’usage de véhicules électriques, une substitution massive du ­ pétrole par le gaz dans la pétro­chimie et, surtout, un ralentissement de la croissance économique mondiale, aujourd’hui tirée par l’Asie.

La demande de pétrole va continuer à augmenter

Car si les États-Unis, le Japon et l’Europe doivent voir leur consommation de pétrole stagner puis décliner dans les années à venir, c’est d’Inde et de Chine que viendra la demande d’hydrocarbures. « La moitié de la croissance va venir de ces deux pays », précise Fatih Birol. Mais aussi de nombreux pays en développement, qui ne se voient pas ralentir leur développement économique sous le prétexte de la lutte contre le réchauffement climatique.

« Nos pays ont besoin des hydrocarbures pour survivre », s’est défendu le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Mohammed Barkindo, lors d’un sommet pétrolier à Houston (Texas), en mars. « Tout le monde se focalise sur les énergies fossiles, mais on devrait plutôt se concentrer sur la lutte contre les émissions de CO2 », a-t-il souligné, faisant mine d’oublier la responsabilité des producteurs de pétrole et de gaz dans les émissions de gaz à effet de serre.

« Transformation en cours »

Cette analyse est majoritaire dans les pays producteurs de pétrole, qu’il s’agisse de l’Arabie saoudite, de la Russie ou des États-Unis. « Il serait ridicule de défendre l’idée qu’on se sera débarrassé des énergies fossiles en 2030. Et alors ? On devra vivre comme en 1850, sans électricité ? », plaisantait récemment le « climato­sceptique » Rick Perry, le secrétaire à l’énergie de Donald Trump.

« Oui, il y a une transformation en cours, avec les énergies renouvelables et les véhicules électriques. Mais leur part de marché est extrêmement réduite », a expliqué au Monde en avril Amin Nasser, le PDG de Saudi Aramco. « Et même si cette part va augmenter, il faut prendre en compte d’autres facteurs qui vont peser sur la demande de pétrole : la croissance de la classe moyenne dans de nombreux pays, la demande pour la pétrochimie, l’aviation, le transport maritime, les poids lourds. »

Les compagnies pétrolières partagent dans l’ensemble ce constat de demande en hausse, même si elles restent précautionneuses dans l’analyse. « Certes, il est possible que la consommation de pétrole décroisse, analysait récemment Patrick Pouyanné, le PDG de Total. En 2040, je pense qu’elle sera inférieure à celle de 2018. Mais le monde consommera encore 80 ou 90 millions de barils par jour. »

D’autant que les observateurs du monde du pétrole sont plutôt préoccupés par un autre problème ces derniers mois : la baisse des investissements, due aux prix bas du pétrole ces dernières années. « Ce n’est pas la perspective d’un pic de la demande qui m’empêche de dormir la nuit, confiait il y a peu un dirigeant américain du secteur, c’est plutôt qu’on ne puisse pas pourvoir aux besoins de la ­planète en pétrole. »

Le déclin naturel des champs pétroliers existants n’est pas compensé par la mise en production de suffisamment de champs, avertit l’AIE. « Il y a un vrai problème d’investissement, observe son directeur, Fatih Birol. En plus de la hausse actuelle de la production mondiale, l’industrie pétrolière aurait besoin d’ajouter l’équivalent de la production de la mer du Nord chaque année, pour satisfaire la hausse de la demande. » Même si cela heurte les objectifs fixés par l’accord de Paris.

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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 09:01
« Les cobayes lancent l’alerte » : appel pour la marche « vérité et justice » pour la santé environnementale

Malbouffe, pollutions, exposition aux produits toxiques,  lobbys : BASTA !

Alors que les conquêtes sociales, l’hygiène, les progrès médicaux et l’accès à la nourriture pour tous ont fait progresser l’espérance de vie tout au long du 20eme siècle, on voit celle-ci stagner ou reculer dans les pays dits développés occidentaux.

 Maladies cardio-vasculaires, cancers, maladies respiratoires, obésité, diabète, troubles du comportement et de la reproduction, maladies neuro-dégénératives, maladies liées à des accidents médicamenteux et vaccinaux… la quasi-totalité des pays est confrontée à une épidémie de maladies chroniques. C’est le constat fait par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Face à cette crise sanitaire, les politiques de santé restent figées sur le modèle ancien, qui mise tout sur le soin et a oublié que les maladies ont des causes. Le facteur environnemental est le grand oublié de la santé publique.

Car nos modes de vie sont en cause ainsi que notre modèle libéral – productiviste avec ses rejets d’industries chimiques (pesticides, OGM, résidus médicamenteux, plastiques, nanomatériaux…) et nucléaires faisant pénétrer des produits étrangers à la vie dans le cycle de l’air, de l’eau, de la vie, dans nos organes vitaux… Nous ne pouvons plus accepter d’être pris avec notre écosystème pour une gigantesque poubelle à ciel ouvert. S’ajoute à cela le poids des lobbys et de l’argent qui fait primer souvent en matière de santé publique les intérêts de l’industrie sur l’intérêt général.

La crise sanitaire est bel et bien la 4eme crise écologique à côté de la crise climatique, de l’extinction de la biodiversité et de l’épuisement des ressources naturelles. Comme les autres, cette crise est créée par l’homme.

Or, aujourd’hui, 2 décès sur 3 dans le monde sont le fait des maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires ou respiratoires, cancers, diabète…). En France, environ 15 millions de personnes, soit près de 20% de la population, sont atteints de maladies chroniques ; ces maladies progressent 4 à 5 fois plus vite que le changement démographique. Le cancer touche 1 homme sur 2 et 2 femmes sur 5. Il y a eu un doublement des diagnostics de cancers depuis 30 ans. 115 personnes meurent chaque jour à cause des particules fines émises par le diesel en France et la pollution atmosphérique est responsable de 6 mois d’espérance de vie en moins et cause 48000 décès par an. S’ajoute à cela une forte progression depuis 10 ans des AVC et de l’insuffisance cardiaque ; une augmentation du diabète ; l’obésité a plus que doublé chez l’adulte et forte progression des maladies d’Alzheimer, de Parkinson et de maladies émergentes est à noter. Enfin, il faut signaler l’apparition de maladies infectieuses inhabituelles sous nos climats ; les pubertés précoces de plus en plus fréquentes et l’influence de l’environnement sur la baisse de la fertilité humaine. Les coûts générés font imploser les systèmes de santé.

Face à cette catastrophe sanitaire galopante, un collectif d’associations et d’ONG a décidé à l’initiative de notre eurodéputée Michèle Rivasi de mobiliser l’ensemble des citoyens dans le cadre d’une grande marche autour des victimes de la dégradation de notre environnement et solidaires avec elle pour les citoyens condamnés au sursis si rien ne se passe.

Entre le premier mai et le 30 juin, nous participerons à la Marche vérité et justice pour la santé environnementale pour :

  • rendre visibles les personnes isolées et victimes dans leur travail, dans leur lieu de vie, dans leur alimentation, dans leurs soins… de produits toxiques, de produits de santé dangereux, de polluants dangereux pour la santé et les générations futures ;
  • créer un mouvement citoyen et un éveil des consciences contre l’inertie des pouvoirs publics en matière de santé environnementale ;
  • réclamer la justice, la réparation, la reconnaissance des responsabilités et l’indemnisation des victimes de la crise sanitaire et environnementale avec l’inversion de la charge de la preuve (ce doit être à l’industriel de prouver l’innocuité de son produit et non à la victime de prouver le lien de causalité entre sa pathologie et le facteur de pollution ou le produit toxique) ;
  • exiger une recherche, une expertise et une justice indépendante et refonder toutes les méthodes d’évaluation et d’homologation par un panel indépendant de chercheurs universitaires avec un contrôle citoyen ;
  • renforcer la protection de la santé au travail en rétablissant les CHSCT et des instances de contre-pouvoirs, d’alerte et de la contre-expertise pour les salariés.

Nous marcherons donc pour exiger une révolution de notre système de santé publique. Après les progrès réalisés à la fin du 19eme siècle pour vaincre les grandes maladies infectieuses (choléra, typhus, tuberculose…), il faut stopper les épidémies modernes en revisitant notre système de santé publique et en intégrant des politiques de santé environnementale. Enfin !

 Nous marcherons pour en finir avec la capture scientifique et réglementaire des lobbys industriels sur nos vies.

 Nous marcherons pour exiger le droit fondamental à un air sain, une alimentation saine, un environnement sain et la préservation de la santé de tous.

Car, nous ne voulons plus mourir empoisonné.e.s, asphyxié.e.s, intoxiqué.e.s…

REFUSONS D’ETRE DES COBAYES !

RDV à Fos-sur-Mer le 1er mai à 17h, tout au long de la route, à Paris le 30 juin à 11h et les 1er et 2 juillet à Bruxelles.

Citoyens, Signez l’appel - Les associations qui souhaitent signer l’appel peuvent nous envoyer un mail pour signer à: contact@marchedescobayes.org  

Europe Écologie Les Verts soutient cette marche citoyenne des victimes empoisonnées dans leur travail, asphyxiés par l’air qu’elles respirent, intoxiquées par ce qu’elles mangent… EÉLV souhaite la réussite de cette marche, mobilise les militants dans les régions où passe la marche pour qu’il s’implique dans l’organisation logistique (accueil, restauration, manifestations…) de la marche et des étapes et s’associe à la manifestation nationale du 30 juin à Paris.

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11 avril 2018 3 11 /04 /avril /2018 10:56

EDF a constaté des défauts de soudure sur la tuyauterie de l’EPR de Flamanville (Manche). Le réacteur de troisième génération accumule les retards. D’après Jean-Michel Bezat le 10 avril 2018 pour Le Monde. Lire aussi Greenpeace veut débrancher l’EPR, Le talon d’Achille du nucléaire français, Anomalies en série dans les centrales nucléaires et Pour l'arrêt des nucléaires civils et militaires ... avant qu'il ne soit trop tard.

L’EPR de Flamanville devait initialement être mis en service en 2012. AFP/Charly Triballeau

L’EPR de Flamanville devait initialement être mis en service en 2012. AFP/Charly Triballeau

Electricité de France (EDF) a annoncé, mardi 10 avril, que des « écarts de qualité dans la réalisation des soudures » par rapport à son cahier des charges avaient été détectés sur l’EPR de Flamanville (Manche) et que des contrôles étaient en cours. Le groupe a déclaré cet événement « significatif » à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et ajoute que ces défauts pourraient l’obliger à reporter une fois de plus le démarrage du réacteur de troisième génération conçu par Framatome (ex-Areva NP) et l’allemand Siemens.

Jusqu’à présent, EDF avait programmé le chargement du combustible (pastilles d’uranium enrichi) à la fin du quatrième trimestre 2018 pour une mise en service commerciale dans le courant de 2019. La construction du deuxième EPR lancé dans le monde – après celui d’Olkiluoto en Finlande – a débuté en 2007 et son lancement était initialement prévu en 2012.

Le dérapage du calendrier, pour des problèmes de béton et de ferraillage – et surtout d’anomalies dans la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve – a entraîné une dérive financière du projet : de 3,5 milliards d’euros au début, la facture a grimpé à 10,5 milliards (hors intérêts intercalaires). EDF n’exclut pas que ce nouveau retard entraîne un nouvel alourdissement de la facture.

C’est un très mauvais signal au moment où le groupe dirigé par Jean-Bernard Lévy finalise une négociation avec l’Inde pour la vente de six EPR. Dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, le titre EDF perdait environ 1,6 %.

Infographie Le Parisien

Infographie Le Parisien

Contrôles additionnels de 150 soudures

Ces « écarts de qualité » portent sur les soudures sur les tuyauteries du circuit secondaire principal, qui conduit la vapeur des générateurs à la turbine. Elles avaient pourtant été contrôlées par le groupement des entreprises chargées de la fabrication du circuit, qui « les avaient déclarées conformes au fur et à mesure de leur réalisation », indique EDF. Quelque 150 soudures vont subir des contrôles additionnels avant les actions correctives qu’il proposera à l’ASN. Un travail qui doit s’achever « d’ici fin mai ».

« Sur certaines soudures, nous ne sommes pas conformes à l’attendu standard, y compris vis-à-vis du code de construction nucléaire, et donc cela veut dire que ces soudures devraient être reprises pour être remises à niveau », a précisé Laurent Thieffry, le directeur du projet EPR de Flamanville. Chaque contrôle par ultrason nécessite un binôme d’opérateurs et prend en moyenne un ou deux jours par soudure, a-t-il ajouté.

EDF avait déjà annoncé, le 22 février, des écarts de qualité. Mais il avait alors précisé que « ces tuyauteries sont bien conformes à la réglementation des équipements sous pression nucléaire. » Toutefois, les soudures auraient dû correspondre au standard « haute qualité », plus exigeant que la réglementation en vigueur, avait expliqué au Monde une porte-parole du groupe. Concrètement, EDF avait défini pour la construction de l’EPR cette nouvelle norme de qualité, et n’a pas été en mesure de la faire respecter par ses sous-traitants.

« Cet événement ne remet pas en cause le planning du projet », assurait-on alors chez EDF. Le groupe avait eu tendance à minimiser l’événement. Son analyse n’était pas partagée par l’ASN. Son président, Pierre-Franck Chevet, avait estimé, devant les députés de la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire, que le sujet était « sérieux ».

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 16:22

POLLUTIONS, ENVIRONNEMENT, SANTÉ                 Quelles mesures écologistes pour vivre mieux ?              Samedi 7 avril - 14h30 - 18h - Hotel de ville de Montreuil - M° Mairie de Montreuil - Entrée libre

Quelles mesures écologistes pour vivre mieux ? Samedi 7 avril, 14h30
Quelles mesures écologistes pour vivre mieux ? Samedi 7 avril, 14h30
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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 09:04

Hors pesticides, point de salut ? Malgré les risques qu’elles font peser sur la santé et l’environnement, ces substances sont massivement utilisées en France. S’en passer est possible, mais cela suppose de repenser le modèle agricole. D’après Alexandra Chaignon le mercredi 28 Mars 2018 pour l'Humanité.

La France est-elle prête pour une cure de désintoxication des pesticides ?

« Je ne suis pas encore sorti des pesticides, mais j’en utilise beaucoup moins qu’avant », prévient d’emblée Gilles Menou. Céréalier à Ver-lès-Chartres, en Eure-et-Loir, porte-parole de la Confédération paysanne du Centre, ce paysan de 56 ans pratique ce qu’on appelle du « bas niveau d’intrants (engrais et pesticides – NDLR) » depuis quelques années. Le glyphosate ? Il ne veut plus en entendre parler. « Il y a deux ans, j’ai supprimé cet herbicide. J’ai aussi réduit l’utilisation des fongicides par deux. Et je ne mets que 80 % de la dose homologuée », précise-t-il. Le cas de ce paysan illustre parfaitement l’état d’esprit dans lequel se trouve une bonne partie des agriculteurs, « qui s’interrogent énormément ».

« Une simple optimisation de l’utilisation des produits phytosanitaires ne suffit pas »

S’affranchir des pesticides, partiellement ou totalement, telle est la question qui se pose aujourd’hui. Un défi majeur pour un secteur qui en est totalement dépendant. Avec 75 287 tonnes de produits phytosanitaires utilisés chaque année, la France se situe au 8e rang européen par hectare des consommateurs d’intrants chimiques. « Après-guerre, on a organisé les choix de sélections variétales dans l’objectif de nourrir le pays. Grâce à cela, ainsi qu’aux intrants et à l’agrochimie, on a multiplié les rendements par trois en quelques décennies. Mais on a vu les limites de ce système vers la fin des années 1990, avec des cas de pollution des eaux », rappelait Philippe Mauguin, président de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), à l’AFP lors du dernier Salon de l’agriculture. Depuis plusieurs années, le pays essaye de corriger le tir. En vain. Leur quantité a augmenté de 5 % en cinq ans, au lieu de réduire de 50 % (lire ci-contre).

« Une simple optimisation de l’utilisation des produits phytosanitaires ne suffit pas », reconnaît le président de l’Inra, pour qui il n’existe « pas de solution miracle ».« L’enjeu, c’est d’entraîner tous les agriculteurs conventionnels vers une réduction de l’usage des pesticides », analyse Nicolas Munier-Jolain, ingénieur de recherche à l’Inra, lequel a cependant « du mal à imaginer qu’ils puissent s’en affranchir totalement ». « Actuellement, on ne peut pas s’en passer, corrobore Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Mais il faut impérativement prendre le chemin de la sortie. Et pour commencer, s’attaquer aux produits les plus dangereux. »

C’est d’ailleurs la recommandation du rapport sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques remis au gouvernement fin 2017 par l’Igas (Inspection générales des affaires sociales), qui préconise de se concentrer sur les pesticides les plus dangereux, soit une vingtaine de substances. Pour rappel, actuellement, les pesticides classés toxiques, cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques représentent encore 23 % des ventes… Ce qui implique de changer tout le système de production agricole de façon radicale. Et, sur ce point, tout le monde est d’accord. Y compris la FNSEA, qui vient de présenter son propre plan, même si, pour certains, celui-ci s’apparente à une stratégie de communication. Quoi qu’il en soit, la volonté de répondre aux attentes des consommateurs et des agriculteurs, de plus en plus conscients des dangers, paraît réelle.

Reste à lever les freins, entre autres économiques. Et pour cause : dès que l’on parle diminution de pesticides, les agriculteurs, aux revenus souvent très fragiles, répondent « perte de rentabilité ». Une équation battue en brèche par l’Inra. L’expérience des fermes expérimentales Dephy (réseau qui a pour objectif de concevoir, tester et évaluer des systèmes de cultures permettant de réduire l’utilisation des pesticides) montre que l’on peut réduire l’usage des pesticides sans affecter la productivité à l’échelle de la ferme. « Les agriculteurs peuvent maintenir leur rendement dans 94 % des cas et leur revenu dans 78 % des cas en utilisant un tiers de pesticides en moins que la moyenne », rappelle Nicolas Munier-Jolain, coauteur d’une étude sur le sujet.

Gilles Menou en a fait l’expérience sur sa ferme : « Je me suis rendu compte que la marge la plus importante n’est pas forcément liée au rendement le plus fort. Au niveau économique, je ne vise plus le rendement maximal, mais un bon rendement. Plutôt que d’atteindre les 90 quintaux en blé, j’en espère un peu moins, aux alentours des 80 quintaux. Ce sont les derniers quintaux qui coûtent généralement le plus cher. Ainsi, on fait des économies sur les intrants. »

Mais cette transition n’est réalisable que si elle s’accompagne d’une adaptation des pratiques agricoles, lesquelles passent par des mesures agronomiques : diversification et rotation des cultures, introduction de variétés plus résistantes aux maladies, désherbage mécanique, travail superficiel du sol, recours au gel hivernal des couverts intermédiaires, etc. « J’ai appris à observer la nature et à travailler avec elle », résume Gille Menou. « J’ai supprimé les raccourcisseurs (substances qui permettent d’avoir des plants plus courts et des tiges plus solides – NDLR) et travaillé des semences plus rustiques. J’ai allongé les rotations et diversifié mes cultures : depuis quelques années, j’ai remplacé les protéagineux, économiquement peu intéressants, par de l’orge de printemps, ce qui a ramené de la biodiversité sur l’exploitation », détaille le céréalier.

Parmi les solutions de substitution, l’Inra plaide aussi pour l’augmentation du biocontrôle, c’est-à-dire la neutralisation des agresseurs par leurs prédateurs, en général des insectes, ou encore les techniques innovantes (lasers, robots intelligents). Enfin, il y a bien sûr l’agriculture biologique, qui apparaît comme le dispositif le plus efficace pour permettre aux agriculteurs de valoriser leurs efforts de réduction d’usage des pesticides, comme le souligne le rapport de l’Igas. « L’animateur chargé du bio à la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir n’a jamais eu autant de rendez-vous », reprend Gille Menou. « Même les plus performants s’interrogent… Si j’avais dix ou quinze ans de moins, je passerais en bio sans hésitation, avoue d’ailleurs le céréalier de Ver-lès-Chartres. Mais aujourd’hui, cela me demanderait trop d’investissement. »

« L’idée, c’est d’arriver à faire progresser tout le monde. On peut aller rapidement à 30 % d’agriculture biologique, mais cela ne servira à rien si l’on continue à utiliser des pesticides dans 70 % des productions », estime François Veillerette, le président de l’association Générations futures. Bien sûr, il y a des obstacles. L’Inra a évalué 10 % à 20 % d’impasses techniques, essentiellement dans l’agriculture de conservation des sols, cette pratique qui consiste à supprimer le labour, ce qui permet de stocker le carbone dans les sols, mais nécessite une utilisation de glyphosate une fois par an pour nettoyer les sols avant semis. Sans parler des agricultures menées dans des conditions difficiles (zones de montagne, érodées, etc.). Autre difficulté : la structure même du marché des pesticides. Les coopératives qui conseillent les agriculteurs tirent aussi des revenus substantiels de la vente des pesticides, ce qui pose un sérieux problème de conflit d’intérêts. Le gouvernement envisage de séparer les activités de conseils techniques et de vente de pesticides. Mais une telle mesure sera-t-elle mise en œuvre ?

« Faire évoluer notre modèle agricole, cela veut dire changer de modèle économique »

De l’avis de l’Igas, nombre de ces changements sont « compatibles avec une réduction de la dépendance aux herbicides, au-delà du seul glyphosate ». Mais cela implique de créer les conditions économiques de ce changement, singulièrement par le biais des financements publics nationaux, des mesures incitatives promulguées via la PAC (politique agricole commune) et d’une politique de soutien et de développement à la filière bio.

« Faire évoluer notre modèle agricole, cela veut dire changer de modèle économique, dont les pesticides sont un outil de productivité : aujourd’hui, on sécurise les récoltes et les revenus en pulvérisant. Mais, la meilleure assurance de revenus, c’est l’organisation des prix », martèle Laurent Pinatel, qui remarque qu’« Emmanuel Macron prône une agriculture vertueuse, mais les arbitrages du ministère de l’Agriculture, pour l’instant, vont dans un sens contraire ». Les plans de filière élaborés pendant les états généraux de l’alimentation ne disent rien quant à la réduction des phytosanitaires. Ce changement induit pourtant des accompagnements « pour aider les agriculteurs à trouver de nouveaux débouchés », précise Nicolas Munier-Jolain. « Pour sortir de pesticides, il faut une volonté politique. Or, les moyens financiers ne sont pas là », regrette Gilles Menou.

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13e semaine pour les alternatives aux pesticides

« Après le scandale de la réhomologation du glyphosate, de la mise sur le marché d’insecticides (…) dangereux pour les abeilles et alors que les victimes des pesticides se font chaque jour plus nombreuses, il est impératif pour nos organisations de démontrer qu’il est possible et urgent de promouvoir les alternatives aux pesticides, c’est à cela que sert cette semaine citoyenne », déclare François Veillerette, porte-parole de Générations futures, à l’origine de cette initiative.

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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 09:05

Pour le physicien Bernard Laponche, cofondateur de l’association d’experts Global Chance, il faut laisser à la science le temps de trouver une meilleure alternative que le stockage géologique. Un entretien avec notre écologiste spécialiste de l’énergie préféré, recueilli par Pierre Le Hir le 28 mars 2018 pour Le Monde.                   Lire aussi Déchets nucléaires : l’État doit cesser de mentir, L’Autorité de sûreté nucléaire souligne le risque d’incendie au centre de stockage radioactif de Bure et Éboulement meurtrier sur le site d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure.

Bernard Laponche

Bernard Laponche

Le gouvernement a annoncé un nouveau débat national sur la gestion des déchets radioactifs, en particulier ceux, à haute activité et à vie longue, qu’il est prévu d’enfouir dans un Centre industriel de stockage géologique (Cigéo), à Bure, dans la Meuse. Polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires et docteur en économie de l’énergie, ancien directeur général de l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (aujourd’hui Ademe) et cofondateur de l’association de scientifiques Global Chance, Bernard Laponche est l’un des experts les plus reconnus dans son domaine. Il estime que, pour les générations futures, le stockage des déchets radioactifs dans la croûte terrestre est un risque « inacceptable ».

La France a décidé d’enfouir à grande profondeur ses déchets les plus radioactifs. Pour le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet, c’est « le seul choix responsable ». Pour le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, « la moins mauvaise solution ». Vous ne partagez pas cet avis. Pourquoi ?

L’opinion générale sur la gestion des déchets radioactifs produits par l’industrie électronucléaire est qu’il n’existe pas de solution satisfaisante. Certains prétendent alors que le projet Cigéo d’enfouissement en profondeur serait la solution la moins mauvaise. En réalité, parce qu’elle est périlleuse, définitive et irréversible, c’est la pire des solutions.

Les avis de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire [IRSN] et de l’ASN, comme les travaux d’experts indépendants, soulèvent des questions fondamentales sur la faisabilité du projet : risques d’incendie ou d’explosions liés à la production d’hydrogène, infiltrations d’eau, difficulté voire impossibilité en cas d’accident de récupérer un colis de déchets présentant un défaut, etc. Sans parler des déchets contenus dans des colis en bitume, jusqu’ici prévus pour être stockés dans Cigéo et qui seraient certainement, in fine, interdits du fait du risque d’incendie.

A cela s’ajoutent les questions de sécurité du site par rapport à des agressions externes malveillantes, alors que se déroulerait en parallèle la construction de cet immense labyrinthe de galeries et d’alvéoles d’une emprise au sol d’au moins 15 km2, équipé de bouches d’aération réparties sur tout ce territoire, et la réception et l’enfouissement de colis radioactifs. Cela représente le fonctionnement de deux installations nucléaires de base, l’une en surface et l’autre à 500 mètres de profondeur. La vulnérabilité d’un tel ensemble est évidente.

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), chargée de ce projet, assure que le stockage sera réversible pendant au moins cent ans. N’est-ce pas une garantie ?

La loi du 25 juillet 2016 indique que « la réversibilité est la capacité, pour les générations successives, soit de poursuivre la construction puis l’exploitation des tranches successives d’un stockage, soit de réévaluer les choix définis antérieurement et de faire évoluer les solutions de gestion ». Les exigences paraissent claires mais en réalité la réversibilité serait limitée à la période d’exploitation – un peu plus d’un siècle, ce qui représente un très petit nombre de « générations futures » – et la récupérabilité, possibilité de récupérer des colis de déchets, n’est imposée formellement dans la loi que pendant les premières années.

La vérité est que l’irréversibilité du stockage a été admise dès le choix de l’enfouissement des déchets en couche d’argile. Il était clair qu’il serait impossible de « revenir en arrière » ou de changer de stratégie de gestion des déchets une fois la fermeture de l’installation effectuée. Ce choix est de fait imposé aux générations futures, sans espoir de retour, même si une solution plus satisfaisante était proposée par la recherche scientifique.

Faut-il alors stopper le projet Cigéo ?

L’Andra propose, comme première étape du fonctionnement de Cigéo, une « phase industrielle pilote » d’une dizaine d’années, préalable au déploiement du projet global. Comment peut-on admettre que l’on décide de construire une installation colossale, qui devrait contenir les déchets de haute activité et à vie longue résultant de tout le programme nucléaire français depuis son origine – un projet absolument unique au monde, les autres projets du même type à l’étranger étant en couche granitique –, sans avoir réalisé et testé auparavant un projet pilote indépendant ? Aucun ingénieur ne peut considérer comme raisonnable ce saut dans l’inconnu que représente l’enchaînement, sans aucun recul sérieux, d’une phase pilote et de la suite du projet.

Si l’on juge utile de poursuivre la voie de l’enfouissement profond, il est indispensable de construire et d’exploiter un pilote industriel, une « maquette de démonstration » du projet Cigéo – une galerie et quelques alvéoles par exemple – qui permette de tester dans des conditions réelles, y compris avec chargement de déchets radioactifs, non seulement toutes les opérations prévues dans le projet mais aussi les réponses à des situations accidentelles et surtout l’évolution du système de stockage sur une durée suffisante, de l’ordre de cinquante à cent ans. La décision de la réalisation éventuelle d’une installation de stockage de la taille envisagée pour Cigéo ne serait prise qu’après la réalisation et l’exploitation de ce pilote industriel.

Pour le gouvernement et le Parlement, il est inacceptable de laisser aux générations futures le fardeau de ces déchets…

La thèse selon laquelle on dispense ainsi les générations futures de se soucier des déchets radioactifs, parce que, d’une certaine façon, on va les faire « disparaître », est d’une grande hypocrisie : en les enfouissant de manière totalement irréversible dans la croûte terrestre, on impose en fait aux générations futures une pollution du sous-sol dont elles vont très probablement pâtir, sans aucun moyen d’agir.

A long terme, la présence d’eau dans la couche d’argile où est prévu le stockage entraînerait la corrosion des emballages de tous les types de déchets et conduirait à des fuites d’éléments radioactifs, parmi lesquels les éléments gazeux remonteraient à la surface. En outre, quels que soient les dispositifs imaginés pour informer nos lointains descendants de la présence d’un stockage de déchets nucléaires, il est à craindre que, dans quelques milliers d’années, subsiste seulement dans les mémoires qu’il y a, sous la terre, quelque chose qui pourrait bien être précieux et qu’il faudrait aller chercher.

A court et moyen termes, le plus grave est que si la France, « championne du nucléaire », adoptait cette solution d’enfouissement en profondeur, de nombreux Etats et entreprises s’empresseraient d’imiter son exemple. Ce « modèle » serait internationalement adopté pour faire disparaître non seulement des déchets radioactifs, mais aussi toutes sortes de déchets toxiques, dans des conditions incontrôlables. Et l’on se retrouverait en moins d’un siècle avec une croûte terrestre, où circule de l’eau, parsemée de trous soigneusement rebouchés, contenant des déchets extrêmement dangereux. C’est cette perspective qui est inacceptable. Le choix de faire ou ne pas faire un stockage profond est loin d’être seulement scientifique et technique : c’est un choix éthique, politique et citoyen.

Quelle alternative préconisez-vous ? Qu’espérez-vous de la science ?

Il n’existe pas à l’heure actuelle de solution satisfaisante pour la gestion de ces déchets. Celle qui paraît la moins mauvaise est l’entreposage à sec en subsurface, c’est-à-dire près de la surface. En Allemagne et surtout aux Etats-Unis, les combustibles usés, qui sont considérés comme des déchets puisqu’ils ne sont pas retraités comme en France pour fabriquer de nouveaux combustibles, sont placés dans des entreposages à sec de longue durée, après un séjour d’environ cinq ans dans les piscines de refroidissement situées près des réacteurs nucléaires.

L’option de la subsurface permet de stocker les combustibles usés dans des galeries creusées à faible profondeur, ou à flanc de colline, afin d’assurer la protection du site par rapport aux agressions extérieures. De la sorte, on facilite la surveillance et on garantit la possibilité d’extraire ces combustibles. Cette méthode pourrait s’appliquer également aux déchets de haute activité et à vie longue destinés à Cigéo, après une période de refroidissement nécessaire. Certes, il ne s’agit pas d’une solution définitive. Mais un tel entreposage, réversible et contrôlé, peut être assuré sur une durée de plusieurs siècles. On donne ainsi une marge de manœuvre à la recherche pour développer une ou des solutions satisfaisantes, et aux générations futures la possibilité de faire des choix.

A la logique du projet Cigéo – l’oubli et la confiance dans la nature et la technique comme garantie de sûreté – s’oppose la notion d’entreposage surveillé et pérennisé qui repose sur une attitude très différente. La notion d’évolution – évolution scientifique et technique, évolution des esprits et des sociétés – est au cœur de cette proposition alternative. On rejoint ainsi l’association de deux des voies proposées par la loi de 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs : associer l’entreposage à moyen terme en subsurface à la poursuite de la recherche afin de réduire la nocivité et la durée de vie des déchets nucléaires les plus dangereux. Le fait qu’il n’existe pas de solution satisfaisante aujourd’hui ne justifie en aucune façon l’abandon de la voie de la recherche pour trouver une meilleure option que l’enfouissement.

Mais qui peut savoir si, dans deux ou trois siècles, il existera toujours une filière et une recherche nucléaires avec des moyens humains, techniques et financiers garantissant la sûreté d’un entreposage ?

De toute façon, il faudra surveiller et contrôler pendant au moins trois cents ans les stockages en surface qui existent déjà pour les déchets de faible activité : c’est la durée nécessaire pour que la décroissance de leur radioactivité permette de les considérer comme inoffensifs. Les compétences et les moyens devront donc être conservés pendant toute cette période.

Au vu des progrès de la recherche dans tous les domaines pendant les quatre-vingts ans qui nous séparent de la découverte de la fission nucléaire, je pense qu’il y a de fortes chances que la recherche soit capable de découvrir une solution satisfaisante pour la gestion des déchets bien avant deux ou trois siècles. En tout cas, le choix restera ouvert.

C’est aussi une question de moyens. Le coût de Cigéo est aujourd’hui chiffré à 25 milliards d’euros. L’Andra l’avait même estimé à 35 milliards d’euros. Poursuivre ce projet risque de conduire à des dépenses colossales et inutiles. Pour soutenir la recherche de façon volontaire et continue, l’engagement politique pourrait être pris d’utiliser une partie d’un tel budget pour maintenir des équipes de scientifiques dans un cadre international, car cela intéresse toutes les nations utilisant l’énergie nucléaire, à l’image des activités du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire.

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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 17:11

A quelques jours de la date limite (31 mars) fixée par le Conseil d’Etat au gouvernement et à certaines collectivités locales pour qu’elles élaborent de nouveaux plans contre la pollution de l’air, médecins et associations unissent leurs voix pour rappeler l’urgence d’agir. Par le Réseau Action Climat (RAC) dans Infos de Serre de mars 2018.

Médecins et associations unissent leurs voix pour rappeler l’urgence d’agir face à la pollution de l’air

La France est récidiviste en matière de pollution de l’air : depuis 2009, la Commission européenne lui a adressé de manière régulière des avertissements, en vain. Ainsi, l’hexagone se classe au 6ème rang, au sein de l’Union européenne, en ce qui concerne les dépassements des niveaux légaux de pollution de l’air.

Le conseil d’État, en juillet 2017, a enjoint au Gouvernement français de prendre, avec les collectivités concernées, toutes les mesures nécessaires pour ramener les concentrations de particules et de NOx en-deçà des niveaux légaux avant le 31 mars 2018 (au sein, de nouvelles feuilles de route pour la qualité de l’air dans 14 zones de France).

Le manque d’ambition des mesures envisagées, en particulier dans le secteur des transports, est inquiétant. À ce jour, le plan d’action du gouvernement, communiqué à Bruxelles reste très insuffisant et les collectivités locales ont avancé des propositions sans garantie aucune qu’elles soient à la hauteur des enjeux.

Médecins et associations unissent leurs voix pour rappeler l’urgence d’agir face à la pollution de l’air

Le Réseau Action Climat et ses associations membres publient ainsi leur propre proposition de feuille de route pour la qualité de l’air. Celle-ci présente les mesures concrètes et indispensables qu’il est urgent de mettre en œuvre au niveau national, dans le cadre de la future loi d’orientation sur les mobilités ainsi qu’au niveau local. Cette feuille de route permettrait de mettre les politiques de transports et de mobilité au service de la santé de tous et de la lutte contre les changements climatiques.

Parmi les mesures proposées, les nouveaux projets routiers doivent être abandonnés, et des financements suffisants pour des solutions de transports plus écologiques comme le vélo et les transports en commun doivent être développées. Les véhicules diesel et essence sont interdits de circulation dans des « zones à très faibles émissions » situées dans toutes les agglomérations polluées d’ici à 2025 pour protéger la population. L’application du principe pollueur-payeur, au moyen de la fiscalité écologique dans le transport de marchandises, permettrait de dégager les ressources nécessaires pour financer les alternatives et les mesures d’accompagnement des secteurs et des ménages les plus modestes.

La feuille de route du Réseau Action Climat

La feuille de route du Réseau Action Climat

Médecins et associations unissent leurs voix pour rappeler l’urgence d’agir face à la pollution de l’air
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26 mars 2018 1 26 /03 /mars /2018 10:08
Pour l'arrêt des nucléaires civils et militaires ... avant qu'il ne soit trop tard

Le  moment est venu de faire converger ceux/celles qui luttent depuis des décennies contre les armes nucléaires et ceux/celles qui combattent avec la même ardeur les centrales nucléaires. Nous exigeons l’arrêt du nucléaire civil et du nucléaire militaire car ils constituent des dangers de même nature. 

Du côté du nucléaire militaire :  la récente crise en Corée, le chaos qui s’installe suite aux guerres en Libye et au Moyen-Orient avec ses déplacements de populations et de façon générale l’augmentation des réfugiés,  l’aggravation des crises écologiques liées à notre société productiviste et industrielle, la disparition de la biodiversité, le stress hydrique dans de nombreux pays sur la planète, etc., toutes ces tensions augmentent le risque de nous faire revenir aux pires heures de la guerre froide, lorsqu’une déflagration nucléaire était ressentie comme possible.

Jusqu’ici la bombe atomique a généré beaucoup de victimes au sein des pays détenteurs de la bombe ce qui en fait une nouveauté dans l’histoire de l’armement. Mais, l’explosion de seulement 0,3 % du stock mondial de têtes nucléaires suffirait pour imposer un « hiver nucléaire » qui éradiquerait toute vie sur Terre. Par conséquent, envisager d’utiliser la bombe est toujours aussi inconcevable alors que  Trump relance la course aux armements nucléaires et que les armes nucléaires dites préstratégiques et tactiques s’ajoutent aux armes stratégiques censées hier garantir la paix par l’équilibre dans la terreur. La France compte plus de 300 têtes nucléaires équivalentes à 3000 Hiroshima. Cette nouvelle « ligne Maginot » coûte 4 milliards d’euros chaque année à la France qui pourrait être utilisés pour satisfaire les besoins essentiels de la population.

Du côté du nucléaire civil : nous assistons à une prolifération des catastrophes (URSS en 1957, Etats-Unis 1979, URSS en 1986, Japon en 2011, etc…) et à une quasi faillite de cette industrie en France. AREVA n’existe plus, cette entreprise avait une dette presqu’aussi élevée que son CA, EDF s’apprête à consacrer 75 % de ses investissements à la construction des réacteurs EPR dont  on ne sait pas encore s’ils vont pouvoir fonctionner. Ceux en construction ont vu leur coût multiplié par trois. On découvre des falsifications dans la fabrication des cuves remontant à 1965. La confiance s’émousse…

Le comble, c’est que le nucléaire a été lancé sans qu’on ait réfléchi à la totalité du cycle, le résultat c’est qu’aujourd’hui on découvre qu’il nous a légué des problèmes insolubles : le démantèlement qui ne peut être fait dans des conditions de sécurité suffisante pour les travailleurs, ni en totalité car le « retour à l’herbe » est aujourd’hui un mythe, mais surtout le traitement des déchets. Ainsi, dans le rapport de l’ASN de  2017, nous apprenons que 18 % des déchets de moyenne activité risqueraient de provoquer des incendies (à cause de l’enrobage bitumé) en cas de stockage dans le centre d’’enfouissement de Bure, et ainsi libérer de l’hydrogène radioactif, en plus des autres problèmes liés à la durée de vie des déchets.

 Après l’abandon de l’aéroport de NDDL, une lueur d’espoir apparaît, celui de voir la mobilisation antinucléaire reprendre comme c’est le cas à Bure.

Nous appelons par conséquent à réagir avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’une catastrophe nucléaire majeure ne se produise en France, avant qu’un attentat ne détruise les « piscines » nucléaires où sont entreposés les déchets, avant que les eaux servant à refroidir les réacteurs ne soient trop polluées, avant que la faillite du nucléaire ne jette à la rue des centaines de milliers de personnes travaillant dans cette industrie, avant que le complexe  politico-militaire ne décide d’utiliser des armes nucléaires quelle qu’en soit le type.

Nous exigeons donc l’arrêt des nucléaires civils et militaires.

Premiers signataires
Paul Ariès (politologue, rédacteur en chef de la revue les Zindigné.e.s)
Jean-Luc Pasquinet (décroissance-idf, ADN)
Gabriel Amard, coanimateur du pôle Atelier des Lois de la France Insoumise
Christine Bergé, (anthropologue)
Bruno Boussagol (Brut de Béton-Productions)
KoLin Kobayashi (Echo-Echanges
Stéphane Lhomme (Observatoire du Nucléaire)
Mathilde Panot, députée France Insoumise du Val de Marne
Pierre Péguin (CHANG, ADN)
Dominique Lalanne (Abolition des armes nucléaires-Maison de Vigilance)
Dominique Malvaud (Stop-Nucléaire 26-07)
MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente )
Jean-Marie Mataigne (ACDN)
Christine Poupin (NPA)
Philippe Poutou (NPA)

 

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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 09:07

Ce déclin « catastrophique », d’un tiers en quinze ans, est largement dû aux pratiques agricoles, selon les études du CNRS et du Muséum d’histoire naturelle. D’après AFP et Stéphane Foucart le 20 mars 2018 pour Le Monde.

Sur la zone-atelier du CNRS, étudiée sans interruption depuis 1994, la perdrix est désormais virtuellement éteinte. McPHOTO / PICTURE ALLIANCE / BLICKWINKEL / MAXPPP En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/03/20/les-oiseaux-disparaissent-des-campagnes-francaises-a-une-vitesse-vertigineuse_5273420_1652692.html#T5FPlfHHDSUojcAx.99

Sur la zone-atelier du CNRS, étudiée sans interruption depuis 1994, la perdrix est désormais virtuellement éteinte. McPHOTO / PICTURE ALLIANCE / BLICKWINKEL / MAXPPP En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/03/20/les-oiseaux-disparaissent-des-campagnes-francaises-a-une-vitesse-vertigineuse_5273420_1652692.html#T5FPlfHHDSUojcAx.99

Le printemps risque fort d’être silencieux. Cinquante-cinq ans après la publication en septembre 1962 de Printemps silencieux (Silent Spring) écrit par la biologiste Rachel Carson – le livre-repère qui a aidé la prise de conscience écologiste de milliers d’occidentaux, le désastre de notre biodiversité quotidienne s’accentue.

Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) annoncent, mardi 20 mars, les résultats principaux de deux réseaux de suivi des oiseaux sur le territoire français et évoquent un phénomène de « disparition massive », « proche de la catastrophe écologique ». « Les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse, précisent les deux institutions dans un communiqué commun. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans. »

Attribué par les chercheurs à l’intensification des pratiques agricoles de ces vingt-cinq dernières années, le déclin observé est plus particulièrement marqué depuis 2008-2009, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune [européenne], à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes », ces fameux insecticides neurotoxiques, très persistants, notamment impliqués dans le déclin des abeilles, et la raréfaction des insectes en général.

Plus inquiétant, les chercheurs observent que le rythme de disparition des oiseaux s’est encore intensifié ces deux dernières années.

Résultats de deux réseaux de surveillance

Le constat est d’autant plus solide qu’il est issu de deux réseaux de surveillance distincts, indépendants et relevant de deux méthodologies différentes. Le premier, le programme STOC (Suivi temporel des oiseaux communs) est un réseau de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle. Il rassemble les observations d’ornithologues professionnels et amateurs sur l’ensemble du territoire et dans différents habitats (ville, forêt, campagne). Le second s’articule autour de 160 points de mesure de 10 hectares, suivis sans interruption depuis 1994 dans la « zone-atelier « du CNRS Plaine et val de Sèvre, où des scientifiques procèdent à des comptages réguliers.

« Les résultats de ces deux réseaux coïncident largement et notent une chute marquée des espèces spécialistes des plaines agricoles, comme l’alouette », constate l’écologue Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres (CNRS et université de La Rochelle). Ce qui est très inquiétant est que, sur notre zone d’étude, des espèces non spécialistes des écosystèmes agricoles, comme le pinson, la tourterelle, le merle ou le pigeon ramier, déclinent également. »

Sur la zone-atelier du CNRS – 450 km2 de plaine agricole étudiés par des agronomes et des écologues depuis plus de vingt ans –, la perdrix est désormais virtuellement éteinte. « On note de 80 % à 90 % de déclin depuis le milieu des années 1990, mais les derniers spécimens que l’on rencontre sont issus des lâchers d’automne, organisés par les chasseurs, et ils ne sont que quelques rescapés », précise M. Bretagnolle.

Déclin massif des insectes

Pour le chercheur français, « on constate une accélération du déclin à la fin des années 2000, que l’on peut associer, mais seulement de manière corrélative et empirique, à l’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes, en particulier sur le blé, qui correspond à un effondrement accru de populations d’insectes déjà déclinantes ».

A l’automne 2017, des chercheurs allemands et britanniques conduits par Caspar Hallmann (université Radboud, Pays-Bas) ont, pour la première fois, mis un chiffre sur le déclin massif des invertébrés depuis le début des années 1990 : selon leurs travaux, publiés en octobre dans la revue PloS One, le nombre d’insectes volants a décliné de 75 % à 80 % sur le territoire allemand.

Des mesures encore non publiées, réalisées en France dans la zone-atelier Plaine et val de Sèvre, sont cohérentes avec ces chiffres. Elles indiquent que le carabe, le coléoptère le plus commun de ce type d’écosystème, a perdu près de 85 % de ses populations au cours des vingt-trois dernières années, sur la zone étudiée par les chercheurs du CNRS.

« Or de nombreuses espèces d’oiseaux granivores passent par un stade insectivore au début de leur vie, explique Christian Pacteau, référent pour la biodiversité à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). La disparition des invertébrés provoque donc naturellement un problème alimentaire profond pour de nombreuses espèces d’oiseaux et ce problème demeure invisible : on va accumuler de petites pertes, nid par nid, qui font que les populations ne sont pas remplacées. »

Dégradations profondes de l’environnement

La disparition en cours des oiseaux des champs n’est que la part observable de dégradations plus profondes de l’environnement. « Il y a moins d’insectes, mais il y a aussi moins de plantes sauvages et donc moins de graines, qui sont une ressource nutritive majeure pour de nombreuses espèces, relève Frédéric Jiguet, professeur de biologie de la conservation au Muséum et coordinateur du réseau d’observation STOC. Que les oiseaux se portent mal indique que c’est l’ensemble de la chaîne trophique [chaîne alimentaire] qui se porte mal. Et cela inclut la microfaune des sols, c’est-à-dire ce qui les rend vivants et permet les activités agricoles. »

La situation française n’est pas différente de celle rencontrée ailleurs en Europe. « On est dans la continuité d’une tendance lourde qui touche l’ensemble des pays de l’Union européenne », note M. Jiguet. Est-elle réversible ? « Trois pays, les Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni, ont mis en œuvre des politiques nationales volontaristes pour inverser cette tendance lourde, en aménageant à la marge le modèle agricole dominant, explique Vincent Bretagnolle. Aucun de ces trois pays n’est parvenu à inverser la tendance : pour obtenir un effet tangible, il faut changer les pratiques sur des surfaces considérables. Sinon, les effets sont imperceptibles. Ce n’est pas un problème d’agriculteurs, mais de modèle agricole : si on veut enrayer le déclin de la biodiversité dans les campagnes, il faut en changer, avec les agriculteurs. »

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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 09:07

L'Europe se divise sur la nécessité de limiter le taux de ce métal cancérogène dans les fertilisants agricoles. Par Stéphane Mandard le 17 mars 2018 pour Le Monde.

Le cadmium, ce " tueur " caché dans les engrais

Voilà un dossier sur lequel la France s'est montrée jusqu'ici très discrète. On aurait pourtant pu penser qu'à défaut du ministre de l'agriculture, son homologue à la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, se serait empressé de s'en saisir. Mardi 20 mars doit s'ouvrir une négociation serrée entre les Etats membres de l'Union européenne et le Parlement autour d'un projet de la Commission visant à réduire le taux de cadmium dans les engrais phosphatés.

Le cadmium est un métal lourd contenu dans les roches phosphatées. Il est utilisé pour fabriquer des engrais pour l'agriculture. Classé cancérogène pour l'homme par l'Organisation mondiale de la santé, il a des effets toxiques sur les reins, le squelette, l'appareil respiratoire, et est fortement suspecté d'être un perturbateur endocrinien. Or, l'utilisation d'engrais phosphatés dans les cultures est la principale cause de contamination des sols au cadmium, et donc de l'alimentation, qui représente 90 % de l'exposition au cadmium pour les non-fumeurs.

Depuis près de dix ans, les agences sanitaires alertent sur les dangers du cadmium et la nécessité de réduire son exposition. En 2009, l'Autorité européenne de sécurité des aliments a fixé un niveau hebdomadaire d'ingestion – 2,5 microgrammes/kilo – à ne pas dépasser. Aussi, convaincue qu'il présente " un risque inacceptable pour l'homme et l'environnement ", la Commission a décidé de durcir sa réglementation en introduisant une limite pour la teneur en cadmium des engrais phosphatés. Fixée à 60 milligrammes (mg)/kilo, elle doit être abaissée à 40 mg/kg après trois ans et à 20 mg/kg d'ici douze ans.

Le projet de texte a reçu en octobre 2017 le soutien du Parlement européen, qui voudrait parvenir au 20 mg/kg en neuf ans. Le Conseil de l'Union européenne doit désormais se prononcer. Or, relève-t-on à Bruxelles, " les pays sont divisés ". Plusieurs pays se sont déclarés favorables au texte, comme l'Allemagne ou le Danemark. Quatorze Etats ont déjà instauré une limite inférieure ou égale à 60 mg/kg – et même à 20 mg/kg en Finlande, en Hongrie et en Slovaquie.

Silence radio

D'autres pays, en revanche, s'opposent à ce texte : l'Espagne, le Royaume-Uni et la Pologne. Et la France ? Silence radio. Les ministères de l'agriculture et de la transition écologique n'ont pas répondu aux sollicitations du Monde. " Comment se fait-il que nous n'entendions pas la voix de la France ? ", s'interroge le Réseau Environnement Santé (RES). Ce réseau, qui regroupe 28 associations nationales et locales, devait adresser, vendredi 16 mars, une lettre ouverte aux ministres de l'agriculture, de la transition écologique et de la santé pour demander à la France, " pays précurseur " dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens, de " peser de tout son poids pour l'adoption du projet de la Commission européenne ".

Associés à la baisse de qualité du sperme, aux malformations congénitales, à une puberté précoce, à l'obésité ou à l'autisme, " les perturbateurs endocriniens ne sont pas des substances comme les autres, rappelle André Cicolella, le président du RES. Il faut les éliminer à la source, car on ne peut pas les gérer par la dose. On s'est beaucoup focalisé sur les pesticides, mais le cadmium est un tueur caché, ajoute le toxicologue. Il est confirmé aujourd'hui qu'il est impliqué dans les cancers du sein et de la prostate ".

Or les engrais phosphatés sont encore massivement utilisés en France. Selon les dernières -données disponibles, l'agriculture française en a consommé 430 000 tonnes en 2015. Et une grande partie affiche des taux de cadmium élevés, selon RES. L'explication est simple. La majorité des fertilisants utilisés en France et en Europe sont fabriqués à partir des roches phosphatées marocaines, qui affichent des teneurs en cadmium comprises entre 30 mg/kg et 73 mg/kg.

Le projet de réglementation de la Commission inquiète le Maroc. Le pays possède les plus grandes réserves minières en phosphates (évaluées à 50 000 millions de tonnes) de la planète. Le leader mondial du secteur, OCP, réalise 32 % de ses ventes dans l'Union européenne. Il avait proposé à Bruxelles de relever le seuil à 80 mg/kg. En vain. Le Maroc a aussi exprimé ses craintes à la France. Voilà qui pourrait peut-être expliquer en partie la prudence du gouvernement dans ce dossier.
Autre élément : la peur des agriculteurs de voir s'envoler le coût des engrais. " Limiter le niveau de cadmium dans les engrais phosphatés aura un impact important sur le prix du produit fini en raison de la rareté des gisements de phosphates faibles en cadmium, a déjà prévenu Fertilizers Europe, le syndicat européen des producteurs d'engrais. L'augmentation des coûts sera transmise aux agriculteurs européens au détriment de leur compétitivité internationale. "

Avec sa nouvelle réglementation, la Commission entend aussi encourager l'usage des engrais -organiques et à base de déchets. Le projet de texte s'inscrit dans un train de mesures sur l'économie circulaire. Il précise que " l'UE importe environ 6 millions de tonnes de phosphates par an, mais pourrait remplacer jusqu'à 30 % de ce total par des boues d'épuration, des déchets biodégradables, des farines de viande et d'os ou du fumier ".

" Conflit d'intérêts "

Des orientations qui ne semblent pas partagées par tous les Etats membres. Si la France n'a pas encore exprimé publiquement sa position, dans d'autres pays, le débat fait rage. L'Espagne a fait savoir qu'elle était opposée au projet de la Commission. " Des limites trop strictes de cadmium nous excluraient du marché des engrais phosphatés ", a déclaré la ministre de l'agriculture et de l'environnement, Isabel Garcia Tejerina, le 21 février, devant les députés, affirmant que cette position était partagée par la France.

La ministre espagnole a également assuré que les teneurs en cadmium actuelles ne représentaient " pas de risque pour les personnes ni pour l'environnement ". Le parti d'opposition Podemos accuse Mme Garcia Tejerina de " parrainer les engrais toxiques " et de " corruption " – une allusion au parcours professionnel de la ministre de l'agriculture. L'élue du Parti populaire a été, entre 2004 et 2012, directrice de la planification stratégique de Fertiberia, le premier producteur d'engrais en Espagne, et conseillère de Fertial (Société des fertilisants d'Algérie) appartenant au même groupe Villar Mir.

A l'initiative de l'élu espagnol Florent Marcellesi, 38 députés européens, dont les écologistes français Yannick Jadot, Pascal Durand et Eva Joly, ont écrit à la pré-sidence bulgare du Conseil de l'Union européenne pour dénoncer un " conflit d'intérêts ".

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À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre

Les amis des coquelicots étaient bienvenus...

Amis des coquelicots, agissons ensemble vendredi 5 octobre à 18H30

La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

Un coup de pouce Vert pour les Électrons solaires ! 

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence - du 10 au 18 mars aux Lilas

En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe...

Le Syctom a organisé une concertation réservée aux sachants – et après ?

Une enquête publique sur le PLU des Lilas… qui change la donne !

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

L’eau publique, c’est maintenant !

L’Ouest de la Seine Saint-Denis se mobilise pour la création d’un service public de l’eau

Romainville : le Syctom lance une concertation préalable pour la modernisation du centre de transfert et de tri des déchets

Que sont ces CSR - Combustibles Solides de Récupération - qu’on veut brûler à Romainville ?

Ces parents qui mijotent une cantine publique

De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À Romainville contre l’incinération

Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre

Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas