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C'est dans la colonne de droite tout en bas...

20 juin 2021 7 20 /06 /juin /2021 17:05

Dans cet article Mickaël Marie s'interroge sur les conditions qui permettraient de porter un élu écologiste à l'Elysée. Il faudrait rassembler 8 millions d'électeurs au premier tour (le même chiffre que Macron) pour figurer au second. 

"L’espace politique existe-t-il  ? Le trou de souris qui permettrait le hold-up est-il vraiment là  ? Au plan socio-culturel, c’est certain. Les groupes susceptibles de constituer ce bloc existent, attestés par de multiples enquêtes d’opinion. Les recombinaisons de valeurs qui s’opèrent en profondeur dans la société française – particulièrement nettes quant à l’impératif de modes de vie plus sobres et de plus en plus perçus comme plus «  sages  » – pourraient trouver leur traduction politique dans une offre combinant transition écologique, retour des régulations, solidarité collective et reconnaissance de la singularité des parcours personnels."

Est-il possible d'éviter le duel Macron / Le Pen au second tour
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31 mai 2021 1 31 /05 /mai /2021 09:26

La répartition des habitats de la Région est très inégalitaire certaines zones bénéficient de l’ensemble des services (desserte, emplois, commerces, loisirs…) quand d’autres concentrent les difficultés. L’espace public est hostile aux femmes. À l’Ouest, malgré de nombreux bureaux vides, les promoteurs multiplient les projets de construction tandis que l’Est concentre la majorité des logements parfois vétustes ou surpeuplés. Il est urgent de remédier aux cloisonnements géographiques et sociaux. L’Île-de-France doit passer d’une méthode d’aménagement prédatrice, basée sur le béton et le profit à court terme à une approche d’équité et d’équilibre, qui fait de la place à la nature  dès la conception des projets. Nouvel article pour exposer les propositions des écologistes pour les élections régionales des 20 et 27 juin, après Étudier et s’émanciper, Protéger la nature et sauver le climat, Un plan de santé pour l'Île-de-FranceNourrir l'Île-de-France et Le logement d'abord !  Nous sommes présents physiquement sur le marché Bio le vendredi après-midi, et le marché dimanche matin. Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous sur http://idfecologie.fr/.

Élections : Aménagement de l'Île-de-France - Se déplacer et se loger

La séparation du territoire entre zones d’emplois et de logements, source de déplacements subis, doit être résolue. L’Île-de-France dispose d’un bon réseau de transports en commun, qui permet à des millions de passagers de ne pas dépendre d’un véhicule individuel. Cependant, ces transports sont souvent encombrés et souffrent d’un déficit d’investissements après cinq ans de mauvaise gestion par la droite. Le réseau de transports du quotidien doit être renforcé : fiabilité, fréquence, confort, sécurité. La grande couronne ne doit plus être condamnée à la voiture et chaque Francilien·ne doit avoir accès à un transport en commun à 15 minutes de chez soi. Il faut passer d’une logique d’infrastructures lourdes, à des offres plus légères, plus adaptées et adaptables aux caractéristiques de chaque territoire. 

Les déplacements doivent pouvoir être choisis plutôt que subis et plus personne ne doit être dépendant d’une voiture individuelle. 

Les deux tiers de nos déplacements font moins de cinq kilomètres et la marche est le mode de déplacement le plus utilisé. Nous investirons 100 millions d’euros pour aider les communes à favoriser des déplacements piétons sécurisés, confortables, et accessibles. Nous voulons faire de notre région la première région européenne du vélo. Les déplacements doux ne consomment pas d’énergie, n’émettent pas de pollution et améliorent la santé globale. En zone dense, nous voulons passer de 2% à 20% des déplacements à vélo. La Région doit pouvoir être traversée intégralement à vélo de manière sécurisée. Les secteurs de la fabrication, de l’entretien et de la logistique cyclable créeront des milliers d’emplois verts.

Après un an de crise sanitaire, le mal-être des Franciliennes et Franciliens s’est traduit par de nombreuses envies de départ et de déménagement. C’est le signe à la fois d’un déséquilibre actuel et d’une opportunité pour un autre aménagement qui réserve plus de place aux espaces naturels, aux services de proximité.

Nos engagements

1 - Des transports fiables, sûrs et accessibles à 15 minutes de chez soi 

La question des déplacements est centrale pour les Franciliennes et Franciliens  et a une incidence directe sur leur qualité de vie. L’inconfort dans les transports en commun participe de la volonté de 56% des Francilien·nes de quitter la région. Le Conseil Régional est responsable de l’organisation de la mobilité et a le pouvoir de faire évoluer nos types de mobilités, notamment en encourageant les mobilités douces, meilleures pour notre santé et le climat. 

Il est urgent que le réseau existant offre un service de qualité aux usager·ères. Les écologistes réorientent les politiques budgétaires pour améliorer en priorité la desserte, l’accessibilité, la fiabilité et le confort des transports du quotidien.  Nous encourageons aussi les projets d’extension de lignes de tramways et de métro lorsqu’elles représentent une réelle plus value pour les habitant·es. 

Pour assurer une desserte plus fine du territoire, sans artificialiser les sols de la Région, les écologistes mettent en place de nouvelles lignes de bus, notamment en grande couronne. Elles seront pensées en lien avec les nouvelles réalités de déplacements dues aux projets d’extension de ligne. Un service de qualité c’est aussi un service qui s’adapte aux besoins de chacun·e. A ce titre, les zones et les plages horaires du transport à la demande seront étendues et l’offre de transports adaptée (PAM), distincte selon les départements.  Les liaisons interrégionales et le développement des “petites lignes” seront soutenus par la Région pour sortir à terme de la dépendance à l’automobile.

L’intermodalité, au cœur des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, est la doctrine des transports du futur. Les écologistes accompagnent cette dynamique grâce à Navigo +, un abonnement unique qui donnera accès à une vingtaine de transports. Faciliter l’intermodalité c’est aussi encourager les mobilités douces en permettant aux Francilien·nes de terminer leurs déplacements par le vélo du dernier kilomètre, comme cela se fait aux Pays Bas. Des études et expérimentations de services de transport fluvial décarboné seront réalisées dans le cadre de cette intermodalité cyclable.

Nous voulons que les Francilien·nes puissent choisir leurs déplacements. Les écologistes réduisent la part de déplacements subis en déconcentrant les services et les activités. 

Élections : Aménagement de l'Île-de-France - Se déplacer et se loger

2 - Un logement digne et confortable pour tous·tes 

Un·e habitant·e de l’Île-de-France sur dix est mal logé. Absence de domicile personnel, difficultés d’accès au logement, mauvaises conditions d’habitat… le confinement et la crise sanitaire ont rendu visibles et souvent aggravé nombre de ces situations déjà critiques.

Les loyers ne sont pas suffisamment encadrés et les familles subissent les effets d’une bulle spéculative : le prix moyen de location dans le parc privé est supérieur de 26% à la moyenne nationale. Les écologistes investissent dans le logement social afin que chacun·e puisse se loger confortablement et dignement. 

Pour lutter contre le sans-abrisme et pallier la saturation des services d’hébergement, la Région écologiste met en place les dispositif “un logement d’abord” qui permettra de loger les Francilien·nes les plus vulnérables de façon durable, avec un bail et une clef et un accompagnement social. La Région entretiendra, à travers les organismes qui lui sont liés, un parc spécifiquement lié à la sauvegarde des personnes victimes de violences, dont la gestion sera concertée avec les services d’État et les associations compétentes.

La précarité énergétique participe au mal logement des Francilien·nes. La Région écologiste lancera un plan global de rénovation thermique et énergétique des logements, avec avance des frais pour les plus vulnérables, pour faire des économies sur sa facture et lutter contre le changement climatique. 

3 - Une Région sûre et apaisée 

Ces derniers mois, l’Île-de-France a été le théâtre de plusieurs faits-divers tragiques. Les causes de l’escalade de la violence dans notre région sont multiples et profondes. Aujourd’hui, plus que jamais, il est indispensable de prendre le problème à la racine et de comprendre que le courage politique est celui d’un changement de méthode.

La sécurité n’est pas une compétence de la Région en tant que telle mais est liée à certaines de ses prérogatives telles que les lycées, les transports, l’aménagement du territoire etc. Nous refusons de participer à la surenchère sécuritaire orchestrée par la droite en proposant des mesures liberticides et de surveillance de masse. A d’autant plus forte raison que c’est à cette droite que nous devons la suppression de 11.000 policier-es et l’abandon de la police de proximité.

Les écologistes militeront pour que la Police nationale renforce ses effectifs de manière durable en Ile de France. Mais nous pensons que cette question ne peut être traitée uniquement sous le prisme de la répression. Au contraire, il faut privilégier la prévention de violences et envisager la sécurité de façon globale en portant le projet du bien être et de l’apaisement, comme l’envisageait le Plan Borloo.

Nos propositions

1 - Un logement pour tous : 100 millions par an pour le logement social

Pour répondre aux besoins des Francilien·nes, prévenir et lutter contre le sans-abrisme, la Région écologiste investira dans les logements sociaux. Le Conseil Régional veillera à répartir de façon équilibrée ce parc sur l’ensemble du territoire pour éviter que certaines régions concentrent l’ensemble des difficultés sociales. 

  • 100 millions d’euros par an d’euros par an pour le logement social et très social 

  • Appuyer les dispositif de logement d’abord pour les personnes en grande vulnérabilité

  • Rééquilibrer le logement social en Île-de-France en conditionnant les aides au respect de la loi sur la construction de logements sociaux 

  • Réinvestir le comité régional de l’habitat et de l’hébergement pour promouvoir la construction de logements répondant aux besoins de la population et résoudre la crise du logement

  • Doter les missions locales et les comités locaux pour le logement des jeunes des moyens nécessaires à l’information des jeunes sur leur droit au logement et renforcer les dispositifs leur permettant d’y accéder. Création de structures d’habitat collectif pour les jeunes et intergénérationnels.

  • Mobilisation du parc intercalaire pour le logement et l’hébergement

  • Entretien d’un parc spécifiquement lié à la sauvegarde des personnes victimes de violences, dont la gestion sera concertée avec les services d’état et les associations compétentes

  • Réserver des places en structures d’hébergement pour les jeunes en rupture familiale

  • Allocation de fonds régionaux pour lutter contre le racisme environnemental qui touche les nomades et les personnes vivant en bidonvilles. Mise en place d’un fonds de résorption des bidonvilles en complément de l’État ainsi que d’une politique de diagnostic et de mise aux normes “habitat léger” des aires d’accueil des gens du voyage, souvent situées loin des centres de vie et à côté de déchetteries, d’industries et d’infrastructures polluantes. Travaux de recherche sur les évaluations d’impact sur la santé. Protection de toutes les personnes face aux risques chimiques et à la pollution de l’air. 

  • Financer la transformation de bureaux vides en logement , lieux d’activités ou hébergement

  • Soutenir les mairies et agglomérations qui mettent en œuvre l’encadrement des loyers

  • Une région engagée pour l’arrêt des expulsions sans relogement

  • La transformation des bureaux vides en logement

2 - Diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment grâce à la rénovation énergétique

La principale contribution directe de l’Île-de-France aux émissions de gaz à effet de serre est son bâti (50% des émissions régionales). La stratégie d’économies d’énergie, couplée avec une politique de sobriété des usages est la plus pertinente pour diminuer notre contribution aux dérèglements climatiques et améliorer directement les conditions de vie des Franciliennes et des Franciliens. La rénovation énergétique du bâti francilien est une mesure qui fait du bien au climat et au porte monnaie ! 

  • Des dispositifs de tiers financement avec Île-de-France Énergies : les travaux de rénovation des particuliers seront financés progressivement grâce aux économies d’énergie réalisées sans que le propriétaire ne débourse aucun fond 

  • Mettre en place un Observatoire régional de la précarité énergétique et garantir une meilleure information des dispositifs d’aide régional pour la rénovation 

  • Faire de l’Île-de-France un leader européen de la construction écologique en rénovant l’éclairage et le bâti public, en commençant par les lycées 

  • Encourager et prescrire les diagnostics thermiques des logements sur le modèle “SOLENI” d’accompagnement à la maîtrise de l’énergie pour les ménages en précarité. 

  • Création d’un service public régional de la performance et de la sobriété énergétique pour diminuer collectivement les usages énergétiques à tous les niveaux  et proposer des financements adaptés

  • Développer les opérations d’autoconsommation collective pour lutter durablement contre la précarité énergétique

3 - Des transports du quotidien fiables et confortables

La galère des transports est causée par le manque d’investissement dans le réseau du quotidien ainsi que par son niveau de saturation. La Région écologiste réorientera les politiques budgétaires pour améliorer en priorité l’offre de transport existante pour la rendre fiable, ponctuelle et accessible. Nous abandonnerons les infrastructures polluantes et non désirées comme le CDG Express et les lignes 17 au Bourget et 18 à Massy. Nous renforcerons l’offre de transport nécessaire pour désenclaver la Région. 

  • Investir dans l’amélioration des lignes du quotidien comme les RER B, C et D : améliorer les ascenseurs et les escalators, rénover les trains, développer la signalisation automatique, investir sur les infrastructures, créer un centre de commande unifié SNCF/RATP avant l’arrivée de Nexteo pour garantir la fiabilité des trains 

  • Relancer les études sur l’élargissement du tunnel des Halles

  • Désaturer la Gare du Nord en créant une gare de correspondance à Pleyel St Denis

  • Prolonger des lignes véritablement utiles aux Francilien·nes T5 T7, T11, T13, M4, M11 etc. 

  • Remettre en cause les projets de déconnexion de branche, dont celui du RER D, qui empêchent les Francilien·nes de se rendre directement à Paris ou en petite couronne et les obligent à changer de train sur une même ligne

  • Généraliser le bus “quart d’heure” en grande couronne et augmenter l’offre d’au moins 50%.

Élections : Aménagement de l'Île-de-France - Se déplacer et se loger

En Île-de-France, Metrobus, la régie publicitaire de la RATP, revendique 100 000 panneaux publicitaires dans le métro et sur les bus, et 724 écrans vidéos. 

Cette pression permanente ne cesse d’augmenter. Début 2020, 1300 écrans digitaux ont été implantés dans 63 gares de la Région. Pourtant, ces dispositifs consomment treize fois plus que les panneaux déroulants classiques.

Parmi les 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, 7 sont consacrées à la régulation de la publicité, et notamment l’interdiction des écrans vidéos publicitaires. Malheureusement, le gouvernement fait la sourde oreille. 

Les ressources tirées de la publicité sont pourtant minoritaires : elles ne représentent que 2,5% du chiffre d’affaires de la RATP. Nous avons donc les moyens de changer de modèle. 

Les écologistes à la Région Île-de-France veulent abandonner progressivement les publicités dans les transports, en commençant par les écrans numériques très énergivores.

  • Antistress publicitaire : suppression progressive des publicités dans les transports, en commençant par les écrans numériques 

  • Extension de l’offre de transports de nuit, notamment circulation 24/24 des tramways, en veillant à ne pas gêner les riverains.

4 - Atteindre enfin l’accessibilité universelle des transports en commun

  • 100% des bus et des trains accessibles aux poussettes, aux fauteuils roulants et aux vélos d’ici 2030

  • Accélération de la mise en accessibilité des gares et stations de métro

  • Le réseau de transport adapté aux personnes en situation de handicap et limitées dans leurs déplacements (PAM), géré actuellement par les seuls départements, sera redéployé de manière concertée avec les EPCI et les communautés de communes afin de fonctionner comme un véritable transport à la demande qui couvre l’intégralité du territoire, y compris les franges de la région et l’ensemble des usages

  • L’ensemble des outils de communication, de signalisation et d’information d’île-de-France Mobilités seront accessibles pour les Francilien·nes concerné·es par les handicaps sensoriels, dont le FALC “facile à lire et à comprendre”. 

5 - Des réseaux de transports plus attractifs et plus sûrs

Si l’insécurité dans les transports en commun fait l’objet de projections parfois exagérées diffusées par leurs contempteurs, il est clair qu’ils demeurent souvent très hostiles aux femmes, dont 100% ont déjà subi une agression sexiste dans le cadre de leurs déplacements. 

  • Former le personnel des opérateurs de transport en commun sur la réponse aux agressions sexistes

  • Création de brigades de prévention des violences et de prise en charge des personnes vulnérables

  • Outil de signalement d’injure ou d’agression à travers l’application Navigo +, par SMS et téléphone. Chaque signalement est suivi par IDFM, les bandes de vidéosurveillance seront automatiquement enregistrées et versées au dossier de plainte

  • Île-de-France  Mobilités se portera partie civile en lieu et place des victimes en cas d’agression sexiste. 

  • Exiger de l’État le retour des forces de sécurité qu’il a supprimées (500 policiers et gendarmes)

6 - Un seul Pass Navigo + pour tous les déplacements

L’offre Navigo n’est pas adaptée à l’ensemble des transports présents sur la Région. Résultat : les forfaits s’accumulent, les tickets se multiplient et les prix augmentent. Les écologistes proposent un service d’offre globale incluant l’ensemble des transports. L’accès aux transports en commun est un enjeu environnemental et social, la tarification doit permettre à tous·tes les Francilien·nes d’accéder à ce service de façon équitable. 

  • Navigo + : une offre unique pour une vingtaine de transports y compris les transports à la demande et les transports dédiés aux personnes en situation de handicap

  • Généralisation du ticket unique intermodal pour 90 minutes pour TOUS les transports (vélo, bus, ferré T à D)

  • Application Navigo + : les horaires et les itinéraires croisant tous les modes de transports, l’état du trafic en temps réel y compris en grande couronne 

  • Outil de signalement des incidents et désagréments intégré directement à l’application

  • Data ouverte pour que les usager·es puissent s’en emparer et proposer des améliorations

7 - Une tarification sociale adaptée à toutes et tous

  • Gratuité du Pass pour tous les moins de 18 ans 

  • Accessibilité au Pass Imagin’R pour tous les moins de 25 ans même non-étudiant·es

  • Ticket toutes zones le week-end et vacances scolaires à 5 euros pour toute la famille 

  • Des forfaits à moins 50% pour les retraités

8 - 1700 km de pistes cyclables et don de vélo pour les lycéen·nes

Les écologistes veulent développer le vélo et la marche en Île-de-France pour désaturer les transports en commun et faire du vélo et de la marche des transports de masse. Les mobilités douces garantissent la pleine santé des Francilien·nes en encourageant l’activité physique et en évitant les pollutions de l’air et les pollutions sonores. 

  • Un réseau cyclable sécurisé irriguant toute l’ile de France, et des zones urbaines 100% cyclables. Création d’un réseau structurant “RER Vélo” à l’échelle de la région et diffusion d’une signalétique vélo régionale.  1700 km de voies vélo d’ici 2027.

  • Distribution progressive de vélos neufs à tous les lycéen·nes et développer les cours de vélo pour les jeunes et les adultes et création du brevet régional cycliste

  • Prêt de vélos reconditionnés  comme à la Métropole de Lyon

  • Créer une direction “vélo” au sein d’Île-de-France Mobilités

  • Promouvoir le vélo du dernier kilomètre en incluant au pass unique Navigo + l’accès à un vélo en libre-service et à des stationnements sécurisés dans les gares et les pôles multimodaux

  • Abonnement location de vélo longue durée à 1 euro pour les jeunes précaires, 10 euros pour les autres 

  • Gares 100% cyclables et accessibles universellement avec parkings sécurisés et services de réparation et de petit entretien en nombre suffisants et intégrés à l’offre Navigo + 

  • Élargir l’ensemble des dispositifs de mobilité douce à la subvention régionale “vélos adaptés” conquise par les écologistes et l’ouvrir à toutes les personnes en ayant besoin, quel que soit le taux d’incapacité reconnu par la MDPH, y compris les dispositifs de roues électriques pour les utilisateur·ices de fauteuils roulants manuels.

  • Créer un indice de cyclabilité visant à attribuer une note aux communes en fonction des infrastructures vélo mises à disposition des usagers dans les gares et les lycées.

9 - Relancer l’activité de nos villages et communes rurales

Paris et sa petite couronne concentrent la majorité des activités de la Région : 68% des emplois sont ainsi concentrés sur 6% du territoire. Les écologistes veulent garantir un accès équitable aux infrastructures et aux services aux habitants de l’ensemble de la Région, y compris en grande couronne. 

  • Une desserte de transports en commun fine et adaptée à la demande : extension des zones et plages horaires du transport  

  • Une solution de transport en commun à 15 minutes de chez soi, création de pôles de mobilité regroupant station vélos, bornes de recharges, station de covoiturage, station transport à la demande, dans les villes et villages sans offre de transport public ou partagé, en concertation avec les communes et EPCI. 

  • Organiser le retour des activités économiques et commerciales dans nos quartiers et nos villages pour les faire revivre, ne plus construire en plein champ. Soutenir la transition numérique et écologique des petits commerces

  • Rapprocher les emplois des logements grâce à la planification urbaine, ou en encourageant le télétravail 

  • Maintenir le soutien à la création d’espaces de travail partagés pour diminuer les trajets domicile-travail

  • Construction de lycées de taille moyenne en zone rurale pour rapprocher les logements des établissements scolaires

10 - Plan régional pour l’égalité dans les quartiers

Les quartiers populaires ont été complètement abandonnés par la droite qui a arrêté de soutenir la politique de la ville. Alors que les inégalités territoriales ne cessent d’augmenter depuis plus de vingt ans, il est temps de lutter contre les assignations à résidence et les inégalités

  • Rétablissement des subventions liées à la politique de la ville, supprimées par la droite et le centre

  • En lien avec la stratégie nationale “cœur de ville”, revitalisation des quartiers en soutenant les commerces et les associations locales

  • Contractualisation des politiques d’aménagement pour laisser plus de place à la nature, créer des espaces verts et des îlots de fraîcheur

  • Politique économique et de l’emploi sectorisée à partir de diagnostics régionaux. Soutenir au moins dix zones “zéro chômeur de longue durée”

  • Soutien aux initiatives locales et aux pôles territoriaux de coopération économique

  • Subventions de fonctionnement pluriannuelles pour les associations locales et les centres d’animation socioculturelle

  • 30 000 emplois tremplin pour l’intérêt général

  • Diagnostic économique de territoire et soutien aux missions locales

  • Rénovation de 130 lycées en ciblant les plus délabrés pour des conditions d’étude dignes et confortables.

  • Expérimentation de programmes de sécurité sociale alimentaire pour que tout le monde ait accès à une alimentation de qualité

  • Modernisation des transports du quotidien, en priorité les RER B et D

  • Soutien et financement des testings pour lutter contre les discriminations ; résultats rendus publics

  • Région partie civile aux côtés des victimes et si besoin portera plainte en lieu et place pour obtenir justice.

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30 mai 2021 7 30 /05 /mai /2021 16:17

S’il est des leçons à tirer de la grave crise  sociale et écologique que nous traversons, c’est  la nécessité de soutenir et faire connaître les associations d’entraide et d’insertion qui par leur travail contribuent à la réduction des déchets, restaurent le lien social tout en créant de l’emploi. La tribune du groupe Les Lilas Écologie, Infos Lilas, juin 2021.

Crédit image : Laboratoire Écologique ø Déchet

Crédit image : Laboratoire Écologique ø Déchet

Ainsi l’association Les biffins d’Amelior a été créée pour aider les biffins, en général mal considérés, à s’organiser et à être reconnus. La précarité a en effet poussé nombre de personnes dans cette activité de recyclage d’objets trouvés dans les poubelles.

Le laboratoire Ecologique Zéro Déchet (LÉØ) occupe les locaux désaffectés de l’Epfif  à Pantin depuis 2019 (et est actuellement menacé d’expulsion). Il sensibilise les habitants des quartiers populaires au zéro déchets : réemploi, réparation,  ateliers de couture, cuisine … aide aux personnes en grande précarité. C’est aussi un lieu d’accueil pour de nombreuses associations.

Née en 2014 l’entreprise solidaire Baluchon – À table citoyens est une structure d’insertion implantée à Romainville qui propose des plats cuisinés avec des produits frais et de saison préparés par des personnes éloignées de l’emploi. Cet accompagnement leur donne de meilleures chances de renouer avec l’emploi durable.

On peut saluer de telles initiatives et encourager leur essaimage car le territoire d’Est Ensemble avec son taux de pauvreté de 30% en a plus que jamais besoin.

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28 mai 2021 5 28 /05 /mai /2021 09:37

L’année écoulée a été comme chacun sait éprouvante pour les jeunes à la recherche d’un emploi ou pour les étudiant·es, elle a été dévastatrice pour l’ensemble du secteur culturel, sportif et associatif. Le Conseil régional dispose des compétences de gestion des lycées et de l’orientation. Il est également chef de file des politiques jeunesse et intervient auprès des jeunes à travers ses autres politiques sectorielles (transport, culture, etc.). Il agit sur les politiques émancipatrices en soutenant les lieux de sports et de spectacles, les associations et la création culturelle. Nouvel exposé des propositions des écologistes pour les élections régionales des 20 et 27 juin, après Protéger la nature et sauver le climat, Un plan de santé pour l'Île-de-France, Nourrir l'Île-de-France et Le logement d'abord !  Nous serons également présents physiquement  sur le marché Bio le vendredi après-midi, et le marché dimanche matin. Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous sur http://idfecologie.fr/.

Élections régionales : Étudier et s’émanciper

La proposition politique écologiste est celle qui met la jeunesse au premier plan parce que c’est elle qui développe des propositions protégeant la possibilité pour elles et eux de vivre dans un monde et une région habitables. C’est aussi elle qui est la plus réceptive aux revendications émergentes portées par les jeunes générations.

De nombreux lycées offrent de mauvaises conditions d’études du fait de leur vétusté. Par ailleurs, le dynamisme démographique de la région implique la construction de nouveaux lycées, qui n’a pas été anticipée. La crise pandémique révèle un manque de moyens inacceptable dans les lycées franciliens. Il manque aujourd’hui près de 900 professionnel·les : infirmiers·ères, agent·es d’entretien, conseiller·ères d’orientation. Notre jeunesse mérite de préparer son avenir dans les meilleures conditions et nous ferons de la construction et de la rénovation des lycées un levier de la transition écologique du bâtiment.

Les écologistes considèrent que les pratiques culturelles, l’accès aux œuvres participent pleinement d’une vie désirable et permettent l’émancipation de chacun·e. Notre région est dotée d’une offre culturelle exceptionnelle. Cette offre est notamment permise par l’engagement régional qui soutient le secteur culturel dans la plupart de ses dimensions. Cependant, l’offre reste concentrée au cœur de la métropole parisienne. Par ailleurs, le secteur culturel est aujourd’hui dévasté par la crise sanitaire et sociale. Il est nécessaire d’envisager une action en deux temps. D’abord sauver les acteurs culturels et notamment les structures les plus fragilisées. Ensuite élaborer une intervention publique suivant deux axes : soutenir la création culturelle et développer la pratique et la médiation, pour que chaque Francilien·ne ait l’occasion de s’exprimer et de s’émanciper.

Nos engagements

1 - Accompagner l’émancipation de la jeunesse dès le lycée

Les lycées franciliens sont dans un piteux état. Les bâtiments, qui ont été construits pour la plupart lors de la massification scolaire il y a 40 ans, sont vétustes et les conditions matérielles sont dégradées. Les cours ont lieu dans des préfabriqués ou dans des salles trop petites et mal isolées. Les lycéen·nes sont en colère suite au désordre provoqué par les réformes pédagogiques récentes. Les profs se sentent abandonné·es et il manque 900 agent·es d’entretien, infirmièr·es scolaires, etc.

On estime que l’Île-de-France devra accueillir 30 000 lycéen·nes supplémentaires d’ici 2030. Il est urgent d’enclencher un plan d’urgence de construction et de rénovation des bâtiments pour permettre aux lycéen·nes d’avoir cours dans des conditions décentes et anticiper les évolutions démographiques à venir. Il faut lancer une dynamique de concertation locale et régionale avec les représentant·es du personnel éducatif pour permettre de pallier le déséquilibre territorial existant en priorisant les zones les plus en tension.  

L’émancipation de la jeunesse doit s’appréhender dès le lycée. Les jeunes doivent être mieux accompagné·es dans leur orientation, les établissements ne doivent pas être uniquement des lieux d’apprentissage scolaire mais doivent rester ouverts sur la société. La Région écologiste investira massivement pour les lycées, pour la jeunesse, pour l’avenir.

L’accès à la mobilité sera soutenu avec la distribution de vélos pour les lycéen·nes, le financement de permis de conduire et la tarification sociale des transports en commun, pour les jeunes et les publics en insertion.

2 - Permettre aux jeunes de préparer leur avenir sereinement

La situation des jeunes en termes de formation et d’emplois est globalement meilleure en Île-de-France que dans le reste du pays mais dépend très fortement des disparités géographiques de la région. Les jeunes générations subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire et sociale.  La précarité dans laquelle vivent nombre de jeunes Francilien·nes a été aggravée par les effets des confinements, la fermeture des lieux d’apprentissage et la disparition de nombreux emplois non ou peu qualifiés.

Nos jeunes méritent d’être entendu·es et mieux considéré·es. Nous souhaitons construire une société avec et pour la jeunesse. Nous souhaitons faire en sorte que chacune et chacun puisse préparer son avenir sereinement dans des conditions dignes. La Région peut agir pour prendre soin de cette jeunesse. Nous mettrons tout en œuvre pour permettre aux jeunes de manger à leur faim, de se loger décemment, de se soigner, de se déplacer librement et d’être pleinement autonomes.

3 - Promouvoir la culture pour toutes et tous

La crise sanitaire a profondément bouleversé la vie culturelle et festive des Franciliennes et Franciliens. Alors qu’il emploie 300 000 personnes en Île-de-France, le secteur culturel a été terriblement impacté et doit faire face à une précarisation croissante de ses métiers.

La culture est un gage de lien social et un maillon essentiel d’une société en bonne santé. Les Écologistes en Île-de-France souhaitent soutenir et réinvestir dans la culture pour lui redonner la place qu’elle mérite dans nos vies et nos interactions sociales.

La vie va progressivement reprendre son court et si la généralisation des outils a permis de garder du lien, nous souhaitons promouvoir une société qui privilégie à nouveau les sorties culturelles et le spectacle vivant au tout numérique.

Notre vision de la culture est celle de la convivialité, de l’ouverture, de la proximité et de l’inclusion. Nous renforcerons le maillage culturel et amplifierons la présence de l’art sur tout le territoire francilien. Grâce à un soutien financier de long terme, la Région écologiste participera au rayonnement des projets et des artistes locaux.

4 - Encourager les pratiques sportives dans toute l’Île-de-France

De nombreux·ses Francilien·nes ont vu leur pratique du sport supprimée ou drastiquement réduite avec la crise sanitaire. Le secteur sportif, comme le secteur culturel, a été très durement impacté et les associations sportives ont du mal à survivre. Des millions d’euros sont actuellement engagés pour les Jeux Olympiques de 2024 mais ces infrastructures et aménagements ne profiterons pas aux habitants des quartiers concernés.

Nous souhaitons aider le secteur du sport à se relever en soutenant particulièrement les petites associations. Chacun et chacune doit pouvoir avoir accès à des activités près de chez lui et à des prix décents. A l’instar de la culture, nous souhaitons promouvoir le sport pour toutes et tous et investir dans les infrastructures sportives en visant le mieux-disant écologique.

Nos propositions

1 - Rénovation de 130 lycées et construction de 30 nouveaux lycées

Les lycées doivent être des lieux où il fait bon vivre, où chaque élève doit pouvoir évoluer sereinement et être accompagné correctement. En plus de ne pas avoir tenu ses promesses, la droite a diminué la dotation régionale par élève et elle a distribué massivement de l’argent public au privé. Investir pour les lycées, c’est investir pour l’avenir. La proposition écologiste est celle qui met la jeunesse au premier plan. 

  • 5 milliards d’€ seront engagés pour la rénovation, l’isolation thermique et la construction de nouveaux lycées en allant vers le mieux-disant écologique et la mise en accessibilité complète des bâtiments, en ciblant d’abord les lycées concernés par des pollutions à l’amiante. 

  • Plan d’embauche massif pour remplacer les 900 agents manquants (infirmeries, gestion des cantines, entretien/désinfection des espaces communs). 

  • Rééquilibrage de la dotation globale de fonctionnement des lycées pour s’adapter aux évolutions démographiques à venir. Privilégier le financement des lycées publics et limiter les fonds alloués au lycées privés au minimum légal.

2 - Faire des lycées des véritables espaces de citoyenneté

  • Extension des horaires d’ouverture pour que chaque lycéen·ne puisse travailler dans un environnement calme. Organisation d’activités non scolaires (événements culturels, formations) en invitant des pédagogues spécialistes des domaines éducatifs non couverts par l’éducation nationale.

  • Dans chaque établissement, un référent volontaire sera formé pour recueillir la parole des jeunes qui ont été victimes de violences, violences sexuelles ou inceste, adaptation de ce dispositif aux personnes en situation de handicap. 

  • Soutien à l’organisation de programmes de prévention aux usages des stupéfiants, d’alcool ou, de prévention des discriminations sexistes, racistes ou lgbtphobes, d’éducation à la sexualité et au consentement. 

  • Doter les lycées de véritables référents techniques et d’équipements fixes de qualité. Évaluation de la distribution massive de matériel de mauvaise qualité. Campagne d’informations et de formations à l’utilisation et aux risques du numérique, et vrai SAV du matériel.

  • Création d’un conseil francilien de la vie lycéenne qui traitera à l’échelle inter-académique de tous les sujets ayant trait à la compétence de la Région. Créer des espaces parents dans chaque lycée. 

  • Création d’éco-conseils dans tous les lycées, formation des professeurs et des infirmiers au sujet de l’anxiété et éco-anxiété. Intégration des problématiques écologiques dans les manuels scolaires.

  • La mobilité est la clé de l’autonomie. Distribution progressive de vélos à chaque lycéen·ne dès leur arrivée en seconde. Installation de garages à vélos et sécurisation des pistes cyclables aux alentours de chaque établissement. Extension du pass Imagin’R à toutes et tous les moins de 25 ans peu importe leur statut et tarification sociale des transports en commun pour les élèves du secondaire.

  • Prise en compte des enjeux de développement durable dans la structuration et l’évolution des programmes d’enseignement technologiques et professionnels. Création de deux lycées agricoles publics et soutien appuyé aux bacs professionnels et technologiques. Extension de l’offre de formation STMG pour qu’aucun·e lycéen·ne ne soit déscolarisé·e faute de places disponibles. 

  • Dans les collèges, lycées et CFA, mettre en place des animations éducatives à la sensibilité animale et à l’éthologie.

 

 

Élections régionales : Étudier et s’émanciper

3 - Des cantines “bio & local”, à tarifs sociaux

L’alimentation des adolescent·es est un sujet crucial pour leur développement et leur santé. Leur donner accès à des produits de qualité, garantir un service public de l’alimentation savoureuse et accessible est une nécessité, mais c’est aussi un pari sur l’avenir. Il s’agit d’insuffler des pratiques qui pourront se maintenir tout au long de leur vie et protéger leur santé. Il est donc nécessaire d’organiser un plan de formation des cuisiniers en restauration collective pour mieux maîtriser l’alimentation végétale et s’assurer que l’alternative végétarienne quotidienne soit attirante et donne envie aux jeunes d’apprendre à cuisiner. Les professionnels seront encouragés à équilibrer les protéines selon leur source carnée ou végétale et la diminution des volumes globaux de viande consommée sera encouragée. Par ailleurs, l’objectif de 100% de produits biologiques et/ou locaux (avec au moins 50% en 2025) permet d’engager un levier considérable de transformation agricole, par la commande publique et la structuration d’une filière d’approvisionnement relocalisée.

4 - Expérimenter une allocation “coup de pouce” de 400 € pour tous les étudiants

Nous souhaitons améliorer la qualité de vie de chaque francilienne et francilien. Mais nous souhaitons donner la priorité aux jeunes pour qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions, préparer leur avenir sereinement et dessiner la société de demain autours des valeurs de respect du vivant et de solidarité. Nous avons conscience du désarroi des jeunes c’est pourquoi nous proposons des mesures pour remédier aux situations de précarité en particulier en termes d’alimentation, de santé, de logement ou de conditions d’études.

  • Soutien à l’expérimentation d’un revenu d’existence ciblant en priorité les jeunes de 18 à 25 ans

  • Chaque étudiant·e doit pouvoir manger à sa faim et une nourriture de qualité : subventions à la création d’épiceries solidaires sur les campus ; baisse des prix et meilleur accès à une nourriture de qualité́ via le financement d’acteurs publics ou privés qui ne mettent pas en place de critérisation ; des repas au CROUS et des cantines scolaires à meilleure progressivité́ des tarifs proposant des repas végétariens quotidiens, visant le 100% bio et local ; campagnes d’éducation autour de l’alimentation dans les lycées.

  • Renforcement de l’offre de santé pour les étudiant·es : création de centres de santé à proximité des universités et des CROUS ; consultations gynécologiques et psychologiques gratuites et anonymes ; simplification des procédures et des démarches d’accès, notamment à destination des étudiants étrangers ; installation de distributeurs de serviettes et de tampons gratuits dans chaque lycée et chaque établissement d’enseignement supérieur et distribution de kits “anti-précarité menstruelle” lavables ; tiers payant à 100% de la sécurité sociale pour toutes les dépenses de santé (pas d’avance de frais).

  • Lutte contre l’habitat indigne :  soutien la création et la rénovation massive de logements dédiés aux jeunes (FJT, résidences étudiantes, internats à proximité des centres d’études) ; fonds régional d’aide au paiement des quittances de loyer et dépenses liées au logement, pour les 18-25 ans et étudiants rencontrant de graves difficultés ; extension de l’offre locative par la réquisition de tous les logements vides et encadrement des loyers de l’ensemble du parc locatif, privé ou public, étudiant ou non ; respect de la trêve hivernale dans les logements CROUS et transformation des droits d’occupation précaires en baux de droit commun.

5 - Une nouvelle ambition pour la recherche

  • Un budget ambitieux sera consacré à la recherche, avec des financements sur le temps long 

  • La recherche participative, citoyenne et ouverte sera encouragée par l’accès de tou·tes aux infrastructures et ressources universitaires 

  • Accompagnement spécifique pour les étudiants et les jeunes chercheurs, franciliens et étrangers : financement des emplois étudiants en bibliothèque universitaire, aides aux étudiants étrangers et aux doctorants pour régler leurs frais d’inscription, aide aux étudiants confrontés à un accident de parcours.

6 - Relancer le secteur culturel

Parce que le monde du spectacle a été complètement abandonné par l’État et la Région de Valérie Pécresse, nous voulons aider les acteurs culturels à se relever en prenant appui sur la commande publique.

  • Nous organiserons des Assises de la culture et nous instaurerons un dialogue régulier avec les professionnels.

  • Nous reviendrons au dispositif de « fabriques culturelles” : lieux de création et co-construction artistique, de partage et ouverts à toutes les pratiques et formes de cultures

  • Nous relancerons l’emploi avec la création de 30 000 emplois tremplins, la promotion de projets culturels de proximité et la distribution d’aides de fonctionnement.

  • Un chèque « pratique artistique » sera distribué pour encourager l’accès à la culture pour toutes et tous.

  • Améliorer la desserte des lieux culturels en transports en commun (banlieues, zones rurales)

7 - Du sport pour tou·tes, partout en Île-de-France

  • Enrichir le maillage culturel francilien en s’appuyant sur les acteur·trices culturels, sportifs et socioculturels locaux. Développer les dispositifs mobiles et notamment les installations sportives provisoires

  • Rénover les équipements sportifs et culturels en visant le mieux-disant écologique. Évaluer l’usage genré des équipements pour conduire une politique de rattrapage égalitaire dans les investissements. Investir pour développer les équipements sportifs dans les établissements scolaires et les campus universitaires

  • Encourager et prendre en compte l’engagement des clubs sportifs dans la lutte contre les discriminations dans l’attribution des subventions et la construction de nouvelles infrastructures. Promouvoir les chartes d’engagement vers l’inclusivité, soutenir la mise en accessibilité des équipements sportifs. 

  • Nous faciliterons la création de jeux sportifs régionaux mettant en avant les professionnels du sport en club et les pratiques amateurs pour mettre en valeur les jeunes sportif·ves et faire se rencontrer les différents organismes sportifs régionaux (Jeux olympiques citoyens d’IDF)

  • Action résolue contre les nuisances liées aux JO : pollutions, bétonisation, spéculation et production de déchets

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25 mai 2021 2 25 /05 /mai /2021 11:34

L’Île-de-France n’est pas qu’une suite de routes et de bâtiments de béton et d’acier. Traversée par de nombreux cours d’eau, dotée de forêts, de prairies et de champs, 75% de notre région n’est pas urbanisée. Pourtant, des centaines de milliers d’entre nous sont éloignés de tout accès à la nature. Parce que les êtres humains ne peuvent survivre seuls, que les plantes nous apportent de la fraîcheur en été et nous nourrissent toute l’année, parce qu’il faut empêcher les inondations et les sécheresses, parce que nous refusons un monde privé du chant des oiseaux, nous devons faire plus de place à la nature. Nouvel article pour exposer les propositions des écologistes pour les élections régionales des 20 et 27 juin, après Un plan de santé pour l'Île-de-FranceNourrir l'Île-de-France et Le logement d'abord !  Nous serons également présents physiquement  sur le marché Bio le vendredi après-midi, et le marché dimanche matin. Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous sur http://idfecologie.fr/.

Élections régionales : Protéger la nature et sauver le climat
Élections régionales : Protéger la nature et sauver le climat
Élections régionales : Protéger la nature et sauver le climat
Élections régionales : Protéger la nature et sauver le climat
Élections régionales : Protéger la nature et sauver le climat

L’OMS recommande, pour une bonne santé, que chaque personne puisse avoir accès en moyenne à 15m2 d’espaces verts. C’est un objectif qui doit être atteint à l’échelle de chaque quartier. La Région accompagnera les communes dans la création de nouveaux espaces verts et créera des parcs de dimension régionale. L’objectif zéro artificialisation des sols, surtout des terres agricoles, sera enfin une priorité. 

Il est impératif d’atténuer les conséquences des canicules ou des inondations liées au réchauffement climatique et de diminuer l’émission des gaz à effets de serre. Agir contre les îlots de chaleur en repensant l’urbanisme et en réaménageant nos villes, faciliter l’écoulement des eaux en désimperméabilisant les sols et en végétalisant les espaces urbains sont des nécessités vitales. 

D’un autre côté, nous devons diminuer les émissions de gaz à effet de serre dont les activités humaines sont responsables. Les principaux leviers à l’échelle de l’Île-de-France sont les transports, le bâti, l’énergie et, de manière générale, l’ensemble des importations de marchandises dont la production et le transport émettent des gaz polluants. Contre le dérèglement climatique, la région peut beaucoup. Fini de verdir les discours il est temps de verdir les actes.

Notre région est particulièrement dépendante de ressources limitées, dont la disponibilité va décroître progressivement dans les décennies à venir. Les écologistes sont pragmatiques et préparent l’avenir dès maintenant. D’abord, la Région doit promouvoir la sobriété et garantir l’efficacité énergétique, en réalisant notamment des travaux de rénovation. Ensuite, il faut développer les énergies renouvelables sur notre territoire afin d’augmenter notre autonomie énergétique.

Nos engagements 

 1 - Zéro artificialisation, pour un aménagement écologiste de la région

Chaque année des centaines d’hectares de nature ou de terres agricoles sont englouties par le béton et la route. Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas la construction de logements qui est principalement responsable de cette artificialisation mais bien le développement de la voirie, des parkings et des activités économiques qui s’éloignent toujours plus des lieux de vie. 

L’artificialisation des sols a des conséquences dramatiques sur le vivant et on constate l’effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux depuis des décennies, y compris ces dix dernières années. Elle est aussi responsable du réchauffement climatique, les sols étant des régulateurs des cycles du carbone et de l’eau. 

Nous réformerons le Schéma directeur de l’Île-de-France pour réellement protéger nos espaces de nature et nos terres agricoles. Plus question de bétonner le Triangle de Gonesse ou le plateau de Saclay. Au contraire, le conseil régional achètera des terres pour les protéger et compléter une véritable ceinture verte, consacrée à la nature et à l’agriculture. La reconstruction de la ville sur la ville, la revitalisation des centre-bourgs et l’installation des activités économiques compatibles au plus près des habitations seront les principales orientations de l’aménagement de l’Île-de-France. Les aides versées aux collectivités seront conditionnées aux efforts entrepris dans la lutte contre l’artificialisation et pour la renaturation des sols.

2 - 15 m 2 de nature par Francilien

En Île-de-France comme dans le reste du monde, la nature est en danger. La biodiversité s’effondre et les animaux ont de plus en plus de mal à trouver des habitats adaptés. Malgré les réglementations environnementales, les grands projets destructeurs des espaces naturels continuent de se multiplier. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande que chaque personne ait en moyenne accès à 15m2 pour se sentir en bonne santé, c’est l’objectif que nous poursuivrons. Végétalisation des cours d’établissements scolaires, contractualisation avec les collectivités pour que chaque projet d’aménagement libère du sol nu et de la pleine terre, de la place pour la végétation et les animaux. 

La Région soutiendra massivement l’éducation à la nature en permettant aux enfants et aux adultes de se familiariser avec le vivant. Des séjours d’immersion en pleine nature seront proposés lors des vacances scolaires. 

Le Conseil régional, avec l’Agence des espaces verts, créera au moins trois parcs régionaux et complètera une ceinture verte entre la petite et la grande couronne. Avec les écologistes, plus personne ne grandira dans le béton, sans rencontrer les plantes et les animaux. Le Conseil régional financera la plantation d’un arbre par naissance en Île-de-France pour que chaque enfant francilien soit rattaché au vivant: à chaque petit-e francilienn-e son arbre, qu’il pourra identifier et dont il pourra prendre soin.

3 - Relocaliser l’agriculture

L’Île-de-France est un territoire agricole (50% de la région), dont les surfaces agricoles sont dominées à 90 % par les grandes cultures (blé, orge, colza, betterave). Il comprend 12 millions de consommateurs·rices, soit presque 19% de la population métropolitaine. Malgré la présence d’un tel bassin de consommation, la majorité des denrées alimentaires produites en Ile-de-France sont exportées. L’Ile-de-France fait également face à une diminution des surfaces agricoles (SAU) de 0,6% par an depuis 2010 et à un départ massif à la retraite des exploitants qui ne sont pas remplacés par une  nouvelle génération d’agriculteurs·rices. En Ile-de-France, nous avons perdu 25% des exploitations en 20 ans. 

Les écologistes vont maintenir les revenus et tripler les emplois en accompagnant et intensifiant la transition agricole. Nous mettrons en place un vaste plan de transition agroécologique régional : sortir de l’agriculture industrielle et développer l’agriculture biologique et paysanne, l’agroforesterie et soutenir la production de protéines végétales. Les déchets organiques urbains doivent être réintégrés au cycle agricole pour ne plus importer d’engrais de synthèse. En misant sur la formation et le recrutement d’une nouvelle génération, sur l’expertise et la connaissance du terroir des professionnels, nous passerons d’une agriculture de monoculture, de chimie et d’exportations à une agriculture nourricière qui travaille avec la nature, protège l’air, l’eau et les sols. Nous voulons passer de 11 000 emplois agricoles directs à 35 000 en dix ans. Nous accompagnerons la progression de l’agriculture biologique et accélèrerons les conversions vers les 30% d’exploitations bio à la fin du mandat. Pour lutter contre l’empoisonnement de nos campagnes, la Région se mobilisera pour atteindre l’objectif zéro pesticide en 2030. La Région soutiendra l’élaboration de projets alimentaires territoriaux et montrera l’exemple avec un projet alimentaire régional.

4 - Rénover massivement l’ensemble du bâti francilien

La principale contribution directe de l’Île-de-France aux émissions de gaz à effet de serre est son bâti (50% des émissions régionales). Les consommations d’énergie et les pollutions induites par les bâtiments résidentiels ou tertiaires ont globalement diminué depuis vingt ans, même si une reprise est observée depuis 2015 (date de l’arrivée de Mme Pécresse à la tête de la Région). Au vu des quantités d’énergie consommées et de la mauvaise qualité globale des logements franciliens (2,1 millions de logements classés E,F ou G : 44% du parc), la stratégie d’économies d’énergie, couplée avec une politique de sobriété des usages est la plus pertinente pour diminuer notre contribution aux dérèglements climatiques et améliorer directement les conditions de vie des Franciliennes et des Franciliens.

Alors que le marché de la rénovation était en pleine émergence, la droite régionale l’a tué dans l’œuf en supprimant les financements régionaux. Quand les écologistes prendront la tête de la Région, l’opérateur régional de tiers-financement Île-de-France Énergies agira au profit des copropriétés, des propriétaires individuels et même des entreprises propriétaires de bureaux. La Région organisera un service public régional de la sobriété énergétique pour engager une diminution des usages énergétiques.

Enfin, à travers la rénovation et la construction des lycées, la Région agira en leader exemplaire de la construction écologique. La société publique IDF Construction sera mobilisée auprès de toutes les collectivités volontaires pour partager ses bonnes pratiques en termes de reconstruction de la ville sur la ville, réhabilitation de locaux économiques, utilisation de matériaux locaux et recyclables, densification verticale et accueil de la flore et de la faune endémique.

La Région se positionnera comme leader européen de la rénovation énergétique du bâti grâce à une vision et un volontarisme politique qui faisait défaut jusqu’à présent.

5 - Un plan “anti-Lubrizol”pour protéger les populations des risques industriels

L’Île-de-France accueille 94 sites Seveso et un nombre bien plus grand d’installations classées au titre de la protection de l’environnement. Le rapport du Sénat au sujet de Lubrizol pointe du doigt la négligence avec laquelle la direction du site a traité les recommandations faites par les autorités ainsi que l’absence de coordination en matière terme de prévention des risques dans un site accueillant plusieurs industries dangereuses.

Alors que notre Région est la plus dense de France, ni les populations, ni les élu·es ne disposent d’informations précises et fiables concernant la dangerosité des sites. Plutôt que de contraindre les industries à se conformer aux enjeux spécifiques de leur environnement,  c’est aux populations et aux communes de s’adapter au voisinage d’activités porteuses de risques majeurs, ce qui n’est tout simplement pas acceptable. La seule Seine-Saint-Denis a connu 11 incendies d’entrepôt ces 2 dernières années Les salarié·es sont les , souvent instrumentalisé·es au titre de la défense de l’emploi mais premières victimes des expositions à des fumées ou à des produits toxiques, dont ils et elles n’ont pas toujours les informations quant aux conséquences sur leur santé.

La Région s’engagera à signaler à l’Etat tout incident porté à sa connaissance et supervisera le planning de contrôle prévu par des services d’Etat aujourd’hui insuffisants. Des fonds seront engagés pour la sécurisation des installations de gestion des déchets pour prévenir les risques d’incendie et d’explosion, équiper de systèmes de sécurité incendie les locaux électriques et les bâtiments logistiques pour améliorer la ponctualité des transports en commun et éviter les catastrophes. La Région se portera partie civile à toute action de justice visant à protéger les populations des risques industriels et accompagnera les luttes juridiques. Des études seront financées pour identifier d’éventuelles situations de racisme environnemental.

6 - Amplifier la transition énergétique

Après des années de luttes écologistes et de mobilisation d’experts, la nécessité d’une transition énergétique fait aujourd’hui consensus et de véritables filières de production d’énergie renouvelable commencent à se structurer. Cependant l’Île-de-France est très déficitaire (elle consomme bien plus d’énergie que ce qu’elle n’en produit). L’autonomie énergétique de l’Île-de-France demeure un objectif lointain mais des efforts doivent être entrepris. Tout d’abord, la Région peut agir à la source, en mobilisant largement autour d’un plan de sobriété énergétique qui permet de réduire les usages, par exemple en réduisant le nombre d’écrans publicitaires qui envahissent nos rues et nos transports en commun et en privilégiant des affichages culturels, patrimoniaux et associatifs. 

Ensuite, il s’agit d’engager un grand plan de rénovation du bâti, à tous les niveaux. Concernant la production, le Conseil régional écologiste mettra la priorité sur la géothermie et le petit hydraulique respectueux de la biodiversité. La Région soutiendra la construction et l’extension de réseaux de chaleur et étudiera les déploiement possibles d’hydrogène 100% issu de renouvelables, notamment dans l’industrie.

La Région soutiendra l’essor, dans toutes les communes, de réseaux citoyens de production et de consommation d’énergie renouvelable et créera un service d’ingénierie pour faciliter les coopérations territoriales. 

Pour les transports ne pouvant être électrisés ou évités, le recours à du biogaz ou des agrocarburants de seconde génération doit être envisagé. Toutes les industries productrices doivent être raccordées à des réseaux urbains. Les coopérations citoyennes seront largement appuyées par une intervention publique pour que l’Île-de-France réalise son potentiel d’équipement en panneaux solaires et en éoliennes pour atteindre les objectifs de 100% renouvelable en 2050. 

7 - Protéger tous les animaux

Les animaux sont trop souvent ignorés, considérés comme des choses inertes, ou de simples aliments sur pattes. Pour les écologistes, nous avons une responsabilité majeure dans leurs conditions de vie, qu’il s’agisse des animaux de compagnie, d’élevage ou des animaux sauvages, des villes, des champs ou des forêts. La Région se mobilisera pour mettre fin aux mauvais traitements dont ils font l’objet. La Région mettra en place les dimanches sans chasse, supprimera les conventions de chasse et de pêche sur le territoire dont elle a la responsabilité et ouvrera à un moratoire régional sur la chasse à courre. Les collectivités qui s’engagent pour laisser de la place aux animaux et répondre à leurs besoins seront soutenues. À travers des critères dans la commande publique régionale, l’option végétarienne quotidienne dans les cantines et le soutien à la transition agricole, le Conseil régional s’opposera aux élevages industriels. La région fait sienne les propositions du referendum animaux et s’engage à poursuivre leur mise en oeuvre à son échelle.

Nos propositions

1 - Un arbre planté pour chaque naissance en Île-de-France

Chaque enfant né en Île-de-France se verra proposer un partenariat avec un arbre planté dans son mois de naissance, et une plaque à son nom y sera apposée pour rappeler les liens qui nous unissent au vivant et à notre patrimoine naturel. Les arbres anciens, poumons de notre région et participant de notre patrimoine seront protégés par un label régional qui empêchera toute coupe, sauf nécessité absolue. Ces mesures s’intègrent à un plan plus large qui vise à renforcer la densité végétale dans les villes, avec la création de mille îlots de fraîcheur, une ceinture verte régionale, l’augmentation globale du couvert forestier francilien. L’agroforesterie sera encouragée à travers les formations agricoles et des aides spécifiques pour la plantation d’arbres et de haies dans les champs. La gestion des forêts franciliennes intègrera des objectifs de diversification biologique et de variété des usages (exploitation bois-matériau, bois-énergie, habitat d’espèces sauvages, régulation de l’eau et de l’air, espaces de loisirs).
Les friches industrielles seront étudiées au cas par cas : selon la richesse de la vie qui s’y est développée, elles seront, soit utilisées pour construire des logements accessibles ou de nouvelles activités industrielles, soit renaturées. Pour renaturer partout où c’est possible, nous réécrirons le SDRIF en plaçant l’indice de soutenabilité comme critère essentiel à tout nouveau projet d’aménagement. Des espaces de vie sauvage sanctuarisés seront créés dans le cadre des périmètres régionaux d’intervention foncière. En collaboration avec les Parc Naturels Régionaux et l’Agence Régionale de la Biodiversité, la Région s’engagera fortement dans la protection et l’extension des trames vertes, bleues et noires.

2 - Zéro pesticide en 2030, 2000 km de haies plantées

L’agriculture paysanne est un secteur d’avenir qu’il faut protéger de l’urbanisation galopante et développer, en suscitant de nouvelles vocations. Il faut soutenir la transformation de nos systèmes agricoles productivistes vers des modes de production écologiques et le redéploiement de la polyculture élevage, sans intrants de synthèse et favorisant la biodiversité et notamment la vie des sols. La transition agricole et l’essor de la production alimentaire francilienne permet de préserver l’environnement, de diminuer les émissions de gaz à effet de serre mais aussi d’agir pour la santé des Francilien·nes. 

  • Conditionner les soutiens à l’agriculture à la protection des ressources en eau et à la préservation des sols

  • Aider les exploitations agricoles à planter 2000 km de haies et à revitaliser les sols.

  • Zéro pesticide sur les terres agricoles propriété de la Région dès 2022

  • Appuyer les collectivités, des associations et des exploitations qui développent les circuits courts et de proximité et relocalisent (associations de développement de l’AB, AMAP, couveuses d’activités, foncières citoyennes pour l’installation agricole). 

  • Élevage : maintenir les exploitations existantes en accompagnant leur transition vers les pratiques d’agroécologie et d’agriculture végétale,  développer les petites fermes de polyculture-élevage ainsi qu’une filière d’abattage mobile et de transformation locale, après un état des lieux public sur la situation des abattoirs en Île-de-France.

  • Favoriser une diversité paysagère entre zones cultivées et non-cultivées accueillant une végétation permanente spontanée indispensable au développement de la micro-faune locale. Tout abattage d’arbre évitable doit être évité.

3 - Doter la Seine, la Marne et l’Oise d’une personnalité juridique

L’eau est une ressource de plus en plus menacée par les pollutions, les sécheresses et les conflits d’usage (irrigation, consommation, usages industriels ou de loisirs). La Région doit préserver la ressource en eau et s’opposer aux procédés de traitement polluants comme l’osmose inverse basse pression. En s’inspirant des droits de la Nature et en considérant l’écosystème fluvial comme une entité juridique, nous doterons la Région d’un nouvel outil prometteur. Il s’agit aussi d’une mesure forte qui s‘inscrit dans une logique plus générale, intégrant la préservation de l’eau et de ses habtiant-es à l’ensemble des politiques régionales : soutien aux collectivités qui s’engagent dans la gestion publique de la ressource en eau, contrôle des syndicats producteurs d’eau potable et des syndicats d’assainissement, aménagements visant la désimperméabilisation des sols, la protection des berges, le zéro pesticides, trames bleues, schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux…

4 - Promouvoir l’éducation et la sensibilisation à l’environnement et la nature

On ne protège que ce que l’on connaît et chérit. L’éducation à l’environnement a été le parent pauvre de politiques régionales ces cinq dernières années. 

  • Embauche d’éducateurs au sein de l’agence régionale pour la biodiversité, en lien avec l’Agence régionale des espaces verts.

  • Promotion de programmes de sciences participatives et création d’une délégation spéciale à l’éducation scientifique et à l’environnement

  • Soutenir les pratiques de découverte de la nature, de jardinage, d’agroécologie et de transition énergétique dans les lycées et accompagner Conseils départementaux et communes dans la mise en place d’actions pédagogiques dans les écoles et collèges.

  • Accompagnement des communes, dans le cadre des contrats d’aménagement régionaux et des contrats ruraux pour une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les politiques d’aménagement, de requalification urbaine et de revitalisation des centre-bourgs et des quartiers d’habitation.

5 - Une délégation régionale à la condition animale

La condition animale demande une action transverse qui justifie la création d’une délégation dédiée, confiée à un·e élu·e disposant de moyens et de liens directs avec les services de la Région. Cette délégation permettra au Conseil régional, en s’appuyant sur l’expertise des réseaux associatifs, d’empêcher les mauvais traitements, d’aider à retrouver les animaux perdus, soutenir les initiatives citoyennes et associatives en faveur des animaux,d’accompagner les mairies dans le contrôle de l’utilisation commerciale d’animaux. La région financera l’ouverture d’un deuxième centre de soins régional d’animaux sauvages, en complément de celui de l’École nationale vétérinaire d’Alfort.

La Région imposera également des critères de respect des animaux à tous les fournisseurs et bénéficiaires de la Région. Dans le cadre de la formation professionnelle et de la gestion des cantines, les professionnels de la restauration auront accès à des formations en cuisine végétale.

6 - Évaluer et anticiper les dérèglements climatiques

Le Conseil régional élaborera son nouveau Schéma directeur (SDRIF) en tenant compte des prévisions scientifiques les plus fiables concernant les impacts des dérèglements climatiques sur l’aménagement du territoire. Une ingénierie dédiée sera rendue disponible pour les communes et les contrats d’aménagement régionaux seront élaborés en tenant compte des enjeux climatiques. Un observatoire régional des effets des dérèglements climatiques, sous l’égide de l’Institut Paris Region et ouvert aux acteurs scientifiques et associatifs sera créé. Il aura notamment pour mission de cartographier les risques à l’échelle régionale.

Les politiques de prévention des sécheresses et des inondations seront pérennisées et financeront prioritairement la prévention et la gestion des catastrophes plutôt que l’indemnisation a posteriori. Les formations initiales et continues dans les secteurs-clés de la transition seront renforcées et l’éducation et la sensibilisation aux dérèglements climatiques seront soutenues pour la première fois par la Région. Des études environnementales mais aussi sociologiques seront conduites afin d’éclairer l’élaboration des politiques publiques de résilience territoriale.

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21 mai 2021 5 21 /05 /mai /2021 10:11

L'automobile a envahi nos imaginaires depuis un siècle : il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin de la voiture. Cessons de penser notre auto-mobilité comme une affaire personnelle dans une société où l'interdépendance est planétaire. Un extrait du livre d'Andrea Coccia Contro l'automobile, paru en italien chez Eris Edizioni en 2020, révisé, traduit en français par Amélie Depriester et publié le 12 avril 2021 sur Le Grand Continent https://legrandcontinent.eu/fr/2021/04/12/contre-la-voiture/. Lire aussi Les voitures vendues en 2018 conduisent le climat droit dans le murLes effets de la voiture électrique et « Une civilisation durable ne peut pas être une civilisation de la voiture ».

Contre l'automobile

L’année de la Restauration

Les données sur les ventes de voitures en 2020 ne laisse pas de place à une multitude d’interprétations différentes : ce que l’industrie automobile, l’une des plus grandes filières industrielles au monde, a vécu, est décidément une annus horribilis. Rien qu’en France, selon le CCFA, le Comité des constructeurs français d’automobiles, 1 650 118 voitures personnelles ont été immatriculées en 2020. Cela représente, en dehors des statistiques, le pire chiffre depuis 1975. Une chute nette des immatriculations par rapport à l’année précédente de 24,4 %. 

Le marché français n’est bien entendu pas le seul à avoir connu ce cauchemar. En Allemagne, la baisse a été de 19,1 %, avec 2 917 678 voitures immatriculées. En Italie, elle a été de 27,9 %, avec 1 381 496 voitures vendues. Aux États-Unis, elle a été de 13,8 %, avec 14 670 000 voitures vendues. Et les chiffres mois par mois sont encore plus effrayants : on y constate des chutes de pourcentage de près de 80 % pendant les mois les plus durs du confinement.

En bref, alors qu’en 2019 les constructeurs automobiles pouvaient se permettre d’espérer franchir le cap des 100 millions de véhicules produits par an d’ici quelques années, en 2020, leur espoir est devenu : survivre à la pandémie. Qu’est-ce que cela signifie ? Survivre en même temps que la crise du pouvoir d’achat de la population liée à la crise économique qu’elle a générée, mais aussi survivre à l’attention accrue aux stratégies alternatives de mobilité que cette crise a générée dans l’opinion publique et au sein de nombreuses communautés, principalement urbaines, désireuses d’exploiter le choc généré par le coronavirus pour proposer de nouveaux modèles de mobilité à l’échelle humaine plutôt qu’à l’échelle de la voiture.

Face à cette conjoncture, comme toute vieille structure de pouvoir sur le point de faire face à une révolution qui menace de la balayer, les constructeurs automobiles avaient deux options : vivre 2021 comme l’année du carnage ou la transformer en une année de la Restauration. Pour ce faire, ils n’ont pas attendu. La bataille a commencé immédiatement.

Le 26 mai 2020, à Étaples, dans le Pas-de-Calais, depuis une usine de Valéo, une entreprise française leader dans la production de composants automobiles, le président de la République Emmanuel Macron tient une conférence de presse. Sur l’estrade d’où il s’exprime, juste au-dessus d’un bandeau tricolore et juste en dessous du titre de son discours – Plan pour l’automobile – trois mots rejouent le rythme de la devise républicaine : Écologique, compétitif, français.

Alors que derrière le président, le visage grave, se tient le ministre de l’économie Bruno Le Maire, devant lui, le souffle suspendu, non pas des millions de citoyens mais quelques dizaines de personnes, les représentants des conseils d’administration des plus grands industriels du pays, dont l’avenir dépend des décisions du président.

Le contenu de l’annonce ? Un déluge d’argent en aides directes et indirectes à l’industrie automobile : plus de 8 milliards d’euros pleuvent ainsi sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Pour les consommateurs, dans le cadre des aides individuelles, cela prend la forme d’un « bonus écologique » allant jusqu’à 7000 euros pour l’achat d’une voiture électrique, jusqu’à 2000 pour une hybride et jusqu’à 5000 comme prime à la conversion. En outre, pour soutenir la reconversion du secteur industriel, Macron annonce 200 millions pour la transformation industrielle et 150 pour la recherche.

L’objectif à long terme du gouvernement Macron est clair : maintenir l’industrie automobile en vie en relançant le modèle classique, celui des subventions publiques, tout en continuant à encourager l’utilisation de la voiture et sa production. La seule grande différence avec les systèmes d’incitation qui ont servi de béquille au marché pendant des décennies est le label de la transition écologique, dont l’urgence est aujourd’hui indéniable, même pour le secteur automobile, qui a désormais besoin que les conducteurs remplacent les voitures à essence par des voitures électriques pour survivre.

Quasiment un an plus tard, le 31 mars 2021, à Pittsburgh, en Pennsylvanie, Joe Biden prononce un discours à la maison des syndicats de la ville. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi ce lieu ; ce n’est pas un hasard non plus s’il a choisi de revenir à Pittsburgh. C’est là qu’il a commencé sa tournée électorale, qu’il a annoncé qu’il acceptait l’investiture démocrate et qu’il a prononcé son dernier discours avant le jour du scrutin. Trois discours importants, mais autant que celui qu’il prononce ce jour-là.

Depuis l’estrade, en effet, Biden annonce l’American Jobs Plan, le plan gigantesque d’environ 2000 milliards de dollars en dix ans pour renouveler les infrastructures américaines et effectuer la transition écologique en Amérique.

Sur les près de 1000 milliards de dollars d’investissements nets du plan annoncé par le président Biden, 174 milliards sont destinés à subventionner le marché des voitures électriques, tandis que 165 milliards seront consacrés aux stratégies de transport alternatives, aux services publics et au réseau ferroviaire. Tout cet argent, comme celui que Macron a promis aux industries françaises près d’un an plus tôt, sera mis à disposition sous forme de subventions et d’incitations pour les États, les collectivités locales et les particuliers.

En écoutant le discours de Macron d’abord et celui de Biden ensuite, beaucoup se posent la même question : comment est-il possible que les constructeurs automobiles aient autant de pouvoir ? Une question qu’il est plus utile de poser autrement : comment est-il possible qu’il soit plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin des voitures ?

Les deux plans, en effet, bien qu’incomparables par leur taille et leur ampleur, ont un solide centre de gravité commun : ils mettent beaucoup d’argent sur la table pour l’industrie automobile. C’est-à-dire pour les mêmes personnes qui, depuis un siècle, dirigent les politiques de mobilité dans le monde entier en investissant d’énormes ressources dans la communication, à la fois dans la publicité et la propriété directe des médias, mais aussi dans la politique, à la fois dans le lobbying et l’influence, mais aussi dans le financement direct des partis politiques.

Le résultat ? Nous nous retrouvons exactement dans la situation à laquelle nous étions confrontés avant même la pandémie : une dépendance si totale et si complète de nos sociétés à l’égard des voitures que nous sommes obligés de répondre à la question de savoir comment nous pourrions survivre sans elles d’une manière très claire : c’est impossible, il n’y a pas d’alternative. 

There is no alternative. L’adage qui, selon Mark Fisher, représentait la victoire du réalisme capitaliste fonctionne tout aussi bien pour le réalisme automobile.

Contre l'automobile

Inception

Un paysage naturel, sauvage, qui s’étend à perte de vue. Une route sinueuse et déserte, qui serpente dans un paysage à couper le souffle. Sur la route, une voiture et, autour, rien que le silence. Elle est élégante, puissante. La carrosserie brillante, de couleur presque toujours noire comme les vitres qui masquent l’intérieur, lui confère une beauté hautaine et irrésistible. Qu’elle roule à toute vitesse dans une vallée, entre les collines, au-dessus des montagnes, dans la neige, au bord d’un océan ou dans le désert, peu importe : tout ce qui compte, c’est sa totale liberté. 

Avouez-le, ces images vous sont familières : vous les avez vues défiler devant vos yeux un nombre incalculable de fois. Leur message nous poursuit chaque jour, sur tous les formats, mais les valeurs transmises sont toujours les mêmes : celle de la vitesse, de l’aventure, du privilège, de la liberté. Ces valeurs, l’industrie automobile les instille dans notre imaginaire depuis des décennies par le biais d’une campagne marketing qui dure depuis près de cent ans et coûte des milliards de dollars chaque année : la plus grande intrusion stratégique dans l’imaginaire mondial de l’histoire de l’humanité.

Souvenez-vous du film Inception, de Christopher Nolan. Leonardo DiCaprio y interprète une sorte de hacker des rêves dont la mission est de pénétrer dans l’esprit de l’héritier d’un grand industriel, joué par Cillian Murphy, pour orienter ses décisions futures en implantant une idée dans son cerveau. L’industrie automobile a réussi à pénétrer l’imaginaire mondial avec beaucoup moins de moyens : il a suffi de rivières d’argent, de dizaines et de dizaines de milliards par an investis dans la publicité, le placement de produits, le parrainage, le lobbying, ou encore le marketing.

L’argent suffit quand on sait déjà où creuser.

Selon Colin Ward, auteur de Pour en finir avec le mythe de l’automobile (Atelier de création libertaire, 1993) ce lieu à creuser était la stimulation du « rêve infantile d’une liberté individuelle absolue dont nous avons du mal à nous libérer ». Nous sommes parvenus à nous convaincre que notre possibilité d’être heureux est liée à quelque chose qui, en réalité, ressemble plus à une prison qu’à un vecteur de liberté : il suffisait d’appuyer sur le bouton de la présumée liberté totale, celle dont rêvent les enfants et les tyrans.

Presque partout, l’industrie automobile figure parmi les principaux investisseurs publicitaires. Pour la seule année 2017, environ 20 milliards de dollars ont été investis dans le secteur au Canada et aux États-Unis, près de 7 en Chine, autant si l’on regroupe seulement la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie et environ 3 milliards dans le reste de l’Europe. Près d’un milliard et demi au Japon, un milliard en Australie, et de même en Inde. Au total, cela représente environ 40 milliards de dollars. Cela ne concerne que le secteur automobile, sans compter les compagnies pétrolières et les compagnies d’assurance.

La communication est une guerre, et dans cette guerre, les constructeurs automobiles ont une énorme puissance de feu. Dans n’importe quel journal ou magazine du monde, il n’est pas difficile de trouver des publicités pour des voitures. Cela n’est pas étonnant, car l’industrie automobile investit massivement dans le journalisme et la communication, à tel point qu’elle représente pour beaucoup de groupes de presse la plus grande part de leurs revenus publicitaires. La dépendance est presque totale.

On ne peut pas y échapper. Les voitures sont partout. Elles prennent toute la place. Elles occupent notre temps.

Avec les 87 176 335 nouveaux véhicules qui ont été produits en 2018, qui viennent s’ajouter aux 1,3 milliard de voitures déjà existantes, tous ces véhicules, même quand ils sont à l’arrêt, occupent un espace immense. Une voiture de taille moyenne occupe environ 10 mètres carrés, ce qui veut dire que les voitures actuellement en circulation dans le monde occupent environ 13 milliards de mètres carrés.

Mais les voitures ne font pas qu’occuper notre espace, elles occupent aussi notre temps. Selon la Commission européenne, un Italien passe en moyenne environ 37 heures par an dans les embouteillages, un Français n’y passe (que) 30 heures. Au total, nous passons en moyenne 5 ans et 7 mois dans notre voiture au cours de notre vie. La voiture était porteuse des plus belles promesses : rouler pour aller loin, aller vite, pour transporter des objets, découvrir le monde. Mais le conducteur lambda ne fait rien de tout cela : il utilise sa voiture pour se rapprocher de son domicile, dans la lenteur et dans la solitude, en emportant tout au plus sa housse d’ordinateur. 

Rien à ajouter : le mécanisme d’Inception a parfaitement fonctionné. Ils nous ont convaincus : la voiture n’est pas seulement nécessaire, elle est indispensable à notre vie.

Avant son suicide en 2017, Mark Fisher a écrit que la plus grande victoire du capitalisme avait été de nous convaincre tous qu’il n’y avait pas d’alternative. Le pactole de l’industrie automobile est encore plus raffiné : elle a accru notre dépendance aux  voitures tout en nous amenant à les vénérer, à les considérer comme l’invention qui nous a émancipés de la nature.

Contre l'automobile

Mon royaume pour un cheval

Au sommet de la Butte Montmartre, près de 130 mètres au-dessus du niveau de la ville, se dresse la Place du Tertre. La petite place est réputée pour ses peintres, son restaurant historique, où l’on aurait inventé le terme de « Bistrot », mais aussi pour avoir été le point de départ de la Commune de Paris. À l’un des angles, juste au-dessus de la plaque indiquant le nom de la place, se trouve une stèle en marbre sur laquelle est gravée en lettres rouges la phrase suivante : « Pour la première fois, le 24 décembre 1898, une voiture à pétrole, pilotée par Louis Renault, son constructeur atteignit la place du Tertre, marquant ainsi le départ de l’industrie automobile française ». 

Bien que la voiture à pétrole conduite par Renault, qui avait à l’époque tout juste 21 ans, ressemble plus à un pousse-pousse qu’à une voiture, c’est à ce moment-là que le garçon aux cheveux roux vient de remporter le gros lot. D’un seul coup, il a réalisé un rêve qu’il nourrissait depuis au moins une décennie et a réussi la première opération de marketing de l’histoire de l’automobile. Et ça a marché. Ce jour-là, le jeune Louis reçut 12 commandes pour un modèle qui n’existait pas encore. Deux mois plus tard, il fonda Renault avec ses frères, à Boulogne-Billancourt.

Louis n’est pas le seul, dans ces années-là, à rêver de libérer l’homme du joug de la lenteur. En juin 1896, le célèbre Henry Ford menait le même combat, lui qui faisait alors ses premiers pas dans l’industrie automobile, au moment même où le jeune Renault montrait aux Parisiens que sa voiture ne craignait pas les montées. Et ils n’étaient pas les seuls, puisque Karl Benz avait déjà inventé une voiture fonctionnant au pétrole dans l’arrière-boutique d’un magasin de vélos à Mannheim, une dizaine d’années auparavant. Tels de nouveaux alchimistes, le rêve de ces pionniers et de tous les autres était de desserrer les chaînes qui retenaient l’individu lié à l’espace-temps. Pour relever la barre de la mobilité et de la liberté, ils pensaient avoir donné à l’Humanité un outil révolutionnaire : chacun pourrait aller n’importe où et n’importe quand, ne dépendre ni de l’horaire des trains ni de la fatigue d’un cheval.

C’était un beau rêve. Mais il suffit de penser à n’importe quel périphérique de n’importe quelle grande métropole contemporaine pour voir, derrière l’effigie du rêve, le cauchemar d’un piège. L’utopie bourgeoise du droit individuel au transport motorisé à l’épreuve de la démocratisation et de la diffusion massive des voitures a enfin révélé son vrai visage.

On aurait pu s’y attendre. Après tout, la différence entre un droit et un privilège est assez claire : si vous étendez un droit à tout le monde, le monde s’améliore ; si vous essayez de massifier un privilège, le monde devient un enfer.

La vitesse est un privilège, elle l’a toujours été. Ce n’est pas un hasard si la noblesse s’est fondée sur la possession de chevaux, c’est-à-dire sur le privilège de pouvoir se déplacer plus vite que les autres. Dis-moi combien de temps il te faut pour te déplacer et je te dirai l’étendue de ta richesse et celle de ta liberté. Et 99,9 % de la population mondiale est très peu riche et très peu libre. La classe des super riches, les 0,1 %, a désormais dépassé la relation avec l’espace et le temps qu’entretiennent les mortels ordinaires.

Tout le reste du monde se déplace en voiture. En Italie, 30 millions de personnes prennent chaque jour leur voiture pour se rendre au travail ou à l’école. 70 % d’entre eux le font seuls.

Même si, à ses débuts, la voiture a pu être un privilège, elle a aujourd’hui perdu son statut, puisque tout le monde possède désormais une voiture. Et passer son temps à conduire pour aller travailler est une forme d’esclavage.

« Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! », s’exclamait le Richard III de Shakespeare sur le champ de bataille de Bosworth. C’est qu’à l’époque, le moyen le plus rapide d’échapper à la mort était le cheval. La mobilité est le seul salut face à la mort : Richard III est prêt à renoncer au pouvoir dont il comprend alors toute la futilité. Si le Barde devait aujourd’hui réécrire sa tragédie, le nouveau Richard, confronté au même destin, ne troquerait certainement pas son royaume contre une voiture. À quoi bon ? Pour rester coincé dans les bouchons parmi les pauvres blessés ? Il lui faudrait plutôt un hélicoptère, ou un jet privé.

La voiture n’est plus une affaire de riches puisque, dans l’immédiat après-guerre, les plus grands groupes industriels du monde ont dû inventer un moyen de maintenir les niveaux de production qui avaient été atteints en temps de guerre. Après s’être enrichis en produisant des armes, des camions, des wagons et des avions pendant la guerre, il ne leur restait qu’un seul choix : celui de faire de la voiture un produit de masse.

Il ne leur restait plus qu’à lancer la reconstruction d’après guerre, le boom économique, et à exploiter l’intuition de l’Italien Piero Puricelli, qui, dans les années 1920, avait conçu et dessiné la première autoroute européenne, la Milano-Laghi. Cette idée en séduisit plus d’un. Le IIIe Reich en particulier, en particulier, qui, dès les années 1930, fit appel à l’Italien pour concevoir le réseau autoroutier allemand permettant d’assurer la rapidité des déplacements des troupes blindées pendant la guerre. Les constructeurs automobiles et les producteurs de pétrole pouvaient être soulagés : le boom économique de l’après-guerre était sur le point d’ouvrir un énorme marché ; il ne restait plus qu’à préparer le terrain pour créer une dépendance de masse.

L’idée n’était pas nouvelle. Henry Ford, le même homme qui offrit 50 000 dollars à Hitler pour son anniversaire en 1939 et qui lui inspira certains des écrits antisémites les plus virulents de l’époque, décida d’offrir 1 000 dollars à ses ouvriers à Noël 1912. Ce n’était pas un acte de générosité : il avait besoin de clients, et il comptait sur le fait que ses ouvriers utiliseraient cet argent pour acheter un exemplaire de son célèbre modèle T, sa voiture la moins chère, qui se vendait sur le marché pour environ 600 dollars.

Plus de cent ans plus tard, l’entreprise a cessé de construire ce modèle, mais l’objectif de Henry Ford a été largement atteint : presque tout le monde a une voiture. Le fait de posséder une voiture, s’il a souvent été apparenté à une révolution, de commodité et presque de luxe, est devenu une prison. Si tout le monde se déplace, personne ne se déplace.

Contre l'automobile

Manuel pour arrêter de conduire 

La dépendance à l’égard des automobiles est-elle si réelle et totale qu’elle nous a amenés à penser qu’il n’existait pas d’alternatives crédibles ? Eh bien, il est temps de les trouver. Crise énergétique, crise économique, crise environnementale, crise sociale, crise politique. Nous pouvons tourner autour du pot autant que nous le voulons, mais nous sommes témoins des affres d’un système économique en phase terminale.

La voiture est une addiction, pas une nécessité. Comme l’héroïne. Nous en sommes dépendants sur le plan économique, industriel, politique, social et individuel. Mais le plus gros problème lié à l’industrie automobile n’est pas l’impact environnemental. Le problème, c’est notre survie et celle de nos sociétés qui, si elles ne se libèrent pas au plus vite de la voiture, seront condamnées à vivre dans un nouveau Moyen Âge.

La conscience qu’un tel système est un ennemi à combattre est déjà bien répandue. Il nous faudra probablement encore quelques années avant que le match puisse sérieusement commencer, mais en attendant, nous devons construire l’alternative, et nous devons la construire en partant de nos cerveaux, en désamorçant l’inception qui a colonisé notre imagination.

Nous devons avoir la force de réfléchir à nouveau, tous ensemble, et le faire rapidement. Nous devons commencer par la base, en prenant conscience que nous sommes les victimes d’un système qui nous exploite, et nous devons également reconstituer ce que nous sommes sur le point de perdre à jamais : le tissu social. Et il ne s’agit pas là d’un discours luddiste de briseurs de machine : car pour arrêter de conduire, la première alliée sera la technologie, en pensant de biais, en sortant des schémas qu’on nous a mis en tête.

Les objectifs sont clairs : réduire les déplacements, reprendre possession de son temps, bouleverser la notion de travail, reconstruire les tissus sociaux, économiques et politiques à l’échelle de la communauté, faciliter les échanges, optimiser la consommation, et sans doute même commencer à produire sa propre énergie pour se déplacer. Si nous pouvons sortir de cette dépendance sans attendre l’effondrement des structures qui l’ont inventée, c’est en imaginant un monde où nous serons plus heureux.

Beaucoup de mesures pourraient être mises en pratique pour arrêter de conduire mais, paradoxalement, l’arrêt physique de la conduite ne sera que la dernière chose à faire. Certaines stratégies sont déjà visibles, et de fait, ceux qui vivent dans une ville desservie par les transports publics ont déjà ce choix. De nombreuses villes s’efforcent déjà depuis des années de se débarrasser des voitures, et il sera certainement important de suivre l’évolution de ces tentatives. Mais cela ne sera pas suffisant. Dans la plupart des villes, utiliser une voiture est déjà un enfer, et une vie sans voiture est déjà imaginable.

Le problème le plus complexe concerne les personnes qui ne vivent pas dans les centres urbains. Dans les banlieues résidentielles des grandes villes, tout est favorable à la voiture. Pourtant, arrêter de conduire n’est pas un défi que seuls les citadins peuvent relever. Si seuls les urbains parviennent à relever le défi, cela aura pour effet pervers de fomenter la haine de ceux qui vivent en province contre ceux qui vivent en ville. Nous devons sortir de cette guerre civile si nous voulons réussir. Pour arrêter de conduire, nous devons le faire tous ensemble et le premier pas, le plus décisif, est d’arrêter d’en faire une affaire personnelle.

Une fois que nous avons compris qu’il faudra en faire une bataille collective, nous devons nous mettre en tête autre chose : un monde qui contient peu de voitures est impossible. On ne peut pas s’imaginer vivre dans un paradis hypothétique, où nous ne prendrions le volant qu’en cas de besoin, en nous partageant les rares voitures existantes. Malheureusement, un tel monde ne peut exister : la voiture contemporaine, hyper-technologique, ne ressemble plus à la voiture mécanique des premiers jours. Les voitures d’aujourd’hui ont besoin d’une industrie ayant la capacité de se développer en permanence, et pouvant produire toujours plus. Sans cette immense économie d’échelle, et sans l’aide ostensible des États-nations, l’industrie automobile aurait déjà mis la clé sous le tapis. 

Enfin, pour réunir les conditions qui nous permettront d’arrêter de conduire, nous devons nous battre pour limiter nos temps de déplacement. Au lieu de continuer à nous plaindre, battons-nous pour récupérer ce temps et pour que l’acte de se déplacer soit lié uniquement à un choix et non à l’obligation de se présenter sur un lieu de travail comme s’il s’agissait d’une caserne. Nous prônons la diffusion du  télétravail partout où il est possible, pour renverser une coutume arbitraire et peu pratique. Si seulement nous pouvions éliminer collectivement les trajets inutiles vers le lieu de travail, nous verrions la panique dans les yeux des constructeurs automobiles en même temps que quelques étincelles de bonheur dans les nôtres.

Il est évident qu’à la base de tout cela, il faudra changer de perspective, passer du personnel au collectif. Si aujourd’hui beaucoup d’entre nous sont contraints d’utiliser la voiture parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix, la solution n’est pas de se refermer sur nos besoins mais de s’allier, de construire une alternative à la fois directe, en mettant en place des moyens de transport alternatifs à la voiture, et indirecte, en changeant nos habitudes de déplacement. Et ainsi, accélérer la fin de la brève histoire de l’automobile sur Terre.

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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 08:20

Face aux épineux problèmes écologiques, les technologies numériques sont souvent présentées comme un remède, rendant compatibles nos vieillottes infrastructures avec les impératifs de sobriété. En reparcourant l’histoire de l’électricité et en analysant la manière dont cette énergie est aujourd’hui pensée, Gérard Dubey et Alain Gras offrent un recul critique salutaire sur les promesses soi-disant fabuleuses de notre présent. J’ai eu la chance de rencontrer l’un des co-auteurs, Alain Gras, après la publication de son livre « Le Choix du feu. Aux origines de la crise climatique », pour lequel il intervient dans mon film sur les pétroles de schiste, « Non conventionnel », filmé à l’amap La Courgette Solidaire, aux Lilas. Alain Gras est un sociologue des techniques, membre de l'Institut Momentum, et cofondateur d’Entropia, revue d’étude théorique et politique, et vous pouvez aussi retrouver ses chroniques régulières dans le mensuel La Décroissance. Le texte ci-dessous, intitulé « Transition numérique : pour continuer comme avant » pour sa publication dans Terrestres le 17 mai 2021, est le chapitre 14 du livre publié cette année au Seuil par Gérard Dubey et Alain Gras, « La Servitude électrique. Du rêve de liberté à la prison numérique ». Lire aussi Peut-on s’opposer à l’informatisation du monde ? et La « Troisième révolution industrielle » n’aura pas lieu.

La transition numérique renouvelle notre servitude électrique

Nous serions entrés, avec l’électronique et le numérique, le traitement de l’information et du signal, dans une autre ère, celle de la décomposition de chaque élément de réalité (sons, images, mots…) en unités ou en paquets d’unités discrètes interchangeables, en Shannons ou en bits. Ainsi l’électricité ne serait « plus qu’une commodité de transport de l’information (1) ». La réalité est tout autre et s’il y a bien transformation des usages, l’ère du numérique désigne avant tout une nouvelle phase d’expansion du modèle électrique.

Premièrement, parce que, comme une évidence qu’il devient inutile d’interroger, tous nos gadgets électroniques fonctionnent à l’électricité. L’empreinte énergétique directe (calculée à partir de la seule consommation finale) du numérique progresse ainsi d’environ 9 % chaque année (2) et consomme déjà 10 % de la production électrique mondiale (et 4 % de la consommation d’énergie primaire mondiale) (3). Ces besoins énergétiques sont bien sûr dus à l’explosion du nombre d’internautes dans le monde qui a atteint les 4,54 milliards en 2020, soit une augmentation de 7 % (298 millions de nouveaux utilisateurs) depuis janvier 2019. L’idée couramment avancée selon laquelle le bilan carbone d’un usage régulier du numérique (1 heure de vidéo par jour pendant un an représenterait 48 kg équivalent CO2) serait incomparablement inférieur à celui d’un vol transatlantique aller-retour (3 000 kg équivalent CO2) se révèle par exemple parfaitement spécieuse. D’abord parce que ces deux pratiques, mesurées séparément, s’additionnent dans la réalité. Ensuite et surtout parce que cette façon d’évaluer ne prend en compte que les pratiques individuelles et non leur effet d’agrégation. Or la consommation d’objets issus du numérique – les quelques chiffres cites en témoignent – est un phénomène de masse (il se vend environ chaque année dans le monde 130 millions de smartphones – même si ces chiffres sont en baisse. En 2019 leur nombre a atteint 1,4 milliard, pour 700 millions en 2012) ! Encore ces chiffres nécessitent-ils d’être constamment révisés, notamment en raison de l’essor spectaculaire des usages de la vidéo (le streaming, Skype…) (4), de l’arrivée de la 5G ou encore des perspectives ouvertes par la voiture autonome, les smart city et l’IOT… Avec 1 gigabit de données par seconde (et bientôt 10), la 5G est 100 fois plus rapide que la 4G actuelle. Elle devrait permettre, nous promet-on, de télécharger un film en ultra haute définition en 10 secondes, mais démultiplie d’autant la quantité de données à stocker et conserver (données qui devraient passer de 15 zettaoctets en 2017 à 40 en 2020) (5).

Si le coût unitaire moyen des objets numériques diminue, celui-ci est en fait de plus en plus déconnecté de son coût de revient réel, à savoir celui des ressources en énergie et en intrants matériels (combustibles fossiles, produits chimiques, métaux, terres rares, eau, gaz, etc.) impliques dans la chaîne complète de fabrication (6). Le seul visionnage de vidéos en ligne a génère dans le monde en 2018 une quantité de gaz à effet de serre équivalent a ce qu’émet un pays comme l’Espagne (7). Le développement d’un programme d’apprentissage automatique standard, symbole du ≪ miracle de nouvelle intelligence artificielle ≫ (Machine Learning), produit 284 tonnes d’équivalent CO2 (soit cinq fois ce qu’émet tout le cycle de production-destruction d’une automobile) (8). L’effet rebond, auquel nous nous sommes déjà plusieurs fois référés, s’applique ici plus que jamais. Ce que ces données quantitatives tendent toutefois à occulter est la question existentielle sous-jacente a ce consumérisme compulsif. Si la demande en produits numériques progresse plus vite que les efforts entrepris pour en réduire l’empreinte énergétique, c’est que le rapport au monde productiviste sur lequel elle repose s’est diffusé sur toute la planète. La réduction de l’existence a une succession d’instants déliés les uns des autres a notamment fait de la consommation (l’instant compulsif de l’achat) le geste par lequel l’individu se donne l’illusion d’être présent à lui-même. Tant que la perte de sens n’aura pas été clairement identifiée comme ce qui confère à la consommation cette valeur compensatoire, il y a peu d’espoir que les choses changent en profondeur.

La filiation de l’électrique et du numérique se manifeste enfin au niveau structurel. La logique de branchement propre au macro-système technique se prolonge aujourd’hui dans la toile du grand réseau mondial. L’ère du sans-fil (wifi), ou l’asservissement de l’atmosphère a la circulation de l’information, n’est qu’un leurre de plus au service de la fiction d’une dématérialisation du monde industriel alors même que l’essentiel de l’information transite plus que jamais par des câbles bien physiques, pour être ensuite relayées localement par des antennes relais, et que toute information a pour point de départ une impulsion électrique. Le cyberespace est bien le clone en même temps que le perfectionnement du réseau télégraphique d’hier. 99 % du trafic mondial d’internet, 90 % des appels téléphoniques (9) et l’équivalent de 10 billions de dollars d’opérations financières quotidiennes transitent ainsi par des câbles sous-marins et non par voie satellitaire (déjà très encombrée) (10).

Aux premières lignes télégraphiques terrestres et transatlantiques qui relient les places financières dans l’objectif d’accélérer les transactions (ligne télégraphique reliant la bourse de Paris a celle de Lille en 1849 puis première ligne transatlantique en 1858 (11)) fait aujourd’hui écho le réseau mondial de la City of London Telecommunications (12). Avec déjà 6,4 milliards d’objets connectes dans le monde en 2016 et 20,4 milliards estimes en 2020, une consommation de données mobiles en croissance rapide de 15 exaoctets en 2017 a 107 exaoctets prévus en 2026 (13), le câblage des continents ainsi que la lutte pour le contrôle de ces flux ont de beaux jours devant eux. Actuellement, 430 câbles sous-marins sont déployés sur plus de 550 000 miles soit presque un million de kilomètres (14).

Impérialisme numérique : l’expansion de la logique de branchement

Tout cela suscite des convoitises et déchaîne l’appétit des grands opérateurs du numérique (GAFA, Yahoo, Alibaba, ebay…), les seuls avec les grands États nationaux à pouvoir financer l’installation et l’entretien de tels réseaux. Ils sont aujourd’hui présents dans au moins 22 consortiums d’exploitation des câbles sous-marins (Google est à lui seul présent dans 11 d’entre eux). Le moteur de recherche a investi 30 milliards de dollars (25,7 milliards d’euros) entre 2015 et 2017 dans son infrastructure globale sur laquelle passe 25 % du trafic internet mondial. Le contrôle de ces infrastructures ≪ invisibles ≫ est ainsi devenu l’enjeu de vives tensions internationales. La Federal Communications Commission (FCC) américaine oblige toute entreprise étrangère souhaitant acheter une structure de ce type à mettre en place un ≪ Network Operations Center ≫ sur le sol américain (capables de répondre dans un délai de 30 minutes aux requêtes des autorités) (15). C’est la raison pour laquelle l’entreprise chinoise Huawei a dû renoncer à construire son propre câble entre l’Europe et les États-Unis. Et cela ne fait sans doute que commencer.

Un monde, enfin, pas si global qu’il en a l’air si l’on considère la distribution des flux et des câbles à travers le monde. À l’exception de la zone Asie, la carte des flux d’informations réplique celle des échanges commerciaux depuis la constitution des premiers grands empires coloniaux. En 1913, le Royaume-Uni disposait du plus grand réseau mondial de câbles télégraphiques (à l’image de son empire, avec 330 000 km). Si les États-Unis ont depuis longtemps pris le relais, le déséquilibre avec le continent africain ou sud-américain demeure criant. La nouveauté réside cette fois dans la prise de contrôle progressive des réseaux optiques par les grands opérateurs du numérique (nord-américains et chinois pour l’essentiel) et notamment des zones d’atterrissage. Les datas centers, au nombre de 338 en 2016 constituent désormais les principaux points de chute des câbles sous-marins. Le câble Marea mis en service par Microsoft et Facebook et qui relie Bilbao et Virginia Beach (6 600 km pour 160 térabits) est ainsi considéré comme le plus puissant du monde (16)… Les enjeux nationaux et étatiques ne sont évidemment jamais bien loin et ne font en somme que changer d’apparence. Le projet d’installation de datacenters chinois en Islande montre que le programme des routes de la soie vise à contrôler les flux d’information mondiaux en prenant le contrôle de lieux stratégiques. En plus de raisons géostratégiques, le projet des « routes polaires de la soie » présente un intérêt énergétique évident, celui de bénéficier de conditions climatiques très favorables au refroidissement à moindre coût de ces installations énergivores (17). La guerre de l’information est une lutte à mort pour le contrôle des signes, des choses et des êtres.

Nous savons que l’industrie du numérique consomme pour la fabrication des téléphones portables et des ordinateurs 19 % de la production de métaux rares dans le monde et 33 % de la production de cobalt et que l’exploitation de ces matières premières passe par l’exploitation brutale de centaines de milliers de travailleurs-esclaves par l’industrie minière (18), dont un nombre important d’enfants (cas de la République démocratique du Congo) (19). L’instabilité politique des pays producteurs est entretenue pour assurer la pérennité des affaires dans un contexte de non-droit. Trafic d’armes, corruption et exacerbation des tensions ethniques contribuent ainsi à garantir l’approvisionnement des grands industriels du numérique.

Mais cette prédation est multiforme et les infrastructures numériques servent aussi à dissimuler une division internationale du travail qui laisse de moins en moins d’espace aux luttes sociales. De ce point de vue les fantasmagories de ce début de XXIe siècle ressemblent à s’y méprendre à celles du XIXe finissant évoquée au deuxième chapitre, masquant la brutalité des réalités sociales d’alors comme d’aujourd’hui. La fée électricité devait réenchanter le monde du travail, le nettoyer des souillures de la matière et de l’atmosphère délétère de l’usine. La numérisation propose aujourd’hui de rendre au travailleur l’autonomie perdue en le libérant des oppressions de l’ère industrielle taylorienne-fordiste. Les apôtres de la « transition numérique » ne manquent pas une occasion d’expliquer de quelle manière le numérique libère le travail, en faisant exploser l’enceinte disciplinaire de l’entreprise ainsi que les rapports de subordination qui s’y rattachent. Le travail renouerait par ce biais avec les anciennes vertus du « travail vivant » : autonomie, maîtrise et surtout priorité donnée au sens. Tous auto-entrepreneurs « peer-to-peer », « gagnant-gagnant » sont ses cache-misères et ses mots d’ordre. Mais, de même que la lampe à arc avait surtout permis d’allonger la journée de travail (chapitre premier), ces promesses d’émancipation sont pour la plupart déjà mort-nées. La phase électronumérique d’organisation du travail fait plus vraisemblablement écho à une nouvelle phase d’expansion du capitalisme (20), celle de la marchandisation des relations sociales primaires jusqu’à présent épargnées. Pour André Gorz les technologies numériques, « technologies de la relation et de l’immatériel », devaient revaloriser les activités et les échanges non marchands à l’instar des activités relationnelles d’aide à la personne (21). Mais l’économie des « plateformes » (mot délibérément neutre et anodin qui désigne au sens propre un espace physique de transit des marchandises) reflète plutôt la diffusion de la rationalité techno-industrielle à tous les aspects de la vie sociale. Les relations de solidarité intrafamiliales, les tâches domestiques ou les liens commensaux (22) constituent ainsi le nouvel Eldorado des plateformes de « services ». Celles-ci sous-traitent à une multitude de prestataires-prolétaires dispersés et isolés à l’échelle de la planète une multitude de micro-tâches insignifiantes, en déjouant les règles élémentaires du droit du travail (23). Ce que l’on qualifie par un bel euphémisme de crowdsourcing ( « ressources de la foule ») n’est rien d’autre que la forme prise par cette nouvelle économie de prédation à laquelle l’alliance de l’électrique et du numérique confère une efficacité inégalée.

Écologie numérique : le retour de la fée prodigieuse

La promesse d’une « écologie numérique », autrement dit, l’idée selon laquelle nous pourrions renouer une relation amicale avec la Terre depuis ce qui symbolise au plus haut point son artificialisation, part au fond du même principe que celui d’une réconciliation du capital et du travail par la grâce du numérique. Pour Philippe Monloubou, président d’Enedis, la vraie révolution réside ainsi dans l’architecture et l’organisation des réseaux intelligents (smartgrid). L’internet des objets devrait notamment permettre, via les compteurs Linky par exemple, de relier grands et petits producteurs d’énergie (24), consommateurs et producteurs (on parle à cette occasion de « prosumers », néologisme de producer et consumer), production fossile et non fossile sur la base d’une information distribuée en temps réel et accessible à tous.

Nous passerions ainsi – pour reprendre une terminologie en vogue dans la novlangue managériale – d’une organisation verticale (top down) à une organisation horizontale (bottom up), rhizomique, ou encore personnalisée de l’énergie, supposément plus proche des besoins réels, donc plus efficiente (25). La même logique techno-managériale que celle qui prévaut dans l’économie des plateformes (le prosumer remplaçant ici le « consom’acteur ») se trouve mobilisée ici dans le domaine de l’énergie. Et, surprise, engendre les mêmes effets. Au lieu de la décentralisation-relocalisation promise, d’importants mouvements de concentration ont déjà lieu comme ceux que l’on observe aujourd’hui entre les grands acteurs du monde industriel. La voiture électrique (chapitre 12), bientôt semi-autonome, avec ses batteries rechargeables est, par exemple, déjà pensée et présentée par les constructeurs automobiles comme une unité de production énergétique. Connectées aux réseaux, les batteries seront déchargées aux heures creuses et leur électricité réinjectée sur le réseau afin de compenser les variations de production. Toute cette hypercomplexité débouche très logiquement sur des alliances historiques entre les grands acteurs de l’automobile et ceux de l’énergie (Nissan-Renault/Enedis, ERDF…) (26). Notons toutefois que si l’augmentation capacitaire des réseaux « intelligents » s’inscrit bien dans la logique classique de contrôle et de gestion des flux propre aux macro-systèmes techniques, elle vise d’abord à neutraliser ce qui est pressenti comme un obstacle majeur à leur expansion. Il s’agit, nous explique-t-on, de mieux réguler pour mieux consommer, plus sobrement et plus intelligemment. Mais il s’agit surtout de lisser (joli mot pour dire éliminer) les phénomènes de baisse de tension liés à l’intermittence (du photovoltaïque ou de l’éolien), en jouant en temps réel sur l’ensemble des points du réseau connecté (cela se pratique déjà à l’échelle des grands réseaux mais risque de devenir la norme pour l’ensemble des acteurs). On espère ainsi, d’une part faire entrer les renouvelables dans le régime de prédictibilité propre au capitalisme, d’autre part faire revenir dans l’enclos les brebis égarées, c’est-à-dire les sources de production locales et autonomes qui menaçaient d’en sortir. L’internet des objets, la 5G, les smartgrids et les compteurs Linky interviennent ainsi pour interdire ou retarder des changements d’ordre qualitatifs, énergétiques mais surtout politiques, comme celui qui aboutirait par exemple à libérer le travail des contraintes du productivisme (27). La cible a bien été identifiée : le temps discontinu, reflet des pulsations de la terre et du monde de la vie.

Un autre argument en faveur d’une « écologie numérique » serait de rendre visible (tangible, palpable) l’invisible, à savoir la dépense énergétique et l’énergie elles-mêmes, bref de responsabiliser le consommateur pour en faire un écocitoyen. Les compteurs « communicants » Linky intégrés à l’internet des objets devraient, selon cette hypothèse, non seulement permettre à chacun de visualiser instantanément sa consommation mais également de mettre cette dernière en rapport avec l’état global de la production. « On peut imaginer – commente ainsi Éric Vidalenc –, un voyant vert qui donnerait un signal (voire piloterait directement l’activation, selon des règles prédéfinies par l’utilisateur) lorsque la production d’énergie solaire ou éolienne bat son plein et qu’il est donc pertinent de recharger sa voiture (28)… » L’idée ne manque pas de piquant, lorsque l’on sait tout ce que le régime de surconsommation en produits numériques et électriques doit à l’image d’ « immatérialité » qu’ils véhiculent. Plus surprenante encore est l’idée selon laquelle cette écoréflexivité citoyenne (la possibilité de connaître sa consommation individuelle) générerait presque automatiquement des comportements énergétiques plus sobres et vertueux. Il est bien difficile d’imaginer comment un système technique aussi normatif pourrait inciter les individus à devenir plus autonomes et réceptifs aux intérêts collectifs. Pour reprendre l’analyse de René Riesel et Jaime Semprun, il n’est pas dans ce projet gestionnaire de fabrication de la nature « une manifestation spontanée de la vie qui ne soit ravalée au rang d’objet passif à organiser, […] il faut combattre et supprimer tout ce qui existe de façon autonome, sans les secours de la technologie, et qui ne saurait donc être qu’irrationnel (29) ». La même critique que celle qui vaut pour l’écocitoyen vaut ici pour le sujet de l’écologie numérique. Véritable incarnation du géopouvoir, celui-ci n’est qu’un sujet passif soumis aux solutions des experts géocrates30. Tous ces dispositifs ont finalement pour conséquence de nous enfermer un peu plus dans une normativité propice au déploiement des grands systèmes techniques. En règle générale, lorsqu’elle se coule dans le moule de l’approche systémique, la « pensée » écologique se transforme aussitôt en auxiliaire de la rationalité gestionnaire. La réflexivité attendue de l’écocitoyen, pour de « bonnes pratiques » réellement « vertueuses », n’est en réalité, nous le verrons, que le pendant de l’autocontrôle propre aux systèmes autorégulés de la cybernétique. Elle appelle à perfectionner et à diversifier toujours plus les moyens de contrôle et de monitoring.

Par la grâce de l’intelligence artificielle, du numérique et des réseaux se trouve ainsi renouvelée la promesse que tout pourra continuer comme avant. Le même fantasme d’un usage à volonté de la force survit aux désastres qu’il engendre. L’écologie numérique rejoue la fiction de l’énergie pure et immaculée que jouait au XIXe siècle l’électricité. Elle permet surtout d’éluder la question décisive que nous adressent les énergies naturelles : celle du caractère mortifère de la temporalité secrétée par le monde industriel. Il y a au moins un point avec lequel nous pouvons en apparence tomber d’accord avec les promoteurs du tout numérique : la « révolution numérique » est bien la quatrième révolution industrielle après celle de la vapeur, de l’électricité et de l’automatisation. Mais au sens où elle prolonge, cumule et potentialise les trois précédentes et constitue la dernière étape du processus d’industrialisation amorcé il y a deux siècles. Comment s’extraire de ce cercle vicieux ? Peut-être en convenant que le point à partir duquel nous pouvons imaginer sortir du cercle se trouve sous nos yeux, dans la conscience grandissante de l’enfermement auquel aboutit une puissance technologique indifférente à l’expérience ordinaire comme au besoin de présence des êtres humains.

Notes

1 Tristan Garcia, La Vie intense, Autrement, 2016,
2 Françoise Berthoud et al., « Lean ICT : pour une sobriété numérique », rapport du groupe The Shift Project, octobre 2018
3 Frédéric Bordage (dir.), « Empreinte environnementale du numérique mondial », GreenIT.fr, octobre 2019. Voir aussi : Fabrice Flipo, « La face cachée du numérique », Notes de la FEP, juillet 2020
4 Voir par exemple, « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne », rapport piloté par Maxime Efoui-Hess pour le think tank The Shift Project, juillet 2019.
5 Philippe Bihouix, Le bonheur était pour demain, Seuil, 2019
6 Sacha Loeve. « La Loi de Moore : enquête critique sur l’économie d’une promesse », p. 13, postprint généré par l’auteur. Publié dans le volume collectif : Marc Audétat (dir.), Sciences et technologies émergentes : pourquoi tant de promesses ?, Paris, Hermann, 2015, p. 91‑113
7 Maxime Efoui-Hess (dir.),
8 Sébastien Broca, « Le numérique carbure au charbon », Le Monde diplomatique, mars 2020
9 Propos recueillis de Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange, par le journal Le Monde, dossier « Internet, la bataille du réseau », 26 juin 2018
10 30 000 objets de 10 cm et plus (dont 1 400 satellites actifs), auxquels s’ajoutent 750 000 objets de 1 cm et plus, 135 millions de 1 mm ou plus, qui évoluent à très grande vitesse (un objet de 1 cm de diamètre aura la même énergie qu’une berline lancée à 130 km/h environ) et dont 10 à 20 % retombent sur Terre. Source CNES : https://cnes.fr/fr/dossier-debris-spatiaux-ou-en-est
11 Pascal Griset, « Un fil de cuivre entre deux mondes : les premières liaisons télégraphiques transatlantiques », Quaderni, n° 27, 1995, p. 97‑114
12 « L’opérateur de réseau fibre optique Colt – dont le nom vient de City of London Telecommunications – est né pour répondre aux besoins de fiabilité et de temps d’accès hypercourts de la finance londonienne à l’heure du trading haute fréquence. Colt a tissé son propre réseau mondial de 187 000 km de fibre optique, qu’il revend en gros aux opérateurs ou aux entreprises », in « Internet, la bataille du réseau », Le Monde, art. cité
13 Source Gartner, « Internet, la bataille du réseau », Le Monde, art. cité
14 Alexandre Laparra, « Les câbles sous-marins : la guerre invisible de l’information », Geolinks, Observatoire en géostratégie de Lyon, http://www.geolinks.fr/les-cables-sous-marins-la-guerre-invisible-de-linformation/
15 Alexandre Laparra, « Les câbles sous-marins… », art. cité
16 Le groupe français Naval Group (ex DCN, aux activités militaires et civiles) travaille, au large de l’Écosse, à un projet de data centers immergés et encapsulés pouvant contenir jusqu’à 864 serveurs. L’objectif est toujours de raccourcir le temps d’accès aux données… et de se rapprocher des grands centres urbains pour la plupart situés en bord de mer
17 Charlie Osborne, « Does China’s Route to Infrastructure Control Run Through Iceland’s Data Centers ? », 4 juin 2019, Sur la course technologique entre États-Unis et Chine, voir Jean-Michel Valantin, L’Aigle, le Dragon et la Crise planétaire, Paris, Seuil, « Anthropocène », 2020.
18 Guillaume Pitron, La Guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, Les liens qui libèrent, Paris, 2018
19 En décembre 2019, le collectif International Rights Advocates (IRAdvocates) a déposé plainte devant la justice fédérale américaine contre les principaux représentants de l’industrie du numérique. « USA : Apple, Google, Dell, Microsoft et Tesla poursuivis pour exploitation d’enfants dans les mines de cobalt de la RD Congo », 16 décembre 2019
20 Voir par exemple sur ce thème, Branko Milanovic, Capitalism, Alone, Harvard University Press, 2019
21 André Gorz, L’Immatériel, Paris, Galilée, 2003
22 Blablacar est par exemple une forme de marchandisation de l’auto-stop. Voir Dominique Desjeux et Philippe Moati (dir.), Consommations émergentes. La fin d’une société de consommation ?, Lormont, Le Bord de l’eau, « Mondes marchands », 2016.
23 Antonio Casilli, « De la classe virtuelle aux ouvriers du clic. La servicialisation du travail à l’heure des plateformes numériques », Esprit, n° 454, mai 2019, p. 79‑89 et En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic, Paris, Seuil, 2018. Pour une synthèse des principaux travaux réalisés depuis une dizaine d’années sur l’envers de la nouvelle économie, voir Sarah Abdenour et Dominique Méda, Les Nouveaux Travailleurs des applis, PUF, Paris, 2019.
24 Ils seraient de l’ordre de 400 000 aujourd’hui en France.
25 Philippe Malabou, propos recueillis lors de l’émission « L’ubérisation de l’énergie », LCP, 15 septembre 2019.
26 Ces rapprochements ont été précédés, dans le domaine des industries de l’informatique, par le consortium industriel GreenGrid. Imaginé en 2006, entre autres par Dell, Hewlett Packard et IBM, pour mettre en place un programme de « verdissement » des réseaux informatiques, sa création officielle remonte à 2015. Il rassemble aujourd’hui plus de 500 grands acteurs du domaine.
27 Sur cet aspect de la question, voir Gérard Dubey et Pierre de Jouvancourt, Mauvais temps. Anthropocène et numérisation du monde, Paris, Éditions Dehors, 2018.
28 Éric Vidalenc, Pour une écologie numérique, Paris, Les petits matins/Institut Veblen, 2019, p. 99. Des thèses semblables sont naturellement développées par Jeremy Rifkin.
29 René Riesel et Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, L’encyclopédie des nuisances, 2008, p. 70
30 « C’est un être branché sur des flux de services écosystémiques que lui prodiguent les différents compartiments du système terre », in C. Bonneuil et J.-B. Fressoz, L’Événement Anthropocène, op. cit., p. 112.
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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 09:37

Rassemblés sous la bannière de Plus jamais ça !, Greenpeace, Oxfam, la CGT ou encore Solidaires signent un programme commun pour une transition écologique créatrice d’emplois. De leur côté, l’institut Rousseau et Hémisphère gauche proposent « un emploi vert pour tous » : un plan pour sortir du chômage de masse et assurer la transition écologique en créant un million d’emplois. D’après Plus jamais ça, L'Institut Rousseau, Hémisphère Gauche, Politis et Vert.eco, mai 2021. Lire aussi De la CGT à Greenpeace, une alliance inédite entre syndicats et mouvements écologistes, et Plus jamais ça ! Construisons ensemble le jour d’après.

Dimanche 9 mai, Oxfam, Greenpeace, la CGT, Attac ou encore, Solidaires étaient rassemblés sous la bannière de Plus jamais ça dans le cortège parisien de la manifestation pour le climat. © Oxfam

Dimanche 9 mai, Oxfam, Greenpeace, la CGT, Attac ou encore, Solidaires étaient rassemblés sous la bannière de Plus jamais ça dans le cortège parisien de la manifestation pour le climat. © Oxfam

« Pas d’emplois sur une planète morte ! » C’est derrière cette banderole que les meilleurs ennemis du collectif Plus Jamais ça ! se sont retrouvés, dimanche, lors de la marche parisienne pour le climat. Depuis leur première tribune collective en mars 2020, qui appelait à « reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social », quinze organisations de tous bords s’attachent à dépasser leurs clivages pour constituer un large front écologique et social.

Paru le 6 mai, leur dernier rapport est un véritable programme politique qui promet de préserver à la fois la planète, l’emploi et les droits sociaux. Battant en brèche les idées reçues selon lesquelles la transition écologique supprimerait des emplois, la mondialisation serait inéluctable ou encore, qu’il n’y aurait pas d’emplois sans croissance économique.

Un programme commun qui réunit écolos et syndicats

25 propositions sont déclinées, qui ont en commun de mettre d’accord la gauche « merguez » – celle des syndicats historiques (CGT ou Solidaires) – et la gauche « quinoa », issue des mouvements écologistes. Parmi celles-ci : la lutte contre la dérégulation du commerce international et les traités de libre-échange, la suppression des niches fiscales inutiles ou encore des contreparties écologiques et sociales aux aides d’État versées aux entreprises.

Plutôt que de les éluder, les signataires ont également évoqué leurs sujets de désaccords : nucléaire, taxe carbone, décroissance… « Nous avons laissé certains débats ouverts, pour les approfondir par la confrontation et l’expérimentation sur le terrain, par la délibération démocratique », expliquent les signataires du rapport.

Un programme commun qui réunit écolos et syndicats

Un million d’emplois verts contre le chômage et la crise climatique

Plutôt que de laisser perdurer le chômage de masse et ses conséquences délétères sur les individus, deux think tanksl’institut Rousseau et Hémisphère gauche – proposent que l’État embauche un million de personnes sans emploi pour accélérer la transition écologie. Une initiative baptisée « Un emploi vert pour tous »

Pour ce faire, les organisations suggèrent de généraliser l’expérience Territoires zéro chômeurs pour offrir des emplois subventionnés par l’État à hauteur de 20 000 euros par an. 1 000 personnes en ont déjà bénéficié depuis 2016. Agriculture, économie circulaire, construction écologique, rénovation thermique : leur proposition cible « les emplois nécessaires à la reconstruction écologique et au renforcement du lien social ». Une large part de ce plan ambitieux serait financé par des transferts depuis l’assurance-chômage, un bénéfice sur les recettes de TVA générées, ou le rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Soutenue par de nombreuses organisations, comme Alternatiba ou les Amis de la Terre, cette initiative se revendique du Civilian conservation corps : créé par le président américain Théodore Roosevelt, celui-ci employa trois millions d’Américain·e·s au sortir de la crise économique de 1929 et permit de construire des centaines de parcs nationaux, des dizaines de milliers de ponts, et de planter 3,5 milliards d’arbres.

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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 09:34

S’attaquer aux émissions de méthane (CH4), puissant gaz à effet de serre, serait la manière la plus simple et rapide d’enrayer le réchauffement climatique, selon un rapport scientifique de la Coalition pour le climat et l’air pur et du programme des Nations unies pour l’environnement (Unep). Une réduction de 45 % des émissions mondiales de méthane serait possible d’ici 2030, et permettrait d’atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris. En outre, cette réduction aurait des effets bénéfiques sur la santé humaine et les rendements agricoles. D’après la Coalition pour le climat et l’air pur, Reporterre et Vert.eco, mai 2021. Lire aussi Le méthane croit de manière alarmante dans l’atmosphère et Les puits d’hydrocarbures abandonnés sont une bombe à retardement pour le climat.

Le secteur des énergies fossiles est responsable de 35 % des émissions de méthane, mais il a le meilleur potentiel de réduction d’ici 2030 (photo CCAC)

Le secteur des énergies fossiles est responsable de 35 % des émissions de méthane, mais il a le meilleur potentiel de réduction d’ici 2030 (photo CCAC)

Moins connu du grand public que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) est pourtant un gaz à effet de serre 86% plus puissant au cours des vingt premières années passées dans l’atmosphère. Sur un horizon de cent ans, il a un pouvoir de réchauffement de 25 à 30 fois plus important que le CO2.

Une étude publiée le 15 juillet 2020 par le Global Carbon Projet (GCP) indiquait que les concentrations de méthane dans l’atmosphère atteignent désormais 1 875 parties par milliard, un taux inégalé depuis au moins 800 000 ans.

Emissions de méthane en 2017

Emissions de méthane en 2017

Pour mieux observer et connaître le méthane, la Coalition pour le climat et l’air pur, qui regroupe notamment des gouvernements, des ONG et des scientifiques et le programme des Nations unies pour l’environnement (Unep) ont réalisé en commun un rapport, publié jeudi 5 mai 2021.

Leur conclusion est étonnamment optimiste : Au moins 60 % des rejets de méthane dans l’atmosphère seraient d’origine anthropique, tandis que 40 % seraient des rejets naturels. Les émissions de méthane créées par les activités humaines pourraient être réduites de 45 % en dix ans, permettant ainsi le respect de l’Accord de Paris sur le climat. Et cette réduction n’aurait pas que des effets bénéfiques sur le climat : elle en aurait aussi sur la santé humaine et les rendements agricoles.

Éviter 0,3 °C du réchauffement climatique global d’ici 2045

Commençons par le climat. Le rapport indique que les émissions anthropiques de méthane sont causées par les énergies fossiles (l’extraction, la transformation et la distribution du pétrole et du gaz à 23 % ; les mines de charbon à 12 %), la décomposition des déchets organiques (selon l’Ademe, en 2017, 21 % des émissions françaises de méthane ont été produites par les décharges hexagonales) et l’agriculture (l’élevage à 32 % et la riziculture à 8 %).

Les auteurs proposent plusieurs solutions pour changer la situation.

Rapport « Global methane assessment : benefits and costs of mitigating methane emissions »

Rapport « Global methane assessment : benefits and costs of mitigating methane emissions »

Lire le rapport « Global methane assessment : benefits and costs of mitigating methane emissions »

Pour le secteur des énergies fossiles, ils mettent en avant la détection des fuites de méthane (c’est un gaz incolore et inodore), via des mesures satellites par exemple, et la réparation des installations industrielles concernées. Pour les autres secteurs, ils recommandent de séparer les déchets organiques des autres, afin qu’ils ne finissent pas dans les décharges, et suggèrent de changer l’alimentation du bétail dans les élevages. D’autres propositions « indirectes » sont évoquées, comme la réduction de la consommation de viande et le développement des énergies renouvelables.

D’après cette nouvelle étude, « environ 60 % » des mesures ciblées de réduction des émissions des méthane ont des « coûts d’atténuation faibles » et « un peu plus de 50 % d’entre elles ont des coûts négatifs – les mesures se rentabilisant rapidement en économisant de l’argent ».

« Réduire les émissions de méthane est le plus fort levier que nous ayons pour ralentir le changement climatique au cours des vingt-cinq prochaines années, et complète les efforts nécessaires pour réduire les émissions de CO2, affirme dans un communiqué de presse Inger Andersen, la directrice exécutive de l’Unep. Les bénéfices pour la société, l’économie et l’environnement sont nombreux et dépassent de loin le coût. »

En tout, le CCAP et l’Unep estiment que les émissions de méthane pourraient être réduites de 45 % en dix ans, et permettraient d’éviter presque 0,3 °C du réchauffement climatique global d’ici 2045. C’est un des points positifs du méthane : même s’il possède un fort effet de réchauffement, il a une courte durée de vie dans l’atmosphère (une dizaine d’années, contre une centaine d’années pour le CO2).

Des morts prématurées et des pertes agricoles

Pour la première fois, ce rapport ne se contente pas de faire le lien entre émissions de méthane et climat. Il évoque également les effets de ce gaz sur la santé humaine et les rendements agricoles.

Selon Marielle Saunois, enseignante-chercheuse au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) : « Le méthane a une durée de vie d’une dizaine d’années, car il est détruit par réaction photochimique dans l’atmosphère. Cette oxydation du méthane va produire de l’ozone, qui a un effet néfaste sur la santé car c’est un oxydant. Il est responsable d’irritations, de problèmes d’asthme, etc. ». Ainsi, le rapport estime qu’une réduction de 45 % des émissions de méthane permettrait d’éviter 260 000 morts prématurées dans le monde et 775 000 visites à l’hôpital pour des problèmes d’asthme.

Quant aux rendements agricoles, « des quantités trop importantes d’ozone altèrent aussi le feuillage de certaines cultures, ce qui entraîne une diminution du rendement agricole ». Le rapport indique que la réduction des émissions de méthane permettraient d’éviter la perte de 25 millions de tonnes de récoltes agricoles par an.

« Cette étude permet de mettre en évidence le cumul d’effets positifs qu’aurait une réduction massive des émissions de méthane, pas seulement sur le climat, conclue Marielle Saunois. Cela peut toucher plus de monde et avoir plus d’impact politique et économique. »

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 17:57

Face au projet d’un troisième téléphérique sur le glacier de la Meije (Hautes-Alpes), un collectif d’habitants, alpinistes, chercheurs et personnalités engagées dans la défense de l’environnement, propose de réinventer notre relation à la montagne. Tribune publiée dans Le Monde le 06 mai 2021. Lire aussi «Les glaciers sont des partenaires sociaux... », entretien avec le philosophe Olivier Remaud autour de son livre " Penser comme un iceberg ".

Le glacier de la Meije (Photo http://lagrave-autrement.fr)

Le glacier de la Meije (Photo http://lagrave-autrement.fr)

En 1944, alors que la seconde guerre mondiale fait rage et brutalise le monde, Aldo Leopold se pose la question de l’« éthique de la terre ». Face à l’humanisme brisé et aux milieux de vie ravagés, cet ingénieur forestier américain nous enjoint d’adopter le point de vue d’une montagne pour nous décaler intérieurement et nous donner les moyens de changer de monde. Et si nos existences étaient mêlées à celles des autres êtres vivants et entités mouvantes, et si, ensemble, ils formaient un réseau tendu vers un devenir commun ? Et si les humains, les animaux, les montagnes, les forêts, les rivières, les glaciers et les prairies partageaient plus qu’une simple relation d’utilitarisme, et s’ils coexistaient au-delà, ou en deçà, des formes étriquées de calculs coûts-intérêts que nous, humains issus de la modernité industrielle, leur avons assignées ? Telles sont les questions qui animaient le précurseur de la pensée écologique il y a plus d’un demi-siècle ; telles sont les questions que nous souhaitons reposer aujourd’hui.

Notre histoire parle d’un glacier. Un glacier qui surplombe une vallée encaissée des Hautes-Alpes, au pied de la Meije, dans le canton de La Grave. Un glacier sur lequel une entreprise d’exploitation a décidé de construire un troisième tronçon de téléphérique, dont l’arrivée culminerait à 3 600 mètres, devenant ainsi le digne concurrent de l’aiguille du Midi chamoniarde. Cette infrastructure ouvrirait, dans l’avenir, la possibilité de créer un énième super-domaine de ski, permettant à terme de relier les stations de l’Alpe-d’Huez, des Deux-Alpes et de La Grave.

Faire coexister les métiers et les pratiques

Or, cette dernière se distingue justement parce qu’elle est tout sauf une station de ski classique, mais un domaine de ski hors-piste, privilégiant l’autonomie de pratiquants engagés dans un milieu encore sauvage, en bordure du parc national des Ecrins. Face à ce projet dantesque, aux millions d’euros qu’il coûte et à l’absence de consultation publique des habitants, un collectif citoyen s’est formé. Il propose de faire le choix de ne pas construire de troisième tronçon et de retirer toutes les infrastructures obsolètes déjà existantes sur le glacier pour réinventer de nouvelles formes de relations à ce milieu de vie fragilisé.

Ces formes doivent être en mesure d’allier les pratiques de ski de montagne et d’alpinisme, la compréhension scientifique du glacier et l’éducation aux problématiques écologiques et climatiques dont les milieux sensibles montagnards alpins représentent, en Europe, des avant-postes. Notre idée consiste à penser depuis le pied du glacier et à se demander comment faire coexister la pluralité des pratiques et des métiers existant ici : du pastoralisme à l’agriculture, du tourisme de montagne aux commerces, de l’artisanat à l’éducation et aux sciences, dans un dialogue qui produise des réponses alternatives aux loisirs mécanisés.

La question que pose aujourd’hui le collectif au sujet de ce petit bout d’altitude français et des aménagements qui y sont prévus dépasse les enjeux d’une simple localité : au sortir de deux confinements successifs, au moment où nos existences sont prises dans un faisceau d’incertitudes qui touchent tous les pans de nos vies, la bonne manière de se relier à la montagne et au glacier, qui surplombent nos vallées depuis des millénaires, est-elle de continuer à monter, plus vite, plus haut, plus fort, pour aller chercher la « ressource » là où elle se trouve encore pour les quelques dizaines d’années à venir ?

N’est-il pas plutôt temps de descendre d’un cran, de se reposer collectivement la question de ce qu’est un glacier en train de mourir et de se demander en quoi sa mort annoncée résonne avec la manière dont notre modernité extractiviste se décompose à vue d’œil, à l’épreuve d’un virus qui fait, en quelques mois, voler en éclats toute notion de sécurité ? En Islande, le glaciologue Oddur Sigurdsson déclara, en 2014, à la communauté scientifique que le glacier Okjökull devait être déclassé car il s’était transformé en « glace morte » du fait du réchauffement planétaire ; la terminologie « glace morte » devrait nous alerter.

Humanité en mal de sens

Nous sommes habitués, en Occident, à penser les glaciers comme des éléments inanimés faisant partie de notre « environnement naturel », plutôt que comme des acteurs à part entière d’un monde que nous habitons en commun. C’est peut-être cette idée qu’il nous faut commencer à déconstruire pour tisser les fils d’une autre histoire possible.

Un détour par les collectifs autochtones, qui se relient depuis des milliers d’années aux montagnes et aux glaciers de manière quotidienne, peut nous aider à reformuler le problème. Pour ces collectifs, il n’existe pas de contradiction entre le fait de les considérer comme des entités vivantes, envers lesquelles les humains ont certains « devoirs de dialogue », et la nécessité de s’y déplacer ou d’utiliser l’eau qu’ils prodiguent à ceux qui vivent à proximité.

Les Q’eros des Andes péruviennes leur adressent des rituels pour qu’ils veillent à l’équilibre des saisons et du climat ; les Athapascans du Yukon et de l’Alaska les considèrent comme des entités qui écoutent ce que les humains disent et répondent à leurs actes avec leur manière propre ; les Even du Kamtchatka les pensent comme le lieu de transit des âmes des morts et des vivants à naître ; la calotte de glace du Grand Nord américain et canadien est nommée, dans nombre de langues autochtones, et malgré l’impression trompeuse de « vide » qui saisit le spectateur extérieur lorsqu’il regarde la banquise, « le lieu où toute vie commence ». En Nouvelle-Zélande, les Maoris, dépositaires du même type de relation au monde, ont même réussi à transformer le statut légal du mont Taranaki en 2017, officiellement déclaré « sujet de droit » quelques mois après le fleuve Whanganui. Grâce aux combats de leurs porte-parole, qui s’appellent eux-mêmes les « Taranaki iwi », en référence à ce volcan qu’ils considèrent comme leur ancêtre, ces milieux de vie échappent enfin à l’emprise de certains humains qui s’arrogent leurs droits d’exploitation exclusifs.

Et nous, ici ? Est-il si difficile de changer de focale pour se relier aux montagnes et de les considérer autrement que comme de simples terrains de jeu et d’extase développés pour une humanité épuisée en mal de sens ? Les pratiques qui pourraient s’y déployer ne seraient-elles pas infiniment plus variées si l’on décidait de pluraliser l’unique cadre paysager et récréatif, asseyant l’idée d’une montagne étrangère aux tribulations des êtres qui la parcourent ? Est-il si difficile de faire un pas de côté et d’essayer de transformer une cosmologie héritée de la révolution industrielle, nous intimant de croire dur comme fer − l’habitude, la paresse et l’usure aidant − qu’il existerait une nature extérieure à nous que nous devrions, en tant qu’Homo economicus modernes, exploiter jusqu’à ce que plus une once de ce grand dehors ne résiste à nos impératifs de gestion rentable et profitable ?

Redonner la parole aux habitants

Sentez-vous une tristesse naître en vous lorsque l’on vous explique que l’économie des vallées montagnardes ne tient qu’à l’aménagement touristique bétonné et mécanisé, et à l’exploitation des « ressources » naturelles dont les humains disposent encore pour quelques minces années ? Si oui, c’est que vous aussi, où que vous soyez, vous vous demandez ce que nous avons fait du monde qui soutenait nos existences. Est-il concevable qu’au sortir de la crise sanitaire le « business as usual » reprenne le pas sur les prises de conscience qui ont salutairement surgi en nous pendant que nous étions cloîtrés entre les quatre murs de nos maisons ? Allons-nous, une fois de plus, faire porter à nos milieux de vie notre incapacité à nous réinventer pour faire face à ce qui vient ? Est-ce cela notre réponse collective au surgissement de l’incertitude généralisée dans nos vies ?

Au sein du collectif La Grave autrement, nous pensons que nous sommes nombreux à vouloir changer de monde ; nombreux qui souhaiteraient voir les collectivités prendre de nouvelles mesures pour se décider à expérimenter d’autres formes de relation aux entités qui peuplent nos milieux. « Nous luttons tous pour la sécurité, la prospérité, le confort, la longévité et l’ennui », écrit Aldo Leopold pour clore son chapitre. N’est-il pas temps de lutter aujourd’hui pour un écosystème au sein duquel les grandes entreprises qui règnent sur lui n’ont plus le dernier mot ? De redonner la parole aux habitants et à leurs formes de vies, qui, par leurs actes, tentent de faire varier la pensée dominante ?

Nous sommes tous acteurs de nos mondes. Les humains avec leurs activités différentes, les animaux avec leurs comportements spécifiques, les montagnes, les rivières et les glaciers avec leurs masses instables et mouvantes. S’opposer aux projets d’aménagement qui ne font plus sens, c’est d’abord et avant tout reconnaître cette pluralité d’acteurs agissant à des échelles diverses, dont les relations doivent redevenir décisives.

Au sein du collectif La Grave autrement, nous ne disons pas que nous savons ce que c’est que penser comme un glacier. Nous ne sommes pas sûrs. Nous doutons. Nous nous posons des questions. Nous avons envie d’essayer. De faire un pas vers lui, qui ne soit pas des pylônes et des câbles, un pas à l’échelle de nos corps, un petit pas d’humain encordé sur un géant de glace dont les abysses fascinent et terrifient à la fois.

Nous décidons d’arrêter de nous acharner sur ses restes, mais de rendre hommage à ce qu’il a inspiré en nous. Nous décidons d’en prendre soin, de marcher, avec lui, vers ses derniers jours, car c’est peut-être notre dernière occasion pour comprendre de quoi il est fait et ce qu’il nous fait. Face au champ de ruines que génère l’économisation à outrance de nos vies, nous pensons qu’il est possible de retisser les fils d’une autre histoire, qui se raconte avec tous les existants d’un milieu de vie particulier, si différents soient-ils, animés et inanimés, innervés et gelés, mais tous acteurs d’un même monde.

A vous tous, nous vous proposons d’associer votre nom à cet appel. Affirmons ensemble que, sur ce petit bout de territoire qu’est La Grave, un autre modèle de développement est possible. Demandons à la société concessionnaire des téléphériques et à la commune de La Grave de renoncer au projet de troisième tronçon et de lancer, avec le collectif, l’ensemble des habitants et toutes les personnes intéressées, l’étude d’un autre projet, qui respecte et mette différemment en valeur le glacier de la Girose.

Collectif de préservation des milieux de vie du pays de la Meije La Grave autrement - préservons la Meije : Bernard Amy, écrivain ; Isabelle Autissier, navigatrice ; Geneviève Azam, essayiste ; Paul Bonhomme, alpiniste ; Christophe Bonneuil, historien, rédacteur en chef de la revue terrestres.org ; Stéphanie Bodet, alpiniste et écrivaine ; José Bové, activiste ; Florence Brunois-Pasina, anthropologue ; Pierre Charbonnier, philosophe ; Caroline Ciavaldini, grimpeuse ; Yves Citton, philosophe ; Philippe Claudel, écrivain ; Geremia Cometti, anthropologue ; Alain Damasio, écrivain ; François Damilano, alpiniste ; Lionel Daudet, alpiniste ; Fredéric Degoulet, alpiniste ; Philippe Descola, anthropologue ; Catherine Destivelle, alpiniste, coprésidente du Groupe de Haute Montagne ; Cyril Dion, réalisateur ; Marie Dorin, biathlète ; Jean-Louis Etienne, explorateur ; Malcom Ferdinand, ingénieur en environnement, politologue et chercheur au CNRS ; Bernard Francou, glaciologue ; Nathalie Fromin, chercheuse en écologie des sols au CNRS ; Barbara Glowczewski, anthropologue ; Sophie Gosselin, philosophe ; Nicolas Henckes, sociologue de la santé au CNRS ; Nicolas Hulot, ancien ministre de l’écologie ; Killian Jornet, traileur ; Étienne Klein, philosophe ; François Labande, alpiniste et écrivain ; Bruno Latour, philosophe et anthropologue ; Thomas Lovejoy, spécialiste de la biodiversité et de l’Amazonie ; Xavier Lucien, réseau des Crefad (Centres de recherche, d’étude de formation à l’animation et au développement) ; Mike Magidson, réalisateur ; Luc Martin-Gousset, producteur ; Marielle Macé, historienne de la littérature ; Pierre Mazeaud, alpiniste, président honoraire du Conseil Constitutionnel ; Reinhold Messner, alpiniste ; Barbara Métais-Chastanier, autrice et dramaturge ; Maurine Montagnat, glaciologue ; Luc Moreau, glaciologue ; Baptiste Morizot, philosophe ; Jean-François Noblet, naturaliste ; Francis Odier, président France Nature Environnement Isère ; James Pearson, grimpeur ; Arnaud Petit, alpiniste ; Alessandro Pignocchi, auteur de bandes dessinées ; Eric Piolle, maire de Grenoble ; Sylvain Piron, historien ; Axelle Red, chanteuse ; Olivier Remaud, philosophe ; Elisabeth Revol, alpiniste ; Jean-Marc Rochette, auteur de bandes dessinées ; Liv Sansoz, alpiniste ; Cédric Sapin-Defour, écrivain ; Marc-André Selosse, Muséum national d’histoire naturelle (Paris), Gdansk University (Pologne), Kunming University (Chine), membre de l’Académie de l’agriculture ; Charles Stepanoff, anthropologue ; Hubert Tournier, ornithologue ; Christian Trommsdorff, alpiniste, coprésident du Groupe de haute montagne ; Sarah Vanuxem, juriste ; Julien Vidal, auteur ; Patrick Wagnon, glaciologue ; Estelle Zhong-Mengual, historienne de l’art ; Collectif La Grave Autrement ; Mountain Wilderness ; Collectif Abrakadabois NDDL (Loire-Atlantique) ; Réseau des Crefad (Centre de recherche, d’étude de formation à l’animation et au développement) ; Collectif de paysans-forestiers de Treynas (Ardèche).

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