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20 juin 2019 4 20 /06 /juin /2019 10:30

La population va continuer à croître, même si de vastes parties du globe verront leur nombre d’habitants décliner, selon un rapport de l’ONU. Pour l’agronome Marc Dufumier, l’agriculture doit tenir compte du fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité. D’après ONU, Martine Valo et les propos de Marc Dufumier recueillis par Fabien Goubet pour Le Monde, juin 2019. Lire aussi Le « régime de santé planétaire » ? Des protéines végétales et un steak par semaine !, « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue » et Nourrir la planète avec une agriculture 100% biologique en 2050, c’est possible.

Une plage surpeuplée à l’est de la Chine, en juillet 2018. AFP

Une plage surpeuplée à l’est de la Chine, en juillet 2018. AFP

Vieillissant et de plus en plus contrasté : tel est le visage du monde qui se dessine dans les dernières données démographiques de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ce n’est pas une surprise, la population va continuer à croître, mais de vastes parties du globe vont dans le même temps voir inexorablement leur nombre d’habitants décliner, sauf à s’ouvrir à l’immigration.

Les démographes considèrent comme sûre à 95 % la probabilité que nous soyons entre 8,5 et 8,6 milliards en 2030. Au-delà, en 2050, la planète va devoir porter 2 milliards de terriens de plus qu’aujourd’hui pour atteindre 9,7 milliards, selon les Perspectives de la population dans le monde 2019, publiées le lundi 17 juin.

Contrastes

Un maximum d’environ 11 milliards de personnes pourrait être atteint vers la fin du siècle, selon les statistiques et les projections de la division de la population du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, qui se livre à cet exercice de mise à jour tous les deux ans depuis le début des années 1950.

A partir de milliers de recensements et d’enquêtes, ces experts confirment : le nombre des humains croît, alors que chaque famille a de moins en moins d’enfants. En 1990, on comptait en moyenne 3,2 naissances par femme en âge de procréer, puis 2,5 en 2019. En 2050, ce taux de fécondité devrait s’établir à 2,2, sachant que 2,1 naissances sont nécessaires pour assurer le renouvellement des générations. Un tel ralentissement n’avait jamais été observé depuis le milieu du XXe siècle, même s’il ne suffit pas à freiner l’expansion du nombre d’humains.

Le monde connaît en fait des réalités extrêmement contrastées. Le nombre de naissances reste en moyenne de 4,6 par femme en Afrique subsaharienne, de 3,4 en Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande), de 2,9 en Afrique du Nord et à l’ouest de l’Asie.

Les rapporteurs de cette 26e édition des Perspectives expliquent que, compte tenu des structures d’âge actuelles, « les deux tiers de la croissance prévue de la population mondiale d’ici à 2050 (…) se produiront, même si la fécondité dans les pays à fécondité élevée tombait immédiatement à environ 2 naissances par femme sur toute une vie ». Le constat vaut pour les pays qui tardent à rejoindre la tendance mondiale à une forte baisse du nombre de naissances. Aujourd’hui, près de la moitié des gens vivent dans des régions qui se situent en dessous du taux de renouvellement.

Basculement Chine-Inde

En 2050, nous serons 9,7 milliards d’humains… l’agroécologie peut parfaitement nous nourrir !

Actuellement, les naissances sont inférieures aux décès dans 55 pays – soit près d’un quart des 235 Etats ou territoires analysés dans ce rapport. Pour ceux-là, le fléchissement de la population sera d’au moins 1 % dans les trente prochaines années. Pour la moitié d’entre eux, l’évolution annoncée risque même de se solder par des pertes d’au moins 10 % – au Japon, en Grèce ou au Portugal entre autres. On attend aussi des chutes de plus de 20 % en Lituanie, Bulgarie, Lettonie.

Ensemble, les habitants d’Amérique du Nord et d’Europe devraient ainsi passer de 1,114 milliard en 2019 à 1,132 milliard en 2030, avant d’amorcer une régression à 1,120 milliard à la fin du siècle. A l’inverse, d’ici à 2050, neuf pays devraient concentrer plus de la moitié de la croissance démographique mondiale : Inde, Nigeria, Pakistan, République démocratique du Congo, Ethiopie, Tanzanie, Indonésie, Egypte et Etats-Unis.

Par ailleurs, le basculement entre les deux Etats les plus peuplés de la planète, déjà annoncé, se précise. Le 1,43 milliard de Chinois (19 % de la population mondiale) devrait abandonner prochainement la première marche du podium, car ils pourraient perdre 31,4 millions de compatriotes d’ici à 2050. Le 1,37 milliard d’habitants de l’Inde devrait les détrôner autour de 2027, car ils font davantage d’enfants et approcheront probablement 1,5 milliard.

Parmi les pays qui continuent à voir leur nombre de ressortissants augmenter rapidement, quarante-sept affichent les indices de développement socio-économiques les plus faibles. L’Afrique subsaharienne y est surreprésentée avec trente-deux pays dont la population a augmenté 2,5 fois plus rapidement que sur le reste de la planète depuis 2015. L’ONU s’inquiète à leur sujet de la « pression sur des ressources déjà tendues ». Comment relever le défi du développement durable dans ces conditions ?

« Cela faisait plusieurs années qu’on revoyait à la hausse les prévisions de la population mondiale à cause du taux de fécondité qui restait élevé en Afrique subsaharienne, rapporte Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques. On se trompait en pensant qu’il ne baissait plus : en fait, il le faisait moins vite qu’ailleurs, moins que lors de la transition démographique en Asie et en Amérique latine il y a trente ou quarante ans. Cette fois, on a révisé les projections à la baisse. Reste qu’un habitant de la planète sur six naît en Afrique aujourd’hui, ce sera un sur quatre lorsque nous serons 9,7 milliards. »

Tendances de long terme

Le continent noir devrait en effet voir sa population doubler et passer de 1,3 milliard à 2,5 milliards en 2050. Celle du Niger pourrait tripler dans le même temps. Celui-ci se distingue de la tendance générale : il pourrait être le seul pays dont le taux de fécondité risque de demeurer supérieur à quatre enfants par femme en 2050. Il est à plus de sept aujourd’hui.

En Afrique subsaharienne, 62 % des gens ont moins de 25 ans. Avec 11,7 personnes dans la tranche 25 à 64 ans – en âge de travailler donc –, pour une de 65 ans ou plus, la région a le ratio le plus élevé du monde. Cette partie de la population qui augmente plus vite que les autres a donc moins d’enfants ou de retraités à soutenir. L’ONU y voit une occasion de développement, à condition que les gouvernements s’en saisissent pour investir dans la santé et l’éducation.

Pour les démographes, les flux de migration constituent désormais une « composante majeure » des évolutions de population, précise le rapport. Il y a les phénomènes qu’ils ne prévoient pas : les guerres, les catastrophes naturelles. La Syrie compte 20 % d’habitants de moins qu’en 2010 ; à Porto Rico, les cyclones ont contribué à faire partir 18 % des habitants entre 2010 et 2019.

Les experts de Perspectives notent des tendances de long terme. Pour la plupart des régions, les départs et les arrivées de migrants des années 2010 à 2020 devraient être inférieurs à ceux de la décennie précédente. En Afrique du Nord et dans l’ouest de l’Asie, l’émigration nette devrait être 48 % moins importante durant cette décennie par rapport à la précédente, 40 % en Amérique latine.

Seule l’Afrique subsaharienne a connu ces derniers temps une augmentation « substantielle » des migrations internationales avec 4,1 millions de départs, 76 % de plus que durant la période 2000-2010. L’ONU note que pour quatre pays (Biélorussie, Allemagne, Italie et Russie), l’immigration a compensé un solde naturel négatif et permis de maintenir une croissance démographique positive durant la décennie.

Marc Dufumier, au Pérou en mai. LARA JOUAUX

Marc Dufumier, au Pérou en mai. LARA JOUAUX

Professeur d’agronomie, ex-titulaire de la chaire d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech, Marc Dufumier prône un changement de paradigme agricole en refusant le modèle imposé par les industriels et en considérant les milieux naturels cultivés dans leur globalité et leur complexité. Son livre L’agroécologie peut nous sauver vient de paraître aux éditions Actes Sud.

Vous êtes souvent présenté comme l’un des pionniers de l’agroécologie scientifique. De quoi s’agit-il ?

L’agroécologie scientifique est une branche de l’écologie consacrée aux écosystèmes aménagés par les agriculteurs. Elle vise une compréhension la plus précise possible des milieux naturels domestiqués, et ce dans toute leur complexité : les interactions entre les végétaux, les hommes et les animaux mais aussi les éléments biologiques, physiques, climatiques, etc.

C’est une approche systémique qui tente de comprendre comment les pratiques agricoles modifient, simplifient et fragilisent éventuellement les écosystèmes, et de proposer des solutions pour les faire fonctionner sans trop simplifier, ni trop fragiliser. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Comment en êtes-vous venu à cette discipline ?

En 1968, je suis parti en mission à Madagascar. J’étais un jeune agronome sortant de l’école, formaté et pétri de certitudes concernant le bien-fondé des engrais de synthèse, des variétés végétales à haut potentiel de rendement et de toutes les techniques agrochimiques. Les rizières inondées fourmillent de vie : poissons, escargots, grenouilles, canards qui s’occupaient de manger les ravageurs et les mauvaises herbes… Tout ce système fonctionnait très bien, et me voilà qui arrivais avec mon riz high-tech, mes produits chimiques, et qui tuais tous ces poissons, ces canards, ces escargots, bref, toutes les sources de protéines.

Ces femmes malgaches m’ont dit : « Votre riziculture améliorée merci, mais on trouve que c’est plutôt une riziculture empirée. » Elles avaient entièrement raison ! J’ai eu la chance de me rendre compte très tôt que leur objet de travail était un agroécosystème d’une profonde complexité et que raisonner uniquement en termes de génétique, de rendement, d’engrais, etc., ne menait nulle part. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Nous serons bientôt 10 milliards sur Terre. Une agriculture inspirée de l’agroécologie peut-elle suffire à remplir tous ces estomacs ?

Sur un plan technique, oui, c’est parfaitement possible. Il n’y a pas de recette unique : chaque écosystème est différent. Mais il existe des points communs, comme faire usage du plus intensif à l’hectare de ce qui est le moins coûteux économiquement : l’énergie solaire, le gaz carbonique et l’azote atmosphérique pour que les plantes fabriquent glucides, lipides et protéines. Il faut également limiter au maximum l’emploi d’énergies fossiles et de produits de synthèse. Pas d’inquiétude, on peut largement nourrir 10 milliards de personnes avec une agriculture intelligente et durable.

Par opposition à l’agriculture industrielle ?

Cette forme de production n’est pas durable, c’est certain. Elle est extensive et grignote toujours plus de forêts et d’espaces naturels, au lieu d’intensifier à l’hectare l’emploi de ce qui ne coûte rien. Elle repose trop sur les énergies fossiles pour le fonctionnement des engins et la fabrication d’engrais azotés et de produits pesticides, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils sont nocifs pour l’environnement voire pour la santé.

En outre, elle a remplacé par des machines une force de travail agricole qui est pourtant surabondante à l’échelle mondiale, autrement dit, au prix de la pauvreté de millions de gens qui ont dû quitter l’agriculture et vivent dans des bidonvilles plutôt que de tirer un revenu et de la nourriture du travail de la terre.

Compte tenu de la démographie, n’est-il pas difficile de tourner le dos à ces techniques ?

Nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière est parfaitement possible. Si aujourd’hui 820 millions de personnes ont faim, et si un milliard souffrent de carences alimentaires, cela n’a rien à voir avec un manque de nourriture, mais avec les écarts de revenus. Ce sont des pauvres qui ne parviennent pas à acheter des aliments qui pourtant existent. Pour nourrir convenablement une personne, il faut environ 200 kilos de céréales (ou équivalents) par an. La production mondiale est d’environ 330 kilos aujourd’hui. Cherchez l’erreur…

Si des pauvres des favelas brésiliennes ont faim, c’est parce que le pays exporte son maïs et son soja vers les pays occidentaux pour nourrir nos cochons ou pour fabriquer des agrocarburants et donner à boire à nos voitures et à nos avions.

Erik Fyrwald, directeur général de Syngenta, disait, en 2017, que « l’agriculture bio ne produira jamais assez pour nourrir le monde ». Que répondez-vous ?

Les tenants de l’agrochimie brandissent toujours le rendement à l’hectare comme argument massue. Ce qui est important, c’est, selon moi, d’accroître la valeur ajoutée à l’hectare, c’est-à-dire de prendre en compte ce qu’on produit, mais aussi ce qu’on détruit. L’agriculture productive dont parle ce monsieur produit certes beaucoup, mais elle est aussi destructive puisqu’elle emploie des produits chimiques toxiques et des carburants fossiles. Son bilan net est très faible, de l’ordre d’un cinquième du produit brut. Dans les pays industrialisés, nous ne devons pas produire plus, nous devons produire mieux.

Comment produire mieux en refusant les innovations agronomiques ?

Mais l’agroécologie ne les refuse pas, tant qu’elles respectent le fonctionnement de l’écosystème ! La plus grande erreur de l’agriculture est d’avoir oublié que l’écosystème est un enchevêtrement d’interactions incroyablement complexes. Or, nous avons misé depuis plus d’un siècle sur un seul cheval : le rendement de variétés à haut potentiel, d’abord grâce à des croisements, puis grâce à la génétique, la chimie… Cela a imposé de modifier l’écosystème afin de le rendre conforme à ce potentiel et, ce faisant, nous l’avons fragilisé, voire menacé. Résultat, nous avons obtenu des cultures certes plus productives, mais également gourmandes en engrais et sensibles aux ravageurs. Sans oublier que des espèces résistantes aux traitements commencent à apparaître. Problèmes que le lobby agrochimique compte résoudre avec d’autres variétés, OGM ou non, d’autres molécules chimiques, etc. C’est une éternelle fuite en avant qui n’a aucun sens.

Faut-il se résoudre enfin à devenir végétarien ?

Plus il y a de gens qui accèdent à la viande, plus il faut envisager une production végétale importante pour l’élevage. De 3 à 10 calories végétales sont requises pour fabriquer une calorie animale. C’est un véritable défi auquel il faut réfléchir. Car, en réduisant la viande, ce sont autant de terres agricoles destinées à l’élevage qui deviennent disponibles pour nourrir des êtres humains. Si l’on veut combattre les problèmes de malnutrition, c’est sur ce genre de levier qui réduirait les inégalités de revenus qu’il faut agir. Sans compter qu’en manger un peu moins serait aussi bénéfique à notre santé…

L’agroécologie peut nous sauver, de Marc Dufumier (Actes Sud, 176 p., 18,50 €).

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19 juin 2019 3 19 /06 /juin /2019 13:04

Même si le secteur couvre désormais plus du quart des besoins mondiaux d’électricité, la stagnation de la hausse des énergies renouvelables et le déclin du nucléaire compliquent l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris, selon un groupe d’experts. Par Pierre Le Hir et Nabil Wakim le 18 juin 2019 pour Le Monde. Lire aussi Comment l’Europe profite à bas prix du soleil marocain, En Ile de France, les énergies renouvelables citoyennes ont le vent en poupe... et Climat : à Bruxelles, la France lâche les renouvelables.

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

C’est un paradoxe qui a de quoi inquiéter celles et ceux qui se préoccupent du climat : alors que le coût des énergies renouvelables électriques continue à baisser de manière fulgurante, le rythme d’installation de nouvelles capacités de solaire et d’éolien semble stagner au niveau mondial.

Dans son rapport annuel rendu public mardi 18 juin, le réseau international REN21, qui dresse un panorama complet de l’évolution des renouvelables dans le monde, souligne que la croissance se poursuit, mais qu’elle est comparable à celle de 2017. Un constat déjà fait, en mai, par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui s’alarmait de ce « tassement inattendu ».

C’est une mauvaise nouvelle pour la poursuite des objectifs climatiques et le respect de l’accord de Paris de décembre 2015. « Le monde ne peut pas se permettre de presser la touche “pause” concernant l’expansion des [énergies] renouvelables, et les gouvernements doivent agir rapidement pour corriger cette situation et permettre un flux plus rapide dans le développement de nouveaux projets », expliquait Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, début mai.

Pourtant, de prime abord, les bonnes nouvelles s’accumulent sur ce front : le secteur compte pour près des deux tiers (64 %) des nouvelles capacités de production d’électricité installées en 2018 et couvre désormais plus du quart (26 %) des besoins mondiaux d’électricité, tout en employant plus de 11 millions de personnes dans le monde. La croissance est aussi importante à l’échelle urbaine, puisque plus d’une centaine de grandes villes, de Seattle à Stockholm en passant par Auckland, Nairobi ou Dar es-Salaam (Tanzanie), consomment au moins 70 % d’électricité d’origine renouvelable.

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Le charbon reste dominant

Mais ce tableau est obscurci par les données des derniers mois. C’est la première fois, depuis 2001, que la croissance n’accélère pas d’une année sur l’autre. En 2018, les capacités installées de toutes les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, etc.) ont augmenté de 177 gigawatts, une tendance similaire à celle de l’année 2017.

Or, selon les calculs de l’AIE, les énergies renouvelables doivent croître de 300 gigawatts par an, en moyenne, entre 2018 et 2030, pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Au niveau mondial, le solaire et l’éolien occupent une part minime du mix (moins de 6 %), alors que le charbon reste dominant, avec 38 % de la production d’électricité.

Depuis quinze ans, la croissance des énergies renouvelables est portée par une diminution drastique des coûts – le solaire a baissé en moyenne de 90 % en dix ans –, mais aussi par des mécanismes de subventions. Or, dans de très nombreux pays, une diminution du soutien public et des changements de réglementation ont affecté le développement de cette énergie et de l’éolien.

C’est, par exemple, le cas en Chine. « Pékin, qui est le leader en capacité d’installation photovoltaïque et éolien, a revu, en 2018, son soutien au solaire, ce qui a abouti à une baisse de 45 % des installations », explique Rana Adib, secrétaire exécutive de REN21. Cette baisse de subventions s’explique par la volonté du gouvernement chinois de réduire l’enveloppe des coûts liés à ce soutien et de limiter les projets au modèle économique douteux.

Ralentissement dans de nombreux pays

Mais le ralentissement se ressent également dans d’autres pays. L’Allemagne, pays pionnier, en Europe, de la transition énergétique, voit ainsi le nombre de nouvelles installations éoliennes chuter lourdement. Au premier trimestre, l’installation de nouveaux parcs éoliens a produit seulement 134 mégawatts, son plus bas niveau depuis 2000. Sur l’année 2019, l’Allemagne ne devrait pas installer plus de 2 gigawatts, moitié moins que sa moyenne annuelle. En cause : le changement des règles de soutien public, mais aussi les difficultés juridiques qui s’accumulent et retardent l’exécution des projets. « Le secteur est en très grande difficulté en Allemagne », s’est alarmé, dans un communiqué, Giles Dickson, le PDG de WindEurope, l’association européenne de la filière.

Le secteur a besoin d’un soutien public important, financier et réglementaire, pour pouvoir s’imposer dans le mix électrique mondial

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

Infographie Le Monde, Sources AIE, LAZARD

En quête de décisions audacieuses

D’autres pays illustrent ce ralentissement, causé par des modifications dans les systèmes de subventions : en Inde, très gros consommateur de charbon, l’éolien marque également le pas. Au Japon, qui a tardé à se développer dans les énergies renouvelables, le solaire ralentit.

Ces difficultés illustrent le besoin pour le secteur de conserver un soutien public important, financier et réglementaire, pour pouvoir s’imposer dans le mix électrique mondial. « Ces énergies ont besoin de politiques stables et d’une vision de long terme, ainsi que d’une réflexion sur leur intégration dans les réseaux électriques d’une manière optimale », estime Fatih Birol.

« C’est aussi le soutien politique qui a permis de baisser les coûts, rappelle Rana Abid, mais des décisions plus audacieuses sont nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques. »

Le gaz en progression

Cette difficulté à croître rapidement est d’autant plus préoccupante qu’un autre pan du secteur électrique est en grande difficulté : le parc nucléaire mondial, dont la production n’émet pas de CO2, est en déclin, et de nombreux réacteurs vont devoir cesser leur activité dans les prochaines années.

Le nucléaire représente aujourd’hui 10 % de la fourniture d’électricité dans le monde, mais cette part est en baisse : plusieurs pays, comme l’Allemagne ou la Belgique, ont décidé de sortir de l’atome, et le nombre de réacteurs en construction est faible, tant cette technologie est coûteuse et complexe.

« Sans la contribution du nucléaire, la transition énergétique mondiale sera encore plus difficile », estime Fatih Birol. Selon l’AIE, si les réacteurs actuels ferment au rythme prévu, la pression pour développer les énergies renouvelables sera encore plus importante : non seulement le solaire et l’éolien devront remplacer le charbon, mais ils vont, en plus, devoir se substituer aux centrales nucléaires.

Un bilan sombre qui devrait inciter les Etats à muscler sérieusement leurs politiques d’économies d’énergie, pour limiter les émissions de CO2 et l’augmentation du coût de la facture énergétique pour les citoyens.

En attendant, c’est une autre source d’énergie qui progresse fortement et continûment : le gaz. Il est porté par la hausse de la production du gaz de schiste américain. Dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis et en Chine, il tend à remplacer le charbon dans la production d’électricité, ce qui permet de diminuer les émissions de CO2. Mais pas de les ramener à un niveau suffisant pour respecter l’accord de Paris.

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17 juin 2019 1 17 /06 /juin /2019 11:18

Plutôt que de faire diminuer le nombre de camions, les pouvoirs publics s’attaquent aux vieilles guimbardes. Un point de vue différent sur la Zone de Faible Emission de la Métropole du Grand Paris, par Hélène Torjman le 12 juin 2019 pour Politis. Lire aussi 100 000 euros d'astreinte journalière demandés à l'Etat face à l’inaction sur la pollution de l’air et Paris, encore loin des villes européennes modèles pour la pollution de l’air et la mobilité.

Les vieilles voitures… et les nouvelles

Une fois de plus, ce sera aux « gens qui ne sont rien » de payer pour la transition écologique. Par un abus de pouvoir, plusieurs villes, dont Paris et sa petite couronne, ont décidé d’interdire les voitures jugées trop anciennes, car elles pollueraient plus que les autres. Les personnes modestes ont rarement de quoi acheter le dernier cri en matière automobile, alors que les plus aisés changent de voiture tous les trois ans. Les propriétaires des gros 4x4 qui envahissent les villes n’ont donc aucun souci à se faire, pas plus que les camionneurs, malgré des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de particules fines bien plus importantes. Le gouvernement s’était par ailleurs engagé lors du Grenelle de l’environnement à soutenir le ferroutage, pour porter sa part dans le transport de marchandises à 25 % en 2020. Il est de 10 % aujourd’hui, et le dernier train livrant des fruits et légumes à Rungis est menacé… Plutôt que de prendre des mesures ambitieuses pour diminuer le nombre de camions, les pouvoirs publics préfèrent s’attaquer aux propriétaires de vieilles guimbardes. Outre l’injustice d’une telle décision, cette politique est tout à fait contre-productive.

Tout d’abord, il s’agit d’obliger une partie de la population à acheter des voitures neuves pour faire tourner l’industrie automobile. Or, produire plus de véhicules signifie plus de matières premières extraites, plus d’énergie consommée dans la production, plus de pollution et plus de déchets (mais du travail). Cela participe à l’obsolescence accélérée qui touche les biens, les technologies, les compétences… Une telle « relance par les normes » est tout sauf écologique et sociale.

Ensuite, contrairement à une croyance commune, les nouvelles voitures ne sont pas plus propres que les anciennes. Elles émettent directement moins de GES et de particules fines, c’est vrai. Mais les moteurs électriques fonctionnent avec des aimants composés de métaux rares, dont les multiples gadgets électroniques font aussi un grand usage. Et l’exploitation de ces métaux rares est une catastrophe humaine et environnementale. La connexion généralisée engendre aussi un flot croissant de données qu’il faut traiter et stocker, d’où un besoin toujours plus grand d’énergie (1). Plus profondément, nos sociétés persistent dans la frénésie de ressources qui a contribué à nous mener là où nous sommes.

Enfin, les vieilles voitures peuvent facilement être entretenues et réparées par quelqu’un d’un peu bricoleur, pour des sommes en général modiques, ce qui n’est pas le cas des nouvelles, dont il ne sert à rien d’ouvrir le capot si on n’a pas une licence d’électronique et l’outillage adéquat. Dans les termes d’Ivan Illich, les vieilles voitures sont « conviviales », elles sont sobres et favorisent l’autonomie des personnes (2). Faire durer des objets solides et simples ferait plus pour la planète que de sans cesse renouveler des produits sophistiqués et toujours plus fragiles.

(1) La Guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, Guillaume Pitron, Les liens qui libèrent, 2018.

(2) La Convivialité, Ivan Illich, Seuil, 1973.

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13 juin 2019 4 13 /06 /juin /2019 09:31

En France, 200 millions de mètres cubes de résidus à vie longue n’ont pas de filière de gestion. Seuls 1,6 million de mètres cube sont pris en charge par l’Andra. Par Pierre Le Hir le 11 juin 2019 pour Le Monde.                                   Lire aussi Ces déchets nucléaires près de chez vous, L’enfouissement des déchets radioactifs n’est pas la seule solution, selon un rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, Seul 1% du combustible nucléaire français est recyclé et Déchets nucléaires : l’État doit cesser de mentir.

Le lent poison des déchets radioactifs « oubliés » qui contaminent les sols français

Devant le stade municipal de la petite ville de Gueugnon (Saône-et-Loire), une esplanade goudronnée, entièrement vide, est ceinturée d’un grillage métallique haut de deux mètres. « Accès interdit », annonce en lettres rouges un panneau. Sur cet ancien terrain vague, la commune avait prévu d’aménager un parking pour les jours d’affluence. Car le Football Club de Gueugnon a eu son heure de gloire : champion de France de deuxième division en 1979, vainqueur de la coupe de la Ligue en 2000 face au PSG.

Là, sous le bitume, reposent plus de 20 000 tonnes de déchets radioactifs déversés par une ancienne usine de traitement de minerai d’uranium, exploitée, de 1955 au début des années 1980, par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), puis par la Cogema, devenue Areva et aujourd’hui Orano.

« A certains endroits, ça crache ! Les émanations de radon [un gaz cancérigène formé par la désintégration de l’uranium] sont énormes », affirme le physicien Roland Desbordes, porte-parole et ancien président de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), qui a mené plusieurs campagnes de mesures.

Fermé au public depuis 2009, le terrain n’a longtemps été gardé que par de simples barrières. En octobre 2018 encore, lors d’un match, des dizaines de supporteurs y ont pénétré pour se garer. Ce n’est que début 2019 qu’a été posé un grillage et que le site a été intégré à une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), englobant une ancienne sablière où ont été transvasées 220 000 tonnes de boues uranifères, recouvertes d’une butte de terre. Sans que nul ne s’en émeuve à l’époque. Au point qu’avait été aménagé, tout autour, un parcours de santé démonté depuis.

« Informations tronquées et tendancieuses »

Le cas de Gueugnon est loin d’être isolé. Entre 1947 et 2001, près de 250 gisements d’uranium ont été exploités dans l’Hexagone, pour la fabrication de l’arme atomique puis l’alimentation en combustible des réacteurs nucléaires.

Ils ont laissé comme héritage 51 millions de tonnes (environ 40 millions de mètres cubes) de résidus stockés dans les enclaves minières, mais aussi 170 millions de tonnes (plus de 100 millions de mètres cubes) de stériles : des roches extraites pour accéder au minerai, qui contiennent des métaux lourds radioactifs. Ces stériles ont été entassés çà et là en « verses », lorsqu’ils n’ont pas été réutilisés, sans autre précaution, pour remblayer des chemins, aménager des terrains de sport, voire servir de soubassement à des habitations.

De ces montagnes de résidus, il n’y a pourtant pas trace dans les documents d’information mis à la disposition du public, dans le cadre du débat en cours sur le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR). Du moins pas dans les documents les plus accessibles, comme  la synthèse du dossier coproduit par le ministère de la transition écologique et solidaire et par l’Autorité de sûreté nucléaire. On y lit qu’« à la fin 2017, toutes catégories confondues, le stock de déchets radioactifs est d’environ 1,6 million de mètres cubes ». Un chiffre tiré de l’inventaire établi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et repris dans toutes les publications officielles.

« Contrairement à ce qu’affirme le dossier, le stock n’est pas de 1,6 million, mais de l’ordre de 200 millions de mètres cubes », s’étrangle Corinne Castanier, responsable de la réglementation et de la radioprotection à la Criirad. Laquelle a décidé de boycotter le débat public, pour protester contre « des informations tronquées et tendancieuses ».

Parmi les déchets radioactifs « oubliés » figurent donc les rebuts des activités minières et les stériles uranifères. S’ajoutent 50 millions de mètres cubes de déchets à radioactivité naturelle élevée : des substances contenant des radionucléides et générées par de multiples activités, comme la production d’engrais ou d’alumine, la combustion de charbon dans les centrales thermiques, ou encore l’industrie du zirconium (utilisé dans la métallurgie, la pétrochimie, la cimenterie ou la fonderie). S’ajoutent encore 282 000 mètres cubes de déchets produits par l’usine de purification du minerai d’uranium d’Orano, à Malvési (Aude) : des résidus de traitement entreposés dans des bassins de décantation.

Dix-sept sites de stockage

Comment justifier une omission aussi massive ? « Le dossier des maîtres d’ouvrage est de leur responsabilité, se défend la magistrate Isabelle Harel-Dutirou, qui préside la commission du débat sur le PNGMDR. Notre rôle est de veiller que grâce au débat, l’information du public soit complète, sincère et accessible. Les rencontres thématiques permettront de traiter de tous les types de déchets radioactifs. »

L’inventaire de l’Andra précise en réalité que le chiffre de 1,6 million correspond aux « volumes de déchets déjà stockés ou destinés à être pris en charge par l’Andra ». Si l’on prend la peine de le lire de façon exhaustive, on y trouve bien le recensement détaillé – catégories, volumes, localisations – de tous les autres déchets, présentés comme des « cas particuliers » ou des « situations historiques ».

Inventaire des déchets radioactifs en France à fin 2017. Andra

Inventaire des déchets radioactifs en France à fin 2017. Andra

« La mission que la loi a confiée à l’Andra est d’une part d’inventorier l’ensemble des déchets radioactifs présents sur le territoire national, d’autre part de gérer les déchets de haute et moyenne activité à vie longue [les plus dangereux, destinés à rejoindre le centre de stockage géologique de Bure dans la Meuse] et ceux en cours de production. Pas les déchets historiques déjà stockés sur des sites qui font tous l’objet de surveillance et de contrôles », explique Soraya Thabet, chargée de cet inventaire.

Les résidus générés par le traitement du minerai d’uranium sont ainsi regroupés dans dix-sept sites de stockage, pour l’essentiel dans le centre de la France, au sein d’ICPE placées sous la responsabilité d’Orano. L’industriel effectue chaque année 30 000 analyses de l’air, de l’eau, de la végétation et de la chaîne alimentaire, indique Jean-Michel Romary, directeur du démantèlement et des déchets. Pour les stériles uranifères, il assure aussi « une mission de service public » : il en a fait, entre 2009 et 2013, la cartographie par survol aérien et il consacre 1 million d’euros par an à assainir les sites où la radioactivité est la plus élevée.

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7 juin 2019 5 07 /06 /juin /2019 10:36

Après une première édition en février 2018 [1], Générations Futures publie ce 6 juin 2019 une nouvelle édition de son rapport sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes consommés en France, fondée sur 13 300 analyses. 71,9 % des échantillons de fruits et 43,3 % des légumes présentent des résidus de produits phytosanitaires. D’après Générations futures le 6 juin 2019. Lire aussi Les pesticides perturbateurs endocriniens présents dans les eaux de surface en France, Les cartes de la consommation française de pesticides et les Glyph’Awards de Générations Futures et Des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans notre alimentation.

Sébastien Salom Gomis/SIPA

Sébastien Salom Gomis/SIPA

Contexte

Les résidus de pesticides présents dans les aliments préoccupent les consommateurs et consommatrices français(es) et européen(ne)s. Ainsi la présence de résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales apparait au tout premier rang des préoccupations en matière de risque alimentaire en Europe ! En France ces résidus dans les fruits, légumes, céréales, infusion, aliments pour bébé font l’objet de plans de surveillance annuels réalisés par la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). Malheureusement les consommateurs ne retirent pas une information réellement utilisable de ces plans de surveillance. En effet les résultats détaillés, aliment par aliment, ne font pas l’objet d’une communication grand public, seuls des résultats globaux étant la plupart du temps mis en avant. De plus, les résultats fournis sont irréguliers et pas forcément représentatifs : tous les aliments ne sont pas analysés tous les ans, ou alors le sont en nombre trop faible pour que les résultats trouvés soient réellement significatifs. Une grande ONG américaine (EWG) diffuse également des rapports sur les résidus de pesticides dans les aliments, mais ces rapports ne rendent pas compte de la situation française car les substances actives pesticides autorisées aux Etats-Unis ne sont pas les mêmes qu’en Europe et les pratiques agricoles sont différentes. C’est pourquoi aujourd’hui Générations Futures souhaite aller plus loin pour répondre à l’attente des consommateurs/trices français.es en leur permettant de pouvoir avoir accès à une information aussi complète et à jour que possible sur la présence de résidus de pesticides dans les fruits et légumes non bios réellement vendus et consommés en France.

Données et méthodologie

Nous avons donc réalisé ce nouveau rapport en intégrant les données des plans de surveillance de 2012 à 2017 de la DGCCRF, ce qui représente une période d’étude de 6 années ! De plus, pour pouvoir fournir des résultats réellement significatifs nous n’avons retenu que les végétaux analysés au moins 5 années sur 6 et dans un nombre significatif d’échantillons. Le résultat est un rapport exclusif bâti sur les résultats de plus de 13 000 analyses ! En tout ce sont 18 fruits et 32 légumes qui ont pu être étudiés sur la base des données fournies par la DGCCRF.

Quels résultats ?

Présence de résidus de pesticides : Valeurs moyennes pour les fruits et légumes

Sur les 6 années, ce sont en moyenne 71,9% des échantillons de fruits qui contenaient des résidus de pesticides avec 2,9% de dépassement de la Limite Maximale en Résidus (LMR). Pour les légumes, la moyenne est de 43,3% des échantillons concernés et 3,4% de dépassement de LMR.

Présence de résidus de pesticides quantifiés : Valeurs détaillées par fruits et légumes

  • La cerise (pour 89% des échantillons), la clémentine/mandarine (88,1%), le raisin (87,3%), le pamplemousse/pomelos (86,3%), les nectarines/pêches (83%), les fraises (82,9%), et les oranges (81,2%) sont tout en haut du classement pour la présence de résidus de pesticides quantifiés dans les échantillons analysés par les fraudes entre 2012 et 2017. Les fruits qui sont les moins concernés par cette présence de résidus de pesticides sont les prunes/mirabelles (50,8%) suivis des avocats (27,8%) et des kiwis (25,8%).
Des résidus de pesticides dans les 3/4 des fruits et 43% des légumes non bio
  • De la même manière pour les légumes, ce sont les céleris-branches (84,9%), le céleri-rave (82,5%), les herbes fraîches (69,3%), les endives (67,2%), ou encore les laitues (66,5%) qui se retrouvent dans le haut du classement pour la présence de résidus de pesticides quantifiés sur cette période. En fin de classement, pour cette présence des résidus de pesticides, on trouve : les betteraves (6,9%), les madères/ignames (3,7%), les asperges (2,1%) et enfin le maïs doux (0,8%). Voir ci-dessous.
Des résidus de pesticides dans les 3/4 des fruits et 43% des légumes non bio

Quid des limites maximales en résidus ? Concernant les dépassements des limites maximales en résidus de pesticides, ces seuils légaux fixés par l’UE et qui ne doivent pas être dépassés, la palme revient :

  • Pour les fruits aux ananas (9,6% des échantillons), suivi des cerises (5,2%), des kiwis (4,2%), des pamplemousses/ pomelos (4,2%) et des clémentines/mandarines (3,9%).
Des résidus de pesticides dans les 3/4 des fruits et 43% des légumes non bio
  • Pour les légumes, ce sont les herbes fraîches qui dans 21,5 % des cas présentent des dépassements de LMR, suivi du céleri-branche (15,7%) puis du céleri-rave (10,8%) et des navets (8,8%).
Des résidus de pesticides dans les 3/4 des fruits et 43% des légumes non bio
  • Enfin, dans les légumes, l’ail, le maïs, la pastèque et les potirons ne présentent aucun dépassement de LMR. En revanche, pour les fruits, tous ont été concernés par des dépassements de LMR.

Demandes

Après la publication du précédent rapport de Générations Futures sur les résidus de pesticides en 2018, des professionnels avaient regretté que notre travail ne présente pas des données selon la zone de production des végétaux : France, UE, hors UE. Nous n’avions pas pu à l’époque réaliser ce type de présentation car les données fournies par la DGCCRF ne contenaient pas les éléments nécessaires. Nous avons donc demandé à la DGCCRF qu’elle nous transmette des données mentionnant les lieux de production des denrées analysées en 2018 et en 2019. Nous n’avons malheureusement reçu aucune réponse à ces demandes à ce jour. De même, nous souhaiterions pouvoir accéder aux données brutes afin de connaitre le détail des molécules retrouvées et le nombre de résidus par échantillons, informations qui font aussi défaut. Gageons que nous aurons ces éléments pour la mise à jour de notre rapport en 2021.

« Nous espérons que ce nouveau rapport apportera toutes les informations que les consommateurs français attendent sur la réalité de la présence de résidus de pesticides chimiques de synthèse dans leurs fruits et légumes non bios. » déclare François Veillerette, Directeur de Générations Futures. « Bien sûr il faut encourager la consommation de fruits et de légumes. Mais aujourd’hui les consommateurs veulent bénéficier de leurs bienfaits sans avoir à ingérer en même temps des résidus de pesticides aux propriétés inquiétantes. Au-delà de constituer une source d’information utile au consommateur dans ses choix, nous souhaitons que ce rapport permette à tou.te.s de prendre conscience de la nécessité de changer les pratiques agricoles en sortant de notre dépendance à ces polluants dont certains présentent un danger pour notre santé et notre environnement. » ajoute t-il.

Téléchargez le rapport complet Résidus de pesticides fruits et légumes 2019

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6 juin 2019 4 06 /06 /juin /2019 09:07

Une vaste étude anglaise révèle que les antibiotiques contaminent la plupart des fleuves du monde, atteignant des concentrations jusqu'à 300 fois supérieures au niveau sécurisé. Les fleuves d'Afrique et d'Asie sont les plus contaminés. La pollution de l'eau peut permettre aux bactéries de développer une résistance aux antibiotiques. D’après Leila Marchand et Claude-Marie Vadrot pour Les Echos et Politis. Lire aussi Les cours d'eau européens gravement pollués par des produits agricoles interdits.

Les échantillons prélevés sur le Danube en Autriche contenaient sept antibiotiques. Shutterstock

Les échantillons prélevés sur le Danube en Autriche contenaient sept antibiotiques. Shutterstock

Des centaines de rivières dans le monde sont contaminées par des antibiotiques, révèle la plus importante étude menée jusqu'à présent sur le sujet et présentée ce lundi à Helsinki. Sur 711 sites testés par les chercheurs, 65 % se sont révélés être contaminés par ces médicaments.

« C'est assez effrayant et déprimant », a déclaré  Alistair Boxall, chercheur en sciences environnementales et coresponsable de l'étude, lors de la  conférence à Helsinki organisée par la SETAC (Société de toxicologie et de chimie de l'environnement). Il s'est dit inquiet que ces niveaux élevés ne participent à la résistance des bactéries aux antibiotiques.

De grandes quantités d'antibiotiques sont libérées dans les cours d'eau par les rejets des stations d'épuration ou par les ruissellements naturels. Dans ces zones en particulier, les bactéries apprennent à s'adapter et résister à ces substances. L'augmentation de bactéries résistantes est une urgence sanitaire mondiale qui pourrait tuer 10 millions de personnes d'ici 2050, a prévenu l'ONU le mois dernier.

Concentrations supérieures aux niveaux de sécurité

« Jusqu'à présent, la majeure partie du travail de surveillance environnementale des antibiotiques a été effectuée en Europe, en Amérique du Nord et en Chine - souvent avec seulement quelques antibiotiques. Nous connaissons très peu l'ampleur du problème à l'échelle mondiale », a déclaré John Wilkinson, chercheur de l'université d'York. « Notre étude contribue à combler cette lacune en matière de connaissances en générant des données pour des pays qui n'avaient jamais été surveillés auparavant ».

Dans cette étude menée par l'université de York, les scientifiques ont recherché 14 antibiotiques couramment utilisés dans 72 pays. Résultat, dans 111 des 711 sites testés, les concentrations en antibiotiques sont supérieures aux niveaux de sécurité. Dans les cas les plus graves, ces concentrations dépassent de plus de 300 fois la limite de sécurité. C'est notamment le cas sur un site du Bangladesh avec le métronidazole, un antibactérien utilisé pour traiter les infections de la peau et de la bouche.

Les fleuves qui posent problème et dont les mauvais résultats ont surpris les chercheurs sont aussi bien européens qu’asiatiques puisque la Tamise qui traverse l’Angleterre comme le Brahmapoutre qui irrigue le Bangladesh sont concernés, même si le second présente une concentration supérieure. Les pays à faible revenu, ne disposant souvent pas de la technologie nécessaire pour éliminer les antibiotiques dans leurs installations de traitement des eaux usées, sont les plus pollués. Trente-cinq pour cent des sites testés en Afrique dépassent les niveaux de sécurité, un fleuve au Kenya étant même tellement contaminé qu'aucun poisson ne peut y survivre, ont déclaré les chercheurs. Des niveaux considérés comme dangereux ont également été identifiés au Pakistan, au Kenya, au Ghana et même dans les rares systèmes d’irrigation situés à la frontière de la Palestine et d’Israël. Les mêmes risques ont été identifiés dans la Seine, le Mékong ou le Tibre.

La Tamise, cocktail d'antibiotiques

Les pays les plus riches ne sont pas non plus à l'abri. Le « beau Danube » réputé bleu, deuxième fleuve d’Europe pour sa longueur, vient au premier rang pour son niveau de pollution médicamenteuse, le record étant détenu lors de sa traversée de l’Autriche. Les échantillons prélevés contenaient sept antibiotiques, dont la clarithromycine, utilisée pour traiter les infections des voies respiratoires, à un taux presque quatre fois supérieur au niveau considéré sans risque.

S’agissant des antibiotiques identifiés, c’est la ciprofloxacine qui a été le plus fréquemment identifiée. Ce médicament est utilisé pour combattre de nombreuses infections, notamment celles qui affectent les poumons et les bronches. Ce produit est interdit d’utilisation pour les enfants et les femmes enceintes, qui risquent donc d'en absorber par le biais de la consommation d’eau. Le produit « vedette » identifié au Bangladesh est le métronidazole, un antibactérien traitant de nombreuses affections allant de l’acné aux troubles intestinaux.

Évidemment, ces résidus de produits antibiotiques n’empoisonnent personne mais ils contribuent à la croissance rapide de la résistance aux pouvoirs de guérison de nombreux médicaments, comme le souligne le professeur Alistair, le patron de l’Institut environnemental de l’université de York qui a réalisé cette étude : « De nombreux scientifiques et des responsables politiques reconnaissent désormais le rôle de l’environnement dans la progression des résistances aux traitements par les antibiotiques. Les résultats préoccupants vont nous ouvrir les yeux car ils montrent à quel point le système mondial des cours d’eau contribue à cette contamination. Régler ce problème sera une tâche gigantesque et nécessitera de lourds investissements dans le domaine du traitement des déchets et des stations d’épuration des eaux. »

La Tamise - dans laquelle deux tiers des déchets sont constitués de microplastiques - recèle un cocktail de cinq antibiotiques, rapporte le « Guardian ».  La ciprofloxacine, utilisée pour traiter les infections de la peau et des voies urinaires, y est présente à un niveau trois fois supérieur au niveau de sécurité.

« Même les faibles concentrations observées en Europe peuvent entraîner l'évolution de la résistance et augmenter les risques de transfert de gènes de résistance à des agents pathogènes humains », a prévenu William Gaze, chercheur spécialisé dans la résistance aux antimicrobiens lors de la conférence. L'équipe de recherche envisage maintenant d'évaluer les impacts environnementaux de la pollution par les antibiotiques sur la faune, y compris les poissons, les invertébrés et les algues.

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5 juin 2019 3 05 /06 /juin /2019 10:29

En 2018, cinq mille exploitations ont abandonné engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques pour se convertir au bio. Avec deux millions d’hectares cultivés en bio l’an dernier en France, il y a vraiment « un cap franchi » côté production, « en ligne avec l’objectif de parvenir à 15 % de la surface agricole en bio fin 2022 », a déclaré Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio. D’après l’Agence Bio, Le Parisien et Laurence Girard pour Le Monde le 4 juin 2019.

L'aggrozouk, un "véloculteur" équipé d'outils en tout genre, conçu pour circuler entre les rangées de légumes, par l'Atelier paysan/Joseph Templier/Fabrice Clerc

L'aggrozouk, un "véloculteur" équipé d'outils en tout genre, conçu pour circuler entre les rangées de légumes, par l'Atelier paysan/Joseph Templier/Fabrice Clerc

« Je ne voyais plus de perspective dans l’agriculture conventionnelle. Des rencontres et des visites d’autres exploitations m’ont convaincu d’abandonner la chimie » : Frédéric Piot explique ainsi les raisons de sa conversion à l’agriculture biologique.

Après s’être déjà posé la question en 2009, avant de refuser l’obstacle, il a finalement sauté le pas en 2015. Un choix radical négocié par ce quinquagénaire, propriétaire de la ferme d’Egreville à Saint-Germain-Laxis, en Seine-et-Marne.

Sur 230 hectares, il produisait blé, colza et orge. L’exemple même de l’exploitation céréalière d’Ile-de-France. « Nous sommes passés à une dizaine de cultures, comme la luzerne, les lentilles, le soja ou le pois, mais aussi à des cultures valorisées comme le blé, l’orge ou le maïs et nous relançons la betterave. On revient en gros à ce que faisaient nos grands-parents. Et quitte à revenir à avant, nous avons réintroduit l’élevage avec un atelier de poules pondeuses et un troupeau de vaches à viande », explique M. Piot avant d’ajouter qu’il a aussi une vingtaine de chevaux en pension. « Il faut prendre du plaisir à notre métier, mais aussi en vivre », lâche-t-il.

Un exemple de conversion marquant du fait de la taille de son exploitation, mais qui n’est pas un cas isolé. Le bataillon des agriculteurs prêts à jeter aux orties engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques n’a jamais été aussi important qu’en 2018.

Selon les chiffres publiés mardi 4 juin par l’Agence Bio, 5 000 exploitations supplémentaires sont venues grossir les rangs de l’agriculture biologique, portant leur nombre, en net, à 41 623. Un niveau de recrutement record. Désormais, 9,5 % des fermes françaises sont certifiées bio. En termes de surface, un seuil a aussi été franchi avec le passage du cap des 2 millions d’hectares cultivés selon des principes respectueux de l’environnement. Ce qui représente 7,5 % de la surface agricole utile (SAU) française.

Progression record du bio dans l’agriculture française

Surcroît de travail

« Nous sommes passés à la vitesse supérieure. Dans plusieurs régions, il y a un phénomène de bascule. Les surfaces converties en bio sont plus importantes, signe que les cultures céréalières s’y mettent également », souligne Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio.

La palme reste toutefois détenue par les vergers dont les surfaces plantées en bio dépassent les 23,3 %. En queue de peloton, les grandes cultures avec un pourcentage de bio de 4,3 %, les élevages de poulets de chair (1,6 %) et les élevages porcins avec un maigre 1,3 %.

Progression record du bio dans l’agriculture française

Une opportunité saisie par Alain Gibault, à Lengronne, dans la Manche. Lorsqu’il a repris la ferme de la Datinière en 2015 et s’est associé avec ses oncles, il a décidé d’installer un élevage de porcs bio dans un bâtiment vide. Des porcs élevés sur paille. Une production qui s’accompagne de neuf cultures différentes en bio sur 280 hectares. Selon la coopérative bretonne Cooperl, une dizaine de ses éleveurs s’est convertie au bio. Sur ce marché de la viande porcine, l’offre ne répond pas à la demande. Et de loin.

Reste que passer au bio, n’est pas sans risque ni aléas. « Tous les matins vous êtes seuls face à votre problème. Avec la chimie, c’est comme si vous aviez une gomme. Quand vous faites un mauvais dessin, vous prenez la gomme et vous effacez. En agriculture bio, quand vous faites une erreur, vous payez cash », explique M. Piot. Il souligne aussi le surcroît de travail inhérent à sa nouvelle organisation. Même constat à la ferme de la Datinière, qui emploie quatre salariés contre un auparavant. D’où la forte hausse du nombre d’emplois direct. Les fermes bio en totalisent 100 300, ce qui représente 14 % de l’emploi agricole.

Les retards de paiement des aides de l’État n’ont cessé de s’accumuler, mettant en difficulté nombre d’exploitations

Pendant la période charnière de transition entre les deux modes de production, des aides à la conversion sont prévues pour soutenir l’agriculteur. Elles sont versées pendant cinq ans, sachant que le temps de conversion stricto sensu dure trois ans. Période pendant laquelle les productions n’ont pas encore le label AB et n’ont donc pas la valorisation correspondante.

Des aides au maintien devaient par ailleurs prendre le relais après le cap des cinq ans. Le gouvernement s’était ainsi engagé à un financement de 1,1 milliard d’euros pour le plan bio sur la période 2018-2022.

Progression record du bio dans l’agriculture française

Oui mais voilà, le versement de ces aides a viré au casse-tête. Les retards de paiement n’ont cessé de s’accumuler mettant en difficulté nombre d’exploitations. « Les dates de versement ne sont pas respectées. Nous n’avons rien touché au titre de l’année 2018. Ce qui représente entre 40 000 et 45 000 euros. Nous avons dû faire des prêts à court terme pour compenser », explique M. Gibault.

Même son de cloche chez Gwenaël Le Berre. Propriétaire de la ferme de Kerdroual à Gourlizon dans le Finistère, il a cumulé depuis son passage en bio, il y a trois ans, une « dette d’Etat » de même ordre et n’a rien touché au titre de 2018. « L’échéance de paiement est maintenant fixée au 30 juin », assure M. Le Berre, qui a choisi d’abandonner l’élevage laitier conventionnel pour se tourner vers un élevage bio de race à viande Angus.

Un retard préjudiciable alors que, dans le même temps, l’Etat a fixé dans la loi Alimentation un objectif de 15 % de surface agricole française cultivée en bio en 2022. « Même si nous sommes sur une bonne pente, le rythme n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs fixés par la loi. Il faudrait 7 000 conversions par an », tempère M. Guhl.

Un risque de guerre des prix

Face à cette progression de la production, l’appétit des consommateurs est scruté de près. « La consommation de produit bio croît à un rythme très proche de celui de la production. En 2018, les Français ont dépensé 1,4 milliard d’euros supplémentaires soit un total de 9,7 milliards d’euros, ce qui représente 5 % des achats alimentaires des ménages », estime M. Guhl, qui tient à souligner la stabilité de la part des importations, à 31 %. « Le bio est une valeur refuge, gage d’innocuité, face à la peur des pesticides », analyse Charles Kloboukoff, président de la société Léa Nature.

Si la grande distribution, qui compte bien profiter de ce marché, joue un rôle clé dans la démocratisation du bio, certains s’interrogent sur un risque de guerre des prix qui pourrait bousculer la chaîne de valeur de cette agriculture.

« Malheureusement, les marchés porteurs, comme le bio ou le végétal, peuvent être identifiés comme des marchés d’appels. La pression de la grande distribution est entière. Il y a presque une logique de dire qu’il est important de se positionner de manière compétitive sur ces tendances de consommation », affirme Olivier Clanchin, dont l’entreprise Triballat Noyal a été un des pionniers du bio dans les magasins spécialisés mais aussi dans la grande distribution avec sa marque Vrai.

Il met aussi en garde contre l’excès de production de lait bio en France. « L’offre est passée de 600 millions de litres en 2016 à 1 milliard de litres aujourd’hui », précise-t-il

Progression record du bio dans l’agriculture française

Tout l’enjeu pour les agriculteurs bio est de défendre des prix rémunérateurs. M. Le Berre, qui vend sa viande en circuit court, s’est associé à trente éleveurs pour soutenir un projet de réouverture d’un petit abattoir public dans le Finistère. Ou comment allier bio et local, un argument précieux aux yeux des consommateurs.

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1 juin 2019 6 01 /06 /juin /2019 13:40

Une future usine de nettoyage des linges radioactifs, en Haute-Marne, inquiète les riverains. Par Emilie Torgemen le 28 mai pour l'Humanité. Lire aussi Ces déchets nucléaires près de chez vous.

Les combinaisons et textiles divers utilisés dans les centrales nucléaires sont nettoyés dans des laveries spécialisées,  comme celle qui doit ouvrir en 2021 non loin de Bure (Meuse).

Les combinaisons et textiles divers utilisés dans les centrales nucléaires sont nettoyés dans des laveries spécialisées, comme celle qui doit ouvrir en 2021 non loin de Bure (Meuse).

À Suzannecourt (Haute-Marne), la Marne s’écoule à petit filet. Si près de sa source, l’affluent de la Seine n’a pas le fort débit qu’il atteint en région parisienne. C’est sur les berges de cette petite rivière qu’Unitech compte installer sa prochaine « laverie nucléaire ». Or, 101 riverains et trois associations environnementales, Cedra (Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs), Nature Haute-Marne et le Réseau Sortir du nucléaire, attaquent en justice ce gigantesque pressing destiné à laver le linge contaminé des centrales nucléaires françaises. Ils ont déposé hier un recours en référé contre un arrêté accordant un permis de construction d’une laverie nucléaire dans cette commune.

« C’est un non-sens d’installer une activité polluante et radioactive en tête de bassin, pointe Bertrand Thuillier, ingénieur remonté contre ce projet. La chimie et notamment les phosphates vont faire proliférer les algues, la radioactivité va polluer l’eau potable des villes alentour. » Jusqu’au lac du Der, site touristique à 40 km, qui pourrait selon lui être contaminé.

60 000 L d'eau rejetés chaque jour eau

A terme, l’installation, qui doit ouvrir en 2021, doit laver plus de 1 900 t de linge par an et rejeter chaque jour près de 60 000 l d’une eau potentiellement chargée en phosphates, en nitrates, en métaux lourds… et en matières radioactives.

« Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, défend de son côté Jacques Grisot, directeur général d’Unitech. Selon les études, les rejets prévus seront trois cents fois sous les seuils légaux. »

Les laveries nucléaires sont des installations peu connues : on y nettoie combinaisons, vêtements, textiles divers utilisés dans les centrales avant de les retourner à l’envoyeur. A Suzannecourt, on lavera 30 % de « linge blanc », c’est-à-dire non radioactif, et 70 % de « linge rouge » irradié. Mais les combinaisons les plus exposées aux radiations n’y ont « pas droit de cité », insiste Jacques Grisot. Considérées comme des déchets, elles sont stockées à La Hague (Manche). Historiquement, les centrales françaises disposaient chacune de leurs machines à laver mais la tendance est à la sous-traitance. La laverie de Suzannecourt est censée prendre la relève de celle d’Areva à La Hague.

Le futur « pressing atomique » de Haute-Marne est situé à une vingtaine de kilomètres de Bure, le village de la Meuse qui doit accueillir Cigéo, le projet d’enfouissement des déchets radioactifs. Surprenant ? Pas du tout. « C’est la double peine, s’agace Jacques Leray, porte-parole du Cedra. Comme nous acceptons la poubelle radioactive du pays, l’Etat nous a promis une enveloppe pour développer le territoire (NDLR : les producteurs de déchets radioactifs distribuent dans ce département 30 millions d’euros par an). L’argent ne va pas dans des projets porteurs, il retourne en fait au nucléaire ! » Sur les rives de la Marne, au milieu des champs et des jolis corps de ferme, les industries nucléaires inquiètent de plus en plus. Quatorze communes situées plus bas sur le cours d’eau ont délibéré contre ce projet. La contestation se développe au fil de l’eau.

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29 mai 2019 3 29 /05 /mai /2019 09:15

Avec ses 58 réacteurs et 60 ans d’existence, l’industrie électronucléaire française produit des déchets radioactifs en masse, qui s’accumulent au fil des ans. Que deviennent-ils ? Où sont-ils stockés ? Par où transitent-ils ? Notre carte des déchets nucléaires vous permet de découvrir les 70 principaux lieux de stockage et axes de transport de matières et déchets radioactifs à proximité de votre commune. Par Greenpeace le 28 mai 2019. Lire aussi L’enfouissement des déchets radioactifs n’est pas la seule solution, selon un rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, Seul 1% du combustible nucléaire français est recyclé et Déchets nucléaires : l’État doit cesser de mentir.

Le Parisien Infographie K. Vasseur, source Greenpeace.

Le Parisien Infographie K. Vasseur, source Greenpeace.

Nous sommes toutes et tous concerné.e.s par les déchets nucléaires. Alors qu’un débat public sur la gestion des déchets radioactifs se tient jusqu’au 25 septembre, chaque citoyen.ne doit pouvoir faire entendre sa voix, pour que l’industrie nucléaire ne soit pas la seule à s’exprimer.

Vous pouvez agir face à la crise des déchets nucléaires

Pourquoi une carte des déchets nucléaires ?

Carte interactive sur https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/.

Les déchets nucléaires ne concernent pas seulement les riverains des centrales nucléaires. Ils se sont accumulés sur l’ensemble du territoire français métropolitain. A elle seule, l’industrie électronucléaire est responsable de près de 60 % des déchets radioactifs produits en France, soit près d’un million de mètres cubes selon l’inventaire officiel de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Ces matières et déchets radioactifs circulent de leur lieu de production à un lieu d’entreposage ou de stockage à un autre, souvent à l’insu des riverains. C’est cette réalité de la crise des déchets nucléaires que nous exposons à travers cette carte des sites et points de passage des matières et déchets radioactifs.

Que montre cette carte des déchets nucléaires ?

La carte des déchets nucléaires créée par Greenpeace présente uniquement les principaux sites d’entreposage et points de transit des déchets radioactifs générés par l’industrie électronucléaire, des installations industrielles et de recherche liées à cette industrie ainsi que trois sites militaires.

A cela s’ajoutent des matières radioactives, non considérées comme des « déchets nucléaires » par l’industrie car théoriquement « valorisables ». Dans les faits, elles sont très peu réutilisées : seul 1% du combustible usé est réellement valorisé. Le reste s’accumule, sans perspective de réutilisation.

Nous avons choisi de représenter sur notre carte, en plus des déchets officiels répertoriés par l’Andra, plusieurs lieux de passage (routes, gares…) ou d’entreposage de combustibles usés et de substances issues du retraitement (tel que le plutonium). Ces matières, non classées parmi les déchets, n’en sont pas moins dangereuses. Elles circulent et s’accumulent aux quatre coins de France.

Cette carte ne mentionne pas en revanche les déchets radioactifs issus de la médecine, de la recherche fondamentale (hors secteur électro-nucléaire et/ou militaire) et d’autres activités civiles et militaires.

D’où viennent les données de cette carte ?

Les sites d’entreposage et de stockage de déchets radioactifs sont ceux répertoriés par l’Andra. Les points de transit des convois nucléaires ont eux été identifiés par Greenpeace, sur la base de nos observations. Ces convois circulent dans des gares et sur des routes très fréquentées et sont donc facilement identifiables par tout un chacun.

Pour en savoir plus sur les déchets nucléaires

Notre carte des déchets nucléaires  https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/ présente les sites et points de passage de déchets radioactifs, avec des fiches sur chaque lieu. Les détails sur les différents types et caractéristiques des déchets qui s’y trouvent sont disponibles sur le site de l’inventaire de l’Andra. Pour plus d’informations sur la crise des déchets nucléaires, vous pouvez également consulter nos articles et rapports :

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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 09:28

Selon un rapport de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), il est tout à fait possible d’entreposer à sec les combustibles nucléaires usés qui s’accumulent dans les piscines de La Hague. Ouvrant la voie à un changement radical dans la doctrine de gestion des déchets radioactifs. Et rendant inutile le projet d’EDF à Belleville-sur-Loire. D’après Emilie Massemin le 16 mai pour Reporterre. Lire aussi Seul 1% du combustible nucléaire français est recyclé et Déchets nucléaires : l’État doit cesser de mentir.

Les piscines de La Hague vont déborder...

Les piscines de La Hague vont déborder...

Le raisonnement semblait implacable :
1- les combustibles nucléaires usés déchargés des centrales nucléaires françaises s’entassent par dizaines de cœurs de réacteurs dans les piscines d’entreposage de l’usine de retraitement Orano de La Hague (Manche),
2 - ces piscines seront très bientôt pleines,
3 - donc EDF doit construire une nouvelle piscine d’entreposage à Belleville-sur-Loire,
comme l’a révélé Reporterre en février 2018.

Sauf qu’un rapport de l’IRSN, dévoilé mercredi 15 mai, affirme pour la première fois la faisabilité immédiate d’une autre solution : l’entreposage à sec. Une solution déjà mise en œuvre dans de nombreux pays nucléarisés et promue par de nombreux experts et associations, car réputé plus sûre que la conservation en bassin.

D’après ce rapport, commandé par la Commission nationale du débat public dans le cadre du débat public en cours sur la gestion des matières et déchets radioactifs, au moins la moitié des combustibles MOX (mélange d’uranium appauvri et de plutonium) usés actuellement conservés sous l’eau à La Hague pourraient être immédiatement mis dans des conteneurs, soit 2.500 assemblages de combustibles – ceux-là même qu’EDF envisage de transférer dans sa piscine géante en projet dans le Cher. Idem pour l’intégralité des 1.150 assemblages de combustible d’uranium de retraitement enrichi (URE) usés qui se trouvent également à La Hague. « Cela peut être une alternative à la construction d’une nouvelle piscine, souligne le directeur général de l’IRSN Jean-Christophe Niel. Mais la décision finale relève de choix politiques et industriels. »

Pourquoi cette option n’a-t-elle pas été envisagée plus tôt ? La faute à la très forte chaleur dégagée par les combustibles MOX usés, due à la présence du plutonium. « La possibilité d’entreposer à sec dépend de la puissance thermique des combustibles, explique M. Niel. Après leur déchargement du réacteur, tous les combustibles nucléaires usés doivent obligatoirement séjourner en piscine, jusqu’à ce que leur puissance thermique descende en-dessous de 2 kilowatts. C’est la condition pour que la gaine qui entoure les combustibles résiste. Ainsi, les combustibles URE et à base d’uranium naturel, qui refroidissent vite, peuvent être entreposés à sec peu de temps après leur déchargement. Mais les MOX usés, eux, doivent refroidir plusieurs décennies sous eau. »

Sauf qu’après examen, il s’est avéré que les assemblages de MOX les plus anciens et les moins concentrés en plutonium – ceux à 5,30 % de plutonium utilisés entre 1987 et 2000 puis ceux à 7,08 % utilisés entre 2000 et 2007 – étaient quasiment tous passés sous la barre des 2 kilowatts et pouvaient donc prétendre à une sortie de l’eau. « Pour les combustibles MOX utilisés depuis 2007, qui contiennent 8,65 % de plutonium, il faudrait en revanche attendre 2040, précise M. Niel. Mais nous nous sommes intéressés à certaines solutions pour réduire ce délai : mettre moins d’assemblages de combustible par conteneur, ou faire un mix entre combustibles chauds et froids. Mais tout cela nécessiterait une analyse plus complète. »

L’entreposage en piscine présente des risques importants

La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher)

La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher)

Dans un précédent rapport remis en juin 2018 à une commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des équipements nucléaires, qui s’interrogeait sur l’opportunité de construire une nouvelle piscine à Belleville, l’IRSN avait déjà souligné certains avantages de l’entreposage à sec : « Il peut être passif, c’est-à-dire qu’il n’y a pas forcément besoin d’y prévoir un système de ventilation. Il suffit que de l’air circule autour des conteneurs. En outre, si un accident survenait, ses conséquences seraient moindres. Enfin, sa construction est plus rapide, environ cinq ans », avait énuméré M. Niel à l’époque. À l’inverse, la piscine, bien que très adaptée aux combustibles les plus chauds et permettant une meilleure surveillance des assemblages, présente des risques importants. En cas de perte d’eau, d’immenses quantités de combustible concentrées au même endroit (plus de 9.900 tonnes de combustible sont entreposées les bassins de l’usine de retraitement de La Hague) ne seraient plus refroidies, une réaction nucléaire pourrait se déclencher avec « des conséquences très importantes pour l’environnement [et] une impossibilité d’accéder au proche voisinage de la piscine du fait du débit de dose induit par les combustibles, en l’absence d’atténuation des rayonnements par l’eau ». Ce qui s’est produit lors de l’accident nucléaire de Fukushima.

Ces deux rapports satisfont Yves Marignac, expert en nucléaire et fondateur de l’agence d’informations et d’études sur l’énergie Wise-Paris. « Ils confirment que l’entreposage à sec est un mode d’entreposage a priori plus robuste à long terme et aujourd’hui techniquement envisageable pour l’ensemble du combustible. C’est une confirmation des arguments des experts et des acteurs qui appellent à une sortie de la stratégie actuelle d’entreposage sous eau, et une contribution importante pour le débat sur l’évolution des stratégies de gestion du combustible et des modes d’entreposage. » En octobre 2017, Greenpeace avait plaidé pour cette solution, après avoir transmis aux autorités un rapport accablant sur les failles de sûreté et de sécurité des piscines.

Pourquoi alors s’acharner à conserver les combustibles nucléaires usés sous l’eau ? Ce choix est directement dicté par la politique de retraitement mise en œuvre par la filière française – ce processus industriel qui consiste à récupérer le combustible uranium usé pour en extraire le plutonium destiné à fabriquer du MOX. L’intérêt de l’entreposage en piscine est alors de garder tous les assemblages usés facilement accessibles pour ces opérations, sans avoir à multiplier les opérations de conditionnement et de déballage. Sauf que le MOX usé, lui, n’est actuellement pas recyclé, ni réutilisé. Il est bien envisagé de s’en servir comme combustible dans un hypothétique parc de réacteurs de nouvelle génération, les « réacteurs à neutrons rapides » (RNR), qui pourrait être déployé en France dans la deuxième moitié du siècle. Sauf qu’il n’existe que quatre réacteurs RNR dans le monde, que les tentatives françaises Phénix et Superphénix ont constitué de retentissants échecs industriels et que le nouveau prototype développé en France, Astrid, accumule les retards et les déboires.

Le choix d’entreposer à sec les MOX usés peut donc être interprété comme un nouveau pas vers le renoncement à leur réutilisation dans des réacteurs à neutrons rapides. « Longtemps, l’entreposage sous eau a été la seule option et collait au choix technique du retraitement ainsi qu’au discours sur le multi-retraitement [le fait de réutiliser un jour le MOX usé, NDLR]. Mais ce nouveau choix technique qui s’ouvre implique qu’on discute des perspectives de gestion réelles et réalistes des combustibles, analyse M. Marignac. Maintenant qu’on peut choisir l’entreposage à sec, on peut choisir d’assumer qu’on ne retraitera pas ce combustible. »

Certains pays réfléchissent à un entreposage en surface ou en faible profondeur

L’IRSN a remis mercredi 15 mai un autre rapport à la Commission nationale du débat public, dans laquelle il dessine le panorama international de toutes les solutions alternatives à l’enfouissement en couche géologique profonde des déchets les plus radioactifs — le projet Cigéo à Bure. Un travail mené au pas de course, en deux mois à peine, et qui s’appuie sur la bibliographie en accès libre de l’AIEA, de l’OCDE, d’autorités nationales de sûreté nucléaires et de scientifiques.

Six « familles » de solutions ont ainsi été envisagées pour se débarrasser de ces déchets utra-dangereux pendant des centaines de milliers d’années : le stockage dans les fonds marins, l’envoi dans l’espace, l’immobilisation dans la glace, l’entreposage, la séparation-transmutation et les stockages en forage. Les trois premières ont été abandonnées, notamment pour des raisons éthiques, « mais des recherches se poursuivent sur les trois dernières options », précise Jean-Christophe Niel, le directeur général de l’IRSN.

Ainsi, « certains pays réfléchissent à un entreposage en surface ou en faible profondeur pendant plusieurs siècles et travaillent sur la robustesse des installations et les manières de minimiser la maintenance ». Pour ce qui est de la séparation-transmutation, le fait d’isoler les éléments les plus longtemps radioactifs et de les transformer en des éléments à la nocivité moins longue, « des recherches sont en cours sur les réacteurs à neutrons rapides mais de nombreux défis et enjeux de sûreté subsistent pour passer des idées et des dispositifs expérimentaux à des dispositifs industriels ». Enfin, la piste d’enfouir ces déchets très profondément dans la roche de sorte que la roche fonde à leur contact et se mue en barrière protectrice est aussi à l’étude, sans avoir abouti pour le moment.

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