Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bienvenu.e

  • : Les Lilas Ecologie : Blog des militants et élus Europe Ecologie Les Verts des Lilas et du Pré Saint-Gervais
  • : Culture, information, réflexion de l'écologie politique par les militants et les élus Europe Ecologie Les Verts des Lilas, du Pré Saint-Gervais, d'Est Ensemble
  • Contact

Recherche

Nous contacter ...

S'abonner à la Lettre d'information ...

C'est dans la colonne de droite tout en bas...

26 avril 2017 3 26 /04 /avril /2017 09:07

Un modèle énergétique décarboné est « techniquement et économiquement possible », selon l’ETC, une organisation internationale regroupant les grands acteurs industriels et environnementaux de l’énergie. Après le succès de la Marche pour la science samedi 22 avril (lire Valérie Masson-Delmotte : « Défendre la science, ce n’est pas seulement pour le climat » ) : coïncidant avec le jour de la Terre, elle a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Washington, mais aussi donné lieu à plusieurs centaines de cortèges aux États-Unis et à travers le monde et visait à rappeler le rôle essentiel que la science joue dans la société. Un article de Pierre Le Hir le 25 avril 2017 pour Le Monde.

Éviter la surchauffe de la planète, tout en stimulant le progrès économique et social, est à notre portée. Venant d’associations écologistes, la profession de foi n’aurait rien de très neuf. Mais elle émane de l’Energy Transitions Commission (ETC), une organisation internationale regroupant de grands acteurs industriels de l’énergie (dont des entreprises du secteur fossile comme le pétrolier Shell ou la compagnie minière BHP Billiton), des établissements financiers (Banque mondiale, HSBC, Bank of America Merrill Lynch…), ainsi que des partenaires scientifiques et environnementaux (comme le World Resources Institute, le Rocky Mountain Institute ou l’European Climate Foundation).

Ce rassemblement « œcuménique », qui compte parmi ses membres l’ancien vice-président américain Al Gore, veut réconcilier développement économique et action climatique. C’est dans ce cadre qu’il publie, mardi 25 avril, un rapport de 120 pages traçant la voie vers une « meilleure énergie » et une « plus grande prospérité ».

Le point de départ est l’engagement pris par la communauté internationale, lors de la COP21 de 2015 à Paris, de contenir la hausse des températures « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ». Pour empêcher cet emballement, rappellent les auteurs, il est impératif de faire chuter les émissions mondiales de CO2 à 20 milliards de tonnes (gigatonnes ou Gt) par an à l’horizon 2040, soit une division par deux par rapport à leur niveau actuel (36 Gt), sachant qu’elles grimperont à 47 Gt si les rejets de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel. Une rupture « techniquement et économiquement possible si nous agissons dès maintenant », assure le président de l’ETC, le Britannique Adair Turner. Cela, tout en garantissant à chacun « une énergie abordable, fiable et durable ».

Priorité à l’électricité décarbonée

Il y faut une transformation radicale du système énergétique mondial, qui repose aujourd’hui à 80 % sur les ressources fossiles (charbon, pétrole et gaz), responsables des trois quarts des émissions carbonées de l’humanité. La priorité devrait être donnée à une électricité décarbonée, issue de ressources renouvelables. Celle-ci, dont le coût ne devrait pas excéder 70 dollars (65 euros) le mégawattheure en 2035 – un niveau compétitif par rapport aux fossiles –, pourrait représenter 80 % du mix électrique mondial en 2040, dont 45 % provenant du solaire et de l’éolien, grâce à la baisse continue du prix de ces technologies et des systèmes de stockage. Ce verdissement contribuerait pour moitié à la réduction des émissions de CO2.

Des efforts de recherche « substantiels » devraient toutefois être menés pour décarboner aussi les secteurs difficiles à électrifier « à des coûts raisonnables », comme les transports, la construction ou certaines activités industrielles, en poussant les bioénergies ou le captage du CO2. Dans le même temps, la « productivité énergétique », ratio entre la production économique et l’énergie consommée, devrait être très fortement améliorée, en déployant des produits et des services moins énergivores. Ce qui pourrait contribuer pour près de 30 % à la baisse des émissions de carbone.

Dans ce nouveau paysage, les fossiles n’auraient pas complètement disparu. Mais leur part aurait reculé d’un tiers. La diminution nécessaire est drastique pour le charbon (– 70 %) et très significative pour le pétrole (– 30 %), le recours au gaz restant en revanche quasiment stable (+ 2 %). Pour éliminer l’excès résiduel d’émissions carbonées, il faudrait encore déployer des procédés de captage et de stockage du CO2 à grande échelle et développer son recyclage en matière première incorporée à des productions industrielles.

« Importants bénéfices sociaux »

Pour réussir cette transition, les auteurs évaluent entre 300 et 600 milliards de dollars (275 à 550 milliards d’euros) par an les investissements supplémentaires à consacrer au système énergétique. Une charge qui, selon eux, « ne constitue pas un défi macroéconomique majeur », si on la rapporte au PIB mondial (environ 70 000 milliards de dollars). Mais les dépenses devraient être réorientées, à la baisse dans les combustibles fossiles (–175 milliards de dollars par an durant les deux prochaines décennies), à la hausse dans les renouvelables et les technologies bas carbone (+ 300 milliards par an). Une large part des crédits devrait aller à la sobriété énergétique des bâtiments et des équipements (+ 450 milliards par an).

Face à ce coût, les rédacteurs du rapport mettent en avant d’« importants bénéfices sociaux », comme l’amélioration de la qualité de l’air, de la santé et de l’espérance de vie, ainsi que « les opportunités économiques » liées à l’essor de nouvelles filières industrielles. Pour le vice-président de l’ETC, l’Indien Ajay Mathur, « le monde peut transformer les défis en opportunités non seulement dans les économies développées, mais aussi dans les pays émergents ».

Partager cet article
Repost0
25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 14:02

Associée à la préférence nationale du côté de Le Pen et réduite à la marge du programme de Macron, la transition écologique est la grande perdante du premier tour. Et ce, alors même qu’elle était au cœur des programmes des candidats de gauche, du NPA au PS. Par Coralie Schaub et Florian Bardou le 25 avril 2017 pour Libération.

Des éoliennes, le 13 janvier 2017, près de Villeveyrac, dans le sud de la France. Photo Pascal Guyot. AFP

Des éoliennes, le 13 janvier 2017, près de Villeveyrac, dans le sud de la France. Photo Pascal Guyot. AFP

En février dernier, quelques jours après la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche, Nicolas Hulot manifestait ainsi sa déception quant à la place de l’écologie dans la campagne présidentielle 2017 : « Sommairement résumé, à droite l’on perçoit une réelle indifférence, pire, chez certains une tragique aversion manifeste sur ces sujets, malgré quelques tentatives isolées pour les faire émerger. Et à gauche, on sent qu’après avoir été si longtemps sous-traitée aux seuls écolos politiques, force est de constater que la mutation se dessine enfin ».

Les faits donnent raison à l’ancien présentateur de l’émission Ushuaïa. Pour la première fois dans une campagne présidentielle, la lutte contre le changement climatique adossée à la transition écologique a bien été au cœur des programmes des candidats de toute la gauche confondue (du « futur désirable » de Benoît Hamon à la « planification écologique de Jean-Luc Mélenchon sans oublier l’anticapitalisme de Philippe Poutou en réponse « aux urgences climatiques »). Pour autant, malgré les relevés de températures confirmant mois après mois un réchauffement record du climat mondial, le thème n’a pas été le moteur des débats présidentiels et les nouvelles propositions pour remédier à la crise climatique et à la dégradation des écosystèmes ont été passées sous silence.

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle ne sont guère plus prometteurs pour ces sujets. Avec la victoire d’Emmanuel Macron et la qualification de Marine Le Pen, la question écologique ne passe pas le second tour. On pouvait y croire en 2012, quand François Hollande, rallié par Europe Écologie - Les Verts malgré un programme bien moins ambitieux que son successeur au PS, promettait la transition énergétique et « l’excellence environnementale ». Cinq ans plus tard, et malgré un discours similaire aujourd’hui chez Emmanuel Macron, difficile de se faire des illusions.

« Écologie patriote »

Commençons par la représentante du FN. La candidate frontiste a beau avoir doté en 2014 le Rassemblement bleu marine (RBM) d’un collectif, Nouvelle Écologie, et avoir repeint en vert son programme nationaliste « pour une écologie patriote », sa stratégie n’est rien d’autre que la démonstration de sa volonté de ratisser au-delà du FN grâce aux thèmes écologistes. Rappelons d’abord que Marine Le Pen défend corps et âme la modernisation de la filière du nucléaire tout en demandant un moratoire sur l’éolien. Une drôle de transition énergétique, soi-disant au service de l’indépendance de la France avant toute chose.

En matière de transports, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre les pollutions, même analyse. Malgré son souhait de développer la voiture à hydrogène, l’eurodéputée FN ne remet pas en cause le transport sur route et le tout-voiture - elle s’est d’ailleurs opposée à l’écotaxe ou à la taxation du diesel - et elle dénonce « l’écologie punitive » comme l’interdiction de circulation sur les voies sur berges à Paris. Le FN porte par ailleurs un discours anti-normes et ne promeut jamais la protection de la biodiversité à moins qu’elle ne soit portée… par les chasseurs !

Sa vision de la lutte contre le réchauffement climatique, un phénomène global, est pour le moins oxymorique, tout en permettant de modérer les discours climatosceptiques dans son propre camp (dont ceux de son père), puisqu’elle défend une action environnementale dans un cadre national, comme si le phénomène s’arrêtait aux frontières de l’hexagone. D’ailleurs, Marine Le Pen ne fait jamais cas des millions de réfugiés climatiques, question qu’il faudra pourtant bien traiter un jour. Et selon elle, l’accord de Paris sur le climat est « bancal et inexploitable ».

Des mesures qui existent déjà

Quant à Emmanuel Macron, n’en déplaise aux écologistes qui l’ont rejoint et soutenu pendant la campagne (Dany Cohn Bendit, Matthieu Orphelin, Corinne Lepage, François de Rugy, Barbara Pompili, Arnaud Leroy ou Jean-Paul Besset), il ne semble pas non plus convaincu par la nécessité d’une transition écologique ambitieuse. Son programme ne comporte pas de réelles mesures novatrices et ses déclarations en la matière ont été peu nombreuses (pas un mot sur le sujet lors du dernier débat de jeudi soir, par exemple), floues et souvent incohérentes.

En fait, en matière d’écologie, le candidat d’En marche se situe dans la parfaite continuité de la politique de François Hollande. À peu près toutes les mesures, bien que souvent présentées comme neuves, existent déjà ou ne font que confirmer des engagements de l’actuel Président. Rien qu’un exemple. Pour « sortir la France des énergies fossiles », l’ancien ministre de l’Économie entend fermer les quatre centrales à charbon restantes en France d’ici 2022, interdire l’exploration des gaz de schiste (tout en plaidant pour des « recherches sur le sujet », comme sur les OGM) et ne délivrer aucun nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures. Il veut aussi faire monter en puissance la taxe carbone pour atteindre 100 € par tonne de CO2 en 2030. Mais tout ceci a déjà été promis, ou est déjà inscrit dans la loi.

Jurant de « garder le cadre » de la loi de transition énergétique de 2015, Emmanuel Macron reste dans la ligne actuelle, que l’on peut résumer ainsi : « On fixe de beaux objectifs, mais on ne dit pas concrètement comment y parvenir et on ne prend pas les mesures nécessaires. » Sur le nucléaire, il cite certes le « vrai défi » posé par le risque d’un accident de type Tchernobyl ou Fukushima, et assure qu’il maintiendra le cap de 50% d’atome dans la production d’électricité d’ici 2025 – contre 75% aujourd’hui – … mais sans rien dire sur les moyens d’y parvenir. Seul « engagement », fermer la centrale alsacienne de Fessenheim. Rien de révolutionnaire : c’est déjà prévu, pour 2019 au plus tôt, après avoir été moult fois repoussé. Surtout, cela ne résout absolument pas la question : pour tenir la promesse des 50% de nucléaire d’ici 2025, il faudrait fermer l’équivalent de 17 à 20 réacteurs sur les 58 actuels selon la Cour des Comptes et 27 à 31 selon Greenpeace.

En réalité, Macron reste très attaché à l’atome, affirmant que « le nucléaire en France a un avenir» et vantant une énergie «très peu carbonée ». Il y est tellement attaché qu’il ressort à l’envi la caricature d’une Allemagne ayant massivement recours au charbon depuis sa décision de sortir du nucléaire. Caricature contestée et argument préféré des pro-nucléaires… Pas de quoi non plus, dans sa politique, faire trembler le lobby du diesel : Macron refuse de s’engager pour une sortie de ce carburant ultra nocif pour la santé en 2025, mais promet que la fiscalité du diesel sera alignée sur celle de l’essence d’ici 2022… ce qui est déjà prévu.

« Aider un peu » le « p’tit Emmanuel »

Côté agriculture et alimentation, il promet entre autres de rémunérer les agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent (200 millions d’euros par an) et de faire en sorte que d’ici à 2022, l’ensemble de la restauration collective propose « au moins 50% de produits biologiques, labels de qualité, ou local », ce qui laisse une grande part de flou. Mais dans le même temps, il a rendu sur Twitter un vibrant « hommage » à feu l’ancien patron de la FNSEA, Xavier Beulin, « homme d’agriculture et ami ». « Le combat qu’il a mené : je veux aussi le faire mien », dit Macron. Sauf que le «combat» de Beulin, qui présidait également le conglomérat Avril (7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, champion entre autres de l’alimentation animale, du biodiesel, de l’oléochimie et présent dans l’huile de palme ou les OGM) peut être résumé ainsi : «Vive l’agriculture industrielle dopée aux pesticides et vive les fermes-usines.»

Partager cet article
Repost0
20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 17:25

Le 22 avril 2017, des milliers de chercheurs défileront dans plus de cinquante pays contre les mesures anti-climat de Donald Trump. Valérie Masson-Delmotte, climatologue et co-présidente d'un des 3 groupes de travail du GIEC, revendique le droit à une recherche sans entraves et en libre accès pour le public. La chercheuse soutient la Marche pour les sciences du 22 avril, à laquelle elle compte se rendre en famille, parents compris, parce que la société est directement concernée par l’affaiblissement généralisé de la recherche en France. Publié le 19 avril 2017 dans Politis à lire sur www.politis.fr .

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) — en anglais IPCC pour Intergovernmental Panel on Climate Change

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) — en anglais IPCC pour Intergovernmental Panel on Climate Change

Partager cet article
Repost0
19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 11:03

Six mois après l’audition des victimes présumées du géant américain des OGM et pesticides, le vrai-faux procès a conclu à la nécessité de réaffirmer la primauté des droits de l’homme et de l’environnement face aux grandes firmes. Par Coralie Schaub le 18 avril 2017 pour Libération.                                      C'est la suite de Marche mondiale contre Monsanto,                                                                        Monsanto traduit devant un tribunal international citoyen à La Haye,               Les citoyens se font justice face à Monsanto et La toxicité du Roundup connue de Monsanto depuis au moins 18 ans.

Lire aussi Un million de travailleurs concernés... Pesticides : le rapport explosif de l'ANSES sur l'exposition des agriculteurs, La lutte contre la hausse de consommation des pesticides a échoué, Réduire les pesticides n’altère pas les rendements et Une quarantaine d’ONG européennes lancent une initiative citoyenne contre le glyphosate.

Geneva (Indiana), en 2013. Fin 2012, Monsanto avait engagé 142 procédures judiciaires contre des fermiers, pour violations de ses accords technologiques ou brevets sur les semences génétiquement modifiées. (Photos Mathieu Asselin)

Geneva (Indiana), en 2013. Fin 2012, Monsanto avait engagé 142 procédures judiciaires contre des fermiers, pour violations de ses accords technologiques ou brevets sur les semences génétiquement modifiées. (Photos Mathieu Asselin)

Il y a urgence à rééquilibrer le droit international, qui protège aujourd’hui bien davantage les intérêts privés de multinationales comme Monsanto que les droits de l’homme et de l’environnement. Voici, en substance, la principale conclusion de l’«avis consultatif» rendu ce mardi par les juges du «tribunal international Monsanto», un procès citoyen sans reconnaissance officielle, qui s’est tenu à La Haye, aux Pays-Bas, en octobre. Durant deux jours, cinq magistrats professionnels avaient accepté d’auditionner une trentaine d’experts, d’avocats et de victimes présumées de la multinationale américaine des OGM et des pesticides.

Six mois plus tard, les juges ont rendu un document de 66 pages. L’objectif des tribunaux d’opinion est double, rappellent-ils en préambule : «Alerter l’opinion publique et les décideurs en cas d’actes considérés comme inacceptables et injustifiables selon les standards légaux, et contribuer à l’avancée du droit.» Le tribunal «n’est pas là pour juger Monsanto, mais pour examiner la compatibilité des actions de cette société avec les droits fondamentaux, insiste auprès de Libération la présidente du tribunal, la Belge Françoise Tulkens, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme. Il ne s’agit pas de dire si Monsanto est coupable, mais de préparer la route pour qu’il y ait de vrais procès par rapport à ces questions». La juge Tulkens et ses collègues venus d’Argentine, du Canada, du Mexique et du Sénégal «regrettent» l’absence de Monsanto, qui a refusé d’être présent aux auditions. Le tribunal, dont les membres se défendent de toute partialité, précise que bien qu’il n’y ait «pas de raison de douter de la sincérité» des témoignages, on ne peut pas l’établir, en l’absence de contre-examen. Pour les besoins de leur mission, les juges ont donc «présumé» que les faits et circonstances décrits seraient prouvés.

«Agent orange»

Leur mission ? Livrer une opinion juridique sur six questions précises. La firme Monsanto a-t-elle, par ses activités, agi en conformité avec le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable ? A-t-elle agi en conformité avec le droit à l’alimentation ? Le droit à la santé ? Les libertés d’expression et de recherche scientifique ? S’est-elle rendue complice de crimes de guerre en produisant le défoliant «agent orange» utilisé par l’armée américaine au Vietnam ? Enfin, ses activités pourraient-elles constituer un crime d’écocide, soit le fait de détruire l’environnement au point de compromettre la vie sur Terre ? Pour l’évaluer, les juges se sont fondés sur une série de textes onusiens obligatoires, mais aussi sur les «Principes directeurs sur les entreprises et les droits de l’homme» approuvés en 2011 par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui ne sont pas encore obligatoires.

Les réponses des juges sont sévères. Monsanto s’est bel et bien «engagé dans des pratiques qui ont un impact sérieux et négatif sur le droit à un environnement sain», écrivent-ils après avoir rappelé que les témoignages recueillis ont fait état d’impacts variés sur la santé humaine, les sols, plantes et organismes aquatiques, la santé animale, la biodiversité ou les droits des peuples autochtones. Impacts dus en particulier au glyphosate, la molécule active du Roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde associé aux OGM de la firme.

Le tribunal conclut aussi que les pratiques de Monsanto «ont un impact négatif sur le droit à l’alimentation» et portent «atteinte à la souveraineté alimentaire». En cause, notamment, «un marketing agressif sur les OGM qui oblige les agriculteurs à racheter de nouvelles semences chaque année». Et cite au passage des cas où la contamination génétique de champs a même obligé des agriculteurs à payer des royalties à Monsanto.

Sans grande surprise, il estime aussi que la conduite de la multinationale «a affecté négativement le droit à la santé». Il cite la longue liste de témoignages faisant état de graves malformations de naissance, de lymphomes non hodgkiniens - un cancer du sang -, de maladies chroniques, d’empoisonnement au Lasso (un herbicide aujourd’hui interdit en France) ou de décès après une exposition directe ou indirecte aux produits de Monsanto. Les juges rappellent que la firme a fabriqué et vendu de nombreuses substances dangereuses. Les polychlorobiphényles (PCB), des polluants organiques persistants, ont été commercialisés exclusivement par Monsanto entre 1935 et 1979 alors même que la firme «avait connaissance des effets néfastes sur la santé». Désormais interdit, «ce produit cancérigène induit des problèmes d’infertilité, de développement chez les enfants et perturbe le système immunitaire», insistent les juges.

Quant au glyphosate, pulvérisé entre autres sur 80 % des cultures OGM et omniprésent dans l’environnement et nos corps, il a été classé «cancérogène probable pour l’homme» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2015, entre autres pathologies constatées. Le tribunal «n’ignore pas» que d’autres rapports concluent l’inverse, notamment celui de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), tout en notant que cette dernière a refusé de révéler l’identité des scientifiques impliqués dans la rédaction du rapport, rendant «impossible de vérifier» si certains présentent un conflit d’intérêts avec l’industrie des pesticides.

Rebondissements

Les juges prennent aussi en compte l’actualité la plus récente dans le dossier à rebondissements du glyphosate. Ils relèvent que le 15 mars, l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) a estimé qu’il ne pouvait relever de la catégorie des produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR)… mais soulignent qu’il n’y a pas eu «de prise en considération du risque d’exposition, alors que des résidus de ce produit se retrouvent dans l’alimentation, l’eau potable ou l’urine des êtres humains». Surtout, des documents internes de Monsanto rendus publics eux aussi en mars, ont montré que la firme avait manipulé les études scientifiques, «ce qui vide de sa substance la prétendue controverse scientifique sur la dangerosité du glyphosate sur la santé».

Le tribunal conclut que le comportement de Monsanto «affecte négativement la liberté indispensable à la recherche scientifique». Et de citer le discrédit porté sur les recherches indépendantes, le recours à de faux rapports commandés par Monsanto, les pressions sur les gouvernements ou des intimidations.

Sur la question relative à l’allégation de complicité de crime de guerre par la fourniture de l’agent orange pendant la guerre du Vietnam, en revanche, le tribunal indique qu’il n’est pas «en mesure de répondre de manière définitive», en l’état actuel du droit international et «en l’absence de preuves particulières étayant cette hypothèse» car aucun des témoins auditionnés à La Haye n’a parlé de ce sujet. Il relève toutefois qu’entre 1962 et 1973, plus de 70 millions de litres de ce produit contenant de la dioxine ont été pulvérisés sur près de 2,6 millions d’hectares, causant «d’importants dommages à la santé» des civils vietnamiens et des vétérans occidentaux. Et d’estimer que si le crime d’écocide devait être érigé, à l’avenir, au rang de crime de droit international, «les faits rapportés (au Vietnam) pourraient relever de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI)».

À ce propos, le tribunal estime que le droit international «doit désormais affirmer, de manière précise et claire, la protection de l’environnement et le crime d’écocide». Pour les juges, «le temps est venu» d’amender le statut de Rome, qui a créé la CPI, afin d’y introduire ce nouveau concept légal. La CPI ne peut juger que les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. Mais elle a fait un pas en septembre dans le sens de la poursuite pour écocide, en annonçant l’élargissement de son champ d’action à certains crimes environnementaux. Le tribunal Monsanto insiste sur le fait qu’il «n’assimile pas le crime d’écocide à aucune des formes de génocide considérées par le statut de Rome». Alors que plusieurs témoins ont employé le mot «génocide» lors des auditions à La Haye, la juge Tulkens estime en effet cela «vraiment exagéré» pour qualifier les activités de Monsanto. «Il ne faut pas tout mélanger. Cela n’aide pas la cause, explique-t-elle. Le génocide, c’est l’extermination programmée d’un peuple ou d’un groupe humain en raison de ses caractéristiques raciales ou de son identité. L’écocide, c’est plus général, ce sont des atteintes graves à l’environnement, qui peuvent faire partie d’un plan programmé, mais pas toujours.»

In fine, le tribunal conclut que si un tel crime d’écocide était reconnu, «les activités de Monsanto pourraient relever de cette infraction». Parmi elles figurent, selon les juges, la fourniture à la Colombie d’herbicides au glyphosate dans le cadre d’épandages aériens sur les plants de coca, le recours massif à des produits agrochimiques dangereux dans l’industrie agricole, la diffusion d’OGM, les graves contaminations des sols ou de l’eau, ou l’introduction de polluants tels que les PCB dans l’environnement, «qui cause des dommages sévères et à long terme, affectant les droits des générations futures».

«Responsabilité»

En complément de son avis sur les six questions posées, le tribunal a jugé nécessaire de livrer une sorte d’analyse prospective, dans laquelle il insiste sur «le fossé grandissant entre le droit international des droits de l’homme et la responsabilité des sociétés». Il lance en particulier «deux appels», affirmant «la nécessité d’affirmer la primauté du droit international des droits de l’homme et de l’environnement» face aux règles juridiques protégeant les droits des investisseurs et celle de «tenir pour responsables des acteurs non étatiques en droit international des droits de l’homme». Le tribunal estime qu’«il est temps que les multinationales soient considérées comme sujets de droit et dès lors, puissent être poursuivies en cas d’atteintes aux droits fondamentaux».

Pour Françoise Tulkens, «si ce rééquilibrage du droit ne se met pas en place, l’environnement, et donc les humains, se trouveront dans des situations de plus en plus périlleuses et dramatiques». L’avis doit être adressé à Monsanto et aux instances des Nations unies. Sera-t-il suivi d’effets ? Le droit sera-t-il rééquilibré ? Y aura-t-il un jour de vrais procès pour écocide visant des multinationales ? Nul ne peut encore le dire.

Partager cet article
Repost0
18 avril 2017 2 18 /04 /avril /2017 15:34

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a publié mardi un rapport alarmant sur le braconnage et la déforestation illégale dans les sites naturels classés par l’Unesco. Par Martine Valo le 18 avril 2017 pour Le Monde.                       Lire aussi Les échanges commerciaux qui menacent la vie sauvage, La moitié des sites du patrimoine mondial sont menacés par des activités industrielles, Biodiversité : tous les indicateurs sont au rouge, et L’Agence française pour la biodiversité, nouvelle arme au service de la nature.                            Mais aussi « Reconnaissons la nature comme sujet de droit » et Un fleuve reconnu comme une entité vivante en Nouvelle-Zélande.

De l’ivoire confisqué par les autorités kényanes, à Nairobi, en 2016. CARL DE SOUZA / AFP

De l’ivoire confisqué par les autorités kényanes, à Nairobi, en 2016. CARL DE SOUZA / AFP

Entre 2009 et 2016, 595 gardes forestiers ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, majoritairement en protégeant l’un des sites naturels classés au Patrimoine mondial par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Parcs nationaux, îles protégées, sanctuaires marins sont devenus d’autant plus attirants pour les braconniers et les pêcheurs illégaux qu’ils constituent les derniers refuges d’une faune et d’une flore emblématiques quasi disparues ailleurs.

La plupart des études consacrées à la diversité des êtres vivants sur la planète tendent au recensement macabre. Celle que le Fonds mondial pour la nature (le WWF) publie mardi 18 avril, sous le titre « Pas à vendre », souligne ce déclin vertigineux. L’ONG analyse la situation des espaces naturels a priori les plus en vue pour leur « valeur universelle exceptionnelle », ce qui ne les préserve pas pour autant d’une activité criminelle en pleine expansion. Car le commerce d’espèces sauvages – estimé entre 14 et 19 milliards d’euros par an – se place au quatrième rang mondial après la drogue, la contrefaçon et le trafic d’êtres humains.

Derniers abris pour les grands singes, pangolins, lémuriens ou essences rares, les sites du Patrimoine mondial abritent environ un tiers des tigres et près de 40 % des éléphants vivant à l’état sauvage. Sur 147 de ces espaces classés, 65 font l’objet de prélèvements illicites : 42 subissent les exactions de braconniers, 26 de bûcherons illégaux, 12 de pêcheurs sans scrupules, et certains souffrent de plusieurs maux à la fois.

En Tanzanie, par exemple, la réserve de gibier de Selous a perdu près de 90 % de ses éléphants depuis son inscription par l’Unesco en 1982. Six en moyenne y ont disparu chaque jour entre 2010 et 2013. Du coup, cet immense sanctuaire de 50 000 kilomètres carrés figure depuis 2014 sur la liste funeste du Patrimoine mondial en péril. Dans le monde, dix-neuf sites l’ont rejointe, dont la majorité se trouve en Afrique.

L’Amérique latine n’est pas non plus épargnée. Les braconniers y font des victimes parmi les oiseaux exotiques, les tortues marines et terrestres, les caïmans, les iguanes et les coraux. Le WWF cite en particulier la réserve de biosphère Rio Platano, au Honduras, où l’exploitation forestière clandestine se conjugue avec la chasse au pécari à lèvres blanches, au jaguar et à l’ara vert.

En Indonésie, le Parc national d’Ujung Kulon constitue l’ultime refuge d’une soixantaine de rhinocéros de Java, proches de l’extinction, tandis que les aires protégées du golfe de Californie abritent trente petits marsouins du Pacifique, les seuls encore vivants. Le Parc national de la Garamba, en République démocratique du Congo, lui, a vu s’éteindre les derniers rhinocéros blancs.

Des routes qui mènent en Chine

Les forêts intactes aiguisent les appétits des exploitants illégaux, qui n’hésitent pas à y tailler des routes pour travailler à leur aise. Celles-ci facilitent ensuite la tâche des braconniers, tout en détruisant les habitats naturels. Ainsi, à Madagascar, les lémuriens subissent le commerce incontrôlé du bois de rose : la quasi-totalité de ces espèces sont menacées, certaines ont déjà disparu. La déforestation joue aussi un rôle redoutable dans l’accélération de l’érosion des terres et de la détérioration de la qualité de l’eau.

Au chapitre des solutions, le WWF suggère d’impliquer les populations locales, d’autant que celles-ci risquent de pâtir de la chute des revenus du tourisme de nature. L’ONG appelle par ailleurs à un rapprochement des forces de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN) pour prendre la mesure de la situation.

Barrer la route aux trafics est une tout autre paire de manches, qui nécessiterait l’implication de tous les États concernés : depuis les lieux de braconnage jusqu’aux marchés asiatiques, en passant par les pays de transit. La plupart des saisies d’ivoire, pénis de tigre, ailerons de requin ou bois précieux ont lieu à Port Kelang (Malaisie), Mombasa (Kenya), Zanzibar, Singapour, Hongkong et Miami. Ces routes mènent invariablement en Chine.

Certains pays se donnent les moyens de résister à cette boulimie dévastatrice. Le 27 janvier, le Parc national de Chitwan, au Népal, a célébré son 1 000e jour d’affilée sans braconnage de rhinocéros, d’éléphants et de tigres, grâce à l’appui des populations locales.

Partager cet article
Repost0
12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 12:26

Chasseuse de matières sonores au cœur de la diversité animale, la Norvégienne se produit au festival Présences électronique, à Paris. Par Olivier Lamm le 10 avril 2017 pour Libération. Lire aussi sur le même sujet Bernie Krause, harmonies vivantes et Le grand orchestre de la nature est peu à peu réduit au silence.

Jana Winderen, traqueuse de sons. (Photo F. Petursson)

Jana Winderen, traqueuse de sons. (Photo F. Petursson)

L’instrument préféré de Jana Winderen est le Telinga, un micro muni d’une parabole qui permet d’attraper des sons minuscules jusqu’à 50 mètres de distance. Perfectionné à la limite du magique, le Telinga, tout comme sa collection d’hydrophones (conçus pour enregistrer sous l’eau) ou le micro miniature DPA 4060 (idéal pour capter les petits insectes) permet à cette musicienne norvégienne de saisir des phénomènes géologiques ou organiques hors d’atteinte de l’homme, dans un confort tout relatif - Jana Winderen doit tout de même voyager pour investiguer, et créer. Le voyage est même, avec la technologie de pointe, la condition sine qua non de son art. Diplômée en art et en écologie piscicole, la Norvégienne œuvre dans la sphère mal comprise du field recording, domaine de l’art sonore à équidistance du musical et du scientifique, dont les performeurs sont les ruisseaux et les montagnes, les rumeurs des villes, des campagnes ou des océans.

Pour créer ses disques et BO d’installation, Winderen, comme ses comparses et prédécesseurs Chris Watson ou Eric La Casa, explore le monde à la recherche d’environnements et phénomènes exceptionnels pour s’en faire l’écho. Son art dépend ainsi à égalité des sons qu’elle trouve et de ce qu’elle choisit d’en restituer, et son empreinte d’artiste des genres de lieux qu’elle affectionne - en l’occurrence les souterrains et océans de Russie jusqu’en Arctique, dont l’homme, dans sa bulle, a décrété qu’ils étaient silencieux, et où elle traque pour le contredire toutes les espèces qui font bruisser le monde hors de la portée de son oreille.

En 2009, elle faisait par exemple se décrocher quelques mâchoires dans les milieux mélomanes et scientifiques avec The Noisiest Guys on the Planet («les gars les plus bruyants sur la planète»), compte rendu d’investigations sonores au large des côtes scandinaves à la rencontre des Decapoda - famille des crustacés à cinq paires de pattes dont font partie les galathées, les crevettes ou les écrevisses - qui témoignait de leur existence jusque dans leurs activités les plus intimes avec une clarté ahurissante.

Quarante ans après le Chant des baleines de Roger Payne, hit inattendu qui fit découvrir au grand public la magnifique étrangeté des cris des baleines à bosse, l’œuvre de Jana Winderen, récemment prolongée par des immersions chez les insectes d’eau douce (The Listener, 2016) dans les bancs de phytoplancton (The Wanderer, 2015) ou parmi les chauve-souris (Out of Range, 2014) révèle littéralement la texture de la vie à des échelles et des endroits où l’on pensait qu’elle existait nécessairement sans nous. Non seulement saisissants dans leurs matières et textures, ses paysages sonores en deviennent poignants quand l’auditeur s’autorise à s’y projeter lui-même, côtoyant ce qu’il reconnaît, pourquoi pas, comme des cousins éloignés.

À Présences électronique, Jana Winderen présentera une œuvre intitulée Déclassifiée, basée sur «des enregistrements de phoque barbu, de crépitements de crustacés, d’orque, de baleine à bosse et baleine-pilote, de grognements de morue, de goberge, d’aiglefin et de poisson-crapaud».

Festival Présences électronique Le CentQuatre, 5, rue Curial, 75019. Du 14 au 16 avril. Accès gratuit, mais places à retirer une heure avant les concerts. Rens. : www.104.fr

Partager cet article
Repost0
1 avril 2017 6 01 /04 /avril /2017 12:31

Dans un Livre blanc, l’organisation patronale réclame une pause réglementaire et législative. Par Rémi Barroux le 31 mars pour Le Monde.

Ou comment le capitalisme se nourrit de l’environnement pour survivre ! Voir aussi Les documents d'urbanisme continuent à planifier la destruction des espaces naturels, Les échanges commerciaux qui menacent la vie sauvage et               L’environnement dégradé tue 1,7 million d’enfants chaque année.

Juste avant la présidentielle, le Medef avance « 40 propositions pour moderniser et simplifier le droit de l’environnement ». Présenté jeudi 30 mars, ce Livre blanc de l’organisation patronale entend revenir sur une décennie de réglementations environnementales, du Grenelle de l’environnement de 2007 aux conférences environnementales convoquées depuis 2012 !!!

« Nous avons fait ce travail parce que nous ressentions le besoin d’y voir plus clair. On y exprime la nécessité de faire une pause, car les entreprises ont eu l’impression de subir toute une série de réglementations qui leur tombaient dessus à échéance très rapprochée », explique Olivier Viano, président du comité Droit de l’environnement du Medef. Il faut un « moratoire pour une période de trois à cinq ans » dans la production législative et réglementaire française, demande le Medef, qui assure vouloir concilier le droit de l’environnement et la compétitivité des entreprises.

Plaidoyer (!)

A plusieurs reprises, les représentants du patronat, rejoints souvent par la principale organisation d’agriculteurs, la FNSEA, ont manifesté leurs réticences aux réformes des réglementations environnementales, que ce soit lors de la difficile mise en place de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE), à partir de 2009, puis lors de la modernisation du droit de l’environnement et de la réforme du dialogue environnemental, en 2015-2016, ou encore au moment de la réforme de l’autorité environnementale, en 2016.

Avec pour le Medef, le même plaidoyer en faveur d’une simplification des règles afin qu’elles ne puissent entraver la volonté d’entreprendre des porteurs de projet. « Il existe une réelle complexité qui n’est pas de nature à rassurer les maîtres d’ouvrage, les procédures sont trop longues, trop risquées », plaide M. Viano.

« On peut comprendre qu’une entreprise ait à réaliser des adaptations considérables, mais on ne peut pas dire qu’il y a trop de réglementation, réagit Rita Fahd, en charge des questions de RSE à France Nature Environnement (FNE). Au contraire, la mise en place de ces règles est trop lente, et la voie législative et réglementaire aide les entreprises à bouger, pour réduire les impacts de leurs activités et l’utilisation des ressources naturelles. » Parmi les 40 propositions, souvent techniques et juridiques, figure par exemple l’obligation qui serait faite au public, et aux ONG, de ne pouvoir discuter de l’opportunité d’un projet qu’en amont de celui-ci. Après la délivrance de l’autorisation par les autorités, seules les caractéristiques du projet et leurs incidences sur l’environnement pourraient être abordées.

Dialogue nécessaire (!)

Pour FNE, cette proposition est contraire à la directive européenne de décembre 2011 sur l’évaluation de l’incidence de certains projets. « Cela interdirait le débat sur les alternatives possibles qui n’est pas toujours possible en amont, comme on le voit dans le cas du dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avance la juriste Florence Denier-Pasquet, secrétaire nationale de FNE. On ne peut dissocier la discussion sur le principe, par exemple, d’une voirie routière, de son opportunité en fonction d’un tracé concret et de son impact sur l’environnement. »

Autre proposition litigieuse pour les ONG, le souhait du Medef qu’un maître d’ouvrage puisse consulter préalablement l’avis de l’autorité environnementale sur un projet, et sa demande de « restaurer la logique collaborative entre l’administration et le maître d’ouvrage ». « Il ne doit, en aucun cas, y avoir de coconstruction d’un dossier entre l’autorité environnementale et une entreprise. Il en va de l’indépendance totale de l’autorité, et donc de sa crédibilité vis-à-vis du public », rétorque Florence Denier-Pasquet.

Et de rappeler que le dialogue nécessaire entre toutes les parties ne doit jamais conduire les autorités « à jouer un rôle de conseil ». Les propositions du Medef de mieux former et informer les entreprises sur les actions pénales en matière environnementale, ou d’éditer un « guide méthodologique » pour mieux identifier les préjudices écologiques, ne devraient, en revanche, pas faire débat.

Partager cet article
Repost0
31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 15:24

Pour la juriste Valérie Cabanes, il faut redéfinir les valeurs pivots de notre système juridique afin d’affirmer nos liens d’interdépendance avec les autres formes de vie. Une tribune de Valérie Cabanes, Juriste spécialisée dans le droit international humanitaire et les droits humains, auteure en 2016 d’« Un nouveau droit pour la Terre, pour en finir avec l’écocide », parue le 30 mars 2017 dans Le Monde.          Lire aussi Un fleuve reconnu comme une entité vivante en Nouvelle-Zélande et un point de vue différent sur Laurent Neyret : « Accorder des droits à la nature est illusoire ».

En Inde, le Gange et l’un de ses affluents, la Yamuna, sont désormais des « entités vivantes ayant le statut de personne morale ». VALERIE CABANE

En Inde, le Gange et l’un de ses affluents, la Yamuna, sont désormais des « entités vivantes ayant le statut de personne morale ». VALERIE CABANE

Durant dix mille ans, nous avons prospéré en tant qu’espèce grâce à des conditions climatiques favorables et des milieux de vie fertiles et foisonnants de biodiversité. Mais l’industrie s’est dernièrement imposée sur les milieux naturels en occupant l’espace et en perturbant les équilibres de l’écosystème terrestre. Le climat s’est emballé, la biodiversité s’est effondrée, la pollution est omniprésente, et les conditions mêmes de la vie sur Terre commencent à être menacées. Nous ne pouvons plus rester spectateurs. Nos choix menacent aujourd’hui la paix et la sécurité humaines.

Il est encore temps de freiner les conséquences de l’anthropocène, cette ère géologique que l’homme a façonnée et qui menace les conditions d’existence des plus vulnérables d’entre nous et hypothèque les droits des générations à venir. La justice doit pouvoir s’appuyer sur un droit de la Terre pour être en mesure de maintenir les systèmes écologiques dont nous dépendons, car c’est ainsi que nous préserverons la dignité de l’humanité. Pour cela, il faut redéfinir les valeurs pivots de notre système juridique afin d’affirmer nos liens d’interdépendance avec les autres formes de vie.

Reconnaître le vivant comme sujet de droit est une idée portée par le mouvement Earth Law depuis les années 1990 dans le sillage de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (1981) et de la Charte mondiale de la nature (1982). Le mouvement s’est inspiré de la pensée d’Arne Næss, considéré comme le fondateur de l’écologie profonde (« Deep Ecology »). Il a notamment popularisé l’idée que « la richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes et contribuent à l’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre ».

La Déclaration des droits des peuples autochtones (2007) consacre ces valeurs en s’appuyant sur l’holisme des traditions et modes de pensée des peuples premiers. Ces peuples accompagnés de communautés locales ont par ailleurs proposé, lors de la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère, à Cochabamba en avril 2010, un projet de Déclaration universelle des droits de la Terre mère faisant le constat que « la Terre est vivante, elle est notre maison commune et nous devons la respecter pour le bien de tous et des générations futures ».

« Locus standi » : les grands singes, ces " êtres humains "

Parallèlement, certaines avancées juridiques visant à améliorer le statut des animaux démontrent que le droit commence à quitter sa sphère anthropocentrée. La Nouvelle-Zélande, par exemple, a étendu le statut d’« être humain » aux grands singes dès 1999. En 2008, le Parlement espagnol a voté une résolution exhortant à respecter le « projet grands singes ». Ce projet vise à étendre les droits fondamentaux de la personne humaine au-delà de notre espèce, pour en faire bénéficier les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans. Les dauphins se sont vu récemment attribuer le statut de « personne non-humaine » en Inde et tout delphinarium est interdit. Mais le mouvement Earth Law va plus loin et propose que soient reconnus dans la loi les droits des écosystèmes « à exister, se développer et évoluer ».

Beaucoup de pays reconnaissent le locus standi – intérêt à agir – pour les citoyens afin de régler des différends dans l’intérêt général, ce qui peut être utilisé pour parler au nom de la nature, d’autant plus si des droits lui sont reconnus en propre. Les perspectives sont encourageantes.

C’est en Amérique latine que le concept des droits de la nature a vu le jour dans la loi. En 2008, l’Équateur a en effet ouvert la voie en reconnaissant ces droits dans sa Constitution. En Nouvelle-Zélande, le 30 août 2012, la communauté indigène iwi [tribu] Whanganui et le gouvernement néo-zélandais ont signé un accord qui reconnaît les droits de la rivière Whanganui et la communauté iwi Whanganui comme son dépositaire selon l’adage de la communauté : « Je suis la rivière et la rivière est moi. » L’accord reconnaît la rivière comme une entité vivante avec des droits et des intérêts à défendre, et son « propriétaire » désigné est son propre lit. Les iwi Whanganui sont, eux, reconnus comme ses gardiens chargés de protéger la santé et le bien-être de la rivière. Cet accord a été entériné par le Parlement le 15 mars 2017 et fut présenté comme une première mondiale à l’échelle d’un pays occidentalisé.

Maison commune

Mais aux États-Unis, des comtés ont déjà adopté les droits de la nature dans leur législation, comme celui de Mora County, en 2013 au Nouveau-Mexique, qui a adopté un décret établissant une déclaration des droits communautaires – incluant le droit à un air pur et une eau potable, le droit à un environnement sain, et les droits de la nature – tout en prohibant les activités susceptibles d’interférer avec ces droits, incluant le forage et la fracturation hydraulique pour les gaz de schiste.

En Europe, la société civile demande de plus en plus que soient reconnus des droits aux écosystèmes et aux espèces non humaines. L’idée d’une initiative citoyenne européenne sur les droits de la nature a d’ailleurs été débattue au Parlement européen, le 29 mars 2017. En 2013, c’est une directive européenne sur le crime d’écocide qui avait été proposée par le mouvement End Ecocide.

Depuis, la perspective d’une telle reconnaissance à l’échelle européenne et universelle progresse rapidement. Sans crier gare, la protection des communs planétaires par la Constitution ou la reconnaissance du crime d’écocide se sont invitées lors de la campagne présidentielle en France dans les programmes de la gauche. Serait-on mûr pour une telle évolution culturelle ? Ce serait une bonne nouvelle pour notre maison commune.

Partager cet article
Repost0
31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 15:13

Le spécialiste de droit de l’environnement Laurent Neyret estime que si la personnalisation de l’environnement vise à renforcer sa protection, imputer des devoirs et des responsabilités aux éléments de la nature est un abus de langage. Professeur de droit à l’Université de Versailles Paris-Saclay, spécialiste de droit de l’environnement, Laurent Neyret a participé au groupe de travail mis en place par la Garde des sceaux en 2013 pour la réparation du préjudice écologique, à qui il a également présenté en 2015 des recommandations pour mieux sanctionner les crimes contre l’environnement (Des écocrimes à l’écocide, Bruylant, 2015). Il a signé cette tribune le 30 mars 2017 dans Le Monde.                                                                                          Lire aussi Un fleuve reconnu comme une entité vivante en Nouvelle-Zélande, et surtout un point de vue différent sur « Reconnaissons la nature comme sujet de droit !

« Les droits reconnus à l’environnement restent relatifs et seront toujours mis en balance avec des intérêts contradictoires » (Photo: le fleuve Whanganui, en février 2011). mtrappitt / CC BY-SA 2.0

« Les droits reconnus à l’environnement restent relatifs et seront toujours mis en balance avec des intérêts contradictoires » (Photo: le fleuve Whanganui, en février 2011). mtrappitt / CC BY-SA 2.0

En moins d’une semaine, trois fleuves sacrés se sont vu reconnaître la qualité de personne morale, le premier par le Parlement de Nouvelle-Zélande et les deux autres, dont le Gange, par une cour de justice indienne. Vu d’ici, de telles décisions ont, si ce n’est de quoi faire sourire, du moins de quoi surprendre, tant le sens commun réserve la qualité de personne aux seuls êtres humains. Une meilleure compréhension de la portée d’une telle actualité nécessite de revenir aux fondamentaux du droit.

Tout étudiant en droit apprend dès sa première année que le monde se divise en deux catégories : les personnes et les choses, et que seules les premières disposent de la protection la plus absolue parce qu’elles se trouvent au sommet de la hiérarchie des valeurs protégées. Et l’environnement dans tout cela ? De manière traditionnelle, il appartient à la catégorie des choses dont on peut user et abuser largement, suivant en cela la pensée de Descartes qui positionne l’homme en « maître et possesseur de la nature ».

Pour remédier au défaut de considération dont l’environnement fait l’objet, il suffirait donc d’en modifier le statut et de le hisser au rang de personne. Tel est bien l’objectif de l’attribution récente de la qualité de personne morale au fleuve Whanganui, en Nouvelle-Zélande, ou au Gange et à l’un de ses affluents, la Yamuna, en Inde.

L’idée de reconnaître des droits à la nature pour mieux la protéger n’est pas nouvelle. Dans les années 1970, Christopher Stone, professeur de droit américain, avait publié un article provocateur dans lequel il proposait d’attribuer des droits à une vallée de séquoias millénaires menacée par un projet de station de ski, lancé par Walt Disney. Cette proposition n’a pas abouti, mais le projet n’en n’a pas moins été stoppé en raison d’une décision fédérale de protéger la vallée sauvage en question.

Liberté économique contre protection de l’environnement

Il faudra attendre la Constitution de l’Équateur, de 2008, pour qu’un texte juridique consacre pour la première fois la qualité de sujet de droit à la Pachamama, ou Terre-Mère. Par la suite, c’est un tribunal argentin qui a reconnu à une femelle orang-outan du zoo de Buenos Aires, le droit à vivre en liberté en tant que personne non humaine.

Tous ces exemples montrent bien que la personnalisation de l’environnement vise à renforcer sa protection. Mais une chose est d’avoir voix au chapitre, une autre est de pouvoir réellement l’exprimer et de se faire entendre. Certes, la nature peut compter sur des tuteurs, à l’image des représentants des personnes protégés ou des sociétés commerciales. En Nouvelle-Zélande, par exemple, les intérêts du Whanganui seront défendus par deux représentants, l’un issu du peuple Maori et l’autre du gouvernement. En Inde, tout citoyen pourra faire valoir devant les tribunaux les droits du Gange et de la rivière Yamuna du fait de la pollution qui les touche.

Pour autant, les porte-parole de la nature font parfois pâle figure, comparés à ceux qui défendent des intérêts économiques puissants. Pour preuve, en Équateur, bien que la Pachamama dispose d’un droit constitutionnel à réparation pour les dommages qui lui sont causés, cela n’a pas suffi pour faire exécuter la condamnation de Chevron-Texaco à payer 9,5 milliards de dollars pour la grave pollution liée à l’exploitation de son oléoduc dans le pays. Au-delà, il ne faut pas oublier que les droits reconnus à l’environnement restent relatifs et qu’ils seront toujours mis en balance avec des intérêts contradictoires.

Par comparaison, on relèvera que même si la Cour européenne des droits de l’homme a affirmé, dans un arrêt de 2007, que « des impératifs économiques (…) ne devraient pas se voir accorder la primauté face à des considérations relatives à la protection de l’environnement », bien souvent, elle est conduite à privilégier la liberté économique sur la protection de l’environnement.

Procès d’animaux du Moyen Âge

Jusqu’à présent, la reconnaissance à la nature du statut de personne a eu lieu dans des régions où existe un rapport matriciel entre l’homme et celle-ci, de l’ordre du sacré. Le mouvement pourrait-il ou devrait-il se généraliser au-delà ? Une chose est sûre, on peut être réservé quant à l’imputation de devoirs et de responsabilités aux éléments de la nature, comme l’a fait le Parlement de Nouvelle-Zélande pour le Whanganui ou encore la Haute Cour de l’État himalayen de l’Uttarakhand pour le Gange et son affluent.

En effet, ces cours d’eau devraient-ils être obligés d’indemniser les familles des personnes qui s’y noieraient par exemple ? Il n’est sûrement pas judicieux de faire revivre l’équivalent des procès d’animaux, du Moyen Age, où l’on pouvait, par exemple, faire citer à comparaître des charançons pour qu’ils cessent leurs ravages.

On est enclin à penser que ce n’est pas tant le statut juridique de l’environnement qui importe, entre droits de l’homme ou droits de la nature, que la reconnaissance des devoirs de l’homme à l’égard de l’environnement. Une telle responsabilité écologique existe d’ores et déjà, notamment en France.

En 2016, la loi relative à la biodiversité a introduit dans le code civil l’obligation de réparation du préjudice écologique, sans que cela ait nécessité la reconnaissance de la qualité de sujet de droit à l’environnement. Dans le même ordre d’idée, le crime d’écocide pourrait être consacré afin de sanctionner les crimes les plus graves commis de manière intentionnelle contre la sûreté de la planète.

Formulons le vœu que le droit de la responsabilité écologique prenne de l’ampleur, dans le respect de la diversité culturelle des rapports entre l’homme et la nature.

Partager cet article
Repost0
23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 10:52
Rien qu’en Russie, la taïga a perdu en moyenne 1,4 million d’hectares de paysages forestiers intacts non fragmentés (IFL) par an entre 2000 et 2013. ILYA NAYMUSHIN / REUTERS

Rien qu’en Russie, la taïga a perdu en moyenne 1,4 million d’hectares de paysages forestiers intacts non fragmentés (IFL) par an entre 2000 et 2013. ILYA NAYMUSHIN / REUTERS

La taïga du Grand Nord se retrouve moins souvent sur le devant de la scène environnementale que l'Amazonie, pourtant elle est encore plus mise à mal par les activités humaines. Mélèzes, épicéas, saules, bouleaux : les paysages de forêt boréale intacts qui entourent la région subarctique disparaissent même une fois et demie plus vite que le poumon vert d'Amérique du Sud.

Ils constituent pourtant la plus vaste étendue boisée continue de la planète – ils représentent environ un tiers du total. Ils sont mis à mal par les incendies et l'exploitation du bois à grande échelle jusque dans les réserves protégées. Greenpeace a décidé d’alerter sur la situation de ces quelque 16 millions de kilomètres carrés. Remarquables pour leur capacité à stocker des grandes quantités de carbone et leur résistance au changement climatique supérieure aux autres types de milieux forestiers, les forêts du Grand Nord subissent des coupes claires, sans souci de gestion durable, ou bien sont fragmentées sans ménagement, tandis que des populations autochtones sont ignorées, déplore l'ONG.

Projets industriels

Cet environnement, qui abrite encore près de la moitié des forêts primaires du monde non perturbées par des humains, voit ces trésors régresser. Elans, martres, caribous, ours bruns, lynx : l'habitat de ces mammifères et la richesse de la biodiversité se réduisent tout autour de la région arctique. Selon les données rapportées par Greenpeace, la taïga a perdu en moyenne 2,5 millions d'hectares de paysages forestiers intacts non fragmentés (IFL) par an en moyenne entre 2000 et 2013, dont 1,4 million d'hectares rien qu'en Russie. Alors que ce pays abrite 60 % des forêts boréales du monde, il est le plus touché par ce phénomène de déforestation. Il a perdu 7,2 % de ses IFL durant cette période de treize ans, devant le Canada qui en a vu disparaître 964 000 ha (soit 4,5 %) et l'Alaska 191 000 ha (5,9 %).

Le rapport de Greenpeace consacre tout un chapitre aux conifères du district d'Arkhangelsk, dans le nord-ouest de la Russie. Il pointe en particulier la situation de la réserve forestière de Dvinsky, où vivent des rennes parmi les derniers encore sauvages. " Au début des années 2000, il y avait un consensus pour en faire un vaste territoire à préserver, y compris de la part des exploitants présents dans cette région, témoigne Clément Sénéchal, chargé de campagne à Greenpeace. Mais il y a eu des blocages, un changement de propriétaire… depuis 2013, le dossier n'avance plus. "

Les étendues des très convoités conifères de Dvinsky ont rétréci de 300 000 ha depuis 2000, et de nouveaux projets industriels voient le jour dans l'oblast (région) d'Arkhangelsk. Les défenseurs de la forêt s'inquiètent en particulier de la volonté affichée par la société Promo Timber, déjà présente dans la région, de construire une scierie supplémentaire en 2018 qui réclamera 1,3 million de mètres cubes de grumes de conifères par an. De même Arkhangelsk Pulp & Paper Mill et le groupe Titan envisagent d'augmenter l'approvisionnement en bois de leur usine de pâte à papier et de leurs scieries qui consomment déjà 4,5 millions de mètres cubes par an. Finalement, 489 000 ha de cette forêt intacte pourraient être protégés, soit à peine 60 % de ce qu'espérait l'ONG. C'est pourquoi elle a décidé de mettre une certaine pression sur les industriels concernés, fournisseurs comme clients.

Elle livre dans son rapport des noms d'exploitants forestiers et de négociants. Elle recense surtout certains de leurs clients influents, ces sociétés qui commercialisent en Europe de l'Ouest du bois pour la construction de bâtiments, de terrasses, de panneaux vendus dans des chaînes de magasins de bricolage (françaises notamment), pour la fabrication de saunas, la production de papier destinée à l'édition, d'emballage… Greenpeace leur demande de " se séparer de leurs fournisseurs impliqués dans la destruction de forêts boréales du Grand Nord " ou d'insister auprès d'eux afin qu'ils cessent leurs coupes claires, " respectent les droits des peuples autochtones et publient les cartes de leurs activités d'exploitation forestière ".

Partager cet article
Repost0

Archives

L'écologie aux Lilas et au Pré ...

Les maires et élus écologistes ne se résignent pas à laisser l’avenir s’assombrir de jour en jour

Pour une restauration scolaire de qualité, durable, équitable, accessible aux Lilas

Les zadistes de Gonesse ont-ils raison de s’opposer à une gare en plein champ ?

Une nouvelle ZAD près de chez vous

Pour le projet CARMA contre la reprise des travaux de la gare "Triangle de Gonesse"

Les Lilas écologie - en campagne pour gagner

Les Lilas Ecologie en campagne

Le gouvernement abandonne Europacity, pas l’artificialisation des terres agricoles

Il faut stopper EuropaCity - marche citoyenne de Gonesse à Matignon 4 et 5 octobre

Aux Lilas, les citoyens s’unissent pour produire de l’électricité verte

Les promoteurs, les arbres et la cité - lettre ouverte à BNP Paribas

Toxic Tour de Pantin à Romainville dimanche 16 juin 2019

Une Biorégion Ile-de-France résiliente en 2050

Merci aux 1779 Lilasiennes et Lilasiens qui ont voté " Pour le climat, tout doit changer ! "

Pollution de l’air dans les écoles et crèches franciliennes

Volonté politique de créer une régie publique de l’eau à Est Ensemble, mythe ou réalité ?

À la base … un revenu ?

Balade naturaliste Parcs de la Corniche des Forts et abords de la forêt de Romainville le 9 mars 2019 à 11h

La forêt de Romainville, un enjeu écologique et politique

La Forêt passe à l'attaque !

Plâtre et béton sur la Corniche

Agir ensemble pour les Coquelicots le 7 décembre

Marche pour le climat, Défendons la forêt de la Corniche des Forts

Destruction des océans, sur-pêche, pêche électrique... avec Bloom mardi 20 novembre

À Romainville, les habitants défendent une forêt sauvage contre une base de loisirs régionale

Marches pour le climat et la biodiversité 13 et 14 octobre

Les amis des coquelicots étaient bienvenus...

Amis des coquelicots, agissons ensemble vendredi 5 octobre à 18H30

La forêt urbaine de la Corniche des Forts - une chance unique à nos portes

Mobilisation citoyenne à la marche pour le climat samedi 8 septembre à Paris

Un coup de pouce Vert pour les Électrons solaires ! 

Le collectif Eau publique des Lilas invite au dialogue le 21 mars

Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence - du 10 au 18 mars aux Lilas

En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe...

Le Syctom a organisé une concertation réservée aux sachants – et après ?

Une enquête publique sur le PLU des Lilas… qui change la donne !

Une victoire pour l'eau publique en Île-de-France

L’eau publique, c’est maintenant !

L’Ouest de la Seine Saint-Denis se mobilise pour la création d’un service public de l’eau

Romainville : le Syctom lance une concertation préalable pour la modernisation du centre de transfert et de tri des déchets

Que sont ces CSR - Combustibles Solides de Récupération - qu’on veut brûler à Romainville ?

Ces parents qui mijotent une cantine publique

De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

À Romainville contre l’incinération

Une victoire de l'engagement citoyen aux cantines rebelles du 10 novembre

Derniers échos de la révision du PLU des Lilas

Les Sans Radio retrouvent les ondes

Europacity : le débat public se conclut sur des positions inconciliables

Le parc (George-Valbon La Courneuve) debout !

Grand Paris : non à la logique financière

Pour une gestion publique, démocratique et écologique de l'eau

Le revenu de base ? Débat mardi 14 juin 20h

C'était la Grande Parade Métèque 2016...

La nature : une solution au changement climatique en Île-de-France

Participer à la Grande Parade Métèque samedi 28 mai 2016

PLU des lilas: enfin un diagnostic et état initial de l'environnement ... à compléter

Avec la loi « Travail », où irait-on ? Débattons-en mercredi 30 mars

Réduire la place de la voiture des actes pas des paroles

La COP 21 aux Lilas

La nature est un champ de bataille

Alternatiba et le Ruban pour le climat des Lilas à la République

Un compost de quartier aux Lilas

Devoir d'asile : de l'Etat jusqu'aux Lilas

Un ruban pour le climat aux Lilas

Six propositions vertes pour une révision du PLU véritablement utile

La Grande Parade Métèque samedi 30 mai

Fête de la transition énergetique et citoyenne le 9 mai aux Lilas